[Une union royale] Trois jours et trois nuits de festivités

[Une union royale] Trois jours et trois nuits de festivités.

RP précédent Le serment et les présents.

Du 6ème jour de la 4ème ennéade de Bàrkios, dans l'après-midi, au 9ème jour de la 4ème ennéade de Bàrkios, au matin.

Toutes et tous, nains, elfes et humains, prirent le temps de rendre hommage au tout nouveau couple royal. Né d’une rencontre fortuite, cultivé de manière secrète et dans la pudeur, cette relation éclatait enfin au grand jour. Certains, parmi les Dawis, étaient déjà au courant, car des rumeurs couraient depuis que Brynhild était revenue à Kirgan pour faire un rapport sur une mission. On l’avait vue rentrer dans l’aile royale… Et n’en ressortir qu’au lendemain matin. Les rumeurs disaient même que Hilda, la propre fille de Harald, avait surpris les deux amants dans les draps du paternel, dans des postures hilarantes, rendant l’instant ô combien gênant… Et comique. Mais beaucoup furent surpris, stupéfaits, mais aussi apaisés et même comblés, car s’il y avait bien un combat qui était difficile pour tous les nains, c’était celui de la natalité et du renouvellement de la population.

Car les légendes sur le peuple nains n’étaient point toutes fausses, ni exagérées. Oui, il était régulier de voir des nains et des naines, des poilus et des bavettes, des barbes et des tresses, délaisser le plaisir de la chair et le besoin de procréation, dans le seul et unique but de s’adonner à leur art, à leur passion, à leur clan… A leurs savoirs. Les runistes étaient tout particulièrement touchés par cet état de fait d’ailleurs, certains perdant toute pulsion – parfois même la sensation de faim et le besoin de manger et de boire – car ils se donnaient corps et âme dans leur art tout entier, ne vivant, ne respirant et ne jurant que par cela. Et puis, les grossesses naines étaient particulièrement difficiles, et les naissances plus encore. Et enfin, la population, naturellement plus mâle que femelle, rendait les choses difficiles pour un peuple pour lequel la sexualité était, sinon tabou, au moins sujet à la plus grande pudeur. Voir le Roi s’unir à une bavette fière et forte, envoyait donc un grand message, un beau message. Une suite à la politique de natalité débutée voilà dix ans, et qui commençait à montrer les premiers signes d’un résultat balbutiant.

Les cadeaux et les bénédictions furent donc présentées aux yeux de Harald et de Brynhild, qui s’émerveillèrent – parfois sobrement – de la magnificence de certains présents. Ce fut sans doute la partie la plus longue, car vous étiez nombreuses et nombreux à être appelés pour faire face au Roi, et à sa moitié. Car Brynhil n’était point la reine. Elle était la bavette liée au Grand-Roi, mais n’était point devenue Grande-Reine. Parlons plutôt d’une sorte de première dame - ou plutôt première tresse chez les nains. Pourquoi ? Parce que les nains élisent les souverains, et seul le thane – ou la thane – élu(e) pouvait porter la couronne, et le titre. Point la chanceuse ou le chanceux qui partageait sa vie. Toutefois, l’honneur d’un tel évènement, et de deux partenaires tels que Harald et Brynhild, rejailliraient sur le couple, et Brynhild bénéficierait assurément d’une aura nouvelle, d’un respect nouveau… D’une place nouvelle, au sein de la société Naine. Car après tout, n’était-elle point la liée du Roi ? Et le Roi n’était-il point le lié de la Thane du clan Odomar ?

Le dernier présent offert, la salle résonna à nouveau de plusieurs coups de hampes de haches frappées au sol, tels les trois coups d’une pièce de théâtre. L’écho réverbéré focalisa votre attention, et Harald et Brynhild se levèrent tous les deux. En tant que jeunes liés, et maître et maîtresse de cérémonie… C’était à eux d’annoncer la suite des festivités, et point n’importe lesquelles.

- Vos présents sont magnifiques, et témoignent de l’honneur que vous nous faites à Brynhild et à moi, en étant ici, parmi nous, au cœur de notre capitale du Zagazorn. Les temps qui s’annoncent semblent plus radieux encore que je n’aurais pu l’imaginer, et il ne tient qu’à nous de nous assurer que pas un nuage ne vienne troubler nos cieux. Aussi, que les festivités commencent ! Et qu’elles ne cessent point avant l’aube du 9ème jour de cette ennéade, par Ikthor !

Aussitôt, les portes Nord-Est, celles menant aux parties communes du palais, s’ouvrirent avec force, alors que les gardes agrippaient les poignées de leurs épaisses pognes gantelées d’acier. Dans un flot continu, des nains en sortirent, comme s’ils étaient vomis par ces portes derrière lesquelles semblait se trouver une cascade intarissable. Portant des vêtements basiques, tâchés parfois de graisse, d’alcool et de sauces de cuissons, les cuisiniers, serveurs et brasseurs, se mirent en place comme dans un ballet savamment préparé, au quart de pouce prêt !

De part et d’autre de la table royale, à bonne distance de celle-ci tout de même afin de pouvoir laisser aux jeunes liés, le loisir de se mouvoir, et à celles et ceux qui désiraient leur rendre visite, la place pouvoir s’installer, deux fois quatre tonneaux – quatre à droite et quatre à gauche de la tablée donc – furent installés sur des tables concaves, parfaites pour les recevoir. Ceux-ci contenaient quatre bières différentes : deux tonneaux renfermaient une bière blonde, douce, peu amère et au degré d’alcool plutôt faible, parfaite pour maintenir une discussion intéressante sans s’assécher le glissoir et sans s’embrumer l’esprit. Deux autres tonneaux renfermaient une bière brune, plus forte cette fois-ci – tant en goût qu’en amertume et en quantité d’alcool – parfaite pour accompagner les viandes, ou pour pouvoir remplir les immenses pintes des futurs jeux à boire. Deux autre encore, renfermaient cette fois-ci une bière fruitée, plus sucrée, plus douce aussi, aux arômes puissants et gourmands, destinée à la dégustation et au plaisir des papilles. Deux derniers, enfin, contenaient une bière tourbée – ou appelée noire dans certaines contrées. Très forte, très alcoolisée, très amère, très puissante sur les papilles, cette bière n’était destinée qu’aux palais des plus connaisseurs, ou aux gosiers les plus endurcis. Et aux foies les mieux préparés. Gare toutefois à celui ou celle qui déciderait d’utiliser cette bière-ci pour un concours de nourriture ou de boisson : nul doute que vous ne verriez la fin ni de l’un ni de l’autre ! Ces deux fois quatre tonneaux furent mis en perce devant vos yeux ébahis, et point un brasseur ni tavernier ne resta pour vous servir : tout ici était libre de consommation ! Dès lors qu’un tonneau serait vidé, un autre aura tôt fait de le remplacer !

Durant ce même laps de temps, alors que des taverniers et brasseurs aux épaules musculeuses et aux bras noués déposaient tables et tonneaux, des serveurs – non moins épais d’ailleurs – s’approchaient de vos tablées. Devant vos grandes assiettes circulaires, on déposa une chope de bière faite dans un bois savamment taillé et préparé afin qu’aucun arôme ne se perde ou ne soit altéré par le matériau du récipient. Une chopine, plus petite, et faite en cristal cette fois, allait aussi être déposée. Celle-ci était destinée à recevoir les liqueurs, les vins et les élixirs les plus fins ou les plus puissants, ceux que l’on ne destine ni à des concours, ni à des jeux, et que l’on ne boit point cul-sec ou au litron. Et puis, c’est une troisième et dernière coupe qu’on déposa enfin. Mais celle-ci – encore faite dans un bois agréable au toucher et finement décoré – était grande et massive ! D’une capacité d’environ trois litres, elle était destinée aux plus soiffards, aux plus soulots… Et aux concours de boissons et aux beuveries diverses !

