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| Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) | |
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Clothaire de Chtoll
Humain
Nombre de messages : 57 Âge : 50 Date d'inscription : 19/04/2021
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans Taille : 1,50 mètres Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Sam 29 Mai 2021 - 20:49 | |
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Kÿrianos, 9ème ennéade de Verimios, 2ème mois de l’Eté de l’An 18 du XIe cycle Son entrée dans le monde des adultes a été un complet fiasco et il a renoncé à analyser ce cuisant échec. Il se demande juste pourquoi on l'a fait venir en Aretria. Gratter des parchemins et avoir des idées ? Pour les idées, il n'était pas nécessaire qu'il se déplace et pour gratter des parchemins encore moins. Mais si en prime on le menace de mort dès qu'il émet une suggestion, sans réfléchir à l'intérêt de cette dernière, c'est que même les idées, on n'en voulait pas. Un gestionnaire sans titre, avec aucun moyen de négocier et qu'on n'irait même pas voir puisque d'autres décidaient, officiellement et officieusement, et que la moindre suggestion rendait les autres hystériques, quel est l'intérêt ? Ben, il est nul. Cela lui a pris cinq minutes pour le comprendre. Avec le temps du voyage, il a perdu inutilement plusieurs jours de sa vie, mais il aurait pu perdre des années s'il avait malgré tout accepter la proposition, juste pour exister.
On ne peut pas dire que son précepteur aura accueilli le retour de l'enfant prodige avec le sourire. Ce dernier s'était mouillé pour lui obtenir cette situation et n'a pas compris le refus de son protégé. Cela a donné lieu à la première dispute entre Clothaire et lui. Le noble sans terre lui a rendu le roncin et a dit qu'il se débrouillerait seul. Mais entre le dire et le faire, il y avait une marche, énorme. Le seul endroit où Clothaire était connu, et positivement, c'était la bibliothèque. L'étudiant y a passé la majeure partie de sa vie, arpentant les lieux, étudiant les bouquins, finissant par repérer les lieux, comprendre le système de classement. Une analyse rapide, un bon sens du classement, accessoirement une écriture agréable, font qu'il s'est présenté pour être copiste et/ou archiviste. C'est un bon boulot, bien payé pour qui ne compte pas ses heures, du moins assez pour s'offrir un petit logement et de quoi manger. Puis accessoirement, c'est un boulot où on lui fichera une paix royale, où on ne l'envisagera pas pour en faire un bailli à gauche ou un gestionnaire à droite. Un boulot où on ne se demandera pas s'il conspire pour récupérer le trône seigneural de son paternel. Bref, un boulot où on lui fichera une paix, comme la bibliothèque, royale.
Quelques ennéades qu'il occupe ce poste à la satisfaction générale. C'est un bosseur, il ne fait pas de bruit, ne se plaint pas quand il y a une demande, et s'il n'y a pas de travail, il étudie de nouveaux livres, comme avant. Il se sent étudiant payé pour étudier et cela lui plait. Et quand il s'ennuie, il fait du classement. Il classe bien, mais lentement, car avec un bras fonctionnel, ça va forcément moins vite. Puis sa petite taille n'aide pas pour classer les bouquins en hauteur. Mais qu'importe. Et chose surprenante, il sourit. Sans raison. Il semble juste heureux.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mar 1 Juin 2021 - 13:04 | |
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Le précepteur tenta tant bien que mal d’ouvrir la lourde porte, se retenant sur sa canne alors que ce dernier tirait de toutes ses forces. « Laissez-moi vous aider. » Sans attendre, la damoiselle ouvrit doucement la porte, se tenant sur le côté, laissant le vieillard passé. Ce dernier sourire aux lèvres, entra rapidement dans la bibliothèque, claudicant tant bien que mal dans l’énorme pièce. « Vous me faites honneur Ma dame. J’ai toujours su que vous seriez une châtelaine d’exception, mais vous dépassez toutes les espérances que j’avais. » La jeune femme s’engagea dans la pièce, regardant le sol, alors que ses joues se rosirent.
« Cessez de me flatter, Jean. » « Mais c’est pourtant vrai, Ma Dame! » Un grand sourire vint orner son visage alors qu’il semblait se remémorer des souvenirs particuliers. « Ah! Je me souviens encore lorsque vous et Bernier avaientdécidé de faire une chasse au trésor pour votre mère dans le château. Dame Brigitte avait passé une ennéade complète à tenter de retrouver les trouvailles en réalisant les différentes énigmes! »
Adélina eut un léger sourire, ah oui… Elle se remémorait ce moment. Elle et Bernier avaient travaillés pendant des semaines afin d’organiser cet événement. Des ennéades à tenter de faire des énigmes plus ou moins réussit et des épreuves des plus délicates pour leur mère. Si cette dernière avait trouvé l’idée amusante au départ, elle l’avait trouvé un peu moins lorsqu’elle avait découvert que c’était l’un des colliers de sa mère qui était l’ultime récompense… Mais bon, elle avait rapidement fini la course, et avait faire promettre à sa progéniture de ne pas récompenser avec des bijoux hors de prix. Chose qu’ils n’eurent malheureusement pas l’occasion de recommencer. En effet, quelques ennéades plus tard la peste frappa Bransat… Secouant la tête, la jeune femme posa son regard vers son ancien percepteur avant de reprendre la parole;
« En effet, ce fut des moments que je ne cesse de chérir et je dois avouer que c’est avec plaisir que j’ai appris que vous étiez à Diantra. Je n’ai pas pu passer à côté de l’occasion de vous rendre visite. » « Une visite qui fait plaisir, croyez-moi! C’est tellement rare d’avoir des élèves assidus de nos jours! Qu’il me fait toujours plaisir de voir mes élèves préférés! C’est toujours surprenant de voir comment ils ont grandi! »
Les deux êtres se mirent à marcher dans un long couloir, là, où de nombreuses personnes s’affairaient. Certains tenaient des piles de parchemin, tandis que d’autres, l’air complètement perdus dans leurs pensées, se hâtait dans le couloir. Certains hommes saluèrent rapidement Jean, son ancien précepteur, certains osant satisfaire leurs curiosités en lui demandant qui était la magnifique jeune femme qui l’accompagnait. L’alonnais d’origine sembla être particulièrement fier de la présenter à quelqu’un de ses collègues. Certains, lui avouant qu’il avait entendu parler d’elle récemment sans mentionner quoi que ce soit d’autres. Gênée, la jeune femme ne put s’empêcher que de répondre par un sourire avant de baisser légèrement le regard. Elle se doutait que trop bien d’où venait ses rumeurs, et elle ne souhaitait certainement pas les confirmer ou les infirmer. Le vieillard claudiquant reprit sa route, avant de lui poser une question qui le titillait.
« D’ailleurs, si je peux me permettre, Ma Dame. Qui vous a appris ma présence à Diantra? » « C’est mon oncle, Charles, Seigneur de Mesnu qui m’a informé que vous étiez maintenant dans la capitale, et je n’ai guère tardé à vous rendre visite. » « Ah ce cher Charles… toujours aussi calme? Lui et votre père étaient définitivement une autre paire de manche! Ils ne cessaient jamais d’inventer des plans abracadabrants. Votre père était définitivement l’entêté! Tandis que Charles le suivait sans dire un mot! »
La jeune femme ne répondit pas, se contentant de sourire un peu avant de reprendre la parole; « Il n’a toujours pas changé. Toujours aussi calme et protecteur. D’ailleurs, il est maintenant fiancé, vous serez le bienvenu à Lodiaker si vous voulez assister au mariage. »
« Oh! Vous êtes trop bonne mon enfant! Mais à mon âge traverser les routes devient de plus en plus difficile. »
Adélina acquiesçât avant que ce dernier ne reprenne la parole; « Je prierais à la bienveillante pour eux. Je suis certain qu’ils seront heureux. Vous et votre famille. » « Notre famille vous doit déjà beaucoup, Jean. » « En parlant de famille…. » Jean s’arrêta un moment, en regardant son ancienne élève. La jeune femme s’arrêta net, l’air inquiète, mais avant qu’elle ne put ouvrir la bouche, ce dernier reprit la parole; « J’ai quelqu’un à vous présenter. »
Sans attendre, le vieillard sembla accélérer le pas, entrant finalement dans l’immense bibliothèque. Adélina, elle, ne put s’empêcher de s’arrêter net, clairement impressionnée par la grandeur de cette dernière. Des centaines, si ce n’était pas des milliers de livres ornaient les murs, tout dans un ordre impeccable. La jeune femme suivit le vieil homme pendant quelques minutes, alors que ce dernier s’enfonça entre les innombrables étagères. Au bout de quelques longues minutes, Jean s’arrêta avant de s’adresser à un jeune homme. Ce dernier, extrêmement menu, avait un air étrangement familier.
« Clothaire! Je tenais à te présenter ta cousine. »
Adélina haussa un sourcil avant de réaliser à qui elle avait affaire. Clothaire… Clothaire de Chtoll? Surprise, la jeune damoiselle s’arrêta net, alors que Jean faisait les présentations; « Voici ta cousine, Dame Adélina de Lourbier, châtelaine de Lodiaker. »
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Ven 4 Juin 2021 - 4:31 | |
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La voix qui vient le déranger est reconnaissable entre mille. C'est que l'homme est connu ici, parce qu'il a formé pas mal de précepteurs, dont le sien. Clothaire était un peu surpris que jusqu'ici, "Mestre Jean" ne lui ait fait aucune remarque, positive ou négative, depuis son retour. Mais là, il tombe un peu mal. C'est que copier cet ancien parchemin, qui est dans un état déplorable, tient plus du travail d’orfèvrerie que de la simple copie. Sans doute est-ce pour cela que le travail lui a été confié à lui, d'ailleurs. On sait Clothaire précautionneux et soigneux, puis perfectionniste. Il ne placera pas un mot pour un autre s'il n'est pas sûr du sens et fera l'effort de se concentrer pour deviner au travers du parchemin une lettre disparue mais dont il pourrait rester une infime trace.
- Mestre Jean...
Il n'a pas levé le nez du parchemin qu'il étudie avec concentration. Le temps de cet homme doit être précieux, aussi va-t-il, du moins le croit-il, à l'essentiel.
- Les rumeurs sont vraies. Je suis bien allé à Aretria-la-ville, j'y ai bien rencontré le seigneur du lieu. L'entretien a été exécrable, j'ai refusé l'offre qui n'était pas du tout celle qui m'avait été initialement proposée et je suis rentré tant que j'étais relativement entier. En faisant croire que j'acceptais, mais je doute qu'ils l'aient compris. Ah, et mon précepteur ne m'a pas pardonné car c'est son honneur que j'ai remis en cause en agissant de la sorte...
