Après l'effort, les complots et le plaisir [Charles de Prademont]

Il n'était pas une surprise d'avouer que Charles de Prademont voyait peu son épouse ses derniers temps. Sa charge au palais ne cessait de croître et lorsqu'il ne siégeait pas en audience, il passait de longues heures à consulter les rapports de ses subordonnés quand aux prochaines affaires. Ce soir là, après avoir apposé le sceau royal sur une bonne quinzaine de parchemins et y avoir griffé sa signature à l'encre d'une plume, l'Intendant s'enferma encore de longues minutes dans son office avant de prendre congé. S'il devait organiser la vaste machination visant à s'approprier la tête du Comté d'Odelian, il savait également devoir accorder un peu de temps à son épouse enceinte.

Cette équation à trois inconnues n'était pas des plus facile à vivre et à supporter, seulement il avait bien conscience que certains sacrifices permettraient d'entrevoir un avenir plus doré encore. Ce fut donc apres s'être encore attarder sur quelques modalités administratives liées à sa dernière rencontre avec l'Ombre, qu'il regagna son hôtel particulier de Diantra. Le même rituel se prédisait alors qu'il poussa la porte de sa demeure, l'une des domestique lui retirerait son manteau tandis qu'une autre le débarrasserai de sa serviette de travail. Il se rendrait alors au salon où sa femme veillerait, somnolente, afin de pouvoir profiter de quelques heures en compagnie de son époux devant un bon dîner.

Finalement, une large partie de ses prédictions se révélèrent être réalisée, mais alors qu'il pénétrait le salon avec ce détachement et cette démarche presque mécanique, voilà qu'il découvrait son épouse dans une position plus confortable et le nez plongé dans un livre qu'il pouvait reconnaître par son dos en toile bleu, celui qui répertoriait les comptes de la famille. Solange ne l'avait pas entendue, ce qui semblait porter à croire qu'elle s'attardait sur l'ouvrage avec un intérêt certain. Un léger sourire admiratif se dessina alors sur les lèvres de Charles, ce petit bout de femme portant son enfantine manquait jamais de le surprendre. Retirant alors ses gants, il les posa soigneusement sur l'accoudoir d'un fauteuil avant de s'approcher de son épouse non sans déboutonner une partie de sa tunique obsidienne pour s'en trouver un peu plus à l'aise loin des protocoles et des apparences qu'exigeaient la Cours Royale.

- Cette pièce de fauteuil est tout de même bien pensée ma mie. Mais surtout ne vous redressez pas, restez ainsi installer.

Se portant à sa hauteur, il s'inclina, cherchant alors soit à s'exécuter à un baisemain soit poser ses lèvres sur la joue, la bouche ou le front de la Dame d'Escaut. Comme le voulait la bienséance c'était à la femme de décider de la manière dont devait le saluer son époux. Cela étant fait, il se redressa pour se placer dans son dos non sans la complimenter sur la qualité de sa toilette de satin bleu et blanche. Enceinte, Charles trouvait pourtant toujours son épouse exceptionnellement belle et mince, mais si elle ne prenait pas autant de poids qu'une femme dans son état, cela pouvait se comprendre et cela inquiétait le noble qui la avait incapable de se restaurer convenablement sans en rendre la majeur partie.

Une main se hasarda alors sur l'une des épaule de sa moitié, ses doigts glissant lentement et sensuellement jusqu'à la nuque de Solange avant qu'il ne remonte sa main pour s'attarder sur sa chevelure quasi relâchée et plus particulièrement sur l'objet qui retenait en partie sa longue crinière noire, ou plutôt qui l'ornait. La large barrette d'ivoire dotée de longs rubans de couleurs vives retenait toute son attention, en réalité tout ce qui embélissait plus encore son épouse l'intéressait et nourrissait intérieurement quelques fantasmes dans cette période d'abstinence qu'il se cachait bien de reprocher à sa femme.

