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Louise de Fernel
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MessageSujet: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMar 10 Nov 2020 - 13:10

Huitième ennéade de Favrius, Elenwënas, XVIIIe année du XIe cycle




La traversée a été aussi épouvantable qu’à l’aller. Des roulis, des remous, des vomissures. Louise n’a décidément pas le pied marin, c’est désormais une certitude. La différence, c’est qu’il n’y a eu personne pour tenir ses cheveux pendant qu'elle vomissait, cette fois. Elle les a tenus elle-même, nettoyant sa cabine sans rechigner, avant de tomber d’épuisement sur son lit. La vie à bord du Caran Deth a été la même qu’à bord du Vol d’Or : des nausées, des repas un jour sur deux à cause de ses crampes d’estomac, quelques passes d’armes sur le pont quand elle a enfin réussi à apprivoiser ses malaises.

C’était avec soulagement qu’elle vit les terres de Péninsule se dérouler sous ses yeux.

La Péninsule. Fernel…Bientôt.

Enguerrand, à ses côtés, avait eu un sourire magnifique. L’homme avait grande hâte de rejoindre le domaine, lui aussi, et Louise comprenait parfaitement cela.

- J’ai fait avertir l’Intendant, Enguerrand. Nous serons bientôt chez nous.

L’homme d’armes n’avait rien répondu, son regard parlait pour lui. Comme celui de Guillaume. Nicholas, lui, restait dans son coin, la mine sombre. Il serait bien resté à Thaar, lui. Il avait quitté le manoir de Rutsi à regrets. Louise, elle, avait eu le cœur étrangement serré en embarquant à bord du Caran Deth. Elle a passé de nombreuses ennéades en compagnie de Dante et l’idée de ne plus avoir sa présence à ses côtés l’a émue, même si elle n’en a rien montré. Elle ne sait pas quand elle le reverra. Elle espère juste qu’il ne se passera pas trop de temps avant leurs prochaines retrouvailles.

Quoiqu’il en soit, lorsque le navire accoste à Chiard, Louise affiche une mine tout à fait apaisée, réglant les paperasses diverses elle-même, confiant à ses hommes la gestion du débarquement des chevaux. Les gens parlent sa langue, elle est comprise du premier coup et si on l’observe, c’est parce qu’elle s’habille comme ses hommes, pas parce qu’elle a un teint de crème sous des voiles transparents. Une remarque déplaisante à son sujet fuse sur la droite, elle tourne la tête et observe l’importun de la tête aux pieds, lentement. L’inconnu, lui, avise l’arme luisante qui brille à sa ceinture, la mine sombre et le regard pénétrant, sans équivoque, de celle qui l’observe sans dire un mot et bat en retraite. Louise reprend sa transaction et la clôture d’une poignée de main.

Les chevaux prêts, les sacs correctement ficelés, Louise grimpe avec la souplesse d’un chat sur le dos de Lasgalen, prenant la tête de sa petite troupe d’un petit claquement de la langue.

La Péninsule.

Sa maison.

Jamais elle n’est restée aussi longtemps éloignée de ses terres et de ses biens, jamais elle n’aurait cru d’ailleurs qu’elle aurait eu le courage d’affronter tout ce qu’elle a affronté, ces dernières ennéades. La faim, la privation, le confort rudimentaire d’une vie sur les routes, loin des velours, des caméristes et des révérences. Une vie de totale liberté, telle qu’elle l’a voulue, avec son cheval, ses hommes. Une vie de découvertes, parfois plaisantes, parfois terriblement déplaisantes, qui ont forgé une nouvelle Louise, bien loin de la gamine innocente et apeurée qu’elle était à son départ. Elazar risque sans doute de frôler l’attaque en percevant ces changements, d’ailleurs, lui qui est si raffiné dans tout ce qu’il fait.

Les livres qu’elle ramène, ses journaux, ont été évidemment édulcorés, sur bien des points. Un sourire en coin s’affiche sur ce visage ravissant. Les dernières pages sont d’un ennui mortel sur papier…alors qu’en réalité elle a passé des heures à découvrir toutes sortes de plaisirs dans une maison dédiée. Un soupir léger lui échappe. Il ne faut pas compter sur ce genre d’endroits à Fernel. Il faudra donc trouver d’autres solutions discrètes pour assouvir ses petits vices.

Lasgalen piaffe d’impatience, renâclant sans arrêt. La main de la châtelaine caresse l’encolure, en parlant dans cette langue qui apaise les chevaux :

- Du calme…Attends d’être en dehors de la ville, l’ami…Je te promets un galop à brides abattues…

Les autres chevaux, derrière, hennissent de concert en entendant cette promesse, provoquant un bruit assez conséquent dans les rues de la ville. A dire vrai, la petite troupe de quatre cavaliers ne passe pas vraiment inaperçue. Les chevaux sont superbes, l’allure générale tout autant, sans parler du fait que le cavalier qui mène est une femme. Drapée dans sa cape de laine bleue, la capuche rabattue sur ses épaules ne cachant rien de sa chevelure roulant librement sa nuque, elle affiche une sérénité qu’elle ne possédait pas en quittant les terres de Papincourt pour Thaar, il y a de cela quelques ennéades.

Ce n’est tout simplement plus la même femme.

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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMer 11 Nov 2020 - 21:17

Aujourd’hui la capitale seigneuriale était en émoi. Une chose pour le moins incongrue et unique s’était déroulée trois jours plus tôt dans le Bois aux Dames. Tu étais partit chasser en compagnie de ce sacré Edgard d’Heucville lors d’un bel après-midi ensoleillé quand l’événement se produisit. Tu pourrais le revivre vingt fois que rien ne changerait…

_ Gaël, je voulais te demander quelque chose… quelque chose d’important…
_ Eh bien que t’arrives-t-il mon ami ? Tu es bien solennel d’un seul coup !
_ Je… hum… accepterais-tu d’être mon témoin de mariage ?
_ Allons grand fou, et qui donc sera ton épouse ? La fille de la Rivoisière ? La mère du Bois ? Ou peut-être Léonie d’Oulages !
_ Roh ce que tu peux être puéril ! J’ai rencontré une femme il y a un mois de cela et nous avons décidé de nous marier.
_ Diantre, c’est qu’il est sérieux le bougre… Qui est l’heureuse élue ?
_ La fille d’un producteur de miel, Maître di Giorgi.
_ Oh je vois très bien, tu n’as pas choisi le plus mauvais parti. Il est l’un des plus gros producteurs, entre ton manoir, ton salaire et sa dot, tu n’auras plus à te soucier de problèmes d’argent jusqu’à la fin de tes jours.


Alors tu acceptas sa requête. L’annonce du mariage fut faite et c’est toute la seigneurie qui fut surprise que cet homme volage daigne se marier pour fonder une famille. Mais c’est qu’il fallait qu’il se dépêche mine de rien… Tu rencontras l’heureuse élue, une femme charmante et tout à fait belle au demeurant. Son père également fut invité dans le palais seigneurial afin de parler organisation. Il n’était pas question d’investir un seul écu dans ce mariage en revanche tu reçus une demande tout à fait imprévue de la part des trois bougres. Le Maître artisan se mit à évoquer son affaire, sa production de miel et ses désirs d’en exporter toujours plus. Tu ne pouvais que l’encourager à développer son commerce mais à peine avais-tu prononcé ces mots qu’il les utilisa contre toi.

