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Sujet: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Ven 23 Avr 2021 - 12:01
À son excellence, Théodoric de Langehack, Héritier du Marquisat de Langehack
J’ai pour principe de ne jamais reculer ni devant un mur, ni devant un danger. Mais le plus grand danger est de laisser le mal grandir alors qu’on peut l’arrêter. Jamais je ne fermerais les yeux, jamais je ne me donnerais comme une proie et surtout; jamais je ne renoncerais à mon libre arbitre. Mais je ne peux affronter le mal seule, car le mal grandit et finira par vous entacher aussi. C’est dans cet esprit que je vous supplie de m’accorder humblement votre aide. Rejoignez-moi à la fin de la cinquième ennéade à l’auberge des voyageurs à Cerulyse. Cherchez l’écarlate, il vous mènera à moi.
Julas, 4ieme ennéade de Verimios, An XVIII, Cycle XI Lodiaker-la-ville, Lodiaker, Baronnie d’Alonna, Péninsule
« Tu es certaine que c’est une bonne idée? »
Adélina scella doucement la lettre avant de porter son attention vers son cousin. Charles, quant à lui, jeta un regard mauvais à son neveu, avant de briser le lourd silence qui s’était imposé dans la pièce; « Aubry, ne te complaît pas les familiarités. Vous n’êtes plus des enfants. Je ne suis pas certain, qu’Ébéharde apprécierait comment tu parles à ta cousine. » Adélina eut un léger sourire avant d’apposer doucement le sceau de sa famille sur la cire. L’écarlate rougeoyant semblait apporter une toute autre dimension lorsqu’il était appliqué ainsi. « Cela n’a pas d’importance, mon oncle. Nous sommes en famille, pas devant mes sujets. » Aubry eut un léger regard amusé alors que Charles se redressait, regardant à son tour sa nièce. « J’avoue que je suis aussi incertain qu’Aubry à ce sujet. Je crains que cela ne prenne une toute autre tournure. » Le regard de la rose se redressa pour se retourner vers Aubry; « Tu es bien certains des informations que tu as amassé ces dernières ennéades? » L’homme se redressa avant de faire un vif mouvement de tête; « Mais oui, définitivement. Je le jure sur ma vie. »
« Alors nous testerons avec la mienne. »
Audry sembla avaler difficilement alors que le visage de Charles semblait se refermer. La damoiselle se redressa, avant de se tourner vers son cousin; « Dis à Clervie de tout préparer pour le voyage. Nous partons avant le lever du soleil et envoie cette missive à Théodoric de Langehack. » Aubry fit un rapide signe de tête avant de sortir de la pièce, laissant Charles et sa nièce seuls.
« C’est un pari risqué. » « Sauf que l’une des possibilités en vaut la peine. » « Et s’il ne te croit pas? Et décide de t’enfermer? »
Adélina soupira avant de baisser légèrement le regard; « S’il ne me croit pas, il a deux options, soit il décide de me livrer aux Broissieux, et ils finiront ce qu’ils ont commencés, ou soit il me renverra chez moi sans rien dire. » Charles soupira avant de reprendre la parole à son tour; « ton père n’aurait jamais accepté que tu fasses cela. »
« Mais il n’est plus là. » « Cela ne veut pas dire que tu dois tout oublier. »
Adélina soupira avant de planter son regard dans le sien; « Le Comte d’Arétria m’a demandé d’essayer. J’ose espérer qu’il tiendra sa part du marché. » Charles secoua la tête avant de conclure; « J’espère que tu sais ce que tu fais… Soit prudente pendant le voyage, le Lodiaker a besoin de toi. » Adélina fit un léger sourire à son oncle, et ce dernier quitta la pièce, laissant la jeune femme, seule.
***
Tahiro, 5ieme ennéade de Verimios, An XVIII, Cycle XI Auberge des voyageurs, Cerulyse, Marquisat de Langehack, Péninsule
Le voyage avait été assez rapide. C’était certain que voyager léger, en duo coupait certainement le temps auquel un réel voyage diplomatique lui aurait pris. Et c’est ainsi que les deux cousins s’étaient mis en route, attrapant un bateau près de Chtoll pour descendre la Sirilya avant de débarquer près d’Azalie. Le reste du trajet se fit rapidement, ne semblant pas attirer l’attention de qui que ce soit, alors que les deux cavaliers traversèrent les routes au galop pour rejoindre ladit auberge. Le plan avait bien été pensé, Aubry avait usé de ses innombrables contacts pour en apprendre un peu plus sur le Langehack. Une contrée qui pourrait leur être utile, surtout qu’avec un nouveau marquis en place, on pouvait espérer que ce dernier n’avait pas réellement ses prédécesseurs. Aubry avait aussi appris que ledit Marquis avait un fils, Theodoric. Apparemment que ce dernier était un galant, et c’est dans cette optique que la damoiselle avait décidé de l’approcher, espérant que ce dernier réponde à son appel à l’aide. Mais tout ça relevait du détail, car l’auberge où les cousins se trouvaient n’était définitivement pas un lieu de grand luxe. L’on voyait bien que c’était un établissement pour les voyageurs. Des gens venaient et allaient sans poser de questions, et c’est l’endroit parfait pour ledit rendez-vous. Cela faisait bien quelques heures que son cousin, Aubry, abordant une broche frappée d’un écarlate, attendait patiemment l’arrivée du fils du Marquis à l’étage inférieur, passant inaperçu parmi tous les voyageurs qui savouraient un repas chaud et un vin décent. Pendant ce temps, la damoiselle, elle attendait impatiemment à l’étage, son regard fixé à la fenêtre, observant discrètement les aller et venus des passants.
La nervosité semblait monter de plus en plus alors que les minutes passaient. Répondrait-il seulement à son appel? Est-ce que son message était arrivé à destination? La rose de Lodiaker ferma doucement les yeux, alors que ses mains se serrèrent contre le tissu de sa robe. Puis, elle entendit le cognement, et la porte s’ouvrir. Adélina soupira doucement, avant de se retourner, faisant face pour la première fois au jeune homme à peine plus âgé qu’elle. Séduisant, les yeux émeraude, définitivement le futur Marquis était bien charmant. Adélina reprit soudainement constance, s’inclina doucement devant l’homme, baisant son regard vers le sol avant de se redresser pour faire face à ce dernier. « Merci Aubry, tu peux nous laisser. » Aubry s’inclina devant sa suzeraine avant de sortir de la maison, laissant les deux êtres seuls. Une fois que son cousin fut hors de la chambre, la damoiselle reprit finalement la parole; « Je vous remercie d’avoir accepté mon étrange requête, Votre Excellence. Je suis bien consciente que cela brise tous les codes de bienséances, mais ma situation est précaire, et je suis désespérée. » Elle s’arrêta un moment, silencieuse, l’air inquiète, comme si elle tentait de remettre de l’ordre dans ses pensées; « Mon nom est Adélina de Lourbier, damoiselle de Lodiaker et de Bransat. » Était-elle nerveuse? Oui… Définitivement. Elle pouvait sentir sa voix tremblée, ses mains étaient crispées, et ses respirations étaient beaucoup trop profondes pour sembler naturelle. « Si j’ai fait le voyage jusqu’au Langehack, c’est pour vous supplier de m’aider. » Son regard azuré se planta de nouveau dans celui du fils du Marquis. Les dés étaient maintenant jetés. Soit, elle ressortait avec un allié de cette maison, soit elle se faisait un puissant ennemi. L’alonnaise espérait simplement que le risque serait payant.
Griffon de Langehack
Humain
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Sam 24 Avr 2021 - 16:22
La lettre arriva entre les mains d’un Théodoric qui n’avait qu’une envie : aller se coucher. Mais voilà : pour qu’une missive lui parvienne aussi tard voulait dire qu’elle était importante mais ça le jeune langecin n’en savait rien toutefois pour qu’une famille du nord écrive à des gens plus au sud cela devait l’être, important. C’était là le raisonnement du jeune homme qui retourna dans ses appartements d’un pas pressé avec le parchemin en main. Lorsqu’il referma la porte il se dirigea vers l’une des fenêtres qui donnaient sur la ville en contrebas avant de briser le sceau. Ses yeux parcouraient les lettres avec une vitesse qui égalait son avidité. Et puis il la relut. Il pensa alors à un piège mais quel pouvait en être l’objectif ? S’il ne portait pas sa sœur en haute estime, et c’était le moins qu’on puisse dire, il ne la croyait pas assez vile pour s’abaisser à un fratricide. S’il lui arrivait quoi que ce soit les yeux de tous se tourneraient alors sur Prudence et cette dernière pourrait sans doute dire adieu à ses prétentions sur le marquisat ; prétentions auxquelles elle avait déjà renoncé à Sorault, c’était d’ailleurs son plus grand regret que seul son père en fut témoin. S’il s’agissait peut-être d’un piège, Théodoric ne pouvait pas risquer de laisser une dame en danger, ses vœux le lui interdisaient, c’était après tout là l’un des devoirs du chevalier : protéger ceux qui en avaient besoin ; c’était sans compter son honneur qui le lui interdisait.
Il passa un temps à se demander s’il s’agissait là d’un autre complot tordu de sa sœur et les prochains jours furent passés à voir si elle avait, elle ou les dégénérés dont elle s’entourait, des liens avec cette maison du nord. Lorsqu’il fut établis que ce n’était pas le cas alors Théodoric se décida : il allait répondre à l’appel du devoir et honorer ses serments fait devant les prêtres de la DameDieu.
Il avait d’abord hésité à s’y rendre personnellement, si ce n’était pas par crainte pour sa vie, c’était surtout pour dame Adélina, cette dernière semblait être dans une situation délicate et c’était justement le genre d’information que sa sœur aimait récolter et si cette dernière voyait son cadet partir de Langehack pour aller elle ne savait où, il était plus ou moins certain que quelqu’un aurait pour mission de le suivre. Mais voilà : c’était à lui qu’Adélina s’était confié et l’honneur lui interdisait de mettre quelqu’un d’autre dans la confidence sans l’accord de la dame en question. Alors il fit ce qu’il put pour être discret mais il s’agissait d’une tentative d’un jeune homme qui n’avait d’ordinaire pas l’habitude de se cacher : ce qu’il faisait, il le faisait sous l’œil des hommes et des dieux. En tenue de voyage, l’héritier du marquisat descendit de cheval devant l’auberge des voyageurs et donna les rênes de sa monture au garçon d’écurie avec quelques pièces. Théodoric se dirigea alors à l’intérieur. Son regard embrassa la pièce à la recherche d’une nordienne, qui devait sans doute sortir du lot, il arriverait sans doute à différencier une dame du nord de la masse de roturiers langecins qui passait ici. Au final il n’y arriva pas simplement parce qu’elle n’y était pas. Ce qui n’était au final pas étonnant étant donné que la lettre disait qu’en effet elle ne se trouverait pas forcément à l’intérieur. Toutefois on le mena à elle bien assez vite.
