Nombre de messages : 9 Âge : 36 Date d'inscription : 02/04/2021
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 100 ans Taille : 1m88 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Sornmyr [terminé] Dim 4 Avr 2021 - 16:46
EXORDE :Les propos, les actes et les pensées de mon personnage n'engagent que lui, et ne sont en rien révélateurs de ma pensée et de ma propre propre vision du monde. S'agissant d'un personnage de fiction aux origines malveillantes, je ne fais que retranscrire ce que serait son existence et ses actes.
Je vous souhaite pour autant beaucoup de plaisir à la lecture de tout ceci !
Possessions & Équipement : – Armure de cuir (sans casque) – Capuchon en cuir velours – Épee bâtarde Puysarde (facture commune) – Dague Puysarde (facture commune) – Surin (première arme qu'on lui a jamais confié) – Escarcelle en cuir
Apparence :
Les muscles secs, bien que vigoureux, le corps élancé et légèrement plus petit que ses pairs, l'enfance moribonde du jeune Drow se lit en sa chair, marquée par les aléas de la survie en la Basse-Fausse, tels les jours de disette et les jeux brutaux et humiliants auxquels s'adonnent les déshérités.
Le teint de sa peau est particulièrement sombre, et tire étrangement sur la terre d'ombre, plutôt que sur les ténèbres. Bien qu'il ne s'agisse point d'une exception parmi les Drows, cette particularité reste insolite, et certaines langues médisantes se sont déjà délectées à calomnier l'orphelin de bâtardise... Pour autant, celui-ci à pu se rassurer à ce sujet, portant bel et bien la Marque de Natha.
Si les bribes de mémoire concernant sa prime enfance n'évoquaient que la brutalité et la cruauté, les forces et les espoirs de Sornmyr furent balayés par la voracité et par l'impétuosité de la rue. Ces décennies de survie ne laissèrent en son cœur qu'amertume et fureur, toutes deux arborées sur son visage, aux traits pourtant si fins.
Débarrassé depuis bientôt soixante-dix années de sa tignasse rutilante, stigmate ostentatoire et ô combien cuisant de sa jeunesse et de sa parenté lointaine d'avec l’engeance aneldhelle, l'Ilythiiri laisse dorénavant pousser avec fierté sa toison d'albâtre, qu'il coiffe et tresse sobrement en arrière, à l'instar de ces soldats, fortement attachés à leur chevelure, mais ne souhaitant en être handicapé au combat.
Quand – en de bien rares occasions – le spadassin vient à ôter son armure, il arbore des tenues simples et de peu de valeur, dénuées de toute verroterie ; il n'est pas dans la nature du Puysard de s'afficher ou de se donner de faux airs, ce qui rend sa beauté des plus authentiques…
Taille : 1m88
Couleur des yeux : Rouge braise
Personnalité :
"P'leik zhah natha bwael an'kin.":
"La Souffrance est un bon professeur."
Sornmyr a cela de particulier qu'il ne cesse jamais d'éprouver de la colère. Mais plutôt que de la déchaîner, à tors ou à raison, il la laisse s'exprimer continuellement, à sa manière, telle le feu dans l'âtre d'une maison. Car, le jour où il ne parviendra plus à la laisser parler, il aura oublié qui il est, et cette simple idée le terrifie. Trop jeune pour s'y attacher en temps voulu, il a dors et déjà égaré le souvenir de sa famille. Néanmoins, il le sait, sa vie n'a pas toujours été ainsi...
Ne plus savoir d'où l'on vient est une abomination, nous exposant à d'éternels doutes et regrets, pouvant mener au désespoir, mais d'oublier qui l'on est est plus tragique encore, et d'autant plus cruel que la Mort elle-même.
Le ferrailleur avait toutefois un souvenir qui le marquait plus que tout autre, et qui pouvait le définir aisément. Le souvenir d'une femme, une parfaite inconnue, qui s'était penchée sur lui et l'avait éveillé au monde, lui montrant la voie à suivre. Cette femme, il ne pouvait plus exactement la décrire, mais le son de sa voix résonnait toujours, des années après, dans le creux de son esprit.
Cette rencontre fortuite... à moins qu'elle n'aie été prévue de longue date par la Drow, avait marqué la seconde naissance de l'orphelin, qui à ce jour se résolu à marcher droit devant lui sans fléchir. Si son chemin le menait à un guêpier, ne pouvait en résulter que le trépas ; celui de ses ennemis ou bien le sien. Et dans son sillage le sang avait coulé.
Non pas que l'Ilythiiri ne soit qu'une brute sanguinaire ; il savait user de finesse et d'esprit si la situation le préconisait, et était à même de régler ses problèmes sans coup férir. Or, tant que la fureur n'était vaine, et que les répercutions servaient au Puy, nulle mort n'était inutile, nul sacrifice évitable, nulle tourmente insoutenable.
Cette mentalité fit du gamin des rues un tueur froid et méthodique, louant ses services au plus offrant, pour autant que son employeur œuvrait à la grandeur et à l'accomplissement du Destin des siens. Une fois seulement, il fut amené à retourner ses armes contre un supérieur, trop accaparé par sa propre personne pour ne pas nuire au Puy, ce qui aboutit à une Ordalie, où il fut blessé au visage...
