Le Messager de l'Hiver [Harald Barbe-Sanglante]

3ème jour de la 3ère ennéade de Karfïas – 2ème mois de l’hiver.
18ème année du XIème cycle.
Kirgan

Brynhild avait prévu de prendre son temps avant de laisser ses barbes, et elle l'avait fait. Elle était rester une énnéade avant de reprendre la route, prévoyant de s'arrêter à Kirgan saluer son roi et honorer son rang de Thane en s'assurant que les comptes rendu de Lantes arrivent à bon port. Certes, elle avait des conseils à demander à Harald au sujet d'un poste laisser vacant.
Ils avaient combattu ensemble, et la Thane avait du respect pour le roi. Ainsi ses conseils seraient écouter avec attention.

La Thane avait laisser ses barbes dans le nord pour le restant de l’hiver. Elle leur espérait de la chance. Ce n’était pas parce qu’il faisait partit d’un clan guerrière, qu’elle ne ressentait rien à la perte des siens. C’était même sa principale préoccupation. Elle avait le devoir de protéger son clan et refusait d’en faire de la chair à canon. Il en allait de la survit de son clan.
Brynhild partageait ce genre de sentiment avec son père, et sa disparition lui faisait penser jour après jour qu’elle avait besoin d’un soutien, d’un pilier sur lequel s’appuyer. C’était dans l’ordre des choses après tout. Les cent ans passés, des responsabilités, le devoir envers son clan et son peuple, l’envie, des raisons qui l’a poussait à envisager la suite des évènements.
Son père avait émit plusieurs fois l’idée que sa fille devait faire des « efforts » et penser à l’avenir de son clan, et de sa famille. La vérité était que cela ne l’avait jamais intéressé. Son frère lui avait donné deux adorable neveux et une nièce formidable avec qui elle s’organisait pour passer du temps chaque énnéade.
Etait-ce un rôle qu’elle était prête à endosser? Ce n’était pas si facile que cela.
Hardrek avait eut une politique d’augmenter la population naine. Il avait approuver bon nombres de mariage et inciter aux naissances.  Il lui avait plusieurs fois rappeler qu’une naine de sa trempe devrait trouver botte à son pied, mais elle avait continuer à se bercer du mythe que les nains jaillissaient des rochers et était ensuite apporter aux familles par bélier coursier. Elle savait parfaitement comment procéder ce n’était pas la question. Mais elle attendait le bon moment et son nain charmant.

- Nous sommes en vue de Kirgan Brynhild!

Lombard, l’oncle et nouveau conseiller de la Thane, l’avait interrompu dans son fil de pensée. L'énnéade de retour avait été tranquille. Son oncle était peu bavard et la naine appréciait le silence. Le son du vent s'engoufrant dans les plaines, les légers appels d'air de l'armure, le souffle des béliers créant un nuage de vapeur dans le froid de l'hiver, le crisement des pas dans la neige. Autant de bruit appaisant favorisant les pensées que Brynhild savourait.

- Parfait, la faim commençait à me guetter. Allons dans une auberge déposer nos affaires, mangeons et j'irai au palais ensuite.

Brynhild donna un coup dans les flans de son bélier afin de le faire accélerer. Il faisait un froid de canard et elle avait fin. Un sprint d'un bon kilomètre réchaufferait sa monture et les feraient arriver plus rapidement.
Arrivant à la porte, elle transmit son arrivée à un garde royal pour relayer la nouvelle jusqu'à leur roi et lui demanda l'adresse d'une bonne auberge. Cela tombait bien, son cousin venait d'en ouvrir une et lui recommanda chaudement l'endroit en n'omettant pas de donner son nom pour une tournée gratuite.
En à peine dix minutes ils atteignirent l'auberge du Bélier Sanglant. La naine mit pied à terre et confiant les rennes de son bélier au garçon d'écurie, elle se précipita vers l'intérieur, sa sacoche sur l'épaule.

- Bien le bonjour, Lorkhan votre cousin nous a recommandé votre établissement!

- Lorkhan? Eh bien ma foi, vous devez être une sacré tête pour qu'il vous adresse à moi! Un service de qualité ici m'dame... ?

- Brynhild, thane du clan Odomar. Je vois allée rendre mon rapport au roi après mon repas, serait-il possible d'en un avoir rapidement?

- Bien sur! Monter posez vos affaires, je m'en charge! Deux chambres...?

D'un signe de tête elle acquiesca en regardant son oncle arriver dans la pièce et gravit les marches la menant à sa chambre. Brynhild retira son armuure et attrappa dans son sac son manteau de peau de mouton retournée.
D'un regard, elle fit le tour de sa chambre et contente de son acquisition repartit en direction de la salle à manger. L'aubergiste n'avait pas mentit, un copieux plat les attendait déjà.
C'est repu qu'elle partit au palais.

- Brynhild Odomar, veuillez m'annoncer je vous pris!

Les journées se suivent, et ne se ressemblent pas. En cette troisième ennéade de Karfias, premier mois de la 18ème année de ce cycle, et second mois de l’Hiver, Harald revenait sur ce premier mois de règne.

Et ce mois fut bien fourni. Les dossiers et travaux de Hardrek, son prédécesseur, demandaient une attention quotidienne, un labeur de longue haleine, une attention de tous les instants. Parmi cette flopée de vélins aux runes grattées d’encres, certains étaient plus prenants que d’autres. Ainsi, l’Ungordrinin, splendide œuvre architecturale souterraine, demandait une attention royale régulière, comme l’avait commandé Hardrek. Au moins une fois par mois, chaque ingénieur en chef des cités de Thanor, Lante et Kirgan, devaient présenter un rapport au Roi, qui, s’il était satisfait, apposait son sceau sur le vélin des archives, et allouait des moyens supplémentaires en fonction de l’avancement des travaux. Et d’ailleurs, la voie reliant Kirgan à Thanor ne tarderait pas d’être terminée, puisque les ingénieurs avaient assuré, une nouvelle fois, que l’an 19 verrait l’aboutissement de cette partie du chantier.

Mais ce n’était pas que le seul sujet d’intérêt. Les besoins de Molgrunn et d’Almis étaient souvent exposés au Grand-Roi, plus par respect que par une réelle nécessité, ces deux cités – et celle de Kirgan dans une moindre mesure en comparaison – recevant leurs approvisionnements de Thanor et de Lante, cités souveraines, sous l’égide de la couronne.

Les chantiers viennent ensuite, ceux d’Almis, mais surtout, ceux de Kirgan. Harald souffrait encore des affres de ces chantiers, son corps se rappelant de l’affrontement contre un Kroak quelques ennéades plus tôt, et d’une troupe de Kobolds, conjointement avec Braähm le vieux mineur du clan Main-Ferme. De cet incident naquit une succession d’anciennes galeries de l’ancienne Kirgan, qui ne demandaient qu’à être restaurées. Mais ces galeries n’étaient pas de simples galeries : on y avait retrouvé une plaque gravée de runes indiquant la direction de l’antique Grandsalle des Scriberunes.

Puis vient la justice qu’il faut rendre, les missives des cités, et même, et de plus en plus, celles provenant de l’étranger. La délégation de Nains en Oesgard en l’an 17 n’était pas passée inaperçue, loin de là.

Et enfin, vient le suivi de la quête du Mogarium. Chaque missive envoyée, et qui traitait de cette aventure, était immédiatement apportée à Harald qui lisait les runes encore et encore, priant Ikthor qu’il accorde protection à ces Dawis courageux, et Smedan, qu’il accorde le précieux métal aux courageux qui viennent le chercher.

Mais de toutes les missives, de tous les vélins qu’il a pu lire et rédiger, de toutes les tablettes qu’il a archivées, il en est quelques-uns qui soient jalousement gardés, rendus au secret de celui qui portait maintenant la couronne. Depuis ce jour où lui, Hardrek et d’autres s’étaient rendus en expédition punitive dans les Wandres, le vieux guerrier s’était prit d’une affection tout à fait naine pour la jeune Brynhild du clan Odomar, aujourd’hui Thane de son clan. La guerrière, au tempérament de feu, s’était révélée être une bavette aussi douée de la hache qu’habile de la plume, et tous deux s’échangeaient des vélins tendres, seuls supports pouvant secrêtement supporter la graine de ces sentiments qui, au fil des runes, devenaient plus tangibles, plus sincères, plus fort aussi.

