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| [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza | |
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Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Lun 14 Juin 2021 - 13:34 | |
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An 18, 4e ennéade de Vermios, Tariho, premier mois d’été,
La musique vibre. Vibre alors que son corps danse, alors qu’il se tord sous son rythme effréné. Elle ne voit plus le monde qui l’entoure, car ses yeux sont clos et sa bouche, rieuse. Des doigts l’effleurent, sans jamais l’attraper, sans jamais la retenir. Ils ne le doivent pas, ils ne le peuvent pas.
Les Balcons rouges, lieu où se déroule cette fastueuse fête sont inondés de personnalité de Thaar et d’Essalia, venu spécialement sur son invitation. Artistes de renom l’observe avec fascination, d’autres avec des envies plus viscérales, alors qu’elle impose sa danse sensuelle au milieu des autres danseurs. Ces derniers s’écartent progressivement d’elle, tapent dans leur main afin de suivre son rythme, mais aucun ne cherche à l’égaler. La scène est à elle. Ce monde de danse et de lumière est le sien.
Le temps s’écoule, lentement, inlassablement. Des rires de feu l’illuminent, s’élèvent avant d’être brusquement soufflés par l’intervention d’une nouvelle musique. Plus lente, plus mélancolique, elle ralentit la cadence de sa danse, balance lentement sa chevelure de jais, fait briller et cliqueter les bijoux d’or et d’argents qui ruissellent de ses cheveux, lève un bras nu qu’elle passe dans ses boucles.
Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle est seule sur la scène. Les autres danseurs l’ont quittée, et des applaudissements retentissent. À ses lèvres point un sourire éclatant, et son envie de reprendre la danse est si forte, qu’elle doit se forcer à rejoindre ses invités. Sa Belle lui tend un verre d’eau, mais elle le dédaigne. Ce soir est jour de fête, rien ne pourrait soulager sa gorge sèche qu’un vin des plus parfumés.
La musique résonne à nouveau alors qu’elle s’éloigne à la recherche d’un nectar qui ravirait ses sens. Hommes et femmes s’écartent sur son passage, probablement effrayé par sa Bête, gigantesque femme de métal qui la suit à quelques mètres derrière elle. Sa Belle finit par lui désigner une table où serait servi un vin en provenance des Mille-Caves. Elle saisit le verre tendu par un serviteur, en profite pour en humer lentement son arôme, le fait doucement tourner pour en admirer la robe, puis le sirote lentement. Sa Belle lui glisse à l’oreille qu’il s’agit d’un vin apporté par Marzaban Ambreroc, l’un des princes-marchands du Conseil qui avait accepté son invitation. Vah Rohn avait ordonné que cette boisson soit goûtée avant d’être servie, mais Sa Belle préféra ne pas s’en ouvrir à elle.
Ses yeux émeraude brûlent alors qu’elle balaye les environs pour chercher le prince-marchand. Elle finit par le trouver non loin. Un sourire étire à nouveau sa bouche. Elle passe lentement sa langue le long de ses lèvres rosées avant de le rejoindre. Sa robe noire légère met sa silhouette en valeur, soulève sa poitrine, se resserre au niveau de sa taille. Arrivant près de lui, elle lui tend silencieusement une seconde coupe de vin. Ses yeux pétillent et son sourire demeure.
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mar 15 Juin 2021 - 16:07 | |
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Thaar, une cité cosmopolite. Un œuf grouillant d’une vie sans cesse grandissante, une fourmilière où s’active l’ouvrier et le puissant, dans la volonté de vivre, de survivre, de bâtir, ou de conquérir. Thaar, c’est la cité de la démesure. Les puissants de cette région y possèdent tous des palais plus luxueux et grandioses les uns que les autres, pour faire plus grand que l’autre, plus luxueux que l’ancien propriétaire, plus richissime que le plus riche dirigeant de la cité. Qui pourrait penser qu’ici se jouaient des intrigues aussi mortelles que secrètes ? Qui pourrait penser qu’ici et là se baladent bourreaux et victimes ? Que le puissant qui marche dans la rue, puisse jeter un regard sur celui qu’il ferait disparaître quelques heures plus tard ? Et qui pouvait se douter qu’entre chaque puissant se jouait des jeux tordus, mortels, sanglants… Des faux semblants, des coups bas, des ronds de jambes couverts d’épines acérées… Moi, je les connais bien, ces jeux. Car j’y joue moi-même régulièrement, j’y suis régulièrement impliqué… Je le suis, en ce moment même. Car la princesse Maralina et moi-même projetons en secret la fin du prince Qyriote. Sa mort, sa destruction. La destruction de sa ville. La destruction des siens. Qyriah ne sera plus qu’un tas de cendres fumantes… En attendant, l’heure est à d’autres planifications. Alyna Or’Siandbel, Princesse-Marchande d’Essalia, à la personnalité atypique et à la folie bien visible, m’a invité dans ses quartiers, à quelques festivités entre gens trillés sur le volet. Je croise quelques clients des Mille-Caves, quelques commerçants, riches propriétaires, faisant régulièrement des affaires avec les miens. Je reconnaissais ces visages, et vois immédiatement poindre en mon cerveau, les vélins tarifaires des impôts imposés à leurs ventes. Certains d’entre eux rapportent quelques 12 pourcents de marges et de profits, parfois plus, lorsque nous sous traitons en plus quelques services annexes. L’endroit où je me pose est tout à fait convenable, d’une certaine manière. L’assise est confortable, presque autant que mon palanquin. Vêtu d’une tenue de soie parfaite pour supporter les grandes chaleurs de ces contrées, enturbanné de blanc pour encaisser le soleil, moi qui suis habitué à la froideur des caves, mes mains sont bardées de chevalières, de bagues d’or, d’argent, réhaussées de rubis, de grenats, d’émeraudes, de diamants, de cyanites et d’onyx. Ma barbe, mes oreilles, sont également serties de ces bijoux typiques des miens dans le grand Nord, tandis que des rubans de soie et de velours viennent parachever la ceinture, le foulard, le chèche. Les barbesables qui m’entourent – et les deux membres de la loge d’Onyx déguisés et inconnus – me protègent de celles et ceux qui pourraient tenter de me voler. Après tout : je porte sur moi plus de richesses que ce que certains possèdent dans leurs coffres forts. Et soudainement, la voici : Alyna. Elle s’installe, jouant de son corps, de ses courbes, et d’une attitude que je devine sincère bien que véritablement aliénée. Oui, sans aucun doute, une certaine folie baigne ses pensées. Je devine, par cette fête, par sa tenue, par sa façon d’être, qu’elle semble habituée aux facéties, aux plaisirs divers tels que la chaire, la nourriture, l’alcool… Je devine aussi, via cette folie, la forte probabilité qu’elle soit sensible aux jeux de hasards… Les calculs jouent en ma faveur. Les probabilités me servent, les statistiques vont en mon sens. Je gagnerais plus à en faire une alliée, ou du moins une cliente, qu’à en faire une ennemie, ou une personne neutre. Essayons. Ma main droite bardée de bijoux se saisie de la coupe qu’elle me tend. Comme à mon habitude, mon visage est las, mes yeux mi-clos. Je n’ai ni émotion ni vie, je suis tel le marbre jugeant les vies alentours. Alors qu’elle prend place, je lève ma coupe avant de la porter à mes lèvres. « Un petit vin sans grandes prétentions. Mais il faut reconnaître que, comparé au marché actuel des liqueurs et des vins, en prenant en compte les territoires d’origines, les matières premières, et les méthodes de maturation, ce vin que voici peut se targuer d’être au-dessus du lot. Qu’en pensez-vous princesse ? »
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mer 16 Juin 2021 - 9:14 | |
| Le verre se lève à hauteur de son visage. Le liquide vermeil se balance lentement sous le feu vert de son regard alors qu’elle penche le cristal sur le côté.
