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| [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin | |
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Yggdar Frappe-Rune
Nain
Nombre de messages : 122 Âge : 30 Date d'inscription : 07/08/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 255 ans (an 21:XI) Taille : 1m39 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Mar 28 Juil 2020 - 14:52 | |
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5ème ennéade de Karfias – Second mois de l’hiver. 18ème année du XIème cycle. Molgrunn, la cité et son Vallon. Le réveil était à la fois bienvenu et désagréable pour le vieux Rhunki. Dormir, c’est s’épanouir dans un mode à la frontière des Derniers Halls, comme diraient certains philosophes de Girdon, adepte de l’herbe à pipe. Lors du sommeil, la Braise-Vie d’un Dawi flotte, s’élève puis rejoint le monde éthéré sans réellement en faire partie. Fantôme pour notre monde, fantôme pour le monde du Dessous, certain prétendent se souvenir avoir rencontrer un ancêtre, un aïeul, un fils de la première forge, et rapportent des propos qui, au pire, sont perçus comme les élucubrations d’un fou, au mieux, deviennent des paroles auréolées de divin. Si Yggdar y croyait lorsque cela venait d’un prêtre – surtout un prêtre de Yaron – il n’y prêtait aucune attention quant il s’agissait d’un poilu ou d’une bavette lambda.
Ainsi donc, le réveil est bienvenu, car cela signifie que l’on vit un jour de plus pour satisfaire Yaron et rendre hommage à son art, et que l’on passe une journée de plus aux côtés de sa famille, de ses amis, des siens. Mais c’est aussi quelque chose de désagréable, pour un vieux Grommtromi. Car alors que son corps se réveil, ses vieilles douleurs le font aussi, et elles ne le quitteront plus jusqu’au prochain sommeil.
Mais s’apitoyer ne fait pas parti des habitudes du vieux Frappe-Rune, bien au contraire. Il est, certes, du genre à maugréer et à râler, mais point à se plaindre d’aucune manière que ce soit. Alors, il se lève bien promptement, se mouvant d’une façon à éviter au maximum ses douleurs à la jambe droite, douleurs qui animent son quotidien depuis bien des décennies maintenant. Depuis ce maudit accident magique…
Yggdar avait toujours été ambitieux en termes de créations magiques. Lorsqu’il vint à Kirgan pour suivre la voix du Mentor, il fit tout son possible pour être accepté et obtenir la confiance de Rognar Barbe-De-Feu, archiruniste de Kirgan, au tempérament aussi brulant que l’élément du feu dont il était passé maître, et aussi dur que la terre dont il avait appris les forces et le travail. Le vieil archiruniste n’était pas facile à vivre, et encore moins facile à approcher. Ronchon, hargneux, buté, maugréant dans sa barbe, il était aussi un archiruniste quelque peu craint mais incroyablement respecté. Sous l’œil sévère de son maître, qui en communiquait que par grognements, il apprenait le métier de forgerune, métier qu’il allait maîtriser avec brio.
Ainsi donc, il était ambitieux. Et c’est de cet ambition que naquit l’accident. Voulant forger dans une pièce d’arme, une rune complexe de feu et de terre, il y enferma une puissance phénoménale, et c’était alors la première fois qu’il se montrait si prompt à enfermer une telle puissance. S’en était trop pour la pièce de métal, qui implosa, blessant Yggdar et le rendant presque impotent de la jambe droite. Jambe qui était douloureuse depuis.
Yggdar se leva donc, et s’habilla de sa longue robe de couleur bleu nuit, cerclée sous son ventre proéminent d’une ceinture de cuir assortie d’un fil d’argent torsadé. En guise de bas, il portait un pantalon de velours, caché sous sa robe, garantissant de le réchauffer face aux températures hivernales. Il restait habillé comme cela tant qu’il restait chez lui, ou au cœur de la cité troglodyte.
Or, après un copieux repas, quelques mots échangés à son fils, Yörl, et d’autres échangés avec ceux de sa famille, il prit la direction du Vallon où se trouvait normalement son ami Haldin, ami qu’il appréciait énormément. Que dis-je il l’aimait comme un frère, cette vieille barbe claudiquant, dont il avait forgeruné la canne. Enfoui sous une épaisse fourrure grisâtre, il avançait d’un rythme lent en direction du Vallon, fouillant les environs afin de trouver la barbe qu’il cherchait. Peut-être était-il de sortie ?
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| | | Haldin Barbedrue
Nain
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Mer 29 Juil 2020 - 14:47 | |
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18° Année - XIe Cycle Karfias•Hiver Vème ennéade
Voilà deux ennéades que son cher, vieil et claudiquant ami, était de retour à Molgrunn. Dès ce retour d'ailleurs, avec Mirza ils l'avaient gâté, reproduisant religieusement chaque jour d'interminables repas si copieux et encore plus arrosés, y mêlant des balades et des projets, de la rigolade en franche amitié ! Lorsque son emploi du temps le permettait, Glumtol Barbe-de-Fer se joignait à eux faisant comme à son habitude, honneur aux délicieux plats, et il leur racontait avec délectation les somptueuses saveurs des plats oësgardien, et ils riaient et se gaussaient de tout !
