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| Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) | |
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Clothaire de Chtoll
Humain
Nombre de messages : 57 Âge : 50 Date d'inscription : 19/04/2021
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans Taille : 1,50 mètres Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Lun 30 Aoû 2021 - 9:15 | |
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Julas, 2e jour de la 1re ennéade de Karfias 1e mois de l'été de l'An 19 du XIe cycle Bibliothèque royale Le monde a changé d'année, aussi pourrait-il prétendre que sa rencontre avec sa cousine remonte à l'année dernière, mais dans les faits, cela ne remonte qu'à une ennéade et un jour, mais c'est la première fois qu'il se retrouve ainsi replonger dans son passé, son statut d'héritier et la mort de ses parents, puis l'espoir d'avoir une alliée, sans doute et que son rôle est de diriger ses terres et d'en faire profiter ses habitants. Oh, cette ambition, il l'avait remisée au placard jusque là, aucun seigneur alonnais ne s'étant enquis de sa santé ou ses ambitions. Et cela fait dix jours et dix nuits que notre copiste se demande si ça serait réellement une bonne idée. Il n'est pas malheureux, ici, comme copiste. C'est un érudit, il adore ce lieu où se brasse autant de savoir, autant de secrets. Puis ici, il est respecté et personne ne songe à attenter à sa vie. S'il commet une erreur, il perd un parchemin mais ne risque pas d'avoir la responsabilité de la mort d'une personne, voire de centaines. Et de l'autre côté, il a le sentiment de fuir son destin, un destin qui pourrait être riche. Il serait, s'il a bien étudié l'histoire d'Alonna, le premier seigneur ingénieur de Chtoll, car il n'a rien de guerrier. Rien que l'idée qu'on puisse l'imaginer combattant lui arrache un sourire. Oh, son nom s'y prête, les Chtolls sont toujours nés costauds, mais quand on le regarde...
Tiens, en face de lui étudie une prêtresse ? L'est-elle seulement ? Il l'a connue comme étudiante ici, elle est comme lui un rat de bibliothèque. Elle doit avoir quoi ? 3-4 ans de plus que lui. Pas chiante, sérieuse dans ses études, peu causante, comme il sied dans une bibliothèque. Et elle le regarde, avant de replonger dans sa lecture s'il lui jette un regard. Bizarre. Elle ne devrait pas être surprise de sa petite taille, de son aspect famélique ou de l'absence de mobilité de son bras gauche, ça n'a rien de neuf. Cela doit faire 15 ans qu'ils écument les rayons de cette bibliothèque, d'abord avec précepteur, ensuite de façon autonome et lui n'a pas changé. Au contraire, ses handicaps se sont atténués au fil du temps. Bon, dans le doute, Clothaire la salue d'un signe de tête avant de replonger dans son travail de copiste, qu'il fait de façon presqu'automatique, et ses réflexions.
Voilà le seul ennui qu'il peut rencontrer ici, une personne trop curieuse ou un amas de travail trop important. Bon, demain, c'est l'élévation de la future haute prêtresse et ça va occuper pas mal de monde. D'ailleurs, la prêtresse devant lui ne devrait pas participer aux préparatifs ? A moins qu'une soigneuse ait d'autres priorités. Autant l'avouer, il n'en sait rien. Mais les copistes sont sollicités. Entre le listing des invités, les convocations , les informations sur les données recueillies ou les parchemins qu'il faut rénover, du boulot, il y en a à foison. Et le fait de mal dormir lui permet de venir tôt, même si cela nécessite l'emploi de bougies. Personne ne lui en fait le reproche, tant que le travail est de qualité. Et il l'est, Clothaire est connu pour être pointilleux et rigoureux. Faut pas compter sur lui pour porter, même avec deux bras on ne le lui demanderait pas tant il parait fragile, mais pour la méticulosité, on peut se reposer sur lui. Il peut passer des heures à analyser, chercher derrière une tache le mot qui avait été utilisé et qui a disparu. Et si deux mots subsistent dans le champ des possibles, il fera des recherches pour être certain d'utiliser le bon terme. Et cela l'amuse, ce qui aux yeux des non-érudits est une hérésie.
Mais pourquoi elle le fixe encore, celle-là ? Avoir une forte capacité de concentration est son point fort, et là, ça commence à le déranger. Il feint de l'ignorer et finit la copie du parchemin et le relit pour s'assurer de n'avoir fait aucune coquille et aucune faute. Il est ravi du résultat, d'autant plus que ce parchemin était passionnant, ce qui n'est pas toujours le cas. Le recensement des armes utilisées à l'entraînement un siècle avant le Voile n'a pour lui aucun intérêt, mais ici, la réflexion philosophique lui a presque donné envie d'y répondre. Et quand on lui aiguise l'esprit, le Clothaire y trouve son plaisir. Plaisir qu'une prêtresse qui le fixe à nouveau commence à lui gâcher. Avec une mimique ne masquant absolument pas son exaspération, il écarte violemment les bras, ou plutôt un bras, celui valide, et on s'attend à une voix tonitruante demandant "Tu me veux quoi, toi ?". Sauf que le silence du lieu, Clothaire le respecte autant que s'il était dans un Temple. Soit elle lui dit ce qu'elle veut, soit elle dégage, parce que là, lui n'arrive plus à travailler. Et son cerveau pourtant rompu à l'exercice se refuse à envisager la moindre hypothèse. Après tout, quand on lui parle, il répond. Toujours. Et le plus souvent avec politesse et courtoisie, sauf si on lui parle pour lui poser une question vraiment débile. Auquel cas il sourit avec tendresse et replonge directement dans son travail, sans émettre un son.