- Coquette robe et intéressante pièce d'ornement. Je dois vous accorder que vos efforts sur votre apparences me comblés de joie mais... je n'aurais cru qu'à une heure si tardive, vous vous lanciez dans un ouvrage non pas de mots mais de chiffres. Peut-être craigniez-vous de vous assouplir ou vous portez un réel intérêt à son contenu ?

Discrètement, Charles s'étirant alors de chercher du regard quelques présence de rafraîchissement. Comme d'habitude Solange avait su anticiper les besoins de son mari, d'ailleurs plus qu'il n'en aurait pu espérer mais il n'en avait pour l'heure le moindre soupçon quand à la présence d'une femme dans sa chambre. Il se dirigea donc vers la console et adressa un regard à la, qui sait, future Comtesse d'Odélian.

- Je vous sert quelque chose ?

Solange avait garnie le plateau de plusieurs alcool dont l'un plus ambrée, corsé et alcoolisé, fut prit d'assaut par l'individu.

- Vous ne manquez jamais de bonnes intentions à mon egare mon amie, si je pouvais un jour vous le rendre, mais vous savez que cette période est compliquée pour moi. Lorsque tout sera terminé, nous prendrons quelques jours au vert si cela vous sied ?

Chacun semblait avoir ses petits vices en matière d'alcool. Si Charles lui préférait les saveurs plus corsée, Solange quand à elle affectionnait les corps plus fruité en bouche. C'est ainsi que l'officier royal apporta à sa douce et jeune épouse une coupe de liqueur de framboise non sans écouter religieusement cette voix presque cristalline qui venait rompre le silence et la quiétude dans laquelle s'en été retrouvé le petit salon avant son arrivée.

Acquiesçant d'un hochement de tête après s'être débarrassé de la coupe de son épouse qu'il dépossède sur la table basse et après s'être longuement attardé à flirter du bout des doigts sur ses épaules et sa tignasse, Charles laissa paraître un petit rictus satisfait à la lecture des mots de Solange. Son épouse était en effet une femme soucieuse à la fois de son apparence mais aussi de sa situation de Dame de la noblesse. Qui puis est, la Dame d'Escaut avait mené à bien un projet qui lui tenait à cœur et qui a présent semblait pouvoir entrevoir quelques recettes non négligeable dans les caisses du couple. Un investissement qui portait donc ses fruits et ce malgré les craintes d'un projet établi sur des préceptes de charité à l'endroit d'enfants défavorisés.

- Je suis fort curieux de pouvoir constater le fruits de vos efforts ma mie. Dite moi quand vous aimeriez que je vous accompagne à l'orphelinat pour ainsi, ensemble, admirer les œuvres de vos petites protégées.

Dit-il en omettant évidemment ces deux dernières visites à l'établissement pour y mener quelques tractations avec l'Ombre dans l'intimité du bureau de Solange. S'exécutait alors à une douce caresse du dos de sa main libre sur la joue de sa femme, il le beau blond rajouta.

- Sage décision que de vérifier les comptes. L'on est jamais trop prudent surtout lorsque l'on parle d'argent. Continuez sur votre élan, restez élégante et instruite, cela fait tout votre charme. D'ailleurs, je vois que votre ventre se porte bien, je suis certain que notre héritier sera fort et vigoureux. Si vous ressentez le besoin de renouveler vos toilettes, agissez sans regarder à la dépense. Rien ne sera trop beau ni trop coûteux pour mon épouse.

Cette marque d'affection formulée alors que la grossesse de Solange était déjà bien entamée et qu'il était normal qu'elle puisse renouveler sa garde robe, Charles reporta alors son attention sur la main gantée que sa jeune épouse tendit avant de récupérer sa coupe et la lui déposer entre ses doigts couvert d'un fin tissu qui masquait les brûlures d'un malheureux événement du passé. Puis, à sa demande après avoir levé sa coupe de liqueur pour ainsi proposer un toast, l'Intendant à la Justice vint s'installer en coin de cette pièce de fauteuil.