La politique de Hardrek visant à repeupler les terres du Zagazorn et à favoriser une natalité forte, avait été reprise par Harald, tout naturellement. Et Harald avait eu une femme, et des enfants. Mais si le Voile avait été plus cruel dans le Nord que du côté de Lante, ces effets se firent tout de même ressentir. Durant la Mâlenuit, l’épouse de Harald, Friga, avait rejoint le monde du Dessous sans crier gare, sans qu’aucun ne comprenne ni pourquoi ni comment. Elle était morte, alors qu’elle travaillait dans la petite bourgade dans laquelle vit le clan Brise-Os dans le Brissalion, entouré de quelques clans artisans, agriculteurs, chasseurs et brasseurs. Moins qu’une bourgade, il s’agit plutôt d’un rassemblement de clans en-dehors de la cité de Lante, qui vit le jour après qu’un clan eut fait appel à des guerrier pour les protéger des excursions Wandraises. Guerriers et artisans trouvèrent alors cette association fructueuse, et ainsi naquit ce rassemblement de demeures hétéroclites de pierres, à moitié souterraines, et de fermes et autres ateliers.

Meurtri, Harald eu besoin de plusieurs années afin de faire son deuil. Et voilà qu’en l’an 17 s’était présentée une bavette à la poigne forte et à la trogne plaisante, dont l’esprit, la vigueur et la fougue, avait plu à Harald.

- Groman-Rik ? Demanda un garde royal, interrompant Harald dans sa relecture d’une missive qu’il cacha soudainement.
- Ip cognard ? Demanda Harald, quelque peu surpris mais gardant sa contenance.
- Brynhild Odomar s’est présentée au palais et d’mande audience.
- Par Ikthor ! Mène-la par ici, à mes appart’ments. Et toi et les aut’, allez prendre une binouze.

Et le garde s’exécuta, allant chercher la thane et lui faisant traverser le palais, la salle du trône, pour enfin arriver aux appartements privés de Harald, où l’attendait quelques breuvages exquis.

Il faisait un temps radieux sur Kirgan, et après une énnéade dans le nord, la température de Kirgan était une sorte de farce. Certes, il faisait frais, mais pas au point de mériter plus d'attention que cette fraicheur l'exigeait.
Elle attendait que le garde revienne. Il était partit annoncer sa présence au Groman-Rik. La thane en profitait pour observer les lieux. Elle n'était pas venue depuis longtemps, mais il y avait du bon à lever les yeux et contempler la beauté de l'héritage nain.
Brynhild observait le plafond, elle ferma les yeux et se laisser aller à ne rien penser, si ce n'est à la brise qui caressait son visage.Un courant d'air frais traversait les couloirs de la cité antique et qui donnait de petit nuage de vapeur à chaque respiration.

Le cognard revient alors qu'elle était encre dans sa méditation. Il lui tapota l'épaule sans s'attendre qu'en la surprenant, elle lui agrippa la main pour lui faire une clé de bras.

- Ahhh pardon Thane! Je vous ai appelé mais vous n'avez pas réagit! La Thane le lâcha immédiatement.

- Je m'excuse! Mais la prochaine fois, mettez vous face à moi...

Brynhild était réellement gênée de ce qui venait de se produire. Mais que pouvait-elle y faire? C'était une guerrière et la surprendre pouvait être dangereux. Elle lui tendit la main pour l'aider à se redresser et le cognard qui croisa sont regarde rougit.

- Pas de problème m'dame... Je... suivez-moi le Groman-Rik vous attends.

La Thane le suivit dans la grande salle et dans les dédales le menant aux appartement privé d'Harald. Il se tenait l'épaule et exécutait de petite rotation, sans doute pour vérifier que son articulation était en place. Il ne devait pas avoir l'habitude de pratiquer du combat au corps à corps. Peut être était-ce une chose qu'elle pourrait proposer à Harald...
Soudainement, il y eut un mélange d'excitation et d'appréhension en elle. Elle enleva sa coiffe et passant sa main dans ses cheveux, les secoua pour leur donner du mouvement, du volume, et un peu d'allure. Passant sa main sur son visage, elle vérifia de ne pas avoir de saleté et discrètement, elle s'assura que son haleine n'empestait pas de l'agneau à l'ail qu'elle avait engloutit une heure auparavant.

Il y avait une chose qu'il fallait avouer. C'est que la naine ne l'avait pas vu venir. Leur relation épistolaire avait commencé peu après l'expédition punitive dans les Wandres. Ce qui semblait être au départ une entente entre chef de clan, avait prit une tournure inattendu. La naine avait un sentiment de redevenir une jeune bavette vivant ses premiers émois. Et d'arriver devant la porte de celui qui était devenu le Groman-Rik l'a mettait dans un état étrange.
Elle se ressaisit dans il frappe à la porte du roi pour signaler leur arrivée. La naine qui arborait un sourire niais, retourna à son expression habituel et remercia le cognard qui avait prit le temps de l'accompagner jusque là.

- Groman-Rik, Brynhild Odomar est là. Il y eut un long silence, comme si personne n'était à l'intérieur de la pièce. Groman-Rik?

Un râle provint de l'intérieur de la pièce. Le garde regarda la naine comme ne sachant que faire, comme s'il s'agissait d'une première pour lui que son souverain réagisse de même compte tenu que quelques minutes auparavant il lui avait demander de lui faire venir la naine. Brynhild lui mima de frapper à la porte, ce que le cognard s'empressa de faire en appelant Harald par son titre, quand la porte s'ouvrit et le Groman-Rik apparut dans l'encadrement de la porte.

- Merci ... Pensez bien à mettre du chaud sur votre épaule... La Thane le regardant partir d'un bon pas dans la direction opposé de celle dont ils venaient. Sentant le regard lourd de jugement d'Harald, elle reprit. Petit soucis de clé de bras à l'entrée...

Brynhild entra dans la pièce alors que le roi refermait la porte derrière lui. Elle ne savait pas trop comment se comporter, elle décida donc de faire comme à son habitude lors de rapport. Elle avança vers le bureau et regardant droit dans le yeux Harald, le salua respectueusement. Le tourna la tête pour contempler la cheminée ouvragée qui chauffait la pièce. Être roi avait quelques avantages, comme ses pièces luxueuses et synonyme de la grandeur du Zagazorn.

- Groman-Rik, je vous apporte quelques nouvelles du nord... La naine retira son manteau qu'elle déposa sur le dos du fauteuil qui faisait face au bureau royal. J'ai laissé sous la direction de Braähm Main-Ferme, treize barbes et une bavette pour le restant de l'hi...

La naine fût interrompu par son souverain qui lui tendait une pinte de bière rousse. S'armant d'un petit sourire, elle l'attrapa en n'omettant pas de lui caresser la main au passage.
La provocation étant une de ses spécialités, elle s'assit sur le bord du bureau royal, faisant face au roi.

- J'aimerai aussi quelques conseils pour le poste d'Ongaraz. En tant qu'ancien Gazanundi de Lantes, sans doute avez-vous de sage parole à ce propos...

Le guerriers à la vieillesse approchant, se retrouvait dans une situation qu’il n’avait plus ressenti depuis longtemps : l’appréhension. Il appréhendait de se retrouver face à la Naine qu’il n’avait plus vu qu’au travers de runes faites d’encres, tracées sur des vélins, secrètement cachés dans un tiroir secret de son bureau de pierre. D’ailleurs, il relisait la dernière, datant de plusieurs ennéades maintenant, s’échappant quelques instants à cette pièce souterraine, transporté qu’il était maintenant, vers un monde de songes et de sentiments. Les coups du garde sur la grande porte, le tirèrent de sa rêverie, et il ne pu s’empêcher de grommeler bruyamment. S’afférant, il replaça le vélin dans le tiroir secret, et l’enferma, faisant le chemin inverse à celui qu’il avait dû entreprendre pour le déverrouiller. Puis, il se jeta sur la porte et l’ouvrit.

