Let the right one in | Ben

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mar 5 Oct 2021 - 14:26

Sentant la vampire lui bousculer l'épaule et se réjouir pour son propre sort, Benedict lève vers elle un regard en coin assez las. Oui, il peut la renvoyer chez elle. Oui, il se retrouvera à nouveau seul. Et oui... Elle pourrait même lui manquer. Cette créature... Ce monstre qui, comme lui, n'a pas sa place ici. Il l'observe s'asseoir et commencer à lire quelques instants avant de reprendre son travail lui aussi.
Le silence envahit finalement la salle tandis que les deux étrangetés de Miradelphia étudient les pages de grimoires tous plus anciens les uns que les autres. Sans surprise, c'est Aliénor qui le rompt en évoquant une hypothèse qui se révèle à la fois juste et si éloignée de la vérité... Un danger, oui... Il est tout ce que l'on a fait de lui. Depuis sa création jusqu'à sa déchéance. Ils ont tout orchestré afin de conserver un certain contrôle sur une créature aux pouvoirs démesurés. Benedict est un homme bien sous tout rapport, il s'est plié à chaque ordre qui lui a été donné mais il a sombré aussi... C'est d'ailleurs la première chose que la vampire a vu chez lui. La chose pour laquelle elle a cru qu'il disait être un monstre. Mais des drogués, il y en a plein. Des êtres comme lui, il n'y en a qu'un seul. En tout cas ici.

Benedict ne dit plus rien et laisse Aliénor parler et lui donner des conseils. Il ne se sent pas concerné par tout cela. Rester en vie ? Mais pourquoi ? Elle a parlé des siens comme d'un groupe uni. Ce sont ses frères, une sorte de famille. Qu'a-t-il, lui ? Elle n'insiste pas donc il ne lui répond pas, se contentant de continuer à lire. D'ailleurs, cet ouvrage ne contient rien d'intéressant alors il le referme, le met de côté et termine celui qu'il avait laissé en-dessous.
Finalement, la jeune femme revient au sujet qui les intéresse et, sans pour autant la regarder, l'archimage lui prête une oreille plus attentive cette fois. La magie ne se pratique définitivement pas de la même manière chez elle que chez lui.

-Je n'ai pas tant besoin d'un objet que d'un lieu adéquat. Nous avons ici un cercle d'incantation pour les rituels les plus complexes et les plus puissants. Celui que l'on cherche en fera nécessairement partie. Quant à utiliser ton sang, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Apparemment, tu ne te souviens pas du rituel qui t'a amené ici mais si d'autres vampires y ont participé, cela devait donc être en pleine nuit si j'ai bien tout compris... Tu devais sans doute être consciente. Il est probable que le sort puise aussi dans ton énergie, tu es une partie intégrante du rituel. En d'autres termes, être des deux côtés de la barrière pourrait te tuer. Définitivement, j'entends.

Il est très sérieux et cela ne fait pas du tout partie de l'ordre des choses à tenter à ses yeux. Devant le rapport risques-bénéfices, le jeu n'en vaut pas la chandelle. Il tient à ce qu'elle parte, oui, mais pour qu'elle rentre chez elle. Sinon, il se serait contenté de la tuer au lieu de prendre la peine de lui parler, de la ramener et de l'aider.

-C'est pour cette raison que je parlais de devoir demander un coup de main. Mais entre ma réputation et ta nature, j'aurais préféré éviter d'impliquer une tierce personne. D'autant qu'il vaudrait mieux que tu sois retournée chez toi avant que je ne sois appelé à partir au front. Il referme le livre qu'il lisait et l'écarte à son tour. Enfin... Si nous trouvons ce que nous cherchons.

Benedict tourne de nouveau son regard vers la pile de livres rapportées par Aliénor. Il en effleure les titres du bout des doigts et s'arrête sur le troisième, comme ailleurs. Cet ouvrage, il le connaît. Très bien même. Il l'a étudié longuement jusqu'à en retenir quelques pages par coeur et reproduire un sortilège qu'il contient. Celui-là même à cause duquel il a été volontairement mis à part de toute activité de l'Académie, perdant ainsi le peu de mérite qu'on lui accordait, l'intérêt des jeunes étudiants fascinés, le regard des femmes ambitieuses dont il profitait autant qu'elles espéraient profiter de lui... Il a tout perdu, à cause de ce livre.
Lentement, il écarte les volumes qui n'ont plus le moindre intérêt à ses yeux pour attirer celui-ci jusque devant lui. Il l'ouvre avec plus de précautions encore que les autres. Est-ce parce qu'il y tient ou qu'il s'en méfie ? Difficile à dire, même pour lui. Mais il commence à l'étudier, tel une œuvre déjà connue. Il sait de quoi traite les premiers chapitres qui ne sont qu'un rappel de quelques notions abstraites qu'il connaît parfaitement. Aussi les passe-t-il pour aller consulter les pages suivantes. Plus il avance, plus les textes sont complexes et les rituels alambiqués. Il s'arrête un instant sur une page traitant du temps et de la vie, de leur lien et de la façon de l'altérer. Puis il continue, jusqu'à ce que les lignes parlent de temps et d'espace... Il cesse alors de tourner les pages et son doigts glissent avec légèreté sous les mots qu'il étudie avec attention. Et puis, après quelques minutes, il tapote le parchemin du bout de la phalange.

-C'est ça.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mar 5 Oct 2021 - 19:29

Il semble que j’ai perdu la main. D’habitude, mes blagues à deux sous font toujours rire mon crétin de frère, mais bon, il est gagné à ma cause, lui. Ben, par contre…Je lui demanderais bien s’il y a quelque chose qui peut l’amuser mais je m’abstiens. Je ne sais pas pourquoi, je sens chez cet homme quelque chose de violent, de brutal et de sauvage, quelque chose que je n’ai pas l’habitude de rencontrer chez les Mortels. Il cache sans doute, sous un doux faciès de premier de classe, une de ces rages qui n’appartiennent qu’aux timides, le genre de colère qui couve sous la cendre et qu’un souffle un peu trop ardent peu ranimer en un seul et terrible brasier incontrôlable. Cette mine concentrée, ce petit pli entre les yeux, ce front soucieux et ce regard de biais que je sens posé sur moi…Oui, il n’a pas du rigoler tous les jours, ce Mage, je mettrais mes deux mains à couper.

Il passe d’un ouvrage à l’autre, sans dire un mot. Je ne parle pas davantage, toute occupée à découvrir le monde qui m’abrite encore un peu. La présence d’Elfes me fascine plus que tout, en réalité. J’ai toujours adoré ces créatures fantastiques, des êtres millénaires à l’antique sagesse, purs, beaux, forts, la quintessence de la perfection. J’ai toujours aimé les contes qui parlent des Elfes et cela depuis les premiers que j’ai pu entendre il y a de cela si longtemps. Je suis occupée à découvrir leurs usages en cet instant, souriant tout en lisant, curieuse de savoir s’ils sont semblables à ces Elfes fictifs que je connais et plus particulièrement mon préféré : Fëanor. Un génie.

- La musique qui crée les mondes, dis-je alors dans un souffle avant de reporter mon attention sur Ben, conquise par ce que je viens de lire. Je ferme l’ouvrage avant de le repousser et de m’affaisser quelque peu sur la chaise, les bras croisés sur ma poitrine. Je ne me souviens pas de ce rituel parce que je n’étais pas auprès de ceux qui m’ont envoyée ici, en fait…

Ha ça…J’étais en train de marcher sur Bourbon Street, j’allais rentrer chez moi et je portais un énorme seau de gros nuggets de volaille façon kickin’ cajun, de chez Aunt Topsy. Pas pour moi hein, la nourriture ne m’apporte rien. C’était pour ce gros pacha de Whisper qui raffole de ces trucs alors que c’est épicé à mort. Jamais compris comment il pouvait manger ça d’autant que, rien qu’à l’odeur, ça défrise les poils de nez…

- Je n’étais plus très loin de chez moi, je marchais dans la rue puis il y a eu un souffle de vent venu de nulle part et tout s’est obscurci en une fraction de seconde. Je me suis réveillée dans la roulotte que tu connais, en tenue de danseuse du ventre, avec une longue jupe à breloques, un petit haut bariolé et des bijoux en toc autour du cou. S’il y avait eu un Immortel dans les parages j’aurais senti sa présence, tout comme s’il y avait eu un garou.

Je tourne un instant la tête, évitant de répliquer à la remarque un peu blessante qu’il me fait là, sans doute inconscient de ce qu’il dit. C’est jamais bien agréable de savoir qu’on ne veut pas de vous. Moi je ne demande qu’à rentrer, et je ne ferai pas de problème. J’ai bien mangé deux criminels au lieu de m’attarder sur de juvéniles gorges toutes tendres, cette fois, alors…

- Ouais, même les autres vampires disent parfois que je suis un boulet qu’il faut se coltiner. Mais en vrai, personne n’a jamais osé me le dire en face. T’inquiète pas, Ben, même si on trouve pas de quoi me renvoyer, je ferai en sorte de pas être un poids, je ferai même en sorte de disparaître très loin. Tu n’entendras sans doute plus jamais parler de moi. Sauf si j’apprivoise un de vos dragons. En vrai, je pourrais le faire, ce serait…rigolo. Et ça pourrait être utile sur votre…front.

Un vague sourire amusé flotte sur mes lèvres, alors que je le regarde. Il verra que je plaisante. Au moins un peu. Déjà il est passé à autre chose jusqu’à ce qu’il s’empare d’un livre précis et se taise à nouveau avant de s’interrompre et de poser un doigt sur un passage particulier.

- C’est ça quoi ?

Je tends le cou pour mieux voir et observe la page.

- Tu as trouvé ?