- Comme ceci ma dame ? Dit-il d'une voix douce avant de lever sa coupe à sa suite. Ses émeraudes croisèrent alors l'azur de sa compagne. Si vous souhaitez tout savoir, j'ai fais exécuter un homme aujourd'hui et couper la main d'un autre. Le premier s'est rendu coupable de trahison à la couronne quand au second, il avait volé sur les étales d'un marché.

Dans sa voix, nulle compassion, comme si ces faits étaient d'une banale routine. Il était la voix de la justice, rien de plus rien de moins. L'avisant alors d'un regard dont toute lassitude semblait s'éteindre pour laisser place à une certaine forme de passion,  Charles rajouta tout en laissant vagabonder une main sur les tissus bleu de la robe de sa chère et tendre.

- Pour le reste, notre affaire semble en bonne voix. Nous devrons nous montrer patient, mais je crains hélas que les jours à venir me retiennent plus que de raison hors de notre demeure, tout du moins,  je ne saurais vous dire si je serais présent pour nos futurs soupés.

Son ton était solennel, le timbre de voix légèrement grave. Pourtant il ne voulait outre mesure laisser son épouse s'inquiéter sur la tournure qu'allait prendre le complot, conscient qu'elle devait se ménager physiquement et mentalement.

- Ne veillez point trop tardivement, promettez le moi. Il posa alors une main sur le ventre arrondi de Solange, cherchant à sentir le moindre signe de la présence du petit être qui se développait à l'abri du monde extérieur. Vous vous occupez brillamment de l'orphelinat, continuez d'agir en ce sens pendant que je m'affère à rendre notre avenir meilleur, voulez-vous ?

Loin de lui le désir de lui révéler le contenu de ses différents entretiens à l'orphelinat avec l'homme qui s'était présenté comme l'étranger venu d'outre-mer, mais évidemment omettre de l'informer sur l'affaire officielle aurait été une erreur.

- J'ai par contre rencontré par deux fois Messire Halewin. L'affaire des demoiselles de Termers suit son cours et nous avons bon espoir d'un proche et heureux dénouement.

Acheva-t-il avant de poser ses lèvres sur le puissant liquide ambré.

Quel homme de bonne naissance pouvait se targuer d'avoir pour épouse une jeune femme aussi belle et d'un esprit si mûre pour son âge ? Solange semblait certes naïve et crédule, mais cette oisiveté n'était dû qu'à sa fraîcheur et Charles en était conscient. Pourtant, la Dame d'Escaut s'était joint à ses desseins bien qu'elle en ignorait les sombres aspects que la Damedieu éprouverait sans doute. Cette soirée, en tête à tête, libérait indéniablement le poids de ses obligations tout comme elle reléguait l'espace de quelques heures les tracas d'un complot dont la finalité était bien de redonner ses lettres de noblesse à un fief qui avait bien besoin de retrouver sa splendeur d'antan et offrait la perspective d'une nouvelle vie à ce couple qui se soudait contre toute attente.

Solange semblait accepter son parti, loin de l'avoir enjoué après leur union et mari et femme avaient pour cela mis chacun de l'eau dans leur vin pour arriver à s'apprécier et se trouver une affinité qui avait encore à s'entretenir par quelques projets commun, le tout dans l'esprit et le cadre familial qui semblait cher à leurs yeux. Le temps de la discorde était bel et bien révolu, laissant place au partage et à la découverte. L'Intendant Royal avait su accepter la fin de son célibat, se privant de certaines libertés tout comme cela devait en être de même pour sa jeune épouse. Chacun d'entre eux préservait tout de même un jardin secret mais cela ne semblait pas être sujet à préoccupation tant leur situation guidait leur esprit à concevoir et entretenir un cadre de vie qu'ils espéraient de tout leur vœux plus grand que ce qu'on leur avait jusque là promis.

