Une brisure [Gaedrath]

Aegden grimaça en observant l’épée qu’il avait dans les mains, ou plutôt le morceau brisé qu’il tenait encore entre ses doigts. Son compagnon d’arme du jour avait abaissé son bouclier contre lequel l’arme avait été brisée et affichait un air aussi contrit que celui du commandant était contrarié. Son épée et sa lance comptait parmi ses rares possessions et, précieuses, il y tenait beaucoup, au même titre qu’un mage devait tenir à son focaliseur. A présent elle était totalement inutilisable. La seule consolation qu’Aegden pouvait trouver était la quasi-certitude que l’arme pourrait être reforgée… Et puis sa lance, elle, était encore intact Kyria soit louée.

-Il ne me reste plus qu’à trouver un forgeron je crois. Bougonna-t-il en rengainant les deux parties de l’arme dans son fourreau.

Son camarade se risqua à poser une main amicale contre son épaule.

-J’ai une bonne adresse si tu veux. Un sourire mi-figue mi-raisin vint étirer ses lèvres alors qu’il montrait l’écu à son bras. C’est celui qui m’a forgé ceci, je crois qu’il a prouvé son talent…

Ainsi, l’entrainement journalier du mainyth s’était transformé en une marche à travers la cité blanche. Oscillant entre les ruelles bordées de fontaines et de courts d’eau, l'un des quartiers des artisans qu’on avait indiqué au soldat finit par s’étendre devant lui. Çà et là, quelques artisans profitant des rayons de soleil relevaient parfois un œil curieux sur son passage. En même temps, peut-être aurait-il dû prendre le temps de changer son armure contre une tenue plus simple…

-Heru Sosa ? Finit-il par demander à un artisan ressemblant trait pour trait à celui qu’on lui avait décrit plus tôt. J’ai une commande disons…urgente à te demander.

L'épée autrefois:

D'aussi loin qu'il pouvait, ou souhaitait se rappeler, il était seul. Ici, dans sa forge et avec l'idée profondément encré dans son esprit que rien n'allait changer cela. Cela faisait trois jours, depuis que la dernière personne se présenta avec une demande - qu'il retira le lendemain même -, et puis depuis, plus personne. Ils sont allé voir un autre Tamindal, songea-t-il en jouant avec une flammèche bleuâtre entre ses doigts. Trois jours n'étaient rien, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter à ce propos. La flammèche se faufila entre les fins doigts, chatoyant et vive. La chaleur et la légère brûlure au doigt était une sensation étrange au toucher, qui intriguait quelque peu Gaedrath, qui commençait petit à petit à développer une résistance à cette moindre douleur. Assit à l'arrière, il s'ennuyait évidemment du manque de demandes, et le démontra par un très long soupir.

Mais Gaedrath se redressa subitement, droit comme un i, alors que son oreille gauche frémit au son d'une figure. Le Tamin Dolan, se présenta pour aller rencontrer cette figure, et fut amèrement surprit. Plus svelte, plus grand, plus fin. Gaedrath leva la tête - il faisait moins d'une tête que lui - pour le regarder, le jauger et se présenter. Avec respect, il s'inclina face à lui, qui attirait l'attention des autres artisans. N'aurait-il pas eu au moins la convenance de se changer. À moins qu'il n'arrivait pas à l'enlever, peut-être que le problème résidait là...

"Ah! C'est bien moi. Heru, je suis très chargé," mentit-il plus pour se rassurer lui-même,"mais je crois que j'ai le temps de m'occuper de vous. Qu'il y a-t-il ?"

-Ah je suis soulagé.
 
Inconscient des pensées moroses de l'artisan, Aegden se mit alors à sourire. Et puis il dégaina les restes de l'épée, qu'il présenta au forgeron avec une certaine déférence, les paumes à plat vers le haut et soutenant les morceaux de métal. Même brisée, il était évident que le soldat portait un attachement émotionnel particulier à l'arme. 
 