Histoire
Vel'drav dos rei, inbau phor
Quand bien même l'on ne pouvait qualifier autrement les premières années d'existence des enfants Drows que comme un mauvais moment à passer, les parents consciencieux se conduisant tels des tortionnaires, au même titre que les géniteurs dépassés, qui à défaut d'obtenir satisfaction de leur marmaille, se déchaînaient sur eux, Sornmyr se souvenait du sentiment de sécurité d'avoir un toit au-dessus de sa tête et une figure maternelle pour veiller sur lui, malgré tout, le confort d'un lit chaud où dormir quand il tombait de sommeil, et le plaisir insoupçonné de pouvoir manger à sa faim. Il ne s'attendait pas à perdre toutes ces petites choses qui constituaient son monde, sans y avoir été préparé, et alors que rien ne l'aurait présagé... D'être livré à lui-même, au milieu de l'horreur de la Basse-Fausse...
Et Sornmyr aurait été en bonne passe de s'éteindre, après plusieurs mois à se débattre dans les Limbes, s'il n'avait entendu cet appel. Une main se posa sur lui, tandis que jonchant sur le pavé d'une ruelle isolée, il sombrait dans le désespoir, et que sa raison semblait l'abandonner. Il n'avait pas été préparé à autant de cruauté, de rage et de perfidie... Et le garçon ne se sentait pas apte à évoluer cerné de tant d'horreur, en état de guerre perpétuelle...
"Dos vel'uss zhah naut quin rosin, xuat shar'tleg tir p'los dos shlu'ta sei'lor dosstan pholor chath.":
"Toi qui n'est pas encore né, ne t’éteins pas avant d'avoir pu t'embraser."
La voix, celle d'une femme, était d'une douceur sans pareille, mais se trouvait dépourvue de la moindre tendresse et de la moindre compassion. Ses doigts, dans les cheveux roux de l'enfant, ne furent d'aucun réconfort, bien qu'experts et agiles.
"Ud'phuul nin'jahr zud'dar, whol udossta venduin ib'ahalii. Dosst p'leik zhah naut gaer ulu frin'kla dos, jhal ulu mru'nga dos.":
"Nous sommes ainsi mis à l'épreuve pour notre plus grande gloire. Ta souffrance n'est pas là pour t'accabler, mais pour t'encourager."
Un objet froid et irrégulier glissa sur la joue de l'enfançon, le griffant. Celui-ci frémit alors, tout son épiderme parcouru d'une irrépressible chair de poule et de tremblements, mais il resta immobile, couché à même le sol, trop épuisé pour se relever, trop faible pour parvenir à échapper à l'emprise de l'inconnue.
"Va, mon enfant, et partage cette leçon avec qui ne veut l'entendre..."
Se penchant sur lui, ses longs cheveux d'argent lui chatouillant le visage, elle lui susurra un dernier mot à l'oreille, avant de se redresser et de lui glisser entre les doigts l'objet qu'elle tenait alors. Partie comme elle était venue, telle une ombre désincarnée, Sornmyr retrouva la réalité, et au tumulte ambiant, la faim le tenaillant, et ses multiples ecchymoses le lançant.
Plus loin dans la ruelle, la bande de vauriens qui lui avaient dérobé sa maigre pitance, et qui l'avait abandonné à son sort après l'avoir roué de coups, ricanait, tout en s'accordant un moment de répit pour compisser.
Manipulant précautionneusement le présent que la belle inconnue lui avait légué, Sornmyr s'éveilla soudainement de sa torpeur, comme animé d'une nouvelle flamme. Se relevant péniblement, longeant le mur aussi furtivement qu'il le pu, il empoigna son agresseur le plus proche et le larda de coups, avant de l'abandonner au sol, et de rejoindre sa prochaine victime, le surin qu'il cramponnait de ses doigts souillés allant à la rencontre d'un nouvel élève...
Ori'gato dosstan tlu xta'rl a lil' sssiks
Vivre en la Basse-Fausse, c'est de se frayer un chemin dans une ville en perpétuelle guérilla. A une rue près, pourtant, l'on pouvait quitter ce champ de bataille, et c'était comme d'avoir traversé des lieues, se retrouver plongé au cœur d'une autre cité... et d'être traité en étranger. Les regards froids, la méfiance, une hostilité vous faisant sentir comme un intrus...
Sornmyr mit des années avant de se permettre de quitter les rues nauséabondes et tortueuses de sa prison, et à oser déambuler parmi ses pairs, et le flot hétéroclite d'esclaves. Il vivait alors de menus travaux, ou de besognes trop compromettantes pour être confiées à un esclave, et trop avilissantes pour être confiées à un citoyen...
Le garçon ne rechignait à la tâche, habitué à pire, et savourait chaque instant passé hors de la fange, fusse-t-il alloué à filer un gredin, ou à transmettre en toute discrétion des messages, quand la mission ne consistait à participer à un enlèvement, ou à un assassinat... Mais toutes ces atrocités, le jeunot le voyait bien, rapprochait son peuple de sa propre destinée. Elles étaient donc essentielles, sinon impératives.
Deux nouvelles rencontres marquèrent alors l'existence du galopin ; la première fut celle du soleil. Création d'Uriz, immense astre ardent, il vint à la rencontre du jeune Drow lors de sa toute première sortie du Puy.