- Qu'à cela ne tienne ma mie, je me rendrais disponible en fin d'énneade afin de pouvoir constater de mes yeux les efforts que vous avez accompli avec vos filles. Je ne me formaliserai pas sur leur manière, après tout, j'imagine que vous avez encore à œuvrer pour leur faire oublier leur douloureux passé.

Servant à son épouse un sourire conciliant et entendu, il prenait acte et si son intérêt était peut-être plus modeste qu'il n'y paraissait, sa plus grande expérience de la vie lui imposait un manque d'honnêteté car sa plus grande préoccupation était bel et bien ailleurs, malgré cette grande fierté qu'il portait jour après jour à l'endroit de la poupée de soie qui lui faisait office d'épouse dévouée. D'ailleurs Charles était loin encore de connaitre toutes les facettes que dissimulait Solange et chaque jour portait son lot de surprise et d'enseignement.

Le toast fut alors prononcé, cette honneur laissé à l'exclusivité de la future mère de famille. Charles n'avait rien à redire tant cela résumait parfaitement les choses. C'est alors que Solange, a sa façon accorda credit à son époux. Sa condition de femme enceinte changeait son corps à mesure des mois qui défilaient la contraignant à se priver des riches étoffes qu'elle affectionnait tant. Charles avait le devoir de la soutenir durant cette épreuve et ne manqua pas à ses obligations à ce sujet.

- Je sais ô combien il vous ai difficile de vous séparer de vos plus belles toilettes. Vous respendissez dans vos étoffes et je puis vous faire la promesse qu'après m'avoir donner un héritier, et dès que nos desseins seront achevés, je m'engagerez à vous réserver une pièce entière du château pour y accueillir la plus grande et la plus riche garde robe que toute la Péninsule n'ai jamais connu.

Il lui tint fermement la main quelques instant en rajoutant.

- Mais soyez certain que cette épreuve vous rend plus belle encore que le jour de votre naissance. Il déposa un chaste baisé sur son ventre. Déambulait de la manière qu'il vous plaira, mes yeux continuerons de briller de milles feux.

Cette sincérité était évidemment toute relative, mais il avait le devoir que les apparences montrent un couple uni devant toute épreuve. Un devoir que son épouse partageait et aller bientôt entretenir à sa manière, bien consciente du poids. Solange souhaitait également contribuer dans les limites de ses possibilités physique à porter assistance à son époux dans ces affaires qui lui prenaient beaucoup de son temps. Marque de générosité et de conservation de ce cercle familiale en cours de construction, Charles était évidemment sensible à ces mots même si les marges de manœuvres semblaient bien étroites.

- Il y a certaines choses que je m'interdis de vous révéler ma mie. Moins vous en serez, plus vous serez protégé en cas d'échec. Gardez une forme de naïveté dans cet affaire de complot, ainsi jamais aucun soupçon ne vous fera du tord. Mais si vous souhaitez que j'évoque plus en détails ce sujet, ce sera en votre âme et conscience.

Avant qu'elle ne puisse répliquer, il rajouta sur un timbre de voix plus conciliant.

- Pour l'affaire Termers, j'aimerais en effet vous associer au succès à venir. Lorsque plus aucune menace ne planera sur les deux filles et que la justice aura rendu son verdict, je pensais rencontrer les Termers en votre compagnie, une occasion de vous mettre en valeur sur la place publique et peut-être également s'y associer votre orphelinat si les événements s'y prêtent. En tout cas, je vous sais sensible à cette affaire et je suis certains que nous pourrons convenir d'une rencontre après je l'espère, un heureux dénouement.

Les sujets s'enchaînaient et Charles reprenait volontiers de cet alcool ambré alors que le couple occupait le salon dans un huit-clos révélateur de ce désir commun de partager du temps. Il était à présent sujet de son futur héritier et si les deux propositions étaient toutes deux plaisantes, Charles avait sa préférence.