Théodoric la détailla un instant et une fois qu’elle s’inclina il se rappela ses manières et entreprit de lui baiser la main.
« C’est un plaisir de vous rencontrer, ne vous inquiétez pas de la bienséance et du protocole, ce sont des considérations secondaires si j’en crois ce que vous me dites, dame de Lourbier ; que la DameDieu m’en soit témoins : je ne saurais laisser des innocents dans le besoin. » Il ne savait rien de l’innocence de la personne en face de lui mais pour le moment ça n’avait pas grande importance. « Je vous écoutes, en quoi puis-je vous aider? »
Adélina
Ancien
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Sam 24 Avr 2021 - 21:54
Prise au dépourvu, la jeune femme reprit rapidement la liberté de sa main, alors que son regard se portait sur le sol. Gênée, la rose de Lodiaker reprit finalement la parole; « Des paroles bien nobles, Votre Excellence. » Elle releva doucement son regard azuré vers ce dernier avant de reprendre; « Mais ne faites pas de promesse à la Damedieu avant de savoir toute l’histoire. » Adélina souffla doucement, tentant de laisser le trop-plein de nervosité qui l’accablait avant de rejoindre ses mains ensembles, les posant doucement contre son bas-ventre. « Il y a quelques ennéades, j’ai reçu une invitation du Comte d’Arétria, Magnus de Terresang, chose que je n’ai pu refuser. Mais alors que nous approchions de la Malelande notre convoi a été attaquer. On a tenté de m’enlever et… » Sa voix sembla trembler pendant un moment alors qu’elle se rappelait la peur qui l’avait assailli à ce moment-là. « … et ont grièvement blessée ma camériste et plusieurs de mes gens. » Elle ferma les yeux un moment, et se retourna pour ne plus faire face au jeune héritier. Bien que tout se soit terminé et qu’elle avait conservé une apparence digne, cela n’empêchait pas les cauchemars de refaire surface. Combien de fois s’était-elle réveillé en hurlant dans sa chambre alors qu’elle revivait encore et encore cet événement? Adélina s’en voulait de ne pas les avoir protégé alors que c’était sa responsabilité. « Par chance, un seigneur arétans passait par là, et son intervention nous a tous sauvé. Nous avons interrogé les brigands, et ils semblent que cette attaque avait été organiser. »
Adélina tourna légèrement la tête, dévoilant son profil à l’héritier avant de se retourner doucement pour lui faire face. « … que j’avais été délibérément choisi comme cible. J’ai envoyé des hommes de confiance faire des recherches, et nous avons pu retrouver la piste de la personne qui est mise un prix sur ma tête. Il se trouve que toutes les pistes mènent à un certain château à Cantharel. » Il était inutile d’aller plus loin, après tout, Théodoric semblait loin d’être un idiot. Il comprendrait assez rapidement que la menace venait des têtes dirigeantes. Secouant légèrement la tête, la jeune femme reprit ses explications; « Tout le monde connaît les conflits entre les Broissieux et les Lourbier. Si les Broissieux ont réussi à éliminer la lignée de mon oncle, et de contrôler le reste, on dirait que le nom Lourbier lui fait beaucoup plus peur qu’elle ne semble le montrer. » Après tout, Adélina était définitivement l’héritière d’Alonna, un titre qui lui avait été injustement voler par la Broissieux et ses marionnettes. « Je sais que ma cousine a fait des actes répréhensibles. La dame sanglante n’est aucunement un exemple pour ma personne, et elle a été puni par la damedieu de la plus terrible des manières. » Elle s’arrêta un moment, fronçant les sourcils, l’air perdue, avant de reprendre la parole, l’air soudainement sur d’elle-même. « Mais je ne suis pas Constance. Je ne suis pas mon oncle… J’aime mes gens, je les respecte et jamais je ne les plongerais dans le chaos ou les traiterais injustement juste parce qu’ils possèdent un nom que je déteste. » Ses mains se crispèrent légèrement, trahissant sa nervosité, avant qu’elle n’expire doucement. Adélina savait que le mal qui l’opposait était beaucoup plus profond. Elle savait pertinemment le pouvoir que cette dernière avait dans la baronnie. Si cette dernière n’était pas la plus grande, elle était définitivement celle qui pesait le plus dans la balance. Entre la production de fer et d’or qui faisait prospérer l’or, les forces militaires de sa seigneurie était l’une des plus importantes d’Alonna. Adélina était peut-être bien jeune, peut-être inexpérimenté, mais elle savait pertinemment qu’elle faisait peur. C’était bien pour cela qu’on l’avait pris pour cible d’ailleurs…
« Je ne sais vers qui me tourner… Le Duc de Serramire a mentionné d’innombrables fois qu’il espérait que ma famille périsse. Quant au Marquis de Sainte-Berthilde… Disons que c’est tout à fait impensable… Il ne me reste que vous. » Elle avait l’impression que son cœur s’était arrêté dans sa poitrine. La jeune femme eut un sourire triste, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille alors que son regard se portait une nouvelle fois vers le sol; « Je suis consciente que je vous demande l’impossible. Mais j’ai besoin d’aide. Je ne peux me sortir seule de cette situation et je n’ose même pas penser à ce qui pourrait arriver à mes gens si elle réussissait son coup… » Adélina approcha doucement de Théodoric, le regard toujours baissé, comme incapable de soutenir son regard tellement la honte de ne pas savoir se sortir d’une telle situation l’accablait. Et après tout, qu’aurait-elle pu faire? Elle avait réellement besoin de ce dernier. L’alonnaise s’arrêta finalement près du langecin avant de finalement oser soutenir son regard; « Je suis consciente que j’en demande beaucoup, et je sais que tout cela peut vous mettre dans une situation précaire. Mais je peux vous garantir que je vous serais éternellement redevable. » Autrement dit, elle accepterait ce qui lui demanderait en retour... Adélina espérait simplement que le prix ne serait pas exorbitant.
Griffon de Langehack
Humain
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Dim 25 Avr 2021 - 20:42
Elle avait raison au moins sur une chose : Théodoric ferait mieux de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des serments, surtout devant la DameDieu, mais c’était un aspect de sa personnalité sur lequel il n’avait pas vraiment envie de travailler. Après tout c’était aussi ce qui faisait la beauté d’un serment : l’impulsion enflammée. Toutefois il savait également qu’une fois qu’il avait donné sa parole il devait la respecter et à la donner trop vite il risquait de se trouver dans une situation délicate. Ses mains passèrent dans son dos, il se redressa, alors qu’il écoutait l’explication du pourquoi cette lettre et ce rendez-vous qui se voulait si secret. Lorsque l’émotion se fit trop grande pour la jeune femme en face de lui, le jeune homme détourna le regard, trouvant un intérêt nouveau pour l’armoire dans le coin de la pièce.
La suite ne l’étonna guère, après tout on ne s’attaque pas à un noble et sa suite sur un coup de tête, ladite suite étant très souvent constituée de gens d’armes, dont un nombre important dédiaient leur vie au combat, ce qui n’était pas le cas de la majorité des bandits qui l’étaient souvent par opportunisme ou par nécessité. Si Théodoric n’tait pas idiot, il n’empêchait qu’il n’arrivât pas à voir pourquoi est-ce que quelqu’un à Cantharel en voulait à ce point à Adélina. Lorsque cette dernière c’était retourné vers lui il abandonna son inspection visuelle de l’armoire et releva la tête pour faire face à la dame qui l’avait invité ici et s’il ne dit rien, il ne savait absolument rien de ce qui opposait les Broissieux aux Lourbiers. La seule chose qu’il savait à leur propos était que l’épouse du régent était une de Broissieux. Quant aux Lourbiers, c’était bien la première fois, enfin non, la seconde, qu’il entendait le nom.
Et ce fut après un court arrêt, quand elle reprit sur ce que sa cousine avait fait, bien qu’elle ne précisa rien à ce sujet, qu’Adélina perdit complétement Théodoric qui ne savait plus de qui on parlait, de quoi il était question. Il voulut poser des questions durant le court laps de temps durant lequel Adélina semblait chercher quoi dire ou comment le dire mais alors qu’il formulait une question dans sa tête, car parfois il aimait réfléchir un peu avant de parler, la jeune femme avait reprit la parole et cette fois elle ne s’exprimait plus de façon cryptique ; la suite il la compris et en bon noble péninsulaire il avait une éducation qui faisait que ce qu’on lui racontait dans cette auberge le faisait bouillonner.
« C’est une violation directe du serment de vassalité, votre suzerain, la baronne d’Alonna vous doit protection et qu’elle essaie de mettre fin à votre vie... » ses poings se serrèrent, ce qui tendit le cuir de ses gants de voyage. « Vous avez dit que le duc ne vous porte pas dans son cœur mais nous rendons justice au nom du roi et il se doit de rester impartial, peut-être qu’il… »
Le jeune homme poussa un soupir, à quoi bon espérer un quelconque sens de l’honneur de ces barbares du nord ? Le duc en profiterait pour se débarrasser d’une vavassale qui dérangeait une vassale, la rendant plus puissante et redevable, ce qui renforcerait sa position. Quant à s’adresser directement au roi, comme le disait Adélina, c’était impensable ; l’affaire passerait par le régent dont l’épouse s’assurerait que les de Lourbier ne se relèvent pas de cette demande.
« Je veux bien vous accorder mon aide, dame de Lourbier, mais j’ai du mal à voir ce que je pourrais bien faire pour vous porter secours. Je ne suis pas certain que de l’or vous aide grandement et je n’ai pas encore ni l’influence ni les troupes de mon père. »
Adélina
Ancien
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Lun 26 Avr 2021 - 10:46
Que pourrait-elle répondre à cela? Il avait raison, mais le monde n’était guère juste. Du moins, pas en Alonna, et pas dans le nord tant et aussi longtemps que les Brochant et les Saint-Aimé le contrôlaient. Adélina était bien conscient que plus le temps avançait, et plus sa situation devenait dangereuse. Les Broissieux avaient réussi à mater son oncle, faisant de lui un allié en le mariant à la mère de la veuve noire. La seule chose qui était entre elle et le contrôle total était Adélina. Tout cela n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne tente de tuer à nouveau la damoiselle ou pire, qu’elle ne le marie de force à un de leurs alliés, mettant définitivement des bâtons dans les roues de cette dernière. Elle avait besoin d’alliés. De gens qui la supporteraient dans ses démarches, et qui marcheraient avec elle si la rébellion devenait nécessaire. La rose espérait sincèrement qu’elle n’aurait pas à se rendre jusque-là, mais c’était une possibilité qu’elle ne pouvait écarter.