Évoluant dans une jungle d'un vert jaune envoûtant, dont les racines s'enfonçaient en une terre d'ardoise, sur les flancs du Puy d'Elda, la nuit allait prendre fin. N'ayant vécu que dans la chaleur étouffante, mais rassurante, des labyrinthes souterrains de la cité drow, à la pénombre des lampes à huile et des plantes luminescentes, le garçon ne pouvait être préparé à pareil spectacle.
Depuis sa position, par delà le désert, immense, étendue désolée dévorant les environs du Puy, et s'étendant comme à l'infini, l'horizon fut baigné d'une douce lueur, bien avant que le voile nocturne ne s'éclaircisse vraiment, et que la terre ne s'embrase de mille feux. Transit par la fraîcheur crépusculaire, les sens en éveil, le jeune elfe noir ne pu que frissonner de plaisir, quand les premiers rayons solaires caressèrent et échauffèrent sa peau.
Cette sensation, Sornmyr ne s'en lassa, le poussant à revenir quelques matins à la surface, durant son court siècle d'existence, tel un rituel de communion avec Le Créateur, instant privilégié de profonde intimité avec Uriz. Or nous arrivons au second tête-à-tête...
Si Sornmyr évoluait de si bon matin à la surface, ce n'était en aucun cas pour un instant récréatif en son existence si tumultueuse, or bien pour prouver sa valeur. Sa chevelure cuivrée, de manière éparse, blanchissait, signe qu'il ne serait bientôt plus un enfant, mais pas encore un brave. La nuit durant, il rejoignit pour la toute première fois les tréfonds de la cité, en la Chambre Magmatique, pour passer son Clor d’Dormagyn, rîte de Consécration marquant le passage à l'adolescence, dont nous tairons l'ensemble du protocole et la cérémonie, pour ne point permettre aux enfants arrivés jusqu'ici sans permission d'en divulguer le secret...
Jal dron phu' naut lil' toha
Elle était là, haletante, et à tout dire les poumons en feu... Des heures qu'elle courait éperdument, ne se reposant que quelques instants éphémères, juste le temps de se cacher des prédateurs naturels qui faisaient des flancs du volcan une jungle infernale. Quant à son chasseur, elle ne savait où il se trouvait, et elle l'espérait le plus loin possible...
La dernière fois qu'elle avait croisé son regard, elle avait déploré voir autant de rage sur un visage aussi jeune, et maintenant qu'il l'avait prise en chasse, elle éprouvait malgré elle, à son tour, autant de rancœur à son égard.
A deux reprises, la fugitive avait manqué d'être dévorée, par la même créature infâme, un Melzoar, qui après une traque effrénée, et défavorisé par sa masse, s'était laissé distraire par les petits cerfs décharnés qui paissaient dans une clairière escarpée, et qui bondirent comme des sauterelles en tous sens à son arrivée, cabriolant comme si leur vie en dépendait – et c'était fort probablement le cas.
Armée d'une dague, souillée d'un sang noirâtre, sec dorénavant, qu'elle avait volée à sa dernière victime, l'esclave en fuite avait joué d'une chance insolente pour arriver jusqu'ici, à moins qu'on ne l'aie laissé s'enfuir pour une bonne raison.
Pour avoir détenu une arme et s'en être servie sur un Drow, elle savait encourir la pire des peines, aussi, en était-elle venue à la décision de ne pas se laisser capturer vivante.
Oui, si la lavandière d'Ithri'Vaan doutait pouvoir tuer ce noiraud aux cheveux roux, qui commençaient à perdre de leur éclat, alors, en dernier recours, elle se donnerait la mort, en dépit de ses croyances, et de son respect de la Vie. Un tel sort ne pouvait être pire que l'horreur qu'elle avait déjà connue au Puy, et qu'elle encourait si on la prenait vive...
Le sursis qu'elle vivait alors, au grand air, baignée par le soleil, lui était comme une bénédiction de la Dame-Dieu, un présage de bienveillance, malgré sa fuite et l'intime crainte de ne pas en ressortir vivante. Seule l'espérance la portait, alors que son corps n'était que douleur, et que ses muscles brûlaient. Mais c'était infiniment plus supportable que la servitude, dans cette fournaise méphitique, peuplée de monstres à l'apparence humaine, à la peau noire comme le charbon, et aux yeux pourpres comme le sang qu'ils faisaient couler en l'honneur de leurs divinités païennes cauchemardesques !
Au détour d'un ruisseau, qui lézardait à travers le terrain accidenté, avant de se jeter depuis le sommet d'un orgue basaltique, dans un bassin en contrebas, la damoiselle se permit une brève halte, scrutant la végétation derrière elle, sur le qui-vive, avant de boire dans ses mains, et de se rincer le visage, sentant ses tempes pulser sous ses doigts fébriles.
"Dos nezmuth't alu jala felah, elg'caress !":
"Tu n'iras pas plus loin, chienne !"
Se jetant sur le côté, attrapant la lame qu'elle n'avait lâchée que pour s'hydrater, la fuyarde écarta maladroitement sa chevelure brune, qui détrempée tant par la sueur que par l'eau, s'était emmêlée. Se tenant droit sur ses jambes, et à l'évidence bien moins mis à mal par la poursuite, l'enfant Drow la toisait du regard.