- Guillaume. Si c'est également votre préféré.

Un visage entendu se mua alors bien rapidement par une expression d'étonnement en voyant son épouse quitter son assise pour chuchoter à la domestique quelques mots. Que se tramait-il ? L'Intendant a la Justice allait protester et réclamer explications lorsque la Dame d'Escault se porta à sa rencontre et l'embrassa à hauteur de front. C'est alors qu'elle prononça quelques mots, relatant les efforts et voeux de son époux avant de lui proposer un divertissement. Charles se savait trop quoi dire, quel était les réelles intentions de son épouse, mais elle semble attaché à donner à son époux quelques divertissements, alors pourquoi lui refuser cette généreuse délicatesse ?

- Je... si cela peut nous rendre la soirée plus agréable encore, qu'à cela ne tienne, cela me plairait d'apprécier la voix d'une jeune artiste.

Il se redressa, perplexe, avant d'aller récupérer sur l'accoudoir d'un fauteuil son manteau qu'il avait laissé choir en arrivant. Il était sur le point de l'enfiler, cherchant sa manche droit alors qu'il ajoutait.

- Je vais faire mander la domestique pour qu'elle vous apporter une lourde veste. J'espere que votre artiste ne se produit pas à l'autre bout de Diantra sinon je devrais réquisitionner un carosse, il est hors de question que vous ayez à supporter une trop longue marche, vous devez ménager vos efforts.

Il ne savait pas encore qu'il faisait fausse route et cela amuserait certainement Solange de voir ainsi son époux se méprendre à deux raisons, l'une sur la localisation de l'artiste et l'autre sur ce pourquoi elle avait été presté ce soir.

S'enticher de sa jeune et splendide épouse était encore prématuré à confirmer. Ce qui était dores et déjà certain c'est que l'Intendant Royal s'afférait et se souciait de créer un cadre familial sein où toute trace de discorde devait disparaître. Ainsi, Charles usait de mots doux et d'un comportement d'époux exemplaire même si la sincérité était encore à prendre avec des pincettes. Lorsque les deux nobles devisaient sur le prénom que porterait leur premier né, il semblait en tout point que ce sujet s'en trouvait être un élément moteur de leur union et la jeune Solange ne manqua pas s'exprimer plusieurs signaux venant nourrir cet joie non dissimulée.

Forte de trouver écho chez son époux au sujet du soutien qu'elle désirait ardemment lui apporter, la Dame d'Escault s'osa à proposer ses services, aussi enjoué et naïve cette dernière pouvait laisser paraître. Charles ne put alors que se résoudre à une marque de franchise de circonstance.

- Ma mie, votre entrain me sied. Seulement il m'est difficile de vous informer sur certains aspects de cette affaire et de l'enquête qui est en cours. Ce que je puis vous dire, d'ores et déjà, c'est que les demoiselles de Termers ont délibérément prit la fuite, ce qui a peut-être ensuite engendré un enlèvement. À ce point de l'enquête, je ne dois exclure aucune piste, vous comprendrez donc mon droit de réserve quand à vous faire part de conclusions hâtives. Mais soyez certaine que vous rencontrerez les deux demoiselles le cas échéant.

Chemin faisant, et alors que son épouse lui proposait, ce qu'il croyait être une virée en ville pour profiter de quelques divertissements, Charles fut soudainement interrompu dans son élan, rattrapé par Solange qui l'étreignit quelques secondes avant de se montrer un peu plus explicite. Peu désireuse de voir son époux se méprendre, Solange lui servit alors un sourire à la fois énigmatique et amusé, provoquant chez l'officier Royal un haussement de sourcils. Révélant alors que la prestation se déroulerait au cœur même des appartements privés du couple, la jeune femme souleva une vague d'interrogation qui se lu dans le regard émeraude du futur père de son enfant.