Un léger sourire, trahit par un mouvement de barbe, se vit sur le visage du souverain lorsqu’il comprit que la guerrière avait faillit désarticuler un de ses gardes. Sans doute devait-il penser à revoir l’entrainement des gardes royaux. Confortablement installés aux environs et à l’intérieur du palais, ils devenaient empotés, manœuvrant leurs haches uniquement contre des collègues peu enclins à prendre un mauvais coup, des mannequins de paille et, de temps à autres, la nuque d’un criminel ayant été condamné à mort.

Congédiant d’un signe de tête le soldat, il invita la bavette à le rejoindre d’un autre signe, sans rien dire. Fermant la porte, il passa son regard acéré sur les formes du croupion de la bavette, avant de porter ses mires sur son bureau de pierre. Il se plaça derrière son bureau, tandis que la bavette, elle, prit place devant lui. L’échange fut plus formel qu’il l’aurait cru, mais il reconnaissait bien là le trait de caractère qui sied à tous les militaires : le protocole. Qu’importe le contenu des missives, l’instant était millimétré. Il faudrait plus de temps pour que les deux Dawis se montrent affectueux l’un envers l’autre, du moins, de manière évidente et démontrée aux yeux du monde.

Harald s’attendait donc à cela, mais il n’en fut pas plus à l’aise pour autant. Disposant de tout le luxe inhérent à sa fonction, son appartement possédait en tout temps plusieurs futs de bières, ainsi qu’un large échantillon de verres et autres contenants. Aussi s’attela-t-il à servir une bière, quitte à couper la bavette dans son discours… Ce qu’il fit.

Mais la bavette était rusée, et possédait autant de cordes à son arc qu’un runiste possède des outils pour graver ses runes. Offusquée, elle ne fut point. Mais provocatrice, elle l’était et elle le serait toujours. Aussi, lorsqu’elle laissa sa main effleurer celle du souverain, les pupilles de Harald se dilatèrent d’autant qu’il sentit cette douce caresse au cœur de son poitrail. Cela le laissa quelque peu bouche-bée. Il se ressaisit cependant, et prit la parole afin de répondre :

- Ainsi donc, tu désire r’prendre l’fardeau qui fut l’miens jadis ! Ha ! Je n’vois point de bavette plus qualifiée qu’toi ! Il plante son regard de braise dans celui de la Naine, avant de boire sa bière cul sec. Il se lève, se retourne, et fait les quelques pas qui le séparent du fût de bière percé pour l’occasion. Puis, il se retourne, mais ne prend pas la peine de se rassoir. Ongaraz, c’t’un poste prestigieux. Et tant qu’il n’y aura point d’Gazanundi, l’Ongaraz s’ra un des dirigeants d’la cité, avec les autres du conseil. C’pendant, c’t’un grand honneur et une grande responsabilité. T’sens-tu prête ?

Il cherchait réellement à l’encourager et à l’informer, mais il désirait aussi profiter de cet instant pour se rapprocher de la bavette. Les runes écrites étaient autant de catalyseurs à l’envie et aux sentiments, cependant, Harald demeurait peu habitué à ce jeu, et bien maladroit. Mais s’il s’était tenu debout, prêt du fût, et non derrière son bureau, c’était pour être accessible, et, si possible, se rapprocher de la bavette dès qu’il s’en sentirait… Capable.

L'une des premières rumeurs sur Brynhild datait de son enfance. Elle était connu des guerriers de Lantes avant même d'avoir rejoins les rangs de la garde. Ce n'était pas une rumeur accablante, mais un fait. Lors de l'accident qui handicapa son frère, elle avait prit la décision de le remplacer. Ce serait-elle qui prendrait la succession de son père. Sigmar avait sans doute fait peser sur les épaules de sa fille un poids bien plus important que si elle avait été une barbe. Elle s'était entrainé des heures durant, cherchant à plaire à son père, à le rendre fière, sans se rendre compte qu'il l'était déjà. Ils en avaient parler ensemble, et il s'était platement excusé de l'avoir tant poussé, mais il l'avait forgé forte et indépendante, chose qu'elle n'aurait peut être pas été.

La naine n'avait jamais prit le temps de vivre ses premiers émois. Elle était pragmatique et n'avait jamais pris le temps de s'intéresser à autrui autrement que pour ses fonctions militaires. Dans un certain sens, c'était probablement ce qui l'avait poussé à se rapprocher d'Harald. Les autres avaient des flirts avec les barbes de la garde, elle c'était le chef de la garde, un thane méritant qui au fur et à mesure de ses exploits était devenu le Groman-Rik. Pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliqué?

Les lettres qu'ils s'étaient échangé avaient progressivement prit une tournure tendre, affectueuse, sous entendant bien plus que ce qui ne devait être possible. Personne n'était au courant, pas même leur proche. C'était d'un irréalisme tel que le protocole était un échappatoire à l'inévitable.

- Mon clan se porte à merveille, et je suis déjà consultée par le conseil pour les affaires de Lantes, ce ne serait qu'une officialisation de ce que je fais déjà pour la ville...

La naine sentait la légere tension présente dans la pièce. Et alors que le Groman-Rik se resservait de la bière, elle se plaça derrière lui pour se servir à nouveau. Elle n'était qu'à quelques centimètre d'Harald, électrisé par la chaleur de la pièce, l'angoisse et l'envie qui l'animait, l'aura du nain face à elle. C'était le moment où jamais. Regardant le nain droit dans les yeux, elle caressa la barbe tressée du Groman-Rik avant de se rapprocher plus et de déposer un timide baiser sur ses lèvres.

*****

Lombard attendait dans l'auberge du Bélier Sanglant que sa Thane revienne. Sa nièce lui avait notifier qu'elle ne savait quand elle ferait sa réapparition à ses côtés. Cela l'arrangeait bien. Toutes ses énnéades de voyages n'allaient plus vraiment avec son age. Il était fatigué et ses vieux os craquaient dans le froid.
Assit dans l'auberge, en plein après midi, après un bon somme, il s'ennuyait un peu au coin du feu. Il était bien rare qu'il est du temps rien qu'à lui, sans avoir à se soucier de ses barbes, devoir gérer les stocks ou bien rejoindre la garde. Un autre nain semblait bien loin de ses préoccupation habituelles à l'autre bout de la salle. Ils se regardaient sans vraiment savoir quoi faire, quant soudain l'inconnu sortit un jeu de carte de sa poche. Le visage de Lombard s'éclaira et les deux barbes se rejoignirent sur une table pour partager un jeu de carte endiablé.

*****

Brynhild avait une faim de loup. Elle avait voyagé de nombreux jours dans le froid, et ses os avaient encore la bise glacé du nord. Ses articulations craquaient et semblaient moins flexible qu'à l'accoutumé. Elle s'étira dans un râle de soulagement et réajusta ses habits qui avaient pris la courbe de son étirement.
La Thane avait prit soin de se changer pour se présenter à son roi. Elle avait revêtit ses plus beaux atours. Son rang et son statut de guerrière devaient être honoré. Ainsi, elle porter par dessus son pantalon, une toge d'un rouge bordeaux, brodé de fils d'or au encolure. Par dessus, elle portait une gilet sans manche, bleu roi, lui aussi brodé de fils d'or. Les épaules s'étaient vu décoré avec des éléments d'armures pour rappeler l'aspect guerrier de la naine. Une ceinture de cuir tout aussi ouvragée tenait l'ensemble en pendant de manière subtile sur le reste de la tenue.

La Thane s'assit face au bureau du roi, profitant dans la chaleur de l'âtre dans son dos, et d'une lumière tamisée dans le reste de la pièce. Elle passa la main dans ses cheveux afin de faire une coiffure relever élégante.
Esquissant un sourire, un frappement à la porte se fit entendre.