— Mauvais, répond-elle simplement en le déposant sur la table devant lui. Sa couleur est belle, rouge et brillante, mais son arôme est désagréable en bouche. De surcroît, il est bien trop épais et conviendrait davantage à une fête plus modeste qu’à celle d’une princesse.
Elle ne cherche que l’excellence, la perfection. Ce vin en est exempt. Il n’est que le reflet distordu d’un grand cru. Il en imite l’apparence, mais ne parvient guère à la tromper. Une grimace traverse rapidement son visage. Elle résiste à l’envie de balayer la table d’un revers de main. Qui pouvait boire une telle boisson ? Qui pouvait oser offrir un tel breuvage ?
La main rassurante de sa Belle se pose sur son épaule et ce simple contact la calme. L’apaise. L’emplie d’un désir qu’elle a du mal à refréner. Elle s’installe alors sur le siège en face, ses grands yeux émeraude fixés sur l’Impassible. Elle ne les cligne pas. Place ses mains sous son menton avec un air espiègle, puis parcours du regard les bijoux qui ornent ses vêtements. Une lueur avide s’éveille en elle, mais elle est suffisamment repue par toutes les richesses qui l’entourent pour ne pas demander à son interlocuteur de les examiner plus en avant.
Mais ils demeurent magnifiques. Ce rubis est-il véritablement pur ? Cette bague est-elle réellement ciselée d’argent ? Cet étalage de richesse la ravit, la pousse à oublier le vin pour lancer la conversation.
— Savez-vous qu’il est possible de jauger autrui à partir de ses goûts en vin ? fait-elle en découvrant ses dents. Un vin riche, puissant et enivrant serait l’apanage de ceux qui prennent en main leur destin. Ceux qui en revanche n’apprécie que les vins au goût éphémère, léger et dilué, ne persistant guère en bouche, serait fourbes dans leur relation et indigne de confiance…
Elle penche sa tête sur le côté, comme pour le jauger. Son sourire est toujours figé sur son visage. Ses yeux ne clignent pas.
— Les plus indécis, et les prudents, aiment à dire que chaque vin correspond à une situation. Une fête, un accompagnement, un hommage… tant de vins pour tant de situations différentes. Et vous, prince, quel est votre opinion ? Aimez-vous diluer votre vin ?
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mer 16 Juin 2021 - 16:23 | |
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Bien. La Princesse-Marchande – aux allures plus princesse que marchande – semble être de nature directe, à ne pas tourner autour du pot. Le vin est « mauvais », et elle le dépose donc sur la table, sans autre forme de jugement. D’ailleurs, la manière de le déposer est intéressante. Regarder quelle main pose le verre, comment elle le pose – paume vers le haut pour soupeser le verre, ou enroulée autour de celui-ci – permet de comprendre certains traits de personnalité de la personne aux commandes. Mais ce qui m’en dis plus, outre les signaux et les extrapolations statistiques et sociologiques via les petits tics involontaires, c’est son regard lorsqu’elle se balade sur mes parures, mes soieries, mes signaux de richesses. L’avantage de posséder un monopôle revêt alors bien des intérêts, bien des avantages. Et mes établissements de jeux, d’ailleurs, commencent eux-aussi à rapporter leur lot d’écus et de souverains. Par contre son analyse des vins et de ceux qui offrent ledit vin… Voilà qui est totalement en inadéquation avec les algorithmes basiques. S’il est effectivement plausible qu’un type d’alcool soit corrélé à un type de personnalité, tous ces détails, eux, sont totalement erronés. Mais je dois saluer ses capacités intellectuelles cependant. Une Princesse-Marchande capable de déduire et de réfléchir… Cela change du fou Diolando Vega. Mes machinations sont, heureusement, totalement invisibles. La maîtrise de mes expressions et de mes réflexions me permet de garder une expression neutre. Et puis, de toute manière… La froideur est ma manière d’être. L’émotion est contreproductive, seuls comptent les chiffres, le pragmatisme et le détachement. « Des analyses relevant plus du charlatanisme, princesse. » Car en effet, les chiffres ne vont point en ce sens. « Pour ma part, je ne parle d’alcool qu’avec de parfaits connaisseurs. Nous, les nains, passons nos vies à parfaire nos connaissances jusqu’à maîtriser tout, absolument tout. Vous voilà informée, princesse. » Voilà qui ferait ma réponse. Levant mon index droit, un serviteur enturbanné se présente, et fait une révérence. « Ufdi a izrilagorogazul » Dis-je alors au serviteur, qui exécuta une révérence, avant de disparaître. Le temps qu’il revienne, nous voici tous les deux, la princesse et moi, patientant sans rien dire. Une situation un peu ennuyante, mais voilà que le serviteur revient vite. Une bonne chose de faite. Il dépose alors une bouteille faite de cristal, travaillée par un maître en orfèvrerie. Les motifs permettent de donner un relief à la couleur de la liqueur contenue dedans, tandis que le marquage, imprimé sur une feuille d’or collée et réhaussée par un bouchon de cire qu’il fallait découper au couteau, avant d’extraire le bouchon de liège, donnait à cette bouteille une aura… magnifique. Un coffret suivi. Un coffret de bois verni, aux veinures magnifiques nuancées de brun et de noir. Le coffret était gravé de runes expliquant en Khazalide, ce qui était contenu à l’intérieur. Le serviteur ouvrit le coffret en quelques gestes fluides de ses doigts pourtant charnus, et le coffret s’ouvrit, sur plusieurs étages, comme le ferait une caisse à outils. Dedans : deux verres, tous les deux inscrits de runes appartenant à la magie du froid. Aux côtés de ces verres, un couteau à la lame naine, faite dans un titane incroyablement résistant et rare, et puis, un tire-bouchon. Le serviteur s’exécuta, comme s’exécute le danseur de ballet. Jamais ses mains n’agrippèrent la bouteille, autrement, il les aurait perdus sur le champ ! Non, à la place, il découpe soigneusement le cachet de cire, puis, retire le bouchon avec toute la maîtrise d’un maître sommelier. Et enfin, telle la chorégraphie maintes fois répétée, il verse le liquide jusqu’à mi-verre, et en sers un à la princesse, et un autre, à moi, bien évidemment. « Goûtez, princesse. » Dis-je simplement, le verre en main, les yeux mi-clos. « Ceci est un whisky tourbé provenant du Nivor, une région reculée du grand royaume des nains du Zagazorn. Il a été maturé en fûts de chênes, changé trois fois d’alcôves traitées aux feux de bois, et cela, pendant 55 ans. Cette bouteille à elle-seule coûte 36 pourcents plus cher qu’un palais Vaanie, et ce verre que vous tenez… Il n’a tout simplement pas de prix. Goûtez. » Et moi, je ne me fais pas prier. Je savoure ce breuvage qui est tout simplement… Exquis.
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Ven 18 Juin 2021 - 10:35 | |
| Ses yeux clignent. Son sourire s’allonge. Le feu ne dévore plus, il réchauffe. Les paroles de l’Impassible lui plaisent. Elles sont le reflet de sa propre pensée. Elle se redresse légèrement, balaye ses cheveux d’un geste de sa main. Plonge son regard dans le sien. Demeure silencieuse, car elle jauge toujours son invité.
Elle l’observe ensuite ordonner à l’un de ses serviteurs d’apporter un coffre ouvragé. Elle penche légèrement la tête sur le côté et assiste avec un grand intérêt au whisky qui lui est servi dans l’une des coupes inscrites de runes. Elle lève lentement le verre au niveau de son regard, en admire la couleur, avant de passer sa langue sur ses lèvres avec envie. Le verre est d’une divine beauté. Le liquide semble parfaitement à sa place dans ce creux de cristal, rendant la tentation des plus fortes.