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mer 13 Oct 2021 - 19:08

-C'est un rituel complexe mais je m'y attendais. Continue Benedict, tout à son analyse, semblant presque ne pas avoir entendu la réaction d'une Aliénor blessée par ses précédentes paroles. Cela va demander un peu de préparation ainsi qu'un mage pouvant reproduire quelque chose qui ressemble à la magie des tiens. Ce que j'ai du mal à comprendre, en revanche, c'est comment ils sont parvenus à te jeter un sort sans que tu sois présente. Ici, c'est impossible. D'ailleurs, cet ouvrage ne parle pas de cette possibilité. La victime doit être là pour que cela fonctionne.

L'archimage étudie les quelques pages encore un petit moment sans rien dire, concentré. Ses sourcils sont droits et raides, son air est presque sévère et ses yeux courent sur les lignes à toute vitesse. Il emmagasine les informations très rapidement, le rituel commençant déjà à se dessiner dans son esprit. Il visualise l'enchaînement des évènements aussi bien que s'il était déjà en train de le faire. Et s'il n'avait pas besoin de préparation et d'aide, il s'y essaierait peut-être déjà.
Finalement, il se redresse puis se lève.

-Je vais l'étudier plus attentivement aujourd'hui et commencer à organiser tout ça. Il prend quelques livres dans ses bras et va pour retourner vers l'étagère d'où ils proviennent mais il s'arrête et se penche vers Aliénor. Et si je veux te renvoyer avant de partir, c'est pour que tu n'aies pas à attendre mon retour pour pouvoir retrouver ton monde. Je te l'ai dit : tu ne me déranges pas.

Il aurait pu dire "au contraire" mais il retient ses mots, se redresse puis s'éloigne. Maintenant qu'ils ont mis le désordre, il faut ranger. C'est sans doute la partie la moins passionnante des recherches mais il faut bien en passer par là pour que la quête suivante soit réalisable en un minimum de temps. Alors il s'y cogne sans broncher, un peu comme si c'était devenu un réflexe pour lui.

-Nous devrions nous dépêcher de tout remettre en place. Le jour devrait commencer à poindre sous peu et il vaudrait mieux que nous soyons rentrés d'ici-là.

Le ciel n'a même pas encore commencé à s'éclaircir mais il a vu sa réaction la veille lorsque l'aube s'est levée. Il a senti l'odeur de brûlé alors qu'elle était dans ses bras. Il a vu sa souffrance après une exposition très minime au soleil. Il n'a pas tellement envie qu'elle endure cela de nouveau, d'autant qu'ils se trouvent dans un endroit où elle peut être mise à l'abri.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Jeu 14 Oct 2021 - 7:27

Je l’écoute puis je finis par m’avachir sur ma chaise, dans une position fort peu élégante, réfléchissant à ce que vient de dire le Mage.

- Si, il y a peut-être bien une explication. Les sorcières du quartier noir n’ont pas besoin de la personne pour lancer leur mauvais sort. Il leur suffit d’avoir quelque chose qui appartient à leur victime. Mèche de cheveux, vêtements…ou bien du sang.

Un faux soupir totalement inutile s’échappe de mes poumons vides. Bien sûr…Croisant les bras sur ma poitrine, j’en arrive à froncer les sourcils comme le faisait mon mentor en d’autres temps, contrariée par ma propre négligence et ma bêtise.

- Elles ont sans doute récupéré l’arme avec laquelle leur sorcière a tenté de me tuer. Les armes blanches ne me font rien, ça glisse sur moi comme une chaussette sur un banc de glace. Sauf que cette garce s’est pointée chez moi, avec ses breloques et ses gros yeux fous en psalmodiant je ne sais quel dialecte cajun tout en agitant son arme. Chez moi quoi. Tranquille. J’aime pas tellement quand on me menace alors quand elle a tenté de me tuer – c’était mignon – j’ai répliqué. Un peu trop fort. Elle a réussi à lacérer mon bras, ça s’est réparé en quelques secondes mais sa lame…je l’ai bazardée en même temps que le corps. La voilà, la source.

J’en arrive à lever les yeux au ciel avant de secouer la tête, agacée par ce manque de vigilance qui a été le mien.

- Les bâtards…Elle n’était là que pour ça, cette folle…Putain…

Vivement rentrer. Et leur rendre la politesse. Déjà, en mon esprit, j’imagine chaque seconde d’un plan parfait, rappelant auprès de moi tous les Errants du Sud. Pourtant, il me faut remettre cette charmante – et sanglante – perspective à plus tard. Ben est déjà en train de ranger ses livres tout en me rappelant que l’aube n’est plus très loin. Alors je me lève, et je l’aide, en silence, vraiment outrée par mes propres déductions et mon cheminement de pensées. Quand tout est remis parfaitement à sa place, je finis par dire, tout de même :

- Merci Ben. J’espère que tu trouveras quelqu’un qui acceptera de nous aider…

Un regard pour les murs, un sourire pour au moins le rassurer.

- Tant qu’il n’y a aucun rayon de soleil sur moi, ça ira. Mais je vais m’endormir assez vite, oui. Je ne vais pas occuper ton lit, ne t’en fais pas. T’as besoin de dormir toi aussi et moi je m’en fiche du support tant que c’est à l’abri de la lumière, je dormirai sous le lit ou dans un coin, ça ne change rien du tout.

Ce n’est pas de la politesse, c’est la réalité. Je dormirais même sur un lit de clous, cela ne ferait aucune différence. La torpeur du sommeil de mort a au moins ce mérite là, celui de me couper de toute réalité du monde physique. Lui par contre, il a besoin d'un peu de confort au risque de se réveiller avec le dos en z et des douleurs musculaires désagréables. Je sens un large sourire envahir mon visage. Le temps qu’il organise cela me laisse encore un peu de temps pour apprendre à le connaître. Au moins un petit peu. Et ça, c’est cool.

- On y va ?

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Sam 16 Oct 2021 - 19:22

Benedict n'a certainement pas laissé Aliénor se mettre sous le lit. Le ménage n'est fait ici qu'occasionnellement. Et si son invitée est une morte-vivante, il la conçoit comme un être à part entière : conscient et doué d'émotions. Alors il lui a plutôt cédé son divan, prévoyant oreiller et couverture. Il n'a jamais eu à recevoir quelqu'un, autrement qu'une compagne d'une nuit alors il n'a pas été très à son aise en lui faisant plusieurs propositions afin de l'installer au mieux. Pas comme un gosse mais plutôt comme l'homme savant, terne et isolé qu'il est. Puis il s'est couché à son tour, histoire de dormir quelques heures avant de se remettre au travail.

Tandis que le soleil disparaît à l'horizon, la chambre -déjà plongée dans le noir afin de préserver celle qui y dort- s'assombrie un peu plus encore. Tout le paysage se pare de cette couleur magnifique, un brin orangée aux ombres bleutées. Un paysage dont Benedict n'est pas du tout en train de profiter. Il se trouve dans le couloir, juste derrière la porte de sa chambre. Il discute avec un homme à la longue barbe blanche et aux cheveux courts qui l'a arrêté juste avant qu'il ne rentre dans ses appartements pour y retrouver Aliénor. Et la conversation est loin d'être calme.

-C'est une plaisanterie ?!
-Non, Hersfelt. Le Conseil est unanime.
-Vous envoyez tous les mages aguerris en Péninsule mais vous laissez sur place le plus puissant d'entre eux ?!
-Vous avez commis une erreur. Utiliser des éléments de l'invocation pour détruire les invocateurs est une sottise de débutant. Nous ne pouvons pas prendre le risque de...
-Ce n'est qu'une excuse, n'essayez pas de me faire croire le contraire. Tuer l'invocateur par n'importe quel moyen suffit à interrompre son sort en Miradelphia. Cette magie n'est pas d'ici et je suis le seul à l'avoir vu à l'oeuvre. Si vous me laissez ici, c'est vous qui ferez une erreur.
-Le Conseil a pris sa décision.
-UNE MAUVAISE DÉCISION !!

Le vieil homme recule d'un pas, trahissant la crainte qu'il ressent à l'égard de son interlocuteur et dont il se cachait jusqu'à ce qu'il le voit s'emporter. Mais Benedict n'était pas dupe. Il sait ce que tout le monde pense de lui, y compris ces pompeux à la tête de l'Académie. Il imagine presque ces vieillards tirer à la courte paille celui qui irait lui annoncer la nouvelle...

-Mais le Conseil en a-t-il jamais pris une bonne à mon sujet ?

La question est rhétorique et le septuagénaire a conscience qu'il ne doit pas y répondre. Le regard que lui lance l'archimage est d'une noirceur qui l'effraie plus encore que son cri. Même s'il n'était même pas né à l'époque, il a connaissance de l'historique concernant Benedict Hersfelt depuis son entrée au Conseil. Il marche sur des œufs et sait qu'il ne doit pas aller plus loin.

-Je suis désolé, Hersfelt. Vous restez là.

