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| [Dette de sang] Négocier l'affront | |
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Enime Tindanen
Elfe
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| Sujet: [Dette de sang] Négocier l'affront Jeu 30 Juil 2020 - 18:53 | |
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Deuxième jour de la sixième Ennéade de Karfias Second mois de l'hiver 18ème année du XIème cycle. L'astre solaire était aussi haut que l'hiver le lui permettait. La nappe immaculée qui couvrait une longue table à tréteaux en renvoyait une partie des rayons. Enimë avait voulu quelque chose de simple mais efficace. Le buffet se composait principalement de fruits secs, de fruits à coque et de diverses tubercules et légumineuses de saison, cuite à l'eau et assaisonner d'herbe. La pièce principale rôtissait sur un feu un peu à l'écart. Les dignitaires de Lantes avaient eu la politesse de prévenir les elfes d'une date plus précise pour la rencontre qui avait permis les préparatif. Les deux représentant se ferait face, au centre de la table, encadré par leur ambassade. Du coté Elfe, deux bannière, l'étendard de Malereg avec sa feuille d'or sur mer d'argent, et à la droite le drapeau d'argent sur lequel se dressait le marteau de sa famille, les Tindanen. Le conseil avait absolument tenu à ce que les Elfes se chargent de la nourriture, pour éviter toute tentative de traitrise. Quant à Enimë, il s'était assuré qu'Ethyline elle-même passe en revue les plats. Ce n'était pas le moment pour qu'un Elfes trop revanchard ne provoque une guerre. Ils étaient trois aux négociations. Ethyline, femme-médecine, à sa gauche, lui-même au centre et Ernedril, Grand-Prêtre de la voilée, à sa droite. Derrière eux, la composante d'infanterie de la garde d'Ebène commandée par le sergent Naeglin assurait la protection de la zone. Une troupe de cavaliers légers étaient postés en renfort un peu plus loin à l'intérieur des terres. Enimë estimait que cette sécurité était superflue, mais Evelyn n'avait rien voulu entendre. En Vingt ans, Malereg avait perdu quatre conseillers, un intendant et un seigneur protecteur. Pour la capitaine de la garde, c'en était trop. D'autant que la moitié avait connu la mort par la main d'étrangers. Le défis d'aujourd'hui ne serait pas tant de nouer des liens avec les nains que d'ouvrir les Elfes à autrui. Le Roi n'avait certainement pas pensé à la gente locale lorsqu'il avait décidé un rapprochement avec les Dawis. Comme souvent dans l'histoire Elfique en matière de diplomatie, le Trône Blanc décidé et les conseils locaux devaient disposer. Et la situation à Malereg était encore plus particulière, il y avait eu des morts par la faute des nains ici, et des morts éminent, pour la plus part appréciés. Alors ces accords d'ouverture qui venaient en contradiction avec le projet de fortification et militarisation de la frontière avaient de quoi en déconcerter plus d'un. Le Roi Nain avait discuté avec le Trône Blanc, soit. Désormais, il devait commencer les discussions avec le pouvoir local. En réalité, c'était bien lui qui déciderait aujourd'hui de l'étendue des accords fixés avec le Roi Elfe dans la pratique. Et si les vivres et rafraichissement était sur le thème de la convivialité, l'accueil se préparait assez froid...
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Jeu 30 Juil 2020 - 23:31 | |
| Ainsi donc, la diplomatie avec les Elfes aller de nouveau battre son plein. Un représentant aux oreilles longues, régent de Malereg, avait prit la peine de rédiger une missive, d’abord en Oliyan, puis dans un Khazalide ancien, et demander justice, revendiquer réparation, aspirait à une décision venant de ceux du Nord. Fort heureusement, le régent avait été respectueux bien qu’un brin autoritaire, ou plutôt ferme, ne laissant visiblement que peu de marge de manœuvre au souverain des Nains pour résoudre une problématique datant de plusieurs années.
Harald n’était pas inconnu à cette fameuse problématique, quand bien-même il n’en était ni l’auteur, ni un complice, ni même un sympathisant. Dun Eyr, le faux prophète, la lie du royaume, avait visiblement fait beaucoup de mal, et ce mal n’était point tout à fait réglé, et encore moins réparé.
Ainsi s’était-il préparé. Attendant, le retour de la missive, il avait averti le conseil de la couronne de l’impérieuse nécessité de se rendre au Sud, à la frontière entre le Lörn et le protectorat de Malereg, car une importante mission politique demandait sa présence. Il avait mandé quinze gardes royaux, ainsi que la mobilisation d’une compagnie d’infanterie lourde de Lante, pour sa sécurité, mais aussi, afin d’assurer une présence imposante.
Le régent de Malereg était inconnu à Harald. La confiance était une œuvre dont la pousse était bien plus longue que toutes les semailles et que toutes les récoltes, et cela se retrouvait des deux côtés de la frontière, pour ces deux peuples qualifiés « d’immortels ». Si la confiance était belle et bien née avec le souverain d’Anaëh, elle n’était qu’au stade de graine ni arrosée ni rempotée, en attente des meilleures attentions – en espérant qu’elles se présentent un jour.
Le trajet avait duré une ennéade, à dos de Béliers du Zagazorn. Ces créatures dociles ô combien robustes, étaient moins rapides que le sanglier du Brissalion, mais ils s’adaptaient bien mieux aux terrains accidentés et rocailleux que l’on retrouvait de Kirgan jusqu’au Bissalzif. Ils continuèrent ainsi jusqu’à Lante, où ils changèrent de montures afin de poursuivre le chemin à dos de sangliers cette fois, plus adaptés à la poursuite de la route. La petite troupe s’empressa alors d’arriver dans les bons délais. Se faire attendre était une chose, être impoli en était une autre.
Enfin, ils arrivèrent, un tout petit peu avant midi, en ce second jour de sixième ennéade. Arrivant en ces lieux, qu’il n’avait plus foulé depuis des mois, il s’arrêta un instant sur un petit promontoire – pour peu que l’on puisse appeler une butée rocailleuse de quelques mètres de haut un promontoire dans cette profonde forêt – sa monture reprenant sa respiration dans un grognement tout à fait rustique, ses yeux, scrutant l’orée des frondaisons, devinant la présence Elfique. Il se remémora alors les discussions qui eurent lieu ici, entre lui et Artion, entre lui et Aparuiwe. Il se souvint de cette enquête en l’an 15, sur cette pierre gardienne détruite et tout le mystère qui planait autour. Il se souvint des accords passés qui ne demandaient qu’à être entérinés, et de la cruelle attente qui se jouait depuis lors, Artion, le Roi des Elfes, étant appelé plus loin, au Sud.
Revigoré qu’il était par toutes ces pensées agréables, par le fait d’être sur la terre de ses ancêtres, de ses aïeux, sur ces terres pour lesquelles il s’est battu des années durant, pour lesquelles il aura été blessé, pour lesquelles il est devenu Grand-Roi.
Revigoré disais-je, il descendit de son promontoire avec sa fidèle monture, et parcouru, au pas lent, pour ne point effrayer personne, les quelques mètres qui séparaient les Nains des Elfes. La troupe sortit de la forêt comme une seule vague, dans une chorégraphie parfaitement millimétrée. Mettant pied à terre, Harald, flanqué de plusieurs gardes royaux, prit le chemin de la tenture centrale où allaient se dérouler les discussions. L’infanterie lourde se déploya, en veillant à rester du côté Nain de la frontière, de telle sorte à réaliser un véritable bouclier adaptable à n’importe quel mouvement belliqueux. Les gardes royaux, eux, s’occupaient de la sécurité rapprochée de Harald, bien que ceux-ci ne furent point autorisés à pénétrer sous la tenture, en signe de respect, et de paix.