On ne vous laissa que quelques secondes pour détailler ces coupes et chopes. Très vite, une autre ribambelle de serveur approcha, chassant presque ceux qui déposèrent vos récipients. Face à vous, et à intervalles réguliers sur vos tablées, ils déposèrent des bouteilles de vins qu’ils s’empressèrent à débouchonner. Des vins d’ici, du Kirgion et de Virnée : des vins montagnards, très forts, colorant la langue et aux arrière-goûts très prononcés. Mais il y avait aussi des vins du Brissalion et du Lörn, plus doux cette fois-ci, plus boisés et plus ronds. Et, bien-sûr, parce que le Zagazorn s’était ouvert au commerce avec les autres nations, avec une envie sans précédent, et depuis plusieurs mois maintenant, des vins Péninsulaires et Vaanies vinrent garnir vos tables, dans des quantités tout à fait suffisantes pour vous faire tourner la tête en avance.

Des écuelles allaient être disposées. Certaines serviront de poubelles de tables, d’autres étaient garnies de plusieurs sortes de pains : du blanc, du noir, des pains de céréales, adaptés aux différents fromages qui vous seraient servis très bientôt. L’attention atteint même un certain paroxysme – pour les nains – dans la quantité de serviettes qui furent distribuées, pour les plus faibles, les plus tatillons… Ou les plus protocolaires.


Dans le coins Sud-Ouest de la salle, du côté de la double porte d’entrée, des musiciens prirent place, et ils joueront tantôt des gigues, tantôt de simples musiques fluettes à la sonorité très éloignée de celle des Humains et des Elfes, invitant à la danse sans modération ni retenue. Dans le coin Sud-Est, et le coin Nord-Est, des tablées furent préparées sans hâte et sans heurt, car c’était là que les principaux jeux devaient avoir lieu – bien que rien n’interdise d’en réaliser directement sur les tablées des invités : bras de fer, jeux d’osselets et de jetons divers, paris futiles, concours de boissons et d’ingurgitation de nourriture, trouveraient leurs places en ces endroits-ci, surveillés par des cuisiniers et des serveurs qui, au moindre signe d’amoindrissement des victuailles, s’évertueraient à remplir écuelles et pintes, afin que jamais les rires, les chocs des chopines et les discussions, ne puissent ni se tarir, ni dépérir.


Vous vous rendrez-compte qu’il n’existe pour ainsi dire aucun protocole d’aucune sorte. Inutile d’attendre que le Roi mange pour attaquer vos plats. Des viandes blanches, des viandes rouges, d’élevages ou de gibier, seraient rapidement servis. Pomme-de-terres, Frongols – des champignons très épais et très nourrissants, très bourratifs et très appréciés des nains pour leurs cultures faciles ne nécessitant ni terre ni soleil – légumes de potagers et fruits, font leurs arrivées, garnissant les tablées jusqu’à n’en plus finir. Des carafes entières de jus de cuissons et de sauces, sont à votre disposition. Et il y a même des couverts !

Point de protocole disions-nous ! Cela se retrouve aussi dans l’attitude des convives. Les discussions n’ont point le besoin d’être feutrées, ou réalisées à part. Vos couverts peuvent ne servir que de décoration ! Des bouts de pains arrachés voleront ça et là, tantôt par chamaillerie, tantôt par inadvertance, souvent par envie d’amusement sans velléité aucune ! Et nul besoin de demander à ce lever pour user des commodités, ni pour aller vous reposer dans vos appartements, non ! Faites-le, et revenez dès lors que l’envie vous plaira ! Et nul besoin non plus de demander audience au Grand-Roi des Nains, ni à la première tresse, la thane des Odomars ! Ils sont là, attablés. Ils se lèveront à leurs guises. Ils quitteront leur table pour se mêler aux vôtres, si l’envie leur en prend. Et vous, vous pouvez vous installer à la leur ! Prenez vos chaises si vous le désirez ! Nul besoin de titre, de rang ou d’une bonne raison pour aller à leur rencontre. Les nains, en ce cas, préfèrent la simplicité et l’honnêteté, et la démarche sincère.

L’installation, la cérémonie et le temps des présents, sont enfin terminés. Et l’instant politique fort, à savoir l’ancienne couronne des Rois en Mogarium reforgée par Thordril, s’est déroulé devant vos yeux. L’heure est maintenant à ce qu’aucun attend avec impatience : les festivités. Trois jours et trois nuits de banquets et de beuveries, durant lesquels tout est permis. Concours et jeux divers, musiques et danses, déclamations et silences… Tout peut se produire, les Nains y sont habitués. Préparez-vous à voir s’effondrer le jeune qui aura surestimé sa tolérance à l’alcool. Préparez-vous à entendre dégobiller le vieux qui aura bu plus qu’une outre à bière. Préparez-vous à voir ça et là les heureux sacrifiés sur l’autel de la ripaille, qui dormiront à même le sol, à même leurs fauteuils, dans les couloirs et les corridors, ou dans leurs appartements – pour les plus chanceux. Préparez-vous aussi à entendre les récits et les sagas, car il est bien connu que même le plus ronchon et le plus opiniâtre des nains, cesse tout babillage et toute querelle lorsque la bière se fait plus présente dans le sang que les éléments qui doivent normalement y figurer. La fête est un art. Et ça et là, des nains endossant de longues toges blanches apparaîtront : des fidèles ou des prêtres de Girdon, le demi-dieu de la Ripaille, qui bénissent les banquets et s’assurent de leur pérennité.

Les appartements royaux ne sont autorisés qu’aux nains qui y sont logés. Les gardes veilleront à ce que cette règle soit respectée.

Les salles desservies par la porte Nord-Est sur le schéma (cuisine, …) sont interdites à quiconque n’est pas un nain. Les gardes y veilleront.

Les étrangers ne disposant pas de l’honneur « Ongrumthrong » (ami des nains) ne pourront se déplacer librement en-dehors des zones déjà citées dans les trois autres volets (salle du trône, ailes de logement, couloir centrale du palais, et devant les portes de Kirgan pour prendre l’air). Toutefois, il est possible d’être accompagné par un ou plusieurs nains, et cela augmenterait vos libertés. Même si les gardes (sobres eux) veilleront toujours à vos déplacements, il sera possible qu’un PJ nain puisse vous faire sortir de ce trajet délimité, la fête permettant d’abattre quelques barrières.

Il n'est pas obligé d'être dans la salle du trône pour pouvoir boire et manger. Vos assiettes, vos coupes, vos chopes, peuvent être consommées partout dans les zones autorisées, même dans vos appartements ! Demandez gentiment, et l'on vous servira même directement à votre chevet !

La table royale et le couple royale, sont abordables par tout le monde. Il n’existe aucun protocole ni règle de bienséance, Harald et Brynhild étant tout à fait disponibles, et pouvant prendre part à toutes les discussions et autres évènements disponibles. Seul le trône royal, et celui de Brynhild, sont interdits aux étrangers – et fortement déconseillés aux nains par rapport à la symbolique.

Vous pouvez faire tous les side-RP que vous souhaitez. Il vous suffira d’utiliser « [Une union royale] » en début de titre, puis de vous faire plaisir (et ce afin de situer les RP pour les journaux/les chronologies). Ce quatrième et dernier volet à valeur de trame centrale. Les Side-RP devront donc s’y « inclure », dans le sens où vous ne pourrez pas être à deux endroits à la fois, au même moment. N’hésitez pas donc à user de spoilers, ou de phrases en gras, ou en BLUR, pour indiquer que tel et/ou tel perso se déplace pour tel ou tel side RP, par exemple. Ou à signaler votre retour après la fin d’un side-RP. Ce RP-ci va aussi servir d'évènement principal (concours de nourriture, de boissons, ...), afin de le rendre vivant.

Double post autorisés sans délai. Et n’hésitez pas à résumer vos actions/pensées dans des spoilers en fin de post, pour les retardataires ou les joueurs pas trop fan des romans.

HRP : des traducteurs peuvent se trouver dans la salle ou parmi les serveurs et employés. Faites en bon usage.

Fin de ce dernier volet : le 20 Mars, 23h59.



