Nouvelle tête et envie de faire connaissance [Adélina]

IXe ennéade de Verimios, An XVIII, Cycle XI

La délégation eraçonne s'était bien entendu déplacée pour le couronnement du Roy, il était toujours étonnant de voir qu'à son si jeune âge il allait être sacré, mais c'était ainsi, et Renaud n'aurait loupé cela pour rien au monde. Il avait d'ailleurs demandé une audience privé avec le Roy afin de s'entretenir avec lui, voulant toujours être proche de cet enfant avec lequel il souhaitait bâtir une entente. Naturellement, Erac s'était déplacé aussi en masse, bien que pas autant qu'Aretria, et le Comte avec lequel Renaud avait voyagé jusque Diantra. Le Duc avait bien entendu un hôtel particulier d'envergure à Diantra, tout proche du Palais Royal, mais seul les plus titrés avaient pu y loger, les autres avaient du se débrouiller par eux-même. le temps avançait doucement, mais les doléances ne manquaient pas de tomber, mais Renaud avait décidé de déléguer beaucoup parce qu'il n'était pas venu pour cela, mais bien pour l'évènement qui devait avoir lieu. Ce n'était pas tous les jours qu'un Roy était couronné, et il était évident qu'il y aurait énormément de beau monde. C'était maintenant qu'il fallait tisser des liens, et Renaud devait s'y prendre tôt tellement ça lui était difficile, il fallait bien se l'avouer.

Ce jour, Renaud se promenait au Palais Royal, la ou il y avait le plus de chance de rencontrer des gens influents, accompagné d'éraçons qui le suivaient à distance respectable sauf les quelques privilégiés. il venait d'arriver depuis quelques instants quand il fut attiré par une autre "délégation" de gens qu'ils ne connaissaient pas. Enfin, Renaud, malgré les deux conciles auxquels il avait participé, connaissait étrangement peu de monde extérieur à Diantra et Erac. En même temps il avait consacré la majeure partie de son temps entre ses vassaux et les proches de la couronne, cela n'aidait pas à converser avec d'autres territoires. Il y avait bien entendu Louis en tant que Régent, mais c'était tout. Même Arnaud, il ne l'avait pas revu depuis le dernier Concile.

Il se tourna donc vers Eude qui était le plus érudit en matière d'héraldiques et de connaissances sur les familles nobles de la péninsule. Il n'eut pas besoin de demander, l'homme sachant ce que son Duc désirait rien qu'au regard. Il analysa ce qu'il pouvait voir, ainsi que les personnes qui composaient la suite, voyant s'il en connaissait une

"Il s'agit d'une famille d'Alonna, une De Lourdier exactement, et si mes renseignements sont exacts, le Seigneur est mort il y a peu et c'est sa fille qui a reprit le flambeau, une certaine...hummm...Adélina. Elle dirige la Châtellenie de Lodiaker et de Bransat."

Décidément, Eude était un atout de poids pour le Duc qui le remercia d'un signe de tête. Il réfléchit tout en avançant doucement. La dernière châtelaine qu'il avait rencontré était Louise de Fernel et il en gardait un souvenir exceptionnel. Il se rappelait qu'elle lui avait dit que mépriser les petits Seigneur, et encore plus les femmes était bien peu sympathique. Il s'agissait donc encore une femme dirigeant une terre dans le nord. Curieux, bien qu'Alonna soit moins réputé que Serramire en matière de sexisme, il se décida à aller lui parler, ne serait ce que par curiosité.

une fois arrivée à la hauteur du groupe, Renaud entra en action, toujours un petit peu emprunté malgré son titre, et bien que le cachant très bien

"Bien le bonjour damoiselle, je suis Renaud d'Erac. J'espère que je ne vous dérange pas ? Je me permets de vous aborder car nous n'avons encore jamais conversés ensemble, et j'apprécie de faire de nouvelles rencontres. Que diriez vous de faire quelques pas ensembles afin de faire connaissance ?"

Un entrée en matière un peu abrupte.

