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| Les Soltarii savent recevoir - Louise | |
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Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Les Soltarii savent recevoir - Louise Ven 14 Mai 2021 - 1:33 | |
| 8ème ennéade de Vérimios 9ème jour, L'an 18 « Vous me détestez et je trouve ça vexant. » Christian, le menton appuyé contre son poing, observait Cassio frotter pour la dixième fois au moins les bouteilles qu’il gardait derrière son comptoir. Elles étaient rutilantes, mais l’ancien esclave les nettoyait méthodiquement une à une à l’aide d’un chiffon. Pour Christian, ce n’était qu’une façon d’essayer de l’ignorer. Il faut dire qu’il venait à l’auberge pratiquement tous les jours depuis qu’il était à Diantra. « Je ne vous déteste pas. » Rétorqua Cassio en posant une bouteille un poil trop brusquement devant lui. « Mais n’avez-vous rien de mieux à faire que de me tourmenter? » Christian se redressa, posant une main sur sa poitrine en affichant un air faussement offusqué. « Vous tourmenter? Loin de moi cette idée! Voyez-vous, je me réveille tous les matins seul dans mon lit. Je ne cherche qu’un peu de compagnies et votre établissement est le seul à offrir des spécialités Soltarii dignes de ce nom. » Cassio prit les bouteilles et commença à les aligner sur les tablettes derrière lui avec le même soin méticuleux que pour les nettoyer. « Le cuisinier à la maison de ville peut vous préparer la nourriture que vous souhaitez sans problème. »« Oui, mais il est de très mauvaise compagnie. J’ai aussi voulu inviter les membres du personnel à se joindre à ma table, mais ils ne se sont pas montrés très coopératifs non plus. Étrangement, depuis que je suis là, je n’y ai vu que des hommes. » Le mage reprit sa position à moitié affalée contre le comptoir. « Et ils ne sont pas particulièrement plaisants à l’œil. »Cassio ne dit rien. S’il n’y avait que des hommes au service de Christian, c’est parce qu’il connaissait trop bien la réputation du Soltarii pour le laisser approcher l’une de ses filles. Cet homme ne pouvait pas s’empêcher de charmer et séduire toutes les femmes qui croisaient son chemin. Il n’avait pas envie de gérer un cœur brisé ou pire, un « incident » après le départ de Christian pour les terres du sud. « Donc, vous êtes ici tous les matins simplement pour avoir un peu de compagnies, c’est ça? » Reprit-il finalement après que les bouteilles soient rangées à leur place. « C’est bien ça. Cessez un peu de me prêter de mauvaises intentions. Je vous l’ai dit, c’est vexant! »L’ancien esclave se retourna. « Eh bien, cesser de vouloir mettre toutes les femmes que vous croisez dans votre lit! Vous êtes un homme marié à ce que je sache. Il faut savoir ce tenir... »« Ah! C’est donc ça le problème! Je m’en doutais depuis le début, mais j’attendais en espérant que vous crachiez le morceau. Vous ne vous êtes jamais remis de ce qui s’est passé entre moi et Tibéria, n’est-ce pas? »« Elle n’était pas bien à ce moment-là. Il était facile d’abuser d’elle. Vous auriez pu empirer les choses avec votre comportement de dépravé! »Quelques clients dans la pièce se tournèrent vers eux. Christian grimaça. « C’est ça, criez-le sur tous les toits tant qu’à faire! » Gronda-t-il en faisant son possible pour ne pas monter le ton. « Je n’ai jamais forcé la main à qui que ce soit. J’aime séduire. C’est un jeu pour moi et je ne vais pas m’en cacher, mais ce n’est pas vrai que je mets tout le monde dans mon lit. Ce genre de propos n’est pas seulement insultant pour moi, mais également pour les femmes en général. Comme si elles n’étaient pas capables de décider pour elles-mêmes. Quant à celle qui nous intéresse tout particulièrement, elle était tout à fait consentante. Nous avons énormément discuté. Elle avait besoin de se vider de cœur, d’être écoutée et de se sentir apprécier par au moins une personne. J’étais tout à fait disposé à lui offrir tout ça. Je sais aussi qu’au moment de mon départ, elle allait mieux. Elle semblait nettement plus détendue et appréhendait l’avenir avec un peu plus de sérénité. Alors, cessez d’agir en protecteur de la vertu et de me voir comme si j’étais le mal incarné. »Cassio se renfrogna. Il est vrai qu’il n’avait pas vraiment son mot à dire sur les agissements de cet homme ou même ceux de Tibéria. Elle menait sa vie comme elle le voulait. En même temps, il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer que quelque chose s’est passé entre eux récemment. Non. Non elle ne pouvait pas avoir fait ça. Tibéria était férocement loyale. C’était même l’une des qualités qu’il appréciait le plus chez elle. Jamais elle ne ferait une chose pareille. Une jeune femme monta des cuisines en portant un plateau, détournant ainsi brièvement l’attention des deux hommes. Christian, bien entendu, l’accueillit avec son plus charmant sourire. « Voici votre petit déjeuner, monsieur Giovanelli. »« Ah, juste à temps! Vous pouvez le poser sur la table là-bas. » La jeune femme s’éloigna et Christian en profiter pour glisser un dernier mot à Cassio. « Je ne suis pas votre ennemi. Je suis prêt à vous pardonner plusieurs choses, mais il y a tout de même une limite à ce que je peux accepter. Je suis là depuis près de deux ennéades et c'est impossible de tenir une conversation avec vous sans que vous ne m'insultiez d'une façon ou d'une autre. J’espère que vous le comprenez. » Sans attendre sa réaction, il délaissa le comptoir pour aller s’installer à table et manger le repas qu’on venait de lui apporter. Quelques instants plus tard, la porte de l’auberge s’ouvrit sur une silhouette familière. « Ah! Tibéria! Je termine de manger et nous pourrons aller faire cette balade à cheval comme promis. »Tibéria s’installa à la table de Christian et lui piqua un morceau de viande de son assiette. « J’ai déjà vu cette expression quelque part, Cassio. Il s’est passé quelque chose? » Elle regarda alternativement Cassio et Christian. Ce dernier secoua la tête. « Non, rien du tout. »« En tout cas, je te conseille de sortir ton plus beau sourire, car j’ai croisé un groupe de gens qui semblent à la recherche d’un endroit où loger et ils se dirigent par ici. »« Ils sont combien? »« Je ne sais pas, je n’ai pas compté. Par contre, je dirais que c’est une noble et son entourage alors c’est le moment de sortir le grand jeu. »« Bon sang, j’espère qu’ils ne sont pas trop. Avec les festivités qui approchent, on a déjà pas mal de monde... »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Ven 14 Mai 2021 - 19:40 | |
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Dehors, il y a soudain du bruit. Beaucoup de bruits. Le son métallique des fers claquant sur les pavés et s’arrêtant près de la porte de l’auberge, des rires et des paroles prononcées par de profondes voix graves aux rudes accents du Nord, toute la vie d’une troupe qui s’arrête et qui met pied à terre. C’est une cohue joyeuse qui perturbe les passants habituels de cette rue de la capitale, des passants qui s’éloignent en grommelant, loin de ces gens qui semblent venir de loin. De très loin.
La porte qui s’ouvre montrera une agitation monstre derrière une petite silhouette entièrement drapée de noir. Une cape à capuche de toile fine et sombre, un voile posé sur le bas du visage, on ne peut vraiment savoir à qui l’on fait face dans un premier temps. C’est en observant les habits épousant des formes féminines que l’on peut se rendre compte qu’il s’agit d’une dame. Une femme en tenue de voyage, des pantalons de toiles, des bottes de cuir souple, une chemise de lin autrefois beige et désormais de cette couleur de poussière des routes, tout autant que son justaucorps de velours. A sa taille, une ceinture de cuire ornée de feuilles de chêne supportant une longue et fine lame de Thaar. La nouvelle venue a ouvert la porte en toute décontraction, avise tout le monde de son regard noisette tout noirci par la poussière des chemins puis se dirige, sans un mot, vers Cassio qui est toujours occupé à lustrer ses bouteilles.
- Bonjour. Je cherche de quoi nous loger, mon escorte et moi-même, pour les dix prochains jours au moins. Nous sommes vingt et un. Avez-vous de quoi nous recevoir, l’ami, ou affichez-vous complet ?
Honnêtement, Louise apprécierait que cela ne soit pas le cas. La route depuis Langehack a été longue et toute son escorte est épuisée, tout comme elle l’est. Il leur faudra bien quelques jours de repos dans un bon établissement pour afficher une meilleure mine à la Cour, elle la première. Si la châtelaine sait être parfaitement jolie et même très belle dans les grandes occasions, elle sait aussi que chevaucher demande de l’attention, de l’entraînement, et de l’endurance, ce genre d’endurance qui ne permet ni les jupons ni les corsets, raison pour laquelle elle voyage de cette façon. C’est rapide, c’est facile, ça se lave et ça sèche tout aussi vite. L’inconvénient est que souvent on la prend pour une vagabonde tant elle est toujours pleine de poussière, de boue ou d’insectes dans les cheveux. Elle espère aussi que cela ne sera pas le cas ici car la fatigue réduit considérablement sa patience…
- Nous venons de loin. Nous venons du Nord et nous sommes fatigués. Vous êtes la quatrième auberge dont je franchis le seuil. Tous vos concurrents sont complets. Ou ne semblent guère intéressés par l’argent du Nord. Je paye comptant…si cela peut vous inciter à nous ouvrir vos portes.
Le tout est dit d’une voix douce à l’accent roulant mais le ton est las, fatigué et un peu irrité par les refus essuyés. Sans parler de son désir de prendre un bain, de se changer, d’apporter les soins que son corps réclame et de prendre un vrai repas. Elle allait ajouter quelque chose quand un grand homme tout couvert de poussière lui aussi s’approche et parle, de ce même accent roulant, d’une voix inquiète.
- Dame Louise, Enrik a de la fièvre…
Un soupir de la dame en question qui se retourne et qui dit, d’une voix claire :
- Je sais, Enguerrand, je sais. Chaque chose en son temps.
Louise reporte son attention sur Cassio.
- Un de mes hommes a mal géré sa rencontre avec le soleil du Sud malgré mes avertissements. Il a chevauché au soleil sans se couvrir et il souffre beaucoup. Il est très accablé et est déshydraté. Si vous n’avez pas de place pour nous, auriez-vous la gentillesse de me donner un peu d’eau dans un gobelet pour lui, s’il vous plaît ?
Louise est polie avec tout le monde, que l’on soit aubergiste ou roi. Enguerrand et la Dame de Fernel ont désormais le regard rivé sur Cassio, dans l’attente d’une réponse.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Sam 15 Mai 2021 - 1:08 | |
| La soudaine activité devant la porte de l’auberge attira l’attention de tous ceux qui se trouvaient dans la salle commune. « Ce n’est pas un groupe qui se présente là, mais une véritable armée. » Commenta Christian en tournant la tête vers Tibéria. « C’est une dame avec son entourage. Pour ma défense, j’ai dit que je n’avais pas compté, mais oui, ils sont plusieurs. » depuis son comptoir, Cassio soupira. « Inutile, je sais déjà que je n’ai pas de place pour tout le monde. »
« Quelle drôle d’idée de se déplacer avec autant de monde ! J’ai fait le voyage seul depuis Soltariel et je suis toujours en un seul morceau. » Tibéria haussa un sourcil à sa remarque. « La raison est simple, tu es un homme. » Le Soltarii gloussa. « On dirait presque un reproche. »
La conversation s’interrompit alors que la porte s’ouvrait sur une petite silhouette. Naturellement, la curiosité de tout le monde était piquée. Qui pouvait bien voyager avec une telle suite? Depuis quelques jours, la population de Diantra enflait sous l’afflux des voyageurs venus d’un peu partout dans le royaume afin d’assister aux Festivités. Il devenait donc de plus en plus difficile de se loger à mesure que la date fatidique approchait. En plus, leur origine semblait poser problème, comme si le fait qu’ils viennent du nord les rendait indésirables. Aux Quatre Vents, tout le monde est le bienvenu à condition de pouvoir payer, évidemment. Étant eux-même des exilés, l’idée d’interdire l’entrée à quelqu’un en se basant uniquement sur son lieu de naissance semblait tout à fait hors de propos. Malheureusement, même s’ils étaient disposés à les accueillir, la place manquait. Cassio faisait rapidement le calcul dans sa tête, mais même en ajoutant des lits, ils ne pourraient pas loger plus de la moitié de ces hommes. Comble du malheur, l’un d’eux était également souffrant. D’ailleurs, l’origine de son malaise fit sourciller Cassio ainsi que Tibéria qui se leva pour rejoindre l’ancien esclave. Ils échangèrent un regard concerné. Ils avaient déjà vu ce que la chaleur pouvait faire à un homme, comment elle pouvait le terrasser même s’il était apparemment en bonne santé.