Ainsi entré sous ce chapiteau, présenté de son côté de la table, Harald se positionna, fier et fort, face aux Elfes qui le dévisageaient, sans doute aucun. Il portait sa traditionnelle armure de plate de couleur noire de jais, peinte de runes aux gantelets, et de motifs géométriques typiquement Nain sur le reste, de couleur rouge carmin. Enfin, sa jupette était de couleur dorée, tout comme ses épaulettes, et il portait sa cape rouge aux couleurs du Zagazorn. Et, pour parachever le tout, trônant sur son crâne, la couronne de Hardrek, faite d’or et de joyaux, reflétant les rayons du soleil dans une lumière douce, une chaleur agréable.
Planté là, Harald resta silencieux, jaugeant ceux qu’il avait face à lui. Il n’avait point oublié la diligence des Elfes, mais il n’avait point non plus oublié cette pointe d’autorité dans la missive Elfe, trahissant le besoin de réponses, mais aussi, ce caractère impérieux. Impériosité et diplomatie ne faisaient pas bon ménage en général, de cela, Harald en était certain, l’apprenant de sa propre expérience. Aussi fit-il un effort pas si insurmontable : il montra patte blanche, en inclinant légèrement son buste, et son visage.
- Baruk ! Dit-il dans un Khazalide flamboyant, à l’accent rustique typique du grand Nord, avant de reprendre dans un Oliyan roulant sous la langue et claquant sous les dents. Je suis Harald Barbe-Sanglante, souverain du Zagazorn. Et ainsi je me présente devant vous, en paix. Ni plus, ni moins. Ses paroles se suffisaient à elles-mêmes, et il le savait. De tous ici, il était le seul souverain d’un royaume, le seul à avoir autorité partout et sur tous, en ces contrées qui sont siennes. Le froid ambiant était palpable, la défiance, ô combien visible. Celles-ci étaient rendues par les Nains, sur leurs gardes, jaugeant les longues oreilles en face, désireux d’en apprendre plus, pour ce concile qui, s’il n’était plus le premier, était tout de même unique, à sa façon.
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| | | Enime Tindanen
Elfe
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Sam 1 Aoû 2020 - 1:18 | |
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Il regarda la couronne, mais elle ne le retint pas longtemps. Un bel objet, peut-être, exécuté par un maître, sans doute, trop ostentatoire à son goût, certainement. L'armure en revanche, sous ses peintures superflues, était un véritable chef d'oeuvre. Une exécution d'une régularité exemplaire sur chaque pièce. Métal homogène, finitions droites, courbures précises. Il aurait tué pour pouvoir apprendre à forger comme cela. Mais là voix bourrue du Nain brisa son admiration. Il avait des manières rustres, mais à cela Enimë était préparé. Contrairement au Grand Prêtre qui s'apprêtait déjà à lâcher une réplique sanglante. Il le prit de vitesse. L'Intendant se leva et coupa court à toute velléité hostile. « Salutation, Roi parmi les Dawis. Voici les conseillers Ernedil, Grand Prêtre de la Voilée, et Ethyline, maîtresse des plantes et des remèdes, qui m'assiste dans mon rôle. Quant à moi, je suis Enimë, Intendant et Régent de Malereg. C'est en tant que protecteur de ma cité que je me présente devant vous. » Les deux conseillers saluèrent sobrement. Ils étaient raides, et les odeurs de nourriture qui planaient jusque sous les étoffes du chapiteau ne suffisaient pas à faire oublier la gravité du fait à l'ordre du jour. Enimë croisa les mains devant lui. Et se tourna vers la droite, il encouragea le prêtre à prendre le relais. « Il y a de cela dix années, le précédent Intendant, Neglendir, était arraché à son foyer par un honteux complot. Des Nains venus d'Almis mené par Dun Eyr, s'étant autoproclamé prophète de la reconquête, s'en sont emparé. Si nous nous en tenons aux faits dont nous avons la connaissance, la trace de feu le précédent intendant disparaît à la frontière, non loin des ravins à proximité de la frontière Nord. Il reparaît quelques Enneades plus tard à Yutar. Selon toute vraisemblance, il fut monnayé aux Sombres... Avant d'être torturé et exécuté, en guise de provocation, en vue de l'ancienne place forte d'Ellyrion. » Le silence tomba sur leur délégation. Erneldil déglutit et dû s'y reprendre à deux fois avant de poursuivre. « Son corps ne put jamais être retrouvé. Nous privant donc également des rites funéraires permettant de rendre à son âme le repos de la Voilée et de recueillir son souffle. » Le Grand Prêtre se rassit, tremblant. Enimë ne bougea pas. Il ne le regarda même pas. Ses yeux d'ambre froid restaient rivés sur le Seigneur Dawi. Ce n'était pas faute d'éprouver de la compassion à l'égard de son confrère. Mais l'envie de lui montrer son empathie devait être réprimée. L'émotion n'avait pas sa place dans la diplomatie de la cité. Dans sa diplomatie... « Notre première demande serait de comprendre. Avez vous quelque information concernant cette affaire qui pourrait nous aider à comprendre? A comprendre comment nous en sommes arrivés à cette nuit là? A comprendre ce qui advint de notre regretté Neglendir par la suite? » Au combien regretté, oui. Sans ce tragique événement, la vie du Régent actuel aurait été tellement plus simple...
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Dim 2 Aoû 2020 - 18:44 | |
| Harald parvint à attraper les pensées derrière le regard plein d’envie de son interlocuteur, lorsque celui-ci posa ses yeux sur les plaques de plates de l’armure du souverain des Nains. Mais il reporta bientôt sa propre attention sur les différents représentants du peuple Elfe qui se trouvaient devant lui.
Ainsi, il y avait un régent, et deux conseillers, le premier étant un grand prêtre, le second, une maîtresse versée dans les plantes, et la santé. Visiblement, ce régent savait s’entourer comme il le fallait. Mais l’un de ses conseillers, celui aux traits du grand prêtre, semblait quelque peu remonté, son regard trahissant certaines pensées qui, si elles n’arrivèrent point en substance dans l’esprit de Harald, furent tout de même saisies dans leur globalité, pour ne pas dire, dans leurs émotions. Car les émotions semblaient se développer au fur et à mesure de la diatribe du grand prêtre.
Mais chaque mot, chaque syllabe, laissaient entrevoir en l’esprit du royal suzerain, l’immense tâche qui l’attendait, l’immense fardeau qui s’apprêtait à s’abattre sur ses épaules. Un fardeau qui trouve son essence dans l’acte inconsidéré et fou du mensonge, du fléau, de la malédiction : Dun Eyr. Ainsi, cette abomination n’aura point seulement entachée l’Almion, et la belle Almis, elle n’aura point seulement provoquée la mort de centaines de Dawis au cours d’atroces combats. Dun Eyr, le fléau du Zagazorn, aura également semé la mort et la désolation, la tristesse et la rancœur, par-delà nos frontières. Et aujourd’hui, il faut payer les pots cassés, choses ô combien difficile et ô combien risquée.