« Je n’avais pas imaginé le palais aussi grand. Certes, on m’avait parlé que c’était réellement grandiose, mais c’est difficile d’imaginer cela. »

Son oncle sourit, avant de reprendre à son tour la parole;

« C’est en effet très différent. »

Embrassant l’immense salle du regard, la jeune femme eut un sourire aux lèvres;

« Et curieusement différent de tout ce que j’ai vu à ce moment. J’aime beaucoup le fait que chaque Duché, ou marquisat aient un style différent. Le Langehack par exemple était particulièrement colorée, c’était très rafraîchissant des châteaux forts du Nord. »

Elle s’arrêta un moment, comme inconfortable d’avoir mentionné le marquisat, avant de reprendre de l’allure, sous le regard amusé de son oncle ainsi que de son cousin Aubry.


« Mais vous avez raison, mon oncle, totalement différent de tout ce que j’aurais pu imaginer. »
« À ce qu’il parait, les jardins sont particulièrement époustouflants… »
« Vraiment…? » demanda la rose de Lodiaker, ses yeux brillants d’une lueur d’excitation.


Son oncle acquiesça, sourire aux lèvres, un regard légèrement paternel alors qu’il couvait sa nièce du regard. Il eut une pensée pour Mathieu, qui aurait probablement bien apprécié de voir sa fille ainsi. Quoiqu’il ne fût pas certain que les dernières ennéades se seraient déroulés ainsi. Entre les innombrables voyages et les complots, Adélina semblait avoir hérité de la fougue de sa mère. Toujours prête à se dépasser, toujours prête à combattre les épreuves qui se glissaient sur son chemin.


« Oui, s’ils ne sont guère larges, ces derniers sont réputés pour leurs beautés. Je crois que nous pouvons y accéder en vue des festivités. »


Adélina hocha la tête, avant de retourner son regard vers l’assemblée de nobles qui se trouvait dans les couloirs. Tellement de gens, qui venait de différents horizons, et pourtant tout semblaient heureux de se retrouver à Diantra pour un événement aussi important. Il fallait dire que la paix qui régnait sur la péninsule semblait rafraichissant pour les plus âgées d’entre eux. Tandis que les plus jeunes semblaient se réjouir de rencontrer des gens de leurs âges dans le somptueux palais royal. L’alonnaise se remit en marche mais fut rapidement arrêté par une voix derrière elle;


"Bien le bonjour damoiselle, je suis Renaud d'Erac. J'espère que je ne vous dérange pas ? Je me permets de vous aborder car nous n'avons encore jamais conversés ensemble, et j'apprécie de faire de nouvelles rencontres. Que diriez vous de faire quelques pas ensembles afin de faire connaissance ?"


La nordienne se retourne vers la voix qui venait de l’interpeller, observant de son regard azuré l’homme qui se tenait devant elle. Renaud d’Erac? Comme le Duc d’Erac? Échangeant un rapide coup d’œil à son oncle, ce dernier hocha légèrement la tête, comme pour confirmer l’interrogation qui flottait dans son regard. Elle s’en voulait un peu d’avoir été prise ainsi au dépourvue, la nordienne aurait certainement apprécié en savoir un peu plus sur le Duc. Sans attendre, cette dernière lui fit une révérence, si ce dernier n’avait pas suivi la bienséance à la lettre, il était au moins pardonner par son titre, tandis que la jeune femme n’avait certainement pas cette opportunité – du moins le pensait-elle.  « En aucun cas Votre Altesse, c’est au contraire un plaisir de faire votre connaissance. » Elle lui fit un léger sourire avant de reprendre la parole; « Laissez moi, me présenter; je suis Adélina de Lourbier, Dame de Lodiaker et de Bransat et voici mon oncle; Charles de Lourbier, Seigneur de Mesnu. Si vous le désirez, on m’a mentionné que les jardins du palais sont particulièrement accueillants, et je souhaitais le découvrir en cette magnifique matinée. Vous êtes le bienvenu si vous désirez m’accompagner. » termina-t-elle en croisant doucement ses mains sur son bas-ventre en fixant le Duc qui se tenait devant elle.