C'était sans compter cette lettre dont le contenu inouï l'avait transcendé, oui transcendé ! Ainsi son neveu n'était pas une couille môle, il avait la fibre des Barbedrue, celle du berger dont la folie aventurière prenait fatalement un jour le dessus, celle du devoir, du dessein. La vie était faite de rebondissements, et c'était à tout un chacun d'en saisir les rebonds, de les accompagner, de s'en aider, de se sublimer. Il était désormais encore plus fier de son neveu. Mais il ne lui dirait pas en suivant, il attendrait que le Thane fasse ses preuves, ça oui, parole de Grommtrommi, car qu'était-il actuellement sinon un futur interlocuteur, alors qu'il ne parlait pas même le baragouinage humain ! Pour se faire pardonner les écarts et la désinvolture passée, Haldin était prêt à enseigner à son neveu les rudiments d'Olyian qui étaient siens, afin de l'aider dans ses premiers pas en tant qu'interlocuteur des délégations umgis, sensées dans un premier temps visiter courtoisement Thanor et Lante.
Ce qui le rendait donc aussi euphorique, était l'arrivée imminente dudit neveu et de sa petite famille, ainsi que des quelques jeunes Altrommis et Langktrommis du Clan dont il était l'Ancien. Le nain exultait, et rabâchait sans cesse ses auditeurs, trop excité pour masquer sa joie. Il verrait le petit Gühnir âgé de sept ans ! Un petit qu'il se ferait un plaisir d'accueillir à Molgrunn ainsi que la mère du mioche, pendant qu'Athbor couvrirait d'honneur le Zagazorn. Il se ferait une joie d'accompagner les jeunes barbes dans leur apprentissage, comme il avait formé Athbor, Gorin et d'autres. Voilà comment Haldin voyait les choses, et au fond ce qui le rendait si fiévreux, si nerveux, était de renouer des liens avec ses proches, après tant de déni, de reniement. Il avait encore un rôle à jouer, et ça le rendait radieux, gonflé d'espoirs.
« Hayooo, Yggdar, vieille rune ! Parrrr-là ! Ehô ! » cria-t-on depuis un petit promontoire.
Haldin s'était levé comme à l'accoutumé, un bien intrusif étau resserrant son crâne par quelque rancœur éthylique, probablement. La veille, ils avaient encore forcé sur l'alcool, à leur âge pourtant cela devenait problématique. Tout comme Yggdar – il était prêt à parier –, ses douleurs se réveillèrent, vicelardes, alors qu'il passait de position allongée à assise. Une bonne toilette, un bon casse dalle, et les rouages iraient grinçants certes, mais iraient tout de même, c'est ce qu'il se plaisait à penser au réveil. A mesure que la matinée s'écoulait paisiblement, en effet, les rouages fonctionnaient tant bien que mal, prêts à affronter une nouvelle journée de vie. Hélas il n'avait pas vraiment de responsabilités pour le moment, ce qui n'était pas pour lui déplaire, dans son crâne les relants de la veille tambourinaient toujours.
La neige recouvrait les Vallons et ses conifères avec délicatesse, mais c'est plus précisément dans la clairière des Faubourgs que la neige drapait le sol avec insistance, en conquérante des espaces ouverts. Bien-sûr les dawis deblayaient consciencieusement les alentours des bâtiments, quelque vingtaine de cabanes abritant seulement une partie des éclectiques colons venus repeupler la cité voilà plusieurs mois auparavant. Afin de progresser dans la neige, techniques et outils ne manquaient point. Haldin quant à lui évitait de s'accrocher aux pieds ces drôles de palmes quadrillées que les jeunes usaient souvent, il préférait suivre les sentiers tout tracés. Depuis sa petite butte il observait arrivées et départs, hélas si lui n'en branlait pas une, les jeunes quant à eux trimaient à longueur de journée.
Des enfants jouaient au loin, profitant de la poudreuse déposée par les aléas dans la nuit, criant et riant alors que la neige leur rentrait dans les trous de nez et aussi dans les trous d'oreilles. Ils grognaient et criaient alors de plus en plus fort. Le Frappe-Rune qui n'avait pas besoin d'eau dans les oreilles pour s'apparenter aux sourds, ne l'avait encore vraisemblablement pas aperçu. Il était pourtant remarquable perché sur son bout de colline, de grises fourrures vêtu au milieu du blanc immaculé que le soleil irradiait.
« OH, vieux troufion ! Souiiis-làââ ! » Ah voilà que souriants ils se toisaient de loin, à qui plisserait davantage les yeux ! Enfin, tranquillement, ils se rejoignirent à mi-chemin l'un de l'autre, leurs cannes aidant à qui mieux mieux.
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| | | Yggdar Frappe-Rune
Nain
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Jeu 30 Juil 2020 - 14:47 | |
| Ah, l’air frais de la montagne. Yggdar l’appréciait comme l’on apprécie le tanin du bon vin, comme on aime l’amer d’une bière houblonnée, comme on apprécie les fragrances d’un festin divin. C’était bien là le propre des Nains : la vie souterraine, et la vie dans les montagnes, étaient typiques du peuple du Nord, seul peuple à apprécier vivre si profondément sous terre, ou si haut dans les sommets rocailleux et froids du confins du monde. Yggdar s’arrêta – plus pour reprendre sa respiration que pour admirer le paysage, soyons honnête – et fit doucement un tour sur lui-même.