Puis d’un geste mesuré, elle le goûte. L’explosion assaille aussitôt ses sens. Elle plisse les yeux de plaisir, les ferme momentanément, avant d’en poursuivre la dégustation. Des frissons vinrent parcourir sa chair, son dos se cambre et c’est avec une profonde tristesse qu’elle redépose la coupe vide sur la table. Une goutte incolore glisse lentement de ses lèvres jusqu’à son cou, trace un sillon argenté sur sa peau avant de disparaître dans sa robe vaporeuse.
Lorsqu’elle rouvre les yeux, le feu vert y brûle à nouveau.
— Un délice, prince, commente-t-elle avec un nouveau sourire plus carnassier. Je dois admettre n’avoir jamais goûté une eau de vie d'une telle qualité. C’est un véritable plaisir que vous soyez venu…
Elle ajoute cela à demi-mot, ses yeux se plissant légèrement, comme un loup ayant repéré son agneau favori. Elle se lève avec grâce et d’un geste du bras l’invite à la suivre. Sa Belle lui jette un coup d’œil, elle ne saurait dire si son examen du prince-marchand a été satisfaisant.
— Venez prince, nous avons à discuter loin de cette agitation.
D’une démarche dansante, elle fend à nouveau la foule qui s’écarte devant elle. Elle effleure les mains qui se tendent vers elle, sourit à d’autres, virevolte devant l’un des artistes avant de parvenir à l’autre bout de la pièce. Sa Belle reste dans la pièce, une moue boudeuse aux lèvres, alors que Sa Bête la suit lorsqu’elle franchit les portes ouvragées pour atteindre une autre partie des Balcons rouges.
Des rideaux pourpres, vaporeux, tombent du plafond, leur donnant l’impression de progresser dans un océan de tissu. Autour d’eux des bibelots d’or et d’argent apparaissent, de même que des tapisseries riches et de somptueux tableaux. Le mobilier qu’ils croisent y est simple, mais élégant. Finalement, ils parviennent dans une nouvelle partie du Balcon. Les cliquetis métalliques de Sa Bête s’interrompent. Elle demeure devant la porte, les laissant tous deux en tête à tête.
La nouvelle salle où ils demeurent respire l’opulence. L’or et l’argent s’y côtoient, certains bijoux étant même exposés derrière de sublimes parois de verre. Un bureau, un canapé et plusieurs chaises agrémentent l’endroit. Des tableaux encore plus splendides, riches et d’une valeur exponentielle sont accroché sur les murs.
Assis derrière le bureau, Vah Rohn jette un œil au nouvel arrivé. Ses yeux papillonnent lentement vers les bijoux qu’il arbore avant de le dévisager. Il se lève lentement et hoche la tête.
— Prince-marchand Marzaban Ambreroc, le salue-t-il d’une voix rauque et dure. Un plaisir de vous rencontrer. Comment se porte Salfaryl ?
Elle attire l’attention de l’Impassible sur un des bijoux qui gisent sur l’une des tables. L’un de ses hommes l’avait acheté à prix d’or auprès des Mille-Cave. La magnifique parure d’émeraude ciselée d’or aurait dû ravir le cœur de tous ceux qui posaient son regard sur elle. Néanmoins, son regard est empli de dégoût. Avant qu'ils ne discutent de sujets plus importants, cette affaire devait être réglée...
— Qu'en pensez-vous, prince ? lance-t-elle d’une voix grinçante.
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Ven 18 Juin 2021 - 14:38 | |
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Théâtralité, exubérance, personnalité histrionique, peut-être même obsessionnelle… Cette Alyna possède tous les tours et les atours de la riche gamine arrogante prête à tout pour un caprice… En une certaine manière, elle me rappelle Diolando, à sa manière. Car lui aussi est fou, lui aussi est exubérant et totalement décomplexé… Je pense avoir réussi à cerner cette princesse marchande. Son exubérance, cette proportion à vouloir plaire, à vouloir être vue, à vouloir être exaucée, à vouloir être désirée tout autant qu’être satisfaite et comblée, font de cette princesse, une cliente potentielle. Ses gens doivent être habitués à ses frasques, et ses exubérances… Implanter un ou plusieurs établissements de jeux de hasards, peut-être même quelques prêteurs sur gages, serait donc comme planter la graine d’un arbre solide, et à la croissance rapide. Toutefois, il ne faudra point inclure cette femme dans des secrets… Ou dans un cercle proche, ou de confiance. Je note toutefois que, malgré ses ajouts très lourds, elle a apprécié ce whisky. Ses goûts sont donc aussi divers qu’assurés, et nous avons un terrain d’entente. Intéressant. Les probabilités que des accords naissent deviennent de plus en plus grandes. Alors qu’elle m’invite à la suite, j’ordonne d’un claquement de doigt que les verres et le coffret soient de nouveaux scellés, et emmenés en sécurité. Puis, je me lève. Tels les rouages mécaniques d’une machine dénuée de vie, mes articulations se déverrouillent et s’enchaînent : mes genoux me permettent de me lever, d’un bloc, tandis que tout mon corps, lui, reste tout à fait impassible, immuable. Des gardes me suivent, bien-sûr, et l’un d’eux est un membre de la Loge d’Onyx, que personne à part moi ne peut connaître. Mains croisées entre-elles, surmontées par mes manches, disparaissant dans mes soieries, j’avance, à bonne distance. Seuls les cliquetis de mes bijoux indiquent une démarche vivante. A son invitation, j’entre dans un bureau très chichement meublé. Des dorures, de l’argent, des métaux précieux, des soieries, du cuir, des fourrures… Un confort tout à fait agréable en somme. Mais bien moins débordant que ce que j’aurais cru, et très pauvre, en comparaison aux Mille-Caves. Mais la princesse est riche, de cela, j’en suis maintenant persuadé. Très bien. Les clients les plus riches sont mes cibles favorites. Toutefois, je ne m’attendais pas à trouver un homme au nom si inhabituel… Et connaissant Salfaryl. Et cet homme, je le connais. Ou du moins, j’ai déjà eu à-faire a lui, et j’ai déjà lu quelques missives le concernant, rapports d’espionnages… J’ai cru comprendre que cet homme était un cerveau, pour lui-même, mais sans doute pour d’autres… Peut-être même pour Alyna. « Vah Rohn. » Dis-je alors, d’une voix monocorde, les yeux mi-clos, sans la moindre once de vie. « Que faites-vous ici ? » J’élude volontairement la question concernant l’ancien maître. Premièrement, parce qu’il n’est plus le maître, et je dois m’efforcer de le laisser à sa place de légende plus ou moins morte. Malgré le respect que je lui voue, son aura peut me porter préjudice, et les actions passées portent toujours leurs conséquences sur nos affaires aujourd’hui… L’immense amende imposée par le conseil n’a toujours pas été renflouée… Je commence toutefois à comprendre. La princesse-marchande n’est point venue jusqu’ici, en ma compagnie, pour parler affaire… Mais pour régler quelque chose, ou pour me proposer quelque chose. Mes mires mi-closes posent leurs regards froids et sans vie sur des pierres précieuses toutes aussi froides. Mes pognes prennent alors la parure d’émeraudes, et se lèvent, passant à hauteur de mes mires. J’y jette un regard expert, et, après quelques secondes, repose la chose, me tournant d’un quart de tour vers la princesse, omettant sciemment le valet Vah Rohn. « Si vous l’avez acheté, j’en déduis qu’il vous a plus. L’important est : qu’en pensez-vous, vous ? »
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Ven 18 Juin 2021 - 16:58 | |
| Vah Rohn ne répond pas, il hoche simplement une nouvelle fois la tête avant de s’asseoir à nouveau. Les feuilles qui couvrent son bureau en marbre blanc n’occupent plus son attention. Ses yeux, calculateurs, aussi froids que deux pierres noires, restent rivés sur l’Impassible.
— Ce que… j’en pense ? répète-t-elle en tournant à nouveau le feu de son regard vers le bijou. Je pense que celui qui m’offrirait ce bijou serait envoyé directement à Essalia où je me ferais une joie de lui apprendre l’expression du mot « douleur ».
