Nombre de messages : 704 Âge : 30 Date d'inscription : 05/03/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 171 ans (An 21:XI) Taille : 1m49 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Zaga a Haraldriin Ven 11 Juin 2021 - 15:12
6ème jour de la 2ème ennéade de Vérimios – Premier mois de l’Eté de l’an XVIII du cycle XI. Au matin, à Lante.
Lante, cité depuis laquelle les défenses du Zagazorn ont toujours été organisées. Dirigée par le Gazanundi, le « Gardien des Plaines », elle rayonne sur le Brissalion et le Lörn depuis des cycles et des cycles. Cette cité est le berceau de quelques-uns des plus grands guerriers que le Zagazorn ait connu… Et ce berceau avait également vu naître Harald Brise-Os, devenu au fil des décennies, Harald à la « Barbe-Sanglante ». Ancien soldat, sergent puis capitaine d’un régiment d’infanterie lourde, ancien Ongarazi de Lante, ancien Gazanundi, l’actuel Groman-Rik du Zagazorn était à nouveau sur la terre de ses ancêtres, sur la terre de son clan.
Après avoir passé une agréable journée, et de plus agréables repas encore – préparés par la famille de Brynhild, maintenant famille de Harald par serment de fidélité – la nuit vint emporter l’esprit fatigué et le corps épuisé d’un Harald heureux d’être de retour chez lui. Non pas que Kirgan ne lui plaise pas, il s’agissait en fait d’une cité exceptionnelle et ô combien confortable pour un nain. Mais les plaines d’or du Brissalion, les forêts touffues du Lörn, et le caractère rustique et unique de la seule cité Naine à ne point être souterraine, lui avait manqué.
Au matin, le souverain s’était levé aux aurores. Son fils l’avait suivi dans ce réveil matinal. Après un copieux petit déjeuner, et un baiser de sa tendre liée, les deux soldats – le père et le fils – prirent leurs fidèles Béliers, et partirent alors pour une petite promenade dans les plaines du Brissalion.
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Un peu plus tard dans la matinée – Au cœur des plaines du Brissalion.
Ils ne mirent point longtemps à chevaucher leurs magnifiques béliers. Le trajet d’un peu plus d’une heure, les mena vers un champ comme il en existe énormément dans cette région du Sud du Zagazorn. Le Brissalion ne porte point son surnom de « Grenier du Zagazorn » pour rien : tout le long du trajet, le souverain et son fils purent observer les plus beaux champs de ce monde. Véritable océan doré, pliant sous les assauts du vent des plaines sans jamais rompre, les céréales, les blés et les larges champs en attente de récoltes, formaient de magnifiques paysages que le souverain avait vu tout au long de sa vie. Né sur les terres du Zagazorn, élevé au milieu de ces champs, il y avait passé à la fois son enfance, son apprentissage, sa vie… Et ses combats.
Ils arrivèrent d’ailleurs jusqu’à un promontoire naturel, lequel offrait une vision surélevée des champs tout autour d’eux, et, au loin face à eux, les premières montagnes de la Nérania, et plus loin encore, les monts du Septentrion cachés dans les nuages laiteux du magnifique ciel bleuté. Père et fils – souverain et garde royal – prirent alors place sur un épais rocher, laissant tranquillement paître leurs deux montures, quelques mètres plus loin. Animaux fidèles, montures exceptionnelles, les regarder paître ramena un sourire sincère sur le visage buriné du souverain ainsi isolé. Ses yeux se posèrent alors que les monts éloignés, baignés de nuages, s’élevant dans les airs, forts et fiers, illustres vestiges de l’œuvre du Père qui, pour toujours, se dresseront face au monde entier, car ces montagnes sont le berceau originel des Nains.
Mais ce n’était point tout. Ces montagnes cachaient des morts, des disparus, des douleurs et des souffrances, parfois oubliées, parfois passées… Mais souvent encore jouées. On s’y battait quotidiennement pour survivre aux Engeances de Brisséa qui pullulent dans ces régions ; on s’y battait pour survivre aux attaques des sauvageons, ces nains nomades qui ne reconnaissent aucune autorité autre que la leur ; on s’y battait pour survivre aux tueurs de nains, les Berserkers. Et pourtant, tout semblait si paisible… Qui pourrait penser que là-bas, au loin, se trouvait Almis, l’antique cité créé par et pour le Père, aujourd’hui ilot de résistance face à un environnement à la fois maudit, à la fois pervertis… Mais toujours sauvage. Cet environnement que Harald s’était promis de pacifier, de sécuriser… Et de reconquérir.