La lame était en deux morceaux nets. Fine et élégante elle semblait être de très bonne facture. Le manche relativement simple semblait parfaitement adapté à la paume du soldat. Il était sans doute difficile à présent de déterminer si elle était une arme équilibrée ou non. Aux yeux de l'expert il devait cependant être évident qu'elle était conçue spécialement pour son propriétaire et ce, avec une grande maitrise de l’art elfique.
 
-Elle s'est brisée contre un bouclier de ton fait il semblerait. Si tu peux la reforger je t'en serais vraiment reconnaissant. 
 
Il tendit les mains pour que le forgerons se saisisse de l’arme et l'examine pour rendre son verdict.
 
-J’ai pu constater l’efficacité de tes œuvres, alors j'ai confiance. Ajouta-t-il avec une pointe d’amusement.

Gaedrath prit l'arme fissuré en deux avec délicatesse et l'étudia scrupuleusement. Belle acier, se dit-il, je me demande bien qui est celui qui l'a forgé il posa la pointe du morceau brisé et piqua la pointe de son doigt. C'était faisable, avec le temps requit, cela allait l'occuper pour les ennéades qui suivront. Le forgeron, haussa les mains et les rabaissa pour juger le poids de la lame, fine et légère. Puis il déposa les deux fragments de l'arme sur un meuble derrière lui, près de la forge. Gaedrath se retourna, à la mention de son nom et ne pouvait s'empêcher de se retrouver un sourire aux lèvres. J'éviterais de lui demander quel idée lui est venu en tête de frapper un bouclier. Il se rapprocha à nouveau du présumé soldat de métier, et releva la tête.

"Belle lame. Complimenta-t-il en approuvant d'un hochement de tête, cela me prendra qu'un mois à reforger, voir deux mais je doute que cela soit ne prenne autant de temps. À moins que vous ne soyez pressé de retrouver votre lame à nouveau, Heru, je pourrais finir vers la fin du mois."

Gaedrath préférait ne pas résigner sur la tâche, voir négligé, ou y prendre trop de temps. L'armure attira son attention, curieux de savoir l'identité de l'inconnu ainsi que celui qui aurait forgé cette protection. Les armures de cuir ne sont pas rare au sein de l'armure, mais celle-ci était unique en son genre. Elle portait l'insigne des armées royales.

"Votre armure, Heru. Si je puis demander, où l'avez-vous eu ?

-Tu m’a dit que tu étais très occupé, prend le temps qu’il te faudra. Répondit-il de bon cœur. Ce n’est pas mon arme principale je me débrouillerais.

L’elfe pourrait se passer de l’épée un temps et il ne souhaitait pas forcer la main à l’artisan de par ses propres envies. Et puis il était curieux de voir ce que le forgerons pourrait obtenir en prenant son temps.

-Mon armure ?

Aegden se rendit soudain compte qu’il avait débarqué comme ça, sans même se présenter et donner une vague explication au forgeron. Il vint ôter son casque le cala sous son bras et passa sa main libre dans ses cheveux roux.

-Excuse moi je ne me suis même pas présenté alors que moi je sais qui tu es. Fit-il avant de s’expliquer. Je suis Aegden, le commandant de l’armée royale actuel. Pour ce qui est de l’armure, c’est un cadeau. Il sourit en se rappelant de la première fois qu’il l’avait essayé et de la fierté sur le visage des deux compères qui la lui avaient présentée  à l’improviste. On me l’a offerte à mon arrivée, il y a tout juste deux mois.

Machinalement le soldat observait l’environnement autour de lui. Les quelques armes exposées çà et là, soit attendant leurs futurs propriétaires, soit étant simplement exposés comme objets d’art. Un objet en particulier attira bien sûr l’attention du lancier.

S’en approchant à une distance qui restait raisonnable, le lancier observa la lance d’acier odelin rivée au mur. Si bon nombres d’armes restaient loin de son domaine de compétence, Aegden était un lancier plus qu’accompli et il savait reconnaitre la qualité de ses armes de prédilection. Celle-là ne trompait pas.