Il sourit et trace une lettre puis redresse enfin les yeux pour regarder Jean, qu'il salue d'un respectueux signe de la tête. A la différence d'autres, Clothaire fait partie de ceux qui travaillent ou étudient debout. Pour les uns, c'est parce qu'il est tellement petit que debout, il arrive à la même taille que les autres, assis. Pour d'autres, c'est parce que le temps de s'asseoir et se lever pour aller chercher un autre parchemin ou un autre bouquin est un temps que notre perfectionniste se refuse à perdre. Mais la réalité est tragiquement plus simple. Clothaire a eu le côté gauche paralysé et rester debout l'oblige à mobiliser des muscles dont il a récupéré l'usage au prix d'importants efforts mais qui ont tendance à durcir s'il ne bouge pas. Ses réveils sont et restent douloureux car le matin, son corps est comme "rouillé". En étudiant debout, il mobilise son corps et s'évite des douleurs. Assis, il aurait du mal à se relever sans grimacer, voire de se relever tout court.
- Ma cousine ?
Il observe la jeune femme qui se tient en retrait de son interlocuteur, puis réalise que son "inspection visuelle" pourrait mettre sa cousine mal à l'aise.
- Dame Adélina de Lourbier, Clothaire de Chtoll, copiste pour la bibliothèque de Diantra. Pardonnez ma surprise, mais j'avais oublié que j'avais encore de la famille et je n'ai plus souvenir, depuis longtemps, de ce à quoi ressemblait mon père. Sauf erreur de ma part, vous êtes le tout premier membre de ma famille que je rencontre.
Son sourire s'élargit avant qu'un tic nerveux ne secoue son visage une fraction de seconde. Mais c'est comme s'il ne s'en était pas rendu compte.
- Élégance et charisme, votre présence éclipse la nôtre, ma Dame.
Il dessine une révérence presque parfaite, si ce n'est que son bras gauche est resté dans la position qu'il avait, sur le ventre de son propriétaire. Il revient vers le vieux précepteur.
- Saviez-vous que la châtelaine et moi-même avons été fiancés, il fut un temps ? Oh, j'étais petit... enfin, plus encore que maintenant... et j'avais encore la morve au nez. Quel âge avions-nous ? Cinq ou six ans ? Nous n'avons pas été présenté, car j'étais moins présentable encore qu'aujourd'hui, dans un premier temps, puis parce que suite à la défaite et l'exécution de mon père, le mariage n'avait plus lieu d'être. Là, je le regrette un peu, car j'aurais été fier de vous mener à l'autel.
Il adresse à Adélina un sourire tendre et laisse le silence s'installer, puis une question lui traverse l'esprit, qu'il pose.
- Mestre, comment connaissez-vous ma cousine ? Avez-vous été son précepteur ? Était-elle bonne élève ?
Il ne sait pas dire pourquoi, mais il a l'impression que oui. Il ne craint qu'une chose, qu'elle méprise son apparence. Oh, pas ouvertement, même le Comte nordéen ne se l'est pas permis. Mais les mimiques et les regards ne trompent pas. D'ordinaire, Clothaire arrive à passer au-dessus, simplement parce que la vie le lui a appris. Mais il ne saurait dire pourquoi, si cette femme le méprise aussi, cela lui fera une cicatrice à l'âme.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mer 9 Juin 2021 - 20:33 | |
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Silencieuse, la jeune femme ne put répondre, un sourire gêné vint orner ses lèvres avant que cette dernière ne baisse les yeux, clairement mal à l’aise par le compliment et le sourire de son cousin. Non pas que son apparence ou ses tics lui infligeait un quelconque mépris, non… La jeune femme, humble de nature, avait bien du mal à accepter un quelconque compliment. Ce fut finalement son précepteur qui prit la parole; « Personne ne pourrait vous blâmer cher Clothaire! Ah! Combien d’hommes doivent se mordre les doigts maintenant que la rose de Lodiaker est promise à un! » Jean éclata de rire alors qu’il remarqua l’air encore plus gêné de la jeune femme. « En tout cas, ce langecin a énormément de chance! » Relevant finalement les yeux, alors que ses pommettes semblaient encore plus rose qu’à l’habitude, la jeune femme reprit finalement la parole; « Vous me flattez, Messire. Je ne peux qu’accepter humblement vos compliments. Mais en effet, moi et Messire Clothaire avons été fiancé dans notre jeunesse. »
Jean sembla pensif un moment avant que son visage parsemé de rides profondes semblât s’illuminer. « Ah! Mais que suis-je sot! Mais bien sûr! Je me rappelle la discussion que j’avais eu avec vos parents à ce sujet! » Haussant légèrement un sourcil, la jeune femme, clairement curieuse, reporta son regard vers son professeur qui n’alla pas plus loin dans ses explications. Il fallait dire qu’Adélina était particulièrement intéressé d’en savoir un peu plus sur la relation qu’avaient ses parents… Cela faisait si longtemps que sa mère était morte, qu’elle ne lui semblait qu’un lointain souvenir. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que ce fut au tour de son cousin de prendre la parole, demandant à Jean si cette dernière avait été une bonne élève. Cela ne prit pas une seule seconde avant que le vieil homme prenne à nouveau la parole, comblant son ancienne élève d’éloge, tout en racontant d’innombrables anecdotes qui avaient perturbé les leçons, mais qui semblaient l’avoir marqué d’une façon des plus impressionnante et il aurait pu continuer ainsi pendant des heures, si ce ne fut pas de la voix qui vint perturber une anecdote au sujet d’une leçon sur l’écarlate, symbole de leur noble maison.
« Maeste Jean! »
Le vieillard et son ancienne élève tournèrent légèrement la tête vers l’homme qui venait de l’interpeller.
« Pardonnez-moi de vous déranger, mais j’aurais quelques questions à vous poser au sujet de cet ouvrage. Cela ne prendra qu’un moment… »
Jean lâcha un long soupir contrarié, avant de lever les yeux aux ciels, clairement ennuyé. « Ah je vous dis c’est jeune! Toujours aussi incompétent. » Il prit la main de la damoiselle de Lodiaker avant de la tapoter doucement; « Pardonnez-moi ma Dame, je vous reviens dans quelques minutes. Clothaire – prend soin de la dame. Je vous reviens dès que possible. » Le mestre se remit à marcher, faisant résonner sa canne de bois sur la pierre de la bibliothèque en grommelant quelques phrases peu flatteuses vers son élève ce qui fit sourire la jeune femme; « Voilà comment je me rappelais de lui… Il avait toujours cette manie de grommeler aussitôt que quelqu’un dérangeait nos leçons, je vois qu’il n’as toujours pas changé. » Retournant son regard azuré vers son cousin, Adélina lui fit un sourire sincère. Elle était bien contente de finalement rencontrer un membre de sa famille, c’était une surprise quelque peu particulière. Après tout, son cousin lui avait malheureusement sorti de la mémoire depuis toutes ses années. « Comment vous portez-vous? J’ai cru comprendre que vous reveniez de voyage en Arétria… Des affaires de copistes? »
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mer 16 Juin 2021 - 6:58 | |
| Clothaire est resté silencieux le temps des échanges entre Mestre Jean et damoiselle Adélina, trouvant le tableau plutôt charmant. Adélina de Lourbier, aux dires de son précepteur, était une élève brillante. Sans doute un trait de famille. Et quand le Mestre les abandonne, confiant la dame à ses bons soins, Clothaire est un peu perdu. C'est que la sociabilisation et lui, ça fait trois. Heureusement, sa cousine semble plus douée que lui pour ce qui est de tenir une conversation.
- Je vous le confirme, il grommelle toujours, mais je suis convaincu qu'il est ravi qu'on vienne l'embêter et qu'il se sent utile. Le reste fait partie de son charme on va dire. Il n'a pas été mon précepteur mais celui qui s'est occupé de moi et le vôtre se connaissent bien et partageaient souvent des avis.
Comment il se porte est une question qu'il évite en général, sans que cela ne choque. Soit il reste évasif, soit il passe à autre chose, car souvent il s'agit d'une formule de politesse et pas d'une réelle question. Un nouveau tic nerveux, suivi d'un soupir.
- Désolé, je ne le contrôle pas. Cela avait le don d'énerver mon père, paraît-il. Je vais bien, merci. Pour ce qui est d'Aretria, je vous avoue que je n'ai toujours pas compris ce que leur Comte attendait de moi. J'imagine qu'il a du se dire que politiquement cela serait intéressant de m'avoir à ses côtés, mais j'ignore pourquoi et je vous avoue que je m'en fous un peu. J'ai perdu mon temps, mais j'aurais pu en perdre bien plus si j'avais été incapable de prendre la bonne décision.
Il sent que l'explication est insuffisante et qu'il va falloir l'étayer un peu.
- En Arétria, il y a quelques cités importantes. L'une d'elle est Lün, leur port, enfin, si on peut nommer cela un port, qui est resté des années sous domination d'un tyran avant que le nouveau Comte parvienne à l'en chasser. Les dégâts ont été importants, le commerce coupé, la population maltraitée et en plein doute. C'est devenu une zone sinistrée et il fallait un intendant pour relancer le lieu, qui a un énorme potentiel mais aucun moyen. Le Comte ne trouvant pas de seigneur à nommer, l'idée était d'y placer un gestionnaire pour inspirer une dynamique, bâtir des projets et rendre l'endroit plus attractif pour le commerce, l'installation de la population et en faire un pôle économique intéressant. Un défi de taille, mais qui me plaisait. Je suis, comme vous le savez chère cousine, noble sans terre. Ajoutons-y sans argent et sans charme. Me faire un nom en aidant à donner du cachet à une cité que j'aurais aidé à rebâtir aurait pu m'offrir une chance de trouver une épouse et une terre à diriger, puisque j'aurais fait mes preuves. Et comme je n'ai pas l'air d'un tyran et que la recommandation était intéressante, le Comte m'a choisi. Du moins, c'est ainsi qu'on me l'a vendu
Il sourit. S'il est copiste à la bibliothèque royale, c'est que tout ne s'est pas passé comme prévu.