- Je crois que cela sonne la fin de mon rapport sur le Nord , Groman-Rik, que puis-je faire de plus pour vous être utile durant mon séjour?

Harald pouvait plonger son regard froid dans les mires de la bavette qui commençait à refaire battre son cœur. Depuis la mort de sa femme, voilà bien des années, le guerrier ne s’était plus occupé que de son clan, et de ses fonctions. Il était devenu un guerrier présent sur tous les fronts, un meneur, toujours au front, et une braise engagée envers sa cité, et maintenant, son peuple. Et la rencontre avec la naine avait été un élément déclencheur d’une sensation qu’il avait oubliée. Aussi, lorsqu’elle déposa un baiser timide sur les lèvres bardées de poils du souverain, ce dernier le lui rendit, tout d’abord, puis plaça une main sur la taille de la bavette et une autre dans son dos, afin de la rapprocher de lui.

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La faim le tenaillait également, alors que, au terme d'une aventure endiablée, le souverain avait ouvert les yeux, presque en même temps que celle qui avait réchauffée ses draps.

Le regard vissé vers le plafond de pierre, Harald admirait la taille de cette salle personnelle, et le détail de l’ouvrage. L’on ne voyait plus aucun des coups de pioches qui furent assenés ici. Il n’y avait plus les points d’ancrages muraux des échafaudages. Il reporta alors ses mires sur les œuvres gravées de cette pièce. Chaque coin de pièce avait été taillé dans une sorte de sculpture typiquement Dawi.

Se dégageant des draps, mettant ses deux petons au sol, il se leva et s’étira de tout son long tel le bélier après une bonne nuit de sommeil. Oubliant un instant qu’il était Roi, il se trimballa dans la chambre, dans le plus simple appareil. Son croupion se dodelinant, la lumière vacillante des flammes de la cheminée révéla au fur et à mesure de leurs danses, les multiples cicatrices qui parsemaient le corps de Harald, le Grand-Roi du Zagazorn. Et il en avait tellement, y compris sur son visage, signatures de ses combats, de ses victoires et de ses défaites. L’une d’elle, le faisait toujours souffrir : la cicatrice de la lance qui l’avait transpercée lors de la reconquête d’Almis l’Insoumise.

Passant une main sur une fesse, grattant celle-ci avec vigueur, il ne put retenir un bâillement bruyant, avant de se retourner vers Brynhild, la viande à l’air.

- Après c’te journée, tu penses encore m’appeler « Grand-Roi » ? T’connais mon nom, sens toi libre d’l’utiliser. Dit-il, profitant de la chaleur des flammes réchauffant son dos. Te voir rester quelque peu ici me ferait plaisir, Ikthor m’en soit témoin. Mais j’connais bien ta soif d’liberté et d’combats. J’ai vu c’que t’as fait d’l’épaule d’mon garde. Si tu l’souhaites, t’peux les entrainer à ta guise ! Je l’f’rais bien moi-même, mais, en tant que Gormrik, il sont des choses que j’dois déléguer. Quant à c’que tu m’as d’mander hier… J’dois dire qu’Lante gagnerait à t’avoir comme première hache. L’conseil décide d’la vie d’la cité, tant qu’un Gazanundi n’est point en place. Aussi, tu emporteras une missive, indiquant mon consentement et ma bénédiction. Et le jour de ta nomination, je me déplacerais afin d’assister à la cérémonie. Il laisse une petite pause, mettant rapidement une tunique de soie recouvrant son corps. Et toi ? Quels sont tes désirs ?

Il laissait volontairement la question ouverte, afin d’en apprendre un petit peu plus sur les désirs et volontés de sa dulcinée. Dans un ancien temps, Harald aurait été le pur militaire qu’il est : il aurait dirigé les autres, lui donnant missions et ordres, et la dirigeant vers une question épineuse : que faire de leur relation ? Mais aujourd’hui, la politique lui avait apprit à laisser une part de décision et de réflexion à l’interlocuteur, afin d’en apprendre plus, d’en connaître plus.

Espérait-elle quelque chose ? Ou serait-ce uniquement une histoire existant par écrit, et se ponctuant d’une entrevue ?

La naine n'avait perdu aucune miette du spectacle qui s'était déroulé devant elle. Ce n'était pas tout les jours que l'on avait l'honneur de participer au lever du roi. Un pratique qu'aurait surement adorer les humains afin de se complaire dans leur bassesse, et glorifié leur souverain dans l’espérance secrète qu'obtenir des faveurs. Qu'ils étaient naïfs ses longues jambes. Tout devait être payant, sans jamais recevoir par mérite leur dû. Non pas que ce qui s'était passé cet après-midi là était un mérite, ni même un dû. Si la jeune Thane n'avait pas combattu auprès d'Hardrek, jamais elle n'aurait eut l'honneur de rencontrer le Groman-Rik et possiblement d'amener à plus.

Brynhild regardait son souverain dans le plus simple appareil, un sourire aux lèvres se remémorant quelques frasques du début de l'après midi.

         - Tu sais très bien que je ne me ferais pas privé pour les entrainés. Les pauvres ne se battent qu'avec des choppes quand elles s'entrechoquent à la taverne. Ton autorisation pour les faire transpirer me va droit au cœur... La naine s'était relever pour se diriger vers la porte, faisant un passage derrière son roi pour murmurer la fin de sa phrase en lui mettant une petite tape sur la fesse. Groman-Rik!

Elle ouvrit la porte à la barbe qui apportait un plateau de victuaille fraiche. De la charcuterie fine, du pain et du fromage pour agrémenter leur bière. Ils avaient dépensé beaucoup d'énergie durant leur argumentation et il fallait à tout prix reprendre des forces si elle devait s'occuper des gardes le lendemain.

         - Pourriez vous faire porter ce message à Lombard au Bélier Sanglant? Il me reste encore des choses à régler avec le Groman-Rik et je ne veux pas qu'il m'attende inutilement.

Le baveux acquiesça, prit la lettre et s'en alla, emportant les restes de l'après midi. Il regarda rapidement son souverain, étonné de le voir vêtu que d'une tunique, mais ne se posa pas plus de question en ramassant une chope qui était à terre. Il lui semblait logique qu'Harald s'était mouillé en faisant tombé sa boisson.
Brynhild se remit dans son fauteuil et nonchalamment, posa ses pieds sur le bureau.

         - Si par désirs tu veux parler de nous, si nous est à employer, j'en serai ravis. Mais il ne me semble pas que ce soit une affaire presser. Prenons notre temps et voyons où cela nous mène. Tu sais que je garderai ma liberté en temps que guerrière et que je continuerai de gérer mon clan. Je ne serai pas dépendante de toi.

La naine attrapa du bout des doigts quelques tranches de saucisson et en avala une en regardant Harald, attendant de voir ce qu'en pensait son... compagnon?
Elle n'avait jamais prit le temps de penser pacte de fidélité, enfants, et suite de sa vie. Elle n'était pas dans les plus précoces des naines, mais elle n'était pas non plus en retard pour y penser. Il lui restait plusieurs années pour se pencher sur le sujet. Or le Groman-Rik semblait lui poser la question. Etait-elle prête pour plus? Oui, mais ce n'était pour le lendemain. Leur statut respectif ne pouvait faire que la chose soit précipiter. Il fallait dans un premier temps que leur relation soit admise par le peuple comme n'étant pas politique.

          - Après mes désirs... J'en ai une multitude en cette instant, mais je ne crois pas que tu veuilles parler de ceux-ci...

La Thane se leva pour servir deux choppes de bière, une pour elle et l'autre pour Harald. Elle le contemplait dans sa simple tunique, dévoilant torse puissant et poilu, quelques cicatrices par-ci par-là. Quand elle lui tendit la choppe, elle regarda ses mains fortes et abimé qui l'avait saisit avec vigueur quelques minutes auparavant. Ce n'était pas le moment de parler de cela. Elle s'assit dans un des fauteuils trônant devant la cheminée, près duquel le baveux avait posé le plateau de victuaille.