Codage pour parler en langue naine :

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Codage pour parler en langue Elfique :

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Codage pour parler en langue Péninsulaire :

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Codage pour parler en langue commune (Oliyan) :

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Schéma de la salle du trône:

Illustration de la porte de la salle du trône:

Illustration du trône royal:

Filingin est abasourdi par le spectacle des cadeaux qui viennent de défiler devant ses yeux. Tous sont plus magnifiques les uns que les autres et il n’y a que le passage du malheureux Estoniel qui le laisse grimaçant. Les autres peuplades ont encore beaucoup à apprendre pour être digne de la Mère.

Cette pensée disparait bien vite dans un coin de son esprit car une fois la farandole terminée, la salle s’agite de tous les coté, alcool, liqueurs, rafraichissement se voient proposés un peu partout en même temps que toute sorte de met aux odeur fantasques comme le jeune elfe n’en a jamais vu ni sentit. Il se demande un instant si participer à tout cela n’est pas contraire aux voies sacrée. Après tous les ondur sont ceux de Calimenthar et il lui semble que les montagnes de viandes pourraient avoir été largement économisées…

Bien vite cette pensée là aussi est mise de côté, alors qu’avec étonnement il constate que personne ne semble respecter de protocole. Comme c’est étrange, voilà celui-ci qui se lève et s’en va tandis que celui-là se décide à se rapprocher d’un voisin et d’entamer une discussion endiablée. Le regard de Filingin s’accroche ensuite à deux des péninsulaire assis côte à côte. Se connaissent-il ? Sont-ils amis, partenaires, amants ? Le forgeron se prend quelques secondes à imaginer une histoire rocambolesque, digne des plus grandes odes des serviteurs d’Arcamenel entre ces deux-là. Et il se met à glousser. Peut-être devrait-il essayer d’en savoir plus durant les prochaines heures...

Autre chose attire soudain l’attention erratique du jeune elfe. Lui. Le nain à la barbe à moitié brulée. Celui qui à tendu une couronne aussi étrange que magnifique à son roi. Un.vrai.forgeron.nain

Ni une ni deux, Filingin n’y résiste pas et après un bref mot d’excuse pour ses compatriotes, il se lève et, prenant soin d’emporter sa chaise, et ses quelques couverts avec lui, sans oublier le bijou à son nom, il s’en va se poser pile en face du dénommé Thordril Hargrund Zharrhazarsson. Ou quelque chose comme ça.

-Bonjour je ! Lance-t-il alors avec un accent elfique à couper au couteau. Je étais Filingin. Je étais enchanté de rencontrer Grand honneur. Il gesticule ensuite en montrant Harald et sa couronne. Beau travail de tu. Tu le faire ça seul ? Je était admiratif… Moi aussi je forge, mais moins beau.

C’était maintenant officiel. Les présents attendus avaient tous été reçus. Les festivités pouvaient commencer, et si tu en crois l’agitation ayant soudainement pris la salle, c’est qu’il semblerait que les Dawis auraient eu du mal à se contenir ne serait-ce que quelques minutes de plus. Ton esprit était encore à s’amuser de la remarque de la Noirelfe – probablement tout aussi choquée que vous à la vue du grand félin – essayant de se défendre de ne pas avoir fait de même, que les odeurs d’alcools, de viandes, de fromages et de légumes chauds t’avaient agressé les narines.

- J’espère qu’ils comptent tout manger.

Ton épouse t’offre un regard presque désolé à la vue des montagnes de viandes qui commençaient à s’amonceler aux tablées, laissant malgré tout l’impression qu’il n s’agissait là que de la part émergée de l’iceberg. Est-ce que tout cela serait consommé ou est-ce qu’une part des ressources serait gaspillée ? Vous le verriez bien, et bien que ce ne soit pas votre rôle, vous auriez déjà là une idée des défis qu’auraient à relever vos émissaires Maleregeois.

- Au point où nous en sommes, je pense que le mieux qu’on puisse faire… tu souris, taquin, en direction de tes camarades Sylvains c’est limiter les pertes !

Une justification comme une autre pour faire bombance, mais qui n’en aurait pas cherché lorsque des fumets pareils emplissaient l’espace ? Les Dawis étaient-ils excessifs ? Certainement. Seulement il fallait leur reconnaître que dans leurs excès, ils vous avaient présentés de véritables farandoles de produits tous plus appétissants les uns que les autres. Au point que même Kaëlistravaë, dont le palais et les narines fines – en particulier en ce moment – étaient de très stricts juges te paraissait s’impatienter de découvrir ces saveurs venues d’ailleurs.

- Je crois qu’on peut se serv…

Les regards se tournent vers Filingin, apparemment bien moins intéressé par la nourriture que le couple royal. Des sourires amusés se dessinent à le voir balbutier un Khazalide approximatif au forgeron de la couronne royale. Tu chuchotes une traduction aussi maladroite que l’étaient les mots du jeune elfe à l’oreille de Kaëlistravaë, mais plutôt que d’en rire, c’est avec une certaine fierté tout de même que vous en étiez venus à observer le petit. Aussi emporté qu’il pouvait être, la passion qu’il mettait dans son art était pleine et entière. C’étaient ceux comme lui finalement, ceux qui faisaient la fierté d’Arcamenel.

- Tu sais quoi Tigilidënya ?

- Quoi donc ?

- Moi aussi j’ai un Dawi avec lequel il faut que je m’entretienne. tu te lèves d’un coup Attendez-moi un peu avant de commencer à manger.

Ton épouse roule des yeux, sourire aux lèvres, attendant de voir ce que tu pouvais bien avoir préparé cette fois-ci encore. Toi pendant ce temps, tu t’approchais à grands pas de la tablée royale Khuzdule. Arrivé à bon port, imprégné que tu étais de l’ambiance régnant maintenant dans la salle, tu t’appuies nonchalamment sur le dossier du siège du Grand-Roi, et attire son attention d’un regard.

- Alors Harald. tu lances, sur un ton léger Imaginons que nous ayons envie de faire la meilleure expérience possible de la gastronomie naine. Quels sont les conseils du Grand-Roi ?

Quels vins avec quelles viandes ? Quelles liqueurs avec quels fromages ? Quels pains avec quelles sauces ? Avec quelles bières se rincer le gosier ? Hors de question de ressortir d'ici déçu à cause de simples mauvais choix d'assortiments.

Était-ce une chorégraphie ? Était-ce un spectacle ? Était-ce un ballet préparé spécifiquement et au millimètre près ? En tout cas, l’instant était délicieux pour le souverain de ces lieux et de ces terres. Harald, soixante-huitième Grand-Roi du Zagazorn, gardien du Kirgion – et, par les temps passés, du Septentrion – était fier de voir ses gens, son peuple, se donner ainsi corps et Braise-Vie afin que ce banquet soit une franche réussite.

Les cuisiniers s’étaient affairés toute la journée derrière les fourneaux, afin de pouvoir sortir ces plats en quantité, en qualité et avec la fréquence nécessaire. Les brasseurs, eux, se démenaient afin de porter tonneaux et tonnelets, de mettre en perce et de servir quantités d’alcool, et de s’assurer que l’on ne meurt ni de soif, ni de déshydratation. Car oui, certains breuvages n’étaient point alcoolisés.

La tablée royale fut garnie avec la même attention que les tablées des invités. Viandes, légumes, cucurbitacées, sauces et condiments, fromages et accompagnements, étaient servis dans de larges et profondes écuelles, ou pendus à des supports en hauteur, tandis que les fromages étaient si chauds qu’ils coulaient facilement de ces caquelons qui étaient disposés ça et là. Les odeurs se mélangeaient dans une fragrance qui, d’une manière habile, était tout à fait agréable ! Pourtant, on aurait pu croire qu’autant de senteurs et d’odeurs provoqueraient un méli-mélo écœurant… Mais non.

Harald eut une attention pour sa dulcinée. Un regard entendu, un petit sourire déformant sa barbe, et une douce révérence… Et le voici qui attaque sa nourriture. Sans couverts, sans protocole, sans peur de tâcher ses soieries hors de prix. Et très vite, les convives du banquet s’adonnent à toute la liberté des festivités naines. On se lève, on se déplace, on change de chaises, on change de tablées. On se mélange les uns les autres, et parfois même, on emmène toute la ribambelle de nourriture et de victuailles dehors, ou dans les appartements, pour manger loin du brouhaha. Ils sont peu à faire cela toutefois, car l’ambiance permet tout. Ou peu s’en faut.