-Elle est splendide. Ne put-il s’empêcher de commenter, fasciné. Vraiment splendide. Tu es décidément un forgerons doué Heru Sosa.

Je peux voir que ce n'est pas votre arme de prédilection, songea-t-il méchamment en s'imaginant la façon dont la lame s'éclata en les deux morceaux contre le bouclier. Un bouclier qu'il avait lui-même fait, de ses propres mains et en ce lieu. Gaedrath le regarda retirer son heaume, laissant sa chevelure lisse retombait, resplendissant. Plus svelte, plus grand, plus fin et plus soyeux, le forgeron se tenait toujours face à lui, sa chevelure quant à lui, était plus libre et en désordre. Le travail à la forge, ainsi que des gênes malchanceux, lui ont fait hérité d'une longue tignasse à l'apparence âpre, bordélique et foncé. Elle était bien loin de celle qui se présentait en tant que commandant de l'armé royale. Aegden était ainsi son nom, Gaedrath haussa les sourcils, et lâcha un soupir, impressionné.

"Je suis enchanté de faire votre connaissance, Mainyth, j'espère bien que vous apprécierez mon travail." Il s'inclina avec respect, la main sur le torse, "je ne crois pas m'être présenter aussi, pardonnez-moi. Gaedrath Sosa, je suis un Tamin Dolan.

Un sourire étira à nouveau ses lèvres. Gaedrath avait déjà fait affaire avec des gens de l'armée royale, quelques fois aux fils des siècles. Il n'avait jamais prit la demande d'un commandant, cependant. Et cela le faisait même se demandait, s'il était capable d'achever un travail qui atteindront les attentes du soldat. Je pourrais lui conseiller, à la place, un autre artisan, bien plus compétent et apte à accomplir la tâche... il se mit à ruminer, et son état d'amertume disparu quelques temps dès que le dénommé Aegden s'approcha de la lance accroché aux murs, mise en valeur. Il le complimenta, et cela, le forgeron apprécia beaucoup. Plus svelte, plus grand, plus fin, plus soyeux et beaucoup plus aimable. Gaedrath se surprit à pousser un soupir et avoir les yeux rivés sur le sol. Il les releva, pour remercier les dires du commandant et exposer son travail, non que celui-çi lui ai demandé.

"Je vous remercie, vos mots valent beaucoup à mes yeux, Mainyth. J'ai entendu parler de vous et de certains de vos compétences et exploits, Aegden. Vous êtes véritablement une des personnes les mieux placé pour juger cette oeuvre avec perceptibilité. J'y ai passé près de cents ans à peaufiner, je me suis inspiré du travail de beaucoup autres artisans, je ne pourrais dire que cela soit réellement mon oeuvre..."

-Dans ce cas mes compétences et mes exploits ne sont pas vraiment les miens puisque les techniques que j’utilise sont celles de centaines d’elfes avant moi. Répondit-il en lui adressant un air malicieux.  Tu te fais un procès trop sévère. Si ce sont tes mains et tes outils qui ont créé cette lance, alors c’est ton œuvre. Son regard retrouva le sujet de leur conversation. Une centaine d’année de travail tu dis…

Il n’avait pas vraiment idée du travail que demandait une telle arme mais cela lui paraissait tout de même si long… Il posa une nouvelle question, par pure curiosité. Même au sein de l’armée royale composé d’autant d’armes et d’armures différentes qu’il y avait d’elfes, elles n’étaient pas si courantes celles de cette qualité.

-Pour y mettre autant de temps et d’énergie j'imagine, tu l’a créé pour toi ou y avait-il une raison plus précise derrière ? Pardonne ma curiosité, je n'ai  jamais eut l'occasion de questionner un Toer Tamindal sur sa façon de manier la forge.