Dans sa course, les haillons qu'il portait n'étaient plus que lambeaux, pendant à son cou comme à sa ceinture de chanvre tressé, balayés par le vent. Sa peau sombre n'était, elle, pas plus épargnée, griffée par la végétation, et le javelot brisé qui lui servait de bâton laissait présager qu'il avait eu à se battre contre quelque bête sauvage pour retrouver sa trace, et qu'il avait été victorieux.
Le temps d'un battement de cil, qui lui parut une éternité, elle ne pu s'empêcher de contempler la myriade de cicatrices que le sombre jouvenceau affichait, aucunes significatives de rituels d'automutilation, les autres plus singulières, signes que l'enfant, si c'en était encore un, avait payé cher de sa peau pour avoir le droit d'exister.
En d'autres circonstances, elle aurait plaint un tel être, or le timbre et le ton de sa voix, en son langage obscur et inintellegible, ne laissait aucun doute sur ses intentions. Il n'y aurait pas de merci pour elle.
"N'approche pas !":
Fendant l'air de sa dague, tentant – vainement, la fugitive le pressentait – d'intimider l'indigène, la femme s'écarta du petit ruisseau d'eau claire, prête à en découdre, or ses mouvements manquaient d'ampleur, de maîtrise, et l'enfant des profondeurs le percevait aisément. Aussi resta-t-il immobile, tel un loup étudiant sa proie, en quête d'une faille à exploiter, d'un relâchement, d'une opportunité.
Sornmyr connaissait bien les sentiments qui envahissaient l'humaine, pour les avoir déjà ressentis par le passé. De tous les noms dont cet état d'âme pouvait être affublé, le malandrin opta pour la terreur. Ce sentiment de vulnérabilité, cette perte de contrôle, cette pression sourde et tenace lui étaient désagréables quand il en était la victime, et délectables quand, au contraire, il l'inspirait aux autres.
"Doer pholor, xor usstan zhal'la jivviim dos.":
"Viens, ou je devrais te faire mal."
L'idée ne lui déplaisait pas, bien au contraire, et l'inflexion de sa voix, nuances de sadisme et de plaisir consommé, sonnait comme une menace, un appel à la panique, le Puysard n'attendant qu'un prétexte pour se jeter sur elle.
La mélopée sauvage de la jungle – tous ces chants d'oiseaux exotiques, le grondement lointain de reptiles démesurés se toisant pour une femelle, le refrain du vent se frayant un chemin parmi la végétation luxuriante – et les battements de son propre cœur, résonnant dans sa tempe, ainsi que la détresse de l'esclave acculée éveillèrent en lui des phantasmes et des désirs jusqu'ici insoupçonnés.
"Je ne comprends pas ta langue, mais j'aime ta peur."
L'appétit monstrueux qui serpentait dans le regard morbide de son prédateur finit d'achever la témérité de la brunette, qui, la trouille au ventre – au point d'en lutter contre une nausée qui lui coupait le souffle, et qui lui révulsait les entrailles – décanilla gauchement, et n'y manquant pas, dévala la pente herbeuse, avant de finir dans le vide.
Au moment de l'impact, deux corps s'entremêlaient, alors en pleine lutte aérienne. L'une pour sauver sa vie, et l'autre pour la lui ôter... Seulement, une fois passé le mur liquide, et sous le choc et la stupeur, l'assaillant relâcha prise.
L'humanoïde à la peau brune n'avait jamais vu autant d'eau durant toute son existence, et soudain transit par la froideur aqueuse, les poumons vidés, ce dernier se débattit férocement. N'ayant jamais, jusqu'alors, quitté les galeries ardentes du Puy, et ne s'étant jamais approché du Lac, Sornmyr ne savait nager. Et bien que bataillant de toutes ses forces contre la gravité pour ne point sombrer, il ne savait comment s'y prendre, et gaspillait ses efforts en vain.
Affolé, les sens engourdis par le froid intense, et par le silence des eaux profondes, le jeune Eldéen chercha du regard sa proie ; elle, savait nager, et bien qu'éprouvée, regagnait la surface en brassant l'eau de ses quatre membres, avec une facilité déconcertante...
Tentant de mémoriser ses mouvements, et d'ainsi les reproduire, ce fut à lui de constater qu'il manquait cruellement de savoir-faire, et bien que ses brassées l'empêchaient de sombrer plus encore, il peinait à s'élever vers la lumière du jour...
A l'air libre, crachant ses poumons, l'humaine s'effondra au bord de la cuvette naturelle, haletante, en état de choc, mais en vie. A peine le temps de recouvrer ses esprits, et elle se hissa, scrutant les environs fiévreusement, à la recherche du Drow... qu'elle ne trouva nulle part. Plongeant son regard dans l'étendue d'eau, à la surface mouvant sous le remous de la cascade, elle ne distingua rien d'autre que son propre reflet, vacillant.
D'abord hilare, à l'idée que son persécuteur ne se soit noyé, explosant de rire sous le coup de la tension accumulée, elle s'en voulu presque aussitôt. Certes, cette engeance avait attenté à sa vie, or, même après tout ce qui lui était arrivé, une ennéade de captivité durant au Puy, elle ne pouvait se résoudre à tant se réjouir du trépas de qui que ce fut, car son poursuivant, avant d'être un Drow, n'était encore qu'un jouvenceau.