Il recule de quelques pas avant de se retourner et de partir d'un pas rapide. Il sent dans son dos le regard de l'homme bafoué depuis des générations et qui vient d'être mis à terre une seconde fois. Il laisse le Conseiller s'en aller mais tous ses muscles tremblent de colère, mais pas seulement... Il a besoin de prendre l'air. Alors, sans prêter attention à la porte de sa chambre et au soleil qui s'est couché depuis quelques minutes, il fait volte-face et s'éloigne d'un pas pressé.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Sam 16 Oct 2021 - 20:37

La consolation des ombres succède à la brûlure de la journée. Déjà je sens la chaleur quitter ce monde, le sol, le support qui m’accueille, ce canapé tout doux et moelleux qui sent si fort la poussière et je ne sais pas quoi d’autre encore. Un vague parfum de femme, trace infime abandonnée ici et là et dont la fragrance de myrrhe me surprend. Ce n’est pas dérangeant, j’ai dormi dans des couches bien plus douteuses que celle-ci. Puis il y a aussi l’odeur de Ben. C’est une odeur étrange et unique, épicée et pourtant douce. Comme s’il était, même dans ce parfum qui lui propre, une bizarrerie de la nature. Comme moi. Ça me fait sourire. Plutôt sympa comme premier mouvement de la nuit. Un mouvement qui s’arrête lorsque j’entends les voix et surtout leurs intonations…

Ainsi il s’appelle Benedict Herstfelt. Ça sonne teutonique. Du moins c’est ce que je me dis en ouvrant les yeux d’un seul mouvement rapide. Presqu’aussitôt, je suis derrière la porte à écouter avec la plus grande attention. Pour la discrétion, ils repasseront…Je dors d’un sommeil de mort mais là y a de quoi réveiller un défunt, que ce soit par le ton ou les mots employés. Je déduis que Ben ne sera pas envoyé au front. Et qu’il est sommé de rester là alors qu’il avance d’excellents arguments. Pourquoi se priver du meilleur d’entre eux alors qu’il a vu de quoi est capable la créature ? ça n’a pas de sens…Ce serait un peu comme tenter d’éteindre un incendie avec un pistolet à eau. Ou de tuer un Lycan avec une petite cuillère.

La main sur la porte, je me retiens d’intervenir. Ma présence ici doit rester secrète, je le lui ai promis. Pourtant, je ne peux m’empêcher de laisser mes sens vagabonder là, de l’autre côté de cette planche de bois qui nous sépare. Il y a deux cœurs qui battent à toute vitesse, l’un animé par la colère et l’autre par la peur. La peur, je la ressens bien plus que la colère. Les Mortels effrayés dégagent tous la même odeur, une odeur que l’on retrouve dans leur sang quand on s’en abreuve, aigre, presqu’acide. De toute évidence, Ben vient d’effrayer son interlocuteur qui s’éloigne à petits pas rapides. Et lui décide de faire de même, dans le sens opposé.

L’inconnu s’en est allé, je n’entends plus que Ben et son pas vif.

La porte s’ouvre, un courant d’air agitera doucement une mèche de cheveux du mage avant que je ne l’oblige à s’arrêter parce que je viens de m’arrêter juste face à lui. Bon, d’accord, je ne suis pas au top de l’élégance, je viens de me réveiller, mes cheveux sont emmêlés, et je suis en tunique, pieds nus, les mains dans le dos tandis que je le regarde. Avec un sourire immense.

- Salut

Je regarde par-dessus son épaule et reporte ensuite mon attention sur mon compagnon de chambrée.

- Tu as une mine affreuse. Tu devrais prendre quelques vitamines. Et manger un peu de viande, t’es tout pâle. Sûre que tu dois avoir une carence en fer.

Oui, bon, c’est nul mais je fais de mon mieux. Personne ne mérite d’être traité comme ça, l’injustice ça me sort par les yeux. Je finis par regarder mes pieds, un peu honteuse de mon apparence et de mon humour débile.

- J’ai tout entendu…Tu veux que je le fasse changer d’avis ? Je peux le faire, ça me demande pas tellement d’efforts et vu que tu as l’air d’y tenir…

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Dim 17 Oct 2021 - 7:06

Benedict sent le courant d'air mais n'y prête vraiment attention que lorsqu'il aperçoit Aliénor devant lui. Il comprend alors que c'est elle qui l'a provoqué. Il ne s'est pas préoccupé de sa présence et n'a même pas cherché à la détecter. Ses sens magiques sont fermés, il n'est pas d'humeur. Pas plus qu'il n'est d'humeur pour réagir à l'humour bancal de la vampire. En tant normal, il aurait peut-être pu en rire.

Depuis quand n'a-t-il plus ri ?

Comme d'habitude, il ne comprend pas de quoi elle parle. Vitamines ? Manque de fer ? Cela n'a pas le moindre sens pour lui. Il se contente de la laisser dire sans chercher plus loin. Ses poings sont fermés. Sa mâchoire est serrée. Son regard est noir. Sa colère est là mais il n'a pas l'intention de la déverser sur elle. Elle est la seule chose agréable qui lui soit arrivé depuis longtemps.

-Où est passé le discours "si on cherche à t'ecraser, écrase les autres" ?

Il ne veut pas de réponse à sa question. Cette conversation lui a peut-être permis d'obtenir un certain nombre d'éléments de compréhension sur sa situation. Mais elle est encore loin de tout savoir...

-Ce n'est pas seulement lui. C'est la vision du monde entier qu'il faut changer.

De son air sombre, il s'approche jusqu'à surplomber Aliénor de toute sa hauteur. Il ne cherche pas à se rendre impressionnant, il fulmine à l'intérieur et se contient autant qu'il le peut.

-Tu n'as pas la moindre idée de ce qu'ils viennent de faire. Conclut-il en référence à la récente decision du conseil.

Sur ses mots, il contourne la vampire et entreprend de s'éloigner de nouveau. Il n'a pas envie d'en parler, il veut oublier.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Dim 17 Oct 2021 - 19:51

La colère, je connais ça. Je connais même très bien. Même si j’ai appris à la canaliser avec les siècles, il n’en demeure pas moins que j’y suis sensible et que je la ressens toujours de plein fouet, surtout quand la personne en colère est si proche. Il est puissant, je le suis aussi, cela ne veut pas dire pour autant que je prends la situation à la légère. Un mage en pétard, c’est rarement cool, d'après ce que j’ai pu en voir…

- C’est mon discours, je l’arrange comme je veux.

Je sens mon sourire s’élargir plus encore alors que j’ajoute :

- Le monde entier, ça par contre, c’est hors de ma portée. Si encore il y avait la télé ou une radio je dis pas, mais ici y a rien. Alors je peux juste faire ça sur la ville, par exemple. Mais bon, si tu ne veux pas, je ne vais pas te forcer, dis-je en regardant mes ongles bientôt obscurcis par l’ombre du Mage qui vient de s’approcher.

Cette odeur….Il transpire la fureur. Je sens sa magie, bien plus nettement que je ne l’ai jamais ressentie et instinctivement je suis sur mes gardes. Il est bien plus grand que moi, au moins d’une demi-tête et pourtant je ne recule pas, je le laisse approcher. Il y a un moment de silence, pas bien long, durant lequel on se regarde avant qu’il n’assène sa vérité d’homme blessé et qu’il ne s’éloigne, me laissant là au milieu du couloir.

- Si tu ne peux pas couper la tête du serpent, charme le.

C’est une vieille maxime qui m’échappe alors qu’il est en train de s’en aller. Je ne le retiendrai pas, non. Les hommes en colère sont une plaie à gérer. Or il est un homme et un mage. Ici, c’est son terrain. S’il fait le con, il y aura sans doute des gens pour le ramener à la raison. Moi je préfère pas prendre de risques. Qui sait de quoi il est capable, dans un état pareil.

Je me retourne pour l’observer et ajoute, tranquillement :

- T’as le droit d’être en pétard, Ben. Juste…Fais pas l’idiot. J’ai besoin de toi. Je peux pas aller où je veux, il est encore trop tôt, y a sûrement du monde dehors, du coup je serai dans ta chambre, je sortirai plus tard. On discutera de ça quand tu seras calmé, si tu le souhaites.

J’ai pas très soif, j’ai bien bu la veille, à priori, je devrais pouvoir tenir jusqu’à demain sans problème sauf si je dois encore utiliser mes pouvoirs. Déjà je m’éloigne, à pas humains, lents, jusqu’à sa chambre dans laquelle je rentre, avant de me jeter sur le canapé. Que c’est épuisant, la sociabilité…Je déploie de vrais trésors de calme et de patience, là, je m’étonne moi-même à vrai dire. C’est alors que je sens, bien contre ma volonté, un petit fossé se creuser sur mon front, entre mes sourcils. Je m’inquiète pour lui. Un soupir m’échappe, les yeux clos. Je suis en train de m’inquiéter pour quelqu’un. Moi. Ouais…

- L’est temps de rentrer, j’crois…

La vérité est que Ben est le premier depuis bien longtemps à manifester autre chose que du dégoût envers moi ou tout simplement l’envie de me tuer. Cela le rend sympathique. Dommage qu’il n’existe pas un exemplaire de Benedict Hersfelt dans mon monde, on serait peut-être amis.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Dim 17 Oct 2021 - 20:26

Benedict ne s'arrête pas alors qu'Aliénor lui parle encore, lui rappelant qu'il doit encore la renvoyer chez elle. Là-dessus, il peut la rassurer sans problème.

-Je n'ai pas oublié. Lui répond-il.

Il ne l'a pas formulé en ces termes mais ses paroles valaient une promesse à ses yeux. Il sait qu'il a une responsabilité envers elle et c'est bien la seule chose qui l'empêcherait de faire une bêtise. Mais pour l'instant, il n'est pas en capacité de l'aider. Il a besoin de se vider l'esprit, de se déconnecter du monde réel. C'est ainsi qu'il fonctionne depuis qu'il a été mis au placard. Alors il s'en va sans plus chercher à dire quoi que ce soit à celle qui lui offre même une oreille pour l'écouter.

Finalement, Benedict disparaît dans la nuit naissante et le silence revient dans le couloir. Pendant de longues minutes, rien ne se passe, jusqu'à ce que des pas retentissent de nouveau. Des pas légers de chaussures souples. L'homme qui vient est plus lourd que Benedict parce qu'un peu plus épais que lui. En même temps, il n'est pas difficile d'être plus large qu'un drogué...
Il se rapproche de la porte et s'arrête devant elle, non sans s'être assuré au préalable d'être seul. Il frappe quelques coups. Devant l'absence de réponse, il appelle.

