Visite non officielle à Hautval (PV Alcyne / Aldir)

Arkuisa, 5e jour de la première ennéade de Karfias,
An 19 du XIe Cycle
Hautval, Péninsule

En ce début d'année 19, dans la seigneurie de Rochefouchart, bien que la paix règne, les événements se bousculent un peu. Ernest, Seigneur de Rochefouchart, accompagne son suzerain, le Duc Renaud d'Erac à Diantra où les fêtes royales sont organisées pour saluer l'élévation de la Haute Prêtresse de Neera suivi du couronnement du Roi Bohemond Ier du nom. Son épouse, Sophie née de Castelbroc a mis au monde moins d'une ennéade avant le second fils du couple et est naturellement restée au château. Le commandant de l'armée seigneuriale est resté aux côtés de sa Seigneure et a constaté avec surprise le retour du cadet de Rochefouchart, Aldir, tout juste 21 ans et qui est retourné au château familial après avoir été adoubé par le Seigneur Robert d'Orfe.

Seulement, le jeune Aldir, que sa belle-soeur adore, possède un chien de guerre femelle, Natik, deux ans à peine, et son instinct de mère supporte mal la présence d'une chienne ourse si proche de ses deux fils. Et comme le maître et sa chienne sont indissociables, il convient de les éloigner tous deux. Le hasard faisant bien les choses, un marché se tient à Hautval et un officier archer souhaite discuter avec son alter ego hautvalien sur certains aspects stratégiques adaptés aux arcs longs. L'escorte accompagnant les artisans rochefouchartois se rendant au marché pourra donc être composée de cet officier archer devant se rendre à Hautval pour les besoins de son métier et du jeune Aldir qui en l'absence de son aîné et de sa belle-soeur représentera dignement les couleurs de la Seigneurie auprès de cet allié puissant et précieux qu'est la Baronnie de Hautval. L'arrivée de la petite délégation est précédée d'un courrier informant Alcyne d'Ancenis, Baronne de Hautval, de l'arrivée d'un officier rochefouchartois souhaitant rencontre son alter ego hautvalois.

Le trajet entre la Seigneurie et la Baronnie se fait sans heurt, la route d'Or étant la mieux entretenue et la mieux gardée de la Péninsule. Et pendant que les artisans installent leurs marchandises sur les étals prévus pour eux, l'officier archer, quelques gardes et Aldir vont présenter leurs hommages à madame la Baronne. Et c'est l'officier qui prend la parole, Aldir ayant fait le choix de rester en retrait, n'ayant pour sa part aucune demande particulière à formuler. Il sera toujours temps, par la suite, de saluer la Baronne au nom de sa famille et lui assurer l'amitié solide qui les lie.

- Madame la Baronne, c'est un grand honneur que vous faites à toute la seigneurie en permettant à l'humble officier archer que je suis de partager les entraînements de votre troupe d'élite d'archers longs et j'espère me montrer digne de l'honneur qui nous est fait.

Il s'interrompt un court instant, surpris par le bruit fait par Natik, d'ordinaire moins nerveuse. Mais la chienne reste jeune et visiblement son maître intervient pour la calmer. L'incident devrait passer inaperçu.

- Nous tâcherons de vous déranger le moins possible dans vos importantes activités et vous remercions encore pour votre... accueil.

La mâchoire de la chienne ourse a claqué dans le vide, ce qui a surpris l'officier archer. Aldir quant à lui n'écoutait plus le discours, occupé qu'il était à changer les idées de sa chienne, mais pas vraiment comme on pourrait s'y attendre. Il a plié les genoux puis a agité les mains autour de la tête de Natik, avant de lui donner des petites gifles sur les joues de l'animal, qui forcément a tenté de capter ces choses enquiquineuses entre ses crocs. Puis il a glissé sa main droite dans la gueule de sa chienne et lui a donné une solide caresse de la gauche. Natik semble avoir apprécié le jeu et l'attention de son maître car elle retrouve son calme après avoir libéré la main qu'elle n'a pas mordu. Et Aldir semble ravi aussi de voir sa chienne heureuse... avant de réaliser qu'on l'observe. Il décoche un sourire ravageur en se redressant, essuie sa main, réajuste ses vêtements puis passe une main négligemment dans ses cheveux, avant de saluer Alcyne d'un mouvement de tête respectueux.

- Madame la Baronne, je vous présente mes excuses pour ce petit divertissement spontané et incongru. Ma fantastique Natik ici présente est dressée mais encore jeune. Parfois, elle ressent le besoin d'être récompensée et cela fait partie de son dressage. Elle m'a déjà rendu de précieux services et est aussi précieuse à mes yeux que mes propres armes. Permettez que je me présente. Aldir de Rochefouchart, frère cadet d'Ernest, Seigneur de Rochefouchart. Ce dernier accompagné son altesse le Duc Renaud d'Erac pour les festivités royales à Diantra et son épouse venant de donner la vie n'a pu venir, c'est à moi qu'échoit l'honneur de me présenter devant vous.

Il dessine une révérence parfaite avant de se redresser et de la fixer dans les yeux, avec un sourire léger et poli.

- Notre famille est honorée de l'intérêt que vous avez porté à notre demande et vous en est grée. Mon frère sera ravi, si un jour vous en ressentez le besoin, de vous rendre service à son tour et sachez que vous et vos hommes serez toujours les bienvenus en notre château, si cette étape devait s'avérer utile lors de l'un de vos déplacements.

Un nouveau salut et il reprend sa place derrière l'officier archer, avec une Natik se tenant parfaitement calme et fière d'être auprès de son maître. Il espère n'avoir commis aucun autre impair. La diplomatie et les courbettes ne sont pas son point fort et s'il a appris à bien se tenir depuis qu'il est né et plus encore lorsqu'il a été formé par Robert d'Orfe, le fait de ne plus avoir aucun chaperon rend la tâche plus compliquée.

Depuis qu'elle a pût revenir à dans sa terre natale, Alcyne eût un peu de mal à retrouver un équilibre dans sa vie. La disparition soudaine de sa mère et ce sentiment de devoir prendre toutes les responsabilités malgré son jeune age la tourmentait un peu. Sans