Sa propre foi étant tournée vers le respect de la vie, sous toutes ses formes, laisser sombrer le misérable, et pis, s'en réjouir, tenait du blasphème le plus profond envers la Dame-Dieu. Frappée par sa propre faute, et contrite, elle prit alors une grande inspiration, avant de plonger.
*La vie tu respecteras et protégeras, ma fille ! La vie...*:
Ses yeux d'ébène exprimaient un sentiment inconnu... Quand elle vint le chercher sous l'eau, une lueur s'était éveillée dans ses prunelles de ténèbres, avant qu'elle ne passe l'un de ses bras sous ses aisselles et qu'elle ne le serre contre elle, entamant la remontée vers la surface. Ce n'était rien de tout ce que l'enfant des rues avait connu, un sentiment indescriptible, qui sur l'instant avait mis l'Ilythiiri dans l'embarras, sans qu'il ne sache trop pourquoi...
Pour autant, il n'avait pas oublié sa mission, et à peine arrivés à l'air libre, l'humaine n'était plus. La seule arme qui lui était restée fidèle dans l'horreur des profondeurs, et qui ne s'était d'ailleurs jamais dérobée, demeurait son vieux surin, tige de métal grossièrement taillée en aiguille, dont sa vie dépendait depuis des décennies déjà...
Revenu, péniblement, jusqu'au bord de l'eau, agressés par les poissons, excités par l'odeur du sang de la mortelle, Sornmyr eu bien de la peine à remonter la dépouille de sa victime, étourdi par son immersion, le souffle court, la tête lui tournant.
Se penchant bientôt sur le corps inerte, la dévisageant, il trouva porte close à ses yeux. Toute lueur s'était envolée, ne laissant qu'un voile trouble, linceul de l'âme.
*C'est impossible ! Les races inférieures n'ont pas la Flamme...*
La sensation qui l'envahissait n'avait non plus de nom à ses yeux, mais n'était que souffrance et honte. IL avait réussi ! IL était venu à bout de sa proie ! Et pour autant, jamais il ne s'était senti aussi humilié, et aussi vulnérable...
Saisissant l'humaine par le col de ses guenilles détrempées, la secouant rageusement, il chercha une réponse évidente à l'effroi qui envahissait son cœur, mais rien ne semblait évident... Le Drow n'avait qu'une envie : détruire cet ennemi invaincu.
Or quelque chose le retint. Il voulait profaner son corps, la démembrer et ramener sa tête en trophée... Mais rien n'y faisait... A tout dire, la femme avait d'une certaine manière gagné son respect. Car bien qu'il lui ait perforé l'artère fémorale, la laissant se vider de son sang dans les eaux sauvages, elle n'avait cessé, pour sa part, de les ramener à la surface...
Dos phuul wun lil' hosse nin
Les Classes furent un tournant majeur dans l'existence du jeune orphelin, qui passa de la survie dans la Basse-Fausse à la rivalité de l'Académie, des courses et sordides besognes à l'entraînement martial, de l'imprévu et de la liberté aux règles et aux programmes de formation. Pour autant, certains réflexes pris parmi la vermine eldéenne favorisèrent son acceptation parmi certains de ses camarades. Car dorénavant, il mangeait, dormait, s'entraînait et évoluait au beau milieu de ses pires ennemis, alliés de circonstance, qui par jalousie, crainte ou orgueil pouvaient à tout moment se retourner contre lui...
Le brassage social n'aidait pas, chacun s'appuyant sur ses connaissances de jeunesse, rejetant les moins biens nés qu'eux, et crevant d'envie et d'ombrage face aux Prima Sanguis – dont la pureté et la renommée de leur lignée ancestrale, et leur haute éducation favorisaient leur ascension – ou à tout cadet qui s'illustrait, d'une manière comme d'une autre.
Et peu furent les Ilythiiri prêts à se compromettre avec ce singulier va-nu-pied, à la carrure plus fine que le commun, et si prompt à refuser d'accorder sa confiance. Or, malgré les tensions et les dissensions au sein des cadets, l'objectif des instructeurs était de former des soldats d'élite disciplinés et capables d'appliquer des stratégies de groupe. Ce qui sous-entendait de devoir, à un moment ou à un autre, placer sa vie entre les mains de ses frères et sœurs d'armes.
Sornmyr attisa pour autant la curiosité de deux de ses camarades et compatriotes, Jhaelavin, une Drow au caractère bien trempé, et pourtant douée d'une certaine forme de sagesse, et Rylven Tlin'iir, un jeune Puysard dont le potentiel martial n'avait d'égal que son arrogance et sa vanité, et qui pour une raison obscure décréta que l'orphelin serait son rival, et, d'une manière bien atypique, son ami.
Il fallut néanmoins plus d'une décennie au damoiseau solitaire pour accepter pleinement la présence de ses compagnons, et quelques années de plus pour leur accorder sa confiance... L'une ne s'en formalisa pas, et l'autre considéra qu'il s'agissait d'un comportement en phase avec leur rivalité.
Des trois cadets, qui finirent par partager à la fois le peu de temps libre que l'académie leur allouait, mais aussi quelques bribes de leur passé, et une certaine intimité, Jhaelavin rejoignit la formation avancée pour l'affectation de première ligne, Rylven s'illustra davantage, au point de rejoindre les forces mobiles. Sornmyr aurait pu accompagner sa camarade et amie en première ligne, ou même rejoindre la Doth'Ka. Or s'il brûlait du désir irrépressible de servir son peuple, le Puysard quitta délibérément les rangs de l'armée.