- Je suis parti sans attendre, avec la foi de ma jeunesse et la motivation du garnement qui sait que sa vie peut changer. Bailli de Lün, malgré la réputation de la cité et le côté très temporaire du poste, sans compter d'autres inconvénients comme le fait qu'ils m'auraient difficilement accepté de toute manière, ce qui rendait le tout très complexe, ça avait de la gueule. J'étais conscient d'être un prête-nom, que si ma mission était un échec, cet échec péserait sur mes seules épaules et que si j'arrivais à quelque chose, c'est le Comte et lui seul qui en tirerait toute la gloire. Mais l'à côté qui me réinstallait sur la carte des nobles qui pourraient diriger une terre me suffisait. Puis j'ai vu ledit Comte.
Il marque un temps d'arrêt, pour rendre son récit plus palpitant.
- Comment dire ? Il s'exprime mal. Je suis mal placé pour juger quelqu'un qui fonctionne pas comme tout le monde, avec ma taille, mon poids et mon bras, mais lui mange des mots, pas parce qu'il réfléchit vite mais parce qu'il réfléchit mal. "J’n’ai p’besoin d’votre conseil" faut tendre l'oreille pour comprendre qu'il t'envoie paître. Ou son "T’dois êt’ refait" qui s'adressait à la Cité de Lün ou TOUT doit être refait et non à moi. Il réfléchit mal et dans tous les sens et sa parole ne suit pas. C'est assez marquant à vrai dire. Parce que le mépris qui s'est exprimé dans son regard quand il m'a vu, genre "c'est quoi cet avorton", lui, était clairement lisible.
Bref, le premier contact a été exécrable.
- Mais pour couronner le tout, le Comte ne voulait me confier aucune responsabilité. Dans son esprit, il y avait un seigneur, responsable des armées, le seul sur place, point sur lequel j'étais d'accord, je ne suis pas un maître de guerre et encore moins apte à commander des gens du Nord. Mais en prime, il avait un intendant pour gérer le reste, la population, les projets, le commerce. Alors, il me donnait gracieusement un titre de "second intendant" mais sans aucun pouvoir, aucun ordre à donner, aucune décision à prendre. Ce qui fait que je me suis posé une simple question : "à part décorer, à quoi vais-je servir". Le Comte y a répondu sans le savoir, il avait besoin de mes idées. Mais des idées, si tu n'as aucun moyen de les appliquer, cela revient à gratter des parchemins. Alors j'ai lancé une perche, pour voir si j'aurai le moyen d'être écouté lorsque j'aurai une suggestion. La réponse a été plus que claire.
Il semble s'en amuser, mais sur le moment il n'a pas ri du tout
- Suggestion 1 : N'avoir qu'un seul chef à Lün, faute de quoi quelqu'un qui essuierait un refus avec l'un pourrait tenter d'avoir un accord avec l'autre. Ou le marchand qui négocie avec l'un ne serait certain que l'accord serait valable que quand les autres l'auraient avaliser, ce qui ralentit et alourdit tout. Pour une cité en ruines, c'est pas l'idéal. Je l'ai expliqué tel quel, qu'au moins officiellement il n'y ait qu'un seul responsable. Après, dans les faits, même si j'étais Bailli, il était normal que j'aie deux belle-mères pour éviter tout souci. Il n'a pas réfléchi à l'idée, il n'a pas soumis d'autres suggestions, il m'a envoyé chier et m'a menacé ouvertement, m'insultant au passage. Je l'ai remercié pour la leçon d'humilité et j'ai dit que j'allais observer Lün de mes yeux avant de lui faire part de mes idées... et je suis rentré à Diantra
Il hausse les épaules
- Potiche, je veux bien l'être, si j'ai un petit sentiment d'utilité. Si dès ma première suggestion, on ne réfléchit pas à son intérêt, car je peux entendre un refus et qu'on me parle comme si j'étais de la merde, je préfère renoncer et faire un vrai métier utile. Ici, je copie, je range, je permets à d'autres d'avoir accès au savoir. J'aide à la bonne évolution du monde et je suis fier de ce que je fais. Je regrette juste d'avoir perdu du temps de déplacement pour voir un gars, très bon guerrier sans doute, mais incapable de canaliser ses pensées. Là bas, j'aurais servi à rien, pas que mes idées n'y auraient pas été utiles, tout comme celles d'autres, mais parce qu'elles n'auraient jamais été appliquées.
Il hausse un sourcil.
- Quoi qu'apparemment, il y a un seul chef officiellement à Lün, si ce que j'ai entendu est vrai.
L'explication est complète. Si sa cousine a un quelconque talent de gestionnaire, elle réalisera que personne ne serait allé vers Clothaire pour négocier ou demander quoi que ce soit et que dans ces circonstances, il n'y servait réellement à rien. Mais visiblement, il préfère changer de sujet.
- Ce que Mestre Jean a dit est vrai ? Vous allez vous marier ? Etes-vous heureuse à cette perspective et où allez-vous vivre ?
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mar 29 Juin 2021 - 10:41 | |
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L’alonnaise eut un sourire alors que son regard se porta une nouvelle fois vers Jean qui expliquait patiemment un sujet quelconque à l’élève qui était venu le voir. « Il était pareil avec nous. Aussitôt qu’on le dérangeait pour une quelconque question il nous faisait croire que son temps était précieux. Et pourtant, il pouvait nous expliquer pendant des heures le sujet, et même en débattre avec nous si nous avions une quelconque idée. Mon frère Bernier, avait le don de toujours l’embêter avec d’innombrables débats sur tout et rien… » Perdue dans ses souvenirs, la jeune femme eut un sourire avant de se retourner vers son cousin; « Contente qu’il s’y plaît ici. Cela faisait bien des années que je l’avais vu. » Elle ne manqua guère le tic de son cousin, mais n’y porte guère attention, se contentant de hausser les épaules alors que ce dernier s’excusait; « Vous n’avez pas besoin de vous excuser. Si la bienveillante vous a créer ainsi, c’est qu’elle avait un but particulier. » Sans attendre, la jeune femme contourna légèrement son cousin, alla s’asseoir sur un banc non loin de son cousin avant d’écouter avec attention le récit de son cousin en Arétria.
Connaissant bien le Comte, elle n’avait guère du mal à imaginer comment la rencontre s’était déroulé entre les deux êtres, mais disons que la suite de la discussion la prit légèrement par surprise; Adélina ne put s’empêcher de rougir alors que son cousin lui posait la question au sujet de ses fiançailles; il fallait dire qu’en parler avait tendance à la faire rougir, alors en parler avec celui qui aurait dû être son futur mari la mettait encore plus mal à l’aise. « Oui, c’est la vérité. Je suis fiancé au fils du Marquis de Langehack, Théodoric de Langehack. » Son regard se posa sur le sol un moment, alors qu’elle tentait tant bien que mal de reprendre contenance. Elle le releva seulement au bout de quelques secondes, regardant l’alonnais avec un léger sourire aux lèvres; « Oui, je suis heureuse, disons que ce n’était guère planifier, mais parfois la Damedieu a des plans assez inédits. Quant à ou je vais vivre, je ne crois pas que cela ne change grand-chose pour le moment. Je suis la Dame de Lodiaker, et c’est là que nous vivrons pendant un moment je suppose. » Tout était allez si vite, que la jeune femme n’avait guère pensé à ce genre de chose. Cela faisait à peine quelques ennéades qu’elle avait rencontré le langecin, et déjà, elle lui vouait une affection bien particulière. Tout lui semblait si surréaliste! Mais son mariage était loin d’être sa priorité pour le moment. Relevant finalement le regard vers son cousin, cette dernière lui fit un sourire gêné avant de lui retourner la question; « Et vous? Des fiançailles de prévu? » Adélina avait cru comprendre que cela n’était pas le cas, du moins, c’est ce qu’elle avait saisit du discours passionné de son cousin au sujet de son voyage dans le Nord.
« Si vous permettez, j’aimerais venir sur votre court séjour en Arétria… Je ne crois pas que cela soit politiquement intéressant de vous avoir à ses côtés. » S’arrêtant un moment, réalisant qu’elle avait peut-être été brutale dans ses propos, l’alonnaise reprit rapidement la parole, ne laissant pas le temps à son cousin de répondre; « Arétria faisait partie des gens qui ont fait tomber votre père. Si le Comte s’est excusé de nous avoir faire tomber devant l’ensemble de sa cour, je peux vous garantir que cela n’était pas apprécié par l’ensemble des gens présents. Puis-je vous rappeler que certaines personnalités du Nord nous déteste comme la peste, et voir la nouvelle génération prendre le contrôle ne semble pas les enchantés. Le Comte a pris un risque en vous offrant une position, et je vais vous avouer, je trouve cela énormément risqué. » Adélina haussa les épaules avant de continuer; « Mais la dispute qui vous oppose n’est pas de mon gré. » Après tout, chaque dispute avait toujours 3 versions; celles de chaque partie, ainsi que la vérité. Elle apprendrait bien un jour ou l’autre la version du Comte si ce dernier décidait de lui en parler. Pensive, l’alonnaise se mordit légèrement la lèvre inférieure alors que son regard azuré était posé sur son cousin; « Par contre, je voudrais revenir sur une réplique qui m’as particulièrement dérangé. » Elle se releva de son siège, se mettant doucement à marcher dans l’alcôve, prenant son regard dans les rangées de livres, semblant presque nonchalante. En réalité, la jeune femme tentait de voir s’il n’y avait pas de gens qui les observaient. Une fois qu’elle se sentit en confiance, elle s’arrêta avant de retourner son attention vers Clothaire; « Vous dites que le Comte vous offrait la chance d’avoir une épouse et une terre à diriger. Mais que faites-vous de la terre qui vous revient de sang? » L’air soudainement sérieuse, la rose de Lodiaker fixait son cousin, observant la réaction de ce dernier. Il avait un nom, et ce dernier à lui seul, valait bien son pesant d’or.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Jeu 1 Juil 2021 - 18:58 | |
| - Pardonne mes paroles profanes, chère cousine, mais si la Bienveillante avait un dessein pour moi, je serai ravi qu'Elle me l'explique
Il paraît amer en le disant et l'est mais la suite de la conversation lui arrache un sourire radieux et ravi.
- Vous êtes la future Marquise de Langehack, du moins c'est le destin qui semble vous être offert. C'est une excellente chose, parce que je peux sentir à votre regard et à votre sourire qu'épouser le fils du Marquis actuel et futur Marquis vous comble de joie. Je vous souhaite tout le bonheur du monde, que ça soit à Lodiaker ou à Langehack.