« Je suis désolé de vous interrompre. Mon nom est Tibéria. J’étais la propriétaire de cette auberge avant de passer le flambeau à mon bon ami ici présent. Je n’ai pu m’empêcher d’entendre que l’un de vos hommes était souffrant à cause du soleil. En plus de la fièvre, est-ce qu’il manifeste d’autres symptômes? Est-il confus, par exemple? Est-ce que sa respiration est rapide? Si oui, c’est important de l’amener à l’intérieur le plus rapidement possible. Il faut faire baisser sa température et un verre d’eau ne sera pas suffisant. »
« Nous pouvons peut-être le faire descendre à la cave. C’est l’endroit le plus frais. » Fit remarquer Cassio avant de faire signe à l’une des servantes de s’approcher. « Fais amener de l’eau et des serviettes en bas. » Il se retourna ensuite vers Tibéria et la jeune voyageuse. « Le mieux est de le faire passer par l’entrée extérieure de la cave. C’est par là que l’on fait passer les tonneaux et la marchandise lourde. Ce sera plus facile s’il a du mal à se déplacer. » L’air profondément désolé, il ajouta. « Malheureusement, pour répondre à votre demande, je n’ai pas assez de place pour accueillir tout votre groupe. Par contre, il est hors de question que vous partiez d’ici sans vous être au moins rafraîchi un peu et sans avoir aidé votre compagnon. C’est bien peu, je vous l’accorde, mais peut-être trouverons-nous une solution. »
« Moi, j’en ai une. » Déclara une voix masculine teintée de l’accent Soltarii qui suivait depuis le début cet échange sans dire un mot, occupé à avaler son petit déjeuner. « Si tu as une solution pour agrandir magiquement mes chambres, libre à toi. » Répliqua Cassio avec un certain tranchant dans la voix. « Non non, rien de tel. Dis-moi, tu as de la place pour combien de personnes actuellement? »
« Pas plus de 15 personnes en ajoutant des lits et ils ne seront pas tellement confortables. »
« Très bien. Maintenant, si on ajoute à ça la maison de ville? »
Un large sourire apparu sur le visage de Tibéria. Même Cassio sembla étonné par la proposition. « Heu… Avec ça, on aura largement assez de place pour tout le monde. » Dit-il à contrecœur, comme s’il était vexé de ne pas avoir eu lui-même l’idée.
« La voilà votre solution… Une chance que je suis là... »
L’aubergiste pinça les lèvres, mais se garda de commenter. Il rapporta plutôt son attention vers la jeune femme.
« Eh bien, finalement… Si vous acceptez que votre groupe soit séparé, nous avons peut-être la solution pour vous. Mais avant toute chose, allons nous occuper de votre homme. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Sam 15 Mai 2021 - 20:47 | |
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Louise est fatiguée. Fatiguée par beaucoup de choses. Cependant, elle demeure polie et attentive, même si en réalité, elle donnerait cher pour dormir paisiblement quelques heures, dans un vrai lit, après avoir pris un bain chaud et un repas. Elle commande ces hommes qui sont eux aussi exténués. Elle ira donc se coucher en dernier après s’être assurée que chacun d’entre eux dispose du nécessaire et d’un confort bien mérité. Surtout Enrik qui a sérieusement pris le soleil, malgré ses avertissements répétés…
Elle avise alors une jolie dame là-bas qui s’approche de l’aubergiste avec lequel elle échange des regards. Le nom qu’elle prononce en se présentant fait plisser les yeux de Louise qui l’observe avec bien plus d’attention désormais. Tibéria ? Elle la regarde de la tête aux pieds avant d’écarquiller les yeux, stupéfaite. Louise ôte alors le voile qui protège le bas de son visage, révélant un gracieux sourire.
- Nous nous connaissons. Je suis Louise de Fernel, j’étais présente à votre mariage.
Cela étant, elle ne s’attarde pas sur l’évocation de cette radieuse journée de noces. Non, le plus urgent est Enrik qui est dans un état préoccupant, couché sur l’encolure de sa monture.
- Il a de la fièvre oui et la peau du visage, du cou et des épaules incroyablement rouge. Et surtout…il chante. Chose qu’il ne fait jamais. C’est d’ailleurs cela qui m’a alertée à propos de son état.
La châtelaine écoute ensuite les nouvelles annoncées par l’aubergiste. Il n’y a pas de place pour tout le monde. Déjà, Louise ferme les yeux et soupire, avant de passer une main sale sur son front, défaisant au passage ses cheveux. A l’idée même de devoir encore frapper à toutes les portes en espérant qu’on la reçoive, elle est mortifiée. Et pourtant, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions. Il faut bien loger ce petit monde et vite. Il est hors de question de dormir dehors ou au Temple.
- Enguerrand, emmenez Enrik à l’endroit dont il est question, soutenez le à plusieurs. Qu’il reçoive au moins quelques soins avant que nous…
Elle s’interrompt. Une chaude voix du Sud s’élève en proposant alors quelque chose d’assez inhabituel. Séparer l’escorte ? Les cils de Louise battent un peu plus vite. Ce serait une solution, c’est vrai. Une dizaine d’hommes ici, une dizaine d’autres avec elle en cette maison de ville dont elle ignore tout…Elle n’a de toute façon pas besoin de toute son escorte pour les cérémonies ou les réceptions à venir. Enguerrand et Aymeric seront largement suffisants pour assurer sa sécurité, une sécurité qui sera de toute façon assurée par la Garde Royale du Baudrier d’Argent.
- Pour être tout à fait honnête, tant que mon escorte reçoit des soins, de la nourriture et un bon lit, je serai satisfaite.
Elle s’éloigne d’eux, un bref instant, pour rejoindre Enguerrand dehors. Enrik est dans un très sale état, il chante et divague sur son cheval et il faut quatre hommes pour l’en faire descendre sans le blesser. La châtelaine ne quitte pas les opérations des yeux et suit du regard le petit groupe qui se dirige vers l’arrière du bâtiment tandis que les autres restent là, dehors, à côté des chevaux.
- Messieurs, il semble que nous ayons un logis pour notre séjour. Confiez vos chevaux aux palefreniers de l’auberge et entrez, le temps que je discute des détails avec l’aubergiste.
Elle rentre ensuite pour rejoindre Tibéria et Christian, un peu inquiète pour Enrik qui a déjà disparu au sous-sol.
- C’est très aimable à vous de nous recevoir, je désespérais de parvenir à nous loger avant la nuit. Je paye d’avance bien entendu et payerai les petits extras qui pourraient survenir. Quant à cette maison de ville, où est-elle ? Est-ce loin d’ici ? Je souhaite garder le contact facilement avec mes hommes qui seront seuls en une ville étrangère…
Tout comme elle souhaite garder ses hommes les plus vaillants à ses côtés. Non pas qu’elle se méfie, elle sait parfaitement se défendre en cas de nécessité, mais deux précautions valent toujours mieux qu’une, surtout en voyage, surtout dans la résidence d’une personne dont on ne sait rien. Elle a d’ailleurs un regard pour Tibéria, un regard curieux et pourtant aimable, le même qu’elle porte à Christian.
- Je ne m’attendais guère à vous trouver ici, Dame Tibéria. Comment se porte votre époux ?
Peu à peu, les hommes de Fernel font leur entrée, prenant place sur les chaises libres, tous ont l'air fatigués, épuisés et auraient bien besoin de quelques soins, en plus de manger un bon repas.
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| | | Tibéria de Soltariel
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Dim 16 Mai 2021 - 1:45 | |
| Tibéria est un peu surprise, mais reconnaît la jeune femme. Elle sourit à son tour tout en notant les traits tirés par l’épuisement de Louise.
« Oui, je me souviens de vous. Je ne crois pas qu’on ait eu l’occasion d’échanger plus que quelques mots, malheureusement. C’est un plaisir de vous revoir. »
Elle l’aurait volontiers invité à s’assoir à une table, mais Louise était l’une de ces personnes qui acceptaient de se reposer que lorsque son entourage avait reçu l’attention nécessaire. Alors Cassio et Tibéria s’assurèrent que leur besoin soit satisfait. L’ancienne duchesse n’était peut-être plus la propriétaire des lieux, elle en connaissait le fonctionnement et ne craignait pas de mettre la main à la pâte. Le malade fut amené dans la cave où on l’installa parmi les réserves. Ce n’était pas très confortable, mais l’air y était frais. On le débarrassa d’une partie de ses vêtements avant d’appliquer des compresses d’eau froide sur sa peau brûlante et de le faire boire. Pendant ce temps, on distribua également de l’eau au reste de la troupe et chacun put faire un minimum de toilette.
« Ce n’est rien. Je crois que l’on pourra s’arranger pour les prix. De toute façon, cette maison ne sert pas à grand-chose. Pour l’instant, elle héberge mon bon ami ici présent. Laissez-moi d’ailleurs vous présenter Christian Giovanelli, Soltarii jusqu’au bout des ongles. Christian, voici Dame Louise de Fernel. »
Le regard pétillant, Christian s’inclina gracieusement devant la jeune femme avant de la gratifier de son sourire le plus charmant.
« C’est un plaisir de vous rencontrer, ma Dame. »
« Je compte sur toi pour bien te tenir, Christian. »
L’homme s’esclaffa.
« Je ne fais aucune promesse de la sorte, tu le sais bien. »
Tibéria rit à son tour avant de s’adresser à Louise.
« La maison n’est pas très loin d’ici, près du palais royal. Je dirais peut-être 15 à 20 minutes de marche si l’on traîne les pieds. Évidemment, à cheval c’est bien plus rapide et le trajet est très facile même pour quelqu’un qui ne connaît pas du tout la ville. Elle appartient à ma famille depuis longtemps et vous la trouverez tout à fait adaptée à vos besoins. Nous avons trois chambres libres. L’une sera pour vous, les deux autres je vous laisse décider à qui la chance. Ensuite, nous distribuerons les lits dans les quartiers des serviteurs. Tout le monde aura un lit confortable pour dormir ce soir, soyez sans crainte. »
« Voilà un bel exemple de ce que l’on appelle l’hospitalité Soltarii. » Ajouta Christian sans se départir de son sourire.
« C’est bien vrai! Si je suis là, c’est évidemment à cause des festivités organisées par la couronne. Je sais que Cassio a préparé plein de petites choses afin de mettre le sud à l’honneur. Ça sera très festif dans cette auberge, vous pouvez me croire. Quant à mon mari, il devrait nous rejoindre ici d’un jour à l’autre. Je suis parti au début de l’été avec une caravane dans le but de conclure des accords commerciaux pour Papincourt. Je me suis rendu jusqu’à Langehack avant de revenir vers Diantra. Si tout va bien, je devrais reprendre vers le nord par la suite. »
Cassio réapparut à ce moment, le visage soucieux. Il venait d’aller voir le malade. Tout comme Tibéria, il savait que le soleil pouvait se montrer très sournois pour ceux qui ne faisaient pas attention et cet homme apprenait durement la leçon.
« Je ne veux pas être défaitiste, mais l’état de votre homme est très sérieux. Nous faisons notre possible, mais on ne sait jamais avec les coups de chaleur. Toutefois, il a quand même demandé s’il ne pouvait pas prendre un peu du vin que l’on garde en bas. Je suppose que c’est un bon signe. Nous allons quand même le garder à l’œil. Si vous voulez bien m’accompagner, ma dame, nous allons arranger les détails de votre séjour parmi nous. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Dim 16 Mai 2021 - 6:24 | |
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- Quelques mots oui, en effet. C’est toujours difficile de parler aux mariés, dans ce genre de grande cérémonie.
Louise sourit tranquillement. Elle ne s’en était absolument pas offusquée. Elle s’estimait déjà bien chanceuse d’y avoir été invitée et puis ce mariage de Papincourt a été le déclic, l’occasion, le prétexte pour prendre la route à cheval, depuis Fernel. Il lui fallait une raison de fuir son domaine qui lui faisait alors l’effet d’une prison hantée de mauvais souvenirs. Ce mariage de Papincourt, c’était les débuts initiatiques de Louise sur le chemin tortueux de la diplomatie péninsulaire. Alors, certes elle n’est guère de velours ni de soie, mais…à force d’être sur les routes et de rencontrer du monde, la châtelaine s’est étoffée un très sérieux bagage de connaissances, des connaissances étendues sur bien du monde et bien des points, souvent sur les plus inattendus. Revoir Tibéria de Soltariel, ici, dans une auberge de la capitale, cela ressemble à un clin d’œil du destin. Et cela amuse énormément la châtelaine qui sourit toujours, en songeant à toutes ces considérations étranges sans en partager la teneur avec son hôtesse. Peut-être lui en confiera-t-elle quelques mots plus tard mais en attendant… - Je payerai ce qu’il faut. Mes hommes et moi savons nous tenir, quoi que l'on puisse penser des gens du Nord, Dame Tibéria. Nous vivons simplement, à Fernel, mais nous ne manquons jamais de rien. J’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas tomber dans les libéralités honteuses en déplacement, tout comme mes hommes. Même en voyage, nous nous contentons de ce que l’on nous offre sans faire d’histoire. Vous pouvez donc être tranquille sur ce point, mes hommes ne poseront absolument aucun problème ici. Il en ira de même en cette résidence que vous mettez à ma disposition.