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| | | Lucia du Temple
Humain
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Mar 31 Aoû 2021 - 1:56 | |
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- Je n'en ai pas pour longtemps, je vous le promets mon Père! Les préparatifs vont bon train, la cathédrale est en effervescence, tout le monde s'affaire à se rendre utile afin que la cérémonie soit absolument parfaite. Tout le monde sauf Lucia, qui a prévu de s'éclipser une fois la cérémonie terminée pour aller déposer un précieux petit colis à un ferronnier mal engueulé, certes, mais sympathique et divertissant. C'est la troisième personne qu'elle laisse en plan, alors qu'elle traverse le long couloir orné de peintures à l'effigie de la dynastie royale, laissant derrière elle les novices finaliser le ménage et la décoration de Sainte-Deina, ou répéter une dernière fois les chants qui résonneront le moment venu jusque dans le coeur de celles et ceux qui assisteront à l'événement. L'esprit de la prêtresse est ailleurs, quelque part entre les discussions de la veille et ses réflexions nocturnes. Sa priorité n'est pas la cérémonie de l'élévation mais bien la guérison de son patient, même si celui-ci ne lui a rien demandé d'autre qu'une lotion... Mais comment pourrait-elle se contenter de lui donner un soin aussi éphémère qu'inefficace quand elle se sait potentiellement capable de soulager son mal? Pour le guérir, il lui faut percer le mystère qu'il ne veut pas expliquer. - Accident très jeune - Recourt fréquent aux soigneurs - Se blesse rarement au travail (ferronnier) - Blessure par lame au ventre, récente mais soignée - Peau très sèche - Gênes certaines, douleurs probables - Pudeur exagérée, honte - Masque? La liste qu'elle a gravée durant la nuit sur une petite tablette de cire est courte, mais elle espère qu'elle suffira à confirmer son hypothèse : monsieur Adkin souffre d'une maladie de la peau qui s'aggrave avec la chaleur. Une lotion hydratante peut apaiser ses symptômes sans toutefois les faire disparaître. Si elle peut mettre la main sur les recherches d'un prêtre dont le nom lui échappe, peut-être parviendra-t-elle à concocter la bonne lotion qui traitera la maladie en question. Le défi principal reste d'identifier la maladie en question. Deux heures plus tard, Lucia relève le nez du troisième ouvrage qu'elle consulte dans la bibliothèque royale. En se massant les tempes, elle laisse son regard errer sur les rayons garnis de livres aux reliures de cuir et de rouleaux empilés avec légèreté. Plusieurs maladies de peau proposent les mêmes symptômes, mais sans un examen visuel, il est impossible pour la prêtresse de déterminer le soin approprié. Elle a accepté cette évidence en finissant la lecture du premier rouleau, celui du Père Virgil, dont les écrits restent les études les plus récentes sur le sujet qui l'intéresse. Depuis, elle se contente d'avaler autant d'informations qu'il lui est possible d'en lire, afin d'être parfaitement prête lorsqu'il acceptera enfin de lui dévoiler cette peau qui lui fait honte. Tiens, la silhouette si reconnaissable de Clothaire a fait son apparition. Elle sourit. Elle ne l'avait même pas entendu arriver. Comme toujours, pense-t-elle. Il est discret, et est totalement dévoué à ses tâches qu'il réalise avec un minutie qu'elle qualifierait presque d'obsession, si elle-même ne partageait pas cette tendance à se plonger corps et âme dans l'étude d'un ouvrage. Elle a repris cette discipline avec une assiduité rare dès son retour à Diantra. Lorsque l'on voyage sur les chemins de la Péninsule, et que la destination est toujours temporaire, il est plus difficile de s'arrêter dans une bibliothèque... d'autant plus que celles-ci peuvent se faire rares selon l'endroit où l'on se trouve, et que les sujets collectionnés varient selon les intérêts des mécènes. Clothaire l'a vue, à en juger par son hochement de tête. Il se replonge dans son travail, alors que les yeux de Lucia reprennent leur errance. Quel ouvrage consulter? En a-t-elle seulement encore le temps? Oui, le sablier ne s'est écoulé que quatre fois, elle peut se permettre de consulter rapidement encore trois ou quatre ouvrages. Les deux prunelles vertes se posent à nouveau sur le copiste en plein travail. Combien de livres a-t-il lui, lui qui s'assure que les écrits ne disparaissent pas en les multipliant au gré de sa plume? Combien de connaissances a-t-il pu engranger au fil du temps, sans jamais lever le nez de ses parchemins? Sur quoi travaille-t-il actuellement? Un ouvrage de botanique, peut-être, ou bien... Perdue dans ses pensées, Lucia n'a pas conscience qu'elle le fixe, et que ce regard appuyé le dérange dans son travail, au point qu'il en perde patience. En fait, ce n'est pas vraiment lui qu'elle regarde. Elle contemple une idée, quelque part dans le vague. Mais la silhouette s'emporte, le copiste fait un grand geste agacé de son bras valide. - Oh pardon Clothaire... Je perdais mon temps à tenter de saisir une idée. Ce n'est qu'un murmure, mais le silence qui les entoure a tôt fait de le porter aux oreilles du copiste. Lucia, les pommettes rosies par la honte d'avoir dérangé le jeune homme dans son travail referme son ouvrage, le prend dans ses bras et se lève pour se rapprocher. - As-tu vu passer quelque chose sur un traitement particulier pour les peaux extrêmement sèches? J'ai un patient qui ne veut pas me montrer le moindre petit carré de peau, mais je veux lui offrir une lotion qui pourra le soulager et qui le convaincra que je peux le soigner adéquatement. Inutile de passer par quatre chemins. Guérir les blessures et les maladies relève presque de l'obsession, pour Lucia, et ce n'est un secret pour personne. Si elle a su tempérer ses élans dans l'étude de la magie, puis dans sa mise en pratique, elle est beaucoup plus difficile à retenir quand elle est convaincue de pouvoir aider quelqu'un à retrouver la santé. Il n'est soigné qu'à moitié depuis des années, je voudrais en faire un peu plus... Réussir à soigner le ferronnier, ça serait aussi une façon de remercier la dame de Fernel pour son hospitalité.