La question quant à ses propres fiançailles par contre le prend de court :
- Il va falloir que vous me pardonniez à nouveau, mais je n'ai jamais vécu dans une cour ou une seigneurie. J'ai fait mes études ici. Je suis un noble sans terre et sans titre, fils d'un homme déclaré félon. Je n'ai aucune réputation, je doute même être connu. Cela ne fait pas de moi un bon parti. Aucune famille n'a entrepris une quelconque démarche pour savoir si une union entre ma famille et la leur pouvait accueillir mon assentiment, car mon nom n'a plus aucune valeur. Peut-être est-ce à moi d'entreprendre des démarches en ce sens, mais je n'ai rien à offrir à une dame, sauf mon nom, qui n'a plus aucune valeur.
Adélina enfonce le clou en expliquant qu'il n'était pas politiquement intéressant d'avoir Clothaire à ses côtés et il lui sourit, en étant parfaitement d'accord sur ce point.
- C'était effectivement un risque de m'offrir une position et c'est bien pour cela que j'étais prêt à relever le défi. Mais dans les faits il ne m'offrait rien du tout, sinon un rôle de potiche. Certes, cela l'aurait déjà mis à mal à l'égard de sa cour, mais cela pouvait aisément être contourné par un "ainsi je l'ai sous les yeux" ou une fadaise du genre. Et soit dit en passant, je n'ai jamais considéré que vous aviez joué un quelconque rôle dans la décision du Comte de me recevoir. Et pour être tout à fait sincère, quitte à choquer, ses motivations, je n'en ai plus rien à faire.
Alors qu'elle est assise, lui reste debout. D'ailleurs il travaille aussi debout. Il se déplace ou fait quelques mouvements d'étirement et si on y prête attention, ce n'est pas par nervosité mais par besoin physique, comme pour éviter de rouiller. Il reprend son travail de copiste tout en écoutant sa cousine, le fait de faire les deux ne semblant pas compliqué pour lui. Mais il cesse le mouvement de sa plume quand elle lui parle de la terre qui lui revient de sang. Il se tourne, un peu choqué, réfléchit rapidement puis pose sa plume pour la regarder.
- Je n'ai parlé de ceci à personne, aussi parce que je ne l'ai appris que récemment. Mais je vais commencer par un préambule. Lorsque mon père a été exécuté et qu'une nouvelle famille a occupé la terre qui aurait dû être mienne, il était aisé de m'exécuter, moi aussi. Un enfant, handicapé de surcroit, qui est victime d'une agression ou d'un accident, qui s'en soucierait ? Mon précepteur a eu vent du projet et a fait en mon nom la promesse que jamais je ne prétendrai à mes terres ni n'y remettrai les pieds. Ni à Chtoll, ni dans la Baronnie. C'est au prix de cette promesse que ma vie a été épargnée. Si la seule promesse faite en mon nom n'est pas respectée, que me reste-t-il ?
Il lui fait un sourire un peu triste, désabusé sans doute. Cette promesse est sans doute connue, mais Clothaire s'y est tenu. Il l'a fait sans grande difficulté, n'étant visiblement pas porté sur les voyages. Son seul déplacement, outre celui qui l'a mené enfant de Chtoll à Diantra, a été celui qui l'a conduit à Arétria-la-Ville et retour. Et ça n'est pas ce qui lui donnera l'envie de recommencer.
- Mais il y a autre chose. Quand Marc de Chtoll m'a confié à un précepteur arétan, il l'a payé grassement pour qu'il accepte le contrat, convaincu que personne ne voudrait s'occuper de la chose. Ensuite, il était prévu qu'il le paie mensuellement pour ses services, comme il convient de le faire avec chaque précepteur. Sauf qu'il n'a pas payé. Et quand mon précepteur a réclamé ses indemnités, le Seigneur Marc de Chtoll lui a signifié qu'il n'avait pas de fils. J'ai vu le courrier de mon père, mon précepteur a pris un plaisir certain à me le montrer à mon retour d'Arétria. C'est quand mon état s'est amélioré et que je pouvais être épousable que les paiements ont repris, car soudain j'avais à nouveau une petite utilité.
Il n'est pas difficile de comprendre que la décision qu'a prise Clothaire de refuser le poste de potiche de Lün a fortement déplu à son précepteur arétan et que ce dernier en a profité pour rappeler à Clothaire qu'il lui était redevable.
- Vous me suggérez de revendiquer la terre qui me revient de sang alors que mon sang m'a renié ? En imaginant même que j'aie cette ambition, je n'ai aucun allié, aucune fortune, aucun ami. Vous m'imaginez, allant à pied rejoindre la Baronnie d'Alonna, pénétrer dans le château de la Baronne avec pour seule compagnie mon chien et réclamer qu'on me rende mes terres ? Ceci dit, ça aurait de la gueule. Je suis un pestiféré, dame de Lodiaker. Si quelqu'un soupçonnait notre rencontre, il est possible, voire probable, que vous vous attiriez les foudres de la Baronne.
Il soupire et pour la première fois baisse le regard, avant d'avouer :
- Je n'ai pas particulièrement de goût pour les jeux de cour. Je n'ai aucune ambition guerrière. Et si diriger une terre m'intéresse encore, éventuellement, c'est pour le défi intellectuel, pour voir si je pourrais rendre mes terres plus riches et mes citoyens plus heureux. Et cela s'arrête là. Car même si je devais devenir un Seigneur, quel qu'il soit, d'un hameau perdu au fin fond de nulle part ou de l'ensemble de la péninsule, je sais que je finirai par revenir dans une bibliothèque comme celle-ci, pour y rester des heures à étudier, ou à recopier. Je n'ai plus personne à impressionner ou décevoir, je peux songer à moi. Et je suis heureux, ici. Je n'ambitionne pas d'autres vies. C'est sans doute cela que mon voyage en Arétria m'a appris. Je n'ai pas envie de devenir comme ce Comte ou son second. Je n'ai pas envie qu'une femme se sente obligée de m'épouser pour mon nom. Je n'ai pas envie de terres. Je n'ai pas envie d'être ambitieux. J'ai envie du calme d'une bibliothèque et de tellement d'études à mener qu'il me faudrait plusieurs vies pour y parvenir.
Il retourne à sa copie, avec un léger sourire aux lèvres, essayant de faire bonne figure, comme il a appris à le faire. Sa cousine est heureuse, un beau destin se profile pour elle et c'est très bien. Qu'au moins elle, elle réussisse sa vie, finalement, cela le console. Un peu. Il la trouve intelligente et sympathique. Mais il évitera de lui témoigner cette sympathie qu'il ressent pour elle, parce que, comme elle l'a si bien dit, politiquement, ça serait une erreur. Pour elle, et par extension pour lui.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Dim 1 Aoû 2021 - 11:01 | |
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Assise devant son cousin, silencieuse alors que ce dernier lui raconte une période de sa vie peu plaisante, la rose reste impassible la majorité du temps. Elle se sait observée, décortiquer les paroles de ses interlocuteurs. Son cousin semble réellement heureux de son sort, aucune amertume ne semble l’habiter, du moins, au sujet de son mariage. La suite de la conversation semble beaucoup moins joyeuse. Adélina ne sait que trop bien qu’elle ne pourrait pas convaincre son cousin ou le Comte d’Arétria d’arriver à un arrangement. Ce sont deux têtes fortes, deux têtues qui ne voient pas le plus grand tableau. À quoi bon tenter de fabriquer une paix alors qu’il n’y avait aucun intérêt? Néanmoins le discours de son cousin la laisse perplexe. Elle avait rencontré à plusieurs reprises son oncle Marc, et elle n’avait jamais pensé qu’il pourrait avoir de si vile intention. Au contraire, il avait été toujours très bon avec elle, la complimentant sur son intelligence, lui disant qu’elle était la digne image de sa mère. Mais il fallait croire que les gens cachaient souvent les traits de personnalités qui ne fittaient guère leurs images. La jeune femme baissa légèrement les yeux, l’air pensive pendant un moment, tentant de se remémorer une quelconque rencontre qui aurait pu laisser paraître un indice. Mais rien ne semblait lui revenir en tête, que la joie que ce dernier avait à chaque fois qu’il venait visiter sa nièce ainsi que sa future belle-fille à chaque fois qu’il venait à Bransat.
L’alonnaise soupira avant de remonter doucement son regard vers son cousin, osant finalement reprendre la parole; « Je suis désolé que vous ayez à endurer de telle épreuve, Clothaire. Jamais je n’aurais cru que mon oncle n’aurait été aussi cruel avec vous. Si cela peut vous rassurer, je me souviens de ce qu’il m’avait dit alors que l’entente entre nos deux familles avait finalement été réglée. » Par entente, elle voulait bien entendu parler de ce mariage arrangé. Adélina se souvenait encore du sourire qui illuminait le visage de son oncle alors que ce dernier l’observait d’un air fier. « Il me répétait sans cesse à quel point son fils était d’une intelligence exceptionnelle, à un tel point, qu’il n’avait pas pu trouver de précepteur assez bien en Alonna, et avait dû vous envoyer à Diantra. » La jeune femme haussa les épaules; « J’ignore si c’est la vérité ou non, mais je pouvais certainement voir la fierté dans les yeux de votre père. » Elle eut un léger sourire, se rappelant de sa réaction à l’époque; « Je dois vous admettre qu’entendre ces paroles m’avait profondément déstabilisé. Je croyais que je ne serais guère assez intelligente pour vous et cela m’a poussé à étudier encore plus pour avoir au moins quelques discussions avec mon futur mari. » Elle eut un léger rire, avant d’observer son cousin d’un air amusé; « En quelque sorte, je devrais vous remercier. Vous êtes en partie responsable de la personne que je suis maintenant. »
Néanmoins la conversation prit un tourne peu attendu, ce qui surpris la jeune femme. « Les foudres de la Baronne? » dit-elle alors qu’un léger sourire vint orner ses lèvres. Adélina ça releva doucement, s’approchant doucement de son cousin avant de reprendre en murmurant; « Je n’ai guère peur d’une gamine, cousin. Ni de sa famille ni de sa mère, ni même de son régent de beau-père. » L’alonnaise balaya son regard azuré dans la pièce. Épiant les alentours, faisant en sorte que personne ne puisse entendre leurs conversations et lorsqu’elle eut la certitude que les deux êtres étaient seuls, elle reprit en murmurant; « La seule chose que je peux vous dire est que la colère gronde en Alonna. Cela ne m’étonnerait point que de grands changements ne fassent surface. » Elle recula de quelques pas, laissant une certaine distance entre elle et son cousin avant de reprendre la parole, l’air beaucoup plus sérieux cette fois.« Votre père ne vous a guère renié et si c’est le cas, vous devez laisser cela derrière vous. Peut-être que vous n’avez pas d’armée, pas d’argent, mais vous avez ce qui compte le plus; un nom. Le nom d’une des plus vieilles maisons d’Alonna. Allez-vous réellement la laisser mourir? Ou prendrez-vous les tâches qui sont votre? » Cela faisait longtemps qu’Adélina avait choisi son chemin, elle savait pertinemment la valeur de son nom et des responsabilités qui lui revenaient; « Nous ne sommes pas nos parents, Clothaire. Nous sommes une nouvelle génération qui ne veut que du bien. Le monde s’offre à nous, vous n’avez qu’à prendre ce qui vous ait dû. Si vous revenez en Alonna au bon moment, vous verrez que vous avez beaucoup plus de soutien que vous le croyez. »
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mar 3 Aoû 2021 - 19:46 | |
| Lorsqu'elle commence à lui parler de son père, Clothaire tente de rester stoïque, ce qui n'est pas simple car il a l'impression qu'elle lui parle d'un inconnu.