Elle a un regard vers la porte, un instant, avant d’ajouter : - J’ai avec moi un très habile ferronnier, probablement l’artiste le plus talentueux que je connaisse. Si vous avez besoin de choses et d’autres durant leur séjour ici, vous pouvez lui demander son avis ou son aide. C’est un artisan de talent. Il s’appelle Gendry.
La châtelaine tourne alors la tête vers Christian Giovanelli, présenté par Tibéria. Louise salue de la tête, aimable et courtoise, ainsi qu’elle l’est avec tout le monde, non sans noter le sourire ravageur, l’œil luisant, la peau mat. Impossible de s’y tromper, il s’agit bien d’un homme du Sud. - Je suis ravie de même, Monsieur Giovanelli.
Elle a un bref haussement de sourcil en entendant la Dame de Soltariel évoquer l’attitude de Christian. Elle les regarde même tous les deux, un instant. Si Louise parle peu et est pèse ses mots, cela ne l’empêche pas d’étudier ceux qui lui font face, ainsi qu’elle a appris à le faire depuis quelques mois. Et tous deux ne font pas exception à la règle. Pour autant, elle garde pour elle ses considérations personnelles et se concentre alors sur les propos de l’aubergiste revenu de la cave avec un air profondément soucieux. Louise fronce immédiatement les sourcils en l’écoutant, avant de se lever. Chevaucher au soleil n’est pas une activité anodine, elle le sait parce qu’elle monte depuis qu’elle est en âge de le faire. Les brûlures, la déshydratation, les étourdissements, tout cela est connu de tous les cavaliers qui portent généralement, sur de longs trajets, des protections, des capes, des capuches, bref des moyens qui empêchent le soleil de blesser bien plus sournoisement qu’un coup de couteau. C’est un fait qu’elle a pu vérifier au cours de ses nombreux déplacements à travers toute la Péninsule. Enrik, lui, malheureusement, en est à son tout premier voyage de grande ampleur et remplace dans l’escorte le sieur Jehan Houlpays, inopinément disparu à Papincourt. A peine dix-huit ans, fier comme seul un Nordien peut l’être, il a voulu jouer au plus fort et le paye maintenant bien chèrement. S’il s’en sort sans trop de séquelles, il y a fort à parier qu’il portera désormais sa cape pour le retour vers Fernel. - Je vous suis, dit Louise à l’aubergiste. Un peu plus loin, au comptoir, Louise divise alors son escorte en silence avant d’exposer la répartition à Cassio. - Dix hommes ici, avec leurs chevaux. Monsieur Adkin, le ferronnier dont je vous ai parlé tout à l’heure, restera ici également. Je souhaite qu’ils disposent tous de draps propres, des moyens nécessaires à une toilette quotidienne ainsi que de repas chauds en suffisance, tout comme les boissons. Je ne tiens pas particulièrement à les restreindre, c’est la fête pour eux aussi et je sais que de toute façon, ils sauront rester dignes.
Un regard pour les hommes assis là-bas et qui parlent à voix basse. - Dix autres hommes m’accompagneront en cette résidence de ville dont vous parliez. Enguerrand Lagarde, mon maître d’armes, disposera de sa propre chambre, tout comme Aymeric Atréis, le capitaine de ma garde. Pour ma part, j’aurai tout simplement besoin d’une dame pour me coiffer. Je m’occupe de ma toilette seule.
Un petit sourire amusé. - J’ai emporté de quoi largement payer pour l’hébergement, la nourriture et l’entretien de mon escorte tout autant que des chevaux. Désirez-vous peut-être un acompte, en guise de bonne foi ?
Elle croise les doigts sur le comptoir. Cela se fait parfois, dans certaines auberges, quand l’hôte n’est pas certain de la solvabilité de ses résidents. Elle sait aussi que sa mine et celles de ses hommes ne plaident pas en leur faveur, elle avance donc un argument qui montre qu’elle est parfaitement honnête.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Dim 16 Mai 2021 - 13:23 | |
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Au comptoir, Cassio prenait des notes dans un grand registre alors que la jeune femme lui expliquait les détails de la répartition et des besoins pendant leur séjour. Louise ne le savait pas encore, mais cet homme était extrêmement minutieux. Avant d’être aubergiste, il avait été l’éminence grise du palais de Soltariel, assurant la gérance de son personnel ainsi que les besoins de ses habitants. Aux yeux de Tibéria, cet homme pouvait accomplir de véritables petits miracles. Bref, si Louise s’était fait fermer la porte au nez, c’était pour aboutir au meilleur établissement en ville. S’ils avaient encore de la place, c’était seulement parce qu’ils souffraient également de leur origine. Le sud n’avait pas toujours une très bonne réputation, mais au fil du temps le bouche-à-oreille avait fait son œuvre et l’auberge des Quatre Vents s’était bâti une solide clientèle. Si Louise recevait un service impeccable, elle en parlerait forcément à son entourage, attirant ainsi d’autres personnes.
« J’ai tout noté. Une fille viendra à la maison s’occuper de vous tous les matins. Il y a un système dans la maison qui permet d’appeler les serviteurs uniquement lorsqu’on a besoin d’eux, mais tout vous sera expliqué lorsqu’on ira là-bas. Elle attendra que vous ayez besoin d’elle et repartira par la suite. Tous ceux qui seront à la maison de ville auront leur propre chambre. La maison Soltarii-Berontii a toujours bien traité son personnel de maison. Les pièces sont plus petites que les chambres de la famille et forcément moins luxueuses, mais disposent de tout le confort nécessaire. Ceux qui resteront ici seront logés dans notre dortoir. C’est 10 lits disposés dans une salle pratiquement aussi grande qu’ici avec des écrans pour un minimum d’intimité, un coffre au pied de chaque lit afin de ranger leurs affaires et le minimum pour faire leur toilette tous les jours. Il est possible de prendre un bain à la demande pour un petit montant. Pour le repas, ce soir il faudra le prendre ici, car il n’était pas prévu que l’on ait autant de monde dans la maison de ville. À partir de demain, vous pourrez manger là-bas à moins que vous préfériez vous réunir tous ici. Dans ce cas, faudra juste m’en avertir afin que je revoie l’organisation. » Cassio sourit. « L’acompte ne sera pas nécessaire. Toutefois, s’il advenait qu’un bris survienne durant votre séjour, le montant des réparations sera ajouté au montant total. C’est un avertissement que je donne à tout le monde. Maintenant que le plus ennuyeux est fait, je vous souhaite un bon séjour dans la capitale. »
C’était le signal pour Tibéria qui s’approcha à nouveau du comptoir, Christian la suivait sur les talons.
« Je suppose que vous voulez voir où vous logerez pour les prochains jours. Nous allons vous y escorter Christian et moi. Nous irons à cheval, c’est plus rapide. »
Le chemin était effectivement facile pour s’y rendre. Déjà, ils disposaient d’un point de repère impossible à manquer : le palais. Il suffisait de remonter la rue qui allait en sa direction. À un moment, la rue faisait une fourche. Il fallait alors prendre à droite et continuer sur la voie la plus large qui traçait une courbe avant de monter légèrement. Là, les maisons devenaient de plus en plus luxueuses.
« Là, il faut trouver la maison avec un soleil sur la porte. » Expliqua Christian qui chevauchait aux côtés de Louise à sa droite. Tibéria était à sa gauche. Il pointa du doigt en direction de l’une des demeures. Elle était imposante et superbe, mais ne se distinguait pas vraiment des autres. Seule sa porte rouge offrait une indication. Un soleil y avait été sculpté. « C’est là. »
« Si jamais vous craignez de vous perdre, vous pouvez toujours demander à l’un des garçons ici. Ils vous escorteront jusqu’à l’auberge ou ailleurs en ville si vous voulez. » Ajouta Tibéria alors qu’elle guidait sa monture jusque dans la cour à l’arrière de la maison où se trouvait l’écurie. Il y avait déjà beaucoup d’activités. Cassio y avait envoyé des gens afin de préparer les lieux et ils s’activaient dans tous les sens.
« C’est qu’il ne perd pas de temps ce Cassio. »
Christian descendit de sa monture qui fut aussitôt récupérée par un garçon d’écurie.
« Cassio prend toujours les choses très au sérieux. Il aurait probablement préféré qu’on attende un peu que l’action soit passée avant de les amener ici. »
« Sans doute! »
Lorsque tout le monde fut descendu de selle, Tibéria les escorta à l’intérieur. Sans doute par excès de fierté, elle décida de les faire passer par l’avant. Elle voulait montrer ce qu’avait été sa famille. Ce n’était pas Béronia, mais l’esprit de Soltariel s’y retrouvait. En franchissant la porte rouge, ils arrivaient directement dans un grand vestibule au plafond très haut et ornementé. Un imposant escalier menait à l’étage supérieur. Un grand portrait était accroché au mur vis-à-vis de la porte. On y voyait Tibérius Soltari-Beronti qui toisait les arrivants d’un regard sévère en compagnie de sa femme Valentina de Sephren et de leurs quatre filles. Tibéria ne devait pas avoir plus de 4 ans. Que ce soit dans le tapis au sol ou sur les tentures au mur, le rouge occupait une place importante sans pour autant écraser le visiteur qui entrait ici pour la première fois. Le soleil était également représenté en plusieurs endroits plus ou moins discrètement.
« Le salon est là et la salle à manger est par ici. Pour atteindre le quartier des serviteurs, il faut passer par la porte qui est là-bas au fond. Il y a aussi une salle à manger en bas qui est réservée au personnel, mais je crois que vous allez probablement opter pour la cuisine de l’auberge. J’ai conscience que cette maison est peut-être un peu trop opulente. Pour ceux qui logeront en bas, vous pouvez vous y rendre maintenant afin de vous installer. Dame Louise, suivez-moi, je vais vous montrer votre chambre. »
Louise occupera l’ancienne chambre de Tibéria. C’est de loin la plus grande avec un lit massif et même la présence d’une baignoire derrière un paravent. La décoration y est exquise avec sa cheminée au manteau en marbre sculpté et quelques fauteuils qui forment un petit coin boudoirs. Il y a une coiffeuse avec un miroir en trois panneaux ainsi qu’un autre qui permet de s’admirer des pieds à la tête. Les trois fenêtres qui donnent sur la rue laissent entrer une abondance de lumière à cette heure du jour.
« J’espère qu’elle vous convient. Juste ici, il y a un système de clochette qui vous permet d’appeler quelqu’un depuis les cuisines. »
« Pour ma part, je loge juste en face. Je tâcherai de ne pas faire trop de bruit. » Christian s’avança dans la chambre. « Mais pourquoi n’ai-je pas eu cette chambre? Il y a même une bibliothèque là-bas! »
« Ce n’est pas à moi qu’il faut demander, mais à Cassio. »
« Hum! Je connais déjà la réponse... »
Tibéria sourit alors que Christian se dirigeait vers la bibliothèque afin d’en examiner le contenu. Christian s’était déjà largement servi parmi ces livres, mais il faisait ça pour la forme et l’ancienne duchesse le savait.
« Peut-être que vous serez trop fatigué pour ça ce soir, mais j’aimerais bien que nous partagions un repas tous les trois ensemble. Qu’en pensez-vous? »
« Moi, je suis d’accord! Quel genre d'homme refuserait de manger en compagnie de deux magnifiques jeunes femmes? » S’empressa de répondre Christian depuis l’autre bout de la pièce. Des bruits dans l'escalier indiquaient qu'on guidait les autres invités de marque à leur chambre.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Dim 16 Mai 2021 - 18:23 | |
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Le marché est tout à fait honnête. Ses hommes auront donc tout le confort nécessaire ici, dans l’auberge, et ils pourront se détendre un peu, même si Louise doute qu’ils y parviennent. Il a tout de même fallu un banquet nain pour dérider Enguerrand…Et la majorité de l’escorte de Louise est à la semblance du Maître d’armes. Ils sont fiers, ils sont grands, ils sont silencieux et distants, des Nordiens perdus en dehors de tous leurs repères. Il y a fort à parier qu’ils demeureront entre eux et qu’ils éviteront de se mélanger aux autres résidents de l’auberge.
Rassurée, Louise esquisse, enfin, un vrai sourire de soulagement.
- Ajoutez donc quelques soins pour Enrik également. Et…
Elle tend la main vers Enguerrand qui approche avec un sac dont elle fouille le contenu avant d’en extraire une petite bourse de toile dans laquelle tinte des pièces. Elle la tend à Cassio, en insistant.
- Voilà de quoi couvrir nos deux premiers jours. Je vous ferai parvenir le solde en temps et en heure. Je vous confie mes hommes, prenez en soin, je viendrai m’enquérir de la santé d’Enrik plus tard.