Il est assailli de toute part par ceux qui n’avaient point eu de présents, ou qui étaient arrivés en retard. Des remerciements, des marques de respect, des témoignages de gratitudes… Mais aussi tout simplement de partages. Des chopines qui s’entrechoquent, des mots qui s’échangent, et des rires gras… Très gras. Jusqu’à-ce qu’une imposante stature ne masque une partie de la lumière créée par les braséros derrière Harald et Brynhild, et qu’un bras imposant ne se pose sur la chaise. C’était Artion, le Grand-Roi des Elfes, invité d’honneur et Ongrumthrong royal.

Il demandait des conseils culinaires. Harald n’était point un prêtre de Girdon le Ripailleur. Il n’était point un Ventre-de-Fer de Glumtol, ni un maître tavernier, éleveur ou tavernier. Mais, comme tous les nains, il avait un appétit de Dragon. Et comme tous les nains, ses papilles étaient exercées, et capable de discerner les goûts les plus amères et les plus forts, comme les plus gourmands et les plus fins. Alors, il n’allait point être avare de conseil :

- Ah ! Artiön ! Que voici une question fort à propos ! Alors, voici mes conseils… Commença-t-il, s’essuyant les pognes dans une des serviettes et avalant un épais morceau de viande dégoulinant de sauce. Cette viande est succulente… Du Bœuf du Brissalion. Une viande rouge, cuite saignante, très tendre et au goût tout à fait carnassier. Je conseil cette viande en quantité illimitée, accompagnée de trois onces de Frongol et sept de pommes-de-terres, et un bolet de sauce fromagère aux cèpes. Se faisant, il joint la gestuelle à la parole, se préparant une autre assiette alors que la précédente n’était pas encore terminée. Et puis, je conseil cette succulente bière brune ! Elle est âgée de 46 années et a été fermentée pendant un temps très long, et maturée dans un vieux tonneau de vin épicé. Un petit conseil personnel aussi : en une fourchée, prendre deux tranches de patates, deux autres de Frongol, une épaisse tranche de viande tendre de ce bœuf, manger en mâchant avec patience, et une fois la bouchée avalée, boire deux goulées de ce délicieux vin du Lörn boisé et fumé. Garde les deux goulées en bouche, en aspirant légèrement, et les boire ensuite d’un trait… Et souffler. L’arrière parfum est alors parfait, digne du monde du Dessous ! Il reprend une pause, zyeutant cette fois-ci une autre écuelle, avec une viande bien meilleure encore. Et ensuite, je te conseil celle-ci : une viande de Beärog. Nous n’en n’avons point des quantités illimitées, l’animal étant rare et peu chassé. Un filet de Beärog, cuit dans une sauce à la bière et au miel, assaisonné d’épices et d’oignons rouges et servis avec des haricots bien épais. La sauce à la bière et au miel se marie parfaitement avec ce pain de seigle farineux à la mie goulue… On y sent bien le miel. Avec ce plat, point de bière, mais ce vin vieilli en fût de conifère brûlé au feu de bois, excellent ! Et pour finir la sauce : le même pain de seigle, réhaussé d’un morceau de ce crottin de chèvre… Chèvre et miel se marient parfaitement, et avec cette sauce au miel légèrement caramélisé… C’est… Un chef-d’œuvre. Le souverain présente donc les deux assiettes ainsi faites. Te joindras tu à moi pour y goûter ?

La question était sincère, et très intéressée. Harald avait de nouveau le ventre gargouillant juste en parlant et à la vue de ces deux plats…

Harald n’était définitivement pas le genre à se mettre derrière les fourneaux, mais au moins, son appétit pour ce qui en ressortait t’aura bien guidé. Quand et dans quel ordre, tu n’étais pas plus avancé là-dessus. Mais au moins, tout ce qui t’étais présenté, tu repartirais avec une idée de comment le manger. Pour la suite, il suffirait de faire preuve d’un peu de logique… et d’utiliser votre nez. Eviter de commencer par les fromages les plus forts et par les alcools les plus corsés. Chercher les arômes les plus simples avant de s’attaquer aux plus complexes, que vos papilles ne se retrouvent pas trop vite surchargées.

- Ç’aurait été avec plaisir tu jettes un œil vers tes congénères mais je pense sincèrement que mon épouse m’en voudrait si je l’abandonnais maintenant. ton attention est attirée par Brynhild l’espace d’un instant, puis retourne à Harald Tu comprendras bientôt !

Tu retires ton bras du dossier, et fais un pas en arrière, avant de faire un léger signe de la main en direction du Grand-Roi.

- Mais plus tard.
tu lui adresses un clin d’œil avant de te retourner Promis !

De retour à ta place, tu te fais – pour le grand amusement des quelques serveurs voletant autour de la tablée – guide culinaire approximatif, tentant de mettre en œuvre les quelques conseils donnés par Harald, saupoudrés autant de tes propres impressions que de celles de ton épouses.

- À défaut de vin, je pense que la volaille irait bien avec le jus de baies.

- Tu n’as pas peur de l’acidité ?

- La prochaine viande est au miel, donc ça devrait aller.

Pas faux. Et bien… ton épouse et toi terminez de servir à vos convives – dont un Filingin loin de son plat – des assiettes fort conséquentes Bon appétit tout le monde !

Tu joues de ta fourchette entre tes doigts, puis pique ta première bouchée. Le goût est fort. Bien plus fort que ce que vous avez l’habitude de cuisiner en Anaëh, vos papilles gustatives extrêmement sensibles ayant tendance à déjà s’accrocher à des saveurs plus feintes que la majorité des autres peuples. Pour autant, tu es tout sauf déçu. Tu ne pourrais probablement supporter de manger ce genre de repas à longueur d’année, mais pour une occasion pareille… tu ne t’en priverais certainement pas !

- Alors Radwëh, qu’est-ce que tu en dis ?

Fais attention, c’est une question piège ! ton épouse rit doucement Il cherche juste à savoir s’il récupérera des restes ou pas. elle te met une petite claque contre l’épaule Ce goinfre !

Son carnet à dessins presque rempli, Radwëdh commence à avoir mal au poignet à force d’avoir tracé tous ces croquis de ces présents de mariage. Elle n’a d’ailleurs pas pu s’empêcher de dessiner avec plus de détails l’expression rayonnante du couple royal, alors que la salle vibrait des cri de joie des Dawis quelques minutes plus tôt. Ils sont beaux et l’elfe ne peut s’empêcher d’être heureuse pour eux et de sourire ; peut-être qu’un jour, ce sera son tour, mais pour l’instant, l’Épervier se contente de vivre à travers leur bonheur.
Et puis, c’est le grand moment tant attendu : le banquet royal ! Les yeux de Radwëdh s’illuminent dès qu’elle aperçoit la montagne de nourriture défilée devant elle. Assaillit par ces mille odeurs inconnus et nouvelles, son nez fin se plisse quand même. Son ventre gargouille et de nature curieuse, elle ne peut s’empêcher de saliver déjà, même si ces plats lui sont inconnus. Pour le moment, seuls ses yeux dévorent, mais dès qu’elle en a le signal, elle compte se régaler. Des tonneaux de la taille des Taledhels ici présents crachent leur bière ambrée, arrachant un sourire à l’Épervier qui a déjà bien hâte de goûter aux spécialités des nains. Mais avant, elle laisse son crayon glisser sur les feuilles de son carnet, dessinant l’abondance des vivres qui ne cessent de s’accumuler sur les tables. Concentrée, elle voit tout de même la main de son Aran lui tendre une assiette bien pleine. Elle lui sourit de toutes ses dents et le remercie. Elle se frotte les mains et ne sachant pas par où commencer, elle décide de se fier à son instinct et d’y aller avec la nourriture à l’odeur moins prononcée. C’est qu’elle a écouté d’une oreille peu attentive les instructions d’Artïon concernant les spécificités, trop subjuguée par les bruits environnants, le mélange de langages et les mets. Elle n’a même pas remarqué Fillingin s’éclipser. Elle pique donc de sa fourchette le morceau de viande.