Ce vallon était l’incarnation de tout ce que les Nains désiraient. Partout autour d’eux, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, des pics abrupts, des pentes infranchissables, une forteresse naturelle qui explique à elles seules pourquoi les Nains de jadis, ceux de Molgrunn en personne, ceux du clan des Gueules-Brûlantes, s’étaient décidés à s’établir par ici, dans ce contrefort naturel. Aucune menace ne pouvait subvenir d’aucun côté, sinon quelques boucs sauvages très habiles. Seules deux voies d’accès demeuraient : celle de la Grande Porte, bien plus bas, et le sentier prit voilà plusieurs années par T’sisra elle-même, après avoir grimpé une partie du Langk Duraz. Ce sentier, bien qu’extrêmement difficile à grimper au demeurant, était une porte d’entrée constamment gardée par les Glisses-Vallons, les soldats de Molgrunn.
Glumtol Barbe-De-Fer, Architecte Royal, avait pour mission de sécuriser l’endroit. Yggdar ne savait pas encore ce qu’il comptait faire, mais comme lui-même le fit à Fort Harald, il aiderait l’architecte en le conseillant, surtout pour les travaux de la Grandsalle des Scriberunes, travaux qu’il désire ardemment depuis bien des années. Bien des années.
Ainsi donc, Yggdar appréciait cet instant, cet endroit. Confortablement installés, les Dawis de Molgrunn pouvaient se targuer d’être en sécurité, une sécurité assurée par les valeureux Glisses-Vallons qui, non content de patrouiller sur le sentier, et au-devant de la Grande Porte de Molgrunn – parfois jusqu’au premier fortin – sécurisaient aussi l’intérieur de la cité troglodyte. Personne n’avait oublié le destin tragique des premiers habitants, terrassés par deux créatures difficiles à vaincre, dont une avait survécu jusqu’à la redécouverte de la cité, voilà peu.
Yggdar n’entendit rien des cris de Haldin perché sur son promontoire. Les vents sans doute, ou les cris des marmouzes qui s’amusent dans la poudreuse. N’allez surtout pas dire qu’il est sourd ! Non pas que ce soit faux, bien évidemment… Personne ne pourrait lui en vouloir, personne ne pourrait l’en blâmer. Votre ouïe à vous aussi serait bien mal en point après deux siècles entiers à forger des runes, le marteau frappant sur l’enclume dans un bruit continu, le soufflet de la forge brassant l’air chaud jusqu’au cœur de vos sinus, de vos oreilles, de vos yeux. Ajoutez à cela un accident magique, ancien certes, mais ô combien violent, et vous obtenez un des derniers Rhunki, un des derniers forgerune du Zagazorn, à moitié sourd, mais maître dans son domaine.
Après avoir contempler l’endroit, de ses yeux fatigués mais ravivés par la magnificence des lieux, il reprit sa route, avançant lentement, en boitillant, sous le regard à la fois amusé et interloqué des jeunes barbes et bavettes qui n’ont pas un poil au menton. L’insouciance de la jeunesse était belle à voir. Et c’est alors qu’il leva la tête, et découvrit cette petite masse grisâtre tenue par une canne de facture Frappe-Rune. Plissant ses yeux ridés, il reconnut là la trogne de son véritable ami.
Un véritable ami, oui. Un des rares qu’il a pu compter dans sa vie, car le caractère irascible et ô combien désagréable du vieux Rhunki ne plaisait pas à tout le monde, loin de là, même chez les Nains. Aussi, face au caractère unique et à la personnalité atypique de Haldin, Yggdar ne pu qu’adorer, et placer en lui une confiance complète, et des sentiments sincères. Très sincères. Haldin était ce qui pouvait le plus s’apparenter à un meilleur ami. Alors lorsqu’il le reconnut, il leva une main aux cieux, et gratifia son ami d’une apostrophe sympathique.
Il avança ainsi, claudiquant à moitié, jusqu’à-ce qu’enfin son ami vienne à sa rencontre. Souriant comme un mioche, il gratifia son ami d’une accolade sincère, et d’un regard doux – ô combien unique de la part d’un individu si grognon. Après quelques paroles amicales – et quelques moqueries à propos de l’éthylisme de la veille et des blagues passées – Yggdar et Haldin prirent le chemin d’une promenade bien connu des deux anciens.
- Teh, t’as l’air d’avoir caboche qui raisonne ti’, t’as un peu forcé sur la bière, neh ? Ha ! Hahahaha ! Son rire était sincère et rocailleux. Une p’tite balade va t’faire du bien, hein vieux bouc ! Alors qu’il riait une nouvelle fois, quelques bruits alentours indiquaient la présence grandissante de la marmaille ambiante. Que faisaient-ils, ces jeunes idiots ?