Elle salue d’un mouvement de la tête puis approche ses hommes et leur explique donc la répartition. La bienheureuse moitié qui doit demeurer à l’auberge semble soulagée de ne pas avoir à se remettre en selle et les hommes concernés sont tout à fait contents de rester sur place. Le reste se lève et se dirige déjà vers la porte. Louise sort donc, en compagnie de Tibéria et de Christian avant de grimper, un peu moins souplement que d’habitude, sur le dos de Lasgalen, le magnifique hongre de Fernel. Elle lui parle, en cette langue étrange qui est propre aux palefreniers de sa seigneurie, puis le cheval avance, d’un pas lent, guidé par les mouvements de jambe de Louise.
- Mon cheval est fatigué lui aussi. Il aura besoin de bonne paille, d’eau fraîche et de soins…N'est-ce pas mon ami ?
L’animal hennit tout en secouant sa tête de haut en bas, ce qui fait rire Louise. Lasgalen, c’est sa meilleure monture, un animal à nul autre pareil. Il la suit absolument partout. Et ici encore ses sabots claquent sur les pavés, tandis que défile devant eux le paysage étourdissant d’une cité en pleine effervescence. Il y a énormément de monde, des paysans, des bourgeois, quelques membres de petite noblesse pour le peu qu’elle peut en juger en voyant les étendards ici et là, des chevaliers…Toute la vie bruyante de Péninsule est ici, assemblée pour le sacre de son Roy. En elle-même, Louise se dit qu’elle n’aurait jamais pu traverser pareille foule pour se rendre au palais sans prendre le risque de sérieusement abîmer sa tenue ou qu’on ne lui vole ses bijoux. Une chance qu’elle soit tombée sur Tibéria de Soltariel…
A la semblance de son escorte, la chatelaine est peu, très peu loquace, privilégiant l’observation accrue de toute ce qui l’entoure, ainsi qu’elle le fait toujours. Douze cavaliers en route vers le quartier des Mille Soleils, voilà qui est déjà un petit spectacle en soi. Les regards se posent sur Enguerrand et Aymeric puis sur Louise juste devant eux, entre Tibéria et Christian. Visiblement, les gens n’ont pas tellement l’habitude de voir des cavaliers du Nord par ici.
Passée la garde qui mène au plus beau quartier de la ville, Louise se sent un peu moins oppressée, plus à l’aise. Les résidences sont absolument magnifiques, ostentatoires mêmes, comme s’il s’agissait d’afficher plus brillamment ses richesses que son voisin dans un concours de luxe très déplaisant. Louise est une femme qui aime les belles choses, certes, mais qui se cantonne à une stricte élégance de cour, pas un étalage de fortune totalement décadent comme elle peut le voir ici. Un soupir. Elle sait qu’elle est à la Capitale et que pour avoir l’attention des plus grands, il faut briller autant qu’eux mais…
- Est-ce bien une fontaine de marbre blanc que je viens de voir ? Et là…de l’or ? Aux fenêtres ?
C’est comme un rappel de tout ce qu’elle n’a pas. Une extrême richesse, une charge à la Cour, des relations, une résidence en la capitale, comble du snobisme. Elle qui pensait avoir un peu d’influence, elle se sent soudain bien ridicule face à tout cet extravagant étalage. Oui, elle a des sous, bien plus qu’avant depuis ses relations commerciales avec le Zagazorn mais…rien qui ne pourra jamais lui offrir une résidence ici. Ou même tout simplement une réputation qui pourrait faire qu’elle puisse se distinguer des nobles riches et puissants.
Pourtant, Louise s’est donnée sans compter ces derniers mois. Elle a parcouru le monde, elle a noué des alliances avec les plus grands et même avec un Roi étranger, devenant dans le même temps Amie du peuple nain. Elle a averti la Cour, le conseil royal, de la présence de Drow dans le Nord et pourtant, elle demeure anonyme au milieu de tous ces gens bien plus titrés et fortunés qu’elle. C’est du moins ce qu’elle se dit en voyant là-bas une noble dame somptueusement parée en train de se promener dans un jardin rempli de roses…Cette impression que le Nord est totalement abandonné à lui-même, laissé pour compte aux mains de pairs qui n’en font qu’à leur tête et selon leur bon plaisir lui serre le cœur tout autant que ses mains se serrent sur les rênes de Lasgalen. Le cheval renâcle d’ailleurs, elle le calme d’un geste de la main sur son encolure, autant pour l’apaiser lui que pour s’apaiser elle.
Elle n’a pas le temps de réfléchir plus avant que déjà ils arrivent devant une magnifique résidence. Une résidence fort proche du palais royal, un palais qu’elle n’a jamais vu d’aussi près. La châtelaine met sa main en visière sur son front pour tenter d’apercevoir les plus hautes tours du palais, retenant une exclamation de ravissement. C’est tout simplement grandiose.
- C’est différent du palais de Kirgan, n’est-ce pas Enguerrand ?
Car pour l’escorte de Louise, c’est également une première. Si Louise et son maître d’armes sont brièvement passés à Diantra il y a de cela de longues ennéades, ils n’ont pas pu approcher le palais de la sorte. Là, ils n’auront pas long à marcher pour rejoindre la Cour, ce qui les réjouit. La montée est tout de même impressionnante même à pied…
Mettant pied à terre, ainsi que toute son escorte, Louise emmène alors Lasgalen vers l’écurie tout en répondant à TIbéria :
- J’ai un très bon sens de l’orientation, ne vous en faites pas pour ça. Je retrouverai l’auberge sans difficulté, croyez-moi.
L’habitude de voyager lui a au moins permis d’assurer cette compétence-là. Après tout, savoir d’où on vient permet de savoir où l’on va. Elle ne donnera pas de suite son cheval à un garçon d’écurie, non. Elle prend son temps, observant la stalle qui va le recevoir, parlant un peu avec les palefreniers pour s’assurer que tout ira bien pour lui. Quand cela sera fait, elle passera une main douce sur l’élégant chanfrein de Lasgalen avant de murmurer, en cette langue particulière utilisée à Fernel :
- Repose toi Ami. Je viendrai tout à l’heure.
Lasgalen s’éloigne alors, suivant docilement le petit palefrenier, tout autant que les autres chevaux de sa suite. La châtelaine suit Tibéria et Christian, avisant enfin dans son grand ensemble la résidence qui va la recevoir. Du rouge, partout. Une couleur qu’aime Louise et qui la met toujours en valeur. Elle se sent bien ici, même si le décor sort tout à fait de ce qu’elle côtoie d’ordinaire. A Fernel, il n’y a point de place pour ce genre de coquetterie. Les murs sont de grosses pierres grises extraites des Monts d’Or, de lourdes et épaisses pierres dépourvues, pour la plupart, du moindre ornement si ce n’est des tapisseries représentant des scènes de chasse ou de guerre, des armes ou des trophées de chasse fixés sur des supports en bois. Un intérieur austère et martial, qu’elle tente d’égayer, quand elle se trouve au château plus d’une ennéade. Ce qui n’arrive pas très souvent, il faut bien le reconnaître. Le nez en l’air, elle observe le tout, avec un sourire tranquille. Sa capuche glisse de dessus ses cheveux, révélant une coiffure tressée serré, plus commode pour les longs trajets. Louise a de longs cheveux soyeux, de lourdes boucles noisette, quand ils ne sont pas couverts de poussière comme ils le sont actuellement.
- C’est très beau. Différent de mon château mais très très élégant. J’aime beaucoup cet intérieur, Dame Tibéria.
Elle écoute les instructions de la propriétaire des lieux, non sans aviser le sévère portrait trônant en face d’elle, au-dessus de l’imposant escalier qu’elle gravit désormais, pour se rendre dans la chambre mise à sa disposition. Une vraie chambre de Dame, avec un grand lit, une coiffeuse, et même une cuve là-bas. Louise a un large sourire de contentement, notant ici et là les petits points qu’elle pourrait apporter à sa propre chambre à Fernel. Elazar a certes redécoré le tout mais il n’en demeure pas moins que sa chambre manque de cette indispensable touche féminine qu’elle apprécie ici.
- C’est parfait Dame Tibéria, vraiment parfait.
Elle ôte déjà sa cape et la pose sur une chaise non sans observer Christian qui, selon toute vraisemblance, occupe la chambre juste en face. Qui est cet homme au juste, lui qui semble si proche de son hôtesse ? Elle ne pose pas de questions pour l’instant, estimant cette approche un peu trop abrupte et directe. Chaque chose en son temps.
Enguerrand et Aymeric suivent, approchant dans le couloir, à la recherche de leur chambre respective. - J’aimerais que mes hommes ne soient pas trop éloignés de ma chambre, si cela est possible.
Une demande somme toute légitime pour celle qui va devoir les voir souvent, ne serait-ce que pour coordonner les démarches et toutes ces choses qui s’annoncent en vue de l’événement qui aura lieu dans quelques jours.
- Pour le reste, je prendrai volontiers un repas, très certainement même mais pour être tout à fait sincère, je rêve de prendre un bain et de me détendre un peu avant toute chose…La route a été longue depuis Langehack. Peut-être serait-il plus opportun de manger ici ce soir, quelque chose de léger ? Je sais que mes hommes seront bien traités à l’auberge, je ne m’en inquiète donc pas pour l’heure…
Elle évolue lentement dans la chambre avant de s’arrêter à une fenêtre et de regarder l’extérieur, pensive.
- Dites-moi Dame Tibéria, s’il advient que je doive recevoir une personne ou l’autre durant mon séjour, puis-je la recevoir ici, dans cette maison ? Je ne connais que très peu la ville et je voudrais pouvoir me ménager quelques moments loin des bruissements de la Cour. Y verriez-vous un inconvénient ?
C’est sa maison après tout, elle a le droit de refuser la demande. Si c’est le cas, Louise rencontrera ces personnes ailleurs.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Dim 23 Mai 2021 - 12:40 | |
| « En fait, je n’ai pratiquement rien changé à la décoration. Je l’ai hérité tel quel, seuls quelques portraits de famille ont été ajoutés, des œuvres rescapées de Béronia. Je suis contente que ça vous plaise. » Si Louise était impressionnée par cette demeure, qu’aurait-elle pensé des splendeurs que recelait Béronia? Elle aurait peut-être trouvé que c’était trop. Les gens du nord désapprouvaient de manière générale le mode de vie fastueux de leur compatriote du sud. C’était une fierté pour eux de montrer leur réussite et d’étaler à la vue de leurs voisins les richesses accumulées. Personne ne devrait avoir honte de sa réussite, mais certains poussaient bien évidemment le concept à l’extrême. Combien de famille s’était ruinée dans le seul but de sauver les apparences? Même encore aujourd’hui et malgré une nette amélioration de sa part, Tibéria était encore sujette à ce genre de pensée et accordait énormément d’importance au regard des autres. Christian l’avait dit lui-même : on pouvait sortir la femme de Soltariel, mais on ne pouvait pas sortir Soltariel de la femme. Heureusement, Louise semblait tout à fait satisfaite de la chambre qu’on lui proposait. Tibéria n’aurait jamais eu spontanément l’idée d’ouvrir cet endroit à des étrangers, surtout par crainte de jugement. Christian n’avait sans doute pas pensé à ça en proposant cette solution, mais au final, les choses se passaient plutôt bien. Cette maison reprenait vie le temps de quelques ennéades et ça mettait un baume au cœur de l’ancienne duchesse. « Les chambres sont toutes sur le même étage, mais peut-être que Christian accepterait d’échanger la sienne avec une autre afin que vous soyez plus près de vos compagnons. »Tibéria se tourna vers Christian qui leva le nez du livre qu’il était en train de feuilleter. « Quoi? On parle de moi? »Il referma l’épais volume et le glissa à sa place parmi les autres. « Dame Louise souhaiterait que ces hommes soient plus près de sa chambre. Accepteriez-vous de changer la vôtre pour le restant de votre séjour? »Son regard alla de Tibéria à Louise avant de revenir à la première. « Sans problème. Je peux m’en charger à l’instant. »C’est de lui que venait l’idée de départ d’héberger des inconnus ici, ce n’était pas le temps de faire des caprices, mais Christian pouvait se montrer très accommodant, surtout si un jolie femme était impliquée. Maintenant qu’il en avait deux devant lui, elles pourraient lui demander n’importe quoi et il accepterait. « Merveilleux! »Le mage s’inclina devant les deux jeunes femmes et quitta la chambre. Si les choses pouvaient toujours aller aussi rondement dans la vie, elle serait beaucoup plus facile. À part celle qu’occuperait Louise qui était plus grande, les autres chambres étaient de taille équivalente. Christian n’était pas sur le point d’être forcé de dormir dans les écuries, Tibéria ne le permettrait pas de toute façon. « Bien sûr, je comprends la nécessité. J’ai passé beaucoup de temps sur les routes récemment. Il n’y a rien de plus agréable que de prendre un bain après un long voyage. Je vais vous en faire préparer un immédiatement et demander aux cuisines quelque chose de léger pour ce soir. »Tibéria avait déjà hâte à ce soir. C’était toujours un plaisir pour elle de recevoir, même modestement. Elle aimait rencontrer de nouvelles personnes et discuter de tout et de rien. Évidemment, ça façon d’accueillir ses invités n’était plus la même qu’à l’époque, mais ça n’avait pas empêché faire des rencontres fascinantes. L’ancienne duchesse s’apprêtait à se retirer lorsque Louise lui fit une dernière demande. Tibéria s’arrêta. C’était une question anodine, mais les possibles implications derrière s’avéraient plus complexes. Autant être franche. « Je n’y vois pas d’inconvénient. » Commença Tibéria avec un sourire. « Toutefois, il faut garder en tête que cette maison appartient à une famille qui n’a plus le lustre qu’elle avait jadis. Je crois que depuis le temps, les gens n’y accordent plus vraiment d’attention, mais il se pourrait que des commentaires soient faits. Je n’aimerais pas apprendre que vous vous êtes retrouvé dans une situation embarrassante par ma faute. En gardant cela à l’esprit, vous êtes libre d’inviter des amis si vous voulez. Je suis certaine que Christian va apprécier la compagnie, lui qui ne cesse de se plaindre que cette maison est désespérément vide. Sur ce, je vais vous laisser. Profitez des prochaines heures pour vous reposer. Christian et moi avons prévu de sortir, vous avez donc l’endroit pour vous. »À ces mots, elle s’inclina avant de quitter la pièce. ~~~~~ [Quelques heures plus tard.] « Bon, la prochaine fois que vous allez proposer une idée de la sorte, je vais galamment refuser et rester ici à boire du vin et à lire un livre. L’humiliation à assez duré. »Les vêtements de Christian étaient couverts de poussière et il se massait d’une main le bas du dos en grimaçant. « Et manquer tout le plaisir? Allons, à l’exception de votre petit accident, ne dites pas que vous ne vous êtes pas amuser un peu! »« J’ai cru pendant un instant que je m’étais brisé des côtes. Saleté de chat! Et saleté de cheval pour avoir eu peur d’un stupide félin. »« Vous dites ça, car vous avez une fois de plus perdu contre moi à la course. »« Nul ne pourrait douter que vous êtes une redoutable cavalière. Je m’incline devant votre magnificence. »Les deux jeunes gens passèrent au salon. Ils formaient un duo remarquable. Tibéria portait une tenue de cavalière aussi poussiéreuse que celle de Christian. Ses cheveux étaient passablement ébouriffés, mais elle ne s’en souciait pas le moins du monde. Elle affichait plutôt un large sourire de triomphe. Même Christian, malgré ses protestations, semblait avoir passé une très belle journée. Le ton de sa voix ne trahissait pas un réel agacement, mais plutôt la forte complicité qu’il partageait avec la belle Soltarii.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Lun 24 Mai 2021 - 14:42 | |
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Louise esquisse un sourire content en entendant que ses hommes peuvent demeurer au plus près. Non pas qu’il s’agisse d’un manque de confiance, il s’agit avant tout d’une habitude qui ne la quitte jamais vraiment. Où qu’elle se soit rendue, ses hommes ont toujours été proches, à veiller sur elle, tout en gardant cette discrète distance qu’impose le protocole. - Bien, si cela est donc possible, j’aimerais que mon maître d’armes, Enguerrand, occupe cette chambre face à la mienne. Aymeric pourra peut-être occuper celle qui se trouve juste à côté…
Un regard pour Christian, accompagné d’un sourire. - C’est très aimable à vous de céder votre chambre quelques jours.
