Sous un feuillage de bronze | Enimë & Mac

2ème jour de la 7ème ennéade
Hiver, Karfis de l'An 18:XI

Comment s'était-elle retrouvée là ? La petite elfe n'était pas certaine de le savoir. La Symphonie ici résonnait d'une manière différente. Elle qui se laissait porter par les chants, elle pensait avoir fini par percer le secret de leur message... avant de finalement se retrouver aux portes d'une cité. Une cité qu'elle ne connaissait pas. Partagée entre curiosité, attrait des voix et répulsion dans les regards des Taledhels, elle était finalement entrée.

Les elfes ne faisaient pas de mal aux elfes. S'était-elle dit.

Pourtant, les mines qui se tournaient vers elle n'étaient guère accueillantes. Entre indifférence, dédain et mépris, elle ne savait ce qui était le pire. Elle ne se sentait pas à sa place... Comme étrangère. Elle avait déjà éprouvé ce sentiment en croisant les regards des autres mais elle ne se souvenait pas avoir déjà vu s'y associer la colère... et même une certaine forme de malveillance.
Errant entre rues et îles, la petite elfe n'avait pas conscience de l'image qu'elle renvoyait d'elle. A bien la regarder, il était difficile de savoir si elle était citadine ou sauvageonne. Elle portait toujours les vêtements qu'on lui avait donné à la Quatrième Saison mais s'était ajouté depuis bon nombre d'ornementations et de tissus Noss depuis. Elle ressemblait aux deux factions, comme si elle s'était approprié les deux ou n'arrivait pas à faire son choix. A moins qu'elle ne soit en pleine transition. Dans tous les cas, les habitants de cette cité la voyaient d'un mauvais œil et elle se sentait plus mal à l'aise de d'ordinaire...

Ciryië passa près d'un arbre et leva la tête pour mieux observer ses feuilles. Elle en avait vu quelques uns comme celui-là sur sa route. C'était un arbre persistant mais sans épines... En soi, ce phénomène était déjà étrange. Mais ce qui l'était plus encore, c'était la couleur de son feuillage qui était paré de bronze.
Les yeux vers le ciel, la petite elfe fut contrainte de subitement revenir sur tête alors qu'une douleur lui assaillait l'épaule.

-Tu peux pas regardé devant toi, sauvage ?!

La jeune femme posa sur l'homme de deux mètres un regard à la fois surpris et décontenancé.

-Pardon ?... Fit-elle, perturbée par son ton agressif et la façon dont il avait eu de l'appeler.
-C'est pas une façon de s'excuser ça !

Ciryië restait figée devant son interlocuteur. Elle ne comprenait pas... Qu'avait-il ? Était-il de mauvaise humeur ? Il ne s'emportait tout de même pas pour une inattention de sa part ?
La situation la plongeait dans une telle confusion qu'elle ne savait plus comment réagir et ressemblait presque à la petite Macabre, posa sur les autres un regard interdit et presque impassible.

-Alors ? J'attends ! S'énerva l'homme.

Ethyline était grande, même parmi son espècre, plus de deux mètres. Une silhouette toute en élégance qui lui permettait d'apprécier les feuillages, les fleurs et les fruits des arbres dont elle avait la charge. Rien de ce qui croissait dans en hauteur n'avait de secret pour elle. Elle était versée dans l'art de guérir et de nourrir bien sûr, et c'était bien là son activité principale. Mais elle avait également à son arc un attrait tout particulier pour cette science obscure que constituaient les poisons.

Cette connaissance, associée à une langue acérée, parfois venimeuse, lui avait valu un surnom auprès de ses détracteurs: l'empoisonneuse. La réalité en était moins impressionnante. Ethyline avait certes une connaissance de la synthèse des décoctions, poudres et emplâtres nocifs mais surtout pour y apporter un antidote. Ses compétences et celles des autres herboristes qu'elle représentait au Conseil avait apporté une aide non négligeable pour réparer les dégâts des corps mutilé des batailles d'Eraison.

D'un pas altier, à peine gênée par l'eau glacée, elle traversa le Menros pour revenir vers sa demeure sur l'île de Malereg. Un boisseau d'Hamamélis avec ses fleurs jaunes caractéristiques reposait au creux de son bras. La plante avait vocation de rejoindre l'impressionnante réserve de remède hivernaux jalousement conservé entre les racines des arbres. Depuis presque trente ans, les conflits n'avaient de cesse de revenir comme la marée avec leur lot de malheurs. Il leur fallait se préparer au pire et plus encore à le guérir.

Elle se remémorait patiemment ses propriétés propres sur la cicatrisation, l'inflammation et la circulation lorsque les bruits d'une altercation la tirèrent de ses rêveries.