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| | | Haldin Barbedrue
Nain
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Jeu 30 Juil 2020 - 19:26 | |
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Les deux nains se rejoignirent à mi-chemin donc, et bien que maladroite, gênés qu'ils étaient par leur canne, l'accolade ne manqua pas à l'appel. L'air était frais mais revigorant, les deux anciens adoraient d'ailleurs lorsque la brise se levait portant avec elle comme un souffle venu du Zagazorn entier. Ce jour-là, c'était plutôt une insoupçonnable bise qui leur portait quelques piaillements de terribles marmots en furie. A la remarque de son meilleur ami, Haldin sourit derrière une longue moustache dont les reflets rappelaient ceux de la lune.
« Neh ! Je n'force point don' sur la bière camarade, c'est elle qui force sur moi... Nous ne sommes plus tout jeunes, t'en sais quéqu'chose hein. A mesure qu'ils avançaient, Haldin racontait les conséquences de la veille, hilare. Je ne sais pas ce qu'on a fichu hier, Mirza m'a retrouvé au p'tit matin couché dans la niche du chien pardioux ! J'ai terminé la nuit sur ma paillasse, et qui sait le peu que j'ai dormi ! Pfah, de toute manière je n'ai plus besoin de beaucoup de sommeil tu sais... Haldin dormait peu, en effet. En un sens c'était logique, avec son âge avancé et le temps qui le rattrapait inexorablement, mieux valait éviter de perdre bêtement ce temps précieux, en dormant ! Bien-sûr, la petite sieste restait des plus réparatrices. Tout cela il l'expliquait à Yggdar, tous les deux claudiquants parfois en rythme d'autres fois très peu. Ils s'arrêtaient souvent, reprenaient tacitement ensuite, suivant inconsciemment une longue balade qu'ils reproduisaient souvent. Oh, eh ! Je pense qu'Athbor et les autres ne sauraient tarder ! Que j'ai hâte ! Et dis moi, comment se porte nôtre nouveau Groman-Rik ? C'est un nain empli de bravoure, qui d'autre que lui aurait pu succéder à Hardrek ? Toi ? Moi ? Ahahah ! Il partit d'un rire rocambolesque couvrant momentanément le brouhaha des jeunes pisse-lait, dont, par le hasard des choses, ils se rapprochaient fatalement. Ils marquèrent cependant une pause, le temps de reprendre leur souffle et de discuter comme deux bons vieillards. C'était la première fois que Haldin demandait des nouvelles du nouveau Grand-Roi à Yggdar. La première fois aussi qu'il causait avec autant de légèreté à propos de l'incomensurable perte dont ils avaient été victimes. J'ai l'impression qu'il vit encore... Ici, dit-il tout en tapotant l'endroit où se cachait derrière son petit coeur. »
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| | | Yggdar Frappe-Rune
Nain
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Lun 3 Aoû 2020 - 12:11 | |
| Il marche aux côtés de son éternel ami, lorsque celui-ci parle avec humour et dérision des affres du festin de la veille. A chaque fois que les deux vieillards marchaient sur leurs cannes brisées par la vie, ceux-ci manquaient de s’entrechoquer à hauteur des épaules, leurs démarches prenant de larges amplitudes à droite et à gauche, amplitudes amorties uniquement par leurs cannes forgerunées des mains d’Yggdar lui-même.
- Ip, j’en sais quelqu’chose mon ami. Autrefois, je pouvais boire des cornes d’hydromel, d’bières et autres liqueurs avant qu’ma caboche ne tonne comme le tambour de guerre ! Hahaha ! Il riait sincèrement, encore plus lorsqu’il entendit les récits de Haldin sur comment sa tendre Mirza avait fait pour le retrouver. La niche ?! Teh ! Tu d’vais être bin’ rôti à mon départ, bin’ plus que c’te délicieuse viande préparée par ta douce ! Ha ! Hahahahahaha ! Haaaa si tu savais mon pauvre ami, je n’sais plus moi-même comment ai-je pu rentrer en ma demeure. Je ne me souviens que d’une torche lumineuse au sortir de l’escalier, et d’une sensation chaude qui ressemblait à celle d’un bain… Mais ce n’était point un bain… Hum… Il avait un peu honte de ce genre de détail, mais cela faisait parti des affres des soirées alcoolisées. Un vieillard ne contrôlait plus tout ce qui se produisait chez lui, et la bière avait la fâcheuse tendance à rendre n’importe quelle vessie bien trop petite pour supporter tout ce flux. Not’ bon souverain s’porte bin’ aux dernières nouvelles. Sa réputation le précède. J’espère qu’Ikthor guidera sa hache et qu’Yaron saura l’éclairer de sa sagesse clairvoyante. J’suis bin’ ravis de savoir ton fils en route vers not’ demeure, ce s’rait honneur que de le rencontrer, Ip ! Il ria de bon cœur encore une fois lorsqu’il fut question de qui aurait pu prendre la suite à Hardrek, autrement que Harald. Haldin ? Yggdar ? Cette pensée le fit rire, d’un rire sincère et portant dans le lointain, manquant de le faire tousser et cracher tripes et boyaux. Ce genre de rire incontrôlable, guttural, naît de l’humour d’une situation et qui provoque ce rictus déformant le visage, et ce bruit de barrique. C’est en cela – mais pas que – qu’il adorait Haldin. Il était le seul Nain capable de briser son visage fermé, tacite, bourru. Aux côtés de Haldin le doux, de Haldin le vrai, Yggdar n’était qu’un vieillard trop vieux pour se rappeler sa jeunesse, et trop heureux pour penser à demain.