Rassurée sur ce point et par la radieuse perspective d’un moment de paix dans une cuve remplie d’eau chaude, elle écoute Tibéria qui explique alors des choses beaucoup moins plaisantes. La châtelaine sait, bien sûr. Même en habitant dans le Nord, elle a appris les déboires de l’ancienne duchesse de Soltariel, même si les bruits et les faits ne lui sont parvenus qu’atténués. Louise, élégante et courtoise, n’en a jamais fait mention et ne le fera sans doute jamais à moins que son hôtesse ne désire qu’il en soit autrement et qu’elle aborde elle-même la chose. La jolie cavalière sait à quel point certains sujets peuvent être sensibles dans la noblesse péninsulaire et elle ne mettra jamais quiconque dans l’embarras en évoquant des souvenirs qui peuvent être douloureux. Elle comprend donc parfaitement ce qu’elle explique et ne peut s’empêcher de sourire. - Je poserai la question à ces personnes qui pourraient se rendre ici afin de partager quelques instants loin de la Cour. Cependant…Je ne suis personne, Dame Tibéria. A peine plus qu’un noble dépourvu de ses terres, aux yeux de l’écrasante majorité des nôtres. Peu de personnes savent qui je suis, je pense même que très peu de gens savent où se trouve ma seigneurie. Pensez-vous réellement que la Cour en a quelque chose à faire de Louise de Fernel, Tibéria ? Je ne le pense pas. Quoiqu’il en soit, si cela pose un réel souci…J’irai ailleurs, ce n’est pas un problème pour moi, soyez tranquille. C’était avant toute chose une question de confort pour ma personne.
Non pas qu’elle pense recevoir beaucoup de monde, d’autant qu’à priori…Il n’y aura probablement personne qui sera désireuse de la voir, elle ne fait pas partie de ce haut du panier composé des cadors de la politique péninsulaire, elle n’est l’épouse de personne, elle fait juste partie de la suite du Duc de Serramire, présente pour colorer et faire nombre. Les seuls qui pourraient éventuellement avoir un désir de s’entretenir avec elle le feront uniquement pour servir leurs intérêts ou dans une hypothétique optique commerciale. Les pairs, la haute noblesse, le conseil, toutes ces personnes dont elle connait les noms sans en connaître les visages n’ont même pas répondu à ses lettres où elle dépeignait pourtant une situation alarmante. Peut-être même que ces lettres ont été jetées dans un coin de la pièce ou au feu en haussant les épaules, en tablant sur un probable dérangement de l’esprit attribué à une condition féminine un peu trop sujette à la sensibilité, allez savoir…S’il lui fallait une preuve qu’elle n’était rien, elle en a donc eu plusieurs. Quoiqu’il en soit, si elle n’est rien, ses éventuels invités seront eux, de toute façon, de plus haut rang que le sien. Peut-être refuseront-ils tout simplement de venir ici…Seul l’avenir le dira. Une lassitude autant morale que physique l’étreint alors. Elle s’assoit et regarde Tibéria s’éloigner, suivie par Christian. Seule, la châtelaine ne dit rien. Elle regarde la pièce. Elle se regarde elle. Puis elle tourne la tête vers la fenêtre, observant le beau jardin qui se trouve là. Toute une vie de luxe et de confort, de beauté et d’élégance, c’est dans cela qu’elle tombe. Un rappel de tout ce qu’elle n’a pas et qu’elle n’aura jamais. Même en travaillant d’arrache-pied, du matin jusqu’à la nuit tombée, pour faire vivre sa petite seigneurie, pour faire en sorte qu’elle soit connue autrement que par sa rustre appellation nordique, elle n’arrivera jamais à faire changer un peu, ne serait-ce qu’un peu, toutes ces mentalités étriquées, ces préjugés affreux. Les prochains jours s’annoncent difficiles pour Louise, et elle le sait, elle en est parfaitement consciente. Ils vont consister à s’asseoir, parler peu, s’incliner beaucoup, manger, boire, dormir. Rester droite et digne dans une belle robe qui lui a coûté les yeux de la tête. Une robe magnifique, taillée sur mesure à Langehack, pour montrer que même dans le Nord, on sait reconnaître le talent des autres et porter leurs créations sans pour autant les dénigrer. Elle va devoir tenir son petit rang en bout de table, sans pouvoir parler librement à qui que ce soit. Quant on sait avec quel honneur elle a été reçue à Kirgan et quand on sait quel traitement lui sera certainement réservé ici, à Diantra… Que ne donnerait-elle pour avoir présentement à ses côtés ce grand dadais d’estreventin, son seul ami. Les larmes lui montent aux yeux en y songeant. Il ne serait pas le bienvenu ici de toute façon… Puis il y a lui. Cet homme rencontré à Kirgan justement, grand, beau, charmant. Marié. Il sera certainement présent avec son épouse et toute sa suite. Quelle conduite adopter ? La saine indifférence ? L’horrible condescendance ? La troublante ignorance ? Elle ne le sait pas. Cela sera compliqué. Très compliqué pour la châtelaine. Elle ne sera pas assez inconsidérée pour lui parler la première, c’est une certitude. Il a été gentil et doux avec elle, il lui a montré qu’elle n’était pas juste une poupée dont on peut se servir à l’envi et rien que de songer à Renaud, son cœur encore emprisonné par ces petits monstres aux doigts crochus se débat. Une larme finit par s’écraser sur sa main, en silence. Là aussi s’il lui fallait un rappel qu’elle n’est rien pour personne, il lui suffit de songer au Duc d’Erac et à tout ce qu’il représente… Un bruit de pas dans le couloir, une main qui frappe doucement à la porte, elle essuie rapidement ses larmes d’un revers de la main. - Madame, votre bain est prêt. - J’arrive tout de suite.Quelques heures plus tard
Le bruit d’une conversation animée et joyeuse lui parvient depuis le salon où elle se trouve présentement, occupée à lire un des livres de cette bibliothèque mise à sa disposition dans la chambre. Assise sur un petit siège pliant garni d’un coussin, elle lève la tête, tout comme Enguerrand et Aymeric, assis à l’autre bout de la pièce, occupés à discuter de choses et d’autres. Louise ferme le petit livre d’un geste doux de la main et le dépose sur une petite console avant de se lever, anticipant l’entrée de Tibéria et de son compagnon. La surprise ne manque pas de s’afficher sur les traits lisses et propres de Louise. Tibéria rayonne littéralement, habillée comme le serait Louise lors d’une journée de monte, les cheveux ébouriffés, l’habit plein de poussière, les joues roses. La nordienne, elle, porte une robe d’une élégante simplicité, de tissu vert aux larges galons dorés représentant des feuilles de chêne. De longues manches soulignent la finesse de ses bras tout comme la longue jupe couvre les mignonnes pantoufles de cuir souple qu’elle porte en cet instant. L’anneau sigillaire de Fernel à son doigt, un simple collier doré, et une coiffure relevée en un chignon impeccablement tressé rehaussé de ce cercle de métal qu’elle aime tant complètent sa tenue. Simple et efficace. Elle fait une gracieuse révérence à l’entrée de Tibéria, croisant ses mains sur le devant de sa robe, ainsi qu’elle le fait toujours. Enguerrand et Aymeric, eux, s’inclinent bien bas avant de sortir de la pièce, maintenant que Louise a de la compagnie. - Le grand air vous sied à merveille, vous avez une mine superbe, Dame Tibéria.
Un regard pour Christian qui semble, par contre, avoir quelques soucis compte tenu de sa démarche. - Vos serviteurs sont d’une incroyable gentillesse et d’une diligence remarquable. A peine avais-je souhaité quelque chose que déjà je l’obtenais…
Elle se rassoit, souriant aux deux jeunes gens. Toute trace de larmes a disparu. Il n’y a qu’un sourire aimable et un joli visage propre à contempler. - Et ce bain m’a fait grand bien. Me voilà toute disposée à passer une bonne soirée en votre compagnie.
Un large sourire s’affiche sur ses lèvres. - Alors ? A quoi avez-vous occupé ces dernières heures ?
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Sam 29 Mai 2021 - 11:51 | |
| Tibéria s’installa sur l’un des sofas et Christian prit place à côté d’elle. Aucun d’eux ne faisait attention à se tenir droit ou n’affichait des manières impeccables. Tibéria n’en avait pas envie et Christian ne pouvait tout simplement pas à cause de la douleur qu’il éprouvait toujours au dos. De manière générale, ils étaient détendus et ne se souciaient pas de ce que les autres penseraient d’eux. De la part de Christian, ce comportement n’étonnait pas vraiment alors qu’il adorait choquer les gens autour de lui, mais pour Tibéria… Disons que l’on ne s’attendait peut-être pas à ça de la part d’une femme qui non seulement a été duchesse, mais a reçu la meilleure éducation que l’argent pouvait acheter.
« Je vous en remercie, dame Louise. Je suis très contente que le service vous plaise, mais vous devriez plutôt le dire à Cassio. Il a lui-même entraîné les gens qui travaillent pour lui et en tire énormément de fierté. Ce genre de commentaire le rendra très heureux. Dans tous les cas, vous semblez bien plus reposée que tout à l’heure. Rien de mieux qu’un bain pour revenir à la vie! Je vais très certainement faire la même chose plus tard. »
Tibéria n’était peut-être plus en contrôle de l’auberge, elle était toujours contente d’entendre de bons commentaires de la part des clients. Certes, la situation de Louise était exceptionnelle, ce n’est pas tous les clients qui auront la chance de loger ici, mais il n’en restait pas moins que tous ceux qui l’avaient servie jusqu’à présent travaillaient habituellement à l’auberge. Voilà qui contribuerait à étendre sa réputation au-delà de Diantra et des environs.
« Je vous trouve très gentille, dame Louise. Personnellement, je pense qu’elle a l’air d’un épouvantail... » D’un geste de la main, Christian désigna sa propre tête, faisant référence aux cheveux ébouriffés de la belle soltarii.