- Je n'ai aucun souvenir de lui, j'ignore même à quoi il ressemblait ou quel était le ton de sa voix. Votre oncle est très différent de mon père, mais les circonstances étaient bien différentes. Peu avant ma naissance, il était un jeune marié ambitieux dans l'attente de son héritier. A mon premier cri, il était veuf et père d'un enfant polyhandicapé. Et la situation politique était catastrophique. Quand il vous a connue, j'étais plus éveillé, progressant au delà des espérances, compensant mes faiblesses physiques par une vivacité d'esprit. Quand on est limité dans ses mouvements, la découverte du monde se fait par les récits, puis les livres. J'étais moins une déception, j'étais redevenu un espoir. Quand on n'attend plus rien, on ne peut qu'être agréablement surpris. Aussi pouvait-il ressentir une fierté, oui, je veux bien le croire, quand finalement il pouvait parler de moi en termes positifs, alors qu'il me reniait du moins officiellement quand l'éveil ne s'était pas encore manifesté.
L'éveil... C'est une façon poétique de dire qu'il est passé de chose qui braillait, incapable de communiquer autre chose qu'une douleur par les cris à un enfant surpris par l'architecture, les animaux, les routes, puis les récits héroïques, les énigmes, le savoir. Il ne se rappelle plus ce qui a suscité son intérêt en premier. Mais c'est ce qui lui a donné l'envie de dépasser sa condition. Une forme d'instinct de survie. Et faire de lui un élève brillant.
- L'intelligence... Je suis mal placé pour juger de mes propres capacités mentales, votre précepteur, Mestre Jean, pourra en témoigner mieux que moi. Surtout en mon absence. Je doute qu'il vous mente ou cherche à vous ménager. Il pourra parler de mes qualités et de mes défauts. Je présume qu'il vous dira, pour mes qualités, que je suis quelqu'un qui peut rester des heures à étudier sans m'en plaindre, et parmi mes défauts que je suis beaucoup trop pointilleux, surtout pour des fadaises. Ce sont des critiques que j'ai déjà reçues. Mais à nouveau, cela n'était pas par choix. Physiquement, un enfant de cinq ans me domine, je suis fragile et cela se voit. Alors il faut que j'aie d'autres domaines où je peux me montrer solide, voire fort ou inquiétant. C'est pour cela que j'ai emmagasiné des écrits par dizaine, plus que par passion. Oh bien sûr certains sujets le sont, mais pas tous, loin de là. L'important pour moi était de ne pas le laisser paraître. J'avoue plus facilement mes faiblesses intellectuelles, désormais. Pour deux raisons. La première, c'est que reconnaître qu'on ne sait pas permet à celui qui sait de nous offrir son enseignement, et cela, c'est très riche. La seconde, c'est que plus j'apprends, plus je réalise toutes ces choses que j'ignore. Et c'est beaucoup moins plaisant. Plus jeune, j'avais l'ambition de tout lire ici. Aujourd'hui, je sais que si je vivais aussi longtemps qu'un elfe, je n'aurais pas le temps de saisir le dixième de ce qui est enseigné ici, et que ce qui est enseigné ici ne représente qu'une infime partie du savoir du monde.
Il se contente de se tourner vers elle et lui sourire quand elle lui dit que quelque part, c'est lui qui est responsable de qui elle est aujourd'hui. Il trouve cela plutôt gentil. Par contre, il est surpris quand elle lui avoue ne pas craindre la baronne, sa famille ou le régent.
- C'est un tort. S'ils vous paraissent insignifiants, ils ne le sont pas. Personne ne l'est. Le danger peut venir de n'importe où. Les alliances les plus étranges aussi. Cela, l'histoire me l'a enseigné. Tout comme certains qu'on annonçait comme futurs grands peuvent se montrer bien décevants. Ceci étant, un titre de Marquise vous protégera de toute animosité venant d'une Baronne, si cette dernière a un minimum de bon sens.
La confidence sur la situation politique en Alonna le surprend. Il se fend d'une confidence.
- Je n'ai fait aucune recherche sur mes terres originelles, le peu que j'en sache me vient des confidences qui m'ont été faites. Je ne suis donc au courant de rien.
Et il écarte les bras, en signe d'impuissance, sauf que seul son bras droit fait le mouvement. Il regarde son bras gauche avec un mélange de colère et de dépit, avant de le repositionner correctement avec sa main droite et de reprendre sa copie, qu'il est sur le point de terminer et écoute avec attention le discours étrangement ambitieux de sa cousine. Et elle pourra voir à son regard qu'elle a éveillé son intérêt.
- Soit ! Imaginons que je veuille jouer le jeu. Mettons de côté pour l'heure que pour perpétuer mon nom il me faille faire un héritier et donc prendre épouse, je doute que c'était là l'objet de votre discours enflammé. Vous prétendez que j'ai un nom et donc des alliés sur place. Je ne connais rien de ce monde. Si vous étiez à ma place, mais avec vos connaissances, quelle stratégie me proposeriez-vous ? Quelles sont les choses qui méritent que je m'y intéresse, histoire d'être prêt le jour J ? Le peuple pourra-t-il accepter à sa tête un gringalet à la démarche chancelante et un bras non fonctionnel ou simplement me laisser une chance ? Me conseillez-vous de m'allier aux ennemis de la Baronne et tenter un coup d'état ou d'épouser la Baronne pour une révolution en douceur ? Puis, surtout, vous qui avez vécu là-bas, c'est comment, Chtoll ? Qu'est-ce qui fait ou pourrait faire la fierté d'un habitant de là-bas ? Qu'est-ce qui vaut la peine que je quitte ce monde et ce lieu que j'ai toujours connu pour risquer ma vie pour un monde qui
Il a fini sa copie, car il a continué à recopier le vieux parchemin tout en conversant avec Adélina. Il sourit pendant sa vérification, en constatant qu'il n'a pas fait d'erreur, puis redresse son regard vers sa cousine, un regard plus pétillant
- m'est inconnu et passablement hostile. Pour une action qui me ferait renier la seule promesse qui a été faite en mon nom. Je sens que vous aimez vos terres et l'Alonna. Expliquez-moi pourquoi ! Parce que pour l'heure, je me sens prêt à mourir pour défendre cette bibliothèque, ses ouvrages et ses parchemins, mais que les terres de mon père m'indiffèrent. Mais, bizarrement, vous me donnez envie de rêver. J'étais prêt à une vie finalement bien plus dangereuse en allant en Arétria, où tout m'était hostile. Parlez moi de mes terres originelles, dame.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Dim 15 Aoû 2021 - 19:07 | |
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Assise devant son cousin, silencieuse alors que ce dernier lui raconte une période de sa vie peu plaisante, la rose reste impassible la majorité du temps. Elle se sait observée, décortiquer les paroles de ses interlocuteurs. Son cousin semble réellement heureux de son sort, aucune amertume ne semble l’habiter, du moins, au sujet de son mariage. La suite de la conversation semble beaucoup moins joyeuse. Adélina ne sait que trop bien qu’elle ne pourrait pas convaincre son cousin ou le Comte d’Arétria d’arriver à un arrangement. Ce sont deux têtes fortes, deux têtues qui ne voient pas le plus grand tableau. À quoi bon tenter de fabriquer une paix alors qu’il n’y avait aucun intérêt? Néanmoins le discours de son cousin la laisse perplexe. Elle avait rencontré à plusieurs reprises son oncle Marc, et elle n’avait jamais pensé qu’il pourrait avoir de si vile intention. Au contraire, il avait été toujours très bon avec elle, la complimentant sur son intelligence, lui disant qu’elle était la digne image de sa mère. Mais il fallait croire que les gens cachaient souvent les traits de personnalités qui ne fittaient guère leurs images. La jeune femme baissa légèrement les yeux, l’air pensive pendant un moment, tentant de se remémorer une quelconque rencontre qui aurait pu laisser paraître un indAdélina ne sut quoi répondre à la rhétorique de son cousin. Après tout, quoi répondre à un homme que son père n’a pas pu apprécier. C’était… dommage. Mais qui pouvait réellement prédire ce qui se passait derrière les portes closes? Son oncle avait montré un visage bien différent à la rose. Celui d’un homme franc, fier et entendre le récit de Clothaire sur ce dernier était totalement à l’opposé de l’idée qu’elle s’était fait. Peut-être avait-il tenté de ne pas faire fuir la jeune femme, ou peut-être était-ce une manipulation qu’il avait tentée pour convaincre sa nièce et son époux d’unir leurs deux familles. Personne ne pourrait le dire réellement. Après tout, cela faisait bien des années que Tyra était venu chercher le souffle de son oncle. Elle savait que trop bien que rien de ce qu’elle pourrait dire à ce moment précis aurait pu rassurer son cousin, ainsi décida-t-elle de rester silencieuse, bien que sa révélation sur le fait qu’il ne connaissait rien d’Alonna la surprit.