Adélina laissa Théodoric parler, ne manqua pas son soudain éclat de colère alors que ce dernier semblait réaliser la situation précaire dans laquelle elle se trouvait. Puis, le soupir de découragement s’ensuit, comme s’il réalisait l’ampleur du défi qui se dévoilait devant lui. Sa réponse fut… décevante, et Adélina eut bien du mal à ne pas cacher la tristesse qui semblait accaparée son regard. Baissant doucement les yeux, elle fit un nouveau pas vers l’avant, prenant doucement les mains gantées de Théodoric pour les remonter doucement à la hauteur de son torse, avant de les joindre ensemble. Son regard se perdit dans le sien avant qu’elle ne reprenne finalement la parole; « Je n’ai guère besoin d’or. Le Lodiaker n’en manque pas. Nous avons les ressources pour survivre, la seule chose dont nous avons besoin est de support. » Elle eut l’air pensive pendant un moment avant de reprendre; « Ne vous sous-estimez pas. Vous avez l’influence. Vous êtes le futur Marquis, et si vous en parlez à votre père, ou même organiser une rencontre entre nous trois, je suis persuadé que nous pourrions arriver à une entente. » La damoiselle serra doucement les mains, non pas pour heurter le langecin – de toute façon, elle n’en n’avait pas réellement les capacités – mais pour conserver son attention et appuyer ses propos. Puis reprit la parole; « Je ne veux pas de guerre, mais gens ont assez souffert. J’ai besoin est de protection, de soutien et d’informations, pas d’une armée. » Elle lâche soudainement ses mains, avant de reculer d’un pas, le regard se porta de nouveau sur le sol, comme si elle venait de se rendre compte de l’impertinence qu’elle avait fait preuve; avant de rajouter; « Je suis désolé, je suis quelque peu désespérée. »
Griffon de Langehack
Humain
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Lun 26 Avr 2021 - 11:06
Il se laissa faire, autant parce qu’il ne savait pas vraiment quoi dire d’autre que parce qu’il essayait de réfléchir à un moyen de l’aider. Lutter contre l’injustice faisait partie des serments qu’il avait prêté et si ce que disait la nordienne en face de lui était vrai alors il était dans l’obligation de l’aider, qu’il le veuille ou non, son honneur en dépendait. Entendre à nouveau sa voix le fit presque sursauter alors que le stimulus sonore le sortit de ses réflexions de façon un peu brutale. Il releva la tête pour rencontrer le regard d’Adélina et il l’écouta en espérant qu’elle avait un plan, une idée ou bien quelque chose qui pourrait le mettre sur la voie. Il remercia silencieusement la DameDieu parce que c’était justement ce que la dame en face de lui avait.
« Ma protection, je peux vous l’accorder, il en va de même pour mon soutien, si maigre soit-il quant aux informations, tout dépend le sujet. Pour ce qui est de mon père, je peux lui parler, le convaincre. » Il avait déjà une idée de ce qu’il allait lui dire, comment il allait tourner les choses pour qu’il accepte. « Toutefois je dois vous prévenir qu’il refusera de vous rencontrer dans une auberge miteuse en dehors de Langehack. »
Si son sourire pouvait laisser penser qu’il se moquait de la jeune femme il n’en était rien, au contraire même, il imaginait son père se faufiler par des chemins détournés pour rencontrer une femme et il faillit en rire. De plus le marquis ne quittait plus beaucoup la cité dans laquelle se trouvait son palais alors les chances qu’il le fasse pour voir une dame du nord était somme toutes faibles ; il se devait de le communiquer à cette dernière car ça pouvait influencer sa prise de décision. De toute façon ce n’était pas plus mal car Théodoric n’aimait pas cette façon de faire : dans les ombres, à l’abri d’autrui.
« Mais je peux arranger une audience, privée, avec un marquis qui serait sans doute déjà un peu de votre côté. »
Adélina
Ancien
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Lun 26 Avr 2021 - 11:53
Adélina ne put s’empêcher de pousser un soupire de soulagement alors qu’un léger sourire vint orner ses lèvres rosées. Elle avait l’impression qu’un poids venait de s’enlever de ses épaules. Si au moins elle avait réussi à convaincre Theodoric de Langehack, cela était un avantage hors du commun pour renforcer sa position. « N’ayez peur. Je n’utiliserais jamais ses informations contre vous. Que la Damedieu m’en prend à témoin. » Après tout, elle n’avait rien contre ces derniers, et Théodoric venait de se faire une alliée de taille, et fidèle. Comment lui refuser quoique se soit maintenant qu’il était de son côté? Adélina eut un nouveau sourire, alors que son regard se porta sur le sol lorsqu’elle attendit la réplique du langecin au sujet de l’auberge miteuse; « Je me doute bien que le Marquis ne se déplacera pas dans une auberge miteuse, surtout pour une Nordienne. » Elle releva son regard, sourire aux lèvres; « Mais je suis heureuse que son fils l’ait fait. Merci Théodoric. » Les paroles étaient sorti trop vite, elle n’eut guère le temps de rattraper sa bourde, mais il était trop tard pour rattraper cette familiarité qui s’était échappé. Elle se mordilla légèrement la lèvre, espérant qu’elle n’avait pas frustré l’héritier avant d’écouter le reste de ses paroles. Puis, ce dernier proposa finalement une audience privée, chose qui était inespérée; « Je ne peux m’attarder trop longtemps à Langehack. Cela ne ferait qu’apporter de nouveaux soupçons dont je peux me passer. Mais je vous laisse nous y conduire. » Sans attendre, la jeune femme prit rapidement sa cape de voyage, prête à partir et à suivre le langecin sur les routes. Elle se doutait bien que cela serait un long trajet, mais le temps était compter…
Griffon de Langehack
Humain
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Mar 27 Avr 2021 - 20:47
Il espérait bien qu’elle n’utiliserait pas d’informations contre eux, après tout c’était une chose bien détestable à faire après qu’il ait accepté de l’aider. Surtout que pour le moment c’était plus lui qui avait des chances d’utiliser une information contre elle-même s’il ne s’abaisserait pas à ça. Il regretta ensuite son commentaire sur l’auberge dans laquelle ils se trouvaient, il ne voulait pas l’offenser, il comprenait d’ailleurs le choix du lieu, l’objectif étant d’être discret, mais il était vrai qu’il ne s’était pas vraiment attendu à discuter de ce genre de choses ici. Alors qu’il allait présenter ses excuses pour son indélicatesse, Adélina reprit la parole et il resta muet un instant, il ne s’était pas attendu à entendre son prénom sans même un prédicat honorifique juste avant.
« Je… à votre service, dame… de Lourbier. » Il avait hésité à répondre en l’appelant par son prénom mais avait préféré éviter, s’il ne la connaissait pas tant que ça, c’était surtout par habitude, son éducation nobiliaire était revenue au galop. Il hocha ensuite la tête, plus vite ils seraient partis et plus vite cette histoire serait réglée, alors le jeune homme rabattit la capuche de son manteau sur sa tête et sortit en marchant rapidement pour aller récupérer sa monture aux écuries. Une fois en selle il attendit qu’Adélina fasse de même et ils partirent en direction de Langehack.
Ils arrivèrent au palais ducal mais ne passèrent pas par l’une des entrées principales, préférant emprunter les passages partant des écuries qui étaient moins fréquentés. Si Théodoric n’avait aucune idée de l’étendue d’un éventuel réseau de la suzeraine d’Adélina, il ne préférait pas prendre de risques et il supposait que c’était également le cas de la nordienne qui l’accompagnait. Ils arpentèrent les couloirs d’un pas rapide, le jeune homme répondant d’un hochement de tête aux nobles et notables langecins qui le saluaient sur son passage et remettant à plus tard d’un mot ou deux les demandes d’entrevues. Il arriva finalement devant une porte de bois précieux richement décorée à laquelle il frappa.
« Entrez. » La voix du marquis traversa difficilement le bois et lorsque Théodoric ouvrit la porte, il put voir son père se frotter les yeux alors qu’il reculait dans son siège. « Que puis-je pour toi Théo? » « J’ai une faveur à te demander. » L’héritier ferma la porte derrière lui en faisant un discret signe à Adélina d’attendre. « Je t’écoutes. » Répondit le maître des lieux en soupirant. « Est-ce que tu peux recevoir une châtellaine quelques instants. » Si ladite châtellaine tendait l’oreille elle pouvait entendre ce qui disait de l’autre côté de la porte, du moins si le ton de la conversation ne descendait pas trop. Griffon haussa un sourcil en laissant retomber ses mains sur son bureau et plus précisément sur un épais livre. « De qui s’agit-il ? » Demanda-t-il avec une pointe de suspicion. « Adélina de Lourbier. » Cette fois les sourcils du marquis se froncèrent alors qu’il cherchait dans sa mémoire un moment où il aurait pu entendre ce nom mais il ne trouvait pas et pourtant il était pourtant certain de l’avoir entendu quelque part. « Ça ne me dit rien. » Il était à peu près certain qu’aucune famille langecine, missédoise ou mervalloise ne répondait à ce nom. « Où se trouve son fief? » « Dans le nord de la baronnie d’Alonna. » Et ce fut à ce moment qu’il se souvint être passé par les terres de Lourbier durant la guerre contre les eldéens et pendant la guerre civile. « Et depuis quand tu t’occupes d’une dame du nord, t’aurais-t-elle tapé dans l’œil ? » Le père du jeune homme sourit à sa propre question rhétorique, ou du moins presque rhétorique, il n’était pas certain que son fils ait finit son deuil d’Alaïs. « Hein? Non, c’est juste que... » Griffon l’interrompit en levant la main. « Alors pourquoi? » « Pour lutter contre une injustice. » Répondit Théodoric avec aplomb, d’une voix sûre et à ce moment les yeux du marquis se refroncèrent. « C’est-à-dire? » « Sa suzeraine a organisé une tentative d’assassinat. » « J’en suis navré mais comme tu le sais sûrement, Théo, je ne suis pas duc de Serramire. » « Je sais mais justement, le duc de Serramire a exprimé à plusieurs reprises son envie de voir les de Lourbier disparaître, elle est certaine que le duc sera partial quant à aller voir le roi, la suzeraine d’Adéli… de dame de Lourbier, est l’épouse du régent. » « Je n’ai pas vraiment envie de me mettre près d’une moitié du royaume à dos pour une châtellaine... » « Je ne te demande qu’une seule entrevue. De plus tu t’es plié en quatre pour Prudence et ses… amis, tu peux bien faire ça pour moi. » « Prudence et ses… amis ne sont pas des nordiens. » « Ils sont bien pires. » Sa réplique était pleine d’un mépris largement audible qui aurait presque amusé le marquis. « Nous en reparlerons quand tu auras des preuves. Mais soit, j’accepte de la voir mais je ne lui accorderais pas plus de cinq minutes. » « Il n’en faudra pas plus. » Le jeune homme se retourna alors et franchit en deux pas la distance qui le séparait de la porte pour l’ouvrir et faire signe, à la nordienne qui attendait de l’autre côté, d’entrer. Lorsque ce fut le cas il se retourna vers son père après avoir refermé ladite porte. « Adélina de Lourbier, je vous présenes son Excellence, Griffon de Langehack, marquis de Langehack et seigneur de Sorault par la grâce de Néera. »
L’intéressé se leva de son siège et détailla rapidement la femme qu’on lui présentait en se demandant ce que son fils pouvait bien voir en elle.