Elle tend une main vers le joyau qui orne le centre du bijou. Elle sait. Se complaît dans l’observation de ses parures. Chaque jour, ses yeux caressent des chefs-d’œuvre, elle en apprend leur composition, leur pureté. Elle apprend à voir ce qui est beau, à rejeter ce qui ne l’est point. Son regard est acéré et le feu qui y brule est un brasier. Elle ne tolère que la perfection. Et cela...oh non, cela n'en est point.
— La pierre n’est guère pure comme en attestent les inclusions qui la parsème. Le fabricant a tenté de les faire disparaître à travers une imprégnation d’huile incolore. Cela à laisser des marques sur la surface du bijou, ainsi que vous pouvez l’observer en le retournant. Des veinules, fines et bleutées, se sont alors propagées dans l’intégralité de la pierre, la fragilisant. Vous pouvez voir que les attaches qui ont été fixées sur l’émeraude ont été sciemment disposées pour que l’on ne puisse pas se rendre compte du procédé.
À mesure qu’elle poursuit, son débit s’accélère. Elle ne veut pas rester plus longtemps à observer cette monstruosité. Elle ne veut plus qu’il souille sa vision, plus qu’il demeure entre ses murs.
— La chaîne en elle-même n’est que faiblement composée d’or. Jetez un œil sur les maillons et vous verrez que la médiocrité a été dissimulée sous une simple feuille d’or.
Ses yeux se plissent. Elle en vient au but.
— Ce bijou a été acheté par l’un des miens aux Mille-Caves, prince.
Vah Rohn se lève aussitôt. Ses cheveux longs encadrent son visage dur à mesure qu’il s’approche de l’Impassible.
— Vous avez également vu tout cela aussi, Marzaban Ambreroc, fait-il en s’installant sur le canapé en cuir pourpre. De tels défauts ne sauraient tromper une sommité de votre envergure. Vous êtes un expert dans ce domaine.
Son ton est toujours aussi morne, mais ses paroles sont énoncées comme s’il les avait mûrement réfléchis.
— Un tel bijou n’aurait guère d’importance si nous ne l’avions pas acheté à prix d’or. Comme vous le voyez, la valeur telle qu’elle est inscrite sur ce papier n’est guère appropriée.
Il lui tend une mince fiche descriptive de l’objet.
— Le nain qui nous l’a vendu se nommait : Geranam Ecuban. J’ai appris qu’il faisait partie des vôtres avant qu’il ne vous quitte dans des circonstances… troublantes. D’après la lettre qu’il nous a été transmis, cette transaction a été validée par les Mille-Caves et par… vous.
Vah Rohn joint ses mains.
— Nous sommes navrés de vous importuner ainsi, mais nous souhaitons simplement que les échanges futurs entre nos deux marchés soient exempts du moindre petit incident. Comme vous vous en doutez, même si Alyna dispose de connaissances solides en la matière, elle est davantage artiste qu’orfèvre. Il se penche en avant. Vous n’avez pas manqué de remarquer la somptueuse galerie de Veriviani en chemin, n’est-ce pas ? J’ai ouï dire qu’il était très apprécié par les vôtres.
Sur ces mots, Vah Rohn n’ajoute rien. Il attend simplement de voir si l’Impassible à bien saisit son message.
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Dim 20 Juin 2021 - 6:59 | |
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Fait intéressant, la Princesse-Marchande décrit la pierre de manière absolument critique, pointant ses moindres défauts, des plus visibles aux plus invisibles, ayant même prit le temps de désolidariser le bijou pour regarder les défauts masquer par les attaches. L’or, fait aussi l’objet d’une critique approfondie, et je ne peux m’empêcher de relever chacun de ses mots. Elle n’est point déçue d’avoir dépensé de l’or pour une babiole, elle est déçue de s’être faite avoir, et surtout… Que son orgueil soit blessé, visiblement. Ah, qu’il peut être plaisant de diriger un monopôle qui ne cessera jamais d’attirer la population Vaanie. Pour eux, tout ce qui vient, provient, ou a été en contact avec des pognes Naines – et ce, même si lesdites pognes n’ont été que celles d’un commerçant – se monnaye à prix d’or. Quotidiennement, certains des plus riches princes et princesses, commerçants, et mêmes princes Péninsulaires, passent d’incroyables commandes de pierres précieuses, de bijoux et de produits de manufacture Naine. Et pourtant, certaines de ces pierres sont créées artificiellement grâce à la magie runique, tandis que d’autres sont extraites des sous-sols de Thaar, et vendues au prix de l’excellence du Zagazorn. Une plus-value exceptionnelle, un retour sur investissement incroyablement flatteur. Un jeu qui en vaut le risque, étant donné que, jusqu’ici, personne d’autre que cette Alyna n’avait pu découvrir la supercherie. Et mes caisses s’engraissent d’écus et de souverains. Lorsqu’il s’agit de vrais bijoux, de vraies pierres précieuses, de vrais métaux, en provenance directe des sols du Zagazorn, travaillés par des maîtres de ces terres lointaines… Le prix augmente de manière impressionnante, que nous justifions par un travail supplémentaire, une origine exceptionnelle, et d’autres attestations manuscrites, pour justifier le prix. Impassible, tel le roc millénaire surplombant la même vallée depuis des cycles et des cycles, je regarde la princesse, qui n’en finit plus… Jusqu’à-ce que reprenne son valet de chambre, Vah Rohn. Je me tourne alors vers lui, d’un quart de tour à droite, tournant sur mon talon de sorte que seuls mes pieds ne soient animés de mouvements, et que le reste de mon corps reste de marbre, impassible, comme un seul bloc, pendant que mes mains demeurent dans mes manches, rendues invisibles au regard du monde. Lorsque le valet me tend un vélin descriptif, je reconnais des runes écrites de bleu et de noir, et une somme, décrite en langue commune. Je regarde le papier… Mais ne le prends pas. Qui sais ce qui pourrait se trouver imbibé sur la partie tendue ? Un poison peut-être ? Presque immédiatement, et sans besoin d’aucun geste de communication, le seul de mes gardes qui m’avait suivi dans ce bureau – qui n’était qu’un Barbesable pour les autres, mais qui était en réalité un des seigneurs de la Loge d’Onyx dans le plus grand secret – s’avança, prit le papier, le maintint, et le plaça de sorte que je puisse le lire sans avoir à le toucher. Et une fois la chose faite, le plia en deux et le plaça dans une sacoche. Deux secondes se passent… Pendant lesquelles je réfléchis. Puis, doucement, je sors mes mains de mes manches, révélant alors mes bijoux d’or incrustés de diamants, de rubis, d’émeraudes et de cyanites, gravées d’argent et d’or blanc, jaune et rose. Ma main droite s’insinue dans mes soieries, agrippant un petit livret aux pages faites dans un vélin de qualité, et relié de cuir rouge. Dedans, j’y cherche la date correspondante à la transaction, et y scrute mes équations. Ecrites dans un triple code, impossible à déchiffrer sinon par moi, et mon Argentier, j’y transcrit toutes mes gestions, ainsi que les comptes-rendus quotidiens de l’argentier afin de connaître, à l’écu près, les sommes qui entrent et sortent des Mille-Caves, celles de mon clan, et de combien nous disposons à l’instant-T. Et surprise : le nain qui aurait vendu cette pierre absolument pas précieuse… N’était point connu pour cette vente. Ce qui signifie qu’elle s’est faite contre mon accord, et dans mon dos. Je me tourne alors vers mon garde du corps – et seigneur de la Loge. « Que sais-tu ? » Demandais-je alors, sans détour, en langue Khazalide. « Fugitif, arnaqueur, désireux de vendre à prix d’or pour quitter les Mille-Caves et monter une affaire concurrentielle. » Répondit mon garde du corps, un des neuf seigneurs de la Loge. « Quelle décision ? » Redemandais-je à nouveau. « Interrogatoire, pour comprendre. Disparition, pour prévenir, et pour guérir. » Bien. Ainsi donc, ce nain avait été capturé, interrogé, sans doute torturé… Puis éliminé. Je n’apprécie point réaliser cela sur mes gens, car ils sont ma source de revenue… Mais une trahison, chez les nains, cela demeure rare… Aussi fallait-il gérer la chose avec cette extrême rigueur. Je me tourne alors vers les deux interlocuteurs de cette journée privilégiée, tout en rangeant mon précieux carnet. La Princesse-Marchande est toujours là, semblable à une enfant gâtée qui aurait apprit que son dernier cadeau coûtait moins cher que ceux de l’année d’avant. L’autre, ressemble à un ficus planté là, au regard toutefois insistant. Si la Princesse-Marchande était esclave de ses émotions et de ses caprices, Vah Rohn, lui… Devait être suffisamment pragmatique et critique pour eux deux. Il était donc le plus dangereux. « Je n’ai jamais été au courant de cette vente. Ce tampon n’est pas le mien. Cette vente s’est faite contre la connaissance et l’accord des Mille-Caves, par un vendeur traître aux siens. Je n’ai, par conséquent, rien à voir avec cela. Sans doute serez-vous heureux de savoir que le traître a été châtié et que vous n’aurez plus jamais à-faire à lui. » Je ne vais point plus loin, car, pour le moment, ce sont eux qui mènent la danse. Trop en dire me mettrais en danger, mais demeurer distant me ferait peut-être perdre une incroyable opportunité économique… Alors, patientons.