Harald avait pu s’en rendre compte, mais il avait tôt fait de l’oublier : la belle était aussi féroce qu’elle était joueuse. La petite tape sur son joufflu, suivie du murmure de son titre, était un appel qui demandait réponse. S’il avait été plus jeune, il l’aurait poussée dans les draps pour lui apprendre les bonnes manières, mais le souverain était fatigué. Entreprendre ainsi une jeune bavette aussi vigoureuse, demandait une énergie particulière qu’il n’avait point usée depuis des années. Il se contenta simplement d’un grandement sourd, tel l’ours qu’il était.

- Alors, c’est décidé. Tu entraineras les gardes royaux dès demain, jusqu’à-ce que tu estimes ta mission terminée. En attendant, tu es libre de loger dans mes appartements, et tes compagnons, à l’auberge. Puisqu’ils font parti de cette mission qui est la tienne, le prix de leurs chambrées sera prise en charge par la couronne.

Il ne s’attendait pas non plus à la voir ouvrir la porte au serviteur qui apportait le repas. Le regard du baveux lorsqu’il vit le souverain dans une simple chemise de soie, criait toute sa stupeur : personne n’avait jamais vu Harald sans son armure, sauf en cet instant. D’aucun pensait même qu’il la portait pour dormir ! Quoi que ceci soit déjà arrivé lors de ses campagnes militaires.

Lorsque la belle – et elle l’était réellement, car, bien que typiquement naine, elle disposait d’atours féminins qui ferait même tourner les têtes des Umgis les plus téméraires – accueillit le serviteur et lui donna sa mission, avant de refermer la porte derrière lui, Harald ne se priva point de lorgner sa croupe, se remémorant quelques images des instants précédents, lorsqu’il possédait ces formes entre ses mains bourrues.

Il avait beau ne jamais magner la pelle ou la pioche, toute une vie de militaire avait tôt fait d’endurcir son corps. Ses mains étaient caleuses, ses doigts et ses mains, blanchies par des cicatrices parfois vieilles de plusieurs décennies. Piochant ainsi dans le plateau garni de charcuteries et autres préciosités alimentaires, il écoutait attentivement les propos de la bavette, avant d’y répondre, ingurgitant quelques tranches de saucissons et de charcuteries.

- Nous il y a, en effet. Tu es bin’ la seule qui aura partagée ma couche depuis bien des années. J’en suis honoré ! Le temps est une chose que nous avons, et qu’il nous faut prendre. Ton indépendance est incontestable, ton clan à besoin de toi, il n’est point question de t’en arracher. Cependant, je ressens pour toi une affection forte, et t’avoir à mes côtés serait quelque chose pour laquelle je rendrais grâce aux divinités. Je ne pensais pas parler un jour d’un nouveau pacte de fidélité, mais par Ikthor, j’y pense avec toi ! Prenons le temps, certes, mais après cette journée, il me serait impensable d’en retourner aux simples lettres.

Un pacte de fidélité… S’unir à une autre braise-vie, était quelque chose de très important dans la vie d’un Dawi. Après la perte de sa première épouse, Harald n’aurait jamais pensé à s’unir à nouveau. Et pourtant, quel message que celui-ci ! Lui qui désirait poursuivre la politique initiée par Hardrek, quant à la natalité Naine, montrerait l’exemple et serait une figure pour son peuple, alors qu’il se lierait à nouveau devant les anciens des deux clans.

Mais voilà que la bavette revient à lui, parlant d’autres désirs qu’elle aurait par milliers, mais qu’elle ne désire point aborder ici. Tendant une chope de bière à Harald, celui-ci l’avala en quelques goulées, et passant sa main dans sa moustache, vint féliciter le joufflu de la guerrière d’une tape forte et coquine, agrippant ensuite la fesse comme il l’avait fait tout à l’heure.

- La fougue ! Tu es bien une guerrière de Lante ! Hahahaha !

Brynhid était douée pour bien des choses, y compris faire tourner la tête du souverain des Nains.

Lombard devait être le plus heureux des nains durant cette soirée. Il avait été libéré de ses obligations et savouraient ses instants de solitude pas vraiment seul. Il pouvait choisir ses activités sans avoir à s'occuper du clan à la dernière minute, ou être interrompu. Il avait donc passé l'après-midi à jouer aux cartes avec un nain prénommé Dindaral. Il s'attendait à revoir venir sa thane d'un moment à l'autre, mais il reçu une missive d'elle, lui indiquant qu'elle en aurait pour un moment. Brynhild ne lui avait pas parler d'affaire prenant autant de temps, mais soit, elle ne lui disait pas toujours le fond de sa pensée.
Le soir, il avait prit un bon repas, bien copieux au coin du feu avant de savourer une nuit de sommeil plus que délectable sans horaire de lever. Il s'était réveiller en douceur, s'étirant de tout son long dans un gémissement de bien être, il se gratta le joufflu et sortit de son lit. Il n'avait pas fait de grâce matinée depuis des années. Il envisageait déjà sa journée avec délectation et repos. Et s'il commençait par un bain? Voilà qui était une bonne idée, il se rendit au bain de Kirgan pour se tremper dans de l'eau chaud, froide et de la vapeur.

*****

La Thane avait dormit du sommeil du juste, au chaud, dans les bras du Groman-Rik. Sa tête sur son épaule, et la main sur son torse, la naine avait été bercé par la respiration du poilu allongé à côté d'elle. Son horloge interne lui commandait d'ouvrir les yeux et de se lever. Elle avait pour mission d'entrainer la garde qui s'était un peu trop relâché avec le temps.
La naine bailla et s'éveilla doucement en sentant un regarde sur elle. Lorsque ses yeux firent le point, elle se rendit compte qu'elle était observée par une jeune bavette blonde. Prise de surprise, elle fit un bond, la faisant tombée du lit en étant, fort heureusement, drapée du drap.

         - Je... suis attendue par la garde pour leur entrainement. Groman-Rik... Hilda...

Brynhild s'était relevée et était doucement aller prendre ses affaires au bout du lit, toujours drapée dans le drap. Elle s'était éloignée dans le bureau pour s'habiller et filer de la pièce en vitesse.
Elle n'était pas intimidé, mais elle avait parfaitement compris de qui il s'agissait et ne s'attendait aucunement à croisé la bavette à ce moment là dans les murs de Kirgan. Elle n'avait parlé à personne de sa relation épistolaire avec le roi et il n'avait pas dû le faire vu le regard de stupeur qu'Hilda avait sur le visage. C'était une naine qu'elle respectait et qui lui ressemblait en de nombreux points, elle ne doutait pas qu'elle irait loin en tant que naine et guerrière.

Une fois dans le couloir, elle souffla un coup en rigolant. Quel était la probabilité qu'ils se fassent surprendre au petit matin par la fille du roi? Elle reprit son chemin en direction de la salle du trône. Il était temps qu'elle se mette au travail avec les gardes. Ils allaient transpirer aujourd'hui, mais c'était pour leur bien. Elle aperçut un garde sortant de la salle de repos et l'interpela.

         - Par ordre du Groman-Rik, va me chercher les autres gardes et mettez vous en tenu, on va s'entrainer.

Un tel sommeil n’avait plus été vécu par Harald le guerrier, depuis sa dernière guerre. Lorsque, des jours, des ennéades durant, il veillait, se battait, observait l’ennemi, et qu’il ne pouvait dormir que quelques heures afin d’être toujours accessible pour le prochain combat, et que, une fois la guerre terminée, il retrouvait le lit de sa demeure. Cette nuit, la guerre avait été toute autre, mais elle fut belle et bien éclatante et âpre, et la récompense, agréable et douce.

Mais telles les guerres passées, aux réveils violents, ce réveil-ci fut peu agréable, quoi que très cocasse. Après avoir passé la nuit, allongé de tout son long, le corps de la bavette contre le sien, sa main, sur son torse poilu, un œil fut ouvert après quelques ébats curieux, la disparition des draps, et, avec eux, de la dulcinée.