Maître di Giorgi t’expliqua de but en blanc qu’il désirait mettre la main sur des colonies de Falafeor réputés pour leur miel bien meilleur que son homologue produit par des abeilles et aux vertus médicales prouvées. Pour cela, il devait recevoir ta permission pour récolter ces créatures sur des terres ne lui appartenant pas. Après moult réflexions, tu lui accordas sur le territoire missédois à une seule condition. Un quart des colonies rapportées te reviendraient. L’homme accepta et la soirée se termina peu après, comme si le mariage n’avait été accepté que pour accomplir ce dessein.

Mais la nuit tombée, tu te mis à te questionner sur ces Falafeor et sur les bénéfices possibles que la production de leur miel en grande quantité pourrait t’apporter. Tu te rappelas les paroles de ta grande sœur qui glorifiait le miel estréventin comme meilleur que le tiens. Insupportable. Alors tu caressas l’idée d’en récupérer pour ton compte afin d’en équiper tes manoirs et de doper leur rentabilité. Dès le lendemain, tu te renseigneras sur ces bêtes.

Le matin même, un oiseau fut envoyé à Missède pour demander aux bibliothécaires de trouver un maximum d’informations en un minimum de temps sur les Falafeor. Vingt-quatre heures plus tard, le rapport tomba et il indiquait que ces bestioles étaient relativement communes dans le Royaume. Elles vivaient dans des lieux boisés et se montraient craintives à l’égard des hommes. Capturer une reine ne sera pas chose aisée mais ce sera certainement plus facile que de mener une guerre…

Elenwënas débutait, tu t’étais levé aux aurores pour préparer l’expédition qui ne partira pas bien loin. Direction l’Ogne pour ratisser ces bois à la recherche du Graal du moment. Tu ordonnas à quelques valets et autres pisteurs de rassembler des apiculteurs compétents ainsi que le matériel nécessaire à cette quête. Au cœur de l’après-midi, vous vous rassemblez aux portes de Chiard. Une troupe hétéroclite de trente personnes et de vingt chevaliers finalisaient leurs préparatifs tandis que tu échangeais avec le Maître apiculteur responsable du groupe. On ne pouvait pas te rater dans tes atours bleus et blancs brodés d’argent.

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeJeu 12 Nov 2020 - 9:33


Ce que Louise et son escorte ne peuvent rater, c’est surtout cet attroupement aux portes de la ville, bloquant les allées et venues des gens, des chevaux, des charrettes diverses. Considérablement ralentis, les quatre cavaliers prennent patience. Ce qui n’est pas le cas de leurs montures. Galvanisés par la promesse un peu plus tôt énoncée, ils renâclent, ils frappent le sol pavé de leurs sabots, ils s’agitent. Louise fronce un instant les sourcils, toujours en passant patiemment une main légère sur l’encolure de Lasgalen.

- Du calme…Nous y sommes bientôt…Du calme

Derrière, Enguerrand, Guillaume et Nicholas accordent à leurs amis les mêmes caresses et à peu près les mêmes paroles de réconfort et de patience. Toutefois, Enguerrand avance, se plaçant aux côtés de Louise qui a l’œil fixé sur la sortie de la ville. Elle désigne l’attroupement de cavaliers d’un geste de la tête.

- Voilà la cause de notre ralentissement.
- Curieux endroit pour se rassembler.
- En effet.


Elle a un regard pour son maître d’armes, avant de hausser légèrement les épaules. Il semble soudain que la circulation se fluidifie. D’un claquement de la langue, elle réinstaure le mouvement et entraîne la petite troupe vers la sortie, maîtrisant son cheval qui s’agite bien trop à son goût.

- Il y a beaucoup de cavaliers, Dame…

Louise a un regard pour toutes ces personnes assemblées là. De très beaux chevaux, admirablement entretenus et soignés. Les cavaliers semblent également convenablement traités. Son regard glisse vers un jeune homme tout de bleu, de blanc et d’argent vêtu. Son visage ne lui est pas inconnu, comme pourrait l’être celui d’un quidam remarquable croisé au hasard des rues. Déjà, elle se détourne et attend qu’une charrette veuille bien se pousser pour laisser le passage à tout le monde. Une inspiration d’exaspération soulève un instant sa poitrine, mais elle ne dit rien. Elle observe la manœuvre.

- Dame…Regardez l’essieu…
- Il a chargé bien trop de choses sur le plateau, l’imbécile.
- S’il se fend en deux…Les chevaux…

Visiblement, personne ne semble avoir remarqué l’évidence. L’essieu est fendu, juste sous les fesses du conducteur. Si le banc vient à céder lui aussi, les animaux seront blessés ou effrayés. Et s’ils s’emballent, ils risquent de provoquer des dégâts dans une foule aussi dense. Louise passe une main sur son visage avant d’aviser tous les cavaliers là-bas qui n’ont rien vu, probablement inconscients de la gêne qu’ils occasionnent. Enguerrand, lui, observe Louise.

- Voulez-vous que j’intervienne ?
- Non. Je vais le faire moi-même. Gardez les rênes, je reviens.

La petite silhouette drapée de laine bleue se réceptionne en souplesse sur le sol pour se diriger vers le conducteur de la charrette qui ne voit pas où se trouve le souci. S’ensuit une conversation plutôt animée au cours de laquelle des mots fusent, peu aimables et impossible à retranscrire ici sans provoquer un certain malaise. Visiblement le charretier utilise un vocabulaire qui lui est propre, des mots auxquels Louise ne répond pas grand-chose, jusqu’à ce qu’un « crac » sonore se fasse entendre. Les deux chevaux attachés à la charrette hennissent de frayeur. Enguerrand se redresse, inquiet, jusqu’à ce qu’il voie une brillance argentée s’abattre sur les liens qui retiennent les chevaux. Louise vient de trancher le cuir en quelques instants, avant de parler dans cette langue qui apaise les montures. Il y a un mouvement de foule, le charretier crie de toute sa voix, en se plaignant d’avoir perdu sa marchandise. Louise, elle, calme les chevaux et finit par regarder le charretier, peu aimable :

- Vous avez toujours vos chevaux, un essieu se répare, des marchandises, ça se rachète. Cessez de vous plaindre. S’ils avaient rué dans la foule, vous auriez des morts sur la conscience, imbécile.

Enguerrand se détend et sourit en coin. Tout comme Guillaume et Nicholas.
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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMar 17 Nov 2020 - 13:55

Une charrette venait d’être remplie de ruches et de filets quand un vacarme se produisit à une vingtaine de mètres de toi. Par réflexe, tu sursautas et tes yeux se posèrent sur la source du boucan. Cela aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter l’embrouille qui s’en suivit. L’homme, déçu et passablement énervé d’avoir subi des dommages donne de la voix. La foule s’approche ou s’éloigne en fonction des affinités de chacun jusqu’à ce que la victime de l’incident ne reconnaisse les armoiries de tes atours.

_ Mon seigneur, mon seigneur ! Avez-vous vu cela ? Je réclame votre éclairée justice.

Les dizaines d’yeux fuirent le commerçant pour ton visage. Tu étais juché sur la charrette afin de mieux voir l’événement et nul doute que la femme à la peau claire en était la cause. Tu soupiras doucement pour que nul n’entende bien que tous aient deviné. Tu descends de ton promontoire pour t’approcher de l’accusée. Ta démarche trahie l’impatience qui t’anime à terminer cette pénible tâche pour partir en quête de miel. Tu t’arrêtes à quelques mètres de Louise, plisse les yeux quelques instants et entrouvre les lèvres.

_ Fernel.

La réaction de l’intéressée t’encouragea à poursuivre sur cette voie avec un sourire à peine dissimulé.