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mer 7 Juil 2021 - 9:22 | |
| Elle jette un regard à Vah Rohn, l’invite à prendre la parole, mais ce dernier n’en fait rien. La mine de son homme demeure sombre et ses yeux brillants demeurent fixés sur l’Impassible. Les déclarations du prince-marchand ne semblent guère le surprendre, car il est évidemment au courant du sort de Geranam. Il le jauge, l’observe, tente de discerner s’il serait sage de faire affaire avec lui à l’avenir. Il comprends que l’Impassible tente de s’extirper de cette situation en rejetant la faute sur l’un de ses hommes plutôt que d’en assumer la pleine responsabilité. Et cela ne lui plaît guère.
— Merci pour ces informations, lance-t-il toutefois en se levant pour retourner s’asseoir à son bureau.
Il se désintéresse aussitôt de l’homme, se bornant à gratter le vélin qui gît sur le marbre blanc. Il attendra d’être seul avec elle pour lui partager ses observations.
Quant à elle, elle s’assoit sur la table, juste à côté du bijou honni, près de l’Impassible. Sa robe fendue découvre sa jambe fine et cuivrée. Son index vient caresser lentement le creux de son cou.
— Quel dommage que je ne puisse châtier moi-même ce nain, commente-t-elle avec un sourire cruel. J’imagine que je dois me contenter de celui qui a passé cette transaction en mon nom.
Son ton est faussement déçu, mais le feu vert, signe de la folie qui l'habite, ronfle avec davantage de force dans le creux de ses yeux.
— Sachez prince que je m’évertue à ce que mes relations commerciales soient les plus saines et efficaces possibles. Ceux qui ne me sont d’aucune utilité, qui se fourvoient ou qui font preuve de traîtrise verront leur sort se sceller de la façon la plus expéditive qui soit. Je n’ai que faire des simagrées et des excuses dont s'enveloppent ceux qui tentent de masquer leur propre incompétence. Si vous êtes venu ici, si vous m’avez écouté, c’est que vous espérez que nous fassions affaire.
Elle glisse lentement sa seconde main le long de sa cuisse.
— J’ai vu la manière dont vous vous êtes attardé sur les richesses que compose ce lieu. Vous vous attendez à une plus grande profusion. Sachez que je ne vous montre que ce que je souhaite que vous voyiez. Ne doutez point de ma fortune comme je ne doute point de la vôtre. Si nous devenons partenaires commerciaux, sachez que l’affaire concernant Geranam ne doit pas se reproduire. D’aucune… façon… que ce soit.
Elle insiste lourdement sur ces derniers mots, sa voix semblable au marteau qui fracasse le métal. D’un geste du bras, elle envoie virevolter le bijou qui siégeait à ses côtés, le faisant éclater contre le mur. Les pierres libérées de l’étreinte des chaînes d’ors roulent un instant sur le sol, venant s’arrêter à quelque pas des bottes de l’Impassible. Ses lèvres s’étirent en une grimace satisfaite.
— Partageons-nous cette même vision des choses ? fait-elle en fixant de ses yeux écarquillés son interlocuteur.
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Jeu 8 Juil 2021 - 15:02 | |
| Ainsi, me serais-je trompé sur certains aspects de cette demoiselle aux richesses incommensurables ? Sans doute. Oui, sans doute. Toutefois, je pense avoir raison en ce qui concerne son caractère : elle est aussi orgueilleuse qu’elle est fière ; elle est aussi intelligente qu’elle est gâtée. Ou tout du moins, voilà ce qu’elle veut me faire croire… Oui, ce qu’elle veut me faire croire. Sans doute ai-je été manipulé, d’une certaine manière, alors qu’elle plaçait cette problématique devant mon tarin pour me faire oublier certains autres aspects de cette rencontre. Je gage qu’elle aura effectivement découvert le pourquoi de ma présence ici. Et, en effet, elle l’aura bel et bien deviné. Mais après tout, en quoi cela devrait-être impressionnant ? Un Prince-Marchand, est autant un Prince – et donc un dirigeant – qu’un marchand – et donc un commerçant à la recherche d’autant d’accords que de richesses. En voir un, à une réception donnée par un autre prince ou une autre princesse, est donc cruellement indicateur du pourquoi de sa présence. Rien de bien étonnant à ce qu’elle l’eut deviné, alors. « En effet princesse, je suis là pour affaires. » Inutile de faire des simagrées, ni d’allonger cette réponse plus que nécessaire. L’information, elle la possède déjà. Statistiquement, je n’ai aucune chance de la duper. Et puis, à en juger son caractère, la duper ne serait point favorable pour de futures affaires. Alors, lorsqu’elle me demande si notre vision est commune, partagée, je fais volte-face, marche deux pas – soit exactement une demi-toise – vers la porte de sortie, avant de faire volte-face, de nouveau. Le contact trop rapproché avec les autres m’indispose, et cette princesse tente bien trop de prendre l’ascendant sur moi, à mon goût. Mes yeux mi-clos se posent à nouveau sur elle, et son valet. Mes mains se replacent dans mes manches, les recouvrant, disparaissant à la vue d’autrui tel un sage dans sa gargote. Mes bijoux de barbe et d’oreille se taisent enfin, le cliquetis disparaissant alors que je suis immobile depuis quelques secondes maintenant. « Sachez une chose, princesse. » Dis-je, posant mes mires dans les siennes, gardant ma distance comme pour rendre le moment plus solennelle. « Je ne juge personne portant le titre qui est le vôtre et le mien, tout comme je ne présume jamais de rien, ni de quoi que ce soit. Je n’ai pas besoin de vous apprendre que notre monde n’est pas éternel, tout comme notre existence. Tout comme nos fortunes. » Commençais-je, rendant ma voix plus grave, insistant sur ce qui allait venir. « Les Mille-Caves possèdent un empire commercial, et ce que j’en fais, ne dépend que de moi, et de moi seul. Les denrées Naines s’arrachent à prix d’or. Si vous vous y êtes déjà intéressée, vous le savez ; sinon, vous ne pouvez qu’approximer ce qui se passe lors des ventes de produits importés du Zagazorn. Je puis dire que tout ce qui provient des terres antiques du Nord, se vend à minima 30 pourcent plus cher, que toute autre denrée de ce monde. Je ne puis être tenu pour responsable de toutes ces ventes, car nombreux sont les incultes qui ne cherchent qu’à obtenir un bien fabriqué dans ces lointaines contrées. Les miens vendent tout cela comme bon leur semble. » Insistais-je, presque lourdement. « Toutefois, tout le monde ne se montre pas forcément digne, de ce qui est produit parmi les miens, sur les terres de mes ancêtres. Ceux qui passent par moi, et moi seul, pourront être assurés de toujours se tailler la plus grosse part du gâteau. Dorénavant, ce sera votre cas. Je ne pourrais ni le jurer, ni le promettre, à qui que ce soit d’autre, de votre entourage. » Concluais-je, tentant par moultes efforts et phrases aux sens entre les lignes, de faire comprendre à la princesse, que seule sa parole compte, et que ces gens peuvent bien dilapider leur or dans des pacotilles. Je cherche leur or. Chez elle, je cherche l’accord. « Comprenez-vous, princesse, ce que je suis en train de vous dire ? Et plus important, ce que je suis en train de vous promettre ? » Espérons que son orgueil n’émousse point la matière grise de son cerveau. L’on réfléchit toujours moins bien lorsque les émotions – positives ou négatives – se mêlent aux arguments.