- Je... suis attendue par la garde pour leur entrainement. Groman-Rik... Hilda...
- Grumblff Il s’étire longuement, en baillant bruyamment. Mais… Qu’est-ce qu’s’est qu’ce bor…
- Père ! Claqua Hilda, la fille de Harald, ses deux poings sur ses hanches et ses bras musclés apparents.
- Hilda ? Répondit-il, stupéfait. Ses yeux regardant partout autour de lui rapportèrent à son cerveau les informations nécessaires à sa compréhension. Brynhild quittait l’endroit en emportant les draps dans une pièce annexe, laissant Harald, le souverain, totalement nu, la viande à l’air, face à sa fille. Mais qu’est-ce qu’tu fou là ?
- J’suis ta fille, t’as oublié ? Y’a que d’puis hier, t’es introuvable. Et j’te rappelle que t’en du travail par d’ssus la caboche ! Alors s’coue toi l’joufflu ! T’es attendu dans la salle du conseil. Elle jette la chemise de soie qu’il portait la veille. Tiens, met ça, grignote quelque chose, et habille toi. L’bon Gonfor va t’apporter d’quoi bequeter.

Encore un peu groggy, Harald se leva, manquant la chemise que sa fille venait de lui jeter. Si elle désirait s’éviter le spectacle de voir l’appareil de son souverain papa, c’était raté. Il fallut quelques secondes à Harald pour prendre pleinement conscience de la situation. Il prit la chemise, s’en habilla, puis s’approcha de sa douce fille à la poigne de colosse, qu’il appréciait tant.

- Baruk ma fille. Dit-il timidement.
- Baruk, mon royal père. Je n’t’imaginais point profiter d’ce genre d’plaisirs ! Est-ce qu’y a quequ’chose que j’dois savoir ? Demanda-t-elle, mi curieuse, mi agacée par la vue de son père aux bras d’une autre bavette.
- Ma fille… C’te bavette qu’t’as rencontrée, c’est Brynhild, guerrière du clan Odomar et thane. Son paternel était connu sur Lante, l’nom du clan doit t’parler, toi qu’est dans l’infanterie lourde. C’est… On fait… Elle est… Bredouille-t-il.
- Ton plan joufflu ?
- Neh ! Soit pas irrespectueuse ma fille ! C’fait quelqu’temps qu’elle et moi, on s’fréquente. On s’apprécie, d’aucun dirait même qu’on s’aime, à notre manière. Je ne sais pas jusqu’où ça ira, mais elle est jeune, et moi, je suis Groman-Rik. Et un souverain doit être marié quand il veut promouvoir la natalité chez son peuple. J’dis pas qu’on y arrivera jusque-là, mais peut-être. En attendant, j’veux que tu gardes le secret, et que tu ne dises rien, ni aux autres, ni à Brynhild ! Compris ? Ordonna-t-il, quelque peu sèchement.
- Ip, père. Elle acquiesce, s’approche, puis tape l’épaule de son père. Pourquoi t’as rien dis ?! J’suis ta fille, par Ikthor ! J’aurais pu t’écouter ! J’aurais pu te soutenir ! Dit-elle, un sourire naissant sur son visage.
- Tu m’aideras quand il faudra, t’inquiète pas Hilda. Aller.

Harald avait à faire. Avant de pouvoir se rendre à la séance d’entrainement, il allait devoir travailler un peu de son côté. Ses royales attributions n’attendent pas. La séance devrait commencer sans lui.

Malgré cet instant de gêne intense, il fallait se reprendre et exécuter les ordres du Groman-Rik. Ce n'était pas parce qu'elle était... proche du roi qu'elle devait se relâcher. Elle avait construit sa vie à la force de sa hache et de son courage, menant batailles, combats et conseils pour modeler son avenir. Qu'importait la barbe qu'elle fréquenterai, elle serait indépendante et n'aurait besoin de personne pour continuer à diriger sa guilde.
La Thane attendait tout les grognards de la garde, sauf les indispensables. Elle était en forme après une "bonne" nuit de sommeil, prête à en découdre. Elle avait retirer son haut pour ne rester que dans sa brassière, il lui fallait de l’aisance pour ce qu'elle allait faire, porter des vêtements de plus ne serait que superficiel.
Elle faisait l'inventaire des outils à sa disposition haches, épées, marteaux en bois, des boucliers lestés et de long bâton attendaient qu'une barbe les saisissent pour montrer leur potentiel. Sans doute faudrait-il faire plusieurs groupes pour qu'ils s'occupent.

Les barbes arrivaient doucement et en se frottant les yeux. Il était tôt et ils ne voulaient pas avoir à bouger, comme leurs autres matins. Aujourd'hui ils feraient bouger leurs muscles ensevelit sous le gras et la paresse.

         - Il me semblait avoir faire parvenir le message que pour chaque retardataire devrait faire des exercices en plus? la naine observa le silence interloquer des nains avant de reprendre. Non? Eh bien on va tous commencer par cela alors!

Les cognards étaient furieux, non seulement ils s'étaient levé au aurore sur ordre du Groman-Rik, mais ils allaient devoir transpirer la bière de la veille. Tout en râlant, ils retirèrent quelques couches afin d'être plus en souplesse. Ils avaient bien fait car a peine avoir commencer, la majorité suait tout l'eau qu'ils ingurgitaient au fur et à mesure de l'échauffement. Ils auraient assurément des courbatures le lendemain, mais c'était la punition pour s'être laissé aller depuis autant de temps. Pompes, abdos et renforcement. La base d'une remise en forme.

Il se passa une bonne heure avant que la naine ne les laisse se reposer un peu avant de reprendre avec du combat au corps à corps, peut être qu'ils se motiveraient un peu plus. Elle mettrait bien en jeu une tournée de bière, mais elle ne savait pas vraiment que ce soit une bonne idée après s'être autant entrainer.

         - Je serai clémente. Celui qui s'en sortira le mieux aura le droit à un repas à mes frais dans la meilleure auberge de Kirgan! Les nains eurent soudain une lueur dans les yeux, l'évocation d'un repas les avaient revigoré. Qui seront les premiers?

        - Qui qu'nous di' qu'tu sais bien t'battre?

         - Qui? Brynhild lâcha un rire sarcastique. Viens donc ici je vais te montrer.

La naine prit le défi à bras le corps, c'était tout sauf un problème pour elle que de se battre contre ce nain enveloppé. Il n'allait pas lui falloir bien longtemps pour le mater. Cependant il n'y aurait pas fallut être interrompu par l'arrivé du Groman-Rik.

         - Har... Baruk Groman-Rik!

Effectivement, Gonfor, le bon serviteur de la couronne, avait préparé un petit déjeuner digne d’un souverain. Un pain blanc épais, des rillettes, un peu de bacon, un lait de chèvre chaud, et une bonne bière. Hilda, sa fille, avait pris quelques tartines avec lui, bien qu’elle ait déjà mangé il y a peu, étant levée bien avant son paternel.

Ensemble, ils discutèrent de tout, sauf de la petite surprise matinale. Ils parlaient de Lante et du clan, des affaires internes gérées par le conseil du clan maintenant que Harald, le thane, n’était plus dans la région. Certains du clan désiraient rejoindre Kirgan, mais la plupart désiraient rester dans le Brissalion et servir Lante dans les bataillons d’infanterie lourd. Ces questions devaient être monnaie courante à chaque changement de souverain par le passé. Seulement, Harald n’avait jamais imaginé arriver Gazanundi un jour, alors Groman-Rik..

Après ce repas, Harald prit le temps de revêtir son armure. C’était là ses vêtements favoris, son armure. Il ne portait que cette armure, surtout en public. C’était un bijou d’artisanat, les meilleurs forgerons ayant réalisé cette pièce afin de la lui offrir, voilà bien des années maintenant.