Dernière édition par Lucia du Temple le Jeu 2 Sep 2021 - 1:48, édité 1 fois |
| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Mer 1 Sep 2021 - 12:46 | |
| - Ce que tu dis n'a pas de bon sens...
Répond un Clothaire surpris qu'une Lucia fasse une telle erreur. Mais elle a probablement synthétisé sa question et dispose d'autres éléments. Il tend sa main valide et s'empare de la tablette en cire pour la lire. Un tic nerveux le défigure un instant mais c'est à peine si lui le remarque. Il ne les contrôle pas de toute manière. Mais après le tic, c'est le scepticisme qui s'affiche.
- Et si ton hypothèse de départ était erronée ? Sans examen ne serait-ce que visuel, comment peux-tu déterminer s'il a un problème de peau tel qu'il le déclare, et quel est le type de problème. Le soigneur qui l'a soigné pour la blessure au couteau t'en a-t-il parlé ? Cette blessure est-elle simplement réelle ? Tout comme son métier ? Des faits ou d'autres témoignages corroborent tes hypothèses ?
Cela y est, un défi intellectuel. Une énigme. Bref, tout ce qui peut passioinner Clothaire, pourtant peu intéresser au domaine médical. Il n'a jamais dit pourquoi, ses facultés cognitives auraient pu en faire un bon diagnosticien, à défaut d'en faire un soigneur, puisque ces derniers ont besoin de deux mains bien mobiles. Mais la raison est d'une logique effrayante. Quand il lit un livre médical et qu'il voit les symptômes, il a l'impression qu'il les a tous. Déjà qu'il a pas mal de problèmes, là il s'en imagine d'autres. Autant éviter, n'est-ce pas ?
- S'il porte un masque, pourquoi ne pas imaginer qu'il soit recherché pour un crime ou l'autre ? Lorsqu'on fait une recherche, on imagine que celui recherché se fait discret, tente de passer inaperçu. Avec un masque, on attire l'attention. Et comme on imagine qu'un fugitif n'attire pas, ou pas trop, l'attention, on aura tendance à interroger celui qui se cache. Puis il a pu imaginer une histoire. Qui saurait vérifier ? Si je prétends que je me suis brisé le bras, que je le mets en écharpe, puis que je te dis que sinon je suis bijoutier, vu que je suis petit, avec des doigts fins, tu pourrais te dire "c'est le bon profil pour un bijoutier" et je t'aurais flouée. Rien ne nous dit que ton ferronnier n'est pas un fugitif. Mais comme il ne montre rien comme peau...
Le cerveau de Clothaire est lancé et vu la grimace qu'il fait, cette hypothèse ne lui plait pas.
- Un Drow ! S'il vient à s'amuser avec ses tours de magie dans la Cathédrale demain, il fera plus de dégâts que ces p*** de mage en ont fait à l'arcanium. J'en ai jamais vu, mais ils ne paraissent pas naturels, leurs peaux sont grises. S'il cache tout, alors tu as sans doute repérer un sacré danger et il convient de prévenir la garde pour effacer tout doute.
Quand même, un drow, ça serait énorme. Trop sans doute. Il aurait éliminé la Lucia, qui visiblement l'a fait parler. Quoi que ça aurait entraîné une enquête qui aurait mené vers un masqué, pas idéal s'il doit frapper demain. Mais sa première idée n'était pas là.
- J'ai une autre hypothèse, celle de l'accident. Cela pourrait ne pas être de la peau sèche, mais une cicatrice qui le gène. S'il est bien ferronnier, comme 9 ferronniers sur 10 il serait fils de ferronnier. S'il a eu un accident petit dans une forge...
Il grimace rien qu'à imaginer la douleur.
- Le père ou un ouvrier qui voit pas un gamin lui trainer dans les pattes et qui fait tomber du fer chaud sur lui, ça peut faire une sacrée marque et une horrible cicatrice. Tu m'étonnes qu'il la cache. Cela expliquerait aussi les soins reçus, j'imagine. Mais ces soins ne seraient pas pour une peau trop sèche mais pour une peau qui ne sait pas respirer. Si on peut survivre à une blessure comme ça, évidemment. Là, c'est plus ton domaine que le mien.
Il écarte le bras en signe d'impuissance et lui rend sa tablette.
- Si mon hypothèse est la bonne, c'est l'ouvrage sur les grands brûlés qu'il te faudrait. Je peux aller te le chercher si tu ignores où il est. Mais apparemment, s'il n'a pas voulu te montrer sa cicatrice, et sous couvert qu'il ne soit pas un drow, c'est qu'il ne cherche pas de soins. Alors, pourquoi t'y intéresses-tu ?
Bim, une nouvelle énigme. Et l'hypothèse qui lui vient à l'esprit l'amuse
- Il te plaît !
