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| Arrivée à Fernel | |
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Gendry Adkin
Humain
Nombre de messages : 42 Âge : 50 Date d'inscription : 19/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 20 ans Taille : 1m70 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Arrivée à Fernel Mer 6 Jan 2021 - 18:29 | |
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Barkios, deuxième mois du printemps An 18 du XIe cycle
Prendre la décision de partir ne fut pas le plus compliqué. Scylla est une cité magnifique mais j'y ai vécu trop de drames. Cette cuisinière où une casserole d'eau bouillante s'est retournée sur moi est l'un des souvenirs les plus douloureux, physiquement parlant, quoi que les soins qui ont suivi restent tout aussi douloureux. Aujourd'hui encore, je dois débrider certaines plaies pour que les cicatrices ne soient pas douloureuses quand je fais des mouvements, mais à côté de ce que c'était à l'époque, cette action ressemble presqu'à un massage. Puis il y a eu le rejet du monstre par les autres enfants, et les regards de pitié des adultes. Ma vue indisposait parfois encore mon père et ma mère tant ce visage mi fondu était horrible à regarder. Le monde est ainsi, si tu ressembles à un monstre, tu en es un.
La première fabrication d'un masque et d'un collier m'ont donné un aspect étrange, mais moins que mes brûlures et j'ai fini par confectionner moi-même mon propre masque et mon propre collier. Les deux font que mon aspect intrigue mais n'effraie plus. Puis en tant que ferronnier, il me sert, ou plutôt me servait, presque de publicité. Ma mère est morte ensuite, suivie par mon père et j'ai tenu seul la forge. Plutôt avec succès, même si ma modestie devait en souffrir. Je bats le fer depuis tout petit et père était un très bon forgeron, et un bon mentor. Puis j'aime mon métier. Mais des forgerons sont utiles partout, et cette maison, et ces gens qui m'ont traité de monstres, sont devenus trop gênants pour moi. Et en l'absence des parents, rien ne me retenait à Scylla. Sinon que j'y gagnais ma vie.
J'ai donc mis la maison et le commerce en vente mais sans brader le prix et il m'a fallu plusieurs mois pour trouver le bon acheteur. Entretemps, j'avais entendu parler d'une dame étrange venant du pays des chevaux et qui traversait le pays pour aller négocier avec des nains. Ce n'est pas la dame qui m'a motivé, même si on a dit qu'elle était jeune. Non, c'est "pays des chevaux". Oh, n'allez pas croire que je sois un bon cavalier, je ne sais pas monter, mais des chevaux doivent être ferrés et je me dis qu'un forgeron, là-bas, aurait toute son utilité. Je n'ai conservé que mes habits, mon arc, quelques vêtements et le matériel indispensable au travail de ferronnier, ainsi que quelques lingots de métal pour partir pour un voyage que j'espérais faire en cinq ennéades. Louer un chariot et un conducteur à chaque étape m'a fait perdre un peu de temps, tout comme la météo mais il était prudent de voyager avec d'autres. Ce ne sont heureusement pas les vendeurs itinérants qui manquent. Et mes maigres talents de chasseur m'ont permis de passer pour sympathique et rendre mon voyage positif.
La dernière étape fut la plus longue, car quand on touche au but, le temps, étrangement, s'écoule avec une extrême lenteur. L'endroit m'a paru mieux gardé aussi, les gardes semblaient sur les dents. Mais les rumeurs qui circulaient étaient positives, la dame de Fernel venait apparemment de rentrer de son périple il y a peu. Et j'y vis un signe positif. Après avoir fait installer mes bagages dans la première auberge propre que j'ai croisée, j'ai demandé où je pourrais rencontrer la maîtresse des lieux et le château lui est indiqué. C'était tellement évident qu'il se demande pourquoi il n'y a pas songé lui même. Le voyage, sans doute. Six ennéades et deux jours, ça fatigue son homme, surtout quand il est habitué à taper du fer. Là, c'est plutôt le bois de la carriole qui lui a tapé le cul... et les nerfs, à n'en point douter. Il ne revoyagera pas de sitôt.
Mais mon pas est guilleret pour monter jusqu'au château et une fois sur place, je me présente au premier garde.
- La bonne journée, soldat. Je me nomme Gendry Adkin, originaire de Scylla et je souhaite m'installer ici, à Fernel. Je désire me présenter à la maîtresse des lieux pour l'informer de ma venue et voir si mes talents pourraient servir votre cité.
J'espère avoir posé mes mots avec la déférence requise. C'est que c'est la première fois que je me rends dans un château. Des personnes d'importance, j'en ai rencontrées, mais à la forge et parce qu'elles avaient une commande spéciale. Ici, c'est moi qui suis en demande, et chez une noble. C'est totalement différent. Autant dire que je ne fais pas le fier, mais c'est un passage obligé.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Jeu 7 Jan 2021 - 12:27 | |
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A l’auberge, on a regardé le nouveau venu avec une certaine méfiance. C’est qu’en dépit de ce souffle inédit qui pousse la seigneurie à sortir de sa zone de confort et à s’ouvrir au monde, les mentalités, elles, ne sont pas encore toutes au diapason de cet élan de fraîcheur qui balaye les chaumières et tout le territoire de la Dame aux chevaux. C’est le Nord. Une région rude, remplie de gens tout aussi rudes, aux habitudes et aux mœurs stricts, des gens à la carapace épaisse, difficiles à amadouer. Les étrangers sont rarement les bienvenus et Fernel, petite seigneurie perdue aux pieds des Monts d’Or, n’est pas très différente des autres domaines de la région à ce niveau. La succession d’Eudes de Fernel, dévouée à sa défunte épouse, Elisabeth de Paville, puis à leur unique enfant et héritière, Dame Louise, a signé le changement qui est en train de s’opérer partout et à tous les niveaux.
Il n’est désormais plus rare du tout de voir des voyageurs. N’y a-t-il pas cette caravane venue de Thaar, qui se rend une fois l’an auprès des seigneurs afin de vendre leurs camelotes ? N’y-t-il pas ce cavalier venu d’on ne sait où, qui a réussi à dompter Melkor et en faire son cheval ? Et n’y a-t-il pas cet intendant, un homme à la probité irréprochable, très apprécié par les plus anciens pour son sens de la discipline et des convenances ? Il y a eu aussi le conseiller de Dame Louise, Monsieur Aaron, qui était lui aussi très apprécié pour sa sagesse et sa sympathique attitude envers tous, disparu on ne sait où pour faire on ne sait quoi, laissant son jeune fils s’occuper, avec brio, des défenses extérieures. Les habitants de Fernel et de la seigneurie, de manière générale, ont donc du composer avec de nouveau visages, de nouvelles habitudes, et petit à petit, les choses semblent être acceptées, tolérées au moins. A côté de cela, Louise a du déjouer un complot qui aurait pu mener à sa perte et la perte de sa seigneurie, elle a fait exécuter les coupables et, le calme revenu, a embarqué ses meilleurs hommes pour un très long voyage en Péninsule, ainsi qu’à Thaar, afin d’apprendre, par elle-même, les choses qu’il est utile, indispensable, de savoir pour gérer au mieux un domaine et tous les gens qui y résident. Les habitants avaient été surpris, un temps, de voir revenir l’essentiel de cette troupe, sans sa Dame, confiant à qui voulait l’entendre que Dame Louise avait gardé trois hommes et son excellent ami, le seigneur Claude, pour un voyage à Thaar. Les gens se sont interrogés, le choix avait beaucoup fait parler de lui, certains s’en sont offusqués, se demandant ce que pouvait bien trouver d’utile là-bas, en pays impie, leur dame si jeune et si innocente.