Son visage passe par mille émotions : au début, elle fronce les sourcils d’incertitude, mais plus elle mastique et plus le goût s’enrichit et devient intéressant. Elle finit par engloutir avec un peu plus de rapidité la nourriture, descendant le tout avec la bière qu’on lui a servi, grimaçant un peu au début à cause du goût fort, mais s’y habituant. Bientôt, Radwëdh semble ne plus savoir s’arrêter, oubliant la fourchette et empoignant le pilon de poulet pour le mordre à pleine dent, un air satisfait sur le visage. Bientôt, ce sera le...saucisson? Elle croit avoir entendu son Aran nommé cela ainsi. Ce dernier s’adresse d’ailleurs à elle et la bouche pleine, elle le fixe, se rendant compte qu’elle en a oublié ses manières. Elle pose le pilon de poulet dans son assiette et s’essuie la bouche. L’elfe avale sa bouchée et hoche vigoureusement la tête :

-C’est excellent mon Aran. Surtout ce volatile, dit-elle en pointant le pilon.J’aimerais bien connaître le type d’herbes dont les cuisiniers ont fait usage pour le mariner. Quant à la bière, elle est très corsée, mais le houblon n’est pas mal. Il aide à faire descendre toute cette nourriture riche en gras.

Elle rit à la blague de leur Vala et le regard pétillant, elle secoue la tête et lance une blague aussi :

-Je suis peut-être petite, mais ma faim ne connaît aucune limite, dit-elle en piquant de sa fourchette un morceau de charcuterie. 

Filingin était visiblement aux anges. Non seulement il avait été compris et on lui répondait mais en plus le nain semblait dans les mêmes dispositions que le jeune elfe. Quelle chance, voilà qui allait pimenter un peu cette bien jolie soirée.

A sa question il hoche vivement la tête. Il s’apprête à répondre mais quelque chose capte son attention dans le coin de son regard.

-Attend. Lance-t-il alors.

Et vite, comme si le nain risquait de s’enfuir, il fait quelques pas et se saisit des plats qu’on à posé à sa place. Hors de question qui quiconque supposant les aliments abandonnés s’en empare et laisse le jeune elfe affamé. C’est que comparé à d’autre il en a encore besoin avant que l'éternité ne le fige dans l’age adulte pour de bon…

-Voila ! Il pose triomphalement les appétissantes victuailles sur la table. Que disait tu à moi ? Ah oui. Des armes et des épées…

S’il est franchement enthousiaste, trop pour certains, difficile de nier que l’elfe est une créature d’une grande sympathie. Son visage n’affiche qu’une avenante joie de pouvoir discuter presque sans difficulté avec le nain.

-Moi je forgeais plus des bijoux et parures. Il lève un de ses avant-bras, un sourire fier sur les lèvres tandis que Thordhril peut observer les fin entrelacements d’or à son poignet, formant un élégant brassard. Je fait la tiare aussi. Il désigne alors ce qu’il porte sur son front.

Si la structure de la langue naine n’est pas franchement son fort, il semble que l’elfe maitrise plutôt bien le vocabulaire lié à son domaine. Avec le peu de temps qu’il a eu il s’est probablement focalisé sur ça au final.

-Je aidais déjà à forger épées ou autres armes. Faite moi-même de seul aussi, très fier d'ailleurs. Mais je appréciais plus la joaillerie. L’elfe ne peut s’empêcher de lancer un autre coup d’œil vers la couronne royale. Exce… exept… exce-ptio-nnel de tes mains. Finit-il par articuler.

Et de nouveau il goûte à ce que les nains offrent. Ce sont des saveurs fortes qu’il n’a jamais connu, c’est étrange et c’est bien la seule chose qui peut faire taire le jeune elfe. Est-ce du miel qu'il sent sur sa langue en même temps que le gout de la viande? Comme c'est original.

[justify]-Toi aussi tu te occupe de la joaillerie beaucoup?

Les bijoux:

Les présents s’enchainèrent, tous plus formidables les uns que les autres. Ce magnifique félin, offert par Braähm Main-Ferme, le vénérable thane du clan Main-Ferme, était tout simplement époustouflant ! Et la couronne… La couronne…

Lorsqu’il l’avait vue, cette couronne, Yggdar avait eu le souffle coupé. Jamais, pour le restant de sa vie, il n’avait imaginé que les nains ne soient capables de retrouver le précieux métal, et de le retravailler. Lui qui avait vécu plus de 250 années, dont la majorité à Kirgan, avait vu plus souvent qu’à son tour, cette magnifique couronne des Rois. Nombreux furent les souverains à l’avoir porté, et en son cœur, Yggdar pensait que Garmin le Vengeur serait le dernier Grand-Roi qui l’aurait eu un jour sur son crâne, avant encore de longues, très longues années.

Mais la voici. La couronne des Rois. La couronne faite en Mogarium. Ce métal légendaire, aussi vieux que le monde, possédait des propriétés uniques qu’aucun autre métal ne pouvait égaler, point même l’acier Véladrien. Sa température de fusion était horriblement haute, atteignable uniquement dans les hauts fourneaux de Kirgan, et ceux de Thanor. Pour le travailler, il fallait des outils particuliers, et ce travail demeurait tout de même long, car la fenêtre de travail – celle où le métal possède encore la température nécessaire avant de refroidir un peu trop pour ne plus être travailler – était incroyablement courte. Indestructible, infatigable, impossible à corroder, le Mogarium était… Exceptionnel. Et sa couleur d’or veinée de rouge – créant une couleur rougeâtre donc – était une hypnose en soi. Tous les nains de l’assemblée ne pouvaient s’empêcher de lorgner la couronne aussi souvent que possible… Ou que nécessaire.

Puis vint enfin le temps du banquet. Détendu, grâce aux herbes de T’sisra, Yggdar ne fit point cas des allers et venues des Elfes et des autres invités. Dès qu’il fut servi à sa table, Yggdar accumula les mets. Volaille, viande rouge, champignons et pommes-de-terres, écuelles de sauces, miches de pains… Tout y passait, dans de grandes rasades de bières et de vins. Sans prendre de couverts, le vieux Rhunki mangeait avec amour, à grands renforts de larges bouchées. Il entendait qu’à côté, du côté de Thordril, un Elfe tentait de baragouiner du Khazalide, et que la jeunesse du forgeron l’empêchait de voir la perfidie de cette race aux oreilles pointues.

Alors, armé d’un pilon de poulet, pointé vers le visage dudit Elfe, Yggdar tint ces quelques mots, agrippant sa chopine de sa main droite, laissée libre jusqu’ici :

- Par Yaron ! Ton talent n’égalera jamais celui des forgerons nains, jamais ! Neh ! Ce qu’il vient de forger, c’est le métal le plus légendaire du monde entier ! Et cette couronne est millénaire ! Thordril est un héros de mon peuple ! Et il ne te dira rien de plus sur nos savoir, jamais !

Le message était passé, et Yggdar se remettait à manger, sa fidèle canne non loin de lui.

Résumé:

Quelques instants durant, tout était parfait. Radwëh semblait autant apprécier son repas que toi. Kaëlistravaë elle-même mangeait avec appétit. Les convives dans leur ensemble partageaient un agréable moment. Filingin, pour ce que tu pouvais en percevoir s’était fait un camarade partageant sa passion. Tout allait pour le mieux, et c’est pour cette raison que tu aurais dû te douter que les choses ne dureraient pas. L’arrivée d’une meute de Dawis gloutons à la table centrale en changerait vite radicalement l’ambiance.
Là où juste auparavant les convives mangeaient tous avec appétit, il s’était lancé une course entre les nouveaux arrivés, à laquelle les pauvres invités trop proches se retrouvaient malgré eux forcés de participer s’ils ne voulaient pas voir disparaître le moindre espoir de toucher à la nourriture et aux boissons que les nains engloutissaient sans prendre ne serait-ce qu’une seconde le temps d’en profiter. Instinctivement, ton épouse et toi vous étiez légèrement décalés vers votre droite, comme si les quelques centimètres de plus creusés entre ce chaos et vous seraient ce qui à terme vous en sauverait. Seulement, malgré elle, Kaëlistravaë, qui appréciait pourtant jusque-là beaucoup la cuisine du Septentrion, commençait à en avoir l’appétit coupé.