Des trois jeunes guerriers le plus agile et le plus vif, Sornmyr avait un goût prononcé pour le danger, et une soif de sang s'élevant au rang de sa ferveur religieuse. Soif tout autant égalée par l'attention qu'il portait à sa liberté d'action... Vivre dans les rues lui avait inculqué le plaisir de n'avoir que soit sur qui compter, et que soit comme maître, et s'il s'était conformé à la discipline et à la subordination de l'académie, il avait senti durant ces décennies de service sa flamme intérieure faiblir... Il était grand temps qu'elle ne brûle à nouveau de toute sa splendeur !
De toutes les divinités, qu'il vénérait aveuglément, son épée vibrait d'une piété sans faille pour la Maîtresse des Souffrances. L'invoquant à chacun de ses combats, l'Eldéen priait pour ne laisser que terreur et affliction dans son sillage, fut-ce à ses ennemis ou bien à lui-même d'être supplicié.
En bon équilibre en son cœur avec Kiel, le Créateur et sa protectrice formaient à ses yeux un tandem souverain sur le champ de bataille. Ainsi, la gloire du Maître des Armes ne pouvait, à son sens, se faire qu'avec le plein contentement de la Déesse.
Ussta p'leik zhah ussta vharcan qua'laen usstan
Le contact de l'eau était glacé, et, nu et frémissant, Sornmyr tituba, et s'éclaboussa... Quelques rares badauds le dévisagèrent, intrigués autant que perplexes, or n'en avait-il que faire. Tant de souvenirs se bousculaient en cet instant, et cherchant à se concentrer sur sa tâche, il devait faire abstraction du superflu...
Jhaelavin avait tenu à être présente, même si l'idée de se baigner dans le Lac lui était absolument étrangère. Assise sur un rocher, aux côtés des affaires de son camarade, elle l'observait en silence, se demandant pourquoi elle avait préféré passer sa journée de permission à assister à ce spectacle insolite, plutôt qu'à aller se détendre avec ses frères et sœurs d'Ost dans un quelconque bouge, où la soirée se serait très probablement finie en orgie mémorable. Pour autant, la singularité de son ancien camarade avait toujours éveillé en elle une curieuse attraction, comme si en définitive il venait d'un autre monde, et qu'il lui fallait profiter de sa surprenante présence...
Marcher dans l'eau, c'était comme de se présenter sur le seuil des P'leik... La froidure pulsait dans les chairs, et Sornmyr comprenait mieux pourquoi aucun Drow sain d'esprit ne mettait le pied en cette nappe phréatique. Si l'eau de la surface avait transi l'enfant qu'il avait été, il y avait de cela plusieurs décennies, l'ondée des ténèbres du labyrinthe le suppliciait.
Pour autant, la cuisante humiliation qu'il portait en son cœur le torturait bien davantage encore... Et ce fut en quête de rédemption que le Puysard s'enfonça plus encore dans les eaux noires du Lac, immergé en cette heure jusqu'aux épaules, et incapable de faire quoi que ce fut d'autre que de tenir sur ses jambes sans fléchir, ou de succomber à la torture passive des eaux.
*Uss tangi, dorn ggaina dal uss suul ulu lil' byr... Xor dkinoss, usstan xuat rytho'le ulu dro.*:
*Un jour, je nagerai d'un bord à l'autre... Sinon, je ne mérite pas de vivre.*
Lil' phraktos telanth, jhal riluss zhah xusst
Cette place n'avait rien de bien particulier... Une échoppe vendant des produits de première nécessité, comme on en trouvait un peu partout dans le labyrinthe, quelques discrètes habitations, et même un tripot, qui distillait son propre Darnab, et d'où sortait Sornmyr, venu y tromper son ennui. Le sol, de roche nue, n'était pas assez passant, et le quartier trop peu prestigieux pour qu'il ne soit dallé. Les lieux n'étaient d'ailleurs traversé que par une artère secondaire, traversant de part en part l'espace circulaire entre les bâtiments, tout juste assez vaste pour accueillir un Meduifelarill adulte.
Et c'était en ce guêpier qu'un prêtre, de forte stature, et vêtu d'une robe noire sobre, maintenue à la taille par un ceinturon d'albâtre, était venu se présenter au jeune ferrailleur. Escorté de deux gardes de la Cité, et accompagné de quatre individus – dont trois avaient récemment travaillé avec le mercenaire – le Drow comprit aussitôt ce que signifiait cette entrevue...
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La mâtinée en venait à son terme, et si le convoi de ravitaillement avait quitté la Faille aux premières lueurs, il n'en était qu'aux premiers instants de son périple. Pour soutenir l'effort de guerre, de nombreuses caravanes avaient ainsi été mobilisées ou réquisitionnées, en partance pour le front d'Ellyrion.
A l'instar des fourmis, les convois revenant de la ligne de front transmettaient les dernières nouvelles collectées à ceux provenant du Puy, afin que semaine après semaine, les voyageurs puissent se tenir au fait de l'avancée de la guerre.