Chaque pouce de la lame lui prit une décennie, à façonner, aiguiser, perfectionner et peaufiner. Dans le bois blanc était incrusté divers symboles, dont les significations variaient selon où ils se trouvaient sur la longueur de la lance. Sur la pointe en acier était gravé une virgule posé à l'envers et à l'horizontale, discret et qui du fait d'être sur les deux côtés, ne changeaient rien sur la balance de la lance. Gaedrath leva le menton, songeant aux paroles d'Aegden. Il avait certainement raison, le commandant des armées royales était parfait de haut en bas, bienfaisant, compétent, brave et beau.

En le regardant de plus près, il était quelque peu intimidé par sa prestance et sa grandeur. Mais sa bonté envers lui, le déconcertait et le prenait étrangement. Gaedrath s’avança vers l'atelier, où était entreposé les deux fragments d'une épée, se mettant alors à penser la façon pour procéder à sa réparation. Il pourrait s'y mettre à penser plus tard, se dit-il finalement, pour l'instant, la discussion avec le commandant l'intéressait un peu plus. Il voulait en savoir plus sur celui-là, et répondre à certaines de ses questions. Le forgeron fut visiblement surpris et étonné, et sa voix se haussa en premier lieu avant de baisser le ton après.

"Je vous remercie à nouveau, ce que vous dites m'affecte." Il s'inclina, et reprit en expliquant l'histoire de cette arme. Pour moi? Je me piquerais le pied plusieurs fois avant de faire dix pas avec! Je l'ai créé pour rendre honneur à mon père, d'une certaine manière. Mais c'était surtout pour savoir l'étendu de mon talent. Lorsque je regarde cette lance, je sais qu'il y a meilleur, bien meilleur au-delà de cette forge. Et jamais je n'atteindrai ce niveau. Mais, parfois, je me met à penser qu'il y a pire."

Un faible sourire se dessina sur ses lèvres, qui se crispèrent.

-Si tu veux, je peux t’apprendre comment la manier. Ce n'est pas bien difficile en fin de compte. Fit-il avec une pointe d’amusement.

Aegden offrit ensuite un sourire un peu plus compatissant à son interlocuteur. Il n’était pas certain de savoir quoi lui répondre, ne comprenant pas pourquoi il se dépréciait de la sorte devant une telle œuvre. Son regard se détourna alors de l'arme pour se river sur son interlocuteur.

-Certains de tes congénères forgeront peut être des armes plus belles, ou plus résistantes. Certains de mes hommes maitrisent peut-être leurs armes avec bien plus de précisions que moi. Il haussa les épaules, l'air indifférent quant à cela. Tant mieux. Heureusement, même. Ça nous permet de nous pousser sans arrêt à nous améliorer et à atteindre ce niveau soit disant inaccessible. Arcamenel  en soit loué. Il hocha la tête comme pour appuyer cette simple prière. Ça ne veut pas dire que tu ne dois pas être fier de ce que tu as créé Heru Sosa. Tu as de quoi l’être. En plus, je doute que beaucoup d'elfe soient en mesure d'atteindre le titre de Tamin dolan au cours de leur vie... Ça prouve pas mal de chose je crois.

"Ce serait fort appréciable, mais je crois qu'il serait préférable que je me concentre plutôt sur forger les lames que les manier." Il hocha, incrédule après coup si Aedgen était sérieux.

Pour éviter un éventuel embarras, Gaedrath préféra ne pas y penser plus loin. Sa carrière de soldat ne saurait reprendre du service, de toute manière. Et la pensée de guerroyer ou servir dans l'armée ne lui traversait pas souvent l'esprit. L'artisan savait que sa position actuelle prouvait qu'il était capable, mais l'idée qu'il fallait simplement remplir une place de vide, le rendait de marbre et incertain.  Très peu sont les elfes qui atteindront le même rang que moi, et beaucoup d'entres eux le mériteraient bien largement plus. Aegden énonçait des vérités, qui, fautes de l'aider à se relever, le fit sourire. Et il avait à présent, une nouvelle flamme, une nouvelle envie et enthousiaste à reforger la lame, ne serait-ce que pour lui. Mise-à-part, il songeait pourtant autrement à le remercier.