Tu échanges un regard désolé avec ton épouse, et ton bras entoure ses épaules, pour la supporter dans son apparente tentative de dissimuler son dégoût. Toi qui as l’estomac plus solide, et ayant connu quelques elfes rendus à l’occasion bien peu distingués par l’abus de Leöras, la scène t’était juste ridicule. Ridicule, et – en tant qu’amoureux des fourneaux – profondément irrespectueuse de ceux qui avaient dû prendre énormément de leur temps pour agencer des saveurs que ceux-là n’auraient jamais l’occasion de percevoir. Tu soupires, tu lances un regard à ton épouse, puis à Radwëh, ton épouse et toi vous retenez de rire, vos mains retournes à vos fourchettes jusqu’à ce que…

Tes narines se plissent, tes oreilles se tendent. Kaëlistravaë lâche ses couverts. Il est des odeurs qui ont rapidement fait de gâcher un repas. Les fragrances émises par le troupeau de « bons-vivants » en réponse à leur consommation beaucoup trop rapide de nourriture étaient de celles-ci.
Vous, elfes, aviez les cinq sens particulièrement sensibles. Kÿria vous avait ainsi faits pour que vous soit assurée votre digne place de super-prédateur au sein d’Anaëh. Aujourd’hui, ton épouse et toi regrettiez presque votre place dans la chaîne alimentaire.

- Elnoruì ?

- Ne t’inquiètes pas, j’ai compris.

Tu te lèves, la grande coupe à la main, te dirigeant vers le fût contenant la bière noire. Tu remplis la coupe dans son entier, et avec elle tu te diriges à la partie de la table où se gavent les ventrus. Tu ne te présentes pas, tu ne dis pas un mot. Tu te contentes de les regarder, l’air renfrogné, cherchant à leur faire comprendre sans mots qu’ils te dérangeaient. Et puis tu t’es saisi de la coupe. Tu as humé un instant l’odeur de la bière. Amère. Au goût de ton peuple au final. Et tu l’as portée à tes lèvres. Cul sec, tu as descendu les trois litres d’alcool sans sourciller, et toujours avec la même expression renfrognée, frappé la coupe vide au milieu de la table. Et puis tu es parti, pour retourner auprès de ton épouse.

- C’est bon Tigilidënya, on y va.

- D’accord Elnoruì… elle te regarde, levant un sourcil amusé Mais dis-moi, c’était quoi ça ?

- Je ne sais pas. Sur le moment ça faisait sens.

Et là-dessus, elle et toi preniez la direction de vos appartements.

Les grandes foules ont au moins cet avantage de dissimuler les choses gênantes comme l’angoisse. A présent que les cadeaux ont tous été offerts, il n’y a plus qu’à manger, boire et espérer sortir de là sans traîner des effluves de viandes rôties, d’alcool ou de flatulences. Elle reste donc un peu à l’écart, marchant au milieu des convives en évitant soigneusement tout ce qui pourrait être source de tension pour elle. Elle demeure donc très loin des Elfes et de cette chose là-bas dont elle ne veut plus voir la silhouette. Aymeric l’accompagne, lui expliquant en long, en large, tout ce qu’il convient de savoir, expliquant la bière, les liqueurs, essayant de dérider le petit front soucieux de la châtelaine, sans y parvenir. Il s’arrêtera dans ses paroles lorsque le vieil homme les aborde. Aussitôt, il recule, laissant la châtelaine prendre en main la conversation non sans laisser trainer une oreille. Parce que, voyez-vous, un magicien, on ne voit pas ça non plus tous les jours. Il a vu ce que cet homme a créé tout à l’heure et ça l’a émerveillé comme ça l’a effrayé également. Louise, elle, est restée parfaitement stoïque, impassible, même si en dedans elle n’a pas manqué de hausser au moins mille fois les yeux au ciel en pestant contre ces cérémonies qui n’en finissent pas…

- Ravie.

Une réponse courte, de circonstance, accompagné d’une rapide révérence un peu raide. Elle se présenterait bien mais il sait déjà tout, ce qui est en soi un peu nouveau. D’ordinaire elle doit expliquer assez longuement où se trouve sa seigneurie.

Louise fait vraiment de son mieux. Vraiment vraiment. Elle est aussi charmante qu’un bloc de glace, a de coupables et inavouables envies pratiquement toutes les cinq minutes et est aussi raide dans son expression corporelle qu’une branche de bois sec. Elle ne le fait pas exprès, c’est juste que c’est un peu beaucoup pour elle qui se remet difficilement de cette rencontre avec la haute prêtresse de Kiel. Alors quand Nakor prononce le nom…LE NOM…de cette Drow là bas, il y a une espèce de vide, de néant qui se produit en son esprit. Son regard glisse sur la créature, elle l’observe avec la plus grande attention, de la tête aux pieds, sans en perdre une miette. Son regard a changé. Si le magicien est un tant soit peu attentif, il saura qu’il vient de lui donner une information importante qui la fait sourire, tout autant que son discours. C’est un regard quelque peu vacillant et troublé qui se repose sur Nakor, tandis qu’elle répond :

- J’ai laissé leur chance aux Drows, en dépit de tout ce que je sais, en dépit de tout ce qui est arrivé près de ma seigneurie, dans le Duché et en Péninsule. Je ne suis pas bien certaine que le Seigneur de Clairssac serait de vote avis, par exemple. Pas plus que tous ces hommes et femmes de valeur qui ont péri à cause de leur sadique malveillance.

Louise inspire profondément. Aymeric bat des cils, ne comprenant pas grand-chose à ce qui se passe mais il écoute tout de même.

- Je leur ai laissé leur chance, ainsi que je le fais avec tout le monde. Je les ai rencontrés moi aussi, loin d’ici, à Thaar.

Le capitaine de la garde ouvre grand les yeux, bouche bée. Non mais que dit-elle ? Elle a rencontré des Drows ? Comment ? Louise ne s’interrompt pas pour autant, elle continue de fixer le magicien sans bouger d’un millimètre.

- Le sang ne véhicule peut-être pas le mal mais en ce qui concerne cette…famille…Si tant est que ce mot ait un sens pour eux…vous me permettrez d’en douter.

Louise a de nouveau un regard pour la Noirelfe.

- Je ne juge pas selon les apparences, je juge selon mon vécu personnel. Or, Nakor, mon vécu ne m’invite qu’à garder une distance raisonnable et prudente.

Un curieux sourire s’affiche sur les lèvres de la châtelaine qui reporte toute son attention sur le magicien.

- N’importe quel humain ayant eu affaire à eux en ferait autant. Sauf vous, apparemment.  Alors dites-moi…Qu’a-t-elle de différent des autres ? Elle tue les gens tout de suite et les abandonne au lieu de les faire souffrir et de s'amuser avec leurs cadavres?

Le tout est dit d'un ton parfaitement calme et poli, cela pourrait presque passer pour une conversation tout à fait banale. Presque.

- Il a eu raison de se méfier. La méfiance est souvent ce qui permet de rester en vie, Nakor, tout comme une bonne lame habilement maîtrisée et des soutiens fidèles. J’ai ce principe avec tout le monde, pas seulement les Drows.

Même si Louise n’en parle pas, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle ignore ce qu’il s’est passé dans son voisinage direct tout autant qu’ailleurs en Péninsule. L’on se raconte encore, les longs soirs d’hiver, le sort terrible des personnes qui ont eu affaire de près ou de loin aux Noirelfes. Ce genre d’histoires abonde dans le Nord, tout autant que les histoires de meurtres, de sacrifice et de viols, d’ignobles actes perpétrés par une race maudite. Elle sait très bien de quoi ils sont capables, elle a vu de ses propres yeux l’innommable tout comme elle a pu voir tout ce qu’ils ont fait à Dante. Rien qui n’inspire la confiance ou le respect, absolument rien du tout.