Or, comme l'avaient déterminé les anciens, et tandis que le soleil culminait au zénith, le ciel s'obscurcit, lentement mais inexorablement, jusqu'à ce le désert ne soit plongé dans une pénombre inusuelle. Le Voile, phénomène marquant la fin d'un Cycle, et le début du suivant, était absolument proscrit de contempler, à moins de vouloir y perdre la vue.
Selon les croyances populaires, il s'agissait d'une manifestation du tout-puissant Uriz, déplorant le manque d'engagement du peuple Drow dans la réalisation de ses desseins, et cette occultation des cieux soudaine resserra le cœur du mercenaire ; il était envisageable que la bataille n'aie tournée en faveur des Anëdhels, et que le Créateur n'exprime sa réprobation à ses enfants à travers cette éclipse... qui dura, et perdura bien plus que de raison !
Inquiets de voir le monde figé en une telle sombreur, tandis que le soleil aurait dû reparaître depuis bien des heures, un grondement se fit entendre, et à quelques dunes au nord-est, advint ce qui fut pris de prime abord pour un tourbillon de sable. Or, nul début de tempête, mais un monolithe jaillissant du sol, trôné d'une sphère d'onyx...
La caravane, mitigée entre la curiosité et le ressenti, finit par faire halte pour déjeuner afin d'apaiser faim et désaccords. Or le repas tourna vite au débat, et aux délibérations, ce qui ne fut au goût du chef de caravane, Osgovayas T'uan. Tuant le serpent de la discorde dans l’œuf, et réaffirmant son autorité face au groupe de caravaniers et de mercenaires, il décréta qu'il leur faudrait examiner de plus près l'étrange colonne, avant de pouvoir reprendre leur route.
Ce fut Jard qui se porta volontaire pour la mission de reconnaissance, et ce fut aussi la dernière fois qu'on le vit en vie... Or, on le vit bel et bien revenir de la colonne, d'abord titubant, puis de plus en plus agile, véloce et enragé... Détail des plus alarmants, il n'était pas seul.
Un point commun ralliait la bande qui fondait sur la caravane ; pas un des assaillants ne faisait encore partie du monde des vivants, car mis à part Jard, aucun n'avait suffisamment de peau sur les os pour que l'on puisse s'y méprendre. Or la nécromancie était un usage bien établi chez les Puysards, ce qui n'intimida pas l'escorte, qui se prépara à la confrontation sans faiblir, et fit barrage à la troupe disparate.
Le combat fut rude, et nul ne sut combien de temps passa avant que le dernier macchabée ne retourne au sable du désert, emportant dans leur second trépas deux fiers guerriers Drows. Les muscles en feu, reprenant son souffle, Sornmyr rejoignit le rang des survivants, qui s'affairait déjà à lever le camp, quand une voix interrompit les préparatifs.
"Ud'phuul aluin rath ! Udos h'ros alu jala felah.":
"Nous rentrons au Puy ! Nous ne pouvons nous permettre d'aller plus loin."
Ainsi avait parlé Osgovayas... Ce dernier avait, après tout, tant à perdre dans cette expédition. Petit négociant en soieries et en épices commerçant fréquemment avec Ithri'Vaan, l'armée lui avait réquisitionné bêtes et carrioles pour subvenir au besoin grandissant de ravitaillement de la ligne de front elfique. Et le Drow, inquiet de ne jamais voir revenir ses outils de travail, avait feint de vouloir participer à l'effort de guerre afin d'obtenir en contrepartie le commandement du convoi... Or, l'occasion était pour ainsi dire inespérée ! L'éveil des morts du désert lui permettrait de prétexter avoir voulu sauvegarder la cargaison d'armes, et si jamais la situation venait à empirer à la surface, on lui aura alors donné raison.
Or, le jeune soudard ne l'entendit de cette oreille, et bien qu'il remarqua nombre des membres de l'expédition désapprouver cette annonce du regard, il fut le seul à s'exprimer ouvertement, barrant la route de leur employeur.
"Nos frères nous attendent au nord, ils attendent le ravitaillement. Il s'agit de notre devoir."
Sornmyr s'exprimait avec autant de calme que de fermeté, et pour autant que ses paroles honoraient l'esprit de nombre de ses frères d'armes ici présents, son jeune âge jouait en sa défaveur. Le marchand feignit de ne pas l'avoir entendu, l'écartant sèchement – et sans mal – du dos de la main, comme on chasse un insecte horripilant. Reprenant sa marche en aboyant ses directives, le Drow tricentenaire entreprit de rejoindre la tête de file pour forcer le chemin du retour. Et ce fut le cœur empli d'orgueil et d'assurance, se croyant en sécurité entouré de ses larbins, que sa tête alla rouler dans le sable.
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Aux traits de son visage et à sa posture, l'on pouvait aisément percevoir un lien de parenté avec la dernière victime du stipendié... Ce fut ce qui vint immédiatement à l'esprit du ferrailleur, qui malgré les mois écoulés avait gardé cette exécution sommaire en mémoire, s'attendant à des représailles...
Plus jeune cependant que l'infâme marchand, le jeune Drow devait être de la même promotion que Sornmyr, sinon d'une promotion voisine, et si son nom différait, en toute logique, il ne faisait aucun doute à travers son regard emplit de haine et de souffrance qu'il s'agissait d'un fils venant venger son père.
