Loge Crin D'Acier - atelier alchimique et journaux de recherches solo

Dardusorg était à son bureau, plusieurs tomes ouvert sur le plan de travail ainsi que sur son lit. Divers fioles et flacons contenant une multitude de couleurs étaient posés sur les étagères tout autour de la pièce, dans un nuage de fumé, l’alchimiste était pensif et immobile.

Les seuls son qui brisait le silence de la nuit furent le crépitement de l’herbe à pipe incandescente, et les rares mouvements de la main pour changer de page. L’alchimiste relisait ses notes, formules, croquis, bestiaires et herbiers afin de faire avancer ses recherches. Mais, cela faisait déjà plusieurs jours que ses travaux faisaient face à un obstacle pour le moment insurmountable :il manquait un catalyseur pouvant amplifier les effets des ingrédients. Sans cet élément manquant, la formule devenait soit instable face à l’excès de composants, soit trop faible face à la faiblesse des substances actives. Sa frustration pouvait se lire sur les rides et veines visibles sur son visage crispé, et ce depuis la mi après-midi !

Le barbu relu l’intégralité de son dernier carnets de notes, remplis de formules et passages d’herbiers, mais hormis confirmer son hypothèse laquelle il lui manquait quelque chose afin de rendre les formules valable, il n’avait aucun élément supplémentaire qui puisse potentiellement le sortir de l’impasse. Son visage se crispa un petit peu plus, et reprit une profonde inspiration de son herbe à pipe.

Après ce qui semblait être des jours durant, il se mit enfin à bouger. Il prit un carnet vierge, prit sa plume, la trempa dans l’encrier, et se mit à écrire.

Quatrième jour de la dernière ennéade de Barkios, an 18 du XIe cycle.

Me voici toujours dans l’impasse, les formules sont claires : le philtre ne peut être stable si je continue d’ajouter des composants. Cependant, si je ne trouve pas un élément ayant suffisamment d’efficacité, ou même pouvant amplifier les effets souhaités, ce philtre ne verra jamais le jour…

Je me suis donc abaissé aux rumeurs et « remèdes » Umgi pour tenter de trouver la moindre information, mais hormis des informations aux sources peu fiable, il semblerait que je n’ai rien.

Cela dit, un des apprentis a avancé la possibilité d’enquêter sur les étales et cargaisons du port de Thanor, car après tout c’est une cité ayant un flux de marchandises impressionnant. Les étales de Lante sont ridicule à côté et je dois aller m’entretenir avec la Voix de Thanor prochainement, de toute façon. Une idée que je vais exploiter dès que mon entretient avec le fameux Glumtol sera terminé.

Mais je divagues… A ce jour, la formule la plus stable consiste de :

- d’utiliser de la bave d’hertis pure à 95 % en tant que médium

- ajouter 3 doses de sève d’avirine

- 1 dose de feuilles d’étincelle d’une fraîcheur inférieure à 2 heures

- faire macérer à 120° 15 heures

- distiller le mélange et ne garder que la tête (soit conserver 1/4 du produit final)


Mais, si j’ajoute d’autres doses telle que l’armoire aux pucelles (dit en passant à un prix exorbitant ne poussant qu’en Faëlia), ou modifier les dosages, le sérum devient beaucoup trop instable pour en tirer le moindre bénéfice.
D’autant plus que la bave d’hertis est d’une saveur et parfum des plus désagréable lorsque ingérée…

Je vais continuer mes recherches auprès des umgis pendant encore quelques temps, non parce que leur savoir est vaste (loin de là), mais plutôt pour l’éventualité qu’ils apportent une information que je n’ai pas envisagée. Leur sagesse est, je vais dire, incomplète, mais leur maladresse est telle que parfois, ils deviennent d’une inspiration des plus inattendues.

Mais, je risque de trouver la solution à cet obstacle sur les stands de Thanor, et non des commerçants umgi.

En espérant que mes prochaines notes consisteront d’une solution pouvant compléter cette formule !

A moins qu’en ajoutant de l’huile d’ichor gris, affaiblissant le système digestif, je pourrai forcer le métabolisme d’absorber plus oui moins les substances. A réévaluer dans les formules, mais le risque serait de rendre le sujet plus fragile, et donc, rendre le philtre inutilisable dans ce cas de figure.



Note ultérieure :

Reprendre les travaux en ayant pour objectif la mise au monde de jumeaux. Ceci aurait pour effet d’éviter les problématiques liée à altérer la fertilité, mais met à risque la future mère. Rares sont les cas où la mère survit à l’accouchement de jumeaux. Faire un sérum à double effet jumelage – fortifiant est une voix à réétudier. A suivre dans la continuation des recherches et formules.

« Très bien, stabilise juste la température où la distillation va échouer. Attention, pas trop de soluté à la fois autrement la réaction sera trop brutale ! Continuez comme ça, je vais diluer la bonne dose d’enzyme, ce ne sera que quelques minutes. »

Dardusorg, accompagné de trois des meilleurs jeunes éléments du clan, travaillaient sur un philtre guérisseur. Il ne fallait pas 4 barbes pour mener à bien la formule, mais Dardusorg observait avec la plus grande attention lequel des trois pouvait potentiellement devenir son apprenti. Grühm commençait à devenir insistant et, en effet, il commençait à avoir de l’âge pour un alchimiste sans apprenti.