Il se rendit ensuite dans la salle du conseil, son armure sur les épaules, sa couronne sur le crâne. Au programme de ce matin : justice et chantier. L’on avait attrapé un voleur au cœur de la cité, soi-disant avait-il volé car lui et son clan étaient affamés, mais l’on a retrouvé dans son antre, suffisamment de richesse pour invalider cet alibi. Ainsi, sa main devait être tranchée, telle était la loi. Quant aux chantiers, et bien, ceux de Kirgan avançaient bien. Un groupe de runiste avait apprit que l’on avait découvert, dans d’anciennes galeries, une plaque gravée des runes mentionnant la Grandsalle. Dès lors, ils s’étaient entêtés à rejoindre les équipes des chantiers. Cela aidait grandement au moral de tout le monde !

Enfin, après quelques heures dédiées à cette activité, venait le temps d’assister à l’entrainement de la garde royale. Certains s’étaient montrés grognons ce matin, sans aucun doute à cause de cet entraînement sans aucun doute plus difficile qu’à l’accoutumé. Les gardes étaient des nains robustes, forts, dédiés à la protection du souverain. Mais les entrainements étaient sans doute moins complexes ni épuisant que ceux des guerriers, surtout de Lante. Il faut dire que les gardes ont surtout un rôle présentiel. Ils doivent faire peur, impressionner. Mais un petit peu d’entrainement, et d’apport de l’expertise de Lante, ne ferait pas de mal.

Quelle fut sa surprise lorsque, à son arrivée dans l’antre qui sert de salle d’entrainement, un lourd silence, tel une chappe de plomb, s’était abattu sur l’ensemble des convives. Il ne s’attendait pas à cela, oh ça non. A vrai dire, il s’attendait à quelques réticences, mais point à un tel silence.

- Har... Baruk Groman-Rik!
- Grumpf… Baruk, Brynhild. Baruk, Rinnundi ! Dit-il à l’attention de la bavette, puis, de l’ensemble des gardes.
- BARUK ! Répondirent-ils ensemble, d’une voix commune.
- Baruk, père ! Dit ensuite Baldwin, le fils de Harald, engagé tout récemment dans la garde royale afin de protéger son paternel.
Baruk, mon fils. Il le gratifie d’un signe de la tête. Rinnundi, je vous présente Brynhild Odomar, guerrière de Lante. Elle nous fait l’honneur de sa présence pour plusieurs jours, et je l’ai chargée de l’entrainement de la garde. En tant que gardes royaux, vos responsabilités sont grandes, que dis-je, énormes ! Impressionner ne suffira pas, et porter de lourdes Az non plus. Il vous faudra sans aucun doute faire face à de possibles dangers, alors que vous me suivrez lors de notre future campagne pour la reprise des territoires perdus. Et je suis certain que faire le planton ne suffira pas à impressionner les créatures, les berserkers, les sauvageons… Et encore moins les engeances. Alors, Brynhild se chargera de votre entrainement jusqu’à son départ, et elle sera épaulée par… Un silence, volontairement long et assourdissant. mon fils, Baldwin. Son apprentissage est terminé depuis des années, et il aura servit plusieurs années dans l’infanterie lourde de Lante, tout comme je le fis avant lui. Des questions ?

Cette dernière question avait été laissée ouverte. En attendant de recevoir une réponse, ou, en absence de réponse, d’assister à l’entrainement, Harald prit place sur un siège non loin.

La chaleur commençait à prendre la pièce. La cinquantaine de barbe présent dans la pièce soufflait de fatigue et de tension. C'était toujours le cas lorsque l'on reprenait le sport. Cela faisait tout de même doucement rire la thane, l'une de ses cousines qui était dans la garde de Lante avait pris un congé durant sa grossesse et jusqu'à que son enfant soit suffissament grand pour pouvoir revenir. Elle n'avait pas autant soufflé que ses grognards.
Ce n'était qu'un rythme d'entrainement qui leur manquaient. Peut être devraient-ils reprendre doucement tout les deux jours avant d'avoir un rythme régulier et quotidien. Elle nota mentalement de leur donné des étirements à faire avant de se coucher et en se levant. Elle verrait très rapidement qui l'aurait prise au sérieux et qui ne l'aurait pas. Mais ils en payeraient le prix de courbature affolante.

Le roi fit son apparition dans la salle d'entrainement en compagne de sa fille. La naine eut une fugace émotion de gêne en l'a voyant et se retint de réagir pour ne pas ébruiter les choses trop rapidement. Elle l'avait quand même vu en position suggestive auprès de son père... Enfin lui n'avait pas sembler plus embêter de la chose. L'intimité n'était pas un concepte très nain et la thane avait lutté pour que ses barbes frappent à la porte et d'attendre l'autorisation pour entrer. Le problème n'était pas de faire croire que l'on ne chiait pas mais tout du moins de garder cet instant de repos post digestif dans le calme et la sérénité. Et bien que le pet est un petit souffle chaud qui annonce avec fracas l'arrivée du général caca, le monde n'était pas obligé de partager ses instants festoyant.

Aucunes barbes ne faisaient de bruit dans la pièce, ils semblaient abasourdit par l'arrivée du Groman-Rik pour les observer et surtout l'annonce de qui allait les entrainés. Brynhild et Baldwin étaient probablement les plus jeunes de la pièce, et la fierté de nain, malgré des faits de guerre impressionnant, les rendaient assez septique.

         - Il ne semble pas Groman-Rik, l'entrainement leur délira sans doute la langue. La naine regarde Baldwin. Elle se disait bien que cette jeune barbe lui disait quelque chose. Il avait prit de la barbe et de la prestance, voilà qui était bien pour lui. Baldwin! Cela faisait un bout que l'on ne s'était pas vu! Heureuse de travailler à tes côtés. Elle s'approcha de lui pour faire entrechoquer leur avant bras en signe guerrier de salutation et de respect. Autres choses Har euh Groman-Rik?

La naine jeta un regarde à sa barbe, attendant ses ordres en tant que roi mais aussi remplit de défi à l'idée d'avoir un nouveau corps à corps avec lui. Ce n'était pas le moment, mais il fallait bien cultivé la passion entre eux, et bien qu'elle n'avait aucune expérience dans le domaine, elle avait le cerveau qui fourmillait d'astuces et d'idées. Mais recroiser le regarde de sa fille l'a refroidit instantanément.

        - Baldwin, dis moi, que leur ferais tu faire maintenant?

La naine était prête a écouter la jeune barbe. Lui donner du pouvoir pourrait lui permettre de prendre confiance en lui et de se réaliser en tant que guerrier et que nain. De plus si les choses se passaient bien entre le Groman-Rik et la Thane, Baldwin serait de sa famille. Elle mettait un point d'honneur à offrir se confiance à son entourage pour les encourager à s'épanouir.

- Il ne semble pas Groman-Rik, l'entrainement leur délira sans doute la langue. Harald grogne, croisant ses bras, posant un regard lourd sur les gardes qui, visiblement, pesaient le pour et le contre. Baldwin! Cela faisait un bout que l'on ne s'était pas vu! Heureuse de travailler à tes côtés. Elle s'approcha de lui pour faire entrechoquer leur avant-bras en signe guerrier de salutation et de respect. Autres choses Har euh Groman-Rik?

A ce lapsus presque révélateur – pour peu que l’on se doute du pourquoi de ce lapsus – Harald n’eut qu’un petit hoquet de rire caché dans sa barbe, amusé qu’il était de voir sa bavette avoir autant de difficultés à rester factuel en public. Hilda, sa fille, apprécia bien moins l’instant. Elle répondit par un léger raclement de gorge, ses mains venant prendre place sur ses hanches, dans une posture entendue, son regard dévisageant Brynhild dans une pensée interrogatrice. Intérieurement, Hilda cherchait à comprendre qui était la Naine face à elle. Sa mère était décédée depuis des années, mais personne ne s’était approché de son royal papa, avant qu’il ne devienne un royal souverain. Si l’avidité était une tare Naine – nombre de commerçant courant après les écus et les souverains, nombre de mineurs creusant à en perdre la tête afin de trouver toujours plus d’or et de métaux rares – la vénalité était nettement moins courante, mais cet intérêt soudain – pour elle – la rendait très curieuse.