Sans même chercher à comprendre, Charles se plia alors aux volontés de sa femme, prenant place sur la pièce de fauteuil qu'elle venait tour juste de quitter, tandis que dans son dos apparaissait la petite surprise prévue par Solange. Ce n'est qu'au moment de la présentation de la danseuse que le noble péninsulaire porta derechef son attention sur la créature au grain de peau typé venant tout juste de s'incliner devant eux. Charles la toisa d'un regard à la fois réservé et... indéniablement affamé.

- Madjedko...

L'envoûtement semblait déjà faire effet face à cette délicieusement silhouette s'affichant à son regard et dont les courbes ne semblait laisser aucun doute à travers cette robe légère laissant aisément deviner les charmes de l'artiste. Charles toisa alors un court instant son épouse qui venait de frapper dans ses mains, s'offrant le rôle de maître d'orchestre, laissant quelques peu pantois son époux qui cherchait encore à comprendre les intentions de son épouse.

- Profiter des plaisirs de la vie ? Tout a moi ?

Il resta un instant sans réaction, bouche entre ouverte alors qu'il avait brièvement perçu une gêne s'afficher sur le visage de la Dame d'Escault.

- Je...

Rattrapé par la voix suave de la jeune femme, l'intendant a la justice ne put alors s'empêcher de reporter son attention sur la créature à la crinière obsidienne qui venait de révéler ses chevilles bronzées. Et tandis que Solange s'éventait pour dissiper une vague de chaleur qui commençait à envahir le salon, Charles n'avait pas cette chance, son regard rivé sur la danseuse en cours d'exercice. Tirant tant bien que mal sur le col de sa tunique, il exécuta un geste de la main à l'attention de Madjedko afin qu'elle s'approche pour mieux se délecter de ce spectacle. De son autre main, il chercha alors à inviter son épouse à se rapprocher de lui, lui laissant un peu de place si elle le désirait à ces côtés.

- Que voilà une agréable surprise ma mie. Que vous êtes généreuse et... prévenante. Vous refuser un tel cadeau serait vous faire affront, mais... que dois-je, enfin... qu'attendez-vous que...

Mais à chaque fois, Charles ne semblait capable de finir aucune de ces phrases, captivé par l'invitée qui ondulait devant ses yeux, provoquant déjà quelques réactions physiques que Solange pouvait certainement entrevoir par dessus les braies de son époux. Hésitant encore, il semblait compter sur sa dévouée épouse pour briser les quelques retenues encore présentes chez lui et qui l'interdisait pour l'heure de laisser libre court à quelques pulsions depuis déjà plusieurs mois enfouillies en lui.

Face à l'incertitude, à l'hésitation de son époux, la Dame d'Escaut laissa filer un sourire à double sens avant de rompre la distance avec ce dernier. Le rassurant par des gestes, des caresses, apprivoisant la tignasse blonde de son mari, la jeune femme à la peau laiteuse fini par reprendre la parole, confiant à Charles que cette femme était invité en leur demeure pour combler l'absence de rapport charnel entre eux du fait de sa grossesse.

Non sans prendre la mesure des mots de son épouse, l'officier royal restait captivé par le prélude qui s'offrait à ses yeux, dévorant Madjedko du regard, suivant ses courbes ondulées au rythme de sa voix douce et suave. Devant la performance de la courtisane, Charles semblait oublier l'espace d'un instant son épouse, ses souhaits et ses requêtes. Ce n'est que lorsque Solange était sur le point de disparaître derrière la porte du salon en souhaitant  une bonne soirée à son époux qu'il se délivra de l'emprise de la gourgandine hypnotique.

Ser Ser Prademont entre ouvrage la bouche pour contester lorsque Madjedko se glissa à ses pieds lui proposant de le servir et combler les prémisses de ses moindre désirs, le dévorant de son ardant regard. Charles se redressa alors soudainement, posant un index sur les lèvres de la fille de joie au grain de peau caramel, lui sommant de se taire, le temps d'interpeller son épouse avant qu'elle ne disparaisse totalement.