Elle semblait prise au dépourvu alors qu'elle se tournait vers un homme qui confirma le titre de celui qui lui faisait face. Après avoir fait une révérence parfaite, elle se présenta, et une fois de plus Eudes ne s'était pas trompé, expert dans tout ce qui concerne la noblesse péninsulaire. Le Duc n'était pas tout à fait certain de la véracité des dires de son conseiller, et ce dernier lui même disait souvent à son suzerain qu'il n'était pas exempt de faire une erreur un jour. Renaud fit à son tour une révérence en rapport avec son statut, magnifiquement protocolaire à souhait, maintenant qu'il était certain de l'identité de la femme qui se trouvait devant lui

"Ma Dame, le plaisir est pour moi, je vous l'assure !"

Subrepticement, il détailla Adélina, une femme succulente, très belle, qu'il était plaisant de regarder. La péninsule avait décidément une nombre étonnant de belles femmes.

"Les jardins son en effet très beaux, je serais ravis de vous y accompagner, et d'en profiter pour converser et faire connaissance"

Renaud donna son bras gauche à la demoiselle afin de l'emmener la bas. Ce n'était pas l'endroit que Renaud avait le plus parcouru lors de ses séjours au Palais Royal, mais il les connaissait tout de même, y ayant passé du temps lors des éternelles réflexions que son épouse lui reprochait souvent. Il se perdait souvent dans ses pensées, en quête de réponses qu'il n'aurait jamais avant d'avoir parlé aux intéressés, ou reçu des informations. Malheureusement il était ainsi, à toujours vouloir tout savoir pour ne pas être prit en défaut. Mais c'était une utopie, car, comme à cet instant présent, il vient d'aborder une demoiselle qu'il n'a jamais vu, et donc jamais parlé, ce qui est un risque potentiel si l'on s'en réfère à son envie de tout contrôler en permanence

"Vous voila bien loin de chez vous, j'espère que vous n'êtes pas trop dépaysée, et que le changement ne vous dérange pas"

Il n'y avait dans ses mots aucun mépris, ni sarcasme, sur ses origines nordiques, au contraire, Diantra était en effervescence, bien plus que n'importe quel autre endroit, même les plus animés, et il était fréquent que les premières fois ou l'on y vient, on soit décontenancé. Et vu qu'Adélina disait qu'elle n'avait jamais visité les jardins, Renaud en déduisait qu'elle ne devait pas être venu souvent, si ce n'est jamais, dans la capitale

"Les festivités qui se préparent sont une aubaine pour nous autres. Je n'arrête pas de rencontrer des gens que je ne connais pas, il est indéniable que personne ne louperait le couronnement de Sa Majesté, ce qui permet de faire la connaissance de tellement de gens que c'en est grisant."

Renaud n'était pas de ceux qui voyaient des barbares sans culture chez les nordiques, au contraire, il faisait partit de ceux qui était conscients de la tâche qui leur incombait, et il savait qu'il était plus tranquille en sachant que les frontières étaient gardées.

"Dites moi, comment se porte Alonna ? Je n'ai guère de nouvelles de la Baronnie depuis bien trop longtemps."

A aucun moment, Renaud n'avait relevé le fait qu'Adélina faisait partie de la famille de Lourbier, qui était adverse à celle d'Alanya, et en fait, cela ne l’intéressait pas forcément, il devait bien l'avouer, sauf à y trouver son intérêt, ce qui n'était pas le cas pour l'instant. L'ancienne Baronne était une femme qu'on ne pouvait pas trop manquer, mais pour autant il avait toujours conversé avec son époux, Louis. Il n'était donc absolument pas au fait de la rivalité entre la famille d'Adélina et celle d'Alanya.