Adélina fronça les sourcils, portant son regard sur son cousin. Cela était tout l’opposé de sa nature, elle, qui aimait l’Alonnan de tout son cœur. Elle qui se battrait becs et ongles pour ses terres. La nordienne observa son cousin alors que ce dernier retournait à son podium, retournant à sa copie, non sans reprendre la parole. Et elle l’écouta. Sans l’interrompre, le laissant s’exprimer, le laissant rêver des actions qu’ils pouvaient accomplir alors qu’il étudiait des possibilités. Ce ne fut que lorsqu’il termina son allocution, que la jeune femme reprit finalement la parole; « En effet, ce n’est pas la raison de mon discours. J’ai été élevé comme une dame. Dès mon plus jeune âge je savais que je serais à la tête de l’une des plus importantes seigneuries d’Alonna. On m’a inculqué le sens du devoir, de la famille. Pour moi, mes gens sont ma famille. Je me fais du souci si une menace plane sur leurs vies, et je tente tant bien que mal d’améliorer leur sort. Il n’y a pas une nuit qui passe sans que je me demande comment améliorer le Lodiaker, pas une nuit qui passe sans que je me demande comment les faire prospérer, ou leur faire oublier les blessures du passé. »
Adélina eut un sourire, son père lui avait souvent dit c’était cela régner, qu’il n’y avait pas une nuit ou le besoin de ses habitants ne se bousculaient dans ses pensées. Elle releva doucement la tête, plongeant son regard dans celui de son cousin. « Les alonnais n’en ont que cure de ce à quoi vous ressemblez. Ils ont besoin d’un seigneur qui aura leurs intérêts à cœur, qui saura les guider à travers les épreuves qui se dressent devant eux. » Adélina dit un pas vers son cousin, un air soudainement déterminé. « Vous voulez les impressionner? Retourner en Alonna. Tenez tête à la baronne et reprenez ce qui vous revient de droit. Vous n’avez jamais été déclaré comme un félon. Chtoll vous revient de droit, et vous savez aussi bien que moi que vous pouvez le réclamer à la baronne. » Adélina savait très bien que les Broissieux ne céderaient jamais Chtoll à Clothaire sans une bataille, après tout, ils avaient passé toute ses à réduire à néant cette famille, ils ne céderaient pas aisément. Mais cela attirera forcément l’attention des autres seigneurs. « Ou attendez le bon moment… vous êtes intelligent. Vous verrez bien assez vite quand l’occasion se présentera. » Et il aurait certainement l’occasion. Après tout, un coup se préparait en Alonna. Un coup qui changerait bien des choses. La jeune femme eut un sourire avant de reprendre la parole; « Peut-être devriez-vous faire des recherches sur vos terres. Ou vivre vos propres expériences. Vous vous rendrez compte qu’elles sont bien plus intéressantes que Lünn. »
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mar 17 Aoû 2021 - 11:16 | |
| Un tic nerveux, puis un second, trahissent le trouble qui l'habite pendant que la rose s'exprime. Il fait quelques pas sur lui même, non pour fuir le regard de sa cousine mais pour bouger, simplement et ne cache plus trop qu'il le fait pour détendre ses muscles. Soulagé pour quelques minutes, il prend la décision de s'asseoir puis observe les alentours pour s'assurer que personne ne les observe, puis répond à sa cousine, d'une voix basse et maîtrisée afin qu'elle seule l'entende.
- Ce n'est pas le discours que j'attendais. Vous aimez l'Alonna parce que vous avez appris à l'aimer. Vous aimez les gens comme votre famille parce que c'est ainsi qu'on vous a éduquée. Je ne prétends pas que c'est mal, cela serait hérésie de ma part. Et les besoins du peuple sont importants, mais...
Il a une grimace, naturelle cette fois, qui affiche une forme de déception
- J'eus préféré que vous parliez de la beauté des forêts que les seigneurs exploitent avec intelligence pour permettre qu'elles survivent à notre exploitation. Ou de vos mines, au nord, et ses gueules noires qui en font jaillir les filons. Du fleuve qui transperce l'Alonna et qui à hauteur de Chtoll devient si large qu'on imaginerait une mer, ou un lac. Du climat tempéré qui fait qu'il y fait bon vivre en toute saison. De ces exploitations agricoles qui rendent notre pays autosuffisant, de ces exploitations ovines, de notre art de la défense, partagé entre de solides soldats et d'ingénieux ingénieurs et qui font que l'Alonna a toujours appartenu aux Alonnais, malgré la présence aux frontières de potentiels envahisseurs. Ses places fortes, ses routes, l'excellent vin tiré de la seigneurie voisine du Kreskan. Sans oublier les larges murs, les larges routes et que toi et moi sommes avec la famille d'Azrith les plus anciennes familles d'Alonna.
Il est clair maintenant qu'il a menti et qu'il s'est renseigné sur ses terres d'origine. Il pourrait s'amuser du fait d'avoir pu tromper sa cousine, mais ce qui ressort de lui est plutôt de l'amertume.
- Bohemond va être couronné roi alors qu'il entre à peine dans l'adolescence. A son âge, je rêvais déjà de revenir sur mes terres et prouver que je pouvais être meilleur que mon père. Celui-ci a perdu une place forte défensive en quelques jours, ce qui en dit long sur l'attrait qu'il avait porté à la défense de ma cité. Il y a eu des manquements, à tout le moins, aussi puissante était l'armée en face. Cela ressemble plus à un renoncement, à mes yeux. Ton oncle Marc, de ce que j'ai compris, était un brillant guerrier, mais offensif. Les seuls seigneurs qui ont pris contact avec moi, ou plutôt mon précepteur, sont les d'Eskil. Aucun autre seigneur alonnais ne s'est enquis de moi. Ni tes parents, ni les Broissieux, ni même les de Kreskan ou les de Wacume... Personne... Pas une fois.
Il soupire.
- Quel enseignement devais-je en tirer, cousine ? Que mon retour était souhaité, voire espéré ou que votre monde avait continué sans moi ? L'ancienne génération semble avoir pris le pli de la nouvelle donne politique en Alonna, mais je suis ravi de voir que ça n'est pas le cas de la nouvelle. Et si vous pensez qu'une occasion va se présenter, c'est que vous savez des choses que j'ignore. Je n'ai pas d'espions, de mon côté, pour être informé de ce qui n'est pas officiel. Par contre, il y a des choses que je peux comprendre facilement.
Il marque un temps d'arrêt, pour voir s'il peut poursuivre.
- Imaginons qu'avec l'appui du Marquisat de Langehack, vous décidiez que le règne des Broissieux a assez duré et qu'il est temps de rétablir bon ordre en Alonna. Imaginons que vous ayez le soutien des anciennes familles à ce sujet, mais qu'elles hésitent à lancer une nouvelle guerre civile, d'autant que parmi les puissantes armées alonnaises, outre tes troupes, se trouvent les troupes baronniales et celles de Chtoll et que la guerre sera coûteuse en argent, en matériel et en hommes, possible que le marquisat et Lodiaker seuls se soulèvent et que les autres places fortes restent dans une étrange... neutralité. J'ai raison jusqu'ici ?
Il n'a pas toutes les données, mais il pense ne pas être trop éloigné de la réalité. Les guerres coûtent chers, si on ajoute les famines de quand il était encore enfant, l'Alonna doit juste se relever à l'heure actuelle, ce qui est peu propice à un soulèvement.
- Mais des mouvements de protestation existent, que vous les encouragiez par des rumeurs ou qu'ils soient naturels. Les tensions existent. Et là, vous devez voir en moi une pièce intéressante sur l'échiquier. Quel bordel je pourrais faire naître si on découvrait que Clothaire de Chtoll pourrait vouloir récupérer ses terres. Ne doutons pas que les d'Eskill et les Broissieux s'étoufferont en l'apprenant, mais la position des autres seigneurs pourrait être chamboulée. Et si Chtoll me revient, en sachant les liens qui lient nos familles, l'avantage armé penchera clairement en faveur du Marquisat et du Lodiaker.
Il est obligé de se relever, douloureusement, avant de faire des mouvements pour détendre ses muscles. Si son cerveau est en activité, le fait de mettre son corps au repos pose toujours problème. Mais ce mouvement lui permet de faire attention à qui l'observe, car il est inattendu. Et ils sont toujours tranquille. Il reprend sa diatribe.
- Je n'ai pas envie de déclencher une guerre civile ni d'être manipulé. Si un projet est en cours, je tiens à en être informé si comme je le pense j'y joue un rôle. Car je veux que, lorsqu'on déplacera ma pièce sur l'échiquier, je sois conscient des implications. Je ne veux pas réapparaître après la bataille, mais en être l'un des artisans. Cela me légitimera autant que mon nom, vous comprenez ? Clothaire, Seigneur de Chtoll et Adelina de Lourbier, Baronne d'Alonna. Ce n'était pas le rêve de mon père, mais j'imagine que ton oncle pourrait apprécier.
Il interrompt sa marche et fixe sa cousine.
- Quitte à continuer dans les hypothèses, et même si je ne suis pas en état de négocier quoi que ce soit, puisque je ne suis pour l'heure qu'un nom et une hypothèse, j'aurai deux revendications à formuler... Du moins si mes hypothèses ne sont pas trop éloignées de la réalité
Même si tout ceci pourrait ne rester qu'à l'état d'hypothèse, en ce compris son envie de retrouver l'Alonna et le titre qui lui revient de droit, l'exercice intellectuel l'amuse. Mais à la notable différence de sa cousine, Clothaire n'a jamais eu l'occasion de passer à la pratique. Et il y a un monde entre un plan, serait-il bien établi, et la réalité.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Sam 28 Aoû 2021 - 10:49 | |
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«C’est malheureux, car il semble qu’il vous manque certaines parties de notre histoire. » Adélina pencha la tête sur le côté alors que son regard perçant tombait sur son cousin, le fixant intensément. « Avez-vous une seule idée de ce qui est tombé sur votre père cher cousin? L’armée royale, les troupes d’Ydril, d’Etherna et d’Arétria.» Elle s’arrêta un moment, lui laissant le temps de se remémorer les chiffres qu’une telle force était. « Alonna était en plein guerre civile, les troupes étaient déjà déchirées avant que cette formidable force arrive. Rajoutez la peste qui a ravagé le nord au même moment, et vous avez une défaite certaine. Dire que votre père a renoncé à l’alonnan est probablement le pire sacrilège que vous pourrez faire. » Elle n’était pas en colère, au contraire, elle expliquait avec patience tout ce que son cousin n’avait pas compris dans l’équation. Peut-être était-ce le fait qu’il était à Diantra alors que la guerre déchirait la baronnie. «Il s’est tenu seul devant tout ce monde, alors que la peste ravageait la baronnie. Ce n’est pas un échec, mais un sacrifice qu’il a fait pour Alonna et je ne pourrais jamais le voir autrement. » Sans vouloir l’offenser, il n’était pas là pendant cette période. Il ne pouvait comprendre ce qu’était la peste, la guerre. La sensation de tout perdre. Adélina haussa les épaules avant de continuer; « Les Eskils… Pas étonnant puisque mon oncle est sur votre trône en ce moment. » Elle n’appréciait aucunement Ansfild, et ce n’était pas un secret pour personne. Elle le trouvait faible, avide de pouvoir, mais sans la force nécessaire pour le prendre. Pas étonnant qu’il se soit marié à la mère d’Alanya. C’était la façon la plus facile pour lui d’acquérir une place au conseil alonnais.