Harald ne devina point encore de pensées belliqueuses, ni de fragrances de velléités à son encontre, ou à l’encontre de sa garde, ou de ses soldats. Il devina cependant un irrépressible besoin de vérité, de la part des Elfes. La situation ne lui plaisait guère, cependant, il loua son idée de commanditer un concile frontalier. S’occuper d’un tel guêpier seulement de manière épistolaire, aurait été mal venu, et d’un mauvais goût certain même pour des Nains. Toutefois, Harald craignait l’incident diplomatique. Si ce concile devait enterrer tous ses efforts concédés depuis ces trois dernières années, cela serait un crève-cœur pour Harald, et n’en serait que colère et déception. Non ! Dun Eyr ne pourrait point semer la discorde et le trouble, après toutes ces années à combattre son infâmie et les traces de sa folie.
Lorsque la diatribe du grand prêtre dénommé Ernedil fut terminée, Harald se surprit lui-même lorsqu’il se rendit compte qu’il acquiesçait légèrement du visage face aux propos emprunts d’émotions du clerc. Il le regarda longuement, lorsqu’il se rassit et que le régent prit à son tour la parole. Passant sa main dans sa barbe, il rapporta son attention au régent, et expira en grondant, signe d’une intense réflexion qui se tramait dans sa caboche.
Sa réflexion laissa quelques secondes de silence entre la fin des questions du régent, et les premiers mots de réponse de Harald. Un silence sans aucun doute pesant, sans aucun doute mal venu, très certainement mal perçu par la délégation des Elfes. Enfin, il se redressa quelque peu et prit la parole à son tour :
- Votre quête semble vaine, j’en ai bien peur. Dun Eyr n’est point être qu’il faut essayer de comprendre. D’aucun le disait fou, d’autres disaient qu’il était l’allié des Drow dans leurs quêtes de vengeances diverses et folles. Vous ne le savez point, mais Dun Eyr aura fait bien pire à ceux de sa race. Il aura conquis Almis, notre cité de l’Est, le cœur ésotérique du royaume. De cette même cité, il aura attaqué un place forte de Haute-Virnée, et en aura chassé et massacré les Dawis y résidant, et levant la hache face à lui. A cause de lui, la couronne nouvellement formée en cette époque, dû faire face à une guerre civile meurtrière, dont les conséquences se mesurent encore aujourd’hui. Lors de cette guerre civile, nous dûment faire face à un contingent Drow, lequel fut massacré purement et simplement. Encore aujourd’hui, personne ne sait véritablement quels étaient les dessins de Dun Eyr, aussi sombres soient-ils. Il semble qu’il n’ait été motivé que par la mort et la destruction, à l’instar de Mogar, notre père, dont il fut le Haut Prêtre. Pourquoi ? Comment ? Nul ne le sait, et sans doute ce secret ne sera jamais découvert. Harald avait été honnête, mais il craignait la réaction des Elfes, notamment celle du grand prêtre, toujours assis, mais dont l’émotion de tout à l’heure semblait ne point être une bonne nouvelle.
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| | | Enime Tindanen
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Mar 11 Aoû 2020 - 16:34 | |
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Le Grand Prêtre trembla, imperceptiblement… Ou en tout cas il l'espérait. Dun Eyr... Prophète de la Reconquête... Un des nains qui avaient en réalité sans doute encore la mentalité de leurs ancêtres. La méthode n'avait en réalité pas vraiment surpris Malereg, elle avait juste ravivé d'ancien souvenir, mis du sel sur les cicatrices... Que ce soit lui ou cet Alaric Oeil-Tempête avec son massacre d'humain aux abords de sa cité, ils ne pensaient qu'à leur propre espèce. La survie des leurs passait avant tout. En soi, cette idéologie était louable et d'une logique imparable. Mais leurs méthodes... leurs méthodes avaient un pris. Et aujourd'hui c'était à ce peuple qu'ils avaient tant souhaité protéger qui serait leur débiteur. Est-ce que pour ce roi, il suffisait d'un sourire et d'un peu de bonne volonté pour faire table rase et cheminer ensemble? Un idéalisme bien opportuniste pour ceux qui avaient tant perdu durant le Voile. Demander assistance était une chose, mordre la main qui l'apporte et la lui demander quand même en retour, c'en était une autre. Mais l'Intendant n'avait pas encore fixé son opinion sur le nouveau Roi de la Nanie. Ce fut Ethyline qui prit la parole en premier lieu. L'herboriste était d'habitude discrète avec ses semblables, mais les promesses du Trône Blanc impactait directement les professions qu'elle représentait au Conseil. La connaissance des plantes qui devait être partagées, n'étaient autre que le fruit des recherche des grandes familles d'herboristes et de guérisseurs. Comme toujours, elles se voyaient mal devoir transmettre ces savoir et ces mystères, plus encore à une autre espèce. « Votre Altesse. Pensez vous que cela soit suffisant à nos yeux? Il ne s'agit pas d'un incident mineur, mais bien d'un meurtre politique, particulièrement odieux. Le fait de ne pas savoir ce qu'il en était ne va pas clore le sujet. Cette histoire nous montre une accointance entre vos gens... certains, tout du moins, et le peuple Drow. Qu'en est-il aujourd'hui? Car sur les sols souillés par le sombre, nulle plante ne pousse. » Elle venait d'arriver à un des points clefs, non sans ménager l'ambassade. Comment pourraient-ils faire confiance à ce voisin qui ne leur était plus venu en aide depuis si longtemps? Et surtout, devait-il redouter un contre-courant? Des traitres décédant occasionnellement des montagnes et hauts pour leur faire plus de tort qu'ils ne retiraient de bienfaits d'une nouvelle entente. Non, qu'on ne s'y trompe pas, le sujet du jour n'était pas la justice mais bien la base sur laquelle Malereg et le Zagazorn devait collaborer. Sans confiance, aucun monarque ne pourrait faire fructifier un accord. Et sur ce point, la moitié du Conseil de la cité avait déjà son point de vue...
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Ven 14 Aoû 2020 - 11:20 | |
| La délégation Elfique était semblable à toutes les autres : froide, réservée, méfiante, et prompt à rétorquer arguments et contre arguments, mines renfermées et visages sérieux. Mais l’instar des autres délégations auxquelles Harald avait pu faire face, ici, le plus modéré – vraisemblablement le régent – n’était pas pour autant le plus ouvert, ni le plus enclin à une quelconque construction. Pour l’instant du moins.
Une autre Elfe, au visage quelque peu mystérieux, prit la parole à son tour. Le début de sa plaidoirie commença par un mot précieux pour eux, mais beaucoup moins pour les Nains, surtout Harald : « Votre Altesse ». Que de mots pompeux pour parler d’une fonction occupée grâce à la confiance d’un peuple. Harald n’est pas un souverain comme les autres : il n’est ni le descendant d’une longue lignée, ni issu de la suprématie d’une famille sur une autre quant à la couronne, et il n’est point l’heureux vainqueur d’un coup d’état militaire. Sa couronne, il l’aura obtenu au terme du soixante-huitième Althinkalan, l’assemblée des thanes. Les chefs de clans du Zagazorn placèrent alors leur confiance en la braise du Brise-Os, de cette « Barbe-Sanglante » qui se sera maintes fois illustré au combat.