« Tu peux pas regardé devant toi, sauvage ?! »

Seravilë... il n'y avait pas grand chose à connaître de cet elfe. Le seul élément notoire qui était revenu aux oreilles du Conseil, était sa propension belliqueuse à l'égard des Noss. Le dédain était chose courante dans la cité pour les Elfes sauvages. Mais lui faisait partie de ceux que l'Intendant et certains autres conseillers tenaient à l'œil. Ses excès avaient déjà mis à mal les relations au combien tendue entre Ornedhels et Taledhels au sain de leur protectorat.

Elle pouvait imaginer sans peine que c'était l'aspect de la petite elfe qui l'avait amené à élever la voix. Une bien curieuse petite d'ailleurs. Dont les grigris et amulettes étaient de facture primitive, mais sous lesquels une étoffe raffinée rappelait un art du tissage et des fibres que seuls certains tisserands des cités pouvaient utiliser. A la regarder, il était évident qu'elle n'était pas de la cité, ni même de cette région de la Prime Forêt.

« Alors? J'attends… »

« Et qu'attends tu exactement Seravilë? Que le sens de l'hospitalité te viennent comme un don de la Mère? Ou que quelqu'un t'empêche de molester une des nôtres? »

Le regard de braise du colérique se heurta au vert impassible de son iris. Sa grande silhouette doucha les velléités de l'importun.

« Dame Ethyline, je… »

« Retourne à ta forge. Il y a encore fort à faire, il me semble, et le prochain convoie pour Eldarinwa part dans quelques jours.  »

Il sembla hésiter un instant. Jeta un regard hautain à la petite Elfe, avant de s'incliner et de s'en venir vers le pont de pierre. Il n'avait déjà plus son attention. A peine une distraite pensée sur le fantôme d'une guerre fratricide qui menaçait la cité un peu plus chaque jour. Un sourire très doux éclaira son regard lorsqu'il se posa sur la petite Elfe. Ses yeux vert, eux, ne souriaient pas, ils analysaient.

« Il n'est pas sage d'arborer autant de signe des tribus de l'Œuvre au sein d'une cité, ma jeune amie. Tu ne m'as pas l'air de venir d'ici. Comment t'appelles tu? »

Ciryië se retourna vers la voix salvatrice et assista à la scène, un peu médusée. La dame chassa l'importun avec fermeté et politesse en même temps. Mais elle y parvint néanmoins et l'homme s'en alla sans demander son reste. Comment avait-elle fait cela ?! C'était presque prodigieux pour quelqu'un qui ne comprenait pas encore toutes les subtilités des relations sociales. Elle ne comprenait pas ce qu'il venait de se jouer devant elle. Elle était pourtant au cœur de cette conversation mais l'agressivité de l'inconnu avait tellement surprise qu'elle avait repris les réactions de la pauvre Macabre durant quelques minutes.
La fameuse Ethyline s'adressa finalement à elle et la petite elfe détacha son regard de la silhouette qui s'éloignait d'elles pour reporter son attention sur sa sauveuse. Elle regarda sa tenue, savant mélange de deux cultures si opposées dans leurs principes et leurs modes de vie. Oui, elle portait quelques petites choses qu'elle tenait du clan d'Eryndir... et alors ?

-Non. Je... La jeune fille dût prendre un instant pour réfléchir à la question qu'on venait de lui poser, comme si elle n'était plus certaine de la réponse. Ciryië... Ciryië Las'Danir.

Qui ne connaissait pas ce nom de famille ? Et qui n'avait pas entendu parler de la bien triste histoire de la petite sœur du Toer Tamindal. Parmi les Noss, elle était telle une anonyme. Parmi les Taledhels en revanche... Son peuple avait bien failli la perdre par deux fois. Fenris, dernier fils de la noble famille des Nöldorion de Malereg, avait lui-même fait voyager la nouvelle de sa seconde disparition quelques années plus tôt à travers son rapport qui émanait des frontières de l'Annon. Les drows l'avaient reprise. Et voilà qu'elle était de retour dans la région la plus ancienne d'Anaëh sous un aspect aussi étrange que la couleur de ses iris grises qui rappelait la pierre de manière fort peu naturelle.

-Qu'est-ce qu'il vient de ce passer ? Je croyais que les elfes ne se faisaient pas de mal entre eux ? Et où je suis ?

Tant de questions. Dans ses pérégrinations, elle s'était quelque peu égarée... Mais pas dans le sens où elle avait perdu la trace de sa route car elle n'en suivait aucune. Cependant, la Symphonie était quelque peu perturbante ici et l'avait induite en erreur. Elle regarda autour d'elle, comme si elle cherchait son chemin.

-Je ne devrais pas être en ville mais les Voix sont différentes ici...

Ethyline regarda la jeune elfe, au premier abord incapable de prononcer un mot tant cette innocence l'avait sidérée. Les récents événements en Eterniril n'avaient pourtant pas cessé de faire écho dans la forêt. Cette petite semblait ailleurs. Elle ne savait pas encore si elle devait s'en inquiéter ou laisser libre cours à sa curiosité.