C’est alors que le visage et la voix de Haldin prirent cette profondeur qu’Yggdar reconnut immédiatement. Il se rappelait la perte de Hardrek, ce souverain qui, en plus de l’être, était un Nain d’une grande importance pour Haldin. Yggdar se rappelait leur arrivée commune à Kirgan, le visage ensoleillé de Haldin lorsqu’Yggdar offrit la hache qu’il avait passé toute une année à forgeruner. Il se souvint de Haldin illuminé à chaque fois que lui et Hardrek échangeaient paroles, blagues et rires. Puis, tel le rêve se transformant en cauchemar, il se souvint de l’air devenu glacé, de la brise devenue tempête, du ciel bleu devenu aussi sombre que la plus sombre des cavernes du cœur de ce monde.
Il revit, l’espace d’un instant, Haldin assis aux côtés de Hardrek sur son lit de mort, son regard embué par les larmes, ne quittant jamais Hardrek de ses mires. Et dès lors il se souvint de son ami inconsolable, sa condition d’ancien se rappelant à lui alors qu’il voyait encore un être cher rejoindre le monde du dessous, tandis que lui continuait à vivre.
Alors, Yggdar s’arrêta. Regardant son ami dont le visage avait changé, il prit toute l’essence et la force de ses propos, et de sa tristesse, lorsqu’il plaça son poing à hauteur de son cœur. Appuyé sur sa propre canne, Yggdar ne pu réprimer un léger sourire compatissant. Il expira soudainement, regardant son ami avec toute la tendresse d’un vieillard compatissant, comprenant les douleurs de son ami alors que lui aussi chérissait le souvenir de ses chers disparus.
Ses yeux s’embuèrent à son tour. Et avec eux, cette cruelle sensation qui parcourut son échine, et lui brula le nez, l’obligeant à renifler. Posant une pogne ferme sur l’épaule droite d’Haldin, Yggdar s’assura que sa canne soit correctement posée contre lui pour ne point le faire chuter. Il posa ensuite sa main droite, à plat contre la poitrine de Haldin, à l’endroit même où ce dernier avait tapoté tout à l’heure, juste là où se trouve son cœur.
- C’est parce qu’il y vit, mon ami. Son corps n’est plus, mais sa force et son amour pour toi demeurent, comme un héritage qu’aucun autre que toi ne saurait entrevoir ni ressentir. Et l’amour que tu lui portes, transcendera tout, y compris cette terre qui nous sépare du monde du Dessous. Vieillir est notre malédiction, car nous vivons sur les souvenirs et regrets de nos pertes passées, et pourtant… Nos souvenirs sont tout ce qui restent de nos regrettés, et c’est à travers nous qu’ils vivent, jusqu’à-ce que nous les rejoignons à notre tour. Hardrek n’est plus, mais il vit à travers toi, tout comme ma tendre dulcinée vit en mon coeur. Il tapote à son tour, doucement, tendrement, de ses mains caleuses, le cœur de son ami Haldin. Yggdar aussi était triste, mais cet instant ne lui appartenait pas. La vieillesse est un fardeau, mais aussi, en un sens, une bénédiction.
Dernière édition par Yggdar Frappe-Rune le Lun 10 Aoû 2020 - 8:49, édité 1 fois |
| | | Haldin Barbedrue
Nain
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Lun 10 Aoû 2020 - 8:34 | |
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Les quelques phrases prononcées par son ami denouèrent les liens qui retenaient son inestimable peine et il se laissa aller à pleurer, doucement, tristement, sans honte. Lorsque les dociles flots s'en allèrent laissant un Haldin haletant, un éternuement vint parsemer la blanche barbe de sécrétions pour le moins ragoûtante. Il se pencha dans le but de récupérer un peu de neige et s'occuper des vestiges de sa peine matérialisée.
« Hélas, oui... fût l'unique réponse que le dawi put sortir, s'excusant auprès de son ami d'une grimace causante... Puis il posa une main sur l'épaule du vieux Rhunki, tout en se raclant la gorge. Tiens... D'ailleurs, Yggdar, sais-tu que je ne peux ni t'empêcher ni te confondre, mais si je peux te dire quelque chose... La route n'est plus de ton âge, et... Je... je serai plus rassuré de te savoir à Molgrunn... Le voyage à Kirgan m'a personnellement éprouvé... Dans l'attente de ton retour mon vieux, le tracas n'a eu de cesse de m'assaillir... Davantage muet que Mirza, c'est dire ! Ahah ! M'enfin, je dis ça je dis rien, à ton âge tu fais bien ce que tu veux, mais s'il t'arrivait malheur en dépit de mes recommandations, je t'en voudrais mon ami, je t'en voudrais ! »
Tristesse estompée, seulement reléguée à plus tard, l'ancien maître éleveur sourit au Frappe-Rune. S'il savait une chose, c'est que Mirza et lui seraient dévasté par sa perte. Il balaya donc ses moroses pensées. Haldin avait changé, et plus les jours avançaient, mieux le vieillard acceptait-il sa nouvelle condition ; pot-au-feu pantouflard, quant à lui, jamais plus il ne quitterait Molgrunn.