Il a failli le dire à voix haute et non pas le murmurer, mais s'est repris juste à temps. Mais il semble amusé comme un enfant ayant découvert la cachette où sont planquées les confiseries.
- Ben ça alors... Mais passons, je risque bien d'avoir besoin d'une prêtresse. Pour un conseil. Et vu le sujet, je veux m'assurer de ton Silence, auquel tu es tenue si je t'en fais la demande. Vu que tu ne pourras même pas avoir l'aide d'un collègue ou d'une consoeur sur cette question, accepterais-tu de m'entendre et me guider ?
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| | | Lucia du Temple
Humain
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Jeu 2 Sep 2021 - 3:04 | |
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La prêtresse cède bien volontiers sa tablette au copiste. Il n'y a rien de confidentiel, pas de nom, pas de moyen de retrouver son patient, même si un ferronnier masqué reste facilement repérable pour quelqu'un qui a des contacts un peu partout à travers la Péninsule.
Les premiers mots l'ébranlent dans ses certitudes. Et si son hypothèse de base était mauvaise? C'est une possibilité qu'elle a écartée d'entrée de jeu puisque rien ne lui permettait jusqu'ici de croire à autre chose qu'une maladie de peau, affection relativement courante, plus ou moins étendue selon les cas, plus ou moins traitable. Est-ce que la première ligne de ses notes serait la clé du mystère que dissimule Gendry sous ses gants qu'il n'a pas retirés et sous le masque qui peut porter à croire qu'il vénère un d... Lucia secoue la tête. Pas la peine d'y penser.
- Personne ne corrobore mes hypothèses mais je crois que sa blessure est bien réelle. Il ne ment pas à ce sujet. Je ne peux pas te dire pourquoi, mais je sais qu'il ne ment pas.
Elle regarde Clothaire dont les méninges semblent s'agiter face à l'exercice de réflexion qu'un parfait inconnu lui apporte. Il ne sait rien de lui, hormis les quelques lignes gravées dans la cire. Des lignes qui définissent un malade sans pour autant saisir l'ensemble de ce qu'il a été et de ce qu'il est aujourd'hui en dehors du mal qu'il traine avec lui.
Lucia secoue la tête. Le masque du criminel, elle n'y croit pas une seconde, même si l'idée n'est pas mauvaise. Les paroles de la dame de Fernel lui reviennent en tête. Tout le monde est le bienvenu à Fernel. Tout le monde, à condition de ne pas nuire à la seigneurie.
- C'est un demi masque. Il cache la moitié de son visage, jusqu'à un collier large qu'il porte au cou. Je ne crois pas qu'une personne recherchée choisisse volontairement d'être associée au chaos d'Arcam. Clothaire ne se décourage pas, emporté par les hypothèses qui ne cessent d'affluer. Lucia le regarde sans bouger, avec la même fascination qu'elle a toujours eue face à cette capacité d'échafauder des histoires totalement plausibles à partir de quelques informations seulement. C'est une chance que le copiste soit arrivé à la cathédrale. Il aurait pu emprunter des chemins tortueux et devenir le chef d'une horde de bandits bien trop organisés grâce à son Souffle beaucoup trop brillant.
La prêtresse étouffe un rire et secoue la tête. Un drow, complètement impossible. Elle a vu une partie du visage de Gendry, a entendu sa voix et son accent, et même une exclamation spontanée. Impossible qu'il soit si bien grimé en plus d'être excellent comédien, infiltré depuis un moment dans une seigneurie du Nord et suffisamment impliqué que pour se faire poignarder par l'un de ses semblables. Non, cette hypothèse est sans doute la moins bonne jusqu'ici. D'une phrase, elle réfute tout ce que Clothaire a pu évoquer jusqu'ici.
- C'est un homme, c'est un ferronnier et je ne crois pas qu'il soit en fuite. Son mal est réel.
Si le postulat de départ -un homme avec un mal mystérieux affectant sa peau- reste bon, la suite devient intéressante alors que dans un élan d'inspiration, Clothaire s'arrête à la première ligne de la petite tablette. L'accident. Elle hoche de la tête. Fils de ferronnier, oui. La thèse de l'accident à l'origine d'une cicatrice qui le gêne est tout à fait plausible. La prêtresse réfléchit à la tenue de Gendry et ne peut s'empêcher de se demander à quel point la cicatrice pourrait être étendue. A-t-il laissé sous-entendre qu'il a rencontré plusieurs soigneurs qui, tous, lui proposent le même traitement? Oui.
- Je n'ai rien qui me permet d'être certaine que la théorie de l'accident est la bonne, mais rien ne me permet de la démonter... Une cicatrice réagit à la chaleur, et si elle est relativement étendue, on peut en avoir honte et refuser catégoriquement de l'exposer, même à un soigneur. J'en sais quelque chose après tout. La sienne, c'est sur la joue qu'elle la porte, et même si elle est plutôt visible, elle finit par en oublier l'existence de temps en temps, jusqu'à ce qu'un regard de travers lui rappelle sa présence. Longtemps, elle a savamment laissé trainer des mèches par-dessus pour la dissimuler.
- Je prends l'ouvrage des grands brûlés! Je crois que je sais où il est. Et l'idée qu'il me plaise ou non ne m'a pas traversé l'esprit. C'est un patient, c'est tout. Et c'est un défi. Comment résister à un défi médical? Comment fermer les yeux sur une affection que personne, jusqu'ici, n'a réussi à traiter correctement, laissant son porteur avec une souffrance physique et psychologique permanente?