-Hersfelt ?

Toujours pas de réponse. Alors, après avoir regardé une dernière fois aux alentours, il actionne la poignée et entre, refermant rapidement derrière lui. Il parcourt la pièce d'une traite pour constater que le mage n'est pas là.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Lun 18 Oct 2021 - 6:48

Un bruit de pas dans le couloir, je ne m’inquiète pas particulièrement, il y a du passage dans ce bâtiment. Par contre, les pas s’arrêtent devant la porte, porte que je regarde soudain avec la plus grande attention. Une voix qui cherche le locataire légitime de cette chambre. Et soudain la poignée qui s’actionne. Je ne suis déjà plus dans le canapé, je suis dans un coin obscur, parfaitement indétectable et totalement silencieuse, accroupie, une main au sol.

Qui est cet homme et que vient-il faire ici ? Il ne semble pas hostile, sinon il n’aurait pas signalé sa présence avant d’entrer. Il a l’air de ces gens qui passent leur vie à étudier à la lueur des bougies, les yeux caves, le ventre gras de mauvaise nourriture, le teint jaune comme la cire de leur chandelle. Peut-être un ami de Ben ?

Rha quelle poisse ! Au lieu de rester avec moi à discuter, là, me voilà gérer un inconnu qui entre dans une pièce, alors que je suis en tunique, pas coiffée. Et je ne peux pas tellement utiliser ma magie, ça grouille de mages ici…Cela signalerait ma présence. Je ne peux pas m’en débarrasser non plus, ça ferait mauvais genre et des saletés partout. Donc je n’ai plus qu’une option, y aller au culot. Comme souvent. Levant les yeux au ciel, un tantinet exaspérée par mon manque de bol, je me redresse et apparait enfin, jouant ma meilleure comédie.

- Il n’est pas là…Il est parti je sais pas où.

La crinière follement décoiffée, la tunique à peine nouée au niveau de la gorge, un sourire large, de connivence, l’œil luisant, je pose un regard sur le lit de Ben, encore défait avant de baisser modestement les yeux sur mes pieds nus.

- Il ne devrait pas en avoir pour longtemps. Je peux transmettre un message ?

Avec un peu de chance, il se sentira un peu gêné par la situation, par mon message subliminal et s’en ira vite.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Lun 18 Oct 2021 - 20:02

L'homme au ventre un peu arrondi et aux oreilles légèrement pointues ne trouve pas Benedict mais ne s'en va pas pour autant. Il continue à chercher, ses sens aux aguets, comme sur ses gardes. Ses yeux persistent à balayer la pièce jusqu'à ce que l'apparition d'une silhouette n'attire son attention. Il découvre alors ce qui ressemble à une jeune femme en partie dévêtue et aux cheveux en bataille. Il l'écoute sans rien dire, suit son regard vers la couche et comprend sans mal le sous-entendu. Un instant passe puis il se met à rire et croise les bras en revenant sur l'inconnue.

-Bien essayé mais cela fait bien longtemps qu'aucune femme ne s'est intéressée au mage déchu et dépendant qu'est Hersfelt. Il n'a plus grand chose pour attirer leur regard dans un monde où seul le pouvoir et l'argent comptent.

Le demi-elfe n'est pas dupe. Benedict est totalement isolé dans cette grande académie et plus personne ne s'intéresse à lui. Il est certes un mage puissant mais il n'a aucune influence sur le cours des choses. Il n'en a d'ailleurs jamais eu... Il lui a fallu plus de trente ans pour s'en rendre compte.

-Cependant, je dois reconnaître que, sans lui, nous allons avoir du mal à avancer pour te renvoyer chez toi. Je ne suis là que pour apporter le dernier élément du rituel.

Eh oui. Il sait tout. Alors son petit manège était bien tenté mais c'était perdu d'avance. Il est le fameux nécromancien qui doit les aider à reconduire Aliénor chez elle. Benedict a certes dormi mais il a aussi bien avancé pendant qu'elle voguait dans le sommeil des morts. Il a poursuivi son analyse de sortilège et trouvé celui qui allait les aider. Comment il s'est affilié son assistance ainsi que son silence, ça c'est une autre histoire...

-C'est étrange qu'il ne soit pas là, c'est lui qui m'a donné rendez-vous. Il avait un besoin plus pressant j'imagine ?

Le mage est agacé et presque blasé lorsqu'il dit cela. Il ne porte visiblement pas Benedict dans son cœur et, de toute évidence, il juge son comportement. Il est loin de se mettre à sa place et de le comprendre alors qu'il sait pertinemment comment il en est arrivé là.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mar 19 Oct 2021 - 19:29

Ah ok. Pas besoin de trop baratiner, c’est cool. Un faux soupir m’échappe, je m’étire comme un chat avant de m’effondrer avec la dernière élégance dans le canapé de Ben pendant que le nouveau venu raconte sa vie. ‘Fin…La vie de Ben. C’est bien nécessaire de le démolir comme ça ? Je le regarde, bedonnant, les oreilles pointues, le teint cireux…Un bref instant, il m’évoque ces Romuliens en tenue d’argent, la coupe au carré, les sourcils en V, les oreilles pointues, désagréables créatures toujours promptes à trahir.

- Chez moi, parler des absents, c’est malpoli.

J’attrape une vieille couverture jetée négligemment sur le meuble et m’en couvre, avec un petit sourire.

- Et on ne tutoie pas les gens sans connaître, ça aussi c’est malpoli. Mais je ne suis pas chez moi, j’imagine que ce doit être la norme, de se conduire comme un Béotien, dans votre monde…Sans doute pour ça que j’apprécie mon hôte. Parce qu’il est hors norme.

En vérité, il est déplaisant ce type. Et j’ai du mal avec les gens déplaisants, mais bon, il m’est nécessaire pour rentrer chez moi, à priori, alors je tente de faire un effort.

- Je ne sais pas où il est parti, je vous l’ai dit, et cela ne vous regarde pas de toute façon.

Cela étant, je ne peux m’empêcher de songer à ce que dit cet inconnu aux oreilles en pointe. Dépendant…et déchu. Qu’est-ce qu’il a voulu dire par là ? On peut être dépendant de tas de choses, de gens, même d’états d’esprits. Et être déchu de toute sortes de situation, états ou autre. Alors quoi ? Ben picole ? Ou il a une addiction honteuse ? La belle affaire. J’en ai plein, ça fait pas de moi une mauvaise personne. ‘Fin, si j’en suis une mais ce ne sont pas mes travers qui font de moi ce que je suis.

- Il avait peut-être juste envie de pisser, hein, c’est tout…

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mar 19 Oct 2021 - 20:13

L'homme ne s'abaisse pas à lui répondre. Cette créature se croit visiblement son égale mais, à ses yeux, c'est loin d'être le cas. Elle ne devrait pas exister. Pas plus que son acolyte du moment d'ailleurs, c'est sans doute pour cela qu'elle lui témoigne une telle loyauté. Mais, venant d'une non morte, cette attitude est assez surprenante. Hersfelt avait raison : elle est unique. Cependant, il est aussi de son avis, sa place n'est pas dans leur monde. Il a bien pensé à la tuer mais ce serait laisser une preuve de son existence et la possibilité que quelqu'un l'étudie un jour et la reproduise. Ce qui est contre la volonté des Dieux. Alors il ne va pas chercher à remettre cette chose à sa place. Autant qu'elle coopère pleinement. Aussi décide-t-il de jouer le jeu.

-Très bien... Concède-t-il finalement. Eh bien, comme je n'ai aucune idée du rituel que nous allons devoir exécuter et que cette soirée devait être consacrée à sa préparation, je suppose que je n'ai plus rien à faire ici pour le moment. S'il revient, je suis dans ma chambre.