_ Je ne pensais point vous revoir sur mes terres après votre disparition à Scylla.

Disparition était un grand mot, disons plutôt qu’il n’avait pont cherché à savoir ce qu’elle était devenue. Déjà parce que cela ne se faisait point pour un homme marié et qui plus est, père. Ensuite parce que l’intérêt que tu pus avoir pour elle, fana bien vite face au peu de réaction qu’elle pu avoir. Mais il n’était pas l’heure de ressasser le passé, pas encore. Tu poses ton regard sur le marchand.

_ Rends-toi dans la guilde qui t’emploie mon brave. Fais-en un rapport détaillé et qu’elle m’écrive personnellement. Les dommages te seront remboursés à l’écu près.
_ Puisse Néera et Sainte Aliénor vous bénir mon Seigneur.
_ Puissent-elles tous nous bénir.


S’en suit un signe réalisé par absolument toutes les personnes ayant pu entendre tes paroles, toi le premier. La vie pouvait reprendre son cours comme si de rien n’était.

_ Je vous ai connu plus discrète, est-ce l’air de la mer qui vous débride ?

Tu lui souris de cet air taquin qui te va si bien. Tu la dominais d’une bonne tête, peut-être même deux. Elle paraissait plus jeune que tu ne l’es, peut être dix-huit ou dix-neuf années, qui sait ?

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMer 18 Nov 2020 - 15:27


Toujours à pérorer, toujours à se plaindre. Soit. Elle continue d’apaiser les chevaux, sans plus se soucier du charretier qui appelle à grands cris un seigneur. Grand bien lui fasse. Les animaux, eux, semblent enfin se détendre, sous ses mains, alors même qu’un homme plutôt grand, cet homme remarqué un peu plus tôt, se tient à présent sur ce qui fut autrefois une charrette en bon état de fonctionnement. Elle sait qu’elle l’a déjà vu, mais où ? Impossible de s’en souvenir, ces derniers mois ont été une succession de rencontres, agréables ou non.

Il approche, elle l’observe sans ciller, la main toujours posée sur l’encolure d’un animal qui ne bouge plus. Derrière elle, trois cavaliers viennent de mettre pieds à terre pour se rapprocher de Louise qui hausse un sourcil en entendant le nom de sa seigneurie prononcé de cette façon. Elle ne lui est donc pas inconnue.

« Ses » terres ? Scylla ?

Le mariage. Oui évidemment. Elle lui rend son sourire, furtif, avant de répondre, d’une voix tranquille :

- Je n’ai pas disparu, j’ai profité d’une opportunité.

Elle se souvient maintenant. Cet homme était au Temple, lors de ce mariage à Papincourt. C’est d’ailleurs le seul à l’avoir saluée ce jour-là, de loin, avant qu’elle ne prenne place derrière tous les grands de ce monde, en compagnie de Dante. Cela lui semble tellement loin, désormais…

Louise écoute distraitement le petit échange qui a cours entre le charretier et son seigneur, avant de faire comme toutes les personnes présentes, un petit signe rapidement exécuté sans aucune conviction. Elle confie les deux chevaux à leur maître, non sans lui avoir jeté un regard glacial, puis reporte son attention sur son interlocuteur, levant quelque peu la tête pour reprendre la conversation, pas impressionnée du tout.

- On débride un animal, Monseigneur. Ce que je ne suis pas.

Elle replace ses gants de cuir correctement, de l’air le plus tranquille du monde, avant de saisir les rênes de son cheval, tendus par Enguerrand qui salue respectueusement le Seigneur, tout comme les deux autres hommes, fixes à côté de leur monture.

- Pour le surplus, cet homme est un menteur et un coquin qui vient de vous entourlouper de la plus honteuse des façons. Il a chargé le plateau sans aucun respect pour la voirie, et encore moins pour ses chevaux qui auraient pu se blesser ou s’effrayer. Si je n’avais pas coupé les liens, il y aurait probablement des morts là même où vous vous tenez.

Louise caresse Lasgalen, avec un sourire tendre. Le cheval est nerveux et renâcle. Elle le console comme elle peut en lui parlant en cette langue douce et chantante qui l’apaise, momentanément.

- Nous ne faisons que traverser vos terres, mes hommes et moi, je suis en chemin vers Fernel. Je rentre chez moi…, un concert de hennissements se fait entendre, ce qui la fait rire,…nous rentrons chez nous après de très longues ennéades de voyage sur les routes de Péninsule et d’Estrevent.

Un regard rapide vers la troupe qui attend et qui les observe là-bas, tendant le cou pour mieux voir. Un petit sourire malicieux s’affiche sur son visage tandis qu’elle ajoute :

- Il semble que vous montiez vous-même une expédition…Et que vos hommes vous attendent, Monseigneur.


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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeVen 20 Nov 2020 - 17:18

_ Je n’ai pas disparu, j’ai profité d’une opportunité.

Voyez donc cela. ‘Une opportunité’. Il serait un brin provocateur et peu digne d’un noble chevalier que de demander de plus amples informations. L’indiscrétion n’est pas très bien vue dans les contrées nordiennes hélas. Tu laisses s’écouler la suite sans répondre à sa petite remarque sur sa non-appartenance au règne animal. Répondre aurait-été inopportun et aurait peut-être causé un incident diplomatique. Autant rester sur ses gardes. Elle replace ses gants de cuir avec un flegme digne d’une dame, avant de saisir les rênes de son cheval.

_ Pour le surplus, cet homme est un menteur et un coquin qui vient de vous entourlouper de la plus honteuse des façons. Il a chargé le plateau sans aucun respect pour la voirie, et encore moins pour ses chevaux qui auraient pu se blesser ou s’effrayer. Si je n’avais pas coupé les liens, il y aurait probablement des morts là même où vous vous tenez.

L’homme devait-il respecter le cheval ? Tu ne le penses pas. Oh certes, la femme pouvait être émotive et sensible mais l’homme devait-il l’être ? Lui qui se bat sur le dos de sa monture ou tire son chariot pour nourrir sa famille ? La sensibilité est peut-être le luxe des femmes et des hommes qui s’attachent aux choses futiles à défaut d’avoir connu la mort, la faim ou le désespoir. Mais tu n’oses étaler cette pensée ici car tu étais certain qu’elle serait mal accueillie. Alors tu feins théâtralement la tragédie en fermant les yeux et levant la paume de ta main vers le ciel pour aborder un sujet radicalement différent.

_ Et si je ne lui avais point promis quelques piécettes, il se serait plein du laxisme de son sire. L’Homme est ainsi, il lui faut un coupable, un bouc émissaire, une personne sur laquelle déverser sa haine et se dédouaner de ses fautes.

Gouverner n’est pas simple et il est nécessaire d’alterner les prises de position. Parfois rude, parfois flexible, tu jongles entre l’autorité et la souplesse pour ne jamais pencher d’un côté ou de l’autre. Chiard étant à la croisée des mondes, il n’est pas rare que des idées libérales d’Estrévent ne viennent se heurter aux castes établies et provoquer quelques tensions dans les tavernes.  

_ Nous ne faisons que traverser vos terres, mes hommes et moi, je suis en chemin vers Fernel. Je rentre chez moi. Nous rentrons chez nous après de très longues ennéades de voyage sur les routes de Péninsule et d’Estrevent.