« Hey! » Elle lui donna une tape du revers de la main sur la poitrine. « Vous dites cela, car vous êtes encore amer de votre défaite. »
« Ce n’est pas juste, je suis tombé de cheval. J’aurais dû faire rôtir ce maudit chat. »
« Vous vous êtes relevé dans la minute en promettant d’éliminer tous les chats de Miradelphia. J’ai tout de suite compris que ce n’était pas si grave. Admettez votre défaite, vous pourrez toujours défendre votre honneur une autre fois. »
« Des gens meurent en tombant de cheval! Et j’ai encore mal, je vous signale. Vous n’avez absolument aucune empathie pour moi. »
« J’ai énormément d’empathie, mais cette fois, vous donniez clairement en spectacle. »
« Nous sommes Soltarii. Nous sommes théâtrales par définition. Si l’on perd la face et qu’il y a des témoins pour le voir, autant faire le plus de bruit possible. »
Chrisitan jouait bien les victimes, mais on voyait qu’il n’y avait rien de sérieux dans ce qu’il disait. Certes, il était endolori par sa chute, mais rien de réellement grave. C’était surtout son orgueil qui avait subi le pire dans cette histoire. Il y avait indubitablement une grande complicité entre ces deux-là et ils ne prenaient même pas la peine de le cacher. Il y avait une réelle affection dans le regard de Christian chaque fois qu’il posait les yeux sur la soltarii, mais ça ne l’empêchait pas de se montrer très charmant à l’égard de Louise.
« Christian est en ville depuis un certain temps déjà. Nous essayons de sortir tous les jours, car dès qu’il repartira à Soltariel, il risque de se passer beaucoup de temps avant qu’on se revoit. Du coup, nous sommes partis nous balader à cheval dans les environs. J’ai eu une petite propriété en bordure de la cité pendant quelques années. On l’appelle la maison au verger. Elle appartient dorénavant à Cassio, mais je peux y aller quand je le souhaite. On fabrique du cidre là-bas et c’est toujours agréable de faire un pique-nique dans le verger. Je vous y amènerais, si vous voulez. Évidemment, on a fait la course et c’est là que notre cher ami ici présent a mordu la poussière. Terrassé par un chat. »
« Je jure sur mon honneur que je suis habituellement un bon cavalier, mais il est vrai que cette femme ici présente est redoutable. Mais où avez-vous appris à monter de la sorte? »
« J’ai toujours aimé les chevaux ainsi que les animaux en général. On m’a appris à monter à cheval assez jeune et je pense que leur intention initiale était seulement que je sois capable de rester dessus le plus gracieusement possible. Toutefois, j’ai rapidement découvert que j’adorais l’équitation, mais que j’avais également un certain penchant pour la vitesse et le saut. Lorsque je suis devenu duchesse, ils ont rapidement mis un frein à mes activités par crainte que je finisse par me rompre le cou, mais aujourd’hui je ne m’en prive pas du tout et jusqu’à présent, mon cou n’est toujours pas brisé. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Dim 30 Mai 2021 - 19:06 | |
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Louise ne bouge pas, elle, bien droite sur son petit siège, les mains sagement nouées sur sa jupe, ainsi qu’elle le fait toujours. Elle écoute la conversation bien plus qu’elle n’y intervient parce qu’il se passe quelque chose là, sous ses yeux. Un échange en toute décontraction entre Tibéria et Christian, un échange qui éveille sa curiosité, même si elle n’en laisse rien paraître.
Comment donc cela peut-il se produire ? Voilà une ancienne Duchesse, bien plus titrée que Louise ne le sera sans doute jamais, qui a rencontré la famille royale, qui a vécu de près les derniers grands bouleversements majeurs de Péninsule et qui se comporte…comme une enfant. Son mariage a été somptueux, Louise se rappelle fort bien ce cortège fastueux qui a réuni les plus grands noms du royaume et elle s’était sentie honorée d’y participer même si elle était loin, bien loin derrière tout le monde. Quel spectacle que ces tenues chamarrées, ces montures splendides, ces bijoux étincelants ! C’était un très beau mariage, une belle cérémonie, digne des plus grands et tout cela n’aurait comme épilogue que ceci ? Une conversation sur une banquette avec un homme qui n’est même pas son mari ? D’ailleurs, où se trouve son époux ? Pourquoi n’est-il pas ici, à ses côtés ?
Toutes ces considérations sont insoupçonnables sous le doux et aimable visage de la châtelaine. Elle se contente de sourire et d’opiner en silence aux propos vifs et joyeux qu’ils échangent entre eux, comme le ferait des amis de longue date. Ou des amants peu discrets. Quoiqu’il en soit, quoi qu’il se passe entre eux, Louise serait la dernière à pouvoir faire une quelconque remarque ou morale. Cela serait proprement déplacé…même si elle ne s’est jamais affichée aussi publiquement.
Louise baisse quelque peu la tête. Quelque part, elle envie Tibéria. Pouvoir parler avec son ami de manière aussi régulière, sans jamais devoir tout dissimuler, tout cacher afin de toujours rester parfaitement insoupçonnable, cela doit faire un bien fou. Partager tout le poids d‘une vie avec une autre personne qui ne vous jugera pas, que cela doit être agréable…Son seul ami est on ne sait où, probablement en Estrevent à mener ses sombres affaires. La tentation est grande de prendre le premier vaisseau en partance pour Thaar afin de ne serait-ce que lui parler, rien qu’une heure. Une heure pour quelques mois de solitude…Qu’est-ce qu’une heure après tout…Mais non…C’est impossible. Elle doit rentrer à Fernel tout préparer pour la venue d’Harven au château, elle doit revoir les défenses extérieures, améliorer des quantités de choses pour protéger toutes ces personnes qui comptent sur elle : les Fernelois, compte tenu de ses propres déductions à propos des déplacements de la Haute Prêtresse de Kiel en Péninsule.
Jamais Louise ne s’est sentie aussi seule que ces derniers temps. Pas de compagnon, pas d’ami, très peu d’hommes de confiance dont elle ne fera de toute façon jamais des confidents, elle est dans cette situation paradoxale et horrible qui la trouve toujours au milieu de personnes auxquelles elle ne peut rien dire sans passer pour une folle, une excentrique voire même pour une femme dangereuse. La dissimulation et le retrait sont donc pour l’instant ses meilleures tactiques et la sourire de façade sa meilleure arme. Qui pourrait soupçonner de violents mouvements du cœur sous une statue de marbre, après tout…
- Je confirme, pour élever des chevaux en mon domaine, qu’une chute peut avoir de gravissimes conséquences.
Louise regarde tranquillement Christian, l’œil pétillant de gaieté.
- Si vous avez chuté, c’est que vous ne maitrisiez pas votre monture, Messire. Ce n’est pas la faute du chat, c’est la vôtre. Si vous le désirez, je peux vous enseigner deux ou trois ficelles qui vous permettront de ne plus tomber face à cet ennemi redoutable qu’est le félon félin surgi de nulle part…
Elle pose sa main devant sa bouche et dissimule un petit rire, amusée avant de reporter son attention sur Tibéria.
- J’accepte volontiers votre proposition. Je connais fort mal la campagne Diantraise et je serais bien aise de galoper avec Lasgalen sur ces jolies terres, en votre compagnie. Il est rare de rencontrer des cavalières qui assument parfaitement le port de vêtements plus pratiques qu’une robe de velours serrées à étouffer dans l’exercice de ce noble art que nous partageons.
Et il n’y a rien de plus vrai dans ce que dit Louise. Elle se déplace à cheval, parce qu’elle est elle-même la meilleure cavalière de sa seigneurie, et qu’elle abhorre les carrosses qui secouent et ballotent les corps tant et si bien qu’elle finit toujours par ressentir d’effroyables nausées. Et pour se déplacer à cheval, rien ne vaut les vêtements légers, les bottes souples, la cape ample et le voile sur le visage autant pout éviter les attaques des insectes que celles du soleil sur son teint de lait.
- Le moyen, je vous prie, de faire rapidement de longues distances si vous devez chevaucher avec grâce en étant assise de biais, les jambes ramenées sur le même côté de votre cheval, le corps emprisonné dans des velours qui finiront ruinés par la poussière des chemins…N’êtes-vous pas de mon avis ?
Là encore, Louise a un petit rire. Elle n’aurait jamais pu vaincre le Seigneur de Chiard à la course, si elle avait porté une robe ce jour-là. Il appert donc que les habits sont aussi restrictifs qu’un statut, dans certaines situations…
- Peut-être devriez-vous faire soigner vos blessures, Sire Christian. Une chute de cheval n’est jamais à prendre à la légère…Si j’étais vous, je me ferais examiner au plus tôt.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Ven 25 Juin 2021 - 1:02 | |
| « Oh ! J’apprécie de plus en plus cette Dame. » Déclara Tibéria, un sourire éblouissant sur les lèvres. Le pauvre Christian se retrouvait maintenant sous les assauts combinés des deux jeunes femmes.
« Pourquoi les femmes les plus ravissantes sont également les plus cruelles ? Comment puis-je défendre mon honneur ? N’y a-t-il pas ici un homme prêt à me prêter main-forte afin de pouvoir me battre à armes égales ? Un peu de solidarité masculine serait apprécié. »
« Vous êtes vraiment en peine. Peut-être devrions-nous cesser de vous taquiner de la sorte et chercher un guérisseur. Je vous apprécie beaucoup trop pour vous voir mourir aussi jeune. Ça serait surtout problématique de vous renvoyer à Soltariel. Transporter un corps en plein été... »
Christian roula des yeux, à mi-chemin entre l’agacement et l’amusement.
« Je ne vais pas mourir. Je suis juste un peu endolori. Cela étant dit, si l’idée vous venait à l’esprit d’être ma soignante personnelle, je ne pourrai pas refuser une telle offre. »
Tibéria lui donna un autre coup sur le torse, cette fois plus fort que le précédent. Malgré son agacement, un faible sourire jouait sur ses lèvres. Christian éclata de rire.
« Je prendrais bien quelque chose à boire… Un thé, si possible. Le vin, ce sera pour ce soir. »
Il s’était exprimé à voix haute, s’adressant à Tibéria, mais par pur hasard, un serviteur entra au même moment dans le salon en portant un plateau. Il le posa sur un guéridon tout près de l’ancienne duchesse qui réprima un rire et de Christian. Il s’inclina avant de repartir aussi discrètement qu’il était arrivé.
« Vous voilà servi, mon cher ami. Avec les compliments de la maison Soltarii-Berontii.»
Imperturbable, le mage se leva du sofa.
« Le service est effectivement impeccable. On pourrait presque croire qu’il nous attendait de l’autre côté de la porte, frétillant d’anticipation à l’idée de nous épater par son incroyable efficacité. »
Christian se servit une tasse de thé de même qu’à Tibéria. Si la jeune femme avait un amour assumé pour le vin et l’alcool en général, elle appréciait également le thé. Il était devenu son plus proche compagnon pendant les froides journées d’hiver, mais elle ne privait pas d’en boire à tout moment, même durant les canicules.
« La campagne diantraise n’a rien de vraiment excitant, si vous voulez mon avis. » Christian but une gorgée de son thé et déposa la tasse sur sa soucoupe. « Un jour, si vous devez passer par Soltariel, faites-moi signe. Ça, c’est une ville qui vaut la peine d’être visitée avec ses canaux et ses somptueux palazzo qui les jalonnent. Dans certains quartiers, il est même plus pratique de se déplacer sur de petits bateaux qu’à pied. Ça fait des balades très agréables à condition de ne pas souffrir du mal de mer. » Cette dernière phrase était adressée à Tibéria qui ne réagit pas tout de suite, absorbée par son thé et le petit gâteau au miel qui l’accompagnait. « Dans votre cas, être sur un bateau à quai suffit pour vous rendre malade si je me souviens bien ? »
« Même pas, il suffit que je sois sur le quai et que je voie le bateau tanguer pour avoir la nausée. » Tibéria ferma les yeux, visiblement séduite par ce savoureux gâteau. Heureusement, il n’y en avait que deux, car elle pourrait bien en avaler une dizaine à elle seule. D’ailleurs, elle lorgnait celui de Christian qui s’empressa de le mettre hors de sa portée. Elle fit comme si de rien n’était et se retourna plutôt vers Louise. « Malgré ce différend irréconciliable entre les bateaux et moi, j’adore la mer et je m’en ennuie énormément. Mais pour en revenir à Diantra, il dit vrai, mais elle n’est pas si mal non plus. C’est quand même la capitale royale. Un travail immense a été accompli depuis l’incident qui l’a laissé pratiquement en ruine. J’y ai quand même un peu contribué… À sa restauration, je veux dire. »
« Incident ? C’est un choix de mot intéressant quand on pense à tout ce qui est arrivé ! Mais oui, c’est tout de même impressionnant. »
Dans le ton de Christian, on devinait aisément que rien ne battrait le raffinement de Soltariel et Tibéria partageait en partie ce sentiment. Toutefois, Diantra l’avait accueilli et c’est ici qu’elle avait rebâti sa vie, une pierre à la fois. C’était une chance qu’on lui avait laissée. Les choses auraient pu être bien pires pour elle, alors elle était reconnaissante. Ça suffisait à adoucir les défauts et à presque les oublier.