- Rien d’autre, Brynhild. Cependant, je vais rester là, et assister à l’entrainement.

Il ne laissa le choix à personne, car à peine sa phrase terminée, il tendit son bras et on lui apporta une assise. Et une fois installé, il croisa les bras, et attendit patiemment.

Baldwin fut maintenant le centre de l’attention – du moins il était regardé, mais tous continuaient à zyeuter de côté en direction du Roi – et cela le déstabilisa quelque-peu. Regardant l’assemblée, ouvrant la bouche sous la stupeur, il regarda alternativement Brynhild, Harald, les gardes, Harald… De nouveau les gardes, puis Brynhild. Il poussa un souffle de réflexion, puis prit la parole :

- Eh bien… Pourquoi pas quelques passes d’armes ? J’aimerais voir comment mes camarades se débrouillent avec leurs haches, et leurs boucliers. J’aurais p’t’être quelques trucs à leur apprendre ! Les guerriers lourds de Lante sont les meilleurs à la hache d’arme et au bouclier. Qu’est-ce que tu en penses ?

La naine devait se reprendre, ce n’était pas ainsi que la guerrière agissait habituellement. Le sourire quelque peu crétin qu’elle aurait pu laisser transparaitre s’effaça soudain pour donner une face de concentration ultime.  Elle regardait les soldats de manière froide et martiale. A la demande de son assistant, elle acquiesça. C’était une bonne idée laisser faire les soudards par eux même.
Mais qu’il était amusant de les voir si pataud avec leur propre arme. Ils avaient fait tellement peu d’exercice ses derniers mois que le maniant de leur hache était comme la découverte d’une nouvelle discipline. Ils se fonçaient dessus avec leur bouclier, espérant renverser le nain d’en face. Elle lança un regard amusé à son Groman-Rik, elle ne pouvait faire autrement, elle avait l’impression d’assister à un combat entre enfants.

Bien qu’elle ne voulait qu’observer leur attitude, elle tournait dans la pièce, notant les erreurs que commettaient les barbes. Elle s’approchait de certains pour leur donner des conseils, des méthodes, les stoppant et mimant le geste, les faisant reproduire et les laissant reprendre en constatant l’amélioration du mouvement et l’étonnement des barbes qui arrivaient à fluidifier leur attaque ou leur défense. De ce fait en l’espace d’une dizaine de minute, quelques barbes avaient améliorer leur rendement de frappe et de défense drastiquement.

Voilà où était le problème! Ils avaient été laissé à eut même ne sachant réellement que faire pour s’entrainer et réaliser les bons gestes. Quelques cours avec eux, et Baldwin, qui connaissant les techniques d’entrainement de Lantes, en leader, ils s’en sortiraient tous très bien.

Brynhild continuait son ballet entre les groupes pour leur montrer quoi faire et remarqua que Baldwin s’était mit à faire de même. *Espérons que cela plaise à Harald, après tout, on ne fait que les rendre un peu mieux.*
Une heure s’écoula assez facilement sans que les deux instructeurs se rendent compte du temps qui passe. Il faudrait qu’elle note de qui elle s’était occupée ce jour là pour donner leur chance à d’autres le lendemain. Ah qu’ils allaient souffrir de courbature durant la nuit…

         - Je crois que nous en avons vu assez. Baldwin, viens ici je te pris, on va leur montrer de quoi de vrai nains sont capable. Main nue pour commencer?

Quelque peu pathétique. Oui, voilà. C’est ce qui passait dans le crâne de Harald alors qu’il était confortablement assis face au ballet qui se déroulait face à lui. Les gardes n’avaient plus été aussi actifs depuis bien des mois, peut-être même des années ! Il faut dire que leur rôle était assez limité : faire peur, rendre fier la couronne en portant des armures de haute qualité, incrustées de métaux précieux, portant des haches faites de manches d’or, rendant une prestance… Royale. De temps à autres, ils accompagnent le Roi du côté des chantiers et des profondeurs de Kirgan, et d’autres fois, ils tranchent les mains des voleurs, et décapitent les assassins. Pour sûr, des occupations peu prenantes, qui ne nécessitent pas une grande habileté guerrière…

Cependant, les gardes semblaient de plus en plus être à bout de souffle. Une heure d’entrainement, plus ce que Brynhild avait fait faire avant… Pour sûr, cela devait remuer la bière qui se trouvait dans leurs bides.

« Je crois que nous en avons vu assez. Baldwin, viens ici je te pris, on va leur montrer de quoi de vrais nains sont capable. Main nue pour commencer ? »
- C’est assez, Brynhild. Dit subitement Harald en se levant alors, se présentant devant tout le monde. Les gardes s’arrêtèrent et se tournèrent tous vers Harald, et Baldwin, lui, baissa quelque peu la tête. Je pense que pour une reprise d’entrainements, cette journée aura été suffisamment prenante. Cognards du Roi, vous reprendrez l’entrainement à chaque fois que Brynhild vous convoquera. Après son départ, Baldwin reprendra la suite. Reprenez vos affectations. Brynhild, merci. Vous pouvez profiter des largesses de Kirgan.

Puis, sans demander son reste, Harald prit le chemin du Palais. Il avait du pain sur la planche, car reconquérir les territoires perdus durant le Voile demanderait une organisation millimétrée que seuls les Nains savent mettre sur pied.

         - Oh attendez avant de vous disperser. Loin de moi l’idée de vouloir vous embarrassez, je cherche juste à vous rendre votre force d’antan. Je ne vous cache pas que vous allez souffrir dans les jours à venir. Etirez vous avant de vous coucher, et buvez de l’eau, oui de l’eau! Demain ceux qui veulent, retrouvons nous, pas pour se battre je vous rassure, mais pour vous aidez à faire passer ses douleurs.


La naine savait ce que ses douleurs pouvaient être handicapante, elle en ressentait elle même lorsqu’elle passait trop de temps assise son bureau de Thane, à gratter des papiers administratifs alors qu’elle préférerait partir en chasse dans les forêts près de Lantes avec son fier clan. Ah que la vie civile lui manquait par moment. Mais cette vie ne lui aurait jamais permit de rencontrer des nains merveilleux et pleins d’envergure -autant du ventre que par la longueur de leur bras dans la société- de participer à des batailles mémorables et faire partit des pionniers dans la reconquête.

Brynhild descendit de la plateforme d’entrainement en regardant s’éloigner le roi. Elle attrapa une écule d’eau et bu à ne plus soif avant de s’essuyer les quelques gouttes de sueur qui coulaient sur son front. Il fallait dire qu’elle avait bien transpirer la nuit précédente.
Les barbes ronchonnaient mais quelqu’uns vinrent la voir pour lui demander les étirements, ce qui l’ fit rester un moment de plus dans la salle d’entrainement. Baldwin l’assistait encore dans cette tâche. Il n’était pas encore au courant, mais cela ne saurait tarder, les frères et soeurs devaient forcement discuter entre eux lorsqu’ils se retrouvaient. Sans doute n’était ce pas la bonne journée pour rejoindre le roi qui avait bien à faire ainsi que de profiter de ses enfants. La jeune Thane traça le reste de sa journée a prendre du temps pour elle. Elle commencerait par rejoindre son oncle qui l’attendait à l’auberge depuis la veille et elle irait surement se promener dans les rues de la ville souterraine à la recherche de cadeaux pour ses neveux.
C’était une tradition qu’elle avait mise en place depuis son retour en Zagazorn, apporter des présents à sa famille proche des endroits qu’elle avait visité.
Elle renfila son armure légère et partit en direction de la ville, passant par la grande salle du trône et admirant les bannières flottant au grès des courant d’air, elle salua les soldats en poste et descendit les marches du palais en sifflotant un air populaire nain en se demandant quand le roi la ferait demander à nouveau.