- Peut-être est-elle ce qu’on appelle « l’exception qui confirme la règle » mais je reste convaincue que les Dragons n’engendrent pas les Bagrons. Ou que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre qui l’a porté, si vous préférez.

Aymeric a un sourire en entendant la comparaison.

- Elle a de hauts faits à son actif dont elle peut se vanter, vous l’appréciez, elle est appréciée du Roi Harald, assez en tout cas pour festoyer à sa table, c’est suffisant en ce qui me concerne, parce que chacun est libre de s’enticher ou non d’une personne. Cela relève d’un choix personnel que je n’ai pas à juger.

Louise esquisse un sourire.

- Je vous remercie donc pour vos éclaircissements mais ne changerai point d’avis pour autant. Sauf si votre…amie me démontre de manière convaincante qu’elle n’est pas à la semblance de la Haute prêtresse de Kiel.

La châtelaine observe le vieux mage avec attention. La magie l’effraye terriblement mais probablement moins qu’une Drow en tenue de soirée.

- Croyez bien que je suis heureuse d’avoir fait votre connaissance et vous souhaite également le meilleur sur votre chemin, Nakor.

Aymeric, lui, n’en a pas perdu une miette. Il brûle de rejoindre les autres pour poser des questions à Enguerrand qui a tout traversé avec la Dame de Fernel. Des Drows, par Neera. Comment a-t-elle fait pour survivre ? Louise n’en a pas parlé. Elle n’en parle jamais parce que c’est un souvenir particulièrement pénible mais elle verra dans le regard du capitaine de sa garde un éclat différent, quelque chose qui ressemble presque à de l’admiration ou à de la crainte, elle ne sait pas trop. Quoiqu’il en soit, elle le reprend gentiment :

- Fermez donc votre bouche, Aymeric. On dirait un poisson hors de l’eau.

Filingin s’apprêtait à répondre à son interlocuteur lorsqu’un grognon à coté s’exprima avec un peu plus de virulence. C’eut pour effet de refermer la bouche du jeune enthousiaste et lui faire incliner ses oreilles en arrière. Si certains mots lui avaient échappés, le sens général il l’avait compris. Affichant une moue quelque peu ennuyée, il mit quelques secondes à répondre, formulant ses mots dans sa tête avant de les prononcer :

-Peut être égalerais-je non votre artisanat jamais. Mais vous ondur égalerais vous sans doute pas sens de l’hospitalité de les plus impolis de les anedhel avant long. Très long. C’était dommage voyant les efforts du roi de vous.

Filingin était un être enjoué. Sans doute ne tiendrait-il rigueur aux des nains de l’incident. Cependant il n’était pas stupide, il comprenait que ce n’était pas le moment de discuter avec Thordril. Tant pis, une prochaine fois.

-Si tu veux parler avec je plus tard, bienvenu. Adressa-t-il tout de même au héros du peuple nain, lui n’y est pour rien après tout.

Il finit rapidement une bouchée de son repas qui lui sembla un peu moins agréable, l’odeur qui régnait dans la salle n’aidant probablement pas. Du coin de l’œil il vit son roi et sa reine se lever pour partir, visiblement eut aussi coupés dans leur appétit. Observant ensuite la pauvre Radwëdh laissée seule en bout de table, il se leva sans plus attendre et s’en approcha, retrouvant sa gaité naturelle.

-Ne reste pas là à manger toute seule comme un souffle en peine. Viens t’amuser un peu avant qu’un de ses gros nains ivres ne décide de t’embêter !

Il lui tendit gentiment la main. Il était vexé pour quelque minutes mais ça ne l’empêchait pas d’avoir envie de s’amuser tant que c’était possible.

-Tu veux bien m’apprendre à danser en échange de t’apprendre l’ondur ?

- Et bien Artiön ton épouse attire ton regard vers l’arrière Je crois qu’ils n’ont pas compris non plus !

Tu fronces les sourcils, arrêté dans votre marche et tournes d’abord la tête vers les nains attablés, festoyant de plus belle, pour finalement baisser les yeux vers la nouvelle coupe qui t’était tendue. Tu te sais de l’objet, surpris d’abord, puis perplexe, sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Rapidement tu tries les langues, tries les sonorités, revient sur ce qui a été dit à un moment où ton attention allait plus à ton épouse et à toi-même qu’à ce qui t’entourait, et là tu te rends compte.

- Non, ce n’est pas…

Tu t’apprêtes à repousser l’alcool qui t’est tendu de la main, mais celle de Kaëlis se pose sur la tienne, en retenant le mouvement, et accaparant encore une fois ton attention.

- Dis-leur que tu me raccompagnes à nos appartements et que tu reviens.

- Tigilidënya, je ne vais quand même pas te laisser seule !

- Ne t’inquiètes pas Elnoruì, vu l’heure, et pour ce que j’ai eu le temps de manger avant que… elle laisse flotter un court silence avant de reprendre à la hâte pour ce que j’ai eu le temps de manger, je serai vite endormie

Tu soupires, résigné, et te libère de sa main pour enlacer son dos de ton bras. Tu acquiesces d’un hochement de tête, pour te retourner vers la coupe tendue, l’air moins renfrogné.

- Laissez-moi juste le temps de raccompagner mon épouse à nos appartements, et je reviens et tu lèves un sourcil pour rajouter, l’air légèrement narquois Puis évitez de trop boire en attendant, je tiens à gagner à la loyale

Tu souffles des nasaux, et le temps de prévenir vos camarades Sylvain de votre destination, vous preniez réellement votre départ cette fois. Le temps de retrouver vos appartements, et que Kaëlistravaë trouve le sommeil, et alors tu retournerais fêter avec les autres. Et comme le disait Kaëlistravaë, le sommeil viendrait vite.

L’évènement était d’une grande qualité. Comment Harald le savait ? A la façon dont les invités se comportaient. Du moins, les invités nains. Ceux dont les us étaient forcément connus du souverain de ce peuple du lointain Nord. Dès lors que ceux-ci se mettaient à échanger places et assiettes, à se goinfrer à grands renforts de viandes et de sauces et autres jus de cuissons, et à s’envoyer de profondes et larges chopes de bières. Dès lors, l’indice satisfaction devenait on-ne-peut-plus évocateur.

La troupe de ventrus de Glumtol provoqua les rires, les piaillements et les écarquillements de nombreux Dawis de l’assemblée. De plus en plus connus, les Ventre-de-Fer faisaient parler d’eux dans toutes les tavernes de Thanor, et, depuis quelques jours, dans celles de Kirgan. Harald avait, bien évidemment, entendu parler de tout cela. Les taverniers et aubergistes de la capitale, et de la région du Kirgion étaient heureux comme tout ! Les Ventrus payaient rubis sur l’ongle pour pouvoir profiter des meilleurs festins et des banquets les plus fastueux.

Et d’ailleurs, Harald, le maître de cérémonie, aux côtés de nouvelle liée Brynhild Odomar, elle aussi maîtresse et hôtesse de ces lieux, sentait qu’il était temps de relâcher le maître des festins. Il était temps de lancer les concours de nourritures et de boissons. Il était temps que les festivités battent leurs pleins.

Alors, Harald, en maître des lieux et souverain de ce peuple, se leva. Couronne de Mogarium sur la tête, il frappa avec force de son poing contre la table devant lui. Un tonitruant « BARUK » retentit, provenant de sa gorge déployée, alors que le métal mythique resplendissait tous les rayons lumineux des torches et des braséros autour de lui. Levant les bras en l’air, il les rabaissa bien vite, alors que l’assemblée s’était tue, et s’était calmée.