Cela faisait plus d’un mois que tu n’avais pas mis les pieds en Estrévent pour la plus grande joie de Linaëlle et de tes vassaux. Mais ce pays te manquait. Ses odeurs, ses couleurs, son exotisme en un mot. Pourrais-tu y vivre comme ta sœur y vit ? Tu en doutes. Mais une chose est sûre, tu portes ces cités et leur paysage dans ton cœur. Pourrait-on te qualifier d’Ithri’Vanophile ? Possiblement.

_ Nous prenons également la route pour aller à la chasse au miel, l’idée que nous fassions un bout de chemin ensemble vous déplairait-elle ? On raconte que les Nordiens sont d’excellents cavaliers et voilà bien longtemps que ma monture n’a plus galopée.

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeVen 20 Nov 2020 - 20:33


- Peut-être…au lieu de se plaindre de votre laxisme, il ira tout simplement se vanter et dépeindre avec quelle facilité il vous a roulé. Un homme qui n’a pas de respect pour son seigneur n’est pas digne qu’on lui accorde le moindre crédit. Et cet homme n’en a eu aucun pour vous, c’est une certitude.

Le tout est dit avec un calme parfait, d’un ton égal, sans le moindre ton hautain ou condescendant. Il s’agit juste d’une observation formulée à voix haute, une constatation tout à fait placide et flegmatique de la situation. Cela étant, il ne s’agit pas de ses terres, il ne s’agit pas de ses pièces, elle ne fait que passer, après tout, donc elle n’en dit pas davantage, se contentant de sourire poliment. Il serait bien malvenu de débattre de façons de gouverner en plein milieu d’un endroit très fréquenté. D’autant plus que ce sont eux, désormais, qui bloquent le passage, même si personne n’ose ouvertement se plaindre de leur causerie qui gêne absolument tout le monde.

Lasgalen agite la tête de bas en haut, renâclant de plus belle, à cause de la proximité mouvante de cette foule qui l’indispose quelque peu. Louise, elle, observe à son tour la troupe qui se trouve tout près d’eux et réfléchit rapidement à la proposition faite.

Ce serait l’occasion de discuter et de passer quelques moments loin du protocole en compagnie d’un membre de la noblesse péninsulaire, du moins autre que son propre père. Depuis son départ de Fernel, il y a de cela maintenant de longues ennéades, elle n’a pas pu passer la moindre minute en compagnie d’un de ses semblables. Et pourtant c’est également pour cela qu’elle a entrepris ce long voyage, même si ce n’était pas du tout son but premier. L’occasion est donc bien belle d’échanger un peu, de discuter et – qui sait ? – établir de cordiales relations entre deux terres qui sont éloignées l’une de l’autre.

Dépendamment du chemin pris, ils auront juste deux ou trois jours de retard, ce qui à l’échelle de leur voyage, est une broutille. Pourtant, Louise se tourne vers ses hommes. Eux sont bien plus impatients de rentrer qu’elle ne l’est elle-même. Ils ont des familles, des enfants et Nicholas a un père qui sera sans doute heureux de le revoir même si le garçon tire une tête de deux pieds de long à l’idée de rentrer à Fernel. Enguerrand et Guillaume incline la tête, subtilement. Louise leur sourit et reporte ensuite son attention sur le seigneur de Chiard.

- Cela ne me déplaît pas le moins du monde. Je suis tout à fait curieuse de voir ce que vous entendez par « chasse au miel ». Quant à ce qu’on raconte…

Un sourire magnifique et espiègle illumine – enfin – ce jeune visage. Une lueur de malice pétille même sans ses yeux qui jaugent le seigneur sans la moindre retenue, avec un soupçon d’effronterie.

- …il vous appartiendra d’en juger.

Louise a un rire léger avant de parler à son cheval, en cette langue étrange, lui qui dresse les oreilles, en soufflant fort par les naseaux :

- Un galop à plusieurs…Cela te convient-il, mon ami ?

Un hennissement suivi de trois autres s’élèvent sur le chemin. La châtelaine tapote l’encolure de sa monture et sourit plus encore :

- Voilà qui sonne comme un assentiment. Nous devrions nous déplacer, nous gênons le passage.

Louise attendra pourtant que son interlocuteur initie la marche pour le suivre, tenant toujours les rênes de son cheval. Il sera temps de remonter en selle quand le Seigneur de Chiard donnera le départ. En attendant… :

- Puis-je vous demander de quelle façon vous chassez ce miel ? Les abeilles sont certes agressives quand on touche à leur miel mais de là à monter une expédition d’autant d’hommes…On dirait plutôt que vous désirez traquer des bêtes sauvages. Les abeilles de la région seraient donc si féroces ?

Là encore, il s’agit d’une petite espièglerie. Louise n’est pas une de ces dames engoncées dans des manières qui pétrifient et qui empêchent la spontanéité. Au contraire, elle garde un respect des autres tout en demeurant elle-même, en toutes circonstances. Bien entendu, cela lui a valu des remontrances, souvent, quand elle était plus jeune. Cela étant, maintenant qu’elle est son propre maître…les choses sont différentes. En mieux.
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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMar 1 Déc 2020 - 21:38

_ Peut-être…au lieu de se plaindre de votre laxisme, il ira tout simplement se vanter et dépeindre avec quelle facilité il vous a roulé. Un homme qui n’a pas de respect pour son seigneur n’est pas digne qu’on lui accorde le moindre crédit. Et cet homme n’en a eu aucun pour vous, c’est une certitude.

Cela était bien vrai. Il pourrait. Il n’y a pas à dire, régner est parfois difficile. Il y a souvent beaucoup trop de choix à faire. Des bons, beaucoup de mauvais et quelques fois certains qui peuvent être bon au premier coup d’œil mais qui s’annoncent salement mauvais. Être seigneur n’est pas la plus belle des positions, c’est certain. Mais tu es tout aussi certain qu’elle n’est pas la pire. Après tout, c’était toi qui espérais du fond de ton âme que Cécilie te cède le domaine familial, qui serais-tu pour venir cracher dans la soupe aujourd’hui ?

_ Cela ne me déplaît pas le moins du monde. Je suis tout à fait curieuse de voir ce que vous entendez par « chasse au miel ».

Il est vrai qu’habituellement, on récolte le miel. C’est d’ailleurs un produit très prisé et produit par de nombreux manoirs de ta seigneurie. Ces derniers se trouvant exclusivement sur tes terres personnelles car il serait mal venu qu’un vassal ose poser la main sur un bien si précieux. Le doux climat des bords de l’Olienne offre aux abeilles un environnement agréable durant une grande partie de l’année, mais aujourd’hui, ce ne sont point les abeilles qui t’intéresse. Une autre espèce t’appelle de son bourdonnement.

_ Je vous détaillerai tout cela une fois en scelle, je suis certain que votre curiosité sera piquée.

Vous vous déplacez et rejoignez le convoi qui était prêt à partir. Les divers chariots devant transporter ce qui s’apparente à des ruches furent devancés par la moitié des hommes en arme, l’autre moitié fermant la marche. Tu te hisses au sommet de ta monture et rejoins Louise pour chevaucher côte à côte à l’avant du cortège.

_ Puis-je vous demander de quelle façon vous chassez ce miel ? Les abeilles sont certes agressives quand on touche à leur miel mais de là à monter une expédition d’autant d’hommes…On dirait plutôt que vous désirez traquer des bêtes sauvages. Les abeilles de la région seraient donc si féroces ?

Tu baisses la tête et souris avant de te mordiller la lèvre inférieure et de rehausser le regard pour le poser sur le visage du sang bleu. Tu te retenais de rire, c’était évident. L’expédition aurait pu, par son nombre d’hommes et les moyens engagés, se lancer à l’assaut d’un nid de dragons… non.. peut-être pas finalement. Ne voyons pas si grand.