Le regard de la jeune femme se porta sur le Duc, alors que ce dernier répondait à sa révérence. Elle ne manqua guère la façon qu’il la détailla, mais que pouvait-elle y faire? Ce dernier devait tenter de jauger qui elle était réellement. Après tout, la jeune femme n’était jamais sortie du Nord auparavant. Ce n’était depuis la mort de Mathieu que cette dernière avait commencé à voyager, et elle devait avouer que découvrir des nouveaux horizons étaient bien particulier. Si les livres et les innombrables leçons qu’on lui avait données lui avait permis de dresser quelques paysages dans ses pensées, elle ne pouvait nier que Diantra était définitivement impressionnante. Sans hésiter, la jeune femme prit doucement le bras tendu du Duc, le laissant la guider à travers le palais. Si cette dernière ne porta pas attention aux autres nobles, son oncle, derrière elle, ne manqua guère les regards curieux que le duo attirait. « Au contraire, Votre Altesse. Découvrir les différents paysages de la péninsule me sont particulièrement intéressant. Qui aurait cru que le royaume serait si différent? » Elle s’arrêta un moment, sourire aux lèvres alors qu’elle regardait droit devant elle. « D’ailleurs, cela m’a permis de visiter le Langehack et apprécier la fête des tisserands. » Oh oui… La fête des tisserands… Une célébration dont elle gardait un souvenir bien particulier. Une danse entre elle et un certain chevalier qui avait fait bien parler. Adélina se souvenait encore de son expression comme si c’était hier, puis, semblant se ressaisir la jeune femme retourna son regard discrètement vers le Duc alors que ce dernier semblait tout aussi excité par les festivités qui s’annonçaient. « Mais Diantra est définitivement une toute autre vision. Sa majesté est définitivement généreuse de nous accueillir ainsi pour son couronnement. »


Retournant son regard devant elle, l’alonnaise ne fit guère attention aux coups d’œil que certains nobles leur jetaient. Il fallait avouer qu’avoir l’attention du Duc ainsi devait certainement attirer une certaine jalousie chez les autres. Qui sait? Peut-être aurait-elle l’occasion de négocier un quelconque arrangement commercial. Par contre, la prudence était de mise. La nordienne savait pertinemment que Renaud était proche du régent, qui sait si ce dernier faisait partie du complot qui la visait? Elle se devait être particulièrement innocente. « Alonna se porte particulièrement bien, Votre Altesse. Les années de paix nous ont définitivement aidées à panser de vieilles blessures. Le commerce grandit peu à peu, la famine et les maladies nous ont finalement abandonnés. Les gens sont heureux, que pourrions-nous demander de plus? » Il fallait dire que rien de tout cela donner un quelconque crédit à la jeune baronne et au régent, mais cela était tout de même la vérité. Les champs de blé et les vignes produisaient assez pour satisfaire la baronnie. Le Lodiaker produisait de plus en plus d’or et de fer, suffisant finalement la demande des alonnais pour pouvoir tenter d’agrandir un peu plus ses marchés. Si cela n’était pas des hérétiques et de la famille baronniale qui pourrissaient l’Alonnan, tout serait parfait. Faisant un sourire en ne laissant point paraître ses pensées, la jeune femme posa finalement son regard vers le Duc. « Il faut croire que le dicton, pas de nouvelle, bonne nouvelle s’applique dans ce cas. » Un léger sourire aux lèvres, la jeune femme reporta son attention devant elle. Des gardes se tenaient devant une porte, et ces derniers, voyant le Duc, ouvrirent rapidement les portes pour dévoiler les magnifiques jardins qui se découvraient à eux. Le visage de la jeune femme sembla s’illuminer à la vue du magnifique espace. Émerveillée, la jeune femme resta un moment silencieuse, dévorant du regard ce qui défilait devant elle. Au bout de quelques longues secondes, elle retourna finalement le regard vers le Duc en reprenant la parole; « Et si je vous retournais la question? Comment se porte Erac et votre famille? »

Avoir une dame à son bras attire forcément tous les regards, bien que ce soit aussi le cas en discutant avec un homme. Le simple fait d'être Duc empêche de passer inaperçu, sauf à se dissimuler, et à prendre toutes les mesures nécessaires. Renaud aime être tranquille, et il lui arrive assez souvent de faire des escapades ou il disparait, accompagné d'une poignée de gardes, voir moins. Ca agace un peu son entourage qui craint pour sa sécurité, ou alors voulant ses faveurs et le coller à tout instant pour être dans ses bonnes grâces. Cela le fatigue, mais en ce moment, il parcours le Palais Royal, il n'a donc pas le loisir de faire comme bon lui semblerait, devant respecter l'étiquette et faire bonne figure devant les nobles qui dévisagent le duo, envieux, voir jaloux, sans nul doute d'Adélina, désireux d'être à sa place. Renaud se tient bien droit, laissant son regard aller de la demoiselle à ce qu'il se passe devant lui, ne laissant aucun regard (volontairement) pour son entourage, consacré à celle qui est à son bras pour le moment, marchant doucement vers les jardins. Il écoute le châtelaine, entretenant la conversation qui s'entame entre eux