Si la mission de ravitaillement avait été un franc succès, son utilité n'était pas à la hauteur des attentes du jeune Drow. Une débâcle... Il n'y avait pas d'autres mots pour définir cela. S'étant repliée, abandonnant le terrain conquis aux elfes, non sans l'avoir miné de pièges mortels, l'armée du Puy s'en était retournée à ses ténébreuses fournaises, sans demander son reste...
Aussi, la seule tête du traître Osgovayas avait été retournée à sa famille, par les rares hommes lui étant restés fidèles, son corps devant nourrir quelque chacal, balayé par les vents, à moins que le monolithe ensorcelé n'aie depuis relevé sa carcasse desséchée...
Sa mort, bien qu'inutile, restait justifiée, et si le couronné qui avait décollé la tête du négociant avait été donné avec bassesse, le spadassin ne regrettait son geste. Pour avoir tourné le dos au Puy, il avait tourné le dos au droit de prétendre à la vie.
Pour autant, Minolin Khalagon était là, en son bon droit, à réclamer une Ordalie, fusse-t-elle à mort, et Sornmyr en avait bien conscience. Il ne se déroberait à sa responsabilité. Et si les dorures du fourreau de la dague du fils vengeur valaient à elles seules davantage que les possessions du brétailleur des rues, et que la gaine de son épée représentait plus que tout l'or qu'il ne pourrait jamais gagner en une vie de mercenariat, l'orphelin savait qu'une arme de valeur ne faisait un guerrier valeureux...
Tandis que le prêtre de Meingal énonçait les règles du combat, et qu'une foule de curieux, avide de distraction et de sang versé ne s’amassait depuis la taverne pour former un cercle autour des deux belligérants, Sornmyr attendait, armes tirées, dévisageant le damoiseau courroucé, fulminant d'avoir à attendre compensation.
La posture de combat prise était bonne, signe que le bougre avait bien fait ses classes, mais trahissait un défaut... Attendant patiemment que le duel ne débute, et laissant à son adversaire le loisir de vérifier son hypothèse, les premières passes d'armes, bien qu’effrénées, assurèrent la déduction du reître ; le jeune homme ne saurait gagner.
Bien que chaque mouvement était parfaitement exécuté, tel une leçon apprise par cœur, et au point où l'épée du revanchard était devenue une extension de son propre bras, les coups et enchaînements de son adversaire demeuraient d'un prévisible affligeant. Il ne s'agissait plus là d'une leçon, mais d'un combat !
Le Puysard ne prit aucun plaisir en cette mascarade. Le style de son adversaire, bien qu'admirable, était vu et revu, et ce dernier ne saurait s'en délivrer avant la tombe... Car si Sornmyr avait appris une chose dans la Basse-Fausse, où il avait passé le plus clair de son existence, c'était que pour échapper à la mort, il fallait la surprendre. Cette leçon là n'avait assurément pas été inculquée en la maison du fils vengeur... Et déjà l'héritier titubait, désarmé de son épée, les tripes jonchant le sol abrupt et froid de la place.
Ne se rendant pas même conscience de sa défaite, le jeunot ne se démonta pas pour autant, et chargea derechef, dague en main, piétinant, et trébuchant en ses propres entrailles... Ce fut en s'étalant au sol, dans son ultime attaque, qu'il surprit pour la première et ultime fois son adversaire, car le coup asséné n'avait plus rien de maîtrisé, ni de prévisible, n'étant pas même du fait de celui qui l'avait porté...
Le jeune Minolin T'uan rejoignit donc son père en la tombe, laissant comme seul souvenir de cette pitoyable Ordalie, une cicatrice qui marquait la senestre joue de son bourreau, et qui déformait ses traits, les rendant plus rudes qu'il n'était déjà nécessaire...
Vaen unboi whol avariel
S'agitant en sa couche, le Drow ensommeillé se redressa subitement, en nage, hagard, et cherchant du regard quelque ennemi imaginaire à défaire, tenant en main une lame d'éther, que son soudain éveil lui aura ravi...
Se rallongeant, essuyant d'un revers d'avant-bras son front perlant de sueur, le jeune Drow reprit son souffle, l'espace d'un bref instant, avant d'entreprendre de se lever. La chambre aveugle de la cambuse qu'il occupait ne laissait filtrer qu'un rai de lumière sous la porte, barricadée d'une chaise, or était-ce suffisant au Drow pour percevoir l'ensemble de la pièce réduite et ascétique.
Ne dormant jamais bien longtemps à la même enseigne, le ferrailleur ne transportait que le strict nécessaire, à savoir ses maigres possessions, et outils de travail. Une armure de cuir, marquée par les rencontres, sa dague et son épée bâtarde, de facture Drow, mais point de celles issues des illustres forges de Lave, et quelques effets dissimulés dans son escarcelle.
Si Teiweon s'était éprise de Sornmyr, troublant son sommeil, c'était parce que nous arrivions au terme d'une existence initiatique, et qu'il ne restait plus qu'un pas pour que l'Ilythiiri ne devienne un individu à part entière... Et il s'agissait du pas le plus douloureux, le plus lourd et le plus terrifiant de toute l'existence d'un Drow...
D'ici à quelques heures, il allait pénétrer la Chambre d’Épreuve, et affronter son destin...
Maralina Irohivrah
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Sujet: Re: Sornmyr [terminé] Mar 20 Avr 2021 - 16:07
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