Le mage fait volte-face et sort, non sans vérifier une fois encore que le couloir est bien vide. Il ne tient pas à ce que l'on sache qu'il a rendu visite au mage le plus redouté et honni de tout le continent. Alors il disparaît assez vite sans demander son reste.

~~~~~~~~~~~~~

Quelque part, dans la ville qui entoure l'Académie, un établissement entretient encore les deux lanternes qui encadrent sa porte. A l'intérieur, pas de musique ni de cri de joie ou encore de bruit de bagarre. Un homme d'une cinquantaine d'années au visage creusé tient le comptoir à l'entrée. Quelques filles un peu dévêtues passent de temps à autres, parfois avec un homme guilleret ou étourdi. Le bâtiment est plein de pièces éparses, fermées par des rideaux lorsqu'elles sont occupées. Dans les couloirs, on sent une odeur très particulière et reconnaissable entre mille. A l'étage, c'est là que reçoivent ces dames. Mais pour ceux qui ne veulent pas louer leurs services, le rez-de-chaussée à de quoi les accueillir. C'est là, dans une des salles du fond, que gît un corps inanimé. Une lampe d'opium pratiquement vide trône en son centre. L'homme, étendu sur une paillasse confortable, est inconscient et le sera encore des heures durant. Parce que c'est pour cela qu'il est venu... Pour se calmer. Pour dormir. Pour oublier.
Pour l'instant, il n'y a plus d'Aliénor, ni même de Conseil. L'esprit de Benedict n'est plus dans la réalité. Il est ailleurs, couvé dans la sécurité bienveillante d'un fumoir de qualité qui veille au bien-être de ses clients. Et puisque demain devra bien se lever tôt ou tard, qu'il se lève en lui laissant l'impression d'avoir fait un mauvais rêve. Il saura que c'est faux mais il préfèrera rester sur cette impression. En espérant qu'il y croira suffisamment pour le supporter...

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mer 20 Oct 2021 - 6:47

- On lui dira. Bye.

Je suis attentivement la sortie de l’inconnu, écoutant attentivement le bruit de ses pas décroître dans le couloir. Puis le silence, enfin. Plus un seul bruit ne me parvient alors je reste là, à réfléchir aux paroles de ce grossier personnage qui entre chez les autres comme on entre dans une taverne, les deux mains logées sous ma tête.

Déchu et dépendant. Ok. Il aurait voulu démolir Ben qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Un comportement qui m’irrite beaucoup, de manière générale parce que nous, les Errants, le supportons très souvent. Personne n’aime nous voir dans les parages, parce que nous sommes imprévisibles. Indisciplinés. Incorrects. Un vague sourire étire mes lèvres, je le sens. Cette manie des autres clans de nous prendre pour des cons leur a déjà couté très cher. Et il risque d’y avoir un nouveau chapitre à cette vieille guéguerre à mon retour à New Orleans, mais pour l’instant, ma préoccupation, c’est Ben. Ce garçon est la clé pour que je réintègre mon monde. Et ma clé est partie pisser depuis bien longtemps maintenant. Une heure, deux heures, puis une troisième…Il n’y a plus de bruit dans la rue là dehors, alors je déplie mes membres et m’extirpe du fauteuil pour me rendre au balcon.

Personne dans la rue, il n’y a que quelques lueurs ici et là, des bouts de chandelle qui finissent de mourir dans leurs bougeoirs, le silence d’une population endormie…Si un œil se lève vers le balcon de la chambre de Ben, il aura peut-être le temps de voir une silhouette s’élancer dans les airs avant de disparaître sur le toit qui lui fait face, sans pour autant pouvoir affirmer que c’est réel.

Plus tard

Cet établissement n’est pas sans me rappeler La Rose. Les traces mènent à cet endroit encadré de deux lueurs, un endroit que je regarde avec la lassitude d’une habitude consommée. L’odeur qui s’exhale de sous la porte ne laisse aucun doute sur ce qu’il se trame là à l’intérieur. Cela sent le stupre et les vapeurs de narcotiques.

- Dépendant, hein…Voyez-vous ça, ce petit coquin de Ben…

Une réaction typiquement humaine, ça, de plonger dans l’oubli salutaire de substances et de corps payés pour l'occasion. Je finis par hocher la tête en poussant la porte, habillée de vêtements volés à une catin du quartier. A ma décharge, elle était ivre au sol, elle n’a rien dit, rien senti. Bon elle aura froid mais au moins elle est en vie. Une longue jupe aux motifs bariolés, un corsage de vieux velours bleu, des colliers de perles. Par contre, je lui ai laissé ses pompes. Y a des choses que je refuse de porter, j’ai mes limites…

A l’intérieur, le vieil homme à l’entrée me regarde de la tête aux pieds, je lui rends son regard, avant de dire :

- Vous fatiguez pas, je sais où il se trouve.

Levant le nez, je laisse mes sens prendre le relais et file vers la gauche puis vers le fond de la salle, d’un pas souple et silencieux, jusqu’à la couche du Mage qui est parti bien loin dans son monde de rêves. Faisant une moue, je hoche la tête avant de m’accroupir à ses côtés. Le service de sécurité peut bien s’agiter, je n’en ferai qu’une bouchée s’il bouge le petit doigt. Moi, je me contente de passer une main sur le front du Mage, les sourcils froncés :

- Ben ?

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Mer 20 Oct 2021 - 7:52

L'homme à l'entrée dévisage un peu la jeune femme qui pénètre dans son établissement. Il est rare de voir un membre de la gente féminine ici. Alors, forcément, il est un peu surpris. Cependant, ce n'est pas non plus totalement inhabituel donc il laisse faire, d'autant plus lorsqu'elle lui fait comprendre qu'elle vient chercher quelqu'un. Ou tout du moins est-ce ainsi qu'il interprète ses paroles. Néanmoins, il la suit du regard et sort même de derrière son comptoir pour voir où elle va. Ce soir, il n'a que des habitués mais il ne connaît pas cette jeune personne. Alors qui peut-elle bien venir voir ?
Il fronce légèrement les sourcils en voyant derrière quel rideau elle passe et il s'avance, talonné par deux vigiles qui assurent la sécurité des lieux sous ses ordres. A son tour, il écarte le pan de tissu et découvre la scène. La femme est accroupie près du mage inconscient et, à son air, il la devine inquiète. Le cinquantenaire fait alors signe aux deux armoires à glace que tout va bien et ils retournent à leur poste près de l'entrée. Lui reste là et reporte son attention sur la nouvelle venue.

-Il va rester comme ça un moment. Il a mis la dose ce soir.

S'il baigne dans la pièce une autre odeur que celle de Benedict et de l'opium, elle est plus ancienne de quelques heures. Il n'est pas venu ici pour de la compagnie mais pour une dose en solitaire. Une forte dose... Mais toujours contrôlée par le gérant qui ne tient pas avoir avoir de morts accidentelles à gérer. Ça ferait tâche dans sa réputation.
L'homme observe l'inconnue, intrigué par sa présence. Puis, finalement, il reprend la parole.

-J'ai souvent des femmes qui débarquent comme ça à l'improviste. Le plus souvent, c'est des épouses qui font un scandale en v'nant récupérer leurs maris. Parfois, ce sont d'autres membres de la famille... Sœurs, tantes... Ou bien des patrons mécontents qui sortent leurs gars d'là parce qu'ils prennent plus de bon temps qu'ils n'travaillent. Il marque une pause, tournant son regard vers son client endormi. Mais personne n'est jamais v'nu chercher Monsieur Hersfelt. D'aussi loin que j'me souvienne, il est toujours v'nu et r'parti seul. Comme si personne s'souciait d'savoir où il était passé.

Il ne blâme personne, il fait simplement un constat. Un peu triste, il ne peut qu'en convenir. C'est bien l'un des seuls qui ne se plaigne pas du mage et qui n'a pas l'air de le juger. Il a vu trop de gars comme lui... Il sait reconnaître ceux qui veulent s'amuser -parfois jusqu'à en abuser- de ceux qui souffrent et viennent pour oublier leur douleur.

-C't'un bon client. Il fait jamais d'vagues. Il paie ses séances comptant. Il laisse les lieux dans l'même état qu'il les a trouvé... Mais ch'rais bien content d'savoir qu'il viendra plus. Vous comprenez c'que j'veux dire ?

A ses yeux, Benedict est un homme bien. Ou en tout cas, moins mauvais que d'autres. Il a le sentiment qu'il mérite mieux que ce qui le pousse à venir dans son établissement, les soirs où il a vraiment envie de se vider la tête et que ses cigarettes ne lui suffisent plus. Cependant, son jugement est totalement subjectif car il ne connaît pratiquement rien de lui. Il jauge les gens d'une manière différente que les autres.

-C'est bien qu'il soit pu tout seul. Remarque-t-il. Si vous avez b'soin d'aide pour le ram'ner, j'vous prêt'rai un d'mes gars gratuit'ment. Après plusieurs générations de fréquentation, j'peux bien lui offrir ça. Et puis ça m'f'rai même plaisir.

Le gérant est sincère. Il est extrêmement rare que ses clients accrocs s'arrêtent un jour. Mais le fait d'avoir quelqu'un à ses côtés et déjà un premier pas vers la rémission. Il espère juste qu'elle aboutira pour lui. Il n'est pas simplement un commerçant vénal, il a bon fond et la vocation de son établissement est le plaisir à l'origine. Certains l'ont un peu détourné avec le temps...
Mais l'homme ne s'attarde pas plus longtemps. Il a assez fait causette avec la jeune femme qui ne lui a rien demandé. Alors il se recule et lâche le rideau pour se diriger vers son comptoir où un vigile retient un client pour qu'il ne parte pas sans payer.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Jeu 21 Oct 2021 - 7:40

Le service de sécurité me talonne, je l’entends derrière le rideau qui nous sépare, un rideau que soulève le vieil homme qui se trouvait à l’entrée. Je me retourne bien sûr, pour l’observer en silence, les sourcils froncés. Cela dit, il semble être présent pour s’assurer que tout va bien pour Ben tout autant que pour me conter la triste histoire d’un homme seul qui n’a aucun ami hormis cette lampe à opium qui refroidit, là, sur la petite table.