Puis vient le reste de son argumentation. Si Harald se doutait bien que sa justification précédente ne serait point suffisante d’aucune manière que ce soit, au regard de l’importance de cet évènement sombre d’une autre époque. Les Elfes semblaient ne pas comprendre – ou s’évertuaient-ils à ne point entendre ? – que l’odieux responsable de ce meurtre qu’ils qualifient de « politique » était également le responsable de bien d’autres meurtres sur les terres du Nord, responsable d’une guerre fratricide, responsable d’un schisme religieux, responsable d’une loi martiale sur toute une cité, responsable de l’agonie d’Almis la reconquise. Si eux, Elfes du protectorat de Malereg, avaient eu à subir l’atroce vision de la mort de leur ancien seigneur, et souffraient encore de cette violente disparition privée de sépulture, les Nains, eux, souffraient encore des affres d’une guerre intestine réalisée sur les cendres encore fumantes du Voile. Ils vivaient encore sur un territoire meurtri, dont une partie – la plus à l’Est et la plus au Nord – n’étaient plus en leurs mains depuis des lunes et des lunes, tout ça pour la folie d’une seule Braise-Vie brisée, corrompue, malade.
Et enfin, vient la notion à peine déguisée et à peine reprise, de l’accusation d’accointance entre les Nains – certains, comme elle vient de le dire en se rattrapant – et ces infâmes et immondes saloperies que sont les Drows. C’était là, la goutte de trop. Le vase ne débordait plus, il jaillissait soudainement d’une lave impétueuse et violente, telle l’arme forgée de runes de terre et de feu, projetant d’immenses filets de lave à chaque coup sur un adversaire patenté.
Fulminant intérieurement, Harald plaça son regard froid dans celui de son interlocutrice. Se levant lentement – cela ne devait point être impressionnant étant donné la différence de taille, mais voir ainsi le souverain des Nains se lever de toute sa carrure carrée taillée dans le roc devait tout de même faire frémir – en plaçant ses poings sur la table de rencontre, il se pencha légèrement au-dessus de la table et s’adressa directement à son interlocutrice :
Grumbakruff Elgi ! Kruti ! Wazzok adum damnazskol ! Il avait parlé entre ses dents, ourdissant sa fureur à mesure que les mots déliaient sa langue, sa colère transpirant de son être alors qu’il offrit comme conclusion à cette phrase, un coup de poing ganté d’acier sur la tablée. Comment OSEZ VOUS ! Un dernier éclat de colère alors qu’il s’apprêta à répondre à cette accusation calomnieuse. Osez ainsi affubler mon peuple d’une accointance avec cette ignominie à la peau sombre est un véritable affront ! DEVANT MOI ! J’ai personnellement massacré plus de Sombres Elfes que vous tous ici réunis dans toute votre existence ! Il frappe encore une fois du poing sur la table.N’ai-je point fait assez ?! N’était-ce point preuve suffisante de mon honnêteté, et de ma sincérité quant à une existence pacifique et prospère entre nos deux peuples, en étant l’auteur d’un rapprochement entre nos deux races, contre l’avis général des miens ? N’était-ce point assez que de vous autoriser VOUS ! Il pointe du doigt l’interlocutrice. Et les VÔTRES ! Il pointe ensuite du doigt le régent, et tous les Elfes autour de la table, avant de reprendre. A accéder au Lörn à votre guise, afin de faire acte de pèlerinage et de renouer avec la nature de cette terre, alors que je n’étais point encore souverain, et que cette décision aurait-pu provoquer moultes remous ? N’était-ce point suffisant que de vous défendre vous et les vôtres, lors de l’assemblée des chefs de clans, lorsque je candidatais à la couronne, afin de promouvoir la paix, l’entente et le partage entre nos deux races, au risque d’être traité de fou ou d’être moi-même débouté ?! Il retire soudainement ses mains de la table, se redressant face à ses interlocuteurs, et soufflant tel un taureau après une violente ruée. Il regarda alors chacun des Elfes dans les yeux, et reprit, d’une voix plus posée.
- Dun Eyr était un traître fou qui, s’il avait été en vie après le siège d’Almis, ou s’il avait été capturé, aurait été torturé et écartelé en place publique pour tous ses crimes odieux. Il aura fait venir des sombres, il aura massacré toute une place forte Naine, il aura provoqué une scission religieuse, il aura provoqué une guerre civile, il aura provoqué de nombreux massacres et de nombreuses morts, au sein d’une population déjà meurtrie par un Voile meurtrier ! Almis, le cœur ésotérique de mon royaume, se meurt à petit feu à cause de lui ! Alors ne me parlez pas de sujets impossibles à clore, voulez-vous ! Vous ne savez rien des souffrances de mon peuple, et de celles infligées par cet imposteur ! Il se rassois, croisant ses pognes devant son ventre et grondant sourdement. Si vous êtes venus jusqu’ici pour obtenir des réponses, les voici. Si vous êtes venus jusqu’ici pour m’insulter, ou insulter mon peuple, alors vous avez fait tout ce chemin pour rien. Mais si vous avez fait tout ce chemin pour nouer une relation stable entre vos gens de Malereg, et les miens du Nord, alors vous feriez mieux d’entendre ce que je viens de vous dire, et de mesurer vos mots. Sinon, c’est que nous en avons terminé. Harald avait déjà ravalé sa fierté à plusieurs reprises ces dernières années, tout cela pour son peuple. Car son peuple avait besoin de frontières sûres, mais aussi d’ententes cordiales, de partages et d’accords. L’autarcie avait aidé à se relever du Voile, maintenant, ils devaient s’ouvrir s’ils voulaient prospérer et être en sécurité.
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| | | Enime Tindanen
Elfe
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Jeu 20 Aoû 2020 - 21:30 | |
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Il détestait son Conseil. Et pourtant, il avait toujours considéré Ethyline comme une alliée. Mais là où son venin et son talent pour appuyer là où ça faisait mal l'avaient tant servi, en ce jour, il se serrait bien passé de ses services. Le Grand Prêtre pour sa part avait blêmi à un point que sa lividité en était physiquement palpable. Une pression de la botte contre le pied de ce voisin trop émotif lui rappellerait peut-être son rang et la dignité qu'il se devait de conserver… Du moins, il l'espéra. L'intendant décroisa ses mains à la fin de la longue tirade du roi et les posa d'un calme ferme sur la table sans décrocher du regard du nain. « Paix. Je pense que votre réponse est bien assez éloquente à nos yeux. » Il foudroya très brièvement la conseillère du coin de l'œil avant de se reporter sur leur hôte. Il y avait au moins eu du bon dans cet effluve de colère et de ressentiment. Enimë avait une confirmation de deux faits qu'il subodorait. Le premier, non des moindres, la sincérité de ce roi dans son entreprise pacifique. Le second, plus ambivalent, ce rapprochement ne faisait pas l'unanimité chez les Dawis. L'information avait un grand potentiel. Une opposition de ce genre pouvait aisément se transformer en une alliance dirigée contre un souverain si la nécessité s'en faisait sentir... Enfin, si ce genre de chose devait s'opérer, ce serait sans doute en exploitant du ressentiment quelques générations plus avale. Il classa l'information et l'intuition qui en découlait. « Comprenez bien que cet événement nous a profondément marqué. Je pense que vous êtes un Dawi d'honneur, un Nain d'acier qui ne s'infléchit pas lorsque l'on touche à ses principes. Nos doutes ne se portent pas sur vous, Harald Barbe-Sanglante, vous les avez déjà éventés par vos actes. Mais la collaboration demande une confiance entre les peuples plus qu'entre dignitaires. Et ce genre de questions se doivent d'être posées. » Le prêtre déglutit. On sentait que lui aussi avait du mal à tenir son rang. La différence était que le roi Nain n'avait pas les mêmes coutumes de bien séance que celle des Taledhels. Enimë ne laissa rien paraître, mais il aurait clairement préféré se passer de ce bigot. Neglendir et lui avait été très proche, il s'était même laisser dire que le premier devait sa place d'intendant au second. Cet enjeu émotionnel n'aurait jamais dû être présent lors de ces négociations. « Nous n'avons plus eu de nouvelles venues de votre pays depuis longtemps. Nous ne connaissons rien du destin d'Almis que vous dépeignez. Qu'est devenue cette cité qui semblait tant à même de menacer nos frontières depuis ses cavernes? Du temps de Valek Cri-de-Runes, Malereg avait souvent des nouvelles de ce qui advenait au Nord. Mais la rupture orchestrée par la suite ne nous laisse que des bribes d'informations. Nous ne pouvons pas baser notre confiance sur l'ignorance de ce qui se passe. Et vous ne pouvez pas nous tenir rigueur d'une ignorance que vos sujets ont, pour ainsi dire, organisée. Quelle garantie avez vous concernant le culte belliqueux qui s'y était établi? » Le Grand Prêtre se faisait de toute évidence violence pour ne pas cracher sa hargne au visage du roi nain. Mais la question avait le mérite de retenir son intérêt. Comment faire confiance à l'inconnu? C'était un point qui méritait d'être éclairci. Le Conseil pourrait suivre, peut-être, mais les Taledhels se défieraient toujours de ces zones d'ombre.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Lun 24 Aoû 2020 - 21:50 | |
| A partir de la fin de son discours, que l’envoyé des Elfes aura qualifié d’éloquent, Harald suivit avec attention, et avec des réactions tout à fait sincères – comprenez que l’instant d’emportement inhiba toute possibilité calculatrice, aussi, ses réactions sont sincères et spontanées. Lorsque le régent parla de paix, et de l’éloquence de la réponse du souverain des Nains, Harald s’était renfoncé dans son fauteuil, avait appuyé son coude droit sur l’accoudoir, et avait posé sa joue contre son poing, acquiesçant aux propos du Régent, dans une communication non verbale, manifestant une sorte d’approbation et de reconnaissance face aux propos tenus par son interlocuteur.