- Restez ma chère ! Je veux vous avoir à mes côtés si cela ne vous incommode point. Il sera ainsi plus aise de penser à vous. Vous évoquiez un séjour dans le Sud, j'aimerais ne pas laisser à demain ce qui peut-être vu aujourd'hui. Et puis, rien ne nous empêche de lier l'utile à l'agréable ? Qu'en dites vous ma mie.

S'il attendait une réaction, une réponse de la part de sa jeune épouse, Charles n'en oublia pas la présence de la suave créature à ses pieds qui stimulait ses sens.

- Quand à toi, rempli ma coupe de vin donne moi des grains de raisons. Tu me les servira un a un a même ma bouche veux-tu.

Il se pencha, relevant du dos de ses doigts le menton de Madjedko, l'incitant à se redresser sur ces genoux avant de lui susurrer à l'oreille.

- Ensuite, tu me retirera en douceur et sensuellement mes braies. Montre moi tes talents, mais garde en, la soirée et la nuit ne fait que commencer ma mignonne. Je serais et plus encore si mon épouse nous fait l'honneur de rester. Et tout ce que tu entendra ici resteraentre ces murs.

Il ne restait plus qu'à savoir, en redressant la tête et en reprenant ses aises sur la pièce de fauteuil si Solange allait mettre certains préceptes de cotés pour accompagner son époux durant cette soirée qui lui était entièrement dédiée.

Sur requête expresse de l'Intendant à la Justice, l'épouse de ce dernier se plia finalement à sa volonté, regagnant un fauteuil non loin de son époux, s'employant toutefois à lui répondre d'un timbre de voix hésitant. Madjeko électrisait indéniablement l’atmosphère de sa sensuelle présence et les regards des époux Prademont convergèrent alors sans peine sur la silhouette de la courtisane qui s'employait alors à suivre les directives de son noble client. Chemin faisant, Charles entrouvrit la bouche, laissant rouler le grain de raison entre ses lèvres avant de le faire disparaître dans sa bouche. La rivière de cheveux bruns flattant son torse déclencha un léger frisson d'aise chez le mondain alors que ce dernier broya le grain de raison tout en s'emparant de la coupe de vin.

Suivant alors du regard les mouvements de la fille du Sud à la peau ambré, le beau blond grimaça de satisfaction lorsque Madjeko s'agenouilla pour réaliser son œuvre par des gestes experts. La jeune femme semblait tenir toutes ses promesses et alors qu'elle faisait glisser les tissus du noble pour en découvrir ces attributs, Charles ne put rester insensible au contact des ongles sur la peau de son ventre. Là, ses incisives s'enfoncèrent sur sa lèvre inférieure avant que la courtisane ne le stimule par la verbe et par cette main venant cercler le membre à demi-éveiller de son client. Détournant son attention de ce spectacle, l'officier royal croisa alors le regard de la jeune femme et un fin sourire se dessina enfin à la commissure de ses lèvres.

- Tu n'en as pas idée... !

Déclara Charles qui ensuite, l'espace d'une seconde, guetta la réaction de son épouse qui semblait lutter intérieurement pour ne pas en voir d'avantage. Avant que Solange n'expose certains faits, Charles en profita pour s'incliner et enfouir son visage sous l'épaisse crinière de la courtisane, venant alors murmurer à son oreille qu'il mordilla au passage.

- Fait donc danser ta langue autour de ma queue. Elle n'est pas encore assez stimulée pour que je t'offre le privilège... De te labourer avec force et vigueur.

Il releva sa tête, adressa à la femme du sud un clin d’œil complice avant de la laisser œuvrer. Il reporta alors toute son attention sur la dame d'Escault, prenant acte de ses révélations. L'écoutant religieusement, Charles sirota d'une main son breuvage carmin alors que sa main libre flattait l'épaisse chevelure de la prostituée de luxe.