_ Elles pourraient effrayer le dragon vert par leur simple bourdonnement.

Un rictus se dessine sur le côté droit de la commissure de tes lèvres.

_ Connaissez-vous le Falafeor ma Dame ? C’est une petite créature volante à la frontière entre l’insecte et la plante. On raconte que ces bêtes créent un miel exquis d’une qualité pouvant être supérieure aux simples abeilles. Ma seigneurie étant productrice de miel, je ne serais pas contre le développement de ce secteur et des ruches de Falafeor seraient les bienvenues sur mes terres. C’est une espèce assez commune en Péninsule mais très difficile à appréhender du fait de leur camouflage végétal et entre trouver et capturer une colonie et sa reine… il y a un monde… Cela s’annonce laborieux mais je ne suis pas malheureux de sortir de mon donjon pour prendre l’air.

Entre les affaires seigneuriales, baronniales et la naissance de ton enfant, tu ne sais plus où donner de la tête, il y a trop à faire, tout le temps. Tu cours constamment de droite à gauche pour régler des problèmes, planifier le futur ou encore simplement échanger avec tes vassaux. Il n’y a plus une minute qui t’es consacré et cette sortie en plein air est peut-être ce qui te manquait.

_ Peut-être trouverez-vous une heure dans votre voyage pour vous amuser à chasser ces fleurs volantes avant de nous quitter pour le Grand Nord. Ce qui me fait penser… J’ai bien peur d’avoir oublié votre prénom depuis le mariage… Cela me dessert, j’en ai conscience et je vous présente mes excuses.

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMer 2 Déc 2020 - 12:39


C’est désormais le convoi en lui-même qui attire l’attention de la châtelaine. Bien évidemment, elle note la présence des ruches mais également celle des hommes, sans que la moindre émotion ne s’affiche sur son visage. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle ne ressent rien, c’est juste que désormais elle parvient un peu mieux à cacher son ressenti. Être la seule femme au milieu d’une troupe d’hommes est une chose qu’elle sait très bien gérer, puisque c’est son lot quotidien depuis des mois. Cela étant, sa garde personnelle et elle sont en minorité, des étrangers, en ces terres. Alors même si elle garde le sourire et une impeccable dignité, le Seigneur de Chiard peut être certain qu’il a été jaugé, mesuré et évalué d’un regard, tout autant par Louise que par ses hommes, surtout Enguerrand. L’homme d’armes n’est d’ailleurs jamais bien loin de la châtelaine, veillant sur ses pas comme une ombre, même s’il admet qu’elle en a de moins en moins l’utilité. Toutes les leçons d’escrime, les passes d’armes sur tous les sols et en tous temps, les expériences auxquelles elle a fait face ces derniers mois ont fait en sorte que la jeune fille d’apparence fragile et délicate s’est considérablement endurcie. Ce qui est, évidemment, une absolue nécessité quand on est une dame au milieu d’une nuée d’hommes.

Elle se hisse d’un saut, avec la souplesse conférée par l’habitude, sur Lasgalen, tenant les rênes entre ses doigts fins, pour le principe. En réalité, elle dirige sa monture d’une pression de ses jambes sur les flancs ce qui offre une impression de fluidité dans les mouvements du cheval comme de sa cavalière. Elle chevauche en tête du cortège, en compagnie du Seigneur de Chiard, passant une main sur l’encolure de son hongre pour calmer ses ardeurs, non sans avoir observé l’hilarité retenue de son compagnon de chevauchée. Lasgalen, lui, renâcle, il voit l’immense étendue devant lui, elle n’a qu’un mot à souffler pour qu’il entame un galop effréné, elle le sait et elle le sent à cette tension qui parcourt l’immense corps gris perle.

- Je connais le Falaféor, en effet, même si je n’en ai jamais vu un seul de mes propres yeux. Au plus en ai-je vu quelques représentations dans les rouleaux de ma bibliothèque.

Louise écoute avec attention les propos qui lui parviennent, tout en observant les alentours. L’endroit est paisible et beau, pourvu de couleurs qui lui sont familières, loin des ocres, des rouges et des ors flamboyants dans lesquels elle a vécu de nombreuses semaines dans cet autre monde par-delà la mer, Thaar. La vue de toutes ces nuances de vert, ces odeurs de terre foulée par les sabots apportées par une brise douce et fraîche, tout cela lui avait manqué. Un sourire apaisé apparaît sur son visage alors qu’elle reporte son attention sur son compagnon.

- Je comprends mieux pourquoi vous avez mobilisé autant d’hommes. Ce ne sont guère des proies faciles, en effet. Cela étant, le défi est beau et la récompense en serait superbe pour vos terres. Je comprends votre motivation, Seigneur.

Un nouveau renâclement de Lasgalen se fait entendre, calmé d’une main douce et par des paroles que ne comprendra pas celui qui chevauche juste à côté.

- Vous possédez de superbes terres, il est triste de vous enfermer dans votre donjon au lieu d’en profiter. Mais je vous comprends…la vie d’un Seigneur, aussi brillante et aisée soit-elle au regard des autres, n’est pas une vie facile ni même enviable, sur bien des points.

Et s’il y a bien une personne qui peut le comprendre, c’est Louise. Pourtant, elle ne demandera pas ce qui occupe le Seigneur dans son donjon, ce ne sont pas là ses affaires. Tout au plus se permet-elle de donner un conseil, avec un sourire malicieux.

- Une chasse aux fleurs volantes est un excellent moyen de vous sortir de votre routine. Il n’y a plus qu’à espérer que nous en trouverons alors…

Nous. Parce que bien sûr, elle se joint à cette chasse. La curiosité naturelle de Louise la pousse dans cette voie. Elle a entrepris ce très long voyage afin de découvrir le monde. Un peu de beauté et d’aventure en terres familières lui fera, à elle aussi, le plus grand bien.

- Une heure, ce n’est pas suffisant, allons voyons, c’est à peine le temps qu’il faut pour mettre en branle toute votre armée de chasseurs cueilleurs. Le Grand Nord peut m’attendre un jour de plus. Vous avez piqué ma curiosité.

A nouveau, cet air espiègle s’affiche sur son visage. Elle lâche un bref instant les rênes pour enlever la mitaine qui couvre sa main droite et la lui tend, arrêtant son cheval d’un mot.

- Louise de Fernel. Nous n’avons pas été présentés à Papincourt, il n’en reste pas moins que je me souviens de vous, au Temple.  

Une habile roublardise de la part du Seigneur de Chiard, afin de connaître son prénom, ce qui l’amuse beaucoup. Après tout, elle ne connaît pas davantage le prénom de son compagnon de route.

- Vous pouvez m’appeler Louise. Et comment dois-je vous appeler ?

Une fois les présentations faites, la châtelaine ne dit rien pendant quelques secondes puis replace sa mitaine avant de serrer le col de sa cape, les jambes serrées contre les flancs de Lasgalen. Une lueur de défi brille dans ce regard noisette posé sur le Seigneur de Chiard.

- ll est temps pour vous de vérifier ce qu’on raconte à propos des cavaliers du Nord. Et de prendre l’air par la même occasion.

