Tremblent les montagnes.

Troisième ennéade de Karfias,
An Dix-Neuf du Cycle XI,
Kirgan.

Des échos dans la roche, colportés depuis les plaines jusqu’aux cimes gelées. Vents de fureur et souffles d’inquiétude s’entremêlent, enflent et se muent en de véritables bourrasques de discorde.

Des profondeurs de Molgrunn l’on souhaite que cette dette de sang ne soit réglée que par le sang versé, par la guerre pour les plus belliqueux, par la tête de l’odieux profanateur pour les plus modérés.

Thanor brûle aussi de voir l’affront lavé, cependant s’inquiète des conséquences financières, elle sur qui tout le Zagazorn compte pour rester ce poumon économique capable de financer les projets les plus fous. Qu’adviendra-t-il de la thanorite si la guerre est déclarée ? Qu’adviendra-t-il de leurs cousins des sables ? Comment les marchandises pourront transiter jusqu’en terres vaanies ?

Lante souffre de la même tare stratégique. Aussi, dans la cité des plaines le clivage se fait plus dur que jamais, car si elle se veut commerçante, la ville est aussi l’une des places fortes militaires les plus importantes du pays, et ceux-là ont le désir de laver leur honneur et le goût du sang.

Quant à Almis, déjà embourbée dans une guerre perpétuelle, elle se renfrogne à l’idée que des troupes leur soient enlevées pour quelque objectif que ce soit.

On entend aussi bien l’honneur nain grincer sous le poids de l’affront, que les voix de ceux qui, moins de vingt ans auparavant, ont déjà tout perdu et n’ont guère le cœur à offrir le peu de sang qu’il leur reste.

Pleurent les montagnes, grondent leurs entrailles, déchirant les cœurs des barbes les plus fières.