« Nous irons demain, si vous voulez. Ou quand vous aurez le temps. Je passe ici pratiquement tous les jours, sinon je suis à l’auberge. Laissez un message et il me sera transmis. En attendant, je dois aller me rafraichir avant le repas de ce soir. Je vous abandonne donc pour une petite heure, ce qui devrait être suffisant pour me rendre présentable bien que le repas n’aura rien de formel, je peux vous en assurer. Prévenez-moi s’il devait tomber raide mort entre temps. »
Elle fit un geste en direction de Christian qui répondit par une grimace. Elle pouffa de rire et se dirigea vers la sortie d’un pas léger.
« Cette femme est incroyable. » Souffla Christian pour lui-même. « Je devrais sans doute faire de même. J’espère que nos manières ne vous ont pas trop choqué. Voilà un moment que Tibéria ne s’embête plus pour les formalités même si je la sais capable de mille et une courbettes quand la situation l’exige. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Ven 25 Juin 2021 - 15:14 | |
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Un sourire doux étire les lèvres de Louise. Se savoir appréciée, même un peu, est toujours satisfaisant. Elle regarde un instant ailleurs, laissant Tibéria et Christian badiner ensemble, sans dire un mot qui pourrait paraître déplacé ou inconvenant. Il est vrai que la châtelaine se pose beaucoup de questions sur ce qu’elle observe en cet instant. Il y a là une belle complicité qui pourrait attirer une déplaisante attention quand on sait que l’ancienne Altesse est désormais remariée. Quoiqu’il en soit, comme dit précédemment, Louise est la dernière à pouvoir juger une attitude libre étant elle-même une passionnée de libertés, voire même d’irrévérence quand l’occasion le lui permet.
- Si vous le souhaitez, je peux demander à mon maître d’armes de vous examiner. Il a cette façon de manipuler les membres et de les remettre en place, j’ai bien plus confiance en lui qu’en quiconque en ce qui concerne les chutes de mon escorte.
A nouveau, elle regarde ailleurs, retenant un rire. Imaginer Christian entre les larges mains d’Enguerrand qui prononce ses recommandations d’une voix roulante et grave, une voix rude teintée de ce profond accent du Nord, est très très amusant. Il n’empêche que la châtelaine dit vrai, il n’y a pas son pareil dans son domaine.
- N’hésitez pas à le lui demander, il sera ravi de vous aider si vous en ressentez le besoin.
Un serviteur entre, les mains encombrées d’un plateau couvert de tout ce qui est nécessaire à une collation légère. Christian sert immédiatement Tibéria avant de se replacer à ses côtés. Louise, elle, reste assise un instant. Quand elle reçoit à Fernel, elle sert ses invités, toujours. Par tradition. Peut-être est-ce une coutume qui n’est point répandue, ou alors pas si loin dans le Sud. Louise se lève donc et va se servir elle-même, point offusquée du tout, et emporte une petite tasse de boisson fumante ainsi qu’une toute petite portion de pâtisserie.
- Je serais ravie de visiter Soltariel. Je n’ai jamais poussé si loin mes pérégrinations en Péninsule, je dois bien l’avouer. Cela étant, cela ne sera guère avant un long moment, je ne le crains. Des obligations m’attendent à Fernel, sitôt après la fin des célébrations, des obligations que je ne peux décemment remettre plus longtemps.
Elle boit une gorgée de thé avant d’ajouter, amusée :
- Qui plus est, je suis prise d’effroyables nausées dès que mes pieds se posent sur le pont d’un navire, quel qu’il soit. Donc je comprends parfaitement ce que vous pouvez ressentir, Dame Tibéria.
Elle se rappelle, non sans nostalgie, avec quelle angoisse elle a vécu les premières heures de cette traversée qui l’a menée à Thaar. Entre les roulis, la houle et la tempête affreuse qui les a malmenés, elle a perdu énormément de poids, vomissant tripes et boyaux dans sa cabine tandis que Dante – toujours lui – se tenait à côté d’elle et tenait ses cheveux pour leur éviter la souillure…L’alcool ingurgité pour oublier n’a pas aidé évidemment à apaiser cet état…Loin de là. Quand il a fallu reprendre la mer pour se rendre à Thanor, Louise était mieux préparée. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle a mieux vécu le voyage. Disons qu’elle a appris à sauvegarder elle-même et sans assistance ses cheveux et ses tenues de toute trace de vomissure…ce qui est mieux que rien.
Tibéria partie, afin de se préparer pour le repas, Louise demeure seule avec Christian, quelques instants. Terminant sa pâtisserie en silence, elle écoute le compagnon de Tibéria, pensive.
- Cela ne me choque pas, tranquillisez-vous. Cela étant, tout le monde n’est pas aussi tolérant que je le suis. Dame Tibéria est mariée après tout et vous n’ignorez pas que…qu’il existe des quantités de gens aux charitables intentions qui se feront un devoir – ou un plaisir, comme vous préférez – de tout rapporter à qui de droit tout en déformant les propos…
S’il y a bien une chose qu’elle a apprise ces derniers mois, c’est la prudence. A fortiori en présence de ses pairs au sang bleu, qu’ils soient de petite extraction ou prestigieusement dotés.
- Après ce n’est qu’un conseil donné par une personne qui ne vous veut aucun mal. Vous êtes tous deux maîtres de vos destinées.
Elle reste confortablement assise dans le petit fauteuil qu’elle occupe et continue, d’une voix égale :
- Quoiqu’il en soit, Dame Tibéria est en effet une femme remarquable. Je ne la connais que peu mais ce peu que j’ai pu observer, à son mariage, à l’auberge ou ici, m’incite à considérer l’ancienne duchesse avec la plus grande bienveillance. Elle n’était pas obligée de nous recevoir et de m’héberger ici, en sa résidence de famille. Elle aime les chevaux, les promenades à cheval et semble avoir cet esprit que j’apprécie entre tous : celui d’une personne libre de ses choix et de ses pensées. C’est…rafraichissant.
Et ce n’est rien de le dire.
- Vous, les gens du Sud, savez gagner les cœurs d’un sourire ou d’un mot d’esprit. Je vous envie bien petitement, Christian, de côtoyer une telle femme aussi régulièrement. Pour avoir séjourné récemment dans le Langecin, j’ai pu constater à quel point les Nordiens sont à peine mieux considérés que le pot de chambre qu’on vide par la fenêtre tous les matins…J’en ai été mortifiée au dernier degré sans pouvoir l’exprimer. Je suis heureuse de voir que tous les gens du Sud ne sont pas tous issus du même moule pétris de préjugés ineptes. Merci, de me parler avec gentillesse et bienveillance. Cela aussi est rafraîchissant.
Un sourire.
- Peut-être voulez-vous également vous rafraîchir avant le repas ? Je peux attendre ici, cela ne me dérange absolument pas. La demeure ne manque pas d’ouvrages intéressants et divertissants.
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| | | Tibéria de Soltariel
Humain
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Sam 3 Juil 2021 - 22:51 | |
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« Mariée… Ça, oui, je le sais. » Il y avait une note de regret dans la voix de Christian, à peine perceptible, mais néanmoins présente. « Je vais sans doute vous choquer, mais je le suis aussi. J’ai même deux jeunes fils, des jumeaux qui n’ont pas encore dépassé leur première année de vie. Ils sont adorables, mais s’ils pouvaient ne pas hurler aussi fort, ça serait encore mieux. Je suppose que ça fait de moi un père indigne, mais si c’est vraiment le cas, alors la grande majorité des pères l’est également. » Christian aimait ses enfants, mais il n’était pas un père démonstratif. En ça, il était exactement comme son propre père qui fut là sans être vraiment présent. Peut-être qu’après avoir produit sept gamins, il n’avait plus su où mettre la tête. Enfin, l’heure n’était pas aux réflexions sur la paternité. « J’ai effectivement une relation toute particulière avec Tibéria. Nous nous sommes connus alors qu’elle était toujours duchesse de Soltariel. Nous travaillions ensemble sur un projet qui n’aura jamais vu le jour, finalement. Durant le procès, j’ai été incapable de l’aider. Il faut savoir que je viens d’une famille très influente du sud, mais je suis le septième garçon. Autant dire que ça ne me laisse pas grand-chose. J’ai un nom, mais pas d’argent et pas de terre. Mais ça veut aussi dire pas de responsabilité, ce qui est un net avantage quand on y pense. Combien parmi nous peuvent vraiment prétendre être libres ? De ces années de badinage, je n’ai aucun regret, mais le procès m’a fait comprendre que l’absence de responsabilité voulait aussi dire que je n’avais aucun pouvoir. Avec les autres compagnons de Tibéria, j’ai assisté à sa chute tragique. On a fait d’elle un bouc émissaire. Elle n’avait absolument aucune chance. J’ai attendu que la poussière retombe un peu et je suis venu la voir ici. Je n’avais rien à lui offrir hormis mon indéfectible soutien et une occasion de se changer les idées. J’aime croire que ces quelques jours que nous avons passés ensemble lui ont fait du bien et l’ont aidé à aller de l’avant. J’ai tellement été impressionné par sa force de caractère. De nombreux nobles auraient choisi de se donner la mort plutôt que de vivre avec une telle honte. Tibéria a choisi la vie. Le plus étonnant, c’est qu’elle aime encore profondément Soltariel et les gens qui y vivent alors qu’elle a toutes les raisons pour que ce soit le contraire. Je l’aurais marié sur-le-champ. Oh, j’ai vraiment caressé l’idée, mais ça aurait été la décision la plus désastreuse de toute mon existence. Ça aurait été un mariage d’amour, mais l’amour ne met pas le pain sur la table et, en toute sincérité, j’aurais été incapable de vivre ici. Non, son mariage avec Lohie de Brandevin est sans doute la meilleure chose qui lui soit arrivée. Quant à moi, j’ai fini par accepter un mariage avec une connaissance. Elle avait besoin d’un époux prêt à perdre son nom pour que les enfants restent dans la lignée maternelle. Ce mariage a fait taire mon frère ainé ainsi que ses parents à elle qui désespérait de voir, un jour, la naissance d’un héritier mâle. Il n’y a pas d’amour à proprement parler, mais de l’affection. Le plus important c’est que je suis libre de fréquenter qui je veux et elle peut en faire de même. Ce concept est probablement choquant à vos oreilles, mais c’est la réalité de la noblesse. On se marie non pas par amour, mais par affaire. C’est juste que les gens ne sont pas aussi ouverts que moi sur leurs fréquentations hors mariage. Je tiens tout de même à spécifier qu'ils s'agit bel et bien d'une entente que nous avons conclu ensemble afin de satisfaire nos familles mutuelles et que si mon épouse aurait eu le moindre problème à ce que poursuive mon badinage, j'aurais cessé immédiatement. Je ne suis pas un monstre. »
« Quoi qu’il en soit, oui les gens vont parler. Ils vont parler, parce que c’est Tibéria. Ils vont parler, parce que je suis un Soltarii. Ils vont parler, parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire que de commenter la vie des autres et c’est pathétique. Dès qu’on a compris ça, il est beaucoup plus facile d’ignorer les commérages. Ce ne sont que des gens qui cherchent à se donner de l’importance, mais ce sont aussi des personnes qui veulent détourner l’attention de leurs propres petites histoires. Personnellement, je ne me préoccupe guère de ce que les gens pensent de moi et c’est pareil pour Tibéria. Dans son cas, ça n’a pas toujours été ainsi, mais c’est stupéfiant ce qu’une déchéance peut avoir comme conséquence sur le tempérament d’une personne. Vous vous doutez bien qu’elle n’a pas toujours été ainsi, libre de ses choix et de ses pensées. C’est par obligation qu’elle a évolué et ça a nécessité tout un apprentissage de sa part. J’y suis pour quelque chose, évidemment. Plusieurs diront que j’ai sans doute eu une mauvaise influence sur elle. Je ne vois pas en quoi il est mal d’apprendre à une personne à vivre par elle-même en suivant ses propres pensées et ses propres désirs. On devrait le faire plus souvent, c’est très libérateur. » Soudain, il grimaça. Une sombre idée venait de lui traverser l’esprit, tempérant du même coup son assurance. « Certes, il est possible que Lohie ne voie pas la chose ainsi même si je peux jurer qu’il ne s’est rien passé entre la belle et moi depuis leur union. Elle est une femme férocement loyale. Il pourrait me défier en duel, ce qui serait problématique, j’en conviens. Il est sanguin, cet homme. Il ne sait pas à quel point il ferait un excellent Soltarii. Bref, je compte retourner dans le sud dès que les festivités seront terminées et il est probable que des années passeront avant que je n’aie l’occasion de revoir Tibéria. Déjà parce qu’elle ne peut plus y mettre les pieds, mais aussi parce que… Bon, je suppose que j’y ai maintenant des responsabilités malgré la grande liberté dont je jouis toujours. Alors, veuillez me pardonner si je souhaite profiter au maximum de sa présence, de son esprit vif et frondeur que trop peu de gens connaissent vraiment. » Il y avait une réelle affection dans la façon dont il parlait de la suderonne. En tout cas, il ne s’en cachait pas et ne redoutait aucunement les commérages que ça pourrait engendrer. D’un autre côté, ils n’étaient pas non plus complètement stupides. Ils n’auraient pas le même comportement s’ils étaient ensemble à une soirée mondaine. En fait, ils seraient probablement dans un coin à juger méchamment tous les invités tout en enfilant les coupes de vin. Du coup, ça serait probablement pire que de se chahuter gentiment comme ils venaient de le faire.