Il ne remarqua qu’une partie du manège qui se déroulait entre le Régent et son conseil, trop occupé qu’il était à se calmer lui-même afin de reprendre lui aussi la suite de ce concile, sous les meilleurs hospices. Lorsque le Régent reprit une réponse, indiquant l’importance – et la peine – de cet évènement pour lui et les siens, Harald acquiesça, en ouvrant sa main gauche et en la pointant en direction de ses interlocuteurs, dans un signe d’accord, de compréhension, de mesure des maux exposés. Mais quand le Régent parla également de l’importance d’un rapprochement entre nations, entre peuples, et non seulement entre dirigeants, et que, pour ce faire, il fallait poser des questions et éclaircir les zones d’ombres qui pourraient déranger, offusquer, éloigner, Harald acquiesça après quelques secondes de réflexions – ou serait-ce de l’appropriation ? Et tout en acquiesçant, il gronda sourdement, sa barbe vibrant au rythme de ses grondements.
Les quelques secondes qui s’écoulèrent entre la fin de la diatribe du Régent, et la prise de parole du prêtre, Harald les passa donc à gronder et acquiescer, avant de reporter son regard d’acier sur le prêtre durant quelques secondes. Il ne cherchait pas réellement à le mettre mal à l’aise, non. Seulement, il avait bien compris que les choses conflictuelles, que les possibilités d’échecs, que les possibilités d’un incident diplomatique, proviendraient du conseil, et non du Régent. Aussi reportait-il sur le prêtre un regard dur et sévère, attendant ses propos.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les propos du prêtre étaient, pour une fois, sensés et dotés d’un profond sens critique, bien que toujours emprunts de cette frustration propre à ceux de sa race, et de cette envie de connaissances, de secrets brisés, propre aux Elfes qui désirent toujours tout savoir. Alors, il prit un peu de temps avant de répondre, reprenant une position plus neutre, sa joue, quittant son poing droit, et ses coudes retrouvant les deux accoudoirs, ses mains, se croisant au-dessus de la table. Il expira lentement, et profondément, plongea son regard dans celui du prêtre afin d’essayer d’en sonder l’âme – ou ce qui s’y apparente.
- Peut-être n’ai-je point donné assez d’informations quant à la cité du Nord, au travers de mes autres phrases, tout à l’heure. Cette rupture, comme vous l’appelez, nous, nous l’appelons l’autarcie. Et vous ne pouvez reprocher à mon prédécesseur, et à mon peuple, de s’être replié sur lui-même après tous les désastres qu’il a subis. Comment se reconstruire, sans se tourner vers soi, le temps d’une guérison ? Sécuriser les frontières, procréer, afin de remplacer ceux tombés, fédérer les clans et les cités abandonnées durant des années… Vous ne pouvez pas en vouloir à un peuple meurtri de se replier sur lui-même. Tout comme je ne peux vous en vouloir de chercher des réponses, et de douter de tout. Il se racle la gorge, alors que se dessine en son esprit les mots qu’il allait devoir tenir face au prêtre, au Régent, et au conseil. Prêtre, la seule garantie que je possède, c’est qu’Almis a été reprise aux fanatiques, et que les prêtres auront été exécutés, les soldats de ce culte, bannis, le temple, muré. Mais certains Mogarites demeurent dans les montagnes de l’Est, et les seules rencontres entre des soldats de la couronne, et des sauvageons, se font au fil de la hache uniquement. La cité est mourante, mais la faire revivre demeure une priorité maintenant que… Il allait révéler l’existence d’une nouvelle cité, celle de Molgrunn, le cœur du savoir runique en Zagazorn. Harald ne voulait pas cacher quoi que ce soit aux Elfes afin que les ententes soient sincères et cordiales, mais les runes demeuraient un sujet extrêmement épineux. Très épineux. Et même le souverain des Nains ne pouvait outrepasser ses fonctions, quant à la protection de l’antique cité, et au secret des runes.… Que je suis au pouvoir. Il se retourne vers le Régent. Régent, je pense que j’ai répondu à vos questions. Cependant, je pense qu’il est temps pour vous de franchir la frontière, afin de porter plus loin le rapprochement de nos races, et la paix de nos peuples. Voudriez-vous rallier Lante, avec votre conseil et vos gardes, et les miens ? Rien n’était préparé, évidemment. Et voir une délégation Elfe entrer dans Lante attirerait forcément des regards inquisiteurs peu agréables…
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| | | Enime Tindanen
Elfe
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Dim 30 Aoû 2020 - 16:59 | |
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Ethyline leva un sourcil. Ce geste calculé était destiné à attirer l'attention de l'Intendant. Il y avait un secret ici. Il se passait quelque chose en Zagazorn. Probablement plus d'un événement d'ailleurs, mais au moins un qui changeait la donne pour ce qui était d'Almis. Se refermé sur soi était certes une stratégie tout à fait louable pour panser ses blessures et préparer la reconstruction du Royaume Nain. Mais c'était joué au plus idiot de penser que les Elfes avaient manquer de remarquer la première ouverture. Qu'il s'agisse des Soltari avec Thanor ou bien des premiers échanges entre Valek et la cité, il y avait eu une première réouverture des nains vers le monde. En soi, même l'acte abject de ce Dun Eyr en était une, axée vers le Puy. Pour Ethyline, le coupure des relations avec le monde extérieur pour la seconde fois était davantage un besoin de secret. De tirer un rideau sur les intrigues qui avaient mené à la naissance de ce nouveau Zagazorn. On lave son linge sale en famille. Et pour les nains, on fait de la politique à l'abri des regards et de l'ingérence extérieure. Ce qui s'était passé à Almis était assez éloquent. Le Prophète de la Reconquête avait eu des alliés, si il y eut un moyen pour lui d'appeler à l'aide, il l'aurait fait. Les révélations sans doute involontaires du roi sur le processus qui les avait menés à un rapprochement des peuples étaient également claires dans ce schéma. Sans un mouvement, Enime observa également l'autre conseiller. Parler ainsi d'un jugement et d'une punition séculiers envers une autorité spirituelle, rattachée de surcroît à une branche du culte pentien, pouvait s'apparenter à un blasphème. En être l'artisan voire le décisionnaire revenait presque à une hérésie. Mais Ernedril avait retrouvé son calme. Il parla en premier. A l'évidence soulever ce point était crucial. « Je vous ai mal jugé, souveraine, et je vous présente mes