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mar 20 Juil 2021 - 12:20 | |
| Elle plisse les yeux. Son sourire s’étire, lentement, langoureusement, promettant mille vices dans le creux de ses lèvres. Ses yeux émeraudes brillent, lisent entre les lignes de l’Impassible, note l’absence d'expression de son visage, relèvent les mots et les décryptent, avant d’en comprendre le message et sa portée. Elle apprécie cette marque d’honnêteté. Elle n’aime guère les paroles creuses et ses inexactitudes. Elle a également la satisfaction de voir que tout s’est déroulé selon ses attentes. Lentement, insidieusement, elle avait jaugé l’Impassible, l’avait amené sur son propre terrain de jeu avant d’attendre une telle proposition des plus favorables.
Mais tel était le jeu, ils le savaient tout deux. Il avait soif de son or, mais elle était également avide du sien. Une liaison qui reposait exclusivement sur un appât du gain réciproque n’était pas une liaison des plus stables. C’est ainsi que sous le conseil de Vah Rohn, elle avait orienté ce discours. Il n’y avait rien de plus dangereux que deux princes marchands s’associant sans arrière-pensée.
Oh, elle n’était pas naïve. Loin de là. Elle savait que l’Impassible nourrissait d’autres pensées, fait de calculs froids et méthodiques, mais elle s’en moquait. Seul l’or, dont les chaînes brillantes la liaient à cette passion vorace, lui importait. Elle n’avait que faire de la politique. Elle n’avait que faire du monde et de ses habitants. Mais tout ce qui brille, tout ce qui un jour en ce monde attira son intérêt, lui appartenait.
L’Impassible veut son or ? Ces vulgaires pièces circulaires et trébuchantes ? Sans reflets, sans valeur, sans intérêt… Qu’il les prennent ! Qu’il les débarrasse de sa vue en échange de la beauté que renferment ses coffres ! Tel... tel est l’accord qu’elle lui propose. Un accord que l’on ne refuse pas, car la bassesse s’emprisonne autour de ces pièces rondes là où seule la vraie perfection l'intéresse. L’Impassible le sait, comme elle, ils ont tout à gagner à commercer entre eux. Et tant qu’il jouera selon ses règles, elle se moque des sommes à lui verser.
— Fort bien, prince, répond-elle soudainement après un long silence. Nos yeux regardent dans la même direction, et l’éclat de l’or ne les aveugle pas.
Son sourire se fige un moment, mais ses yeux écarquillés redeviennent avenants.
— Nous sommes tous deux les derniers à avoir rejoint le Conseil, poursuit-elle. Il faut que nous soyons forts pour ne pas être évincés par ceux qui pensent que nous leur faisons de l’ombre. Et certains le pensent bel et bien. Des échanges prolifiques entre nous deux seraient des plus profitables.
À ces mots, Vah Rohn relève la tête. Il semble décontenancé par le cours de la conversation. Et à juste titre puisqu’elle ne s’en était pas ouverte à lui. Par cela, elle souhaite lui rappeler qu’elle est seule à prendre ses décisions. Qu'il reste à sa place : il demeure son conseiller, pas le prince marchand.
— Mais rien ne presse, prince, reprend-elle en passant lentement son doigt sur sa cuisse. Soyons heureux de jouir de nos richesses respectives et de celles que nous pouvons nous apporter. N’est-ce pas ce qui importe réellement ?
Elle ne prononcerait pas les mots. Elle attendrait qu’ils se frayent un chemin d’eux même dans l’esprit de l’Impassible. Mais pas maintenant. Demain. Dans quelques ennéades, qui sait ? La porte restait entrouverte.
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mar 20 Juil 2021 - 14:29 | |
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Bien, bien. Ainsi donc, la très exubérante et ô combien singulière Alyna était capable d’oublier ses pulsions, et de mettre de côté ses envies, ses frasques et son spectacle, pour entrevoir ce que son rôle lui commandait. Un rôle qui lui imposait d’être terre-à-terre, de lire l’avenir, et de penser « or, pouvoir et politique », et non seulement ce qui peut l’animer en temps normal. Donc, bien. J’apprends aussi une chose intéressante : nouvellement venue au sein du conseil de Thaar, Alyna se sent apparemment en danger, ou du moins, sur un siège éjectable. Elle ne fait aucune confiance aux autres membres du conseil – et à raison – et prône l’entente entre les deux derniers arrivants pour survivre aux crocodiles en place depuis longtemps. Elle ne doit donc point être informée de l’alliance que je possède avec Maralina, du moins, point l’alliance officieuse. Je ne peux penser décemment qu’elle ne sache point que Maralina et moi-même nous partageons le trône de la région des Sept-Monts, dont nous sommes conjointement Princesse et Prince-Marchand. Peut-elle seulement savoir comment nous nous en sommes emparés ? Impossible cette fois-ci. Toute cette mascarade fut orchestrée en sous-main, à l’aide de la très discrète Loge d’Onyx. A part ce qui fut fait au grand jour – à savoir les émeutes, les séditions, et notre arrivée en tant que sauveurs réinstallant la justice, la nourriture et la sécurité – il est impossible qu’Alyna ne sache quoi que ce soit d’autre. Elle peut savoir aussi que je possède un établissement de jeux de hasards dans la cité de Maralina, Uldal’Rhiz. Mais j’en possède deux autres à Thaar, et un en construction dans la cité de Langehack, dans le médian Péninsulaire. Cela n’indique rien donc, d’une alliance plus grande que seulement commerciale. Peut-être les futurs évènements de Qyriah l’orienteront toutefois, bien que, encore une fois, Maralina sera la seule Princesse-Marchande dans la lumière des futurs évènements. Mais je ne peux rien risquer. Pour le moment, nous sommes deux puissants personnages désireux de commercer ensemble. Mais qui sait ce qui tournera en ma faveur demain ? Ou en ma défaveur ? Après avoir laissé une pause de plusieurs secondes, durant laquelle mes pensées fusèrent, mais mon être, lui, fut aussi froid que la tombe de mes aïeux au Zagazorn, je reprends vie, et décide de poursuivre la discussion. Si accord il doit y avoir, celui-ci doit naître maintenant. « Vous êtes statistiquement dans le vrai, princesse. » Ajoutais-je, histoire de brosser un peu cette semi-elfe dans le sens du poil. « Aussi ai-je une proposition à vous faire. » Commençais-je. « Vous avez donc compris ce que je désirais vous dire tout à l’heure, et j’en suis satisfait. » Concluais-je sur la discussion de tout à l’heure, qui concluais cette histoire de bijou de pacotille. Elle avait compris que je désirais de l’or, et que je savais qu’elle désirait de belles choses. Par sa réponse, j’avais aussi compris qu’elle pouvait dépenser statistiquement plus d’or que la plupart de mes associés ou clients, du moment que la majorité des produits de qualité transitaient dans ses mains à elle. Alors, autant capitaliser là-dessus. Silencieusement, machinalement comme une pierre animée de magie mais sans aucune vie, j’ouvre à nouveau mon carnet relié de cuir rouge, et le feuillète rapidement. Je le garde ouvert alors que je reprends la parole, mais j’oriente les feuilles vers moi. Malgré le triple codage, je ne fais confiance à personne. « En échange de ce que je vous promet, je souhaiterais construire un établissement de jeux de hasard par chez vous, à Essalia. Si vous vous êtes déjà rendue à Thaar depuis le début de l’année 18, vous avez sans doute dû apercevoir deux d’entre eux : un palais recouvert d’or, et une pyramide couleur carmin. Si vous n’y avez jamais prêté attention, je vous invite à vous rendre dans mon établissement dans le quartier des soieries. Il n’y a pas plus luxueux à Thaar. » Ce qui est plutôt vrai, étant donné la quantité de métaux précieux, de pierres précieuses et d’or dégoulinant de ce lieu. « Acceptez, et notre entente n’en sera que plus cordiale et sereine. Et vous serez assuré de voir vos impôts payés en temps et en heure. » Voilà qui est lancé.