C’est en voyant les quatre cavaliers à leur retour, et surtout celle qui les menait, que les gens comprirent. Louise n’est tout simplement plus la même. Désormais, forte de toutes ces expériences, elle a acquis une certaine assurance, une force tranquille, qui est visible dans chacun de ses gestes et audible dans sa voix, plus assurée. Elle n’a pas oublié ses gens, même par-delà la mer, et c’est bien ce qui importe le plus à tout le petit peuple de Fernel. Des ordres ont été données, des choses mises en place, de sorte que tout a continué, perduré, de la même façon. A son retour, elle a donc trouvé son domaine en ordre, les gens heureux de la revoir. Et c’est dans cette liesse du retour que le forgeron s’installe à l’auberge, non loin du château. Même si la méfiance est de mise, l’atmosphère est tout de même à la curiosité. Une curiosité attisée par l’aspect plutôt surprenant du nouveau venu.
- Bienvenue Monsieur Adkin.
Le garde a parlé, une voix rude teintée d’un terrible accent du Nord, avant de l’observer, de la tête aux pieds. Ce n’est pas son masque ni son collier qu’il observe, il observe les armes. Il se passe quelques secondes avant qu’il ne prenne sa décision.
- Suivez-moi.
Le garde confie la surveillance à un autre homme puis entraîne le nouveau venu vers la cour intérieure du château. C’est une cour pavée, entourant le château et ceinturée d’épais murs de pierres grises dans lesquels se trouvent les écuries, de grandes stalles toutes entières dédiées aux meilleurs chevaux du domaine. Il y règne une certaine agitation, constante, au milieu des hennissements, des claquements des sabots sur le sol, de cris parfois, ceux des enfants ou des palefreniers qui s’occupent à temps plein des animaux.
Au lieu de se diriger vers le château, le garde l’emmène sur la droite, vers la plus grande de toutes les stalles. Il passe l’immense double porte de bois de chêne et entre, en compagnie du forgeron, qui découvre alors l’énorme structure intérieure.
Une dizaine de stalles, grandes, propres, presque toutes occupées par de hauts et magnifiques chevaux aux teintes claires, sauf un. Un seul cheval noir, splendide animal aux orbes d’obsidienne qui toise le nouveau venu d’un oeil curieux avant de détourner la tête. Aux côtés de ce sombre animal, un autre, gris perle, dont un jeune garçon de dos s’occupe, brossant la crinière et l’encolure avec méthode et douceur. Tout autour, une vingtaine de personnes s’activent, portant la paille, la nourriture, nettoyant les stalles, au milieu d’une agitation mesurée et laborieuse.
- Dame Louise, un certain Monsieur Adkin demande à vous voir.
Toutes les têtes se tournent vers le nouveau venu sauf une, qui termine de brosser le poil gris du cheval là-bas. Ce n’est qu’après quelques instants que le jeune homme dépose la brosse, plonge les mains dans un seau d’eau froide et se retourne pour voir de qui il s’agit.
Le jeune homme est une femme, aux yeux noisette, au teint halé et au sourire aimable. Elle avance, vêtue comme les palefreniers, sa luxuriante chevelure retenue en une coiffure serrée et nouée sur la nuque, et s’arrête à deux pas de Gendry, tout en essuyant ses mains sur un linge propre.
- Qui puis-je faire pour vous, Monsieur Adkin ?
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Jeu 7 Jan 2021 - 14:46 | |
| Il me faut avouer que je n'avais pas perçu les regards de défiance à mon égard, pour la simple raison que j'y suis tellement habitué que je ne les vois plus. La froideur du garde ne m'a pas plus surpris que cela non plus, après tout, il fait son travail, ni l'inspection qu'il a faite du regard. Qu'il s'intéresse plus à mes dagues qu'à mon masque avait même un côté réconfortant, mais il a dû cerner que je n'étais pas un combattant. Je présume que les gens d'armes savent évaluer un adversaire. Quoi qu'à la vérité, je n'en sache rien. La majesté des lieux m'impressionne, par contre. Cela bâtit solide par ici et c'est plus animé que je ne l'imaginais. Une petite ville, voilà à quoi ce château lui fait songer. On ne l'aurait pas dit, de l'extérieur. Possible qu'ici, on sache résister à un siège, finalement.
Au bout d'un moment, j'arrive dans un lieu où le garde informe la "dame" de ma présence, sauf que je ne vois que des hommes. Je tique intérieurement, ce garde se jouerait-il de moi ? A moins que la dame ne se cache. Et finalement, je comprends ma méprise. Le laquais, ou peu importe comment on nomme les écuyers chargés de s'occuper des chevaux, n'était pas un laquais mais la dame elle même.
- Houlà, j'ai cru que vous étiez un homme, ma dame. Pas que vous ne soyez pas féminine mais j'ai peu l'habitude de voir une femme s'occuper si bien d'un cheval. Mais quand vous vous êtes tournée, j'ai réalisé ma méprise. Je m'attendais à ce que vous soyez plus vieille aussi et dans une autre toilette à dire vrai. Quoi que vous pourriez dire pareil à mon encontre concernant mon âge. Sauf que moi je suis pas un nob... Oh Gendry, ta gueule...
Les us et coutumes, les bons usages, j'ai pas appris, mais en général je sais fermer ma gueule. Là, le voyage et ma nervosité d'être demandeur ont balancé aux orties toute bienséance. Tu parles d'une première impression.
- Pardonnez la verdeur de mon langage, ma dame, il semble que la longueur de mon voyage et ma nervosité aient fait disparaître toute éducation. Je... Je me nomme Gendry, Gendry Adkin et je suis originaire de Scylla, où j'ai passé toute ma vie à l'exception du temps de voyage entre Scylla et ici, soit 6 ennéades et deux jours. Je suis artisan, ferronnier pour être plus précis. Je sais travailler les métaux et dans mon envie de changer d'univers, je me suis dit que le pays des chevaux pourrait être une sympathique option. J'ai aidé mon père à la forge dès l'âge de huit ans et je l'ai tenue seul ces quatre dernières années. Je n'ai donc pas une expérience exceptionnelle mais je me débrouille quand même pour mon âge.
Assez parlé de toi, tu as dit l'essentiel mon Gendry. Maintenant, les raisons de ta venue.
- J'apprécierai de m'installer ici, si vous me le permettez, surtout si vous manquez de forgerons ou de ferronniers et j'estime qu'il est juste de demander l'accord au seigneur des lieux avant de se lancer dans un commerce. Puis, s'il y a des règles d'application ici que j'ignore, j'imagine que vous m'en informerez histoire de voir si je peux vivre avec. Et enfin, si ma présence vous déplait, je serai ravi que vous m'indiquiez un lieu où mes compétences seraient les bienvenues.
Je tente un sourire, mais le geste n'est pas naturel. Je n'ai pas l'habitude de sourire et la partie masque cache une cicatrice qui bloque ce mouvement d'un côté. Les témoins de la scène ne doivent pas le voir, mais moi je le sens. J'interromps donc ce geste pas naturel. Je ne suis pas à l'aise, cette distance de deux pas à peine me semble intrusive mais je crains qu'un pas de recul soit perçu comme de la lâcheté. Cette fois la nervosité supplante les autres sentiments. C'était peut-être une erreur de quitter la forge familiale à Scylla. J'y étais mal, mais j'y étais seul. Je n'avais pas à m'expliquer. Là bas, j'étais le monstre, puis le fils du ferronnier, puis le ferronnier. Ici, je suis au mieux "l'étranger". A part le travail du métal et la chasse, je ne connais rien de la vie, moi. Sinon que l'eau, ça brûle.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Jeu 7 Jan 2021 - 16:54 | |
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Il faut un temps, quelques secondes peut-être, pour que Louise prenne la mesure de celui qui se tient face à elle. Un homme qu’elle ne connait pas. Elle le sait parce qu’elle a une excellente mémoire des noms et surtout des visages et celui-ci…il est très clair qu’elle s’en serait souvenue. Le masque est remarquablement travaillé, tout autant que son collier. Elle avise cela d’un seul coup d’œil, habituée désormais à observer rapidement et efficacement, peu importe la situation ou la personne qui lui fait face.