- Mes amis ! L’heure est venue de vous prouver que les légendes de mon peuple ne sont point usurpées. Nos banquets, nos alcools, nos plats, sont des mets et des nectars succulents que vous allez pouvoir déguster à grands renforts de défis. Et qui mieux que le maître des Festins, la voix de Thanor, Glumtol Barbe-de-Fer ! Mais avant, je me dois de mettre à l’honneur un autre nain. Braähm, thane du clan Main-Ferme, lève-toi ! Il attend que le thane dénommé s’exécute, puis, il reprend son discours. Thordril n’aurait jamais pu reforger l’antique couronne des souverains, sans l’aide inestimable du clan Main-Ferme. Pour retrouver le précieux métal, les nains du clan Main-Ferme ont été de véritables héros. Nombreux furent ceux qui donnèrent leurs vies pour cette noble quête. Seuls, face aux hordes d’Engeances, face à une météo capricieuse, et face à d’innombrables dangers, ils ont fait preuve d’honneur, de bravoure et de courage, afin que resplendisse à nouveau le Mogarium, le joyau des nains. Leurs noms sont gravés à jamais dans la roche du monument des héros de Kirgan, et je suis heureux d’avoir offert au clan Main-Ferme, une loge ici, à Kirgan. Au nom de la couronne, Braähm, merci. Puisse Yaron guider ta sagesse, et Lirgan renforcer les bras de tes poilus lors de leurs quêtes au fond des mines. Il laisse une dernière pause, avant de lancer d’une voix forte et tonitruante. Maintenant, place aux concours ! Que la boisson coule à flot, et que la nourriture emplisse vos gosiers ! BARUK !

Il était temps ! La soirée passerait assurément bien plus vite, dorénavant.

Radwëdh ne sait plus où donner de la tête ni quoi dessiner tellement l’ambiance dans la salle est mouvementé. D’ailleurs, l’elfe mange autant qu’elle peut, un sourire satisfait sur le visage et poussant des soupirs de satisfaction. Bientôt, un groupe de nains poids lourds entament leur repas avec une vigueur qui écarquille les yeux d’étonnement de l’elfe. Par Kÿria, ces nains sont fous, pense la Taledhelle, en voyant un de ceux-ci engloutir des charcuteries en moins de deux. Et puis, une odeur vient lui titiller les narines, une odeur qui lui fait plisser le nez de dégoût. Pour noyer les effluves, elle se cache le visage dans sa chope de bière, humant plutôt le houblon et les fruits du liquide. Leur Aran se lève alors, haussant les sourcils de l’Épervier qui continue de descendre la bière sans trop de problèmes ; disons qu’il lui en faut plus à l’elfe pour se sentir hors d’état de discuter. Quelque chose de magique se produit ensuite et le Roi des elfes, posté maintenant devant la table de ces Dawis bedonnant, descend sa chope de bière comme on boit de l’eau. Radwëdh ne peut s’empêcher de rigoler. Après quoi, des nains tentent toutefois de l’inviter à boire, mais il refuse, sans un sourire amusé et une lueur joueuse dans les yeux. Il faut vraiment qu’elle apprenne quelques bases en nain, car elle aurait aimé comprendre ce qu’ils se sont dit. Après quoi, leur Aran s’éclipse avec sa douce. En effet, ce doit être difficile pour leur Reine. Pour une elfe distinguée comme elle et enceinte en plus, ces flatulences et tout ce bruit doivent être éprouvant.

Les minutes s’écoulent et l’Épervier sent le besoin de lâcher un rot. Discrète, elle le cache dans sa main, même si le bruit de la salle aurait très bien pu le cacher. C’est qu’elle n’ose pas, même si cela ne semble pas être un manque de politesse chez les nains. D’ailleurs, elle le note dans son carnet : « flatulences et rots semblent être acceptés autour d’une table Dawis ».

Lorsqu’elle lève la tête, Filligin est devant elle et le visage de l’elfe s’éclaire d’un grand sourire. Danser en échange de cours de langue Dawis? Elle rigole un instant et hoche la tête. Elle se lève donc et tend la main :

-Marché conlu!

Seulement, à peine eut-elle le temps de poser sa main dans celle du jeune forgeron, que le Roi nain annonce qu’il y aura des jeux et des concours. Elle pousse une exclamation d’excitation et plante un regard pétillant dans celui de Filligin.

-Et si on attendait les jeux? Je suis curieuse de savoir à quoi cela ressemble dans un mariage de Dawis. Je promets de te montrer comment danser, mais j’ai toutefois besoin de toi pour traduire. J’ai un peu de mal, avoue-t-elle, un peu gênée.

La fin du premier jour.

La soirée bat son plein. Des heures durant, le ballet des plats, des écuelles, des boissons, des tonnelets et des tonneaux, se déroule sous vos yeux ébahis. Les cuisiniers nains, et les serveurs, ne chôment point, et font valoir le moindre écu qui leur sera payé. Le service est impeccable, la nourriture est excellente. Nul doute que le garde-manger du clan royal sera durement impacté après ces trois journées de festins, mais, après tout, n’est-ce point là le propre de l’accueil du Zagazorn ?

Au cours de la soirée, Glumtol Barbe-de-Fer, aura fait valoir une fois de plus sa réputation de maître des banquets. Celui qui pourrait être considéré comme le numéro un des adeptes de Girdon, le Ripailleur, avala plus de bières, de liqueurs et de nourriture que dix nains réunis. Aurait-il mal au crâne le lendemain ? Serait-il capable de se lever ? Peut-être. Le jour numéro deux nous le dira !

Les rires ne s’éteignirent que très tardivement dans la nuit. Créés tantôt par des blagues parfois peu relevées, puis, plus tard, par ce banquet somptueux, puis ensuite par la bière qui se faisait plus présente dans le sang des convives, que l’oxygène lui-même, les rires se décuplèrent d’autant lorsque, la nuit avançant, et préparant peu à peu sa place à un nouveau levé de soleil, la viande et la bière laissèrent place aux herbes bourrées dans les pipes. Herbes aux propriétés psychoactives reconnues, qui retourneraient l’esprit d’un humain, mais qui, chez les nains, provoquaient une hilarité passagère, mais surtout, une certaine ouverture d’esprit.

Humains, Elfes et Nains, festoyèrent tous ensemble dans une entente cordiale qui, bien que parfois tendue face aux plus têtus et hargneux des nains, n’eut à souffrir d’aucun évènement négatif. La soirée aura été pour toutes et tous une franche réussite, une beuverie de qualité, une débauche de nourriture sans fin. Aucun incident n’aura été à déplorer. Pour toutes et tous, cette première soirée aura été une période de lâcher prise, espérons la plus agréable possible.

Le premier jour de cet évent est terminé. Le banquet s’est bien passé, tout le monde s’est bien amusé. Il ne tient qu’à vous de décider si vos personnages ont mal au crâne le lendemain matin, ou pas.

La suite de cet évent ne se fera que via vos side-RP, durant le Jour numéro 2 ou le jour numéro 3 (J2 ou J3). Afin d’éviter toute faille spatio-temporelle, il vous sera demander d’ouvrir vos RP avec le titre entre crochet [Une union royale], et, au début du premier post, d’indiquer le lieu du side RP, ainsi que l’heure à laquelle il se passe. N’oubliez pas non plus de communiquer sur discord pour éviter tout crossover.

Chose à savoir pour le jour n°2, la matinée entière sera réservée à un conseil exceptionnel. Seuls ceux qui siègeront à ce conseil, sont au courant de son existence. Pour les autres, il ne s’agit que d’une matinée de repos, ou de « temps libre ». Partez toutefois du principe que RP avec ceux qui seront à ce conseil, ne pourra se faire qu’à partir du début de l’après-midi, après l’heure du repas. Repas qui vous sera fourni dans la salle du trône, évidemment.

Bon courage pour votre organisation !

Organisation du second jour (J2)

Le jour numéro est, comme vous le savez, réservé à tous les Side-RP. Notamment certains se révélant être très importants pour les trames de PJ dirigeants, ou pour des plateaux entiers. Ce jour permet aussi les rencontres, les premières fois, les négociations commerciales, des RP de trames personnelles... Bref, des RP quoi !

Histoire de ne pas faire trop de crossover, ni de créer de failles spatio-temporelles quelconques, une petite organisation chronologique est à prévoir. A chaque Side-RP organisé, celui-ci sera updaté ici, avec les horaires selon lesquels ils sont supposés se dérouler.

Matinée

• De 9h à 13h : conseil des couronnes, comprenant Harald, Artion et Nakor, ainsi que T'sisra. Glumtol et Gorin peuvent y siéger s'ils le dédirent (merci de tenir au courant).
  

Après-midi