« En théorie, oui, nous sommes censé ne formé qu'une seule race, un seul peuple. Mais force est de constater que les différences entre ceux des cité et ceux des Noss n'ont de cesse de creuser l'écart. Pour le moment la cohabitation est pacifique dans notre protectorat. Mais les récents mouvements de population, la proximité de la guerre et les relation avec l'extérieur ont avivé les tensions. Certains parmi les Taledhels estiment que les Ornedhels n'ont plus droit de cité et ne sont que des sauvages. D'autres voient en eux une menace, envers leur mode de vie ou leur confort. Ces derniers sont les plus nombreux. Le temps à creuser les écarts, la différence a fait naître l'incompréhension, de cela est venue l'ignorance et donc la peur. Et lorsque l'on a affaire à un elfe moins instruit ou plus sanguin, la violence n'est pas à exclure. Celui-ci tend à un niveau de perfection dans ces deux domaines… »

La menace envers leur mode de vie était sans doute le plus gros sujet de tension. D'un coté comme de l'autre était née l'incompréhension sur ce sujet. Comment ramener l'autre à la vérité, si celui-ci ne pouvait la voir? En leur position de conseiller, ils avaient été nombreux à soutenir la politique du Statu Quo. Faute de pouvoir trouver une réponse à ces questions, ils se donneraient le temps d'y réfléchir. En théorie, cela avait plus ou moins fonctionné depuis déjà plusieurs années.

Mais dans la pratique, la tension était palpable. Plus encore depuis l'abandon d'Eldarinwa et sa conversion en citadelle frontalière. L'acheminement des ressources, les travaux et aménagement, et même simplement les migrations des elfes de la cité, étaient autant de points de clivage, de sujets de débat ou de situations houleuse. Jusque là le dialogue avait été efficace, mais il n'était pas exclus que, dans un futur proche, il faudrait penser d'autres mesures…

« Je t'avoue que je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire lorsque tu parles des voix. Pourquoi ne devrais-tu pas être en ville? »

Ethyline aimait comprendre les choses, en particulier lorsqu'elles étaient étranges et lorsqu'il s'agissait de "sa" cité. Elle n'aimait pas l'imprévu, elle n'aimait pas l'insécurité. Sans être obsédée par le contrôle, elle estimait relever de son devoir de limiter l'incontrôlable.

La petite elfe écouta attentivement celle qui venait de la défendre mais son regard se perdit dans le vide. En fait, elle avait déjà vu des elfes se faire du mal entre eux. Hiradrillon était mort là-bas. Elle avait remarqué le regard de celui qui en avait été la cause mais elle n'avait pas compris ce jour-là. A présent, elle était capable de lire sur ce visage gravé dans sa mémoire la stupeur, l'horreur et la culpabilité. Il n'avait pas voulu que cela arrive... Contrairement à la femme aux pouvoirs mystiques à ses côtés qui, elle, était tout à fait consciente de ce qu'elle faisait.

Cet homme-ci l'avait seulement agressée verbalement mais c'était la première fois qu'on lui parlait ainsi et qu'on tentait de s'en prendre à elle. Jusque là, on l'avait simplement regardée de travers, évitée ou ignorée. C'était plus difficile de se mêler vraiment à la foule et d'exister réellement aux yeux des autres. Elle ne s'attendait pas à une telle réaction et c'était ce qui l'avait choquée, bien qu'elle ne se soit pas sentie en danger.

-Alors... Je suis une Noss ?

La question avait de quoi surprendre tandis qu'elle se tournait vers la Dame, l'interrogeant les sourcils froncés par la confusion. Elle-même ne savait plus vraiment qui elle était ni ce qu'elle était. On reconnaissait en elle les caractéristiques des deux peuples d'Anaëh. Elle cherchait sa voie mais tout était si récent qu'elle était bien incapable de se définir pour le moment encore.

Ethyline ne comprit pas ce qu'elle voulait dire par "les Voix". Mais elle avait tellement pris l'habitude de les appeler ainsi pendant plusieurs ennéades qu'elle devait encore apprendre à leur rendre leur vrai nom.

-La Symphonie. Elle ne m'est pas encore... très familière mais elle ne produit pas les mêmes sons ici. Et elle m'a toujours gardée dans la forêt jusque là.

La raison de sa présence en ville était un mystère pour la petite elfe. Durant le mois qui venait de s'écouler, chaque fois qu'elle s'était simplement laissée porter par la mélodie, elle n'avait rencontré aucun chemin, aucune route, aucune cité. Elle n'allait que là où la forêt voulait bien l'emporter, ignorant où elle allait exactement mais poursuivant sa route aveuglément. Comme si Anaëh voulait lui montrer quelque chose... Mais elle n'avait aucun moyen d'en être certaine alors elle n'avait soumis cette idée à personne pour le moment.