Un homme qui visiblement n’a jamais eu à se présenter quelque part vu son attitude particulièrement étrange et son vocabulaire…inadapté. Pour autant, Louise le laisse continuer son discours, séchant ses doigts avec attention, écoutant sans interrompre, ainsi qu’elle le fait toujours. Fine mouche, elle sait que les personnes nerveuses se confient d’emblée, essayent de dissimuler leur nervosité sous une apparente volubilité qui ne fait que les enfoncer davantage et qui les pousse à se livrer d’un trait, tout comme est en train de le faire ce jeune homme à l’âge indéterminé.
Elle dépose le linge sur une barrière de chêne et dit, de sa voix douce et posée :
- Vous avez raison, Monsieur Adkin. Il était en effet indispensable que vous veniez me demander la permission avant de vous établir au village. Fernel est une petite seigneurie, tout le monde connait son voisin et un nouveau venu qui s’installe sans passer par le château n’est jamais bien vu.
Les têtes se tournent dans la direction du ferronnier, des regards s’échangent, des murmures se font entendre, ici et là. Louise, elle, se tourne vers un grand jeune homme et dit :
- Nicholas, prenez soin de Lasgalen. Je serai dans la salle d’armes.
Elle fait un pas de côté et tend la vers la porte, aimable :
- Suivez-moi, je vous prie.
Elle le précède, ouvrant le chemin menant au château, sous les regards des gardes et des palefreniers présents. Le mot « ferronnier » est déjà en train de se répandre dans les stalles, petite rumeur du jour, tandis que les cous se tendent pour mieux voir le nouveau venu. Louise, elle, marche devant, sans crainte, sa lame pendue à son côté gauche, comme elle le fait depuis des mois, maintenant. Elle l’entraîne vers le corps de logis, énorme structure aux murs épais, de cette pierre grise un peu triste qui est pourtant savamment enjolivée à l’intérieur. Dans le grand hall principal, un escalier de chêne mène à l’étage supérieur. Au rez-de-chaussée, des pièces, toutes fermées par des portes de bois massif, et gardées par des soldats portant des habits aux armes de la seigneurie, un cheval cabré sous un immense chêne.
Un garde ouvre une porte à l’arrivée de Louise, révélant une pièce plutôt grande, toute en longueur, encombrée de quatre colonnes de pierres grises semblables à celles qui forment le château. De grandes fenêtres en ogive, au nombre de quatre, éclairent les lieux, tout autant que l’âtre situé tout au fond de la pièce, constamment allumé. Face à ces fenêtres, un mur chargé de tapisseries et des tréteaux, des supports en tous genres, supportant armures, épées et poignards, lances et flèches, sur lesquelles s’appliquent trois soldats dont un plus âgé que les autres qui suit le nouveau venu du regard. Louise a pour cet homme plus âgé un mouvement de la tête, passant devant eux, pour aller prendre place dans un fauteuil de bois, pas très confortable, face aux flammes. Elle tend la main et propose à Gendry de prendre place dans le fauteuil qui lui fait face.
- Une chose à savoir, Monsieur Adkin, à mon propos. Oubliez les a priori que vous pourriez avoir au sujet des Dames nobles.
L’homme plus âgé écoute, tout en nettoyant une lame, puis sourit.
- Avez-vous faim ? Ou soif ?
L’hospitalité envers quiconque la demande est un point sur lequel Louise ne transigera jamais. Chaque personne, humble ou puissante, pauvre ou riche, qui entre en ces lieux en demandant sa protection, est traitée avec le même respect et la même courtoisie. Il appartient ensuite au visiteur d’entretenir cette cordialité en ne fâchant pas Louise.
- Depuis combien de temps êtes-vous arrivé à Fernel ? Vous résidez à l’auberge, je présume, pour l’instant ?
Elle a le dos droit, les mains croisées sur ses cuisses et le regarde sans ciller, faisant fi de ce masque, pour le moment. Elle porte une chemise de lin beige à manches longues, une chemise dissimulée par un gilet de cuir marron sans manche. A sa ceinture, la lame que Dante lui a donnée, ici-même, il y a de cela des mois, un pantalon et des bottes. Il n’y a rien dans cette tenue qui suggère une quelconque féminité si ce n’est son visage doux, ovale et charmant, deux yeux intenses fixés sur lui et un sourire espiègle.
- Détendez-vous, je n’ai jamais mangé personne.
Une boutade qu’elle seule pourra comprendre, en songeant à ce grand dadais aux cheveux noirs et aux yeux vairons qui la connait si bien désormais.
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Jeu 7 Jan 2021 - 18:28 | |
| - Vous me voyez ravi de ne pas avoir commis d'impair sur ce point, dame. Etre un étranger n'est simple nulle part, j'ai vu pareil avec ceux qui s'installaient à Scylla. Si je dois être mal vu, je préfère que ça soit pour de bonnes raisons et pas parce que je n'ai pas eu la chance de naître ici.
Je l'ai sans doute dit avec un peu trop d'amertume. Être étranger ou être marqué font que votre intégration est impossible, autant ne pas donner le bâton pour se faire battre. C'est docilement que je suis mon hôte quand elle m'invite à l'accompagner, faisant fi des regards posés sur moi, pour la simple raison que je ne les vois pas. J'observe l'architecture, les bois, les lames, la solidité des choses. Je pose sur ces lieux mon regard d'artisan. Il y a un moment que je n'ai plus de preuves à donner de mes compétences de là où je venais, au point que je ne m'attends pas à être jaugé sur mon apparence.
Et pourtant, je n'ai pas le profil qu'on attend dans l'imaginaire collectif. Je ne suis pas grand, mesurant à peine 1,70 ni bien épais. Je donne l'impression d'être plus vif et agile que puissant même si dans l'absolu on pourrait dire que je suis bien proportionné. Mais je n'ai pas de muscle à l'excès et si on devait me donner un rôle dans une armée, ça serait plutôt éclaireur ou archer et non combattant avec une épée à deux mains ou une grosse épée et un bouclier, ni vêtu d'une lourde armure. Aussi, quand je pose son séant en face d'elle et qu'elle lui indique que je dois oublier mes a priori à l'égard des femmes nobles, mon regard pétille
- Ah, Dame, je n'ai pas vraiment d'a priori. Juste une image commune de femmes portant de belles toilettes, comme on se plait à les imaginer quand on ne partage pas la vie des cours. Moi-même, je n'ai pas le profil des hommes travaillant les métaux. Je suis plus petit et plus fin que la plupart de mes confrères, mais je compense par l'adresse ce que je perds en force. Alors j'évite de juger trop vite. Je préfère découvrir.
Bref, chacun fait avec ce que la nature lui a donné et pour moi, une noble peut être une guerrière si ça lui chante. Tant qu'elle est compétente, ça me va. Et même si elle ne l'est pas, d'ailleurs. Elle vit sa vie comme elle l'entend. A la question de savoir si j'ai faim ou soif, je réponds simplement :
- Je ne dirai pas non à un verre d'eau, si ça ne vous dérange pas. Pour le repas, je vais faire honneur à l'aubergiste. Je sais combien il peut être frustrant de voir un client qui refuse un repas alors que l'établissement qui nous appartient en prépare. C'est comme un client qui reste des heures pour finalement ne pas passer commande.
Je n'ai pas eu le temps de manger, mais je ne meurs pas de faim, en gros. Je ne tomberai pas d'inanition dans les minutes qui viennent. Mais je n'ai guère le temps d'attendre de recevoir de quoi boire qu'une question tombe.