Ils continuèrent de marcher paisiblement tout en blaguant guillerets, après toute cette philosophie de vie évoquée et relatée, les deux comparses sachant profiter de chaque moment, deboucherent dans une sympathique clairière dans l'optique de s'y reposer quelques instants. C'est après avoir décidé d'allumer leur pipe respective et de fumer accolés princièrement à un énorme rocher, que Haldin constata un bien étrange silence. Il le fit savoir à son homologue. « Teh, c'est drôlement calme... »
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| | | Yggdar Frappe-Rune
Nain
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Lun 10 Aoû 2020 - 9:43 | |
| Heureusement pour le vieillards, il retira ses doigts et sa main du poitrail de son ami, juste quelques secondes avant que sa tristesse ne laisse place à un tonitruant éternuement bien fourni. La barbe avait tout amortie, et cela était une de ses nombreuses utilités. La barbe était la fierté du peuple Dawi ! Le symbole de tout un peuple aux yeux du monde entier. Demandez à un Elfe des cités, ou un Elfe des Bois, un Humain de Péninsule du Nord, du Médian ou un Suderons, un Humain de Naelis ou d’Ithri’Vaan, un Drow du Puy, et sans doute à n’importe quel sang mêlé de Miradelphia, ce qui fait d’un Nain, un Nain. A chaque fois, l’on vous dira les mêmes choses : grandes barbes, caractère de cochon… Et les runes.
Ah ! Les runes… Elles sont farouchement gardées par les Nains depuis des cycles et des cycles. Cadeau et lègue de Yaron lui-même, elles forment à la fois l’alphabet du Zagazorn, et la base de toute magie runique. Le plus beau avec les runes, c’est qu’il existe autant de patois que de clans passés, présents ou futurs, ce qui démultiplie à l’infinie les possibilités de créations de sortilèges. La contrepartie cependant, c’est que chaque patois est propre à un clan, et que chaque clan garde farouchement le secret de son patois… Cela rend donc difficile le travail entre clan, car il faut établir la confiance, et apprendre le fameux patois… Mais toutes ces difficultés ne sont rien, au regard du savoir, et de l’honneur lié aux runes, et des possibilités qui s’offrent au poilu courageux ou à la bavette de caractère qui s’éprend de cet art magnifique.
Cette parenthèse en l’esprit du Rhunki ne dura qu’une seule seconde, et pourtant, c’était comme s’il s’était échappé dans le voyage des songes pendant des heures. Reportant son regard sur son ami aux yeux humidifiés, il lâcha un sourire nostalgique, emprunt d’empathie et de compassion.
Il écouta attentivement alors les propos de Haldin. A mesure que les syllabes s’échappaient de ses lèvres, les yeux de Yggdar se firent plus grands, comme voulant capter chaque instant de cet échange. De ses mires, plus aucun mouvement ne pu se voir. Il fixa son regard dans celui de son ami, sans jamais cligner des yeux un seul instant. Puis ce fut son grand nez buriné qui se retroussa, à mesure qu’un sourire grandissait sous sa moustache. Un sourire franc, sincère, le même sourire qu’un père devant les premiers pas de son marmot, le même sourire qu’un amant devant sa dulcinée endormie, le même sourire qu’un ami face à son meilleur ami.
Haldin se souciait de la vie du vieux runiste. Ces mots, Yörl, son fils, et Yaknüt, l’ancien, les avaient prononcés par le passé, mais ils avaient eu moins d’impact en son cœur, qu’en cet instant. Cette crainte, cette attention, et surtout la tendresse de l’instant, impactèrent le runiste au plus profond de son cœur. Mais Haldin – et Yörl et Yaknüt – disait la vérité. Yggdar était devenu trop vieux pour se déplacer ainsi sans arrêt. Le voyage à Almis avait même failli lui coûter la vie, et avait coûter l’intégrité physique de son propre fils, devenu à moitié aveugle, brulé gravement, et impotent d’une main et d’un bras. Et ce trajet depuis Kirgan aux côtés de Glumtol n’avait pas été le plus agréable non plus : le froid, les tempêtes, le travail, et l’insécurité des lieux, étaient autant de difficultés qui n’allaient plus aux vieux os du vieux Rhunki.