« Dame de Lourbier, Bienvenu à Langehack. »
Adélina
Ancien
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Dim 2 Mai 2021 - 10:39
Le chemin entre Cerulyse et Langehack fut plus rapide, et Theodoric fit preuve de beaucoup de prudence. Évitant les grandes portes, utilisant toutes ses connaissances pour rester le plus discret possible. Il conduisit finalement l’alonnaise à travers les couloirs, avant de lui faire signe d’attendre en s’engouffrant dans la pièce. Tendant l’oreille, la jeune femme put entendre l’entrevue entre le père et le fils. Si la réplique sur le fait qu’elle était tombée dans l'œil de Théodoric la fit rougir, le reste de la conversation l'intrigua. Qui était ces individus qui semblait attiser la colère de l’héritier? En tout cas, il semblait avoir une autre intrigue qui ne concernait pas leurs cousins du Nord. Puis, la porte s’ouvra finalement sur Théodoric, qui lui fit signe d’entrer. L’alonnaise entra finalement dans la pièce, là où Théodoric lui présenta son père. Le marquis se releva avant de la détaillé du regard, sans attendre, la jeune femme baissa rapidement sa capuche, dévoilant son visage avant de faire une révérence, prenant bien soin de de baisser le regard en se demandant comment réagir. « Merci, Votre Excellence. Je ne peux que vous remercier d’avoir accepté de me rencontrer ainsi. Je suis bien consciente que ma requête est particulière. » Elle se permit un léger regard vers Théodoric, avant de se retourner nerveusement vers le Marquis. Mais comment cet homme la mettait mal à l’aise! Elle qui croyait avoir atteint des sommets en rencontrant le Comte d’Arétria, il semblerait qu’elle avait fait fausse route et qu’il existait des gens encore plus bourru que ce dernier.
Griffon eut envie de répondre que pour être particulière, sa requête, elle l’était mais il préféra se taire et la laisser continuer, d’autant plus qu’elle semblait avoir un peu de mal à rassembler ses pensées en un discours cohérent alors le marquis se disait qu’éviter de la déstabiliser ne serait pas plus mal ; à la place il se rassit, posant une main sur l’accoudoire de son fauteuil, plaçant une jambe sur l’autre genou puis il passa sa main libre dans sa chevelure.. Quant à Théodoric il n’ajouta rien, se contentant d’un sourire d’encouragement.
La jeune femme expire doucement, avant de prendre la parole, l’air soudainement bien confiant. « Comme vous l’a probablement mentionné Théodoric, je suis la nouvelle Damoiselle de Lodiaker et de Bransat depuis la mort de mon père il y a quelques ennéades. Mes seigneuries sont situées dans le nord de l’Alonna, près des Monts d’Or. » Inutiles de lui dire son importance, ils comprendraient bien assez vite les enjeux au fur et à mesure que son récit avancerait.
Lorsqu’Adélina appela le fils du marquis par son prénom, Griffon haussa un sourcil et son regard passa pendant un bref instant de la nordienne à Théodoric et il eut du mal à se retenir de sourire toutefois son attention se reporta bien vite sur la jeune femme qui lui exposait sa situation.
« Il y a quelques années, les Broissieux ont repris Alonna des mains de ma cousine, Constance de Lourbier, profitant au passage pour accuser sans preuve mon oncle, Ébéharde, de la mort de Duncan de Lys. » Elle s’arrêta un moment, fronçant délicatement les yeux; « Je vous rassure, la raison de ma présence n’est pas pour faire un procès sur ses actes, ni sur les actes de Constance. Ce sont des événements qui ne sont point de mon fait, et je ne suis définitivement pas d’accord avec les décisions de ma cousine. Mais il semble que cela ne soit pas compris de la Marquise de Sainte-Berthilde, qui ne voit que mon nom et la supposée menace de ce même nom. » Et menace il y avait… Après tout, les Loubiers étaient l’une des plus vieilles familles d’Alonna, et malgré les événements qui les avaient presque exterminés, ils se trouvaient toujours debout, à exercer leur contrôle sur la Baronnie. Adélina n’était pas différente des autres, elle était ambitieuse, têtue et considérait que le trône d’Alonna lui revenait de droit. Si sa cousine était la dame sanglante, la jeune alonnaise était bel et bien l’opposée. Ce n’était pas pour rien que ses vassaux l'appelaient la rose de Lodiaker. Douce, mais dont les épines piquent bien des gens.
La nordienne observa le Marquis pendant un moment, avant de reprendre la parole; « Il y a quelques ennéades, j’ai été invité chez le Comte d’Arétria pour discuter d’une possible alliance, et nous avons été attaqués durant le trajet. Des bandits ont blessé mes gens et ont tenté de m’enlever.» Elle sentit légèrement sa main trembler alors que l’alonnaise se rappelait de la scène, puis semblant reprendre son aplomb, la jeune femme continua son récit; « J’ai aussitôt envoyé des gens enquêter sur les commanditaires de ces actes, et j’ai découvert qu’une personne de Cantharel avait commandité ces actes. Une personne bien influente partout en péninsule. La veuve noire… Alanya de Broissieux… ou de Saint-Aimé, peu m’importe. » Juste au ton de sa voix, le marquis pourrait voir la difficile relation qui existait entre les deux alonnaises. Une relation qui aurait amusé le marquis en question si la tournure de ce que racontait Adélina n’était pas si ouvertement hostile et ce même si ce qui était dit était vrai, l’hostilité était tout de même assez justifié, il devait bien l’admettre. Adélina n’avait aucun respect pour cette femme qu’elle estimait trop sotte pour être baronne ou même Marquise. La jeune femme échangea un rapide regard avec Théodoric, avant de le reporter vers le Marquis. « Comme j’ai mentionné à votre fils un peu plus tôt, je ne veux pas lever mes bans et je ne vous demanderais certainement jamais d’en faire autant. Mes gens ont assez souffert avec la guerre et la peste, que je ne peux leur demander de s’engager dans une guerre. J’ai besoin d’alliés, d’alliés importants qui pourront m’aider à prouver les actes dont j’ai été victime, ou même d’aller plus loin. » Fière, la jeune femme leva légèrement la tête pour continuer; « Je n’ai pas besoin d’or, j’ai mes mines pour cela. Je n’ai pas besoin d’une armée. Ce dont j’ai besoin est de support, de protection ainsi que d’information au sujet des agissements de la Marquise. Rien qui, je l’espère, ne vous prendra trop de ressources. » Elle expira doucement, avant de conclure; Griffon se massa les paupières un instant avant de se lever et de lancer un coup d’œil à son fils qui ne faisait pas vraiment attention à son père, trop concentré sur le discours de la nordienne. « Je suis bien consciente que ce que je demande à un prix, et je suis disposée à entendre vos demandes en retour. » Adélina s’arrêta net, espérant que son discours eut un certain effet sur le Marquis.
Ce dernier tourna le dos à la jeune femme et fit quelques pas pour se retrouver devant la grande vitre qui donnait sur la cité qui occupait tant de son temps ; le cœur battant du marquisat qui s’étendait sous les yeux de son seigneur était toujours aussi animé et sous le soleil d’été les vives couleurs et les nombreuses fontaines n’était pas sans laisser l’impression d’un joyau. Du moins tant qu’on ne savait pas ce qui se cachait sous ce vernis de luxe.
« Si je comprends bien vous me demandez de m’impliquer dans les affaires des nordiens, même de loin. » On pouvait voir se dessiner son sourire dans son reflet sur la vitre alors que Griffon repensait à ce qu’on venait de lui dire. « Vous ne mentiez pas quand vous disiez que votre requête était particulière. » Le marquis retourna alors vers son bureau, les bras dans le dos. « Une question me brûle cependant les lèvres : pourquoi ne devrais-je pas vous faire enfermer pour gagner les faveurs d’Alanya et par conséquent de son régent de mari ? »
Théodoric resta bouche-bée un instant avant de vouloir objecter mais son père le réduisit au silence en levant la main.
« J’entends, dame de Lourbier, que votre famille et vous êtes la victime d’une terrible injustice mais voilà : un faux pas de votre part et nous risquons de plonger la Péninsule dans une nouvelle guerre or Langehack a eu la chance de ne pas être ravagé comme le médian lors de la dernière et je comptes bien que ça continue ainsi. »
La jeune femme suivit du regard le marquis alors que ce dernier se retournait sur la fenêtre, regardant le paysage qui était le sien. Elle ne manqua pas son sourire, de ce dernier et eut le sentiment que ce dernier la testait… et le test arriva bien assez vite. Il fallait dire que sa question était légitime, et que l’alonnaise aurait probablement eu des soupçons si le langecin ne l’avait pas posé. L’air grave, sans jeter un regard à Théodoric, la jeune femme semblait en parfait contrôle de ses émotions soudainement. Elle fit même un pas vers ce dernier, profitant du bureau qui était entre eux. La rose se permit même de lever la tête pour supporter le regard du Marquis; « Parce que, Votre Excellence, vous aussi vous avez été victime d’une injustice. Vous aussi vous avez dû attendre le moment pour prendre ce qui était votre. »
Il haussa un sourcil, la remarque était juste, certes, mais il doutait que leurs situations étaient comparables. S’il était vrai que Griffon avait dû attendre, et ce bien plus longtemps qu’il ne l’aurait aimé, il n’avait cependant jamais demandé l’aide des nordiens. Les mêler à la politique langecine le débectait et l’idée même d’aller chercher leur soutien le faisait frissonner ; il avait d’ailleurs préféré demander l’aide d’une vaanie plutôt que d’aller quémander quoi que ce soit aux sans honneurs du nord. Mais c’était peut-être une autre époque, peut-être que les choses avaient changé ces dernières années bien qu’en en doutait fortement.