"La Péninsule regorge de singularité, j'ai été moi aussi étonné lors de mes premiers voyages, de constater toutes les différences entre le nord et le sud, surpris que toutes ces personnes cohabitent dans un même Royaume. Il doit être bien compliqué de diriger tout ce beau monde avec des attentes si diverses."

Il était évident que les deux extrémités du Royaume n'avaient pas les mêmes attentes de la Couronne, et il fallait bien contenter tout le monde, se qui était une gageure. L'on pouvait comprendre toutes les guerres qu'il y avait eu en voyant toute la disparité qui composait la Péninsule, et le fait que le sud se désintéressait totalement des luttes que le nord avait pour protéger le Roy. LA fête qui s'annonçait était donc une pépite en matière d'osmose à créer entre tous ces gens si disparates.

"Diantra est le cœur du Royaume, c'est donc en toute logique que tout semble disproportionné ici. Tout passe par la. Il est pourtant surprenant de se dire qu'il n'y a pas si longtemps, une bonne partie avait brulé. La facilité que nous avons à réparer et oublier est étonnante, vous ne trouvez pas ?"

Adélina avait voyagé à Langehack, c'était un endroit que Renaud connaissait fort bien, pour y être passé à plusieurs reprises. Il avait essayé d'arranger un mariage avec la Duchesse du moment, Linaëlle, un échec cuisant qu'il avait pensé mener à son terme. Enfin, la pauvre avait intégré le clergé, et elle avait abandonné son titre. Mais ce qui avait été embêtant au départ s'était révélé une aubaine quand Renaud avait aidé Griffon à ravir le titre.

"Langehack est un Marquisat magnifique, et le premier endroit ou l'on ne voit plus des forteresses. Ca dépayse fortement, se demandant si on a pas quitté le Royaume pour une nouvelle terre"

Renaud écoutait les nouvelles d'Alonna, qui semblait se remettre de pas mal de maux importants, ce qui était une bonne chose pour le bouclier que la Baronnie offrait au Royaume

"Demandons à ce que la paix continue, c'est une bouffée d'air que nous ont offert ces années de tranquillité, et j'espère bien qu'elle perdure encore très longtemps. Il est bon d'entendre que les terres du Royaume se portent toujours mieux ces derniers temps."

Renaud détestait la guerre, et encore plus après avoir faillit y passer lors de celle du médian. Alors s'il pouvait rester au calme encore plusieurs décennies, voir tout le temps, il serait ravis.

Le petit groupe arriva enfin dans les jardins, et Renaud laissa Aélina profiter de la vue de ceux-ci, lui même habitué, et inculte en matière de plantes et de fleurs. Il se contentait de regarder et d'apprécier la vue, rien de plus. Puis, après avoir laissé la belle se délecter à loisir, il répondit à sa question

"Et bien Erac se porte très bien, et j'en suis bien aise"

Il fallait dire que lorsque les Gobelins avaient attaqué, ce qui avait été une dur épreuve, le Duc en avait profité pour négocier avec le Couronne pour effacer les pénalités qui avaient été prise à l'encontre des terres du médian. Bien que le conflit contre les petits hommes verts se soient révélé compliqué, ce fut tout de même mieux que de devoir payer autant au Roy. Il avait aussi négocié avec une Princesse Marchande, ce qui avait valu au duché de se porter mieux que ce que tout le monde aurait parié au départ, un bien beau souvenir que cette négociation d'ailleurs.

"J'essaie de maintenir une bonne entente avec mes vassaux, et je prie pour que tout se passe à merveille, pour le meilleur. Mon épouse est malheureusement tombée malade juste avant notre départ pour Diantra, elle est donc restée à Erac pour se soigner, avec notre benjamin. Elle manquera les festivités, c'est triste, mais mon ainée est la, et elle se réjouit de tout ce qu'il va se passer. Une vrai boule d'énergie ne pouvant rester en place."