« Quant au Wacume, au Kreskan, encore une fois, tous des alliés de la Baronne. Mais si vous tentez d’aller plus loin, et me mentionner les Azrit, les Jersada… Croyez-vous réellement qu’ils viendraient vous voir si facilement? Avez-vous seulement qu’une seule idée de leur importance devant les Broissieux? » Si il avait fait ses recherches comme il le sous-entendait, il devait pertinemment savoir que le Lodiaker avait été le seul détracteur ces dernières années de la Baronne. Et pourquoi? Parce que les Lourbier étaient les seuls à avoir les moyens de le faire. Adélina décroisa doucement ses jambes avant de passer rapidement la main sur la soie de sa robe, déplaçant un pli qui semblait se former. «Vous avez raison sur certains points. Mais il y a quelques dénominateurs importants qui vont ont échappé. » Son regard se releva vers son cousin avant qu’elle ne balaie les alentours de nouveau, consciente que n’importe qui pouvait surgir de nulle part. «Une guerre coûte en effet très cher, et ne sera aucunement utile aux gens. Si j’ai l’appui du Marquisat de par mon mariage, cela ne veut point dire que j’ai accès à toutes ses ressources et il est totalement hors de question que je plonge les alonnais dans de nouvelles années de noirceur lors que la péninsule est déjà assez menacée. Alonna est l’une des barrières sur royaume, et je compte faire en sorte qu’elle reste protéger.» Elle soupira avant de continuer; « Qui plus est les relations entre le Nord et le Sud sont assez tendues sans avoir besoin de ramener une guerre entre les deux. » La rose se releva doucement, avant de s’approcher de son cousin, « Mais vous dites avoir des revendications à formuler, allez-y, je vous en prie…»
Dernière édition par Adélina de Lourbier le Lun 6 Sep 2021 - 18:27, édité 1 fois |
| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Dim 29 Aoû 2021 - 17:34 | |
| Alors qu'il écoute sa cousine lui expliquer pourquoi aucun seigneur ne s'est enquis de lui, le visage de Clothaire se ferme pour devenir totalement impassible, si ce n'est un tic nerveux, puis l'autre, qui efface un court instant sa pokerface. Là n'est pas l'important pour lui, il lui a expliqué qu'il pensait être totalement isolé et oublié, elle lui explique que les autres n'avaient pas d'intérêts à prendre contact avec lui. Leurs motivations, Clothaire s'en fout, que leurs raisons soient bonnes ou non. Il lui a expliqué pourquoi il n'a pas pu bouger un cil et pourquoi il s'est senti obligé de chercher d'autres voies. Mais si les autres seigneurs restent aussi frileux, Clothaire ne disposera d'aucun appui pour récupérer son dû. Sinon le coup d'état que sa cousine envisage.
Son visage reste impassible, malgré des tics plus légers, quand Adélina confirme qu'elle non plus ne souhaite pas faire couler le sang, mais cette information le rassure. Par contre, elle évite soigneusement de lui dire comment elle compte faire.
- Ma Dame est trop bonne, mais ne me fait pas confiance. Cela m'obligera soit à attendre que le coup d'état aie lieu, ce qui signifie qu'il se fera sans moi, soit à improviser, au risque de mettre votre plan à mal. Revenir sans rien avoir entrepris pour récupérer ce qui m'est dû ferait de moi un seigneur amer et l'amertume est mauvaise conseillère. Je présume qu'il me reste le temps de réfléchir à une action d'éclat mais qui ne vous mette pas en porte-à-faux.
Il lui rappelle aussi par ce biais qu'il sera plus intéressant pour elle d'avoir un allié enthousiaste, digne du sacrifice de son paternel, plutôt qu'un allié amer. Bon, d'un autre côté, mieux vaut un allié vivant que mort aussi, et sans toutes les informations, difficile de saisir la part de risque de l'entreprise. Il doit donc lui faire confiance, un minimum, et si les deux se méfient...
- Vous ne m'avez rien confié ou presque, sinon d'attendre le bon moment qui ne saurait que venir. En toute logique, je devrais garder mes revendications pour moi, mais si ni l'un ni l'autre ne nous témoignons d'un minimum de confiance, cela ne fonctionnera pas. Même si mes revendications n'ont rien d'extraordinaire.
Est-ce pour faire durer le suspense ou un besoin impérieux, mais il refait des exercices d'étirement relativement discrets, tout en inspectant les lieux pour s'assurer qu'ils sont seuls.
- Je bougerai, d'une manière ou d'une autre, uniquement si les signes sont favorables. Car je crois aux signes, depuis toujours. Si j'ai le sentiment que la Damedieu n'approuve pas mon action, je ne l'entreprendrai pas. Si les prêtres ne soutiennent pas l'action, je n'irai pas à l'encontre des désirs de la Bienveillante. Surtout pour des choses de cette importance. J'espère que vous le comprendrez.
Cela n'apparaît pas réellement comme négociable, mais il est difficile d'aller en l'encontre de sa foi et dans ce monde, la plupart des gens peuvent le comprendre. Et sa cousine aussi, plus que probablement. L'autre point semble plus difficile à expliquer.
- Si le coup d'état réussit, il va falloir bâtir et renforcer des alliances et le meilleur moyen est le mariage. Comme votre main est déjà promise, c'est sur ma pomme que pourrait retomber un mariage arrangé pour renforcer mon retour et votre prise de pouvoir. Mais j'ai des exigences. Je veux être certain que mon épouse soit fertile, étant le dernier Chtoll, cette revendication tombe sous le sens. Si nos soigneurs émettent des doutes quant à la possibilité de mon épouse de faire un enfant, le mariage ne se fera pas. La survie de mon nom passe avant le reste. J'aimerais qu'elle ne soit pas trop intelligente, histoire de pouvoir l'impressionner avec mon esprit. Ce ne sont pas mes capacités guerrières ou mon physique qui la séduiront, autant que je la surclasse intellectuellement. Il n'y a rien de pire que de partager sa vie avec quelqu'un qui nous déteste. Puis j'aimerais qu'elle soit... euh...
Il fait un geste vague semblant expliquer ce qu'il attend, puis hausse les épaules et dit dans un soupir
- Pulpeuse. Des hanches, des fesses et des seins. Qu'elle respire la santé et la féminité. Pa... P P P parce que j'aime bien, voilà.
Pour le reste, il s'en moque un peu. Il n'a pas le sentiment d'en demander trop. Puis il ignore comment séduire une femme ou lui faire la cour, il ne s'y est jamais essayé.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Lun 6 Sep 2021 - 18:55 | |
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Adélina haussa un sourcil alors que son cousin lui faisait remarquer qu’elle ne lui faisait pas confiance. À quoi s’attendait-il? Cela faisait à peine quelques minutes qu’ils se parlaient. Il y a de cela une trentaine de minutes, l’alonnaise ignorait totalement que ce dernier était à Diantra. Certes, elle aurait pu se renseigner, tenter de prendre contact, mais cela aurait été excessivement dangereux, autant pour elle que pour ce dernier. Adélina se releva avant de s’approcher de ce dernier, laissant une distance confortable entre elle et son cousin; « Vous me demandez de vous faire confiance? Puis-je vous rappeler que je ne vous connais guère cher cousin. Même si nous partageons la même lignée, même si nous avons été fiancés, je ne sais absolument rien de vous. Vos intentions ont changé il y a quelques minutes à peine. » Ce qui n’était pas un mensonge, Adélina avait l’impression que ce dernier était rapidement changé de voix. Peut-être que son discours l’avait motivé, ou tout simplement, avait-il décidé de lui montrer ses réelles intentions? La dame de Lodiaker se doutait bien qu’elle ne le saurait probablement jamais. Son cousin semblait se cacher derrière un masque. Elle secoua la tête, avant de faire un pas de reculons; « Il y a à peine quelques ennéades, on a tenté de me kidnapper. Vous comprendrez que cela me force définitivement à prendre des précautions, et je fois dire qu’en ce moment même, je ne sais si je dois vous faire confiance ou non. Mais je suis certaine que je le verrais bien vite. » Adélina avait besoin de temps, de faire ses recherches. L’incident d’Arétria avait fait quelques dommages, et la nordienne était de plus en plus prudente. Elle ne savait que trop bien que ses ennemis rodaient à Diantra et pour le moment elle ignorait sur quel pied danser avec Clothaire. L’alonnaise lui avait confié certains faits, elle verrait bien assez vite, si cela revenait vers elle ou non. « Et il est tout simplement hors de questions que je raconte mes plans en plein milieu d’une bibliothèque, dans le palais royal à Diantra. Je suis peut-être jeune, mais bien loin d’être sotte. »
Néanmoins, elle acquiesçât alors que ce dernier se permettait de faire des revendications. Sa remarque sur la Damedieu était totalement légitime, et Adélina devait avouer qu’elle attendait exactement le même de la part de la déesse. « Non tout à fait, cela est légitime. » Dit-elle, approuvant les dires de ce dernier. Par contre la suite… la laissa bouche bée.
Adélina se racla la gorge, avant de prendre la parole, l’air légèrement gêné; « Et que voulez-vous que je fasse cousin, que je vous trouve une épouse? » Cette requête la mettait extrêmement mal à l’aise. Elle qui était mariée, n’osait même pas penser à ce qui se passait lorsqu’elle était avec Théodoric, alors penser à ce qui plaisait à son cousin… La nordienne rougit un moment, avant que son regard ne se porte au sol. En réalité, elle cherchait tant bien que mal de reprendre son calme, tentant de prendre le contrôle de son malaise. « Vous savez Cousin… » Commença-t-elle avant de relever son regard vers ce dernier. « Ceci n’est aucunement de mon gré. Vous pourrez choisir l’épouse qui vous conviendra et si je suis votre suzeraine je n’aurais d’autres choix que de l’accepter. » Oui, si elle était sa suzeraine, car pour le moment cela n’avait absolument rien à faire avec elle ou son opinion.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Mar 7 Sep 2021 - 17:07 | |
| - Je suis un Chtoll, vous êtes une Lourbier. Comme vous vous êtes plue à me le rappeler, vous considérez que votre oncle s'est sacrifié pour votre famille et les alliances entre nos familles ont été les plus sûres de l'histoire. Vous voulez douter de moi ? Fort bien, c'est votre droit et je ne peux rien y faire. Vous dites que vous avez été victime d'une tentative d'enlèvement ? Je n'ai aucune raison de mettre votre parole en doute. Mais ce qui vous différencie de moi, c'est que personne ne viendra à mon secours si je fais une erreur ou si quelqu'un a la lubie de me nuire. Car mon nom ne me protégera de rien, à la différence d'un homme d'armes à mes ordres, d'informateurs qui peuvent me permettre d'éviter quelque désagrément ou d'un traitre en face qui trouverait plus intéressant pour lui de me prévenir, car je pourrais lui en être reconnaissant. Sans armée ni fortune, vous n'êtes rien. Et je n'ai ni armée, ni fortune.