Et soudain je comprends. En réalité, le vieil homme pense sans doute que je suis sa copine ou quelque chose d’approchant. Je finis par regarder le plafond avant de jeter un coup d’œil sur le corps de Ben étendu là. Déchu, dépendant et solitaire. Tu m’étonnes qu’il a envie de s’évader dans les narcotiques, alors si en plus il perçoit la pitié dans le regard des autres…ça ne peut que donner encore plus envie de s’évader loin, très loin.

- Ouais…on va dire que je vais tenter de prendre soin de lui…Du mieux que je peux. Pas besoin de votre aide, je sais ce que je dois faire.

Une moue déforme un bref instant mon visage. J’avais bien perçu quelque chose en cette ville là-bas…Etherna je crois, mais j’étais loin du compte. Il est loin, vraiment loin, ce Mage. Très très loin. J’en arrive même à me demander s’il parviendra à faire quelque chose pour m’aider mais bon, le sujet n’est pas là. Pour l’instant, il faut que je le ramène chez lui, ne serait-ce que pour qu’il puisse au moins s’allonger correctement dans son lit et être plus ou moins en forme demain. Je n’ai pas oublié que le Romulien bizarre attend son retour, après tout.

Prendre soin de quelqu’un, ça ne m’arrive pas souvent. Prendre soin de moi est déjà une lutte quotidienne alors…Que faire ? J’ai dit que je savais quoi faire mais en réalité, je me sens maladroite et gauche, pas très fine, pas très douce non plus alors que je soulève sans le moindre effort le grand corps inerte du Mage. Une odeur me fait plisser le nez. Il aurait bien besoin d’une douche…Le vieux tenancier ouvre de grands yeux en observant la scène, je m’en fiche complètement et je le dépasse en lui lançant un clin d’œil, amusée, portant Ben comme une princesse ou une jeune mariée. Une fois dehors, je le sers un peu plus contre moi et disparais dans la nuit, ne laissant qu’une impression de malaise chez ce vieil homme qui a pourtant été si gentil.

Plus tard

C’est presque l’aube. Ben est allongé dans son lit, pâle comme un mort, la respiration lente et profonde. Il aura sans doute un sacré mal de tête au réveil mais au moins, il ne se réveillera pas dans ce bouiboui minable. Je lui ai juste enlevé sa veste, il est en pantalon-chemise, bien au chaud sous son drap.

Je l’ai regardé longtemps, à me poser des tas de questions, à remettre l’oreiller correctement sous sa tête. J’ai même pensé à disposer une cruche d’eau et un verre propre près de lui, pour quand il se réveillera puis, voyant qu’il est de toute façon bien trop loin pour revenir cette nuit, je suis allée lire un ou deux ouvrages de sa bibliothèque pour passer le temps.

Désormais je suis allongée dans le canapé et j’écoute la respiration de Ben, les battements de son cœur, tant que l’obscurité me le permet. La moindre variation de ce rythme régulier m'alertera, de toute façon. Dès les premiers rayons de l’aube, le sommeil m’empêchera de savoir s’il va bien alors je m’enroule dans ma couverture, blottie dans mon coin. Il sera toujours temps de parler au crépuscule, s’il ne se réveille pas avant que je m’endorme.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Jeu 21 Oct 2021 - 12:21

Benedict remue enfin. Après des heures d'inactivité, il donne un signe de vie autre que la régularité de sa respiration ou la force de ses battements de cœur. Le réveil est désagréable mais il en connaît l'origine. Sans avoir de vrais souvenirs de la veille, il sait quels sont les effets secondaires de l'opium. Sa tête est comme pressée par deux dalles de pierre. Sa bouche est sèche. Ses membres lui semblent mous et peu réactifs. Pour être dans cet état, c'est qu'il ne s'est pas contenté de quelques taffes... Avec difficulté, il ouvre les yeux. Malgré la noirceur des lieux, il n'a pas de mal à comprendre que le jour est levé depuis un moment déjà. Cependant, il fronce les sourcils et se redresse. Il balaie l'endroit du regard et s'interroge...

S'il a autant fumé, pourquoi n'est-il pas chez Vinezzio ? Comment est-il rentré ?

Ses yeux se tournent alors vers le canapé alors que les derniers jours lui reviennent vaguement en mémoire. Lui -qui a tant l'habitude d'être seul- a encore du mal à intégrer le fait qu'il a une colocataire. Il la regarde et il sait... Il n'envisage pas une seconde une autre possibilité. Ne le voyant pas rentrer, elle l'a retrouvé... et elle l'a ramené. Cela le touche... Même si son geste était intéressé par le rôle qu'il a à jouer dans son retour, cela le touche... Et le blesse en même temps. Cette femme n'était rien de plus pour lui qu'une mission à remplir mais plus le temps passe et moins il a envie de le faire... Seulement elle doit rentrer chez elle, il ne peut en être autrement. Quant à lui...

Benedict vient s'asseoir sur le bord de son lit. Durant quelques instants, il reste là, sans bouger, quelques bribes de souvenirs de sa discussion avec le Conseiller lui revenant en mémoire. Puis il ferme les yeux, résigné. Quelle idée vient de lui passer par la tête ? Il n'a pas l'intention d'en parler. Et quoi qu'il arrive, il a une promesse à tenir avant. Alors il se lève, un peu groggy. D'un pas peu sûr, il s'approche de la table basse où Aliénor a posé une cruche d'eau avec bienveillance.

Un monstre, elle ? Il n'est pas de cet avis. Elle lui témoigne plus de gentillesse que personne ne l'a jamais fait.

Une fois hydraté et brièvement rafraîchi, il enfile sa veste et sort, non sans regarder une dernière fois Aliénor qui se repose toujours d'un sommeil de mort. Il ne reviendra qu'au soleil couchant. Debout sur le balcon, les mains dans le dos, il regardera l'astre du jour disparaître à l'horizon. Et dès que le dernier rayon se sera éteint, il fera volte-face pour retourner dans sa chambre. Là, il se tournera vers la vampire pour constater son éveil et il l'interrogera simplement.

-Prête à rentrer chez toi ?

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Jeu 21 Oct 2021 - 13:34

L’avantage du sommeil de mort, c’est qu’on ne pense à rien. C’est l’oubli, le néant, le vide total et permanent, tant que le soleil brille. Au moins, nous ne sommes pas poursuivis par des songes débiles et des rêves sujets à interprétations, et on se lève rarement dans un sale état sauf si on n’a rien bu depuis plusieurs jours. Donc quand le crépuscule s’installe, je me réveille aussi fraîche et dispose que la veille avant de m’étirer comme le fait Whisper, dans un concert de craquements de phalanges et d’articulations rouillées. Une odeur bien précise me parvient, me fait sourire et me fait m’asseoir dans le canapé, avisant la silhouette là-bas sur le balcon.

Une main dans ma nuque, je m’attelle à faire craquer mes os, ce qui me soulage immédiatement.

- Ouais…Je suis partie depuis longtemps, faut que je rentre, j’ai pas le choix, sinon je vais à minima avoir les autorités sanitaires des Mortels sur le râble. Mon familier ne passe pas inaperçu. J’espère juste qu’il aura eu l’intelligence d’aller se planquer dans le bayou.

Je me lève, je suis toujours habillée des vêtements de la veille, les nippes d’une catin des rues. Au moins le bleu me va bien. Les gros colliers de perles aussi, ça me fait rire, je crois que je vais les emporter. Quoiqu’il en soit, j’approche de Ben et me place juste à côté de lui, l’observant du coin de l’œil. Il est lui-même et semble en pleine possession de ses capacités. Du moins en apparence.

- Un type bizarre est passé hier soir. Des oreilles en pointe, un peu gras, le teint un peu jaune…Il te cherchait, il disait que tu lui avais dit de passer te voir. Je savais pas si c’était vrai, alors j’ai été…fidèle à moi-même.

J’allais faire une blague nulle à propos des Romuliens mais vu qu’il n’a pas la référence, cela n’aurait fait rire que moi. Et je ne le sens pas super réceptif, ce soir. Alors je regarde droit devant, avec un sourire.

- Comment tu te sens ?

Son souffle et les battements de son cœur ont été réguliers jusqu’à ce que je m’endorme. Il a probablement dormi une bonne partie de la journée. Au moins il sera plus ou moins en forme pour faire ce qu’il a à faire. Même si j’ignore précisément de quoi il va retourner.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Jeu 21 Oct 2021 - 20:38

Benedict reste immobile, les mains dans le dos, tandis qu'Aliénor le rejoint. Elle dit des choses toujours aussi étranges mais il ne réplique pas, comme d'habitude. Puis elle parle de leur visiteur de la veille et le fait qu'elle lui dise être restée égale à elle-même le fait sourire malgré sa mine peu enjouée. C'est une personnalité totalement décalée mais cela ne lui déplaît pas. Elle est intéressante à ses yeux parce que complexe. Et la voir faire montre d'autant de caractère que de gentillesse la rend même touchante.
Enfin, elle prend de ses nouvelles d'un air sincère. Il la toise, semblant presque paisible finalement en sachant ce qu'elle a fait pour lui la veille.

-Un peu déboussolé au réveil. Déclare-t-il avec ironie, faisant discrètement référence au fait qu'il ne s'attendait à ouvrir les yeux dans sa chambre. Et puis... Merci.

Ce simple mot vient du fond du cœur. Elle n'a pas idée de ce que son geste peut représenter pour lui. Une marque d'attention qu'on ne lui a jamais témoigné. Il ignore encore si c'était intéressé ou non... Il serait rentré dans tous les cas après tout. Mais elle aurait aussi pu vouloir garder un œil sur sa porte de sortie. Il n'en sert rien et doute un peu de ses motivations.
A quoi bon s'attarder là-dessus. Tout va se conclure aujourd'hui de toute façon et il n'a pas vraiment envie de savoir la vérité, de peur d'être déçu. Alors il reprend la parole pour passer à autre chose.

-Nous devrions y aller. Tu penses parvenir à me suivre discrètement ? Nous avons quelques couloirs encore fréquentés à traverser avant d'atteindre le lieu du rituel. C'est une zone sécurisée mais j'ai déjà pu franchir les barrières, je n'aurais aucun mal à le refaire. Balak doit nous retrouver devant l'entrée.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Ven 22 Oct 2021 - 8:50