Griffon de Langehack
Humain
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Dim 9 Mai 2021 - 13:52
Ses mains se réunirent sur son bas ventre, contrôlant ainsi les tremblements de ces dernières avant de continuer son discours; « Alonna me revient, autant que le Langehack vous revenait. Vous pouvez m’enfermer pour tenter de gagner les faveurs du régent et d’Alanya. Mais vous savez aussi bien que moi que ces gens-là, n’ont aucun honneur et dès qu’ils le pourront, ils n’hésiteront pas à se débarrasser de vous aussi. » La jeune femme haussa les épaules avant de continuer; « Mais au final, le choix est votre… Préférez-vous avoir une alliée dans le Nord, qui vous serait redevable? Ou préférez-vous prendre la chance de vous alliés avec des gens sans honneur? » C’était un pari risqué… très risqué. Mais si elle avait bien cerner le Marquis, ils verraient bien assez vite que la jeune femme, bien qu’inexpérimentée, était bien loin d’être sotte. Le choix était sien en effet et Griffon se devait d’y réfléchir sérieusement. Certes l’action était risqué, en réalité bien plus pour elle que pour lui, mais l’idée de potentiellement déstabiliser le nord était intéressant, amusant en réalité, et qu’on lui en donne l’opportunité sans qu’il ait à trop se mouiller était bien trop tentante pour la laisser passer.
« De quelles informations avez-vous besoin exactement ? »
La jeune femme eut un léger sourire, alors que ses épaules semblèrent se détendre pendant une seconde. Elle ignorait si elle avait convaincu le marquis, mais le fait qu’elle n’ait pas les poignets dans des fers, ou une épée à la gorge lui semblait assez prometteurs. « Il y a une rumeur en Alonna… Que Pénélope de Broissieux est illégitime. La baronne était dans le sud lors de sa conception, et cela a entretenu des rumeurs assez particulières.» s’arrêtant un moment, la jeune femme se mordilla la lèvre inférieure, avant de reprendre la parole; « Elle visitait un certain Arichis d’Anoszia et si je ne m’abuse ce dernier était un conseiller langecin de Méliane de Lancrais? » Nulle besoin d’en dire plus, il comprendrait bien assez vite où elle allait. Pour détruire sa famille, elle se devait de s’attaquer à chaque aspect, chaque détail de la broissieux. S’il n’en dit rien il devait admettre qu’il aimait où la nordienne allait.
« Ça ne devrait pas être bien difficile d’en entendre parler, nous avons tous des rumeurs qui nous courent après ; en démontrer la véracité par contre… » il fit une grimace en se demandant comment il allait pouvoir trouver les preuves en question. La jeune femme resta silencieuse un moment avant de reprendre la parole; « Cela ne devrait pas être un très grand problème. Les rumeurs ont toujours un fond de vérité. Louis de Saint-Aimé est un homme pieux, fière mais surtout buté. Si les rumeurs parviennent à ses oreilles, je ne crois pas que l’on aura à travailler très fort pour que pire apparaissent. » Après tout, si la nouvelle Marquise avait menti à tous quant à la légitimité de son enfant, Adélina n’osait même pas imaginer ce qu’elle pouvait cacher d’autres... « Je peux toujours demander à une ou deux personnes habitués de la cour de Méliane et Arichis. Toutes les indiscrétions finissent par se savoir ici, surtout quand elles concernent la famille ducale. » La remarque fit sourire Griffon, ainsi qu’Adélina. « Tu ne crains pas que Prudence s’en mêle ? » « Je ne crains rien d’elle. » Répondit le jeune homme avec une moue boudeuse et le marquis se retourna vers Adélina. La jeune femme haussa un sourcil avant de se retourner vers Théodoric, l’interrogeant du regard. Elle se doutait bien que l’on parlait de sa soeur, Prudence de Langehack, mais disons que la jeune femme n’avait pas réellement calculé que cette dernière pourrait être un danger à cette opération. Après tout, c’était sa tête qui était en jeu, non pas celle de Théodoric. « Pardonnez moi de vous interrompre. » dit-elle en retournant vers Griffon. « Mais si il y a une personne qui pourrait se servir de moi pour toucher quelqu’un d'autre. » La nordienne se retourna vers Théodoric, « Je crois que je suis en droit de le savoir. » Puis se mettant à murmurer, en espérant que seul Theodoric puisse entendre, elle ajouta; « Après tout, vos problèmes sont également les miens maintenant. » « Je ne doute pas qu’on vous racontera tout ce qu’il y a à dire sur le sujet, n’est-ce pas Théo? » Ce dernier hocha lentement la tête. « Mais pour en revenir au sujet qui nous intéresse: il serait imprudent de vous faire rester au palais, on y trouve trop d’oreilles indiscrètes et de paires d’yeux trop curieux ; est-ce que vous avez de quoi payer une auberge ? » Adélina se retourna vers le Marquis avant de faire un léger signe de tête. « Oui, ce n’est pas un problème. Mais si vous avez une quelconque suggestion d’un établissement plus discret que les autres, je prendrais vos suggestions avec plaisir. »
« J'avoue que je n’en ai pas en tête, je n’ai plus l’habitude de me cacher dans des tavernes et autres auberges. » Griffon s’étira alors et récupéra un document sur son bureau pour le lire rapidement. « Mais il me semble que Lars va à l’Espoir quand on vient lui réclamer ses dettes… avant de venir me demander quelques souverains. Toutefois je ne suis pas certain que ça convienne à une femme, de haute naissance qui plus est. » « Pourquoi pas un temple? On ne lui poserait pas de questions. » « Un peu trop public à mon goût mais le choix est le vôtre comme vous dites si bien. » Adélina fit un léger mouvement de tête en écoutant leurs suggestions. « Le temple me semble en effet trop public. Quant à vos autres suggestions, j’en parlerais avec mon cousin. Ce dernier était en charge de nous trouver un endroit où dormir. Sinon nous écouterons votre suggestion. La prudence est de mise. » S’arrêtant un moment, la jeune femme se mordilla la lèvre inférieure, comme si elle hésitait à poser une question. « Si je peux me permettre Votre Excellence, j’ai deux questions à vous poser. Si je suppose que vous avez accepté de m’aider, est-ce que cela veut aussi dire que vous m’offrez aussi une protection ? Et dans le cas échéant... » Elle avala difficilement avant d’observer le Marquis de son regard bleuté; « Je suppose que cette aide vient à un prix... »
« Ma protection, je vous l’offre quant au prix de cette aide… il pourrait en avoir un en effet. Vous avez mentionné mon attente pour obtenir ce qui me revenait de droit : le marquisat mais il y a autre chose pour laquelle vous pourrez sûrement m’aider, plus tard, vous pourrez sans doute me rendre la vie plus facile. » L’alonnaise eut un léger sourire avant de faire une légère révérence. « C’est en effet très généreux de votre part, Votre Excellence. » Adélina se redressa en continuant; « Il me fera plaisir de répondre à votre appel si le besoin est. Le Lodiaker n’oubliera pas ce que vous avez fait pour nous. » Oh oui, elle respecterait définitivement sa promesse. Après tout, son honneur restait à prouver, et elle ne voyait pas pourquoi elle ne rendrait pas les faveurs au Marquis. « Avez-vous d’autres questions pour moi? Je ne voudrais pas prendre plus que les cinq minutes que vous m’avez généreusement donné. » dit-elle avec un sourire aux lèvres. Pas qu’elle le narguait, au contraire, le Marquis pourrait bien voir le visage de la nordienne s'illuminer. Elle était bien heureuse et surtout reconnaissante que ce dernier ait accepté. [/b][/color]
« Non, vous pouvez disposer, je vous souhaites une bonne journée. » Sans jeter un dernier coup d’œil à la nordienne le marquis se reconcentra sur les documents qu’il étudiait avant que son fils ne vienne le déranger. Ce dernier se tourna alors vers Adélina et lui fit signe de le suivre ; moins ils faisaient de bruit et moins ils avaient de chances de déranger Griffon. Une fois dehors il ferma la porte derrière eux.
« Je vous parlerais de Prudence plus tard, il faut que j’aille voir quelques personnes qui auront sûrement de quoi nous éclairer sur la naissance de Pénélope de Broissieux. » L’alonnaise fut une rapide révérence avant de sortir de la pièce en silence, évitant de déranger le Marquis qui semblait pris dans ces lectures. Avait-elle aimé l’expérience? Non, pas réellement. Cet homme était définitivement dur, l’opposé de Théodoric, mais au moins elle avait réussi à le convaincre. Un miracle en soi. Aubry interrogea sa cousine du regard alors qu’elle sortait de la pièce. Ne lui répondit qu’un léger sourire, cette dernière se retourna rapidement vers l’héritier qui venait de reprendre la parole. Adélina inclina légèrement la tête, avant de remonter son regard vers Théodoric. « Je vous remercie du fond du cœur pour tout ce que vous avez fait pour moi et le Lodiaker, Votre Excellence. Sachez que nous vous serons toujours redevable. » Elle s’arrêta un moment, avant de renchérir; « J’enverrai Aubry nous dire où nous séjournerons, et nous attendrons vos nouvelles pour la suite. » Elle le salua selon les protocoles avant de sortir rapidement du palais.