Renaud rit en pensant à Alaïs qui embêtait tout le monde pour être certaine de ne rien louper des festivités qui allaient avoir lieu. Elle nécessitait une surveillance permanente de peur qu'on ne la perde dans la foule lorsqu'elle sortait de l’hôtel particulier eraçon.

"Avez vous déjà planifié tout ce que vous allez faire durant les festivités ? il y a tellement de choses de prévues qu'il va falloir se lever tôt pour profiter de tout."

La damoiselle ne put s’empêcher de sourire à la remarque du Duc. Il fallait avouer que ce dernier n’avait pas tort.  « En effet! Sa majesté est forcément douée pour savoir garder la péninsule en paix. Je ne voudrais guère être à sa place. Gérer les innombrables querelles entre le nord, le médian ainsi que le sud. » Ou il devait être bien entouré, après tout le jeune roi ne devait pas prendre de décision seul. Cela devait être pesant pour ce jeune homme, savoir que tout un royaume reposait sur ses frêles épaules. C’était une pression à laquelle la jeune femme n’osait même pas penser! Si certains voyaient de la chance, la jeune femme, elle, voyait cela comme une responsabilité des plus intense. Déjà en tant que Seigneur c’était de la pression, alors que Roi!  « Je ne crois pas que l’on peut oublier tous ses événements. Je crois que notre capacité à reconstruire met en premier plan notre capacité à apprendre de nos erreurs et à avancer. »  Adélina était très jeune lors des événements qui avaient bouleversé le médian et brûler une bonne partie de Diantra, trop jeune pour imagine, du moins à ce moment-là, à quel point les gens avaient dû souffrir des affres de cette guerre.  Peut-être était-elle un peu trop naïve, ou idéaliste, mais elle espérait sincèrement que de tels événements ne se reproduisent plus.


Néanmoins, le duo arriva finalement dans les jardins. Destination de rêve pour la jeune femme. Les parfums des innombrables fleurs et herbes vinrent rapidement titiller ses narines alors que ses prunelles azurées. Tellement de variétés qu’elle n’avait jamais vues! On aurait dit que les jardiniers s’étaient donnés à cœur joie et avait tenté, tant bien que mal de représenter les moindres parties de la péninsule. Elle pouvait reconnaître certaines espèces typiquement alonnaise, et même certaines qui venaient d’Oësgard. C’était réellement une œuvre atypique à voir. La jeune femme repose finalement son attention vers le Duc alors qu’il lui parlait de sa famille. Perdant soudainement son sourire, la jeune femme reprit la parole;  « Je suis désolé d’apprendre que la Duchesse ne va pas bien. J’espère sincèrement que cette dernière se remette le plus rapidement possible. »  Elle baissa rapidement le regard, fixant à nouveau le sol, avant de réitérer;  « Je l’ajouterais aux prières que j’offre à la Bienveillante. J’ose espérer qu’elle les entendra. »  Mais le Duc ne sembla guère s’en faire, car il se mit à parler de sa fille, Alaïs, ce qui eut comme effet de remettre rapidement un sourire sur le visage de la jeune femme. Adélina ne pouvait condamner le comportement de l’Eraconne, au contraire, elle ne le comprenait que trop bien. « Je comprends parfaitement votre fille, Votre Altesse. Je dois vous avouer que j’ai la même réaction que cette dernière. » Un nouveau sourire, avant de reporter son attention sur la vue spectaculaire qui s’offrait à eux, alors qu’ils avaient repris leurs marches. « Je n’ai guère eu la chance de découvrir Diantra dans le passé, et cette vision est bien différente du Lodiaker. Je vois finalement de mes propres yeux tout ce que l’on m’a raconté, tout ce que j’ai pu lire et je dois vous avouer que c’est une vision fascinante! » Elle porta son regard vers Renaud, avant de reprendre la parole, avec un air gêné; « Pardonnez mes suppositions, je ne connais pas assez Erac pour déterminer si le duché est semblable à Diantra. »