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mar 20 Juil 2021 - 15:57 | |
| Son sourire se fige à nouveau. Elle lève la tête, passe une main sur sa joue, l’air songeuse. Pèse le pour et le contre. Mords ses lèvres carmin. Pourquoi ne pas le lui accorder ? Si cela permettait de renforcer leur relation commerciale, elle serait bien sotte de vouloir refuser. D’autant plus que cet acte désintéressé de sa part lui permettrait d’être en position de force pour revoir à la baisse les tarifs, sûrement très onéreux, des Mille-Caves.
— Fort bien, prin…, commence-t-elle en tendant une main dans sa direction avant qu’une autre voix ne résonne.
— Si vous permettez princesse, la coupe Vah Rohn en se levant de son siège. Ses yeux sont d’une froideur à faire pâlir d’envie les plus grands criminels d’Ithri'vaan. Il s’approche néanmoins de l’Impassible avec une démarche mesurée, sa voix grave et agréable retentissant à nouveau. Votre offre est certes avantageuse, prince, et permettrait une plus grande attractivité à Essalia, de même que cela permettrait à nos autres services de recevoir une nouvelle impulsion populaire.
Il s’assoit non loin de l’Impassible. L’émeraude le foudroie, mais décide de le laisser parler. Elle sait qu’il ne prend jamais la parole à la légère et que son intervention est toujours faite dans son intérêt. Mais cela ne fait que renforcer son agacement.
— J’ai pu voir les établissements que vous avez établis à Thaar, Marzaban Ambreroc, commence-t-il sur un ton léger, mais aussi celui d'Uldal’Rhiz, ajoute-t-il en plongeant son regard d’ébène dans celui de l’Impassible, comme pour lui faire passer un message. De superbes édifices. Maralina Irohivrah a dû être comblé d’être honoré de la sorte. Nous comptons sur vous pour que vous vous surpassiez cette fois-ci et que ces derniers ne fassent que pâle figure face au nouveau qui devra siéger dans la cité des fêtes.
Il hoche la tête, comme si cela semblait évident.
— Qui plus est, cette offre nous honore. De fait, nous vous proposons également l’ouverture d’une de nos maisons de fête aux Mille-Caves afin que nous ne soyons pas les seuls à profiter de ce rayonnement.
Vah Rohn joint ses mains et tourne son regard vers l’Impassible. Attendant calmement sa réponse.
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| | | Marzaban Ambreroc
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Mer 21 Juil 2021 - 11:50 | |
| Ai-je toutes les raisons d’être satisfait ? Un rapide calcul me permet d’approximer en quelques millisecondes, la montagne d’écus et de souverains qui s’apprête à entrer dans mes coffres. Puisqu’il s’agit d’Essalia, un établissement aux normes de celui des soieries garantirait des recettes positives en un mois, et un accroissement d’environ 25 à 35% par saisons. Je n’oublie cependant point les paroles de Tyr, mon Argentier. La puissance d’investissement des Mille-Caves n’est point aussi bien portante qu’aux temps jadis. Un établissement à Essalia, et un second à Langehack, voilà qui demandera des calculs affinés. Et la princesse semble satisfaite… Mais point son valet, Vah Rohn. Celui-ci coupe la parole d’Alyna, et m’oblige à détourner mon attention de cette dernière. Mais point tout de suite. Je garde mes mires mi-closes sur le faciès d’Alyna quelques secondes supplémentaires, suffisamment pour pouvoir apercevoir ses petits tics nerveux. L’intervention de ce maudit valet ne lui plaît point, mais elle le laisse poursuivre pour une raison que je ne parviens pas à comprendre. Point de suite en tout cas. Alors, alors que ce Vah Rohn poursuit son argumentaire en parlant de mes établissements, je me tourne enfin vers lui, ouvrant mon pied droit à 90 degrés, et tournant l’ensemble tête, cou, tronc, sur un angle un peu plus fermé de 82 degrés, mes mains toujours emmitouflées dans mes manches, tel un sage de certaines régions. Et je dois dire que l’esprit du valet est plutôt incisif et perspicace, en termes commerciaux. Ce qu’il espère – ou commande d’une certaine manière – est tout aussi intéressant qu’évident, pour quiconque ayant l’ouverture d’Alyna. Mais il semble ne point comprendre, ou alors tente-t-il le bluff par l’assurance ? Voyons. « Maître Rohn… » Commençais-je, plantant mes mires à moitié closes dans celles légèrement en amande de celui qui était sans aucun doute le garde-fou des inspirations candide de celle qui possédait néanmoins le pouvoir d’Essalia. « Loin de moi l’envie de douter de vos propos lorsque vous témoignez d’avoir observé mes établissements, dont l’un d’eux n’est qu’à quelques dizaines de toises d’ici, mais si vous étiez entré au cœur de ces établissements, vous sauriez alors qu’il me serait difficile de faire plus, que ce qui fut d’ores-et-déjà fait. Mes architectes sont formels : les seules pistes d’amélioration seraient de forger des couverts en titane, et construire en brique d’or pur. Choses impossibles, vous en êtes conscient. Je ne peux donc vous assurer un quelconque dépassement, étant donné que l’établissement que je vous propose, serait aux normes Heidumazgal comme celui des Soieries. Voilà qui est fait. « Je vous propose de vous en faire la visite, si vous le désirez. Pour ce qui est de votre proposition, celle-ci m’honore également, mais je me vois dans l’obligation de décliner votre offre. En effet, l’immense volume qui ouvre sur les Mille-Caves, est notre seule infrastructure en extérieur, et ne contient que des étales, des commerces et des établissements culinaires comme des auberges et des tavernes. Implanter votre établissement au cœur de se marcher, vous serait préjudiciable, j’en suis malheureusement convaincu. La triste vérité, que je sais être suffisamment handicapante pour pouvoir provoquer un rétropédalage de nos précédents accords. Essayons de garde le poisson dans mes filets. « Je peux vous proposer toutefois la location d’un de nos bâtiments dans l’Est de Thaar, pour votre maison de fête ; ou je peux vous proposer une participation contre finance, de vos gens et de vos savoirs, lors des privatisations de mes établissements. Qu’en pensez-vous ? »
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Dim 25 Juil 2021 - 22:56 | |
| Vah Rohn hausse un sourcil. Le canapé de cuir grince lorsqu’il croise ses longues jambes. Ses yeux noirs demeurent fixés sur l’Impassible. Les siens sont rivés sur lui.
— Vous pensez donc être parvenu à l’apogée de votre art ? lance-t-il en restant toujours aussi impassible. Vous considérez ne plus pouvoir surpasser l’esthétique de vos bâtiments actuels ? Une expression faussement déçu, sciemment étudiée, traverse son visage. Il se tourne vers elle, une lueur étrange dans le regard. Pensez-vous princesse que l’art et la beauté peuvent un jour atteindre une limite comme le laisse entendre Marzaban Ambreroc ? Que l’évolution n’est plus possible ?