- Pas de quoi.

J’étais un peu inquiète, je l’ai retrouvé, je l’ai ramené. Au moins il n’a pas eu à se réveiller dans cet endroit sinistre tout seul. Il était dans sa chambre, au chaud, au calme. Puis je prends conscience d’un truc. Il vient de me remercier. Ça me surprend tellement que je passe ma main sur ma nuque, un peu gênée. Personne ne me dit jamais merci. En fait, il est même extrêmement rare que quelqu’un me dise un mot gentil. Alors, ce « merci », je le conserve bien précieusement dans ma mémoire avant de faire semblant de tousser.

- Bien sûr. Juste…’fin…mes fringues sont tout sauf discrets quoi…Si t’as une cape ou quelque chose de ce genre, je veux bien la porter le temps de faire le trajet. Je peux être discrète mais pas totalement invisible. Et tes super copains peuvent me détecter si j’utilise ma magie.

Il a déjà assez de problèmes comme ça, je ne vais pas en rajouter, surtout que je suis sur le point de m’en aller et que ça s’est plutôt bien passé jusqu’à ce soir. Autant continuer sur cette voie. Toutefois, je l’observe à mon tour. Il ne semble pas y avoir de traces de la veille, il est tout raide, le teint pâle, l’œil luisant, les battements de son cœur sont réguliers, c’est comme s’il ne s’était rien passé. Vu que nous n’allons plus nous revoir, je me permets juste de glisser un mot, libre à lui de l’entendre ou pas.

- Va plus là bas. Rentre leur plutôt dans le lard, à tous ceux qui te font chier, plutôt que de te morfondre dans de la fumée d’opium. Un homme et sa volonté sont bien plus puissants que toutes les drogues et magies du monde. Après, c’est ta vie, j’ai pas tellement de quoi faire la morale mais bon. J’voulais juste te dire ça avant de m’en aller.

Un clin d’œil et je m’éloigne déjà pour rejoindre l’intérieur. Je regrette juste de pas avoir eu le temps de voir un de ces dragons ou un Elfe noir. Ou toutes ces créatures bizarres…Quelles merveilles j’aurais pu reproduire dans mon monde avec ça ! Puis je sais pas…C’est sympa cet endroit. La nourriture est bonne, les gens accueillants…Et y a Ben. M’enfin, c’est pas tellement la peine de ressasser, ça ne sert rien.

- Allons-y, je te suis.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Ven 22 Oct 2021 - 17:58

Benedict n'avait pas prêté attention à la tenue d'Aliénor. Son esprit était bien trop préoccupé par d'autres pensées pour se concentrer sur ce qui n'est à ses yeux qu'un détail. Peu lui importe comment elle s'habille, il ne se soucie pas de l'apparence. Il préfère largement détailler le fond des choses. Comme celui de son invitée qui est bien plus beau qu'il n'aurait pu le croire de prime abord. Cependant, elle a raison : elle n'est pas très discrète vêtue de la sorte. Alors il se dirige vers son armoire et l'ouvre pour y fouiller à l'intérieur. Et pendant qu'il cherche ce qu'elle a réclamé, il l'écoute. Elle lui demande de ne plus se rendre au fumoir, autrement dit : d'arrêter de se droguer. De se battre... Contre qui ? Le reste du monde ? Et pour quoi ? Ce qu'il est ? Pour quelle raison ferait-il cela ? Il n'en a aucune... Il n'en a jamais eu aucune.
Oh, il ne lui en veut pas de chercher à le défendre ainsi. Cela lui retire au moins son doute de la journée... Elle a plus d'intérêt pour lui que la simple échappatoire qu'il représente. Cependant, il lui ai facile de lui dire tout cela alors qu'elle s'en va et qu'il se retrouvera à nouveau seul face à tous. Un mage ne manque pas de volonté pour mener à bien ses sorts mais cette volonté-là, celle qu'elle veut le voir retrouver, il l'a perdue il y a bien trop longtemps. Elle lui aura au moins donné un baume au cœur pendant quelques jours.

Finalement, il ferme l'armoire, une cape bleue foncée dans les mains. Il se tourne vers elle et s'approche. Il passe la cape autour de ses épaules et fixe l'attache sous son cou. Puis il la regarde et lui répond enfin, d'un ton las.

-Que n'as-tu pas eu cette mésaventure il y a quatre-vingt ans ?...

A l'époque, il aurait encore pu trouver cette force qui lui manque aujourd'hui et son discours l'aurait touché davantage qu'aujourd'hui. Il a bien compris qu'elle est très vieille donc huit décennies ne doit pas représenter grand chose à ses yeux. Mais pour lui, cela aurait fait toute la différence.
Il n'ajoute rien de plus et se dirige vers la porte qu'il ouvre pour laisser passer Aliénor. Puis il la rejoint dans le couloir, ferme derrière lui et la guide à travers les couloirs. Ils descendent un grand nombre d'escaliers, longent bien des couloirs puis descendent encore. En chemin, ils croisent plusieurs personnes mais aucun ne semble se préoccuper d'eux. La jeune femme qui accompagne Benedict porte une cape semblable à celle de bon nombre d'entre eux. Ils la prennent donc pour une élève et il n'y a rien d'alarmant à voir une élève en compagnie du responsable de l'un des départements de l'Académie.
Peu à peu, ils croisent de moins en moins de monde jusqu'à ne plus voir personne du tout. Au détour d'un couloir, Benedict jette un œil autour d'eux avant d'emprunter une porte. Il guette jusqu'à ce qu'il soit sûr que personne ne les a vu et referme rapidement derrière eux.

-Bien. Maintenant, les choses amusantes vont commencer.

Il s'enfonce d'un pas décidé dans le couloir en pente qui s'enfonce toujours plus dans les profondeurs du sol. Il fait noir, à l'exception de torches récemment ravivées. Ils avancent ainsi quelques minutes avant qu'une silhouette ne se dessine devant une large et épaisse porte dorée. Alors que le duo arrive à la hauteur du demi-elfe, les deux hommes se saluent.

-Gardien Hersfelt.
-Balak.

Mais, déjà, Benedict ne s'intéresse plus à lui et se positionne face à la porte qu'il étudie du regard. Ses sens sont éveillés et il devine assez rapidement quel mécanisme magique en bloque l'accès. Puis il tend une main vers elle, les doigts écartés de manière à former un cercle. Sa dextre pivote, comme pour faire tourner une large poignée invisible. On entend quelques claquements et les panneaux d'or s'ouvrent. Sans chercher le moindre bravo ni même consulter les regards de ses acolytes, l'archimage passe le seuil et s'enfonce dans un nouveau couleur aux murs non plus en pierre nues mais couverts de lapis qui semble irradier de lui-même. La seconde porte est à quelques dizaines de mètres plus loin.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Sam 23 Oct 2021 - 7:11

Il fouille son dressing et en sort une cape qu’il fixe lui-même sur mes épaules. L’occasion de le regarder de plus près et d’écouter ce cœur qui bat toujours à un rythme régulier. Cette musique est apaisante, pour les Non-Morts, pour moi. Il est très très rare qu’un Mortel reste à proximité immédiate aussi longtemps. La dernière fois que cela m’est arrivé, c’était il y a bien longtemps, dans les froides contrées du Nord, quand l’Amérique était connue sous le doux nom de Vinland et qu’elle suscitait bien des débats, des histoires, des récits de légendes et de monstres fantastiques. Un bref, très bref instant, le souvenir d’un regard limpide comme une eau de source et d’une mèche de cheveux presque blancs à force de blondeur, échappée d’un casque en métal, me revient. C’était il y a presque mille ans…et je n’ai jamais pu l’oublier. Ben a la même intensité dans le regard. L’intensité d’un guerrier. Un guerrier qui a rendu les armes et qui a cédé aux chants des sirènes. J’en arrive à sourire, un peu.

- Cela m’aurait fait des vacances. Il y a quatre-vingt ans, mon monde était plongé dans une guerre totale. Impossible de se reposer tranquille pendant plus de cinq ans, je suis volontairement tombée en torpeur, sous terre, le temps que ça se calme.

Et tout cela pour me réveiller dans les années 60. Un vague sourire flotte à nouveau sur mes lèvres. C’était la bonne époque, ça. Marcher pieds nus ne choquait personne, et ils étaient tous tellement bourrés et stoned, ces hippies, que je pouvais manger tranquille sans avoir à me fatiguer. Il suffisait de chercher les feux de camps, les vieux vans tout moisis et l’odeur de joint qui flottait parfois en permanence dans certaines villes.

Cela étant, je comprends que si j’étais arrivée plus tôt, peut-être aurais-je réussi à le faire changer d’avis. Je secoue la tête et le suis, sans plus rien dire. On ne peut aller contre la volonté des gens. Parfois il est simplement trop tard pour qu’une aide soit efficace. Et pourtant, tout en marchant derrière lui, dans ces longs couloirs, je l’observe. J’observe les réactions des autres résidents. C’est comme s’il n’existait pas. Pas un instant une de ces personnes s’est arrêtée pour le saluer, comme s’il était totalement invisible. Certains regards ont coulé sur moi, bien sûr, mais je ne relève rien, je suis bien trop près de rentrer chez moi pour réagir à ma manière.

Pourtant, plus on avance et moins on croise des gens. Et plus il fait sombre aussi. Perso, ça ne change rien pour moi, je vois parfaitement dans le noir mais bon, en termes de discrétion, il va vite comprendre que ma nature a aussi ses contraintes. Alors que l’obscurité est totale, mes yeux prennent cette lueur commune à toutes les créatures de la nuit, une lueur brillante, celle des animaux pris dans les phares d’une bagnole. Et souvent, ça les effraye, les humains, du coup je préfère garder la tête baissée, jusqu’à ce que les torches se fassent plus présentes, diminuant l’intensité de cette lueur totalement incontrôlable.