Surprise par la demande de Clothaire, dont le sérieux tranche résolument avec la petite face ravie qu'il avait la seconde d'avant, Lucia hausse les sourcils. Clothaire sollicite un conseil. Le copiste à l'esprit vif, capable d'envisager mille réponses à une seule question, l'étudiant aussi assidu si ce n'est plus qu'elle, lui, est en train de lui demander un conseil, assorti du Silence de la prêtresse.
- Mon Silence t'est assuré à la seconde où tu l'invoques, pour aujourd'hui et pour le restant de ma vie sur ce dont tu voudrais me parler. Je ferai de mon mieux pour te guider, mon Fils. L'a-t-elle déjà appelé mon Fils depuis leur première rencontre? Elle en doute fortement, mais la demande lui parait solennelle et mérite une réponse qui l'est tout autant. Lucia ramasse la tablette de cire. Souhaites-tu que nous trouvions un endroit où nous ne serons pas dérangés par une arrivée inopportune? La bibliothèque semble ne pas être populaire aujourd'hui, sans doute parce que la cérémonie attire toute l'attention loin les livres, mais n'importe qui pourrait entrer sans prévenir et interrompre une discussion importante.
La légèreté qui l'habitait jusqu'ici semble tout à coup avoir fait place à un voile de gravité. C'est toujours comme ça quand on sollicite un conseil d'elle, tout en invoquant le Silence.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Jeu 2 Sep 2021 - 15:11 | |
| Les arguments présentés par Lucia ne sont pas tous rationnels, mais tout n'est pas rationnel non plus. Lui croit aux signes, ça n'est pas rationnel mais ça a guidé une partie de sa vie. Alors, quand elle dit qu'elle sait, ou plutôt qu'elle sent, que l'homme au masque ne ment pas, il la croit. Parce qu'elle est Prêtresse, qu'elle doit entendre des gens en confession, qu'elle doit entendre des choses qui dépassent l'entendement et que cela lui donne une expertise dans ce domaine que lui n'a pas et n'aura jamais, n'étant pas un animal social. S'il s'est réfugié dans les études, ça n'est pas totalement par hasard mais pour oublier une vie de solitude liée, en partie mais en partie seulement, à ses limitations physiques, et pour l'autre part au fait qu'il n'est pas liant. Et le mi-masque le convainc, et là ça le rassure, que "l'autre" n'est pas un drow. Cela peut encore être un mage, mais un non drow. On peut abattre un drow mais pas un mage. C'est dommage, mais c'est comme ça.
Dans le flot des théories qu'il a soulevées, il en est une que Lucia accepte, celle de la brûlure. Quand elle compare la cicatrice probable du ferronnier avec celle qu'elle a elle-même, son regard ne dévie pas vers sa joue à elle. Il n'a pas besoin d'une confirmation visuelle pour savoir qu'elle comprend. Tout comme elle n'a pas besoin de regarder son bras pour comprendre qu'il sait ce que cacher un mal signifie. C'est en quelque sorte un échange de bon procédé, et ça n'est pas lui qui se moquera d'une blessure ou d'une infirmité, sauf s'il sent que c'est le moment pour le faire, et en soulignant sa propre condition. Il aime bien la prêtresse, mais pas assez que pour se permettre ce genre de familiarité. A bien y réfléchir, il ne se la permettrait avec personne de toute manière. Mais le gaillard qui intrigue tellement Lucia lui semble sympathique et au final, si elle pouvait s'intéresser à lui pour autre chose que sa blessure, il leur souhaiterait bonne chance. Mais Lucia semble loin d'y songer, alors que du côté de Clothaire, ça commence à le travailler, mais pas de la manière dont on l'imagine. Et c'est pour ça qu'il s'est lancé pour s'assurer le silence de Lucia.
- Bien, Mère... tu m'excuseras, mais j'ai du mal à le dire sans vouloir pouffer de rire. Non pas que tu ne sois pas une Mère digne d'être appelée Mère, mais on s'est connu en culottes courtes et je te connais depuis plus longtemps que tu n'es Mère. Enfin bref. Allons dans la réserve, nous y serons tranquille.
Faut bien un endroit pour stocker les réserves d'encre, de parchemins et tout ce qui n'a pas encore été réparé ou classé. En tant que copiste, il y a accès, une Mère a accès à tout et si quelqu'un devait rentrer, il ressortirait illico. Le besoin d'être guidé est respecté de tous, ou presque et on ne dérange pas un membre du clergé en tête à tête avec une ouaille dans un lieu isolé. Dès qu'ils ont franchi, il se lance.
- J'ignore si vous connaissez tout ou partie de mon histoire, aussi, dans le doute, vais-je vous présenter les points les plus importants, Mère. Sous le sceau du Silence, même si le début du récit n'aura rien de secret. En 998, Marc de Chtoll épouse la bâtarde d'un vassal, Clothilde. En tant que seigneur de Chtoll, il pouvait trouver meilleur parti, ne serait-ce qu'une enfant légitime d'un seigneur, tout porte à croire que c'était un mariage d'amour. Et un enfant est rapidement mis en route. Si c'est un garçon, il sera l'héritier de la Seigneurie. Mais Marc ne peut rester au château, une famine frappe la Baronnie et il déploie son énergie à sauver ce qui peut l'être. Il rentre la veille de l'accouchement. Sauf que ce dernier se passe très mal. La délivrance tue Clothilde et l'enfant naît avec le cordon autour du cou, avec d'importants dégâts. Ce qui devait être jour de joie tourne à la tragédie. Le père est veuf et son fils, l'héritier légitime, pourrait ne jamais être en état physique et intellectuel pour régner. Ajoute à cela la Famine, le déclenchement du Voile et tu réaliseras facilement qu'en voyant l'état de l'héritier, les gens soient convaincus que Marc de Chtoll a été maudit par les dieux.
Le tableau est plutôt sombre, mais Lucia a quelques années de plus que lui et doit avoir un souvenir, même vague, du Voile. Même sans cela, les gens sont supersticieux et avoir un bambin qui a des grimaces affreuses et incontrôlées, qui a un retard évident de langage et dont les cris ressemblent plus à ceux d'un animal que d'un humain, il ne faut pas être voyant pour comprendre à quel point tout ceci devait tourmenter le seigneur de Chtoll.
- Le Seigneur de Chtoll décide d'éloigner l'enfant maudit de sa Seigneurie et le confie à un précepteur, non pas de Chtoll ni même de l'Alonna, mais d'une contrée lointain, Aretria. C'est ainsi que le Clothaire que je suis quitte l'Alonna pour la Capitale avec un précepteur dont la loyauté a été payée rubis sur ongle. Sauf que, surprise, l'arrivée à Diantra éveille les sens du gamin, qui s'émerveille devant les beautés architecturales, arrive à pointer un lieu de son bras droit et semble même sourire, bien que ça ressemble à une grimace. Grâce aux bons soins et à la mobilisation exercée par le précepteur, aidé par d'autres précepteurs, des soigneurs et une flopée de gens intrigués par cet enfant qui recouvre miraculeusement des facultés, mes progrès dépassent les plus hautes espérances. Il me reste des tics, des douleurs, mais intellectuement, j'ai rattrapé et même dépassé les autres enfants. Physiquement, j'ai pas la statue des Chtoll, qui sont de solides guerriers massifs, mais j'ai "presque" l'air normal. Mon paternel, ravi, me réenvisage comme l'héritier et me trouve une épouse, fille de son plus puissant allié et d'une famille amie depuis des générations, les Lourbier.
Le contexte est posé. Une naissance plus que compliquée pourrait se finir dans un happy end, du genre qui font les belles histoires qu'on aime raconter. Sauf que...
- L'alliée des Chtolls, la Baronne de Lourbier, tombe amoureuse du Baron d'Oesgard, Goar Ier, qui s'est autoproclamé roi et lui offre l'Alonna. Levée de bouclier, l'armée royale, aidée par certains seigneurs Alonnais, dont les Broissieux mais aussi l'Aretria, attaque les Lourbier. Marc, allié des Lourbier, les soutient. Deux puisantes armées doivent s'affronter. Mais les dieux en décident autrement. La peste frappe le Lodiaker, terre des Lourbier, qui partent en urgence sauver ce qui peut l'être. Marc se retrouve seul face à une armée surpuissante, est vaincu, déclaré Félon et exécuté. La Baronnie tombe sous la coupe des Broissieux, qui place des alliés à eux, les d'Eskill, qui a épousé une Broissieux, à la tête de Chtoll. L'héritier que je suis est oublié, officiellement. Officieusement, son précepteur a fait la promesse en son nom que jamais il ne reviendrait en Alonna ni ne revendiquerait le trône de Chtoll. Son côté enfant maudit lui a sans doute évité une mort... euh... accidentelle.
Les données sont claires et voilà pourquoi Clothaire de Chtoll est un noble sans terre.
- Ma vie se poursuit. Des études brillantes, une première tentative d'entrer dans une vie nobliaire active en rejoignant l'Aretria, qui se solde par un retentissant échec, et retour la queue entre les jambes pour prendre un poste, respectable, de copiste, dans un endroit où il est heureux. Et je suis heureux, Mère. Sauf que... bah, certains ne m'ont pas oublié. Et m'ont rappelé que je suis le vrai Seigneur de Chtoll. Et ont demandé mon retour. Qui ne plaira pas aux Broissieux puisque ma famille est liée depuis des siècles à leur ennemi le plus dangereux, les Lourbier, et qu'une alliance Lourbier, ou si vous préférez Lodiaker-Chtoll péserait son poids au sein d'une Baronnie dont l'autorité est contestée de l'intérieur, la Baronne n'ayant que 13 printemps.
Il soupire. La chose doit apparaître évidente à Lucia. Clothaire est confronté à un choix.
- Je suis né premier mâle et futur Seigneur de Chtoll. C'était ma destinée et devant les dieux et les hommes, tel est mon rôle. Mais si je le revendique, outre le fait que la parole de mon précepteur serait trahie, mais je doute que quiconque s'en soucie aujourd'hui, cela pourrait déclencher une guerre civile et faire couler le sang sur des terres qui depuis que je suis né ont connu la Peste et la Famine. L'idée ne m'enchante guère. D'un autre côté, si je ne fais rien, si je n'agis pas pour ce pour quoi je suis né, les dieux pourraient me le reprocher. J'ai eu vent qu'un coup d'état se prépare, sans en avoir les détails. Mais je pourrais jouer un fabuleux rôle de perturbateur en revendiquant ce qui m'est dû par ma naissance et mon sang. C'est un choix trop compliqué pour un homme seul et je n'ai pas perçu de signes pouvant me guider dans un sens ou l'autre, celui de la revendication ou de l'acceptation de ma condition de copiste. Je pourrai être le premier noble ingénieur de Chtoll et lancer une lignée qui s'orienterait sur le savoir plutôt que sur l'aspect guerrier, et je vous avoue sans honte que cette idée me plait, tout comme celle de maintenir mon nom. Qu'attendent les Dieux de moi ? Je suis prêt à leur obéir, mais je ne les entends pas. J'espère que vous aurez une vraie réponse pour moi.
Il avait prévenu que ça ne serait pas simple, le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a pas menti.
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| | | Lucia du Temple
Humain
Nombre de messages : 18 Âge : 38 Date d'inscription : 04/05/2021
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Ven 3 Sep 2021 - 3:17 | |
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Lucia sourit, et lâche dans un murmure : - Pardon, c'est juste un réflexe. Sitôt qu'on fait appel à mon Silence, je place une distance pour que mes émotions ne prennent pas le dessus sur ce qu'on attend de moi. Un conseil implique un degré de pragmatisme que les liens personnels, qu'ils soient bons ou mauvais, peuvent entacher. Placer cette distance est depuis longtemps une façon pour elle de rentrer dans le rôle qu'on lui demande de jouer. Elle devient la prêtresse et laisse de côté l'amitié qu'elle peut porter à quelqu'un pour devenir une voix de la raison. Enfin elle essaie.
La prêtresse range sa tablette de cire dans la besace qui ne la quitte presque jamais et suit Clothaire, qui est ici comme chez lui. Les grandes étagères peuplées de livres et de parchemins doivent avoir un effet apaisant sur lui, peut-être même s'y sent-il complètement en sécurité.
Enfin installée, Lucia ferme les yeux un instant et, silencieusement, demande à la DameDieu de lui inspirer la patience nécessaire à l'écoute et la sagesse de bien guider celui qui a fait appel à elle. Clothaire commence son histoire. Ce que bien des gens ont du considérer comme une mésalliance pour le seigneur de Chtoll, la naissance tragique d'un héritier qui laisse croire aux superstitieux que le père est maudit. La prêtresse imagine parfaitement le portrait, compte tenu des circonstances particulières entourant le Voile, ainsi que la déception immense, abyssale même, qu'a dû ressentir le maître des lieux en comprenant que son héritier ne le serait probablement jamais réellement. Le regard de Lucia fixe un point imaginaire, éloigné de celui qui lui partage en quelques mots le récit de son existence. Parfaitement immobile, les mains croisées sur les genoux, elle a appris du père Basile que ne pas regarder son interlocuteur peut aider celui-ci à se sentir plus à l'aise pour se confier. Cela évite aussi les regards plein de jugement, de pitié, de compassion mal dosée.
Le petit Clothaire arrive à Diantra où il s'épanouit et où sa santé prend du mieux, notamment grâce aux soins appropriés qui lui sont portés. Mentalement, elle ne peut qu'approuver le dépassement intellectuel dont il fait preuve encore aujourd'hui. Il ne pourra jamais soulever une épée le temps d'un duel, mais la force physique est loin de suffire dans la vie. La prêtresse retient un commentaire quant à ses fiançailles qu'elle ignorait complètement. Elle n'est pas là ni pour s'en réjouir ni pour lui reprocher d'avoir gardé le silence à ce sujet. D'autant plus que l'alliance s'avère être malheureuse. Que de mauvais choix de la part du seigneur de Chtoll, conduisant à la perte de sa seigneurie, sa mort, et une menace constante sur l'héritier qu'il laisse derrière lui, même si Clothaire se croit légèrement à l'abri grâce aux superstitions qui l'entourent. Clothaire qui attend patiemment, étudie, grandit, progresse, tente de reprendre ce qui lui revient de droit... en vain, regagne Diantra et, avec une force de résilience peu commune, trouve son bonheur dans l'art qu'il exerce depuis.
La prêtresse ne bronche pas plus lorsque Clothaire lui parle de ceux qui espèrent son retour à la tête de la seigneurie dont son père a été dépouillé. Revendiquer ce qui lui revient de droit pourrait déclencher, avec le jeux des alliances, une guerre dont les répercussions seraient terribles pour la population. Et pourtant... il est tenté de le faire, parce qu'il est né pour succéder à son défunt père et devenir Seigneur de Chtoll. Et là se trouve son dilemme.
- On espère souvent percevoir les signes des dieux, dans le vol d'un oiseau ou dans le rayon de soleil qui traverse subitement de gros nuages gris. Surtout lorsque nous arrivons à un carrefour de notre vie, et que nous devons choisir quel chemin emprunter. C'est cette peur de se jeter dans l'inconnu qui nous empêche bien souvent d'avancer. Certains d'entre nous, au crépuscule de leur vie, regrettent amèrement des actes manqués, d'autres se félicitent de ne jamais avoir rien changé à leur existence confortable. Mais les dieux nous envoient-ils réellement des signes lorsque nous les attendons, Clothaire? Là est toute la question.
Lucia se tait un instant. Selon elle, les signes que l'on croit percevoir sont la plupart du temps une création de l'imaginaire destinée à nous rassurer sur le fait que notre choix est le bon. Les véritables signes, eux, arrivent souvent bien plus tôt, et d'une certaine façon conduisent les hommes à amorcer une réflexion sur le choix qui se présente à eux.
- Je ne crois pas que tu sois un enfant maudit, Clothaire. Pas plus que ne l'est ton père, qui a lourdement payé le prix des Choix qu'il a faits tout au long de sa vie. Ses Choix lui ont coûté le Souffle, ses Choix t'ont poussé en exil et t'ont dépouillé de qui devait te revenir. Mais ses Choix ont également fait en sorte que tu trouves le terreau fertile dans lequel t'épanouir au lieu de mourir. Tu subis les contre-coups du chemin que ton père a emprunté, parce que chacun des choix que nous faisons a nécessairement des répercussions, qu'elles soient minimes ou non, qu'elles soient positives ou non.
D'où l'importance de bien mesurer la portée des actions posées tout au long de l'existence. Ça, Clothaire l'a bien saisi et c'est exactement ce qui l'empêche d'oser prendre cette décision qu'il porte pourtant déjà dans son coeur. Pour la prêtresse, c'est une évidence.
- Toi-même, tu ne veux pas faire subir les contre-coups de tes Choix à des innocents. C'est une preuve de sagesse. Mais cette sagesse t'empêche aujourd'hui d'avancer, alors que les dieux, eux, attendent que tu prennes ta décision. Ils ne te diront pas quelle voie emprunter, Clothaire. Jamais. Néera nous a offert le Choix, et attend de nous que nous en fassions bon usage.
Il serait bien trop simple qu'une fois exposé à un dilemme, il ne reste qu'à attendre le signe évident des dieux pour leur obéir docilement.
- Toi qui es si bon pour imaginer les possibilités gravitant autour d'une question, permets-moi de faire travailler ton imagination. Le chemin de ta vie t'amène à ce carrefour où deux voies se séparent. L'une d'elle ressemble trait pour trait à ton présent de copiste talentueux et apprécié dans un endroit qui est devenu, avec le temps, ta maison. L'autre voie te ramène à ton passé, à ton sang, à l'héritage que tu portes en toi, et à l'inconnu. Le chemin du copiste semble relativement tranquille, du moins jusqu'au prochain embranchement. Imaginons maintenant que tu empruntes la voie de la reconquête de ton titre. Tu penses qu'elle t'emmènera sur le chemin de la guerre, mais y aurait-il un petit sentier caché qui te permette de retrouver la place que tu penses être tienne sans que le sang ne coule?
Pour la prêtresse, la question que Clothaire devrait se poser n'est pas de savoir s'il doit regagner son titre ou non, mais bien de trouver comment le regagner sans que la région ne sombre dans le chaos.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) Dim 5 Sep 2021 - 18:59 | |
| Les dieux attendent que je prenne une décision. Celle-là, il ne l'a pas vue venir et il encaisse définitivement le coup. Elle prétend qu'il fait preuve de sagesse, lui se sent encore très enfantin par moment, et il ne l'avouera pas, mais il aimerait l'être encore plus, vu qu'il n'a jamais vraiment pu l'être, d'abord physiquement, car quand il était en âge de l'être, le corps ne suivait pas encore. Puis il a mûri trop vite, comme tous les gamins confrontés aux difficultés à un âge où l'insouciance devrait dominer. Et à la réflexion, il aimerait être insouciant mais il ne parvient pas à l'être. Les rares moments où son cerveau se détend et s'amuse, ça ne dure pas.
- Donc, les dieux n'attendent pas de moi que j'essaie de faire ce pour quoi je suis né, puisqu'ils me laissent le choix.
Il n'y a pas d'obligations. Etre seigneur serait plus amusant, il y aurait du défi et il pourrait peut-être changer les choses, en tout cas plus facilement qu'en tant que copiste, mais son rêve n'est pas forcément de changer le monde. Mais entre le fait de rester copiste ou de déclencher une guerre, elle lui fait envisager une troisième voie. Et il ne lui faut pas longtemps pour réfléchir.
- Le petit sentier, je l'ai envisagé aussi. J'attends que le coup d'état se fasse, j'attends de voir qui gagne, et en fonction que le vainqueur soit plutôt un allié ou plutôt un ennemi, je revendique ou non mon trône. Certains diront que c'est la voie de la sagesse, mais j'aurai du mal à légitimer mon trône si on me l'offre sans que j'aie eu à le reconquérir. Mais là, il ne s'agit que d'orgueil, finalement. Légitime ou non, je serais seigneur... ou copiste. Mais ça n'est pas moi qui aurai fait couler le sang... qui coulera si je deviens le Seigneur de Chtoll. Ce serait une erreur de laisser aux vaincus l'opportunité de revendiquer quelque chose ou de s'en prendre à mon futur héritier pour me succéder quand je serais amené à disparaître.
Il se tourne vers Lucia, remarquant seulement la position d'écoute qu'elle a adopté et lui dit simplement :
- A moins d'avoir la conviction que c'est ce qu'attendent les dieux de moi, il n'y a pas de raison que j'aille à l'encontre de mon destin. Mon destin m'a mené ici, à Diantra et m'a rendu mon intelligence pour que je m'en serve ici, dans la bibliothèque. Et je ne serais pas brillant copiste si mon destin était ailleurs. L'ambition de devenir le grand bibliothécaire de Diantra n'est pas inférieure à celle de devenir seigneur d'une terre en Alonna, bien au contraire.
Il lui adresse un sourire, elle l'a bien aidé.
- Le prochain embranchement est la bonne option. Soit un signe m'indique le choix que les Dieux ont fait pour moi, et ce choix peut être de rester ici, soit cet embranchement est le dernier et ça m'ira très bien. Bibliothécaire plutôt qu'ingénieur.
Et, sans doute, une vie paisible mais sans épouse et l'extinction de son nom. Mais cette perspective ne le traumatise pas trop.
- Merci !
Ajoute-t-il simplement, avant d'aller ouvrir la porte de la réserve pour en ressortir. Il ne va pas la retenir plus longtemps. Elle a des choses plus importantes à gérer que lui. Et lui aussi. Son métier est important et il aimerait être bien avancé avant d'aller à la Cathédrale, demain, pour l'élévation.
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| Sujet: Re: Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) | |
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| | | | Le copiste et la prêtresse (PV Clothaire / Lucia) | |
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