- Le temps de vider le chariot et de mettre mes affaires à l'auberge et je suis monté au château. Je dirai que je suis à Fernel depuis une grosse heure. Moins d'une demi journée, quoi. Ou aujourd'hui si une précision temporelle n'est pas nécessaire
Détends-toi, bougre d'âne. C'est fou ça. D'ordinaire, tu fais chanter tes marteaux et c'est à peine si on entend ta voix et là, après deux mois sans faire chauffer le fer, te voilà plus volubile qu'un barde, sans le talent de ce dernier. Je m'aurais en face de moi que je me serais déjà collé des baffes.
- J'dois pas être agréable en goût de toute manière...
répondis-je avec un naturel désarmant quand elle m'indique n'avoir mangé personne, avant de réaliser qu'elle avait fait une boutade. Bon, autant reparler de ce que je connais, histoire qu'elle ne perde pas trop son temps.
- Je profite de ce moment pour préciser une chose. J'ai aidé à la forge, mais au début c'était comme ébéniste, plus adapté à ma taille d'enfant Ce n'est qu'une fois que j'ai gagné en poids que j'ai pu taper du marteau. Les deux métiers sont compatibles, une pelle par exemple a besoin d'un manche. Mais le fer est mon domaine, même si je me débrouille avec le bois. Par contre, je ne suis pas doué pour le cuir, alors que j'adore chasser.
J'observe à nouveau les lieux, plus intéressé par les réalisations que par la dame face à moi. Cela peut sembler étonnant, je ne suis pas du tout dans un rapport de séduction. Pire, ça ne me viendrait même pas à l'esprit. Si on m'interroge, là, à l'instant, je suis incapable de dire si la dame de Fernel est jolie. Quand bien même l'idée me traverserait l'esprit, nous ne sommes pas du même monde et je sais rester à ma place.
- J'ignore si ça se fait ou non et si c'est une erreur, j'espère que vous me pardonnerez. Mais vous posez beaucoup de questions auxquelles je réponds je pense honnêtement, mais vous n'avez répondu à aucune des miennes. Ai-je l'autorisation de m'installer ? Manquez-vous de travailleurs du fer ? Certaines règles particulières sont-elles d'application ici ? Et si j'ai la chance d'oeuvrer comme ferronnier, êtes-vous autonome au niveau des mines de fer dans la région ou devez-vous faire appel à l'extérieur pour pouvoir fabriquer vos armes et armures ?
L'autonomie dans cette matière est aussi garante d'une certaine sécurité. Sans pouvoir renouveler armures et armes, Fernel serait vite à la merci des royaumes voisins. D'un autre côté, cela attirerait aussi des voisins qui sont en manque de matières premières. Il n'y a pas de situation idéale. Mais s'il peut travailler même dans des moments difficiles le rassurerait, lui qui devra se constituer une clientèle en débarquant en tant qu'étranger. Il devra être deux fois meilleur qu'un artisan du coin pour espérer une commande. Sauf s'il y a un manque, ce qui facilitera son intégration. Il réalise que ces questions, pertinentes, il aurait pu se les poser avant de venir ici. Mais il est jeune, et un jeune, ça agit d'abord, puis ça réfléchit. C'est vrai pour lui, en tout cas.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Jeu 7 Jan 2021 - 21:17 | |
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La châtelaine a un regard pour les gardes.
- Guillaume, pouvez-vous demander à la mère Maïethé de préparer un pichet d’eau et un godet pour Monsieur Adkin ?
Guillaume hoche la tête et sort de la salle d’arme, en direction des offices. Louise reporte son attention sur son invité, occupée à le dévisager sans que cela ne se voit particulièrement. Le coup d’œil est toujours rapide et précis, tout autant que l’analyse qu’elle se fait de lui, en quelques secondes. C’est généralement, paraît-il, le temps nécessaire pour se faire une première impression des personnes qu’on rencontre. Le fait, par exemple, qu’il se soucie de ce que pourrait bien penser l’aubergiste de son client qui ne mangerait rien l’amène à sourire légèrement. Tout comme sa façon d’être assez directe, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Les personnes qui tournent autour du pot et qui évitent l’essentiel pour s’attarder sur les détails ne sont généralement pas des personnes fiables. Elle décroise ses mains et se lève, du pas le plus tranquille du monde.
- J’imagine que vos talents pourraient être appréciés de nos ébénistes. Fernel compte de nombreuses chênaies, c’est l’essence dominant ma seigneurie. Ce n’est pas pour rien qu’elle est en place d’honneur sur les armes de Fernel, voyez-vous. Pourtant, l’utilisation de vos compétences conjointes sera limitée. Le bois de chêne est lourd, rigide, je pense qu’une telle collaboration aura plus d’intérêt à un niveau artistique qu’à tout autre niveau. Qu’en dites-vous ?
Tout comme lui, elle n’a aucun jeu de séduction. Premièrement parce que ce genre de relation ne l’intéresse nullement, et deuxièmement parce qu’ils ne sont pas du même monde. Elle approche les deux soldats restants, tandis que Guillaume revient, apportant une cruche d’eau fraîche et un godet vide, qu’il dépose sur une petite table, tout près de Gendry. Le soldat le remplit et le tend poliment à l’invité du jour avant de retourner près des autres et de sa Dame.
- Je pose beaucoup de questions, en effet. Cela me paraît légitime. J’aime savoir à qui j’ai affaire et qui sillonne les chemins de ma seigneurie, Monsieur Adkin.
Elle se penche sur un tréteau et observe les lames courtes, d’un air pensif.
- L’expérience m’a appris que savoir beaucoup est infiniment plus confortable que de ne rien savoir du tout.
Elle s’empare d’une des lames, sous le regard des soldats. Le plus âgé s’empare d’une autre et ils s’éloignent de leurs compagnons pour se rendre au milieu de la pièce. Un salut rapide de la tête et le choc est vif, les lames s’entrechoquent dans un bruit mat qui fait grimacer aussi bien Louise que celui qui lui fait face. Les mouvements ont été rapides, précis et sans faille.
- Vous venez d’avoir une réponse à une de vos questions. Approchez, Monsieur Adkin. Merci, Enguerrand.
Le maître d’armes recule tandis que Louise attend, la lame posée à plat dans les paumes de ses mains.
- Nous ne possédons pas de mines, je suis obligée de faire venir les matériaux de loin, et c’est extrêmement couteux. Donc, nous utilisons le métal à bon escient, autant que faire se peut mais même le métal a ses limites. Les armes que vous voyez ici, dit-elle en désignant les tréteaux et les supports, sont des armes qui ont servi durant les guerres du Médian et pendant les conflits meurtriers du Nord. Les armes sont vieilles, usées et notre forgeron est devenu à temps plein un maréchal ferrant dédié à nos chevaux. Il n’a guère le temps de s’occuper d’armes qui sont inutilisées.
Elle attend qu’il arrive pour lui montrer l’état d’usure des lames.
- Mon capitaine de la garde et moi-même sommes les seuls à posséder une arme au fil tranchant et meurtrier. Cette lame par exemple peut blesser mais ne sera d’aucune utilité au combat, voyez vous-même…
Elle lui tend la lame courte, lui présentant le pommeau pour qu’il observe de lui-même l’étendue des dégâts. Il pourra voir que le fil est émoussé et ébréché par endroits, sans parler de l’équilibrage qui est totalement à revoir. Tout cela, elle le sait, elle attend juste de voir si Gendry arrivera aux mêmes conclusions. Un test, en quelque sorte. Une petite épreuve qui suscite la curiosité d’Enguerrand, qui ne perd pas le nouveau venu du regard. Une vieille habitude…
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Ven 8 Jan 2021 - 10:52 | |
| L'amour avec lequel elle parle des chênaies tire un signal d'alarme dans mon esprit. Insulter cette essence serait l'insulter, elle, j'en ai rapidement la conviction. Et pourtant, j'ai du mal à suivre son raisonnement.