Je l’entends alors saluer le Romulien de la veille. Et là je lève la tête pour le regarder sans ciller. Balak verra, lui, toute l’intensité de mon regard, en un seul coup d’œil effrayant. Mieux, je souris en dévoilant mes dents bien blanches, le visage à moitié caché par la capuche de la cape de Ben. Qu’il essaye de s’en prendre à lui, à moi, et Romulien ou pas, il va le sentir passer. J’ai pas aimé du tout sa façon d’agir la veille, il a donc intérêt à filer droit et ne pas faire l’imbécile. Ben est tout occupé à ouvrir la porte, je reste à deux pas de distance, préférant observer Balak, qui ne m’inspire aucune confiance.

Donc, tout le monde déteste Ben et lui, qui ne semble guère le porter dans son cœur, consent à l’aider pour un tour de magie hyper complexe ? Instinctivement, je préfère rester sur mes gardes et garder les oreilles pointues en ligne de mire. On ne sait jamais.

Je suis pourtant un instant désarçonnée par la beauté de ce que je vois. Des pans de murs entièrement recouverts de lapis lazuli…J’en abaisse ma capuche pour regarder cela de plus près, émerveillée. Cela me rappelle tant ces temples antiques dont il ne reste désormais plus que des colonnes battues par les vents et la pollution…

- C’est beau…Quel est cet endroit, Ben ?

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Dim 24 Oct 2021 - 12:05

Benedict ne se méfie pas un instant de ses deux comparses. Ni d'Aliénor, ni de Balak. Si la vampire a toujours eu besoin de lui pour rentrer, il est certain qu'elle a d'autres raisons de ne pas vouloir s'en prendre à lui désormais. Autre que le fait qu'il serait un adversaire redoutable. Quant à Balak... Si un membre de l'Académie voulait se débarrasser de lui, ce serait fait depuis longtemps. En moyenne cinq fois par ennéade, il se retrouve dans un état où le monde qui l'entoure n'existe plus et il y aurait alors mille façons de le tuer sans qu'il ne se débatte. Faire croire à un surdosage mortel serait facile. Si le Conseil n'a pas peur des accusations de meurtres, un simple oreiller sur le visage ou une dague dans le cœur serait tout aussi efficace. Sinon, il reste l'accident... Une chute dans l'un des nombreux escaliers de l'Académie, une dégringolade du balcon, un saut dans le fleuve... Mais après toutes ces décennies, on se contente de le laisser se tuer seul à petit feu. Qu'est-ce qui les retient de clore définitivement le sujet ? Peut-être leur responsabilité dans son existence...

L'archimage avance dans le couloir sans y prêter attention. Il est déjà venu et, surtout, il est concentré. La soirée va être longue et elle commence par l'ouverture des différentes barrières qui leur bloquent le passage. C'est la question d'Aliénor qui lui fait enfin tourner la tête, la regardant comme s'il avait presque oublié qu'il n'était pas seul ou qu'il ne s'attendait pas à être interrompu.

-Ce passage mène à l'endroit le plus ésotérique de tout Miradelphia. Il faut passer quatre portes pour l'atteindre, une par domaine magique. Chaque porte est verrouillée par la magie et chaque couloir est enchanté. Mais comme ce genre de magie ne tient pas très bien, il faut renouveler ces protections sans arrêt.
-Hersfelt. Gronde Balak pour manifester son désaccord.

Benedict le toise d'un regard qui le dévisage avec fort peu de considération. Il a de la sympathie pour Aliénor a qui il parle avec gentillesse mais ce mage n'est à ses yeux qu'un opposant de plus à son existence et à sa personne.

-Elle ne pratique pas la magie. Et elle rentre chez elle de toute façon.

Le demi-elfe presse le pas pour rejoindre le côté de l'archimage et poursuivre la conversation à voix basse.

-Qu'est-ce qui vous dit qu'elle n'est pas en train de vous manipuler pour découvrir tout cela ?
-J'ai davantage confiance en elle qu'en n'importe qui dans cette Académie.
-Ce n'est pas une preuve.

Benedict s'arrête soudain et fait face à son interlocuteur.

-Alors demande-lui de t'en fournir une. Elle t'entend très bien depuis tout à l'heure. Lui répond-il sèchement.

Il reprend aussitôt sa route, plantant Balak sur place. Ce dernier tourne son regard vers la vampire. Tout comme Benedict le jour de leur rencontre, il essaie de l'analyser depuis le départ mais il ne comprend pas comment une telle créature peut "vivre". Il cherche son lien avec son maître mais n'en trouve pas. Pourtant, il doit bien y avoir quelqu'un derrière tout ça !
De son côté, Benedict voit déjà apparaître une large porte bleue dont il continue à se rapprocher pour l'atteindre. Lorsque ce sera fait, il l'étudiera, comme la précédente, afin de trouver quel sort peut l'ouvrir.

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Dim 24 Oct 2021 - 14:29

Je retiens un rire que je dissimule sous une petite toux de circonstance. Alors oui, certes, je ne pratique pas la magie de la même façon que ces deux Mages, je n’ai pas de baguette magique, je ne fais pas des moulinets avec mes bras tout en prononçant des incantations incompréhensibles et bizarres, il n’y a même pas d’académie de ce genre en mon monde mais il n’en demeure pas moins que mes pouvoirs viennent de la magie du sang. C’est elle qui me permet de me déplacer comme le vent, qui me procure ma force qui n’a fait que croître au fil des siècles et qui me permet, quand j’en ai besoin, de créer mes illusions ou de contrôler les animaux. Tous les animaux.

La réaction de Balak me fait hausser un instant les yeux au ciel. Abruti de Romulien. Sans compter que l’imbécile presse le pas pour rejoindre Ben et parler à voix basse. Je ne suis pas un modèle de politesse mais lui aurait bien besoin d’une mise à jour à ce sujet. Je l’entends aussi distinctement que s’il était à ma propre oreille…

Lorsque Ben le plante là pour continuer sa progression, je m’arrête un instant à ses côtés, l’air faussement contrit.

- Vous savez, Balak…D’où je viens, les Elfes sont des êtres majestueux, sensibles, incroyablement charismatiques et d’une poésie indéfinissable. Des merveilles de force et de beauté. Alors certes, ils ne sont que des légendes mais ils sont la définition même d’une certaine perfection.

Je l’observe à la dérobée, insistant un instant sur ses oreilles, avant de regarder mes ongles à l’ovale parfait et à la dureté du verre, tout en continuant:

- Vu votre teint, votre bedaine, votre allure et surtout votre attitude générale, j’en déduis donc que vous n’avez rien de commun avec vos pairs des forêts et qu’un de vos parents était tout sauf un Elfe. C’est dommage d’avoir presque tout pris de ce parent là…

Amusée, je tourne alors mon visage vers le sien l’observant avec la même considération que j’aurais pour une limace.

- Je n’ai pas besoin de vos secrets, j’ai déjà bien assez avec les miens et ceux de mon monde. Je veux juste rentrer chez moi, c’est quoi votre problème ?

L’envie me démange vraiment, mais vraiment beaucoup, d’utiliser ma magie sur lui. Cela étant, cela ne ferait que confirmer ses soupçons et mettre Ben dans une panade bien collante. Pourtant, l’idée de distiller des morpions dans ses braies me tente…ou quelques poux bien gras dans sa tignasse. On verra. Peut-être comme cadeau de départ, qui sait.

- Si vous n’avez rien de pertinent ou de poli à dire d’ici à ce que je m’en aille, s’il vous plaît…fermez la.

Déjà je m’éloigne de Balak, suivant Ben, tout en regardant les murs au bleu étincelant. Prendre sur moi est toujours un exercice compliqué. En d’autres circonstances, Balak aurait fini en jolie gourde enchaînée au mur, dans le sous-sol de la Rose, pour une telle attitude. Il peut s’estimer heureux que je sois dans l’incapacité morale de le faire. Je rejoins le Mage et glisse discrètement :

- Ils sont tous comme lui ?

Sujet: Re: Let the right one in | Ben Dim 24 Oct 2021 - 22:13

Balak ne répond pas. Il toise la non-morte et ne dit rien. Il ne tient pas vraiment compte de ses reproches car il sait (ou est persuadé de savoir) qui il est et ce qu'il vaut. Et elle, qu'est-elle ? Une créature étrange qui ne devrait pas être ici. Il a remarqué qu'elle ne respire pas et que son cœur ne bat pas. C'est un cadavre. Un cadavre qui parle, marche et, si Hersfelt a raison, qui pense aussi. Il n'est pas totalement convaincu que ce soit vrai mais il est important qu'elle parte avant que quelqu'un d'autre ne tombe dessus. Il est mage de la vie spécialisé dans le sang. Il a un peu étudié la nécromancie mais ce domaine le rebute... Alors il ne tient pas à ce que certains puissent étudier ce spécimen pour en faire apparaître d'autres. Tout ce qui compte, c'est qu'elle disparaisse cette nuit.

Benedict ne s'est pas soucié de leur conversation, trop occupé par la nouvelle serrure qu'il doit déverrouiller. Alors quand Aliénor le rejoint et l'interrompt de nouveau, il se tourne vers elle, un sourcil haussé d'étonnement. "Lui" ? Ah, oui... Il jette un œil rapide sur son confrère, resté plusieurs pas derrière eux. Puis il revient sur la porte.

-De mon point de vue... Oui. Répond-il avec une certaine lassitude.

La main de l'archimage vient se positionner devant lui, paume vers le haut. Une boule lumineuse fait rapidement son apparition en son centre et il l'envoie d'un geste vers les deux pans bleus. La lumière est alors aspirée par la porte qui s'illumine toute entière durant quelques instants... Avant de s'ouvrir. Benedict attend deux petites secondes, songeur, avant d'avancer. Il marche d'un pas décidé vers la porte suivante, évoluant dans un couloir d'émeraude tout aussi lumineux que le précédent. Il avance si vite que Balak a un peu de mal à presser le pas pour le suivre si bien qu'il ne parvient à le rejoindre qu'au moment où l'archimage lance déjà un nouveau sort.
Cette fois, c'est de l'eau qui monte depuis le bas de la porte verte jusqu'en haut. Et les pans s'ouvrent à nouveau. Mais au lieu d'avancer, Benedict reste là, les sourcils froncés, regardant le couloir d'obsidienne qui leur tend les bras.

-C'est étrange... Jusque là, les sorts ont tous été les mêmes que lorsque j'ai pénétré ici, il y a quatre-vingt dix ans.
-Et alors ?
-Après mon intrusion, j'aurais pensé qu'ils auraient changé les combinaisons...

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