« Ah ! L’éternelle guerre entre le nord et le sud… Deux solitudes irréconciliables, j’en ai bien peur. Ce n’est pas juste la façon de vivre qui est différente, mais la mentalité aussi. Par exemple, dans le nord, il est extrêmement rare de voir un noble devenir marchand. La vraie noblesse tire ses richesses de la terre ! Dans le sud, ce n’est pas une opinion aussi tranchée. En vrai, beaucoup de nobles font du commerce, car c’est une façon efficace de faire de l’argent. La famille de Tibéria en est un bon exemple. Les Soltarii-Berontii ont amassé des fortunes en faisant du commerce. Du coup, quand tu vis dans le nord sur une terre qui te rapporte peu et que tu vois la noblesse du sud s’en mettre plein les poches en faisant des activités de bourgeois… La rancune les rend particulièrement acerbes. Ajoutez à cela le hasard qui fait que c’est toujours le nord qui se prend les invasions en premier. Ce n’est pas notre faute si les drows ne maîtrisent pas la navigation, mais nous souhaitons quand même ardemment que ça reste ainsi. Ah, il y a aussi le fait que vous ne voyez pas d’un très bon œil notre amour pour la musique et les arts en général. Non, on ne vénère pas Arcam. Nous aimons l’art, car nous voyons cela comme une façon de rendre hommage à la beauté de ce monde. Lorsqu’un artiste produit la sculpture d’une femme dénudée, il ne faut pas y voir de la vulgarité. C’est plutôt une ode au corps et à sa force admirable caché sous ses courbes délicates. Pourquoi faudrait-il le cacher ? Pourquoi faudrait-il avoir honte de ce que la nature nous a offert ? J’aimerais bien savoir qui a dit le premier que c’était honteux ! Naturellement, il ne faut pas oublier le souci avec les mages. Dans le sud, être un mage n’est pas un problème. C’est bien assez bien vu. Enfin, ça dépend toujours des gens, mais l’aspect académique de la chose est assez bien accepté. De plus, il faut être stupide pour ne pas voir l’avantage qu’ils offrent. Un mage du feu n’a pas besoin d’être à un niveau très élevé pour déclencher un incendie aux conséquences potentiellement dévastatrices. Un mage de la vie peut guérir des blessures qui seraient mortelles autrement. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, le nord nous semble effectivement arriéré. Après, de là à vous comparer à un pot de chambre… Je n’ai pas toujours eu des propos très élogieux pour les gens du nord, mais je n’irai pas jusque-là. »
Christian regarda la jeune femme en silence pendant un bref instant avant d’ajouter. « Vous savez, le sud ne changera pas sa façon de vivre. Si le nord cherche à nous forcer à changer, nous allons répliquer. Nous allons défendre notre mode de vie, car à nos yeux il représente effectivement la modernité. Certes, nous ne sommes pas parfaits. Je ne nierais pas qu’on soit probablement trop orgueilleux et que nous ayons une certaine propension à la traitrise. Dans le sud, c’est chacun pour soi et les couteaux volent bas, mais ne venez pas me faire croire que c’est différent dans le nord. Un homme reste un homme, peu importe où il vit. Du coup, n’ayez pas honte de qui vous êtes. Au contraire, soyez fière ! Ne laissez jamais quelqu’un vous faire sentir mal pour quelque chose dont vous n’avez aucun contrôle. Vous venez du Nord, ce n’est pas votre faute ! Si ça arrive, exprimez-vous. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais nous les gens du sud, nous avons tendance à beaucoup parler et à ouvertement critiquer lorsque quelque chose nous dérange. Faites pareil ! Imposer votre respect ! Ayez le cran d’être qui vous êtes. Les gens vont sourciller, mais ils le feront de toute façon, alors autant leur donner une bonne raison ! »
Il se leva, la démarche un peu raide, mais pas aussi pire qu’on pourrait l’imaginer après une chute de cheval.
« Oui, je devrai aussi aller me rafraichir. Si vous souhaitez discuter plus longuement ce soir après le repas, il me fera plaisir de vous tenir compagnie, mais vous pouvez aussi dire que je parle trop et que je vous donne la migraine. Je vous promets, je n’en serai pas vexé. »
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| | | Louise de Fernel
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 22 ans Taille : 161 cm Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise Lun 5 Juil 2021 - 17:27 | |
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Louise aurait beaucoup de choses à confier à propos de son père. Il n’est pas un exemple de paternité bienveillante, c’est le moins que l’on puisse dire. S’il n’a jamais eu le moindre geste déplacé envers elle, elle sait qu’il a largement assouvi ses appétits monstrueux en son temps. Combien de vies a-t-il pris, gâché ? Elle l’ignore et elle ne veut pas tellement le savoir. Louise se dit que Christian ne peut de toute façon pas être pire que son propre père…
- C’est le propre des enfants, de hurler. Ils n’ont pas d’autres façons de s’exprimer.
Une petite réflexion tirée de sa propre expérience. Même si elle n’est pas mère – et elle n’est pas prête de le devenir, de toute façon -, elle a pu observer tous ces petits orphelins qui viennent au château ou encore les enfants de ses serviteurs. Il n’est pas rare de voir les paysannes en route avec un marmot au bout du sein, des marmots qui crient quand ils ont faim, soif, peur, froid. Peu importe la situation, elle sait que tant qu’un enfant ne sait pas articuler un mot, il n’est jamais qu’un petit animal complètement dépendant de ses parents. Quoiqu’il en soit elle garde pour elle ses réflexions et écoute Christian qui semble avoir envie de s’épancher.
L’évocation du procès la ramène à des considérations très nettement moins poétiques. Elle a eu vent de ces faits, même dans sa seigneurie perdue au fin fond du Duché de Serramire, tout là haut dans le Nord. Elle baisse un instant la tête, d’ailleurs, en songeant au désarroi qu’a du ressentir l’ancienne Duchesse et à l’humiliation qu’elle a du supporter. La voir aujourd’hui, si resplendissante, si belle, c’est déjà, en soi, une merveilleuse revanche sur le destin. Placée dans la même situation, Louise n’aurait sans doute pas eu le courage de Tibéria. Perdre Fernel, ce serait perdre tout ce qui fait qu’elle est Louise. C’est perdre sa vie, son histoire, sa terre…Elle n’y survivrait probablement pas et préfèrerait sans doute se donner la mort plutôt que de subir un pareil déshonneur.
- Vous savez, Christian, un soutien…C’est déjà bien mieux que rien du tout, je puis vous l’assurer. Tibéria a de la chance de vous avoir à ses côtés.
De sincères paroles qui évoquent, à mots couverts, sa propre solitude. Elle n’a pas cela, elle. Elle n’a rien ni personne, parce qu’elle ne peut donner sa confiance à personne. Louise est la dépositaire de secrets qui pourraient ébranler la Péninsule tout entière, elle ne peut jamais déposer son fardeau, elle vit tout simplement avec, sans jamais vraiment pouvoir se divertir l’esprit. Devoir, travail, devoir, travail, respect, devoir. Les moments de détente sont rares, extrêmement rares, tout comme les confidences. Et c’est dans ces instants là que Dante lui manque tellement. Il ne dit rien, il écoute, il ne juge jamais et il la prend dans ses bras, sans prononcer un seul mot. Louise n’en demande pas plus. Juste…de temps en temps…une épaule sur laquelle s’appuyer un peu…Mais même cela lui est interdit. - Je ne suis pas choquée. Je n’ai pas l’esprit aussi rude et parfois étroit que certains de mes concitoyens nordiens, vous savez…J’ai même un avis contraire quand au mariage. La noblesse ne se marie jamais par amour, ou alors rarement. Vu que je ne fais jamais rien comme les autres, j’attends cela, moi. Peut-être allez-vous trouver cela niais, stupide ou irresponsable mais…je crois que je préfère encore me jeter depuis une falaise plutôt que d’être contrainte à épouser un homme dont j’ignore tout. Cela peut sembler choquant, sans doute, mais c’est ainsi.
Louise se souvient trop bien du journal de sa mère, cette pauvre vie écrite sur des pages remplies de larmes, des pages qui renfermaient des secrets si terribles qu’elle les a brûlées pour qu’il n’en demeure aucune trace. La seule trace qu’il reste de ce passé est dans son esprit…Sa mère, si belle, aux lourdes boucles blondes, semblables aux siennes, debout devant l’immense fenêtre à croisillons, dans sa chambre, occupée à scruter l’horizon. Tous les jours. Jusqu’à sa mort. Juste dans l’espoir de revoir celui qu’elle aimait si fort et dont elle a été si cruellement séparée.
- Mais…Si j’ai des espoirs, je ne suis pas stupide pour autant. Fernel n’est qu’une seigneurie du Nord dont personne n’entend jamais parler. Je ne suis pas…un beau parti, comme on dit. J’en arrive à me dire que l’amour, c’est avant tout pour les autres et que cela ne sera jamais pour moi.
Elle a aimé, oui. Avec quelles désastreuses conséquences.
- Donc je préfère être seule que mal accompagnée.
Un sourire reflétant une très exacte vérité. Quitte à souffrir, autant que cela soit par sa propre volonté et non celle d’un autre. Elle endure donc sa solitude, en espérant qu’un jour elle aussi pourra connaître la joie d’un sentiment partagé. Elle reprend un peu de tisane alors qu’il évoque les différences entre le Nord et le Sud, ce qui l’amène à sourire plus franchement.
- Les Nordiennes et les Nordiens sont des gens rudes, fiers, courageux et valeureux au combat. Et encore une fois, je précise que je suis bien plus ouverte d‘esprit que ce que vous pourriez penser. C’est cette ouverture d’esprit qui fait que Fernel est ouvert à tout le monde pour autant qu’on ne montre pas de mauvaises intentions. C’est cette ouverture d’esprit qui m’a fait voyager jusqu’à l’Estrevent. Ou encore assister au mariage du Grand Roi des Nains, au Zagazorn. A priori, selon ce que vous me décrivez, Christian, je n’ai absolument rien d’une Nordienne et pourtant…
Elle pose sa tasse sur la table basse et continue :
- …Je sais me battre, je tuerais quiconque essaye de s’en prendre à Fernel ou au Duché, à ceux que j’aime ou à moi, je suis la meilleure cavalière de ma seigneurie, j’aime le Nord pour sa froideur apparente et sa chaleur secrète. J’aime le Nord parce que là-bas, voyez-vous, cela prend du temps d’avoir l’estime et le respect de quelqu’un. Quand vous l’avez, vous pouvez considérer que c’est à vie. Quand vous la perdez par contre…c’est toujours définitif. Une maxime que j’applique dans ma vie, tous les jours. Quand on perd mon estime, il n’y a pas de retour possible. Et j’ai la rancune tenace.
Elle songe également à son boudoir, rempli de portraits, d’études de main, peintes avec talent, une précision extrême, ces paysages uniques qu’elle aime reporter sur une toile. Non, le Sud n’a pas l’apanage de l’Art. Non, le Sud n’a pas l’exclusivité de la beauté et de l’élégance. Limiter ainsi des personnes et des régions à des traits spécifiques l’horripilent au plus haut point et lorsqu’elle est confrontée à ces préjugés souvent hostiles, il n'est pas rare qu'elle perde son sang-froid. Pourtant, il y a un point sur lequel elle ne transigera sans doute jamais.
- Je préfère éviter le sujet des Mages, si vous le permettez. Je n’ai guère eu de bons contacts avec eux et je les trouve particulièrement effrayants. Cela ne fait pas pour autant de moi une arriérée, je pense.
Un choix de mot propre à faire comprendre que ce terrain-là est particulièrement glissant et qu’il vaut mieux éviter de l’évoquer devant elle. Elle ne dit rien de plus, restant sur cette impression étrange d’avoir à se justifier sur ce qu’elle est. Pourtant, cela ne se remarque pas parce qu’elle a l’habitude de cacher son ressenti.
- Nous pouvons parler quand vous le souhaitez, bien entendu. J’aime beaucoup discuter, de choses et d’autres, tout autant que découvrir des personnes, des régions et des cultures. J’en ai appris un peu plus ce soir sur les Suderons et sur Tibéria, je vous en remercie, Christian.
Un doux sourire étire ses lèvres alors qu’elle le salue discrètement de la tête.
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| Sujet: Re: Les Soltarii savent recevoir - Louise | |
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