excuses. Je constate que les artisans d'une grande souffrance ont subi un grand courroux. Et, même si elle ne revêt pas le visage que j'aurais souhaité, je pense qu'une amorce de justice a été rendue. Il faudra cependant vous montrer prudent à l'avenir dans votre manière présentée l'événement. Mes frères et moi-même comprenons bien, sans doute mieux qu'aucun autre, que le culte auquel vous avez mis un terme était une branche sectaire, hérétique probablement, du clergé de Kalimenthar. Cela étant, il n'en sera peut-être pas toujours ainsi, et rendre justice soi-même lorsque l'affaire concerne les Cinq ou leurs représentants pourraient vite vous valoir un surplus d'inimitié. Il serait préférable que cela ne soit pas. Si nous oeuvrons dans votre sens, je préférerais être sûr que nous puissions avancer longuement et ne pas vous voir disparaître suite à une vindicte religieuse. La foi et la religion sont chose curieuse et les négliger est une erreur fatale que plus d'un seigneur a dû payer de sa vie... » Enime n'aurait sans doute pas tourné les choses telle quelle. Même si la réalité était là. Les faiblesses du nouveau Zagazorn semblait s'étaler sous leurs yeux. Tensions entre clan concernant les décisions d'ouverture et les relations avec les elfes, tensions religieuses potentielles, cités en souffrance et surtout, manque de ressources nourricières, le fond de tous ces palabres. Ce qui le dérangeait le plus, en tant que dignitaire frontalier, c'était surtout ce que le Roi ne leur disait pas. Et ce qu'il ne dévoilait pas, c'était les points forts de ce Royaume à la foi ancien et neuf. L'invitation à venir en ambassade serait une opportunité sans précédent... et qui ne se reproduirait sans doute plus avant un long moment. « Votre proposition... votre invitation est pour le moins inattendue. Elle est autant qu'elle est tentante. Le temps depuis qu'un dignitaire de notre cité s'est rendu en territoire nain à des fins pacifiques se compte en cycle davantage qu'en siècle... Je vous demanderai pour cela de bien vouloir patienter un moment que je m'entretienne avec mes conseillers. Ce genre de décision ne peut se prendre par ma seule autorité. J'occupe une régence, je ne suis pas Protecteur. Dans l'attente de notre décision, je vous propose de profiter de la chaire que nous avons prévue pour célébrer notre rencontre. » Il se contenta d'un geste de la main pour que l'on commencer à apporter les pièces de gibier, les saladiers de tubercules ou de légumineuse, et les coupes de fruits secs et à coque. Il fallait gagner un peu de temps. Et il faudrait discuter rapidement la chose. Enfin, si leur hôte acceptait l’aparté.
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| | | Harald Barbe-Sanglante
Hôte
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Lun 31 Aoû 2020 - 17:46 | |
| Des excuses, en provenance d’un Elfe. Si ce jour n’était déjà pas à graver d’une pierre blanche – car Harald avait rencontré le conseil de Malereg, et avait proposé une visite en ambassade à Lante – il le serait maintenant grâce aux excuses du prêtre. Sans doute avait-il mal jugé Harald. Sans doute. Sans aucun doute même je dirais, mais rien d’exceptionnel à cela. Nains et Elfes nourrissent une rancœur et une méfiance mutuelle depuis si longtemps, que même les immortels Elfes ne se souvenaient plus du pourquoi du comment de cette impasse raciale. L’ont-ils seulement su un jour ? Rien n’est moins sûr. Cependant, la suite des propos du prêtre irrita à nouveau le souverain sous la montagne… L’ouverture diplomatique, la naissance d’une entente, la paix entre deux peuples, ne signifiait pas la naissance d’ingérences de quelconques sortes ou manières. Les craintes du prêtre quant à la possibilité de voir disparaître le Roi des Nains à la suite d’une quelconque querelle religieuse, ou suite à une nouvelle guerre ou un nouveau mouvement semblable à celui vécu par le passé, étaient touchantes, et sans doute bien venues. Il est vrai que les sauvageons faisaient toujours du grabuge au Nord et à l’Est du royaume. Toutefois, Harald ne voyait pas pourquoi les Elfes auraient leurs mots à dire sur une telle situation.
- Croyez bien que j’apprécie votre sollicitude quant à mon avenir et à la stabilité de mon royaume. Toutefois, et bien que je conçoive que de toutes les races, celle des Elfes soit la plus apte à comprendre et mesurer nos problématiques et nos combats, leurs raisons, leurs solutions, et nos actions, ne vous regardent pas. Je suis de bonne foi dans mes propos, et dans mes rapprochements avec vous et vos gens, cependant, je ne tolèrerais aucune forme d’ingérence. Toutefois, je ne vous mentirais pas sur les situations futures de mon royaume, si celles-ci venaient à être discutées un jour où l’autre. Harald s’arrêta, écoutant les propos du Régent. Il resta silencieux un instant, et gratifia l’Elfe d’un signe de tête accompagné d’un geste de la main, et d’une moue approbatrice. Prenez le temps qu’il vous faudra. Il y a du confort, de la bière et de la nourriture. Tout ce qu’il faut pour réfléchir. Et on réfléchis mieux le ventre plein. Harald se leva, et fit un signe de tête en direction des Elfes. Se tournant vers les siens, et notamment ses gardes, il leur indiqua dans un Khazalide guttural, l’ordre du repos et de la satiété. Les gardes déposèrent alors les armes, tous, sans exception – un signe supplémentaire de l’absence de velléité chez Harald, et les Nains présents.
Harald s’était souvenu d’une chose qu’il avait apprise lors de son dernier concile frontalier. Il avait cru – à tords – que les Elfes détestaient la bière ambrée, forte et amère, alors que c’était vraisemblablement tout le contraire. Ainsi avait-il, à l’époque, amené une bière plus que maussade, de piètre qualité au regard des standards nains. Mais cette fois, la bière était excellente. Forte, d’une couleur agréable, ambrée, et amère au possible, bref, une douceur pour les lèvres Naines, et Harald l’espérait, pour celles des Elfes. La bière fut apportée sur la table, un tonnelet tout d’abord.
- Pour laver l’affront de ma dernière entrevue avec le représentant de votre souverain, j’ai nommé Aparuiwë, j’ai apporté avec moi plusieurs tonnelets d’une bière somptueuse, une des plus grandes de notre peuple. Goutez, et savourez. Et Harald, lui, plaça dans son assiette une grande quantité de gibiers, bien plus de gibiers que de légumes, de fruits ou autres choses un peu trop vertes pour lui. Voici une autre grande différence entre les Nains et les Elfes.