- La Princesse-Marchande d'Ys ? Que voila une rassurante nouvelle. Je vous encourage vivement, ma mie, à tisser de bonnes relations avec un tel personnage. Vous savez choisir vos amies ! Et... je ne peux point vous contredire quant aux bienfaits d'un temps plus clément dans votre état. Je vous octroyais une escorte de cinq hommes en ce cas. Mais je dois vous concéder que cette prochaine séparation sera un crève-cœur, seulement je dois penser à votre santé et votre bien-être.

Conscient du malaise que cette scène infligeait à son épouse, Charles tenta alors de la rassurer non sans apprécier silencieusement les efforts de Madjeko.

- Ne soyez point gênée ma mie, libérez-vous de ce carcan de la bienséance mondaine. Après tout, Madjecko est ici à votre initiative, vous avez de fait, déjà fait preuve d'altruisme et cela vous honore. Et si vous le voulez bien, parlez-moi de cette Princesse-Marchande d'Ys ?

La situation, ce contexte cocasse devenait de bien en plus insoutenable à vivre pour la demoiselle d'Escaut alors que pourtant elle en avait été l'instigatrice. Voir son époux a demi-nu sous le joug d'une catin n'était en effet pas quelque chose de commun et devoir assister à tout cela semblait peut-être plus dur qu'elle aurait pu le penser. Soucieux de combler les besoins de son époux, elle en avait oublier la nature même du rapport physique qui alors commençait réellement à se dérouler sous ces yeux.

Charles ne boudait évidemment pas son plaisir au contact des lèvres, de la langue et de la bouche de Madjecko et rapidement, alors que sa femme lui donnait la réplique, il ne put retenir quelques rictus de plaisir masculin. Un sensation qui se décupla à mesure que la femme a la peau caramel oeuvrait sur sa virilité sans que Charles ne pense une seconde toute cette fierté mal placé qui murissait dans l'esprit de la fille de joie.

Se crispant contre le dossier de son fauteuil, lieu de dépravation, l'Intendant Royal acquiesça alors difficilement à son épouse avant de pouvoir enfin bredouiller une réponse aussi maladroite que gênée, ressentant soudainement clairement le malaise insoutenable habiter la femme de son futur enfant.

- Je... vous... avez bien raison de prévoir cela et... de vous assurer de votre confort. Vous... mmhhffff... ne manquerais pas de saluer la princesse de ma part. Quant à la question de mes voyages, la réponse se résume au Nord et aux terres Royales. Mais, j'ose espérer que nous aurons la chance de découvrir bien des contrées.

D'une main ferme, il stoppa alors les agissements de l'exotique créature avant de lui glisser quelques mots à l'oreille, l'invitant à rejoindre la couche et la hâtant de s'exécuter par une claque sur sa croupe.

- Vous m'excuserez ma mie, je crois qu'il serait mieux ainsi. Puis-je vous demander de me rejoindre lorsque votre "cadeau" s'en sera aller ?

Apres la réponse de Solange, l'officier royal, récupéra ses braies pour dissimuler son anatomie afin de ne pas troubler plus encore son épouse et se retira en ses appartements pour une partie de jambes en l'air offert par sa moitié. Les galipettes ne durèrent bien heureusement pas plus d'une demi-heure avant que la domesticité voit finalement Madjeko prendre congé dans sa tenue de blanc immaculé. C'était donc le moment pour Solange de retrouver l'homme qui partageait sa vie, par cette porte de chambre laissée entrouverte à la hâte par la catin qui n'avait cesser de joyeusement glousser avant de disparaitre. Le couple pu alors jouir de tendre retrouvailles et sans doute Solange laisserait derrière elle son malaise précédant pour savourer plutôt la satisfaction d'avoir d'une manière ou d'une autre, combler son époux et futur père de son enfant.