« Mon fils… » Dit alors Harald, la voix calme, le ton presque las, un regard tendre donné à sa progéniture, comme rarement ce fut le cas auparavant. Baldwin arqua un sourcil, mais sa surprise fut bien vite remplacée par un vif intérêt. L’intérêt d’un fils pour son père, d’un enfant pour ce que l’ancien avait à dire. « Mon fils, regarde ces montagnes. » Il ouvre sa main en direction des monts qui composent la Nérania, et ceux, plus loin qui composent le Nivor et le Septentrion. « Elles font partie de notre royaume. Et pourtant, elles ne nous appartiennent plus. Un jour viendra, où les nains du Zagazorn devront se lever, et rejoindre la bannière royale, afin de reprendre ce qui fut nôtre toutes ces années durant, et que le Père nous aura cruellement enlevé. Ces montagnes sont les nôtres, mon fils. » Dit-il d’une voix calme et posée, mais possédant un timbre plus vibrant encore, et une profonde tout à fait nouvelle. Un son grave, véritablement poignant. « J’ai failli mourir dans ces montagnes. J’ai failli mourir… Pour ces montagnes. » Appuya-t-il soudainement, provoquant un intense frisson le long de l’échine de Baldwin. « Tu te souviens sans doute, de la seconde reprise d’Almis ? » Baldwin acquiesça, sachant pertinemment où son père voulait l’emmener. « Le Père lui-même avait déchaîné les enfers sur cette terre. Les combats étaient horribles. Les vermines sortaient de la terre par milliers, il en venait toujours plus… J’ai vu mes cognards tomber sous les assauts désordonnés des vermines, et c’est là que je l’ai entendu : le cri. Le cri de milliers de Dawis, luttant ensemble contre ces vermines qui pourrissent notre monde depuis des cycles et des cycles. Ce cri commun, d’une lutte commune, de sacrifices communs… Oh, j’ai crié aussi. J’ai hurlé à pleins poumons, toute la violence de mes entrailles. Et c’est là que la blessure est arrivée… Une lance a percé mon flanc, me plantant au sol, à deux doigts de rejoindre le Mogankordum, les Derniers Halls… » « Je m’en souviens père. J’étais dans les rangs, ce jour-là. J’avais à peine terminé mon Kumenouth à cette époque. J’étais dans ton régiment, père. Je t’ai vu tomber. Je t’ai vu sombrer. Je me souviens du sang de ta blessure béante, inondant la terre sous ton corps… J’ai vu les runistes de vie tenter de retirer cette lance… Je me souviens père. » « Oui, tu étais là mon fils… Tu étais bien là. Et bientôt, nous y seront à nouveau. Car nous nous battrons pour reprendre ces montagnes… Nous nous battrons pour ces vallées boisées, ces fleuves pleins de poissons, ces montagnes hautes défiant le monde par leur éternité… Je me battrais, pour chaque Braise-Vie du Zagazorn, pour nos ancêtres, pour nos dieux… Pour nos fils… Pour toi, mon fils. » « Et je prendrais les armes pour le Zagazorn, père. Je prendrais les armes pour mon père… Je prendrais les armes pour mon Roi. » « Regardons ces montagnes encore un peu… Regardons notre royaume… Respirons l’air frais… Ecoutons notre terre, elle raisonne encore des rires, des pleurs, des voix, des pas et des lames de nos ancêtres… »
Et père et fils restèrent ainsi, engoncés dans leurs armures totalement opposées, faites de plate et noire de jais pour le Roi ; de plate et de couleur blanche et or pour le garde royal. Ils scrutèrent ainsi le paysage pendant des heures, profitant de ce moment de paix, et de vacance… Avant la longue épopée qui attendait Harald chez les Elfes.
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