Il prit un flacon d’un liquide pourpre, et en versa quelques gouttes dans une fiole contenant une feuille broyée. Le mélange des deux ingrédients fit jaillir un peu de fumée grisonnante, il prit la fiole encore fumante et l’apporta vers l’alambic.

« Voilà, ne respirez par les vapeurs, ça risquerai de de blanchir le crin » Dit-il avec un rictus. « Maintenant, où en sommes nous avec la distillation ? La pression est stable ? Où sont les sels de cristal ? »

Dardusorg était très souvent comme une jeune barbe à peine sorti de son Komenouth. Mais dans un atelier, avec ses fioles, ses formules et poudres, il n’était plus le même. Il ne voyait pas des bouteilles colorées, il voyait les propriétés de chaque huile, chaque poudre, chaque macérât, chaque essence. Dardusorg a passé très certainement, la plupart de son existence entouré de ces tomes et substances. Vu comme un peu extravaguant, une fois son tablier sur lui, son regard se durci et son ton change drastiquement.

Seulement une poignée de personnes connaissent les deux facettes de l’alchimiste, et encore moins subissent le courroux de l’érudit. Car Dardusorg détient un esprit inquisitif, certes, mais sa curiosité enfantine laisse rapidement place à une exigence toute particulièrement naine, et à une patience parfois aussi brève que celle d’un beserker face à un drow…

Mais aujourd’hui, il était question de distiller le medium pour le philtre. Et, avec trois assistants, la préparation ne devrait pas tourner au désastre.

Le quatuor attendis encore quelques minutes avant de retirer le récipient contenant un liquide transparent chaud. Une fois le feu éteint et l’alambic mis de côté, les alchimistes mélangèrent les deux éléments en ajoutant périodiquement de fines particules de cristal moulu.

« Bon, va mettre ça sur le feu, il faut maintenant le laisser perdre un peu de sa vapeur. » Il se tourna vers un autre élève et fit signe de la tête d’aller prendre le tome ouvert en grand sur une table un peu plus loin. « apportez moi du suc de kerkand ».

Seulement l’un des trois nains se dirigea vers l’étagère à substances nocives, les deux autres se regardèrent avec un air confus.

« Maître… pourquoi ? Nous faisons bien un philtre de guérison, non ? »

« Et alors ? L’acidité du suc va relever les effets bénéfiques. »

Le troisième, tenant la minuscule fiole approcha avec hésitation.
« voici le suc maître, mais cela ne va pas interagir avec les sels de cristal, et causer un gaz toxique au lieu du philtre ? »

Les trois jeunes barbes écoutèrent avec attention, le silence laissant le bruit de la rue devant la loge.
Un sourire se dessina sur les lèvres du vieil alchimiste, et son regard sombre s’éclaircit laissant place un regard joyeux et bienveillant.

« effectivement, le suc va non seulement détruire nos effort, mais va créer une toxine sous forme gazeuse. Très bons réflexes, à tous les trois d’ailleurs. J’avais besoin d’un coup de main pour aller plus vite lors de la préparation, mais je vous ai réunis ici surtout pour une bonne raison : je cherche un apprenti. » un court silence, et Dardusorg reprit. « Je vous ai observé lors de notre exercice afin de mieux vous cerner. Je ne vous ai rien dit car je voulais vous voir travailler sans pression et dans votre état de concentration habituel. Je vais avoir besoin de bien plus qu’un assistant avec mes prochains travaux, et mon projet de sérum de fertilité nécessite un point de vue externe je pense… Je n’ai, hélas, pas réellement pu vous départager. Vous êtes, tout simplement, les meilleurs éléments concernant l’elixirologie dans noter clan. Et, je suis de plus en plus contraint de devoir transmettre mon expérience à un successeur. »

Dardusorg sorti sa flasque, prit une gorgée laissant paraître une grimace de déception en lançant un regard noir à sa flasque et reprit.

« Girur ton questionnement était très bien placé, si tu le souhaites, tu peux rester dans la course pour devenir mon apprenti.
Dyuthil, tu as commencé par bêtement suivre ma consigne, mais m’a surpris par tes connaissances, si tu le souhaites tu peux rester dans le course.
Quant à toi, Garan, tu es un élément exceptionnel, mais manque encore je pense de la rigueur nécessaire pour mes travaux. Cependant, il me semble que Durtor ai besoin de quelqu’un avec ta maîtrise de la distillation. Si cela t’intéresse, je pense qu’il serait heureux de t’accueillir en tant qu’apprenti en raffinement d’éléments alchimique. En tout cas, merci pour ton aide aujourd’hui. »

Il salua les trois courtes barbes aux regards surpris et les invita à terminer la préparation de cette potion.


Ce n’est qu’après une heure de travail et conversation que Garan quitta l’atelier voir le grand raffineur du clan, avec de nombreuses notes sur comment mettre en avant ses compétences dans le domaines. Les deux autres restèrent débattre et discuter sur les obstacles liés à la création du fameux sérum de fertilité. Encore un exercice pour les départager ? Sûrement. Mais il souhaitait surtout avoir un avis différent qui pourrait peut être mettre le doigt sur une approche qui n’a pas encore été employée.

Les travaux de recherches allaient continuer, mais cette fois, accompagnée par deux brillants alchimistes. Qui sait, peut être que Grühm lui accordera les deux en tant qu’apprenti ! « /blockquote>