- Haldinazul, pardonne moi. Je ne voulais point t’accabler de craintes et de tracas, par Yaron je le jure. Mais saches que… J’en ai fini aussi de ces déplacements. La présence Glumtol ici, signifie enfin le début d’une aventure ici, à Molgrunn. Nous reconstruisons et agrandissons la Grandsalle des Scriberunes, et je prie Yaron qu’il nous permette de retrouver l’ancienne Grandsalle de Kirgan, et les nombreux savoirs qu’elle à gardée emprisonnée dans la lave refroidie. Je compte… Je compte m’occuper de cette Grandsalle : l’entretenir, consigner les savoirs, enseigner, apprendre… Refaire de la voix du Mentor, une voix forte et existante… Reformer un conseil des archirunistes, et en devenir un moi-même. Je souhaite faire de cette salle, une bibliothèque du savoir. Et je souhaite apprendre… J’aimerais maîtriser le vent et l’eau, en plus du feu et de la terre, et créer des choses magnifiques. Oh oui mon ami ! A moins que le Groman-Rik me mande à Kirgan, ou que Yaron nous offre le chemin de l’ancienne Grandsalle… Il marque une pause, sentant un étranger sentiment en son cœur. Un sentiment de plénitude, mêlé d’une sensation du devoir accompli. Comme si sa vie, et son but, s’étaient tous deux dessinés devant ses yeux. Je reste chez moi, ici. Le reste de la balade fut moins solennelle. Déambulant, claudicant de droite à gauche comme deux canards aux pattes cassées, ils trouvèrent un lieu de repos auprès d’un immense roc agréable.
« Teh, c'est drôlement calme... » A cela, Yggdar ne répondit qu’un vulgaire grognement d’ours, alors qu’il peinait à activer sa rune d’ignition sous la tête de sa pipe. Il bourra alors frénétiquement l’herbe aux propriétés apaisantes, aspira de grandes bouffées, et repassa la pulpe de son pouce sur la rune, qui, enfin, mit le feu à l’herbe dont les douces volutes se ressentaient déjà. Heureux, satisfait, Yggdar tira une grande bouffée tout en se redressant, et une fois ses poumons pleins, éloigna sa pipe et ferma les yeux pour savourer l’instant. Un soupire d’extase… Puis la marque froide, glaciale et imprévue d’une boule de neige en plein pif !
Varrkhulg ! Pesta-t-il, dans une insulte typiquement Naine, une insulte dont il serait peu fier s’il y repensait à plus tard, bien qu’il soit habitué à être un ours grognon. Qu’est-ce que c’est qu’c’te marmouserie ?! Mais qu’est-ce que… Une seconde boule de neige lui arrive en pleine poire, l’énervant encore plus. Varrkhulg ! Kruti ! Des mioches ! Les mêmes mioches que tout à l’heure, qui avaient suivis les deux vieillards et qui avaient décidé que cette clairière à découvert serait l’endroit idéal pour les attaquer à coup de boules de neige. Sans doute qu’ils ne pensaient pas à mal. Sans doute qu’ils ne voulaient que s’amuser, juste s’amuser, comme tous les enfants du monde entier. Mais cela énerva le vieux runiste, au caractère grognon, au caractère d’ours qui ne s’adoucit qu’en présence de très peu de Dawi en ce monde. Aussi pesta-t-il fort, oubliant un instant la force tranquille qui résidait en son meilleur ami.
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| | | Haldin Barbedrue
Nain
Nombre de messages : 200 Âge : 233 Date d'inscription : 23/04/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 228 ans en l'An 18 • XVI Taille : Petite Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Mar 11 Aoû 2020 - 9:15 | |
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Alors que le vieux Rhunki exhalait une douce volute, Haldin vit ou entraperçu soudain un projectile traverser son champ de mire puis s'écraser sur la margoulette du plus vieux dawi. Le temps d'essayer de comprendre ce qui leur arrivait, une deuxième boule de neige fendit les airs et percuta nouvellement le faciès de l'ancien, défiguré qu'il était par la colère. Les injures fusèrent, menaçantes. Car il n'avait pas encore goutté à la fraîcheur d'une bonne volée de neige en torpille, l'ancien Barbedrue hésitait toujours entre l'hilarité et le désarroi de voir son ami se faire prendre pour cible. Un début de rire fut pourtant tué dans l'œuf lorsque le Grommtrommi essuya une rafale l'atteignant de toute part. Alors sa pipe tomba dans la neige ; sans rien laisser transparaître de son courroux le maître éleveur d'antan passa au crible la lisière boisée en quelques factions de seconde avant de reculer bancalement. Fort des informations recueillies il incita son ami en fureur également, à se mettre sous couvert. Momentanément protégés par le roc saillant, Haldin se mit à modeler plusieurs boules de neige tout en expliquant la situation à Yggdar à une vitesse de parole ahurissante.
« A neuf heurres, des p'tits grom garaz¹ ! C'n'est pas la première fois qu'ils m'tendent un guet-apens bourdiou, orrr j'ai d'jà réussi à les semer à deux r'prises. 'Foirés. Avant d'leur inculquer l'respect à ces p'tits onk², montrons leur ce que vaut le kazakul³ dawi. Que la damnaz⁴ soit ! »
Haldin avait dédié une petite partie de son existence à se battre contre la vermine. Bien que voué à une vie baignant uniquement dans l'élevage et l'agriculture, les circonstances post-eclipse avaient inversé la tendance et le nain vieillissant avait renoué avec leurs plus profondes martiales racines. Cela faisait pas plus d'une décennie que son surnom de Grobidrengi le précédait ; et s'il n'était plus rien de tout cela, Ongaraz, tueur de gobelins, pourfendeur d'engeances, le nain était fort de toutes ces expériences qu'il avait engrangé toute une vie durant, dans maints domaines. Les marmots n'auraient cure de leur méfait, sinon des excuses bonnement et dûment présentées. Haldin s'en fit une promesse alors qu'il propulsa une ou deux boules fraîchement conçues, en direction des bois, non loin du sentier par lequel ils étaient arrivés.