- Loin de moi l'idée de vous contredire, Mylady, et j'espère que vous pardonnerez mes propos profanes, mais quand j'entends chêne, l'art n'est pas le premier mot qui me vient à l'esprit. Je songe plutôt à des bâtiments, des charpentes, des meubles de haute qualité, aux glands qui nourrissent le bétail, à un excellent bois de chauffage et surtout de fumage, mais pas, par exemple, à de la sculpture. Ce bois a tendance à abimer rapidement les outils utiles pour le travail de finesse, donc par définition plus fragiles, et les sculpteurs ont plus d'intérêt à s'orienter vers d'autres arbres. Sur le plan artistique, la seule collaboration que je vois, c'est que des maisons guerrières ou des salles d'armes aiment avoir en décoration une arme redoutable mais peu utilisée : le Fléau. J'imagine que certains pourraient en commander, le chêne étant fait pour durer, mais quelques pièces à peine. Le Fléau présentant l'immense désavantage de blesser autant son utilisateur que son adversaire. Acquérir la maîtrise de cette arme est semble-t-il fort complexe. Et ça n'est pas l'arme la moins chère, accessoirement.
Il s'interrompt, semble réfléchir un instant puis ajoute :
- Par contre, il y a un domaine où un ébéniste habile et un bon ferronnier peuvent s'entendre et qui peut offrir une sacrée plus value, c'est du côté de la fabrication de fûts et de tonneaux. Un alcool qui a pu vieillir dans un fût de chêne acquiert une valeur importante. Parvenir à plier une planche de chêne n'est pas à la portée du premier venu, mais des ébénistes habitués à travailler le chêne en sont certainement capables. Une telle association pourrait créer une tonnellerie de luxe. Si vous produisez des alcools par ici, nul doute que vos distilleries ou vos vignerons en seraient ravis. Sinon, des fûts de haute qualité se vendront à prix d'or chez vos... pardon, nos voisins. Mais je pourrai sans doute donner un avis plus éclairé en ayant vécu quelques mois ici, en ayant croisé vos artisans ébénistes, vu leur travail. Peut-être avez-vous déjà des tonnelleries, après tout. Je n'ai pour connaissance du monde que les gens que je croisais dans ma forge...
Une manière élégante pour dire qu'il ne connaît pas grand chose. Mais en matière de tonneaux, oui, pas en fûts de chêne par contre. Et plus surprenant, il n'y connait pas grand chose en alcool. Lui est eau ou lait de chèvre, il n'a pour ainsi dire jamais goûté à une bière ou un vin. La raison est simple à comprendre, il ne fait pas bon trébucher quand on travaille dans une forge. Si on évite de tomber dans le feu, on risque de chuter sur des lames ou des masses. La douleur est différente, mais pas moindre et peut être tout aussi létale. Je reçois un godet d'eau alors que la dame m'explique pourquoi elle pose ces questions.
- Merci, Guillaume. Et ma Dame, je n'ai jamais dit ni même songé que vos interrogations étaient illégitimes.
Juste, j'estime que les miennes le sont aussi. Mais je réalise que le dire haut et fort serait mal perçu, aussi je le garde pour moi, pour observer la courte passe d'armes entre la noble et son maître d'armes. Je ne peux rien en dire, je ne suis pas un combattant à l'épée. Mais quand elle me dit que j'ai une réponse à mes questions, je suis surpris que mon sourcil ait une autonomie suffisante pour ne pas se soulever en signe d'incompréhension, car je n'ai vu ou entendu aucune réponse. Par chance, un élément clé tombe peu après : il y a pénurie de fer et de ferronnier par ici. J'écoute l'explication avec attention. Je vide mon godet d'eau et me lève à sa demande et je m'empare de l'arme qu'elle souhaite me montrer. Et pendant que je l'analyse, je lui fournis une information.
- Je suis venu avec ma réserve de lingots. Rien d'exceptionnel, ça pèse son poids et je ne pouvais pas me permettre de transporter plus de toute manière, mais j'avais de quoi entamer mes premières commandes. Avec ce que j'ai, je peux fournir 200 couverts ou pointes de flèche, 100 dagues, 50 épées courtes ou casseroles, 25 épées à lame longue ou marmites, une dizaine d'épées lourdes ou deux tenues complètes pour chevalier.
Ce n'est pas énorme mais ça peut dépanner. Une manière aussi de signaler qu'il peut se rendre rapidement utile. Savoir se vendre un peu est utile, mais bon, c'est à peu de choses près son seul argument utile. Il sort une dague de sa ceinture et la tend à Louise, dans un souci didactique.
- Vous pourrez sans doute mieux comprendre ce que je vais dire si vous avez une lame neuve sous les yeux. J'ai reforgé mes dagues peu avant mon départ et en ai eu très peu l'usage, sinon pour nettoyer des lièvres. Alors, déjà, vos épées sont de bonne qualité et ont été fabriquées par d'excellents artisans. Avec une qualité moindre, elles seraient beaucoup plus abimées. Cela signifie que l'artisan et le matériau étaient bons et c'est une excellente nouvelle. Seulement, à force d'utilisation, certaines faiblesses apparaissent, l'équilibre du départ bouge, des zones se fragilisent. Il aurait suffit d'un bon entretien pour garder ces armes comme neuves. J'imagine que votre maréchal-ferrant s'est occupé de votre arme et de celle de votre Capitaine, ce qui explique qu'elles soient encore en bon état, si j'ai bien suivi.
Il ne demandera pas à vérifier et tend le bras, pour que Louise puisse voir ce qu'il lui explique.
- Vous voyez, la lame se tord si on la regarde sur la longueur, le point d'équilibre est perdu. Elle n'est plus optimale de ce point de vue et cela explique qu'il va falloir la refaire. Et ici, sur les côtés, mais je pense que vous l'avez déjà remarqué, elle est ébréchée. Ce n'est pas un entretien très compliqué à faire. Passer faire un entretien deux trois fois par an permet d'éviter cela. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on peut réutiliser ce métal, le faire fondre et en faire une arme neuve, rééquilibrée qui plus est. J'espère que vous avez conservé d'autres armes de cet acabit, il y a moyen de reconstituer un petit arsenal militaire.
Que je forgerai et entretiendrai avec plaisir, si ça peut aider à mon intégration.
- Vous verrez aisément la différence avec ma dague. Le point d'équilibre est là, suffisamment bon pour en faire aussi une bonne arme de jet, si vous avez ce talent. Je ne l'ai pas, personnellement. Mes dagues me servent surtout à la chasse pour nettoyer et vider le gibier. Mon arme est l'arc. Et vous voyez aussi, comme elle est entretenue par un homme de métier, que le fil de la lame est tranchant et sans brèche apparente. Pourtant, il y en a, mais qui n'apparaîtront que si on s'en sert beaucoup et qu'on l'entretient mal.
Je lui tends l'arme, pommeau orienté vers elle, pour qu'elle la récupère. Le gant qui tient la lame semble solide mais un poil incongru. Je ne montre que la peau d'un demi visage, ce qui reste assez inhabituel.