Un petit silence durant lequel les trois hommes de la suite de Louise se regardent, amusés. Un silence soudain interrompu par un doux sifflement émis par la châtelaine, un hennissement sonore et le bruit tonitruant d’une charge initiée par le hongre désormais libre de galoper à bride abattue, heureux. Un rire se fait entendre au milieu de tout ce vacarme, le rire de Louise qui est probablement aussi heureuse que sa monture, libre de chevaucher comme elle l’entend, tout en faisant fi de l’étiquette ou d’une quelconque bienséance, plantant là le Seigneur de Chiard, sans remord.
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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMar 8 Déc 2020 - 9:01

_ Je connais le Falaféor, en effet, même si je n’en ai jamais vu un seul de mes propres yeux. Au plus en ai-je vu quelques représentations dans les rouleaux de ma bibliothèque.

On disait que l’insecte-végétal était beau, que ses couleurs étaient uniques et rayonnantes sous l’astre lumineux. Mais tandis que les ouvrières bénéficiaient d’une description détaillée, la reine était inconnue des yeux du grand public. Était-elle aussi belle que ses enfants ? Quelle taille pouvait-elle bien faire ? Et surtout, était-elle plus dangereuse pour l’Homme que ne l’est le reste de la colonie ? C’est également pour répondre à toutes ces questions que tu te lances dans cette petite expédition. C’est un pas de plus vers le renforcement des collections de la bibliothèque de Missède.

_ Vous possédez de superbes terres, il est triste de vous enfermer dans votre donjon au lieu d’en profiter. Mais je vous comprends…la vie d’un Seigneur, aussi brillante et aisée soit-elle au regard des autres, n’est pas une vie facile ni même enviable, sur bien des points.

Cette seigneurie était sans aucun doute ton petit bout de paradis sur cette terre. Le vent soufflé par l’Olienne chasse les nuages qui auraient l’audace de s’amasser au-dessus du littoral et préserve par la même occasion, un climat doux lors des longs étés. En revanche, les nuits et les hivers sont souvent frais et il n’est pas rare de voir la faune des plaines, se réfugier à l’orée du Bois aux Dames pour se préserver de la brise. La neige reste rare en pleine et cet hiver fut l’exception qui devait confirmer la règle. Tu balayas du regard les vallons grouillants de vie avec un sourire paternel.

_ Cette seigneurie est mon bien le plus cher. J’espère la quitter plus belle et plus rayonnante que je ne l’ai trouvé.

Puis ton regard se pose sur la Nordienne qui te fait l’immense plaisir de t’annoncer vouloir rester en ta compagnie un brin plus longtemps que tu ne l’aurais imaginé. Parfait ! Et puis si tu as piqué sa curiosité, alors là… Une femme curieuse est toujours plus intéressante ! Quelque peu surpris de la voir te tendre sa main, tu fais de même sans cacher ladite surprise.

_ Louise de Fernel. Nous n’avons pas été présentés à Papincourt, il n’en reste pas moins que je me souviens de vous, au Temple. Vous pouvez m’appeler Louise. Et comment dois-je vous appeler ?
_ Gaël de Laval et vous êtes libre de m’appeler de la façon qu’il vous plaira.


Les mains sont serrées, les sourires échangés et chacun se revêtit pour préserver la chaleur. Tu reprends la marche, le dos droit et les mains posées sur ta cuisse droite et sur la scelle du canasson. Tu étais à deux doigts de lui poser la question fatidique sur son mariage -le genre de questions bateaux qui reviennent en permanence chez les sangs bleus- quand elle te prit de court.

_ ll est temps pour vous de vérifier ce qu’on raconte à propos des cavaliers du Nord. Et de prendre l’air par la même occasion.
_ C’est…


Quatre lettres et c’est la débandade, la donzelle se carapate comme un Estrévenin fuirait devant un ost noiraud. Le cheval partit au quart de tour et déjà, les voici à dix, vingt, trente mètres ! Diante, qu’il est rapide ! Ni une, ni deux, une fois la surprise passée et l’humiliation digérée, tu t’élances à ton tour mais l’animal n’est pas échauffé, son départ est relativement lent et la distance entre les deux cavaliers se creuse. Tu t’allonges sur le dos de l’animal pour que ton corps fasse moins de résistance, au loin, tu l’aperçois, grâcieuse et belle. Nul doute qu’elle a passé de longues heures sur son équidé. Ils semblent se connaître sur le bout des doigts et la tâche ici, c’est toi. Bien heureusement, ce sont des terra cognitas et tu te précipites dans un petit bois. Le détour est court, quelques centaines de mètres peut-être. Tu passes sur les lopins de terre de quelques vilains qui n’ont pas le temps de te reconnaître et tu débouches sur la route principale, une dizaine de mètres derrière Louise. Tu encourages ton compagnon qui ne peut faire mieux que préserver sa vitesse actuelle pour ne pas perdre davantage de terrain. Finalement, quand la dame daigna ralentir pour se pavaner sous un air de victoire qui lui allait fort bien, tu approchas d’elle, le regard épars.

_ L’arbitrage est sans appel, vous avez triché ma Dame.

Tu tentes de garder ton air sérieux mais face à la réponse de Louise, tu finis par lâcher prise et rire avec légèreté en sa compagnie. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas fait ce genre de folie… Et cela te manquait.

_ Votre monture est unique Louise, d’où vient-elle ? Seraient-ce un des fameux chevaux eraçons ?

Tu ignorais tout de Fernel et de ses élevages d’équidés… Mais tu n’allais pas tarder à les découvrir !

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMer 9 Déc 2020 - 17:09


Le visage surpris de Gaël s’affiche dans son esprit alors même qu’elle chevauche, sans se retourner une seule fois. Un sourire vaguement moqueur se dessine sous le tissu noir qui couvre son nez et sa bouche au souvenir de cette main serrée dans la sienne. Visiblement, Gaël n’a pas l’habitude qu’une dame agisse de la sorte. Les convenances auraient sans doute apprécié un baise-main effleuré, quelque chose de plus raffiné et de plus élégant mais, une fois de plus, Louise s’est plu à contourner l’étiquette tout en surprenant son interlocuteur. Une pratique qui l’amuse particulièrement.

S’il y a bien quelque chose qu’elle a appris ces derniers mois, c’est qu’être la femme qu’on espère qu’elle soit n’a mené qu’à une succession d’échecs retentissants. Agir en fonction de codes dictés par d’autres n’est pas du tout une solution pour cette châtelaine du Nord. Non. Alors elle agit en fonction de son propre code de conduite, qui n’est ni meilleur ni pire que les autres. C’est le sien et donc celui qui lui convient le mieux. Serrer la main d’un autre seigneur, dirigeant elle-même ses propres terres, n’a rien de particulièrement surprenant ou déplacé à ses yeux, non. Au contraire, il s’agit même d’une marque de respect de sa part.

Quoiqu’il en soit, elle est libre de faire ce qui lui plaît et ce qui lui plaît, en cette heure, est de sentir, enfin, le corps de son ami se tendre et se détendre à chaque seconde un peu plus. Lasgalen est heureux, il galope sans qu’elle n’ait besoin de le retenir, elle a une absolue confiance en lui tout comme il a confiance en elle. Ces deux-là ne font qu’un, face au moindre obstacle, en communion parfaite le temps d’un galop long de plusieurs minutes à travers les champs et les bois, filant à toute vitesse sous le regard médusé de quelques paysans incrédules. Louise est heureuse, évidemment. Heureuse d’être là, d’être libre et de se dépenser autrement que par une passe d’arme avec Enguerrand. Heureuse de sentir son ami s’apaiser, petit à petit, jusqu’à ce qu’elle entende distinctement derrière elle le galop d’un cheval qui les rattrape.