-Cet homme vous respecte. Dit-elle en revenant sur son agresseur. Qui êtes-vous ?

Ethyline fronça les sourcils imperceptiblement. Mais ce fut avec un sourire qu'elle voulait sincère qu'elle répondit à sa question. Il en fallait beaucoup pour la désarçonner. Du moins sur un sujet aussi trivial.

« Si tu appartiens ou non à une Noss, je pense honnêtement que tu devrais être la première personne au courant. Il me semble que ton histoire mérite d'être entendue et je serais curieuse d'en apprendre davantage. »

Elle ponctua sa phrase d'un des ses rires cristallins. Il fallait dire qu'en elle subsistait encore une gaieté et une joie qui semblaient venir des jours anciens, d'avant les conflits internes et les grosses cicatrices qui labouraient la Prime Forêt. Une parcelle d'innocence que le contact des plantes avait su préserver.

« Je me nomme Ethyline, de la famille Dorvaniel, une des anciennes famille de la cité. Cet importun que tu as vu me doit le respect parce que je siège au Conseil de cette cité. En cette qualité, je me suis engagée à défendre et œuvrer pour l'intérêt de Malereg et de ceux que je représente. En contre partie, mes administrés me doivent un certain respect et une certaine déférence. »

Elle avait conscience que le cours du temps poursuivait sa course et que cette discussion ne pouvait lui faire oublier ses obligations.

« Malheureusement, cette tâche m'empêche de jouir de mon temps aussi souplement que je le désirerais. Mais si tu le veux bien, tu pourrais m'accompagner jusqu'à ma prochaine destination. Je me rends au palais sur l'île d'Ondolaurë. Nous pourrions en profiter pour discuter quelque peu et pour te trouver un endroit où séjourner. En réparation de cet accueil pour le moins rude, je te considère comme mon invitée. Qu'en penses-tu ? Tu pourrais peut-être m'expliquer d'où tu viens et pour ma part j'essaierai de répondre à tes question sur la cité dont le chant a l'air de te perturber. Il faut dire que les arbres n'ont pas la même vie ici que dans les profondeurs de l'Œuvre. »

La dame lui montra d'un geste ample de son rameau de branche l'île où s'élevait le palais invisible sous les voûtes de Laurenorn que seule perçait la tour de Termalion sur le plus haut relief de la cité.

Ciryië hocha simplement la tête en signe d'accord. Cela faisait un mois maintenant qu'elle n'avait pas dormi avec un toit au-dessus de la tête et goûté au confort d'un lit. Elle se satisfaisait de ce qu'elle parvenait à trouver car elle avait connu tellement pire... Et puis, à la fin de chacune de ses journées, elle parvenait à trouver un recoin à l'abri du froid et disposant de quelque chose lui permettant de jouir d'un tapis de mousse ou de feuilles en guise de couche. Ce n'était donc pas si mal... Mais elle ne semblait pas s'étonner du fait de trouver cela tous les soirs, sans exception...

La petite elfe emboîta donc le pas à la Conseillère sans plus rien dire. Elle ressassait dans son esprit ce qu'il venait de se passer et ce qu'elle venait d'apprendre. Tout en marchant, elle observait cette étonnante cité s'étendant par-delà les terres pour atteindre quelques îles. Autour d'elles, elle notait les yeux qui se posaient sur elle, tantôt curieux, tantôt renfrognés... Même avec ce qu'on lui avait expliqué, elle était surprise et peinait à comprendre l'attitude de certains. Elle tourna son regard une fois de plus dans la direction indiquée par son interlocutrice et, elle avait beau chercher, elle n'y voyait aucun palais. Tout ce qu'elle devinait, c'était le feuillage d'un immense arbre semblable à celui sous lequel elle avait rencontré la Dame. Enfin, elle revint vers cette dernière.

-Où se trouve Malereg exactement ? Elle réalisa alors que sa question pouvait paraître étrange de la part d'une anedhelle dont l'accent ne trahissait aucune autre origine passée. Je... Je ne connais pas bien la géographie d'Anaëh. Avoua-t-elle en ayant l'impression tenace d'avoir commis une bévue en disant cela. Je suis née à Ardamir... mais je ne saurais pas vous dire où elle se trouve. Tout ce que je sais, c'est qu'il y fait plus chaud qu'ici.

Elle n'y avait pas passé tellement de temps mais elle avait rapidement compris que sa région natale était plus tempérée que celle de Tethien où elle avait passé presque dix ans de sa vie. Il y neigeait rarement et les étés étaient bien plus lourds qu'ailleurs, ce qui lui convenait parfaitement étant donné son passé et sa relation très limitée avec le froid.