Adélina
Ancien
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Dim 9 Mai 2021 - 14:03
Quelques jours plus tard…
Les deux cousins avaient réussi à trouver une auberge assez décente. Cette dernière, accueillait plusieurs bourgeois et était relativement propre, ce qui, en soi, était définitivement une amélioration après celle de Cerulyse. La chambre était maigrement décorée, mais était assez spacieuse pour la dame qui, de toute façon, se devait d’être discrète. Bien qu’elle savait qu’on ne la reconnaîtrait pas nécessairement dans la rue, elle s’était emmurée dans sa chambre, se contentant d’admirer les activités de la ville par sa fenêtre. Mais le temps était long… beaucoup trop long. Elle avait parfois l’impression d’être dans une prison et tournait beaucoup trop en rond dans cette pièce. La seule distraction était les visites de son cousin, Aubry, qui tentait tant bien que mal de lui décrire les innombrables activités de la ville qu’il avait participé ou avait vu. Il connaissait que trop bien la curiosité de sa cousine, et espérait l’aider de cette façon. Adélina écoutait les moindres récits, consciente que ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne puisse revenir officiellement et visiter les alentours sans avoir à se cacher. Pour le moment, mieux valait se satisfaire de sa tour dorée, et de la fenêtre qui laissait s’échapper, somme toute, quelques bribes de la vie dans le Langehack.
Un cognement vint soudainement la faire sursauter. Elle soupira un moment, avant de reporter son regard vers la rue qui fourmillait d’activité, croyant que c’était son cousin. « Entre. » La jeune femme ne se retourna point, observant avec un léger sourire des enfants qui étaient engagé dans un étonnant duel dans la rue. « Ils nous ont donné des nouvelles? » « Oui. » Si l’envie de masquer sa voix, d’imiter celle d’Aubry, avait traversé l’esprit de Théodoric, il ne s’en donna la peine, il était trop mauvais dans ce domaine pour que ce soit convaincant et encore moins pour qu’elle s’y trompe.
L’alonnaise se retourna finalement et croisa le regard de Théodoric. Son visage se figea, alors qu’elle se releva rapidement, faisant une révérence devant son invité, baissant volontairement la tête, prenant soin d’éviter le regard du langecin. « Pardonnez-moi, Votre Excellence, j’ai cru que c’était mon cousin qui venait me donner des nouvelles. » Elle se redressa finalement au bout de quelques secondes, croisant doucement ses mains sur son bas-ventre, les obligeant à se calmer. Après tout, elle avait bien remarqué son expression alors qu’elle s’était échappée la première fois. Il fallait dire que la jeune femme avait eu une enfance assez particulière. Un père hyper protecteur qui ne l’avait pas laissé voyager ou rencontrer d’autres gens. C’était définitivement quelque chose qu’elle devrait travailler… Osant finalement retourner son regard vers le jeune homme qui attendait patiemment qu’elle reprenne contenance ; qu’elle passe à autre chose, il ne dit rien, préférant éviter de s’attarder sur la maladresse de la nordienne, avec eux un faux pas du style n’était pas étonnant, cette dernière lui fit un timide sourire avant de lui présenter une chaise qui se trouvait dans la chambre. « Je vous en prie, asseyez-vous. » Adélina le rejoint, allant s’asseoir en face de ce dernier, en replaçant doucement l’étoffe de sa robe. « Je suis désolé, j’aurais aimé mieux accueillir, mais mes moyens sont particulièrement limités en ce moment. »
« Ce n’est rien, l’humilité est toujours bonne. Après tout nos gens en font bien preuve au quotidien et n’en sont pas moins de bons pentiens pour autant. »La jeune damoiselle eut un sourire avant d'acquiescer à la rhétorique de son invité. C’était presque rassurant de l’entendre parler ainsi, après tout le Sud avait tellement une réputation de dévergondé… Au moins il y avait quelques bons pentiens dans le lot. « Je ne peux que vous donner raison sur ce point. » Il préféra s’abstenir de préciser que ce n’était pas vraiment le cas de tous, c’était d’ailleurs là la cause de sa lutte acharnée et que certains langecins feraient mieux de gagner en humilité, surtout ceux dont s’entouraient sa sœur ; il n’était pas là pour ça et de toute façon Adélina devait bien s’en moquer. « Je suis en effet venu vous porter des nouvelles. J’ai pu obtenir de diverses sources que la baronne que vous détestez tant a effectivement été vu à plusieurs reprises avec Arichis et ce de façon très… proche ; indécemment proche si je puis me permettre. »
L’alonnaise fronça soudainement les sourcils à l’annonce du langecin. Vraiment? L’ancienne baronne semblait réellement n’avoir aucune valeur, aucun respect… et surtout n’avait que faire de ce que pensait les autres si elle montrait sa relation si ouvertement. Mais s’était-elle réellement attendu de quelque chose d'autre de la veuve noire? La rose se mordit doucement la lèvre inférieure, comme complètement absorbée dans ses pensées. Tellement de questions se bousculaient. Est-ce que ces témoins étaient crédibles? Accepteraient-ils de témoigner devant le roi ou pire, devant le régent? Après tout, propager les racontars était facile, les prouver était une toute autre paire de manches… Mais tout semblait se concrétiser. Alanya était tombé enceinte durant sa visite dans le sud, après la mort de son mari, et elle semblait avoir continuer sa relation avec le père de l’enfant. Pénélope n’était donc pas une Broissieux, mais une Anoszia… Une bâtarde… Adélina se leva avant de faire quelques pas dans la pièce, rassemblant ses pensées. Elle n’avait jamais pensé que trouver cette information serait si facile. Lorsqu’elle sera de retour à Alonna le mois prochain elle pourrait certainement ébruiter les rumeurs, convoquer les seigneurs à Lodiaker et leur exposer les faits. Elle connaissait assez les seigneurs de sa région pour savoir que personne ne respecterait Pénélope après cela… Seul un alonnais pouvait contrôler l’alonnan. La jeune femme se retourna finalement vers le langecin pour avoir plus d’information; «Vous ont-ils mentionné pendant quelle période ces… indiscrétions... se sont déroulées? »
« Il y a de cela une dizaine d’années, à un ou deux mois près. Toutefois j’ai mieux, bien mieux, pour peu que vous soyez prête à prendre davantage de risques. »
Le langecin se redressa complètement, les bras dans le dos, il n’était pas certain que ce fut une bonne idée de dire ça mais après tout il ne pouvait pas cacher ce qu’il avait trouvé, surtout pas à Adélina.L’alonnaise s’arrêta net, portant son regard dans celui du langecin. Dix ans… C’était tout juste l’âge de la baronne… Il fallait croire que les doutes des alonnais n’était pas sans fondement, mais il devait avoir plus, et la curiosité de la jeune femme était piqué au vif. Elle fit un pas vers ce dernier, avant de reprendre la parole; « Je vous écoute... »
Théodoric se racla la gorge, mettant son poing devant sa bouche.« Disons que son Altesse de Broissieux n’a pas été d’une grande discrétion… et n’a pas été d’une prudence remarquable non plus. Elle apprend sa grossesse à Arichis par une lettre ; une lettre qui a de très grandes chances de toujours reposer dans la chancellerie langecine. » Il se racla à nouveau la gorge. « Le problème étant que tenter de s’en emparer nous ferait courir le risque de voir ma sœur se mêler à tout ça, ce que je préfère éviter. Prudence cherche depuis quelques temps à s’attirer les faveurs du régent pour je ne sais quelle raison… » en réalité il avait bien une idée ou deux mais là n’était pas la question. « Dans tous les cas ça ne peut pas être bon. »
Adélina sentit son coeur faire un bon dans sa poitrine… Non… C’était trop beau pour être vrai! Comment pouvait-on être aussi inconscient et faire une erreur de la sorte! La jeune femme baissa les yeux, un mélange d’étonnement ainsi que de surprise. Était-elle sous le choc? Oui définitivement, elle pouvait presque toucher à son trône, elle le voyait finalement dans son champ de vision. Elle était si près du but. « Si je pouvais avoir cette lettre… Cela scellerait définitivement le tout. » Remontant soudainement le regard, l’alonnaise reprit finalement la parole; « Parlez-moi du conflit qui vous oppose à votre soeur. »
« C’est… » ses épaules s’affaissèrent alors qu’il poussa un long soupir. « Alors que mon père n’était pas encore marquis, Prudence voulait étudier au Collège Langecin pour quitter Sorault et son Excellence lui a dit qu’au lieu de ça elle ferait mieux d’apprendre à diriger la seigneurie à ses côtés ce à quoi elle a répondu qu’elle ne comptait pas régner sur des marais puants, qu’elle valait mieux que ça. Griffon l’a autorisé à partir à la condition qu’elle renonce à son héritage. » Il prit une pause de quelques instants pour secouer lentement la tête. « Quand j’ai vu sa tête lorsqu’elle a accepté j’ai su qu’il lui avait dit ça en étant persuadé que jamais elle ne dirait oui. Et pourtant… elle est ensuite partie pour Langehack. Les années ont passées et mon père devint marquis, c’est à ce moment qu’elle est revenue sur sa parole. Le problème c’est que mon père et moi-même sommes les seuls à avoir été témoins de son rejet de l’héritage des de Langehack et lorsque je l’ai mentionné elle a simplement rétorqué que j’étais jaloux de son droit d’aînesse. » La nordienne écouta sans interrompre le suderon qui lui expliquait la raison qui avait creusé un gouffre entre le frère et la soeur. Ceci dit, cela n’était pas surprenant. Les gens avaient tendance à être assoiffés de pouvoir, et elle n’était définitivement pas en position de juger Prudence. Elle même, étant dans une lutte dangereuse pour reprendre la terre qui lui revenait de droit. Elle s’approcha doucement du langecin, tentant d’attraper son regard. Son expression s’était adouci, presque innocente, alors qu’elle reprenait la parole. « Je vois… Les gens ont tendance à changer lorsqu’il est question de pouvoir… Parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Il n’y a rien que vous puissiez y faire. Votre sœur n’abandonnera pas son droit ainsi. »
Il voulut rétorquer que c’était déjà le cas, que Prudence avait déjà abandonné son droit et que parce qu’elle n’en jouissait plus, n’était donc plus dans la ligne de succession. Si seulement davantage de gens l’écoutait le problème serait réglé mais malheureusement ce n’était pas le cas. Adélina lui fit un léger sourire, comme pour le rassurer; « Mais vous n’êtes pas seul dans cette situation. Comme je l’ai dit devant Son Excellence, vos problèmes sont les miens. » En réalité, la jeune femme se demandait réellement pourquoi le marquis n’était pas intervenue dans la dispute de ses enfants.... Si elle avait été à la place du Marquis, elle aurait définitivement remis sa progéniture à sa place. Mais bon, peut-être était-ce les mœurs du sud? Si le Marquis semblait un homme têtu, cela semblait avoir transmit à sa progéniture. Quoique Théodoric semblait beaucoup plus doux - pas qu’elle détestait cette attitude, au contraire, cela le rendait encore plus attirant. Adélina s’avanca encore d’un pas avant d’avancer doucement la main vers celle de l’héritier. Mais elle sembla changer d’idée à la dernière minute, et croisa doucement ses mains sur son bas ventre à nouveau, avant de reprendre la parole; « Bien entendu, seulement si vous voulez cette aide. »
« Merci, ma dame. » Répondit-il en levant la tête pour la regarder, bien qu’il ait l’air un peu abattu il était rassurant de voir que même des étrangers croyaient à la vérité. « Parmi les libertins, ceux qui se sont rangés derrière ma sœur, la majorité se moque bien de tout ça, ils voient surtout en elle une candidate parfaite pour remplacer un marquis trop austère, trop pieux, à leur goût, un marquis qui tempère leurs ardeurs… j’ai peur que le jour où Tyra viendra récupérer le Souffle de mon père la guerre embrase le langecin et à ce moment-là j’aurais sans doute besoin de toute l’aide disponible pour que la justice triomphe, c’est donc volontiers que j’accepte la vôtre, d’aide. Mais nous n’en sommes pas encore là, pour le moment. »
Les yeux verts du jeune homme se perdirent dans le vague, lui qui craignait que ce moment n’arrive bien plus tôt que prévu, s’il ne savait pas quels étaient les plans des libertins, ce qui en soit n’était pas bon signe du tout, il ne savait pas non plus jusqu’où ils étaient prêts à aller.« Les sages, ceux qui croient que la parole donnée a encore de l’importance et se sont légitimement rangés de mon côté, ne font guère plus qu’acte de présence à la cour ce qui a permis à ma sœur d’y planter ses griffes ; rares sont les choses qui échappent à son attention à Langehack, et encore plus rares lorsqu’il s’agit du palais ducal, ce qui rend la récupération de la lettre périlleux. » Adélina écouta patiemment les explications du langecin alors que ce dernier lui révélait que sa sœur avait des oreilles partout. Elle fit un sourire rassurant au jeune homme, avant de lui prendre doucement la main du bout des doigts pour le rassurer. « Ne vous inquiétez pas. Votre père n’est pas mourant, vous avez encore le temps de vous préparer.»