Le petit sourire qui s’affichait tout à l’heure se mue en un franc rire cette fois alors que Lasgalen ralentit de lui-même la cadence, permettant au cavalier de les rejoindre sans plus de difficultés, ce qui n’empêche pas le noble hongre de se pavaner, comme le ferait Melkor, sans le moindre doute. Louise éclate de rire aux paroles prononcées par le Seigneur de Chiard, tout en s’approchant de lui, dans de grands mouvements fluides initiés par son cheval. Elle défait le tissu noir qui la couvre, ce qui affiche clairement sa gaieté.

- Vous vouliez savoir, maintenant…vous savez. Promis, la prochaine fois, nous vous laisserons gagner…Toutefois je gage que cette course vous a autant amusée que nous…j’en veux pour preuve vos joues rougies par l’air piquant et vos yeux luisants.

Elle passe une main sur l’encolure de Lasgalen qui exhale des volutes par les naseaux. Elle a toutefois le triomphe modeste, parce que le mérite ne lui en revient pas, de toute façon. Désormais, sa monture est apaisée et totalement détendue. Lasgalen est déjà en train de renifler quelques brins d’herbes, en quête de fraîcheur après l’effort.

- Lasgalen est unique, en effet. C’est mon ami avant d’être mon cheval. Et en tant que tel, il a droit à tous les égards et à toutes les considérations de ma part.

Elle se penche un peu, pour murmurer, en cette langue particulière et douce qu’elle n’utilise qu’avec lui :

- On parle de toi, Ami. Il dit que tu es unique…et que tu serais eraçon…

L’animal redresse brusquement la tête avant de hennir bruyamment en secouant sa crinière, ce qui provoque à nouveau le rire de Louise.

- Non, Gaël. Lasgalen est né, a grandi et a été dressé à Fernel, comme tous les chevaux de mon escorte. Ils sont notre plus grande fierté, ils sont peu nombreux, et chaque naissance est reçue comme une bénédiction de…la Damedieu. Car chaque cheval a son cavalier, avec lequel il va nouer des liens indéfectibles, ce qui est notre cas, à Lasgalen et à moi, par exemple.

Elle parle avec douceur, presque avec tendresse, toujours en caressant le hongre. Il est vrai que chaque cheval a sa propre destinée et l’exemple le plus flagrant de tout ceci demeure Melkor, ce cheval si sauvage, indomptable pour tous, sauf pour celui à qui il était destiné, un homme tout aussi sauvage et indomptable que sa monture. Un voile de tristesse passe un très bref instant dans ce regard noisette qui se pose soudain ailleurs. Sans lui à ses côtés, elle se sent bien seule, désormais, d’autant plus qu’elle ignore quand elle le reverra.

- Nous nous sommes fort éloignés de votre troupe. Vos hommes sont loin, devons-nous faire demi-tour ou les attendons-nous en un lieu de rendez-vous quelconque ?

Une habile façon d’occuper ses pensées et de reprendre ses esprits. Le sourire réapparaît, le regard espiègle aussi, elle observe d’ailleurs les alentours.

- C’est très beau ici. Paisible. Je comprends que vous aimiez vos terres, Gaël.

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeDim 20 Déc 2020 - 11:44


Pour savoir, tu savais ! Toi qui pensais que les Nordiennes étaient des femmes représentatives de leur pays, entendez par là : froides, insensibles, bougonnes et trop sérieuses pour savoir s’oublier quelques heures, te voici surpris. Malgré ses airs parfois bougons et froids, la jeune dame savait s’amuser et osait même tirer la blagounette. Habile. Il était bien vrai que tes yeux luisaient et que tes joues rosissaient. La défaite sonna comme un coup de gourdin sur ta nuque : se faire battre par une donzelle effarouchée… La belle affaire ! Heureusement que ce cher Edgard n’était pas là pour voir ça. Il t’aurait ri au nez des ennéades durant ! Peut-être était-ce là, la énième preuve que tu t’empâtissais derrière les épais murs de ton donjon au lieu de vagabonder aux grés du vent.

_ Il se pourrait que la course m’ait amusé… Ou était-ce l’opportunité de galoper avec une si charmante et indépendante Dame des Neiges ? Il m’est difficile d’entrevoir une réponse à cette question.

Alors elle parla de l’équidé. Quelle ne fut pas ta surprise de l’entendre parler de lui comme d’un « ami ». Et bien plus encore quand elle aborda l’élevage en Fernel. Tu pensais à tort que les chevaux eraçons étaient imbattables, qu’ils restaient plus grands, plus beaux, plus forts que tous leurs congénères à travers le royaume. Nombreux étaient ceux qui cherchèrent à égaler, voire surpasser ces bêtes. Certains pays réussirent à s’approcher de la perfection eraçonne sans jamais la dépasser. Cela est déjà un bien bel exploit ! Mais de tête, aucune terre ne parvînt à rendre l’élevage aussi prolifique que dans le Médian.

_ Je suis admiratif devant pareille coutumes. Nul doute que vos chevaliers doivent être irrésistibles sur le champ de bataille.

Avait-elle seulement connu la guerre ? Elle était née femme et en ce sens ne devrait ô grand jamais poser le pied sur la terre sanguinolente des batailles. Et puis même si elle le souhaitait, à quand remontait la dernière guerre ? Elle ne faisait pas partie des forces royales envoyées à Merval il y a quelques années et tu étais toi-même très jeune lors de la dernière guerre civile qui déchira le royaume. Comment aurait-elle pu en faire partie ?
C’est donc tout à fait arbitrairement que tu décrétas qu’elle ne pouvait parler de ce sujet qui lui était, de toutes façons, inconnu.

_ Nous nous sommes fort éloignés de votre troupe. Vos hommes sont loin, devons-nous faire demi-tour ou les attendons-nous en un lieu de rendez-vous quelconque ?

Il est vrai que vous vous êtes échappés de quelques kilomètres, mais après-tout ces grands gaillards connaissent bien leur pays. Et puis il faudrait le vouloir pour se perdre sur ces terres surpeuplées et aménagées jusqu’à l’os. Tu gratifies ton invitée d’un sourire avant de lui répondre.

_ Nous pouvons poursuivre, nous allons en direction de l’Ogne, la plus grande forêt missédoise au Sud. Nous l’atteindrons dans quelques heures, il leur faudra un peu moins d’une demi-journée pour l’atteindre, nous les attendrons là-bas si le cœur vous en dit. Qui sait, peut-être trouverons nous ces ‘abeilles florales’ avant même qu’ils n’arrivent !

Alors vous avancez ensemble. Les deux montures se côtoyèrent sans difficulté, après tout la tienne était une pâte : donnez-lui des carottes, brossez-le chaque jour et il vous suivra jusqu’au bout du monde sans jamais demander son reste. Parfois tu te demandais s’il n’était pas un peu lymphatique. Ses yeux mi-clos et son air blasé ne lui donnaient certes pas fière allure, pourtant on ne pouvait nier qu’il était beau et bien traité. Parfois cependant, la placidité vaut mieux que l’emportement.

_ Parlez-mois de Fernel. Comment est-ce ? J’aurais grand mal à le situer sur une carte.