Alors que le regard d'Aegden se tourna sur lui, le sien suivit son tracé jusqu'à l'arme gisant, accroché fièrement au mur. Plusieurs décennies qu'elle se délaisse de sa fraîcheur, à vouloir trancher de sa pointe.  

"Heru." Fit-il en décrochant la lance du mur. "Je ne saurais comment vous remercier autrement. Elle n'est peut-être pas plus acérée ou affinée que celle que vous maniez en ce moment, je ne serais dire... mais je tiens à vous l'offrir. Elle sera plus utile entre vos mains, ou celle d'un de vos subordonnées, que sur un mur. Faites-en ce que vous voulez."

L’espace d’un instant, le soldat n’eut pas l’air de comprendre, puis son visage se décomposa de stupeur et d’émotion devant l’offre du forgeron. L’arme était, comme il l’avait fait remarquer jusque-là, d’une qualité tout aussi rare qu’elle était splendide. Il était aisé de la désirer. Aisé de rêver de s’en servir. Aisé de se dire qu’après tout…Pourquoi pas ?

-C’est un immense honneur Heru Sosa… Se reprit-t-il humblement. Le forgeron pouvait aisément constater que son interlocuteur était sincère.

Seulement, voilà, ce n’était pas juste. Aegden n’était pas un elfe cherchant gloire, honneur ou quelconque récompense, et ce, qu’il fut maintyh des armées royales anedhelles ou qu’il fut simple fantassin de l’armée lëandrinne. Aegden n’était pas un elfe rêvant à se servir de ses armes, jamais. Aegden ne méritait pas de soudain cadeau, encore moins un cadeau d’une telle valeur aux yeux de son propriétaire.

Alors, sans hésiter, au lieu de venir saisir l’arme que l’elfe lui offrait, Aegden posa sa main contre celle du Tamin Dolan et repoussa gentiment cette dernière contre lui. Ses billes anthracites étaient rivés à celles d'une couleur similaire de l'elfe brun.

-…Mais cette lance est à toi. Je n’ai aucun mérite justifiant de ce que tu m’offre Gaedrath. Garde là, et quand tu la regarderas à nouveau, vois-y la fierté de ce que tu as accomplis et de ce qu’il te reste à accomplir. Voilà ce que je veux en faire.

Jamais ne s'était-il autant couvert d'embaras. La lance reluisant dans la main, Gaedrath se sentait honteux. Honteux, et idiot. Le soldat faisait plus de sens qu'il en faisait sur cette situation. Pourquoi proposa-t-il quelque chose de si lunatique ? Perdu, l'artisan relâcha ses bras qui semblait perdre de densité - mais toujours aussi large - par une morosité malheureux, la lance toujours dans les deux mains, la confusion dans son regard et ses traits acerbes étaient très difficile de ne pas remarquer. Ce refus, le rendait tout à fait minable et indigne, plus petit, plus bourru, plus âpre. Je suis pathétique. Et ce mot comptait le hanter durant des heures, voir des jours s'il se trouvait d'humeur maussade le lendemain.

"Comme... comme il vous plaira, Heru." Il ne savait pas quoi ajouter d'autres.

Baissant les yeux vers le bois de ce qui représentait sa fierté selon Aegden. Ridiculement petite. Mais au lieu de faire part de ses songes, Gaedrath expira de ses narines après réflexions. Non. S'il ne souhaite pas la lance, je compenserais sa valeur sur l'épée pour qu'elle en vaut deux. Voilà le prix de sa bonté. Ce refus n'allait pas le rabaisser, et elle n'allait certainement pas amoindrir les paroles rassurantes d'Aedgen. Il suffit d'aucun mot, et seulement d'un regard honnête et résolu, pour faire comprendre que le Tamin Dolan allait se mettre au travail, rallumer l'âtre de son atelier et couvrir de sueurs le forgeron. Et dès que la fin du mois se montrera, l'épée aura un tout nouvelle éclat. Plus fort, plus vaillant et plus gracieux.

Tout comme son porteur.