Ce qu’il suppose... s’apparente à une hérésie. Une folie. Cela fait bouillir le sang dans ses veines, lui donne envie de renverser la table sur laquelle elle s’appuie. Ses yeux se plissent. Ses doigts s’enfoncent dans la chair de sa cuisse. Il s’agit là d’une sotte idée, une idée dangereuse, que seul l’esprit étriqué et limité peut concevoir. La beauté n’est pas seulement réduite à sa simple nature. L’or et l’argent ne sont rien sans l’esprit qui les façonne.
Elle comprend également que Vah Rohn tente de lui faire passer un message. Elle sait qu’il se moque de l’art. Que seuls les calculs froids et pragmatiques l’intéressent. Elle comprend qu’il lui déconseille de céder sur les questions renvoyant à ses maisons des fêtes.
— Vous avez sûrement mal compris ses propos, siffle-t-elle les dents serrées. L’art est en perpétuel renouvellement, et la beauté ne trouve sa limite que dans l’esprit de l’architecte qui réalise ces structures. Sa voix se fait sèche. L’or et l’argent sont de nobles matériaux entre les mains de ceux qui savent les manipuler. En revanche, entre celles dépourvues du sens esthétique, elles ne valent guère plus que de vulgaires cailloux. Mais vous le savez assurément, prince.
Vah Rohn hoche la tête et joint à nouveau ses mains. Ses paroles semblent être celles qu’il attendait.
— Concernant la question des maisons des fêtes, Marzaban Ambreroc, fait-il d’une voix égale, nous apprécions réellement votre offre et sommes conscients de l’honneur que vous nous faites. Néanmoins, nous insistons sur notre proposition première. La rentabilité n’est pas un problème, le lieu d’implantation nous importe davantage, de même que cette preuve de confiance que vous nous accorderez.
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| | | Marzaban Ambreroc
Nain
Nombre de messages : 121 Âge : 30 Date d'inscription : 12/05/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 121 ans (896:X) Taille : 1,47m Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Jeu 5 Aoû 2021 - 15:34 | |
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Froid est le roc, attendant sagement au plus profond des tréfonds des abysses de ce monde. Froide est la roche magmatique solidifiée par des cycles d’intempéries passées après une éruption apocalyptique. Froide est l’humidité ruisselante dans les grottes antiques morcelant l’intérieur des terres. Jamais l’éclat du soleil ne pourrait réchauffer ces roches solides, imperturbables et défiant l’éternité. Jamais la chaleur de l’astre lumineux ne saurait la ramener à l’état de lave. La froideur de mes calculs, le sérieux de mes réflexions, le pragmatique de mes statistiques, ne sauraient jamais se réchauffer au contact de la chaleur naïve d’une passionnée d’art. Pas même lorsque ladite passionnée se trouve aux côtés d’un valet de chambre aussi fidèle qu’un chien et à la réflexion d’un rat. Je veux tout savoir de cet être à l’existence faite pour n’être que dans l’ombre d’une princesse. Vah Rohn, le Maître des Mille-Caves saura tout de vous. Leur petit dialogue mi-personnel, mi-destiné à moi-même, trahit toutefois toute l’instabilité de la princesse-marchande, lorsqu’il s’agit d’art. Nul doute que cette corde saurait être utilisée un jour, et, lorsqu’il le faudra, sectionnée d’un coup sec. De plus, si la rentabilité ne leur importe guère, je doute qu’Alyna puisse régner aussi longtemps que nous autres, pragmatiques. « Soit. Je ferais savoir à votre futur prospecteur, les emplacements prometteurs et qui pourraient potentiellement vous correspondre. Mais qu’il soit inscrit et retenu, qu’en cas de peu de revenus en ces lieux, je ne puis être tenu pour responsable. Ni moi, ni les miens. La forteresse des Mille-Caves est la seule portion qui se trouve au-dessus du sol, et la seule qui vous sera accessible. Le flux moyen de commerçants et clients passant nos portes et déambulant dans cette partie de mon royaume, est de 55 individus par heure en période creuses, 121 en périodes de festivités, ou d’accords dantesques. Ces visiteurs viennent généralement sur rendez-vous, auprès d’échoppes et d’étales d’ores-et-déjà connues d’eux, et 78% d’entre eux ne désirent faire que du commerce. Ce qui signifie que votre établissement de fêtes pourrait potentiellement attirer l’attention de 22% du total des clients entrant dans le domaine, Nains et Non-Nains confondus. Vous aurez sans doute de quoi assurer le paiement des taxes et impôts, et le salaire de vos employés, mais vos revenus ne seront point aussi grands que vos autres affaires. Si ce dernier bilan vous sied, alors, nous avons un accord. » Terminais-je, en tendant ma pogne droite vers la princesse, mes lourdes et épaisses bagues d’argent jaune, blanc et or, s’entrechoquant que ne s’écartent mes doigts.
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| | | Alyna Or'Siandbel Sang-mêlé
Nombre de messages : 51 Âge : 130 Date d'inscription : 08/04/2021
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 97 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza Lun 9 Aoû 2021 - 13:38 | |
| Elle observe le sourire furtif qui traverse le visage de Vah Rohn, ressent dans les fibres de son être sa satisfaction au vu de la tournure des négociations. Même s’il ne témoigne d’aucun signe extérieur, elle le sait : tout s’est déroulé selon ses calculs. Elle pressent que la rentabilité n’a jamais été le cœur de cette affaire, mais qu'elle n'était qu'un prétexte à quelque chose de bien plus occulte, de bien plus insidieux.
Vah Rohn incline lentement la tête en direction de l’Impassible avant de se lever.
— Je me fie entièrement à vos chiffres, Marzaban Ambreroc, et vous remercie de vos mises en garde, lâche-t-il en se détournant déjà de son interlocuteur, comme si ce dernier n’avait désormais plus aucun intérêt à ses yeux. Ainsi notre accord est scellé. Nous attendrons avec impatience les directives concernant l’installation de notre future maison des fêtes.
S’éloignant, il se rassoit en silence devant son bureau de marbre et raye lentement une longue ligne de son parchemin avant d’en sortir un nouveau d’une haute pile parfaitement rangé.
Quant à elle, que dire ? Ces négociations l’ont fatiguée. Harassée, elle n’aspire désormais qu’à une chose : jouir d’art et de danse, de chair et de caresse, d’or et de liesse : perdre la notion du temps dans la fureur des festivités, laisser la musique l’envahir, la submerger. Noyer son identité sous les océans des passions irisées, des hurlements des corps naufragés, au cœur de la tempête des sons. Le vrai plaisir n'est atteint que lorsqu’il consume entièrement. Qu’il ne reste de soi que de brèves cendres incandescentes balayées par les vents glacials de la raison. Son corps brûle, ses oreilles bourdonnent, ses lèvres se plissent avant de se découvrir avec lenteur. Elle passe une main sur son cou bronzé puis secoue sa longue chevelure brillante.
Elle finit par se redresser, les yeux clos, puis se lève de la table sur laquelle elle est assise avant de tendre son long doigt en direction de l’Impassible.
— Venez mon prince, fait-elle alors que le feu émeraude qui couvent son regard s’embrase à nouveau. Son sourire lascif ne laisse que peu de doute sur les envies qui la taraude. Sa voix sonne et résonne, telles les cloches d'Ashaï. Il est temps de rejoindre là où sont semées les graines du feu ; là où rugissent les âmes piégées au cœur du labyrinthe des passions.
Elle entraîne l’Impassible à sa suite, les ramenant tous deux au milieu des festivités qui les accueillent avec une véritable ovation.
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| Sujet: Re: [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza | |
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| | | | [Les Balcons rouges] L'or brille davantage entre les mains des puissants | Marza | |
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