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| | | Enime Tindanen
Elfe
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Dim 13 Sep 2020 - 22:13 | |
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Le brevage était amer, sa mousse laissait des traces déplaisante mais les bulles qu'il recelait n'était pas sans intérêt. A l'évidence, la boisson ne manquait pas d'attrait. Et, à en juger par cet saveur caractéristique, l'ivresse qu'elle apportait n'était pas étrangère à l'engouement du peuple Dawi à son égard. Enime en but une ou deux coupe pour faire bonne mesure. Mais il y préféra d'emblée l'eau. Cette bière était trompeuse et diminuait les réflexes comme les perceptions. Ce n'était pas vraiment un rejet, il la classa simplement comme le vin, dans la catégorie des boissons et aliments qui altéreraient son jugement et seraient contre productifs dans le cadre de sa mission, de sa fonction. Il profita de ce moment de légèreté pour s'isoler avec les autres Conseillers sous les avancées d'Anaeh. Ils n'étaient pas vraiment seul, quatre membres de la garde d'ébène assuraient constamment leur sécurité, c'était un minimum. Mais se défier de la garde d'élite de Malereg pour un membre du Conseil revenait à faire aveu de l'échec de son propre mandat. Cette garde représentait à elle seule le projet d'union, de sécurité et vivre-ensemble de la cité. « Soyons brefs, nous n'avons pas beaucoup de temps pour prendre une décision capitale. Si je quitte la cité, nous nous exposons à une fragilité politique, au vu de certains débats, nous risquons même la paralysie. Et notre situation ne permet pas une telle chose. » Le Grand Prêtre regarda pensivement un vieille orme tordu avant de répondre. Ils étaient tous décidés à s'exprimer de manière concise. Ce qui ne voulait pas dire qu'ils ne le feraient pas de manière réfléchie. « Nous ne pouvons pas vraiment refuser, c'est une main tendue. Et puis, ils ne nous disent pas tout, ce qui était attendu. Nous pourrions en profiter pour tirer nos renseignement à la source. » « En somme, si l'on suit vos idées, ce serait à moi de faire ambassade auprès du Zagazorn. C'est assez ambitieux et je ne sais pas exactement si je suis la plus à même de remplir cette fonction. Contrairement à vous, Intendant, je ne comprends pour ainsi dire pas un mot de leur langue. » « Il faut vous reconnaître ceci, vous avez la langue acérée et vous n'êtes pas vraiment sans défense. Evitez de provoquer un incident diplomatique, par exemple en énonçant tout haut des suspicion sur une alliance entre Drows et Nains. » Ethyline se redressa de toute sa hauteur, ce qui avait un certain effet vu sa taille élevée. « Vous n'êtes pas vraiment en reste sur ce registre, conseiller. » Enime leva calmement les mains. Il ne voulait pas voir se régler des conflits d'autre personnel à la frontière du Lorn et perdre un temps précieux. « Il est certain que ce point devait être éclairé. La manière dont il a été fait que ce soit par l'un ou l'autre d'entre vous m'a profondément déplu et déçu. Je connais le fond de votre pensée sur l'entreprise du Trône Blanc et surtout la façon dont elles ont été menées. Mais je m'attendais à un minimum de diplomatie de votre part, à tous les deux.
Ethyline, si le roi y consent, je vous confie la mission de me représenter à Lante le temps nécessaire pour assurer cette mission diplomatique. Comme l'a demandé le Roi, vous avez autorisation de partager les connaissances que vous jugerez utiles dans le cadre de l'utilisation des ressources naturelles et de leur exploitation de manière raisonnée. Je vais discuter avec le lieutenant de la garde d'ébène pour l'affectation de votre escorte. Une relève et un soutien vous seront envoyés une fois le débat mené au sein du conseil achevé. Il n'est pas exclus que ce dernier rappel l'ambassade si il le juge nécessaire. Des objections? » Il avait soupiré ces deux dernières phrases. Si il avait été protecteur, cela aurait été plus facile. Premièrement, il aurait eu un intendant qui lui aurait permis de répondre au pied levé par l'affirmative à la proposition du roi nain. Deuxièmement, il n'aurait pas dû rendre des comptes au Conseil pour sa décision a posteriori et risquer de voir tout annulé malgré ce qui aurait pu en être retiré. Adantar l'avait pourtant prévenu, à Malereg, la tradition en politique était avant toute autre chose de supporter son propre conseil… Ethyline réfléchit un instant. Il lui faudrait adresser un mot à la guilde d'herboriste dont elle avait la charge, des consignes pour le reste de la saison, si pas au-delà, et sur les remèdes à confection longue qui patientait dans son laboratoire. Il lui serait également nécessaire dans l'idéal de converser avec l'intendant en privé. Elle voulait accorder les violons avec cet Elfe. Ils étaient entrés ensemble au Conseil et s'était plus ou moins considérés comme des alliés politiques depuis lors. Représentant chacun une branche de l'artisanat de la cité et faisant face à un conseil aussi religieux que circonspect, ce n'était que bien naturel. Ils s'en retournèrent au banquet relativement frugal, du moins au goût de l'ambassade Dawi qui n'allait pas tarder à achever le troisième gibier. Enimë hésita un instant sur la marche à suivre. Le Roi Nain devait être ménagé, surtout au vu de l'introduction des négociations. Cela étant, la meilleure manière de faire cela était encore une présentation frontale. Il s'approcha donc d'emblée de la table, se rassit et, sans attendre que les autres conseillers ne le rejoignent, s'adressa au souverain. « Seigneur Harald, ou quelque soit le titre qui vous convienne, je vais être franc avec vous, je ne peux me rendre personnellement à Lantes à vos côtés. Vous l'aurez remarqué, la politique des Cités d'Anaëh est… complexe. Et mon absence au sein de ma Cité créerait une fragilité que nous ne pouvons accepter alors que le monde est au bord de nouveaux grands changements. » Il ne laissa qu'une brève pause. Assez pour respirer, pas assez pour être interrompu. « Cependant, nous ne pouvons décliner votre proposition. Dame Ethyline s'est proposée pour me remplacer dans l'ambassade qui pourra vous accompagner à Lantes, si vous marquez votre accord.
Elle effectuera également un premier pas dans le pacte proposé par le Trône Blanc quant à la collaboration de nos deux nations. Notre noble conseillère a été choisie parmi ceux de ses confrères pour représenter les herboristes et ceux verser dans la science des plantes, de leurs cultures et de leurs utilisations pour siéger au Conseil. Cette proposition vous semble-t-elle acceptable? »
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| | | Harald Barbe-Sanglante
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| Sujet: Re: [Dette de sang] Négocier l'affront Mer 16 Sep 2020 - 11:46 | |
| La viande était bonne. Ayant ôté ses gantelets de plate, il se retrouvait les mains et les doigts pleins de graisse, de jus, de sauce et de traces de condiments. Les Nains n’étaient point maniérés en ce qui concerne les arts de la table. Ah, si vous pouviez voir les tablées Naines…
Imaginez. Imaginez une tablée faite dans un roc de granit, ou dans un bois fort tel que le chêne, en érable, en ébène, ou, pour les hautes sphères, en palissandre ou en marbre. Imaginez que cette table est si large et si grande, qu’elle puisse accueillir une dizaine, une trentaine, une cinquantaine… Une centaine de nains, et que le maître de tablée, installé en bout de table, puisse voir et interagir avec l’entièreté de la tablée. Imaginez que chaque Nain ne soit espacé que par dix ou quinze centimètres, et que devant eux, se trouve une épaisse assiette où sont placés de nouvelles pièces de viande, à chaque fois qu’une première est terminée. A côté de ces assiettes – ou de ces plats – se trouvent de petits tonnelets de bières mis en perce, changés à intervalles réguliers par le tenancier en charge. Imaginez que devant eux, se trouve, de manière individuelle, une carafe en bois contenant un excellent vin rouge, et à côté, une autre carafe, en verre cette fois-ci – ou parfois en pierre – contenant une liqueur si forte qu’elle tuerait assurément un humain dans la fleur de l’âge. Imaginez ensuite toute cette assemblée parlant, riant, hurlant des blagues et des insanités, se fichant des bouts de viande coincés entre les chicos, de la sauce qui dégouline dans la barbe, et des rots et autres expressions corporelles bannies dans toutes les races, sauf celle-ci. Cela ferait peut-être un peu clicher, que de s’imaginer tout cela. Et pourtant, c’est là un des seuls moments où les nains, fiers, rustres, bourrus, orgueilleux et arrogants, partagent tout et n’importe quoi, de la nourriture à l’alcool en passant par le tabac, les herbes, les arômes, et surtout, les récits. Vous désirez écrire ou illustrer une saga sur les Nains ? Faites-vous accepter à l’un de leurs banquets, et si vous en sortez en vie – malgré l’abondance d’alcool et de nourriture – alors, vous en saurez plus sur eux que le commun des mortels – et de certains immortels.