« J’ai peur qu’il ne meurt pas de vieillesse ou de maladie. » S’il avait du mal à croire que Prudence soit capable d’un parricide, il ne préférait pas la sous-estimer, il l’avait fait une fois et avait retenu la leçon.
La nordienne serra doucement la main du suderon, tentant, tant bien que mal de le rassurer ce qui lui arracha un sourire timide malgré le sujet de leur conversation. Elle baissa doucement le regard au sol, comme pensive, avant de retourner son regard dans le sien. « Le Lodiaker pourra vous supporter sans problème si une guerre venait à éclater. Mais la présence de l’ordre Sanguis Invertere serait encore mieux. » Une chose était certaine, l’armée d’Alonna avait une certaine notoriété qui pourrait être très utile à Théodoric si le besoin arrivait. Adélina lâcha finalement la main de l’héritier avant de remonter son regard vers ce dernier. « Si votre sœur surveille tout ce qui se passe à la cour de Langehack… Peut-être devrions-nous la distraire avec une nouvelle qui l’aveuglerait… cela nous permettra de prendre ce que l’on a besoin. »
« Qu’est-ce que vous avez en tête ? » Ses sourcils se froncèrent, si l’idée avait du mérite il ne préférait en entendre les détails.
Griffon de Langehack
Humain
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Dim 9 Mai 2021 - 14:04
L’idée que Prudence pourrait être à l’origine de la mort de son propre père était franchement horrible. Comment pouvait-on imaginer une telle chose? Et surtout, cela mettait aussi Theodoric en danger. Adélina eut un air étrange pendant une seconde alors que ses pensées vagabondaient . Elle s’était mise en danger pour sauver ses gens et elle recommençait sans hésiter pour eux ou ses alliés. « Avez-vous l’habitude de faire la cour, Votre Excellence? » « Euh… non. » Admit-il alors que ses joues prenaient une teinte rouge. La jeune nordienne haussa un sourcil en regardant le langecin.« Organisons une rencontre diplomatique pour parler mariage entre nos deux maisons. Votre soeur sera monopolisée par nous, et pendant ce temps cela donne l’occasion à quelqu’un de confiance de prendre lesdits documents. » Cela la mettait en plein milieu du conflit, mais la nordienne n’en n’avait que cure de Prudence, elle avait l’habitude de jouer avec de bien plus gros poissons qu’elle… « Je m’explique; si votre soeur vous surveille autant c’est qu’elle vous craint. Si elle voit que vous avez la possibilité d’avoir un avantage sur elle, logiquement ses ressources iront directement sur moi. Qu’est-ce que je peux vous apporter ? Qui suis-je? Profitons du fait que je suis méconnue. » Elle lui fit un léger sourire avant d’ajouter; « Et ne vous en faites pas, je ne vous en voudrais point lorsque vous déclinerez. » « Je ne suis pas certain que… » le rouge des joues du jeune homme devint de plus en plus prononcé alors qu’il avait du mal à aligner deux mots de façon cohérente. « Mais… » il se racla la gorge, ayant du mal à regarder Adélina dans les yeux. « Nous pouvons essayer. » Adélina écouta les protestations du jeune homme qui semblait définitivement avoir perdu les moyens. Ce n’était pas surprenant qu’il n’ait pas les yeux de la cour. Il semblait trop pure pour ce genre de mesquinerie ou de tromperie. «Vous n’êtes pas certain que…?» La jeune femme mit doucement la main sur la joue de Theodoric pour attirer son regard dans le sien, comme elle l’avait fait avec le jeune homme traumatisé qui était arrivé en Alonna le mois dernier. « Je ne veux pas que vous soyiez mal à l’aise. Si ce plan ne vous plaît pas, nous trouverons d'autres choses. »
« Non, ça ira, de toute façon c’est le seul plan que nous avons. La corporation des tisserands est en plein festival et la fête se déplacera bientôt au palais, nous pourrons en profiter pour commencer à ce moment-là. » Adélina retira doucement sa main avant d’acquiescer. « Très bien. La délégation alonnaise devrait arriver à temps pour la fête. Je vous retrouverais au palais. » Elle dit un pas de reculons, mettant une certaine distance entre elle et le langecin avant de s’arrêter soudainement; « Votre excellence, si jamais quelque chose vous gêne… Je vous prierais de ne pas le garder pour vous et me le dire. Je ne vous cacherais rien, et j’ose espérer que cela serait la même chose de votre côté. » Elle lui fit un léger sourire avant de se retourner vers la fenêtre, portant son regard à nouveau sur la rue bruyante d'activité. Leur entrevue était terminée, ne restait plus qu’à attendre le bon moment…
***
Et le moment arriva, quelques jours plus tard, alors que la délégation du Lodiaker arriva finalement à Langehack. Adélina les rejoignit dans le plus grand des secrets, comme si elle les avait toujours accompagnés et puis le jour de fête arriva finalement. Les alonnais entrèrent finalement dans le palais, la ou une fête des plus sublimes semblait se passer. Adélina avait retrouvé sa prestance, laissant ses habits de voyages et ceux qui lui avaient permis de passer inaperçu jusqu’à maintenant, la rose avait revêtit l’une de ses fameuses robes. Le tissu de soie était finement brodé, alors que le col bateau mettait en valeur ses épaules menus et sa fine taille tandis que le bleu rappellait celui de ses prunelles. Ses cheveux, coiffés habilement, descendait en cascade sur son dos. Pour la première fois depuis son arrivée dans le Langehack, elle avait réellement l’air d’une dame. La rose de Lodiaker se fraya doucement un chemin parmi les innombrables convives, sourire aux lèvres, accueillant les salutations des gens de l’endroit. Puis finalement elle le vit, un peu plus loin. Théodoric sembla être en plein milieu d’une conversation avec un autre convive, et leurs regards se croisèrent finalement. Elle sentit son cœur se serrer alors qu’elle tripota doucement ses mains, l’air nerveuse. « C’est lui? » demanda Charles, en portant son regard sur sa nièce. Il reçu un léger mouvement de tête. « Ne le faites pas attendre alors. » Sans attendre, l’alonnaise se remit à marcher de son pas gracile rejoignant finalement l’héritier qui se trouvait non loin. Bien consciente qu’elle attirait les regards, Adélina fit une révérence devant Théodoric, avant de se redresser légèrement, tendant légèrement la main afin que ce dernier la prenne. Puis, elle reprit finalement la parole; « C’est un plaisir de vous rencontrer votre excellence. Permettez moi de vous présenter mon oncle et surtout l’un des plus loyaux conseillers du Lodiaker; Sa Seigneurie, Charles de Lourbier, Seigneur de Mesnu. » Le nordien s’inclina respectueusement devant le langecin avant de prendre la parole; « Votre Excellence, c’est un privilège d’avoir reçu votre invitation à cette fête. Nous espérons sincèrement que cette rencontre soit un prémice d’une fructueuse relation entre le Lodiaker et Langehack. »
Les grands tisserands du marquisat étaient rassemblés au palais, bien qu’ils ne furent pas les seuls grands bourgeois à être présents ils étaient à l’honneur en ce jour, ce soir mais aucun n’était assez fou pour éclipser la grande noblesse langecine qui restait tout de même sur son territoire. C’était évidemment le cas de la famille ducale qui occupait la grande salle du trône avec leurs partisans respectifs bien que le trône restât bien vide ; si chacun des participants lançaient parfois un coup d’œil aux escaliers qui menaient audit trône, personne ne commenta l’absence du marquis qui, pourtant, était bien au palais. Une personne attentive pouvait aisément voir les divisions qui déchiraient la cour langecine en deux : Prudence discutait avec Aphaen d’Amderran et Nilda de Lancrais tandis que les époux des dames regardaient Ashal d’Amderran et Maurin d’Ausal disputer un duel au premier sang qui semblait être bien partis pour le capitaine des Aigles de Sang qui n’était pas passé loin de désarmer le maître d’arme de Langehack. De l’autre côté, Théodoric était lui aussi en pleine discussion avec Guilhem de Tall et Arthur de Cerulyse et la conversation semblait animée, régulièrement ponctuée qu’elle était d’un éclat de rire de ses participants. Ce fut justement le cerulysien qui remarqua le premier la nordienne et son entourage s’approcher d’eux et les indiqua au jeune homme d’un discret mouvement de tête.
Le fils du marquis se retourna alors et salua la nordienne en question qu’il accueillit avec un sourire.