Le vieux Barbedrue avait l'air calme, et ses directives semblaient mûrement réfléchies, l'excitation du danger une fois écartée ; c'est que le nain avait désormais sur la question sa petite idée, la diversion et l'attaque.
« Yggdar, s'il-te-plaît mon ami j'ai besoin que tu les distraies. Teh, voilà une dizaine de boules à ton actif, il en faudrait d'avantage à mesure que tu les envoies ; j'aimerais en effet que tu cibles entre sept et neuf heures l'orée du bois, à environ une quarantaine de mètres donc de nôtre position. Dès lors que je hululerai après une cinquantaine de tirs de ta part, je te prierais de prendre sur toi et d'avancer en appât au milieu de la clairière, tout en déviant le plus de projectiles possible, à l'aide de ta canne, une fois la position centrale occupée. Si cela te convient ? Cela accaparera leur attention, ils sont jeunes et naïfs, nous sommes vieux et cons ! Ah arf, garde donc ces deux boules-ci, leurs noyaux respectifs sont deux pommes de pin, eheh, tu sauras quand t'en servir ! Vengrynⁿ mon ami, vengryn ! »
Et il s'en alla claudiquant certes or pas moins silencieux, à travers bois tel une louve allant chasser, ayant comme ultime détermination celle de nourrir ses rejetons... En l'occurrence Haldin se réjouissait lui aussi de nourrir les petits chenapans, d'une bonne leçon et d'un peu de neige.
- Traduction du khazalide:
¹ Grom = rebelle/brave ; Garaz = jeune nain n'ayant pas atteint l'âge adulte. ² Poussière recouvrant une compagnie de nains ressortant de terre après plusieurs jours. ³ Art de la bataille. ⁴ Damnaz = Grief/offense qui devra être vengé. ⁿ Vengeance/revanche.
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| | | Yggdar Frappe-Rune
Nain
Nombre de messages : 122 Âge : 30 Date d'inscription : 07/08/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 255 ans (an 21:XI) Taille : 1m39 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin Jeu 13 Aoû 2020 - 14:30 | |
| Oh, il était colère. Il était colère, car il était face à des marmouses sans barbes ni poils, qui ont l’outrecuidance de s’en prendre à deux vénérables Gromtrommi, comme il n’en reste malheureusement plus beaucoup dans les terres du Nord depuis la Mâlenuit, depuis l’Ire de Mogar, depuis la violence du Père. Le culte des anciens, place pourtant les plus vieux Dawi sur un certain piédestal, certains étant véritablement révérés pour leurs savoirs, leurs expériences, leurs actes d’antan. Yggdar d’ailleurs, était de ceux-là. Etant un des derniers forgerune de ce monde encore capable d’œuvrer, d’enseigner et d’apprendre, il possédait une place à-part dans la société Naine. Place qu’il appréciait, bien qu’il ne se l’avouât qu’à moitié, conscient de son propre orgueil.
Les instructions de Haldin, son ami, le ramenèrent sur terre. Bouffi de colère, il ne comprit absolument rien de ce flot de paroles ininterrompu, se contentant simplement de suivre l’éclopé à la canne forgerunée jusque derrière un rocher, façonnant des boules de neige, sans comprendre réellement sa stratégie. C’était comme si ses oreilles étaient assourdies d’acouphènes. Il ne décernait que les actions et les gestes, et devinaient les émotions sur les grimaces de l’ancien Haut-Conseiller de Thanor. Il était stupéfait, colère, mais aussi soudainement rajeuni ! Oui ! Le visage de Haldin reluisait d’une jouvence toute nouvelle, et une flamme ardente aussi rougeoyante que la forge d’Yggdar.
Et c’est après une énième prise de parole, que le vieillard au genou détruit prit la poudre d’escampette en direction d’un chemin détourné. Qu’allait-il faire ? Yggdar n’en n’avait pas la moindre idée ! Il soufflait, il pestait, il grommelait, il respirait fort, comme un Beärog enragé. Alors, une fois son ami parti dans une direction – toujours sans savoir pourquoi – il s’empara des boules de neige, en jeta deux avec force – mais sans aucun sens de la visée, ses vieux yeux n’aidant point à la manœuvre – et maintenant les autres d’un bras, s’avança vers la bande de marmouses tout en criant des insanités. Il lève parfois sa canne forgerunée, l’air menaçant, criant des inepties et maudissant les jeunes imprudents.
Gare à celui qu’il rattraperait. Ses jambes étaient claudicantes, mais ses mains, caleuses, cornées, épaisses, sauraient faire tourner la tête du premier imprudent qui lui tomberait sous la pogne, et pour sûr, il le ferait tourner trois fois dans ses brais sans toucher l’élastique !
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| Sujet: Re: [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin | |
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| | | | [MDO 2021] Deux vieillards claudiquants - Haldin | |
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