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MessageSujet: Re: Retour au pays   Retour au pays I_icon_minitimeMer 23 Déc 2020 - 19:00


L’indépendante dame des neiges écoute les paroles du Seigneur de Chiard avec un sourire finement dessiné sur les lèvres. Elle ne relève rien des mots qu’il a utilisés pour la qualifier. Gaël ne connait rien d’elle. Il ne sait pas. Il ne sait rien. La personne qu’il trouve charmante à cette heure ne l’est pas toujours, il suffit pour cela qu’on s’en prenne à ses hommes, à ses terres et à ceux qu’elle aime pour que cela change du tout au tout, en un battement de cils. Louise est d’une politesse exquise, même si sa façon d’agir peut déstabiliser ces nobles Péninsulaires engoncés dans des traditions désuètes et qui n’ont donc plus lieu d’exister aux yeux de la jeune femme désireuse de faire évoluer les mentalités. Elle s’habille comme un homme, elle monte à cheval comme les hommes, elle est vive, rapide, indépendante, intelligente, assez, en tout cas, pour ménager un temps l’orgueil de celui qui l’accompagne en ne disant rien au sujet de sa petite défaite du jour. Il sera toujours temps de l’évoquer plus tard, au détour d’une conversation ou l’autre.

-   Certains de mes chevaliers ont combattu aux côtés de mon père dans les guerres qui ont ébranlé le Duché et la Péninsule. Enguerrand, mon maître d'armes, que vous avez pu voir tout à l'heure, est l'un d'entre eux. Ils sont rentrés chez eux avec le sentiment d’avoir accompli leur devoir et il est certain que si un conflit devait éclater, ces mêmes hommes retourneraient sans hésiter au combat, avec nos chevaux et ma bannière.

Elle parle d’une voix posée et parfaitement tranquille en disant cela. Elle n’a jamais connu la guerre, elle n’a jamais mis les pieds sur un champ de bataille, elle ignore tout de ces jours affreux où le sang ruisselle dans l’herbe, en petites rivières pourpres. Et pourtant, même si elle n’a guère envie de connaître ces jours sombres, elle sait que si le Duc demandait, comme il en a le droit, le soutien de sa seigneurie, Louise serait là, elle aussi, en tête de ses troupes, sans la moindre hésitation. Pas pour le défendre lui, l’homme qui l’a si abruptement humiliée quand elle avait besoin d’aide. Non. Elle serait présente pour défendre le Duché. Le Duché et sa seigneurie.

- Le Duc a toujours obtenu notre appui, quand il en a eu besoin, et il n’a jamais eu à s’en plaindre. Les anciens chevaliers forment les nouveaux, de sorte que ma seigneurie dispose de ses propres forces, au service du Duché. Espérons simplement que nous ne reverrons pas ces jours de ténèbres et de discorde revenir. La Péninsule est en paix, pour l’heure, prions pour que les choses demeurent telles qu’elles le sont…

Louise a bien conscience que tenir un tel discours devant un de ses pairs, c’est prendre un risque. Rares sont les seigneurs à l’esprit assez ouverts pour comprendre – ou même tolérer, d’ailleurs – qu’une femme puisse diriger elle-même ses terres sans l’intervention d’un homme, quel qu’il soit. Ce n’est pas la normalité, ce n’est pas « logique ». Or, les faits sont là. Depuis le décès d’Eudes de Fernel, il y a de cela maintenant deux ans et quelques mois, la seigneurie est dirigée par des femmes. Feu sa mère, en premier lieu, puis, à son décès, Louise elle-même. Et force est de constater que tout va pour le mieux. La seigneurie est florissante, dirigée intelligemment et avec sagesse, à présent que tout complot visant la chatelaine est éteint.

- … mais ils seraient irrésistibles, oui. Rapides. Entraînés. Avec au cœur une flamme que j’entretiens avec patience. Des hommes sûrs, de confiance. Prêts à tout pour leur terre et le Duché…

Elle parle d’une voix douce, rêveuse, tout en laissant Lasgalen suivre la route, avant de regarder Gaël, accrochant ses grands yeux noisette à ceux de son compagnon de route, directs, teintés d’une lueur de fierté parfaitement assumée.

- Vaste sujet qui ne mérite point débat en ce jour joyeux. N’en parlons plus voulez-vous ?

Elle a un sourire tout en écoutant les recommandations de Gaël, découvrant avec une réelle curiosité et un grand plaisir les paysages qui se déroulent devant elle. Louise aime découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes, de nouveaux horizons. Il pourra voir que le plaisir de la découverte n’est pas feint, elle observe tout, partout, pointant du doigt un arbre remarquable ou un petit ruisseau superbement bordé de végétation diverses ou de fleurs. Elle flatte souvent sa monture aussi, laissant ses doigts agiles glisser dans les poils drus comme dans la crinière, dans de petits gestes pleins d’attentions pour le hongre qui renâcle de satisfaction.

- Je vous avoue que je suis très curieuse de tout. Ces abeilles fleurs, comme vous les appelez, sont de remarquables créatures. D’après ce que j’ai pu en lire, elles sont farouches mais pleines de grâce, j’ai réellement hâte de pouvoir en observer une de mes propres yeux. Je vous remercie pour cette opportunité que vous m’offrez. Peut-être en échange accepterez-vous, un jour prochain, de venir en mes terres, quand l’hiver reviendra, afin d’observer les fleurs de sang qui teintent la neige de tâches vives.

Louise se penche un peu pour s’emparer de son outre et s’abreuve avant de continuer :

- Fernel est une seigneurie située aux pieds des Monts d’Or, à mi-chemin d’Avaugour et Montvélin. Nous sommes éloignés de la route du Nord, pour nous rejoindre il faut emprunter de nombreux chemins non pavés ce qui rend tout trajet en carrosse extrêmement ardu. Je m’attelle à la restauration des routes, sur mes terres, j’espère les voir améliorées à mon retour.

Elle tend l’outre d’eau à Gaël, afin de partager, tout en continuant de parler de sa terre avec ferveur, beaucoup d’amour et de passion.

- Ce qui explique pourquoi nous avons peu, très peu de visiteurs. En réalité, beaucoup de voyageurs finissent à Fernel par hasard mais je mets un point d’honneur à ce que chaque voyageur soit reçu comme un prince et reparte le cœur en paix et l’estomac rempli. Nous sommes des gens du Nord, les gens sont méfiants, ils sont parfois un peu réfractaires à toute nouvelle rencontre mais j’espère faire de Fernel un endroit où chacun peut se sentir chez lui, tant qu’il se présente avec d’honorables intentions. Les Fernelois sont de braves gens, des éleveurs de chevaux hors pairs. Je les connais bien et je les protège, autant que je le peux, avec tous les moyens dont je dispose. Ils le savent et ils me le rendent bien.

Elle a un large sourire pour son compagnon, l’œil illuminé d’un éclair de joie, s’animant même en parlant.

- Il y fait terriblement froid en hiver et pourtant, quand la poudreuse recouvre les terres, il y éclot une fleur qui ne pousse que là, la Carmine. Cela ressemble à une rose à gros bouton, aux dizaines de pétales odorants. C’est une odeur merveilleuse, qui embaume l’atmosphère pendant des semaines. On les appelle ainsi parce qu’elles ont la couleur du sang, et qu’on les voit de loin, toutes rouges sur un tapis blanc étincelant au soleil. C’est magnifique…

Là encore une étincelle de fierté éclaire ce regard jeune et vif qu’elle pose sur lui.

- Je m’emporte souvent, quand je parle de mon chez-moi. Pardonnez-moi…Parlez-moi de vous en retour, voulez-vous ? Je ne connais que peu les seigneurs du Sud, leur histoire…Dites m’en un peu plus à votre sujet.

Un autre sourire pour l’encourager…Le temps est beau, les montures sont calmes, le moment est parfait pour une discussion informelle et amicale, après tout.


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