« Adélina de Lourbier, c’est ça ? Le plaisir est partagé. » Il se tourna alors vers Charles et s’inclina légèrement. « C’est un plaisir de vous rencontrer, sir de Lourbier, que la Bienveillante bénisse cette rencontre. »
Le langecin leva alors sa coupe de vin, et il fut rapidement imité par Guilhem et Arthur, tandis qu’un serviteur se précipitait, fendant la foule, vers les nordiens pour leur proposer eux aussi à boire afin qu’ils puissent trinquer avec Théodoric. Le groupe de nordiens trinquèrent volontiers avec les langecins, alors que la soirée venait tout juste de commencer. Toutefois le héraut mit rapidement fin aux rencontres en frappant plusieurs fois le sol de son bâton de cérémonie.
« Messires, mesdames, nous avons aujourd’hui l’honneur de fêter avec les tisserands l’anniversaire de la fondation de leur corporation. En cette délicieuse soirée toute particulière je vous invites à trinquer à leur santé et leur réussite mais ne buvez pas trop car il est venu le temps de danser ! »
Les divisions langecines réapparurent bien vite alors que la foule se divisa en deux entre ceux qui se retournaient vers Prudence et ceux qui n’avaient d’yeux que pour Théodoric ; tous étaient impatients, attendant que l’un des enfants du marquis ne saisissent l’occasion d’accorder l’honneur de la première danse de la soirée. La sœur du jeune homme lui lança un regard amusé alors qu’une poignée d’hommes se rapprochaient d’elle mais il la surprit en tendant la main vers Adélina qui ne put s’empêcher d’avoir un air légèrement surpris alors que les prétendantes semblaient se précipiter sur le fils du Marquis, l’alonnaise leva doucement le regard pour rencontrer celui de Théodoric.
« Me feriez-vous l’honneur d’une danse, ma dame? » Théodoric commençait à avoir peur que son cœur ne décide de briser les côtes qui le retenaient dans sa cage thoracique tellement il les martelaient et son regard était plongé dans celui de la nordienne, craignant que si jamais il regardait autre part le courage qu’il avait réussi à rassembler en très peu de temps ne s’évapore.
Adélina
Ancien
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Sujet: Re: Le dragon et l'écarlate [Griffon] Dim 9 Mai 2021 - 14:06
La nordienne ne perdit pas de temps et prit doucement la main du langecin; « Avec plaisir, Votre Excellence. » Se retournant élégamment la jeune femme laissa Theodoric la conduire sur la piste de danse. Son regard azur dans le sien, la nordienne semblait n’avoir d' yeux que pour son partenaire. Elle savait que tous les regards étaient sur eux, et jouait son jeu à merveille. Il fallait dire qu’Adélina ne jouait pas réellement, la compagnie de Théodoric était plaisante, et elle appréciait énormément ce jeune homme. Le couple se rendit au centre de la salle, et la jeune femme posa delicatement sa main droite sur l’epaule de ce dernier, alors qu’elle sentait la sienne sur sa taille. « Respirez, nous sommes ici que pour passer un bon moment. » murmura-t-elle pour que seul ce dernier ne puisse l’entendre.
Il hocha la tête et pris une grande inspiration alors que les musiciens commencèrent à jouer non loin mais ça ne l’aida pas à se calmer. Au centre de l’attention, sous tous ces regards, il en devenait nerveux, surtout en sachant que ce n’était le début, qu’on se poserait tant et plus de questions sur le lien qui l’unissait avec la nordienne ; ce qui était après tout l’objectif de la manœuvre mais ça n’empêchait pas que même si la présence d’Adélina le calmait un peu, il n’était pas serein pour autant. Surtout que Théodoric n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler un grand danseur. Il inspira lentement, juste avant que la danse ne commence pour de bon, et il se lança avec sa cavalière.
« On peut dire que vous savez vous faire remarquer. » Si sa voix manquait d’assurance, en tout cas elle l’était moins qu’il ne l’aurait désiré, il agrémenta sa remarque d’un sourire. Il était tendu et avec un peu de chance, détendre l’atmosphère l’aiderait peut-être à détendre ses muscles. L’alonnaise ne put s’empêcher de sourire à la remarque du langecin. Était-ce de la maladresse? Après tout, Adélina le sentait nerveux. Il n’était plus le chevalier confiant qui était venu dans sa chambre. D’une certaine façon, la jeune femme regrettait de l’avoir mit dans une telle situation, mais elle se doutait bien que même si elle n’était pas là, Théodoric serait toujours le centre de l’attention. Elle se devait de le calmer, elle lui devait définitivement cela. Sourire aux lèvres, la jeune femme reprit finalement la parole; « Est-ce un compliment typiquement suderons? » Son regard brillait alors qu’il rejoignit celui de l’héritier.
« On peut dire ça comme ça. » Répondit-il avant d’y ajouter un rire nerveux.
« En Alonna nous sommes légèrement plus direct. Vous savez, Votre Excellence, les regards ne sont pas sur moi, mais sur vous. Les gens veulent voir leur futur suzerain et non pas une simple châtelaine du nord. Vous avez toujours été le centre de l’attention. » Elle se garda bien de dire quoi que ce soit au sujet de l’attroupement de jeunes femmes qui avaient migré vers l’héritier alors que le héraut avait mentionné que la danse allait commencer. Son but était simplement de lui faire comprendre qu’il n’avait pas à être nerveux, car rien n’était différent des autres jours. Ses joues semblèrent rougir pendant un instant alors qu’elle reprit la parole; « En soi, j’ai de la chance d’avoir attiré votre attention. » Et l'aurait-elle réellement eu cette attention si ils ne jouaient pas cette mascarade? Elle en doutait fortement…
« De la chance ? » Théodoric s’arrêta de parler pour se reconcentrer sur la danse alors qu’il était passé à deux doigts de marcher sur le pied de sa cavalière. « Vous n’avez rien à envier aux courtisanes à qui vous avez pris cette danse. » Adélina ne put s’empêcher de rougir alors qu’elle entendit la réplique de Théodoric, allant même jusqu’à baisser les yeux pendant une seconde, avant de remonter le regard vers ce dernier, clairement gêné. Elle ne savait aucunement quoi répondre à cette réplique et elle ne put s’empêcher de penser que le jeune homme jouait le jeu à merveille. La musique commença à progressivement accélérer maintenant que les danseurs s’étaient lancés. « Est-ce que vous voulez bien me parler de vos terres ? »
C’était sûrement maladroit mais si jamais il arrivait à oublier que la majorité des notables et nobles langecins l’épiaient, et qu’il n’avait donc pas le droit à l’erreur, ça l’aiderait à éviter un faux-pas malvenu, surtout ici et ce soir, avec ce qu’ils avaient prévus de faire. « De mes terres? » La jeune femme eut un sourire alors que ses yeux semblaient briller d’une certaines lueurs. « Disons qu'elles sont très différentes des vôtres. Nous ne vivons guère dans des palais, mais de châteaux forts. Lodiaker-la-ville est perché sur les Monts d’or. La rendant pratiquement imprenable, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne manque pas de charme. D’un côté l’on voit les monts enneigés et plus bas se sont des champs à pertes de vues... » Et elle continua ainsi, décrivant le moindre détail qui rendait, à ses yeux, le Lodiaker comme l’une des plus belles régions de la péninsule. De ses jardins à la chapelle de Néera, tout en passant par ses habitants et ses gens qui se démarquaient tous les jours. Tout cela semblait être décrit avec une certaine passion, signe que la jeune dame aimait réellement sa patrie, et la connaissait sur le bout des doigts. Elle eut l’impression que le monde se limitait à eux pendant un moment, que toutes les autres personnes qui les entouraient n’existaient pas et lorsqu’elle eut terminé son discours, elle ne put s’empêcher d’expirer rapidement du nez, avant de baisser le regard de nouveau, l’air gênée. « Mais peut-être devriez-vous venir le visiter. Vous pourrez voir de vos propres yeux ce que j’essaie piétrement de vous décrire. »
« Votre modestie vous... »
La musique cessa soudainement alors qu’un tonnerre d'applaudissements semblait avoir éclaté dans la pièce coupant le jeune homme en plein milieu de sa phrase. Adélina se détacha doucement de Théodoric avant de retourner son regard vers les musiciens, joignant ses applaudissements aux autres. Le chevalier s’inclina devant la foule avant de lever modestement la main pour que doucement la foule se calme ce qui se fit lentement, bien que plus rapidement du côté de sa sœur et ses courtisans. Théodoric se permit un sourire, qui sonnait un peu faux pour ceux qui s’y attardaient.
« Merci à vous, ne voulant pas conserver la piste pour moi seul, je vous en pries, prenez ma place. » Adélina croisa finalement le regard de son cousin qui revenait de faire apparition dans la salle, suivi d’un homme qu’elle ne connaissait point. Ce dernier lui fit un léger signe d’approbation de la tête avant de retourner vers Charles, qui attendait un peu plus loin, les bras croisés sur son torse alors qu’il observait la danse entre sa nièce et le chevalier. Sous de nouveaux applaudissements, le temps qu’il retourne auprès d’Adélina, Théodoric sortit du centre de l’attention alors que déjà des couples, dont Prudence était notoirement absente, s’emparèrent de la piste de danse. « Vous êtes une bonne danseuse, ce fut un plaisir. » La jeune femme eut un air légèrement décue, comme si elle ne voulait pas que cette rencontre se termine. Cet air qui ne dure qu’une minuscule seconde avant qu’elle reprenne son air habituel. Adélina s’inclina doucement devant le langecin avant de reprendre la parole; « Ce plaisir fut réciproque, messire. » Aurait-elle voulu continuer à passer du temps en sa compagnie? Oui définitivement, après tout ce dernier n’avait même pas terminé sa dernière phrase… Mais leur mission était terminée... ils avaient fait ce qu’ils avaient à faire et c’était le moment de laisser tout cela derrière elle. La nordienne se dirigea rapidement vers son oncle et son cousin, laissant à regret, le chevalier derrière elle. « Vous aviez l’air de bien vous entendre... » La jeune femme ne put s’empêcher d’avoir un sourire gêné en baissant les yeux aux sol. « Ne vous faites pas d’idée, mon oncle. Je ne suis qu’une petite châtelaine du Nord, rien qui mérite son attention. » Sans s’en rendre compte, l’alonnaise tourna légèrement la tête pour suivre du regard Théodoric alors que Charles et Aubry s’échangeait un regard attendu. Qui sait? Peut-être aurait-elle la chance de lui reparler dans d’autres circonstances un jour...
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