Ainsi, Harald se complait dans ce petit festin, partagé par les Elfes, et les gardes royaux. Désireux en effet de montrer patte blanche, Harald avait ordonné, au moment du repas, et à tous ses gardes, de déposer les armes en bivouac et de prendre une part de festin, sur une tablée à côté de celle des tractations. Savourant la viande bien grillée sur une broche, il s’était resservi à plusieurs reprises, dans le plat de sauce qui, il fallait l’avouer, était excellente. Les Elfes avaient beau apprécier prioritairement les légumes, fruits et féculents, ils savaient y faire en matière d’assaisonnement, et de sauces de cuisson.
Pendant que le Régent et les conseillers discutaient ensemble, Harald réfléchissait. Amener les Elfes en ambassade, sans prévenir qui que ce soit, risquerait de déplaire à plus d’un Nain, surtout les plus anciens membres de Lante – notamment les runistes bien que ceux-ci ne sortent jamais de chez eux. Certains poseraient des questions… Et inutile d’être devin ou d’être la réincarnation d’une divinité, pour savoir qu’un rassemblement aura lieu sur la place centrale de Lante, qui attendra des réponses. Harald devra alors faire preuve de toute l’étendue de ses qualités d’orateur, et surtout, devra asseoir son autorité de Grand-Roi, chose moins compliquée qu’attendue, étant donné sa réputation dans le Brissalion. Après tout, n’avait-il pas combattu et commandé dans un régiment d’infanterie lourd de Lante ? N’avait-il pas, sous la régence du célèbre Gormisson, commandé les armées de Lante, avant de devenir le gardien de ladite cité et de ses régions ? Aujourd’hui, le fils du Brissalion, descendant d’une longue lignée de guerriers de ces terres, revenait en souverain royal. Il vit revenir le Régent, sur cette dernière pensée encourageante.
Ainsi, le régent ne pouvait point honorer cette main tendue au-dessus d’un feu argent qui, à n’importe quel moment, pourrait faire bruler toutes les avancées faites jusqu’ici. Tout d’abord, c’était Artion qui ne pouvait pas se rendre dans le Zagazorn, et avait envoyé Aparuiwe. Puis, maintenant, c’était Enime qui envoyait sa conseillère, et non lui-même. Si, à chaque fois, des raisons suffisantes et logiques étaient exprimées pour justifier ces états de fait, cela n’apaisait pas la fierté de Harald qui, en tant que Nain, et souverain des Nains, possédait tout de même un caractère bien trempé et une fierté parfois mal placée. Mais avouez… Tendre autant de mains envers les Elfes, après tant de cycles à s’ignorer après une guerre violente, et recevoir en échange le second ou l’émissaire du souverain, ou du protecteur, revêtait quelque chose de dérangeant. Quelque chose de frustrant. Seule chose qui permettrait à Harald de ne pas repousser cette ambassade : la proposition de faire un premier pas dans le partage des connaissances liés à l’agriculture et la culture responsable des sols.
Harald reposa le morceau de viande qu’il avait en sa main, et s’essuya tout en laissant choir son dos contre le dossier de la chaise. Cette situation ne lui plaisait pas, et cela devait se voir. Avalant sa bouchée, il prit une gorgée de bière afin de faire passer le tout et de s’humidifier le gosier.
- Hum… Peut-être ne le savez-vous pas, mais ce n’est pas la première fois que vos gens délèguent leur présence lors des mains que je vous tends. Le Roi Artion lui-même, aura envoyé Aparuiwë à ma rencontre ici même, car sa présence était requise plus au Sud, à la frontière que vous partagez avec ces terres anciennes conquêtes des gris. Pour faire bonne mesure, votre souverain m’aura gratifié d’informations quant à cette situation, et ainsi ai-je proposé à Aparuiwë et les vôtres, le droit de pèlerinage dans le Lörn. Et aujourd’hui, après les insinuations d’un de vos conseillers, vous déléguait ce devoir de présence à un autre membre de votre conseil. Si je comprends les raisons qui vous poussent à rester auprès de vos gens, comme j’ai compris celles de votre souverain, elles n’en demeurent pas moins vexantes, après tout ce que je vous ai proposé au cours des dernières années. Il souffle un peu, passant une serviette sur ses lèvres, et buvant ensuite une grande, très grande rasade de bière. Il reposa avec force sa chopine sur la table, avant de se repositionner dans sa chaise. Mes gens n’apprécieraient pas, ou verraient d’un mauvais œil, que leur souverain emmène en ambassade, avec les honneurs, un conseiller, après deux refus de dirigeants. Cette entente, vous l’aurez deviné, est fragile. Non par son caractère odieux, ou illogique, nos deux races ayant été des alliés par le passé, mais par ces nombreux cycles d’absence et de méfiance. Mon peuple et le vôtre, figurent parmi les plus vieux de ce monde, et l’on oublis pas facilement les affronts, et les différences. Aussi, je ne peux accepter cette ambassade sans votre présence. Ne voyez pas cela comme une insulte, comprenez comme je vous ai compris : mon peuple est fier, tout comme moi. Et les mains tendues demandent à être saisies avec vigueur, et à pleine main, et vous ne m’offrez qu’un doigt. Sachez ceci : je vous remercie vous, conseillère, de vous proposer en ambassade afin de distiller vos connaissances qui sont importantes pour nos accords, et pour mon peuple. Mais je ne peux accepter, pour le bien de nos accords, que vous soyez la seule à venir en ambassade, quand mon peuple à besoin de voir un geste franc de votre part. Lorsque vous, régent Enimë, ou votre souverain Artion, pourrez faire acte de pèlerinage dans le Lörn, et venir en ambassade à Lante, alors, je vous accueillerais à bras ouverts et avec tous les honneurs des Nains, car le peuple verrait en votre présence, une main forte saisissant la nôtre tendue depuis plusieurs années. J’espère que vous me comprenez. Les choses étaient dites. Harald s’attendait à une vive réaction de la part du prêtre, qui fut, jusqu’ici, le plus prompt à réagir avec des mots plus que mal choisis. Il comptait aussi sur la sagesse du Régent, et sur son intelligence, afin de comprendre le besoin des Nains de recevoir, et non plus uniquement de donner.
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