Il reprend une marche pour se dénouer les muscles, mais ne semble pas perdre sa réflexion pour la cause.
- Quand vous lancerez les premières démarches du coup d'état, si vos alliés ne sont pas stupides et il n'y a pas de raisons de croire qu'ils le sont, ils voudront s'assurer de vos alliances et du danger que vous représentez. Possible que mon nom soit cité à nouveau. Se débarrasser de moi pour vous affaiblir, vu le lien qui lie nos familles et la légitimité de mon retour à Chtoll, deviendra une option intéressante. En somme, et dans l'absolu, c'est vous qui allez me mettre en danger en rompant l'équilibre qui s'est installé en Alonna. Encore heureux que j'en sois informé, cela m'ennuierait de mourir assassiné sans savoir pourquoi.
Elle aussi pourrait faire assassiner Clothaire, finalement, si réellement elle doute de lui. Option déplaisante mais pas dénuée de fondement elle non plus.
- Vous m'obligez à improviser sans que j'aie les tenants et aboutissants, sans argent et sans armée, et sans que j'aie rien demandé. Et vous ignorez même si vous pouvez me faire confiance ? Que devrais-je dire, pour ma part ?
Oh, la réponse, il l'a déjà. Son regard pétille un peu et il l'offre à sa cousine.
- Je dis que je trouve tout ceci amusant. Que l'on puisse m'envisager comme un pion intéressant politiquement m'amuse. Il est possible que ça me coûte rapidement la vie, c'est vrai, mais j'aime me sentir vivant. J'ai eu ce même plaisir en envisageant mon voyage pour Lün. Quelque chose changeait dans ma vie. Bon, la déception n'en a été que plus grande, mais tout ceci semblait vrai... et l'était. Je doute que vous puissiez comprendre ce concept, Cousine. Le plaisir, l'amusement, sont des choses que j'ai rarement ressenties.
Lire et copier sont une forme de fuite. Il est heureux ici. Mais c'est aussi une routine. Et briser la routine l'intéresse. C'est aussi basiquement simple que cela. Si elle comprend et accepte son besoin d'avoir l'approbation de la Damedieu avant d'agir, elle semble beaucoup plus mal à l'aise quand il s'agit de parler de futures épousailles. Et le fait qu'elle se débarrasse de l'idée dans la minute où elle est exposée déplait à Clothaire.
- Vous avez tort, Cousine. Vous emparer du pouvoir n'est pas une finalité mais un début. Si vous ne cherchez pas à pérenniser immédiatement votre position, vous offrez à d'autres l'occasion de penser qu'ils pourraient vous remplacer à leur tour. Bâtir des alliances, construire un nouvel équilibre dont vous serez le centre sera important. Si les gens ont le sentiment que vous êtes là pour quelques mois, ils s'investiront moins que s'ils pensent que vous êtes là pour des générations. Si votre but n'est pas de pacifier la région, pourquoi bousculer l'ordre établi ? Les mariages sont une manière fantastique d'établir des nouvelles donnes où tout le monde pense être gagnant. Et si cela se fait à votre initiative, vous renforcez aussi votre pouvoir.
Comme il n'est pas sûr d'être clair, il préfère illustrer par un exemple.
- L'Alonna tombe, vous devenez Baronne, je deviens Seigneur de Chtoll. A Jersada, ils ont une fille en âge d'être mariée, une alliance se crée, j'épouse la fille de Jersada. L'impression que cela donne ? Le pôle économique de l'Alonna, considéré par le passé comme allié des Broissieux, s'associe à la puissance militaire de Chtoll. Le centre et le sud s'allient au détriment du Nord. L'impression donnée est que tu es affaiblie. Cas de figure numéro 2. Il y a une fille épousable en Jersada et un nouveau seigneur célibataire à Chtoll. Tu décides d'unir nos deux familles et le mariage se fait à ton initiative. L'impression dégagée est que le pôle politique que tu représentes, le pôle économique représenté par Jersada et le pôle militaire que je représente s'allient pour faire cause commune pour l'Alonna. Le mariage est le même, l'impression est très différente.
Cela reste un exemple. Il ignore s'il y a une fille épousable liée à la famille dirigeant Jersada et la caricature est trop caricaturale que pour fonctionner, mais oui, pour lui, c'est à elle à lui trouver une épouse, parce que politiquement, cela sera intéressant.
- Cela m'intéressera aussi de connaître vos projets pour l'Alonna quand vous serez au pouvoir. J'en ai pour Chtoll. Des projets qui restent théoriques, pour le cas où. Mais dans mes moments d'ennui, j'essaie d'imaginer ce qu'un seigneur érudit ferait différemment d'un seigneur guerrier, et s'il serait suivi. Mais bon, pour cela, il faudra que je survive au pouvoir en place et au futur pouvoir, s'il réussit. Mais qu'importe...
Il se déplace vers son pupitre pour entamer une nouvelle copie à faire, s'intéresse au parchemin, fort abîmé, qu'il va devoir étudier avant de le copier.
- J'ignore totalement ce que je vais faire avec vos informations et j'ignore si vous comptez m'informer ou m'utiliser une fois que vous serez décidée à agir. Mais vous m'obligez à poser un choix, dont je ne retiens que deux options. Première option, ne pas bouger, rester ici, en tant que copiste. Seconde option, vous rejoindre, avec votre aval ou malgré vous. Je ne peux envisager d'aider d'une manière ou d'une autre ceux qui ont sali mon père et mon nom, c'est la seule garantie que je peux vous offrir. Mais quel que soit mon choix, j'espère que vous me pardonnerez si je devais commettre une initiative malheureuse. Il y a un monde entre la théorie et la pratique. Et je suis réellement seul.
Il la quitte du regard pour travailler. Vu de l'extérieur, ils ressemblent à deux étrangers qui au mieux ont partagé quelques banalités. Clothaire est finalement confronté à un choix qu'il a reporté depuis qu'il est en âge... et en état... de comprendre.
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| | | Adélina
Ancien
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) Sam 2 Oct 2021 - 11:17 | |
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Adélina releva finalement le regard vers son cousin, l’observant de ses prunelles azurées, semblant boire ses paroles. Pas une seule fois elle ne l’interrompit. Pas une seule fois son visage trahit ce qu’elle pensait. L’alonnaise observait, l’air curieuse, l’un des siens, alors qu’il dévoilait ses pensées, des plans qu’il venait de concevoir ou peut-être des pensées qui l’accablait depuis un certain temps? Adélina en doutait, au départ il semblait si serein dans son métier de copiste, et maintenant des idées de grandeur semblaient le tourmenter. Peut-être que son discours avait eu l’effet escompté? Qui sait? Clothaire retourna finalement à son pupitre, attrapant un manuscrit avant de l’observer avec une certaine attention. Voyant, que ce dernier avait terminé, la jeune femme se releva à son tour, levant la tête l’air assuré, reprenant finalement la parole; « Plusieurs choses sont à reprendre dans votre discours, cher cousin. Alors je vous conseille fortement d’avoir une attention particulière à mes paroles. »
Elle eut un léger sourire, avant de pencher légèrement le menton vers le bas, un air déterminé venait orner son visage qui semblait si angélique. « Parfois des gens ont des titres qui ne méritent pas. Que cela soit par la naissance, ou par leurs croyances, beaucoup de gens trompent à regret ceux qui les entourent. Mais si je peux vous assurer d’une chose Clothaire, c’est que je mérite le mien. Je suis Adélina de Lourbier, Dame de Lodiaker, Dame de Bransat. Fille de Mathieu de Lourbier, petite fille d’Aveline d’Azrit, nièce de Marc de Chtoll et du Comte d’Arétria, cousine de Constance de Lourbier, fiancée de Son excellence Théodoric de Langehack. Et surtout… » Elle marqua un moment, reprenant son souffle avant d’ajouter; « Légitime héritière de la baronnie d’Alonna. Un nom est parfois plus puissant qu’une armée entière. Un nom peu vous faire tomber comme vous faire monter l’échelle. C’est un jeu dangereux, mais qui peut être énormément satisfaisant si vous savez y jouer. » Elle s’approcha de son cousin, s’arrêtant à un pas de ce dernier avant de reprendre la parole; « Mes alliances, et le pouvoir de Lodiaker sont déjà prouvés, cher cousin. Notre réputation n’est guère inconnue aux autres seigneurs alonnais, et maintenant elle sort même de la baronnie. Peut-être devrais-je le dire ainsi, mais personne n’est réellement seul. »
Elle fixa son cousin pendant une seconde, son regard plongé dans le sien, avant de reprendre; « Cachée et patiente… C’était ce que mon père ne cessait de me répéter comme devise. Attendre le bon moment, saisir l’opportunité. Cette opportunité approche pour vous Cousin, vous n’avez qu’à la saisir lorsqu’elle arrivera. Resté à l’écoute. » Elle en avait assez dit. Bien, qu’une bonne partie était codée il comprendrait bien assez vite ce qu’elle disait, après tout, il semblait être un homme intelligent, non? Adélina inclina légèrement la tête, avant de tourner les talons avant de s’arrêter net. Elle se retourna, avant de reprendre doucement la parole; « Ah! Et si je dois ajouter, cher cousin. Lilianna Kastelord a disparu depuis plusieurs années déjà. Du coup, il faudra peut-être réviser vos désirs d’union avec Jersada. » Adélina eut un léger sourire avant de tourner à nouveau les talons. Cette rencontre fut particulièrement intéressante, parfois l’on trouvait des informations aux endroits les plus surprenants! Et parfois, ils fallaient décortiquer chaque détail pour saisir l’importance des propos d’autrui.
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| Sujet: Re: Et au milieu trônent des parchemins (Adélina de Lourbier) | |
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