- Je comprends parfaitement qu'au pays des chevaux, ferrer les chevaux soit la priorité. Mais l'état de certaines armes indique qu'il y a nécessité à avoir une seconde forge. Car je ne songe pas qu'à vos épées. Des outils bien entretenus amélioreront la production et la qualité du travail de vos artisans, qu'ils soient ébénistes ou agriculteurs. Une hache, une scie, un ciseau ou une pelle fonctionnelle aideront vos gens dans leur labeur. Et j'imagine que votre maréchal-ferrant aura la même analyse que moi. Si vous avez une forge disponible et que mon profil vous paraît assez intéressant, je suis prêt à démarrer rapidement. Reforger ou réparer me permettra de trouver mes repères tranquillement, avant de me lancer dans des productions plus pointues. Et la tonnellerie pourrait réellement m'intéresser
Voilà, c'est dit. J'ai offert mes services, indiqué en quoi je pourrais être utile et de quoi j'aurai besoin. J'espère que cela suffira. Et comme je n'ai plus rien à dire, je prends conscience d'être le centre d'intérêt actuel, ce qui me met immédiatement mal à l'aise. Là, j'ai surtout envie de partir.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Dim 10 Jan 2021 - 17:57 | |
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S’il y a bien une chose que Louise a appris ces derniers mois en ne côtoyant que des hommes tous les jours, c’est qu’il s’agit d’être attentive à tout ce qu’ils disent, comment ils le disent. Tout entre en compte, de la position de leur corps à l’intonation de leur voix, les mots employés, la façon de s’exprimer, tout est important. Cela donne une idée assez précise de qui on a en face de soi et Louise, avec le temps, a acquis une certaine expérience en ce domaine. C’est très précisément pour cette raison qu’elle le laisse s’exprimer, après avoir soigneusement initié un sujet de conversation qui ne pourra que lui donner le champ libre pour des explications argumentées ou non.
La première chose qu’elle constate est que ce forgeron connaît son métier. Elle a essayé de l’induire en erreur, par de minuscules points de détails, sans qu’il ne tombe dans le piège. Même s’il s’agit probablement d’une prévenance issue de cette vieille habitude masculine consistant à penser que les femmes ne savent manier qu’une seule arme, leur aiguille à coudre, il prend le temps de lui expliquer ce qu’elle sait pourtant déjà, pour avoir pratiqué quotidiennement et ce depuis des mois maintenant. Elle sait où se trouve le point d’équilibre de son arme, elle sait utiliser le pommeau comme le parfait contre-poids qu’il est, elle sait aussi remarquablement la lancer, avec une redoutable précision. N’a-t-elle pas, après tout, lancé sa dague de manière à stopper la progression de Dante dans cette fatale ruelle de Thaar, pour l’empêcher de faire face à un monstre bien plus puissant que lui ? Elle se rappelle le bruit de la lame enfoncée entre deux pavés, elle se rappelle également l’oscillation bruyante qui avait suivi, comme une mise en garde…Tout comme elle se rappelle le bruit mat de sa lame s’enfonçant dans le bois, lors d’une discussion houleuse à bord du Vol d’Or…
Le second point est encore plus intéressant parce qu’il a trait à la personnalité de cet homme qui lui est totalement inconnu. Il utilise un langage plutôt raffiné pour un ferronnier, comme s’il avait été habitué de côtoyer des personnes de qualité, il ne semble pas effrayé ou intimidé comme le sont généralement les gens de petite condition qui entre dans le château pour la première fois. Il a le parler facile, un vocabulaire riche, une voix posée. Rien qui n’indique un manque d’éducation si ce n’est parfois des mots étranges tels ce « Milédi » dont elle ignore la signification.
Le dernier point, essentiel, est qu’il ne manque pas d’idées. Et c’est important, dans une seigneurie comme Fernel, de disposer de gens inventifs et créatifs. Isolée aux pieds des montagnes, les menaces ne manquent pas et Louise a été, pendant de longues années, éloignée de tous ces dangers, tenue à l’écart par des hommes qui pensaient, dans leur orgueil de mâles, faire mieux qu’une femme, au point de tenter de lui reprendre sa seigneurie par de fourbes complots ourdis au sein même du château. Les coupables se balançaient encore au bout de leur corde quand elle a pris des décisions essentielles pour la sauvegarde de ce qui lui appartient, et ce même si aucun conflit ne perturbe, pour l’instant, la région. Elle sait que la paix est fragile, alors elle se prépare, tous les jours et a considérablement fortifié le château ainsi que le village y attenant. Un homme tel que ce ferronnier serait un atout majeur pour Fernel, elle en est bien consciente et c’est bien pour cette raison qu’elle ne dit rien, qu’elle le laisse parler, s’exprimer, donner ses idées.
Tout cela est le cheminement de pensée, rapide, de la châtelaine qui a pris une décision.
- Les armes de mes hommes devront être soignées en priorité. Je compte effectuer un déplacement très important sous peu, il est impératif que les personnes qui m’accompagneront fassent bonne figure, surtout au niveau de la qualité de leurs armes.
Elle est toujours debout, les mains dans le dos, souriant aimablement. Cela équivaut à un engagement, à ses yeux, rien que par les paroles qu’elle vient de prononcer. Enguerrand opine silencieusement de la tête avant de s’éloigner, cessant son inspection silencieuse.
- Je ne sais pas encore combien d’entre eux seront du voyage mais nous ne serons pas nombreux, pas plus de six ou sept, à priori.
Louise marche tranquillement dans la salle, après avoir récupéré l’arme tendue par Gendry. Elle la manipule avec aisance, tout en réfléchissant à voix haute.
- Gontrand occupe la petite maison qui jouxte l’unique forge de Fernel. Autant que vous le souhaiterez, vous résiderez donc à l’auberge, votre séjour sera pris en charge par la seigneurie, le temps pour vous de vous installer et de vous familiariser avec nos traditions. Si la vie dans le Nord, dans ma seigneurie, vous convient, alors nous veillerons à vous installer définitivement dans une des petites maisons du village. Que pensez-vous d’une période d’un mois, Monsieur Adkin ?
La châtelaine dépose l’arme sur un tréteau avant de revenir vers lui.
- Avez-vous besoin de choses précises concernent votre installation ? L’Intendant vous fera parvenir tout ce dont vous pourriez avoir besoin. J’entends bien que vous venez de très loin, peut-être avez-vous du alléger vos bagages pour un si long voyage.
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Mar 19 Jan 2021 - 13:51 | |
| J'ai beaucoup parlé et maintenant le silence m'empoisonne les sangs. Ils ont besoin d'un forgeron mais ai-je les compétences requises à leurs yeux ? Je n'ai pas le profil attendu du géant aux muscles hyperdéveloppés que l'on imagine pour ce métier et si mes compétences peuvent être reconnues d'un maître-ferronnier, comment une personne qui n'est pas du métier pourrait-elle sentir si je suis compétent ou un charlatan ? Mais mon sang reprend sa course normale quand elle donne ses premiers ordres
- Fort bien pour les armes, mais apparemment vous avez une garde rapprochée qui vous accompagnera pour une mission diplomatique, c'est cela ? Que penseriez-vous que cette garde d'élite dispose d'un petit plus pour ces missions, que l'arme paraisse aussi être une arme d'apparat. Je songe à un poinçon, un logo, qui représenterait vos armoiries. L'impression d'unité aide, à ce que j'ai compris, lors de négociations ou de représentations. Je veux dire que je l'ai compris parce que, pour certaines commandes, l'apparat comptait plus encore que la fonctionnalité de l'arme. Et il est possible d'ajouter ce petit détail sans nuire à l'équilibre de l'arme. Il faudra juste que j'aie un modèle. Et j'imagine que ce genre d'attention plait aussi à vos gens d'armes, même si sur ce plan je n'ai aucune expérience. Recevoir le poinçon sur son arme, ça serait la preuve d'une reconnaissance et cela fait toujours du bien au moral. C'est comme quand un client paie plus que la somme demandée, ce qui est la preuve qu'il est vraiment satisfait de mon travail.
Sans compter qu'une arme poinçonnée est plus facile à identifier et retrouver si elle est volée ou vendue. Mais pour six ou sept, le jeu en vaut la chandelle. Bon, information suivante, le forgeron officiel se nomme Gontrand. C'est toujours utile de s'en rappeler. Mais l'autre information est moins agréable : il n'y a qu'une forge à Fernel et je retiens une grimace avec peine. Mais l'offre de me laisser résider à l'auberge durant un mois est loin de me déplaire.
- C'est fort généreux de votre part de m'offrir un hébergement avec nourriture pour un mois et de veiller à mon installation définitive, mais un problème se pose, dès maintenant et j'avoue que je vais avoir du mal à l'expliquer.
Je prends une vingtaine de secondes, et je sais que ce délai est long, pour formuler la bonne explication et ne la trouvant pas, je me lance comme je peux.
- Les métiers d'artisan, surtout ceux qui exigent un matériel spécifique, sont des métiers de solitaire dans les grandes lignes. Il est rare de voir plusieurs forgerons travailler ensemble. Le seul cas de figure acceptable est celui du patron et de ses ouvriers, ou du forgeron et de son apprenti. Parce qu'on a tous nos horaires, nos méthodes de travail. Je pourrais parfaitement m'entendre parfaitement avec votre Gontrand, on pourrait devenir instantanément les meilleurs amis du monde, et rien n'est moins sûr, qu'on se taperait vite sur les nerfs. Parce que je devrai attendre qu'il allume sa forge pour démarrer mon travail et qu'il devra attendre que j'aie fini le mien pour l'éteindre, ou que pendant que je répare une lame il ne pourra pas préparer un fer, et inversément, même si chacun y met de la bonne volonté. Vous avez besoin d'un artisan en plus, il en est conscient et nous ferons donc l'effort, mais ça ne tiendra pas longtemps. Comment vous l'expliquer ? J'ai appris avec mon père mais une fois que j'ai été au point, il s'est mis de côté, ne venant qu'en renfort, parce que sans cela, on aurait fini par se taper dessus. Et il m'aimait. Et je l'aimais. Je ne suis plus un apprenti et il est compétent. Donc ça ne fonctionnera pas, même sur le moyen terme.
J'en suis désolé, mais je ne doute pas que le maréchal-ferrant dira la même chose si on l'interroge sur le sujet.
- Ce qu'il faudrait, idéalement, c'est une seconde forge. Ce n'est pas impossible à construire, elle pourrait être en face de celle de votre maréchal-ferrant. Il était le premier sur place, il conserve la tâche la plus prestigieuse, car le maréchal-ferrant est toujours respecté, encore plus sur une terre des chevaux. Moi je suis jeune, je veux taper du fer, me faire un nom ici, nom que lui a déjà. Réparer les armes ou les outils est un travail digne aussi, mais plus... artisanal. Je pourrai le suppléer s'il doit tomber malade ou partir en voyage, il pourra me suppléer si je devais me blesser par exemple. Je ne pense pas que nous serions en concurrence. Mais oui, une forge en plus ne serait vraiment pas du luxe et j'avais dans l'intention d'en acheter une, avec une petite maison attenante. J'aime avoir un chez moi.
Qui pour fabriquer une forge par ici ? Vaste question, mais ça sera indispensable. Quant à mes autres besoins.
- J'ai pris mes vêtements, mes affaires de ferronnerie, à l'exception de la forge, forcément, mon arc, mes flèches, mes dagues, ma literie et mes lingots. Cela faisait son petit poids. J'ai renoncé à prendre mes meubles. Ils n'étaient pas en chêne, déjà et j'étais convaincu d'en trouver facilement ici. Même en troquant. Des outils remis à neuf contre un lit, cela fait sens pour les deux parties. Puis une armoire solide. J'adore les grandes armoires. Pour le reste, je me les fabriquerai avec le temps. C'est... ça a plus de valeur quand on sait le travail que ça a représenté de transformer un lieu en un "chez soi". je...
Je parle trop. Je suis exigeant aussi. Mais je sais déjà que sans avoir ma forge à moi je ne saurai pas rester car je serai malheureux. Mais j'aime bien ici, déjà et je m'y projette. Je veux surtout la paix en dehors de mon travail.
- J'ai tout dit. Voilà !
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Mar 19 Jan 2021 - 22:41 | |
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La vérité est que Louise laisse toujours sa chance aux gens. Absolument toujours. Elle ne part avec aucun a priori, elle laisse le temps faire son œuvre et elle laisse les personnes montrer leurs qualités et leurs défauts. Cela lui a permis d’ouvrir les yeux bien grands sur certaines réalités de ce monde, qu’elle considérait comme des préjugés, notamment en ce qui concerne les Drows. A eux aussi, elle a laissé une chance. Oui. Même à ces créatures abominables. Et ils l’ont piétinée, cette chance, foulant aux pieds un désir sincère d’en apprendre davantage sur un peuple maudit, considérant sans doute dans leur éternel égo entretenu au fil des siècles que l’avis d’une humaine n’a absolument aucune valeur. Elle sait désormais que converser avec des oreilles pointues est très dangereux. Quelles que soient leurs couleurs d’ailleurs. Elle n’a jamais rencontré d’Elfe mais elle est terriblement refroidie par cette perspective qu’elle envisageait pourtant avec le plus grand enthousiasme il y a de cela quelques ennéades…
Ce qui vaut pour toutes les autres races vaut également pour l’humble forgeron en quête d’un nouveau départ. Elle n’a pas d’a priori sur lui, absolument aucun. Tout au plus se permet-elle de penser que son masque fait de lui un original et qu’il lui sera sans doute difficile de passer inaperçu au milieu d’un bourg où tout le monde se connait. Peut-être même devra-t-il apprendre à côtoyer de nombreuses personnes qui viendront lui poser des questions. Peut-être, au contraire, sera-t-il un temps observé avant d’être accepté. Cela dépendra de son bon vouloir. Louise lui offre la possibilité de faire ses preuves, à lui de saisir sa chance et de ne pas la laisser filer.
- C’est bien plus qu’une mission diplomatique. Je me rends au mariage du Roi des Nains, dans les terres du Zagazorn.
Le tout est dit avec le calme le plus absolu. Dire cela de cette façon si décontractée est du Louise tout craché. Les gardes en attendent davantage, suspendus à ses lèvres.
- Sa Majesté m’a personnellement invitée, je compte bien me présenter là-bas sous mon meilleur jour, avec à mes côtés de dignes représentants de mes terres, qu’ils soient faits de chair ou de métal.
Elle ajoute, le plus tranquillement du monde :
- Ce serait également une superbe réclame pour vous, Monsieur Adkin. Il y a aura sans doute de nombreux seigneurs présents à ce mariage, c’est un événement important, après tout. Qui sait…peut-être qu’une de vos œuvres attirera l’attention. Quoiqu’il ‘en soit…
Louise ait un signe à Enguerrand qui se retourne et approche en silence. L’homme est grand. Silencieux. Très impressionnant et pourtant il se dégage de lui une bonté, un charisme naturel. La châtelaine désigne le dessin qui est représenté sur le tabard de son maître d’arme, soulignant les lignes du bout des doigts.
- Voici les armes de Fernel. Un chêne, représentant l’essence de bois la plus précieuse de mes terres mais aussi la sagesse et le savoir, derrière un cheval cabré, qui représente à son tour mon meilleur atout et la puissance, la force. Peut-être pourriez-vous reproduire ceci sur certaines de mes meilleures épées, qu’en dites-vous ? De la manière qui vous semblera la plus adaptée…Surprenez moi.
Elle remercie son maître d’arme d’un sourire et d’un mouvement de la tête avant de se diriger vers la carafe d’eau et de se servir un verre.
- Laissez vous le temps d’apprivoiser votre nouvel environnement, Monsieur Adkin. Si vous vous plaisez parmi nous, si tout est à votre goût, je verrai alors à vous fournir ce dont vous avez besoin pour faire votre travail dans les conditions qui vous conviennent. En attendant, vous partagerez la forge avec Gontrand qui est la discrétion incarnée. Je ne doute pas que vous parveniez à un accord qui vous satisfait tous les deux, le temps pour vous de voir si la vie à Fernel vous plaît.
Elle boit quelques gorgées de son verre d’eau et ajoute, pensive :
- Les gens de Fernel ne sont pas des ingrats. Il y a fort à parier que si vous vous plaisez parmi nous et que vous vous intégrez bien, vous n’aurez pas à dépenser un seul sou pour vous meubler. La générosité et l’accueil, Monsieur Adkin, ne sont pas de vains mots sur mes terres.
Louise lui sourit, aimablement, avant de demander :
- Avez-vous d’autres questions ?
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| | | Gendry Adkin
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Mar 26 Jan 2021 - 19:16 | |
| - Un mariage royal nain ? J'avoue que je n'y connais rien en étiquette ni en mode de vie des nains. Je sais juste qu'ils ont la réputation d'avoir les meilleurs forgerons du monde. Seuls les elfes leur dénient ce titre. Mais c'est surtout la qualité de leur acier qui fait rêver. j'ignore si j'en ai déjà travaillé, pour moi ça fait plutôt partie de la légende. Et cela me paraît être un bien long voyage, plus important encore que celui que je viens de mener. J'espère que vous et vos hommes en profiterez au maximum, cela doit être délicieusement dépaysant et très instructif en prime.
Lui n'est pas un voyageur, c'est ainsi quand on est lié à sa forge, même si cette dernière peut rester à l'arrêt. Et quand il réalise que son travail peut être comparé avec celui des nains, il réfléchit rapidement.
- Je préférerai toujours l'efficace et le fonctionnel au décoratif, en matière d'armes, même si les gens aiment aussi qu'elle ait de la gueule... pardon, qu'elle dégage du prestige. Mais si elle est tranchante, ni trop légère ni trop lourde, solide et qu'elle tient bien en main, cela compte le plus. La qualité du fer aussi, forcément, mais cette dernière dépend moins du forgeron. Outre la fonctionnalité, je pourrai y ajouter un petit travail de finesse. Rien d'ostentatoire, si l'objectif n'est pas d'impressionner. D'autant qu'il sera compliqué d'impressionner des nains au niveau du travail du fer, tout comme il sera difficile pour vos invités de vous impressionner sur le travail du bois, j'imagine.
Un chêne en fer sur le fourreau et les armes de Fernel en poinçon sur la lame, voilà qui pourrait convenir, mais il se donne le temps d'y réfléchir. C'est que si son travail doit être jugé par des nains, il a intérêt à ne pas se planter. Et c'est sur la finesse de son travail, comme il l'a fait pour son masque, qu'il pourra peut-être se démarquer. La suite est plus inquiétante pour Gendry, qui sait qu'il ne tiendra pas le coup s'il doit partager une forge, d'autant plus s'il n'en est pas le patron. Cela fait trop longtemps qu'il travaille seul.
- Si au bout de ce mois d'essai vous me garantissez que j'aurai les moyens d'avoir ma propre forge, alors je pense que nous avons une entente. Entretemps, je tenterai de vous prouver mes qualités pour effacer vos doutes et je tâcherai d'apprendre vite vos us et coutumes. Je suis loin d'être contraire, même si je ne suis pas naturellement... liant. J'espère que vous avertirez votre maréchal-ferrant qu'il devra partager sa forge mais qu'il restera, quoi qu'il arrive, le maréchal-ferrant de Fernel, mon ambition n'est pas de lui voler son titre et son prestige, mais de m'installer et de faire mes preuves, tout simplement.
Les meubles gratuits, cela lui semble sympathique, mais on n'a rien sans rien. Il fera volontiers un chandelier en échange d'une armoire ou d'un lit, le troc aussi a du bon. Et il espère pouvoir aider, à son niveau. Se sentir utile, c'est la meilleure prime que peut recevoir un artisan.
- Pas d'autres questions, ma Dame. J'espère juste vous faire honneur. Je vais réfléchir à vos armes et celles de votre garde pour le mariage royal.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Arrivée à Fernel Mer 27 Jan 2021 - 11:32 | |
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A dire vrai, elle a passé beaucoup de temps à lire tout ce qui est disponible à leur sujet à Fernel, en plus de s’entretenir de longues heures avec les trois hommes revenus de Thanor. L’émerveillement qu’elle a lu dans le regard du Capitaine de sa garde l’avait amusée, tout autant que le récit de cette soirée dans une taverne qui a vu le si discret Aymeric Atréis perdre tout conscience de lui-même au point de prendre ses hôtes dans ses bras pour danser et chanter. Elle a en outre appris deux ou trois mots importants, les règles de bienséances et quelques coutumes, avec la plus grande attention. Il serait extrêmement mal vu de commettre un impair en se rendant là-bas et elle compte bien ne pas laisser passer sa chance. Il est inespéré de recevoir une telle invitation, surtout pour un petit seigneur tel que Louise.
- Je compte en apprendre le plus possible, en effet. Je n’ai jamais caché mon goût pour l’étude, la découverte des mondes et les voyages.
Elle est d’ailleurs entre deux séjours, totalement fous. Invraisemblable dame qui parcourt les terres sans se fatiguer, afin d’apaiser sa curiosité, sa fougue et ce cœur qui réclame sa part de découvertes, de nouveautés et de satisfactions diverses. Les hommes ont épuisé Louise, moralement, physiquement, de bien des façons, ils ont créé un être impétueux et volontaire, bien décidé à mener sa barque de la façon dont il l’entend. Elle revient de Thaar et il faut déjà repartir ? Aucun souci. Elle ne manque pas de cran ni d’argent. Personne ne la retient entre ses murs, ni époux, ni marmaille, après tout. Au moins réussit-elle désormais à ne plus s’endormir en ayant ingurgité de l’alcool, le voyage à Thaar lui a au moins apporté cela.
- Mon objectif n’est pas d’impressionner, Monsieur Adkin, mais plutôt de promouvoir l’art et les techniques de mon domaine, ici et ailleurs. Vous pouvez m’y aider aussi sachez que votre concours est apprécié.
Elle sait très bien que ce n’est pas avec un petit poinçon et un joli dessin qu’elle va faire une forte impression auprès des Maîtres incontestés du métal et des forges. Par contre, elle peut peut-être ainsi afficher aux autres seigneurs de Péninsule qui seront présents que Fernel n’est pas n’importe quelle seigneurie. Mais chaque chose en son temps…Pour l’heure, il s’agit de Monsieur Adkin, par de géopolitique.
- Il semble que nous ayons une entente. Je vous souhaite donc officiellement la bienvenue sur mes terres et espère de tout cœur que vous vous y plairez. Les Fernelois sont des gens bien, parfois un peu rudes, mais toujours soucieux du bien d’autrui. N’hésitez pas à vous adresser à eux ou à l’Intendant, Monsieur Redinem, en cas de demande plus spécifique pendant mon absence.
Louise est contente. Un nouveau forgeron est une plus-value considérable pour son domaine. Si un conflit venait à éclater dans la région, au moins pourra-t-elle armer ses hommes avec des épées qui tiennent la route. Cette perspective, ajoutée aux travaux d’aménagement et de fortification des murs de l’enceinte, la fait sourire. Les choses semblent se dérouler selon ses vœux, pour une fois. Elle salue poliment le nouveau forgeron et s’éloigne déjà pour s’entretenir avec Enguerrand au sujet de leur prochain déplacement. Un garde raccompagnera aimablement Gendry afin de lui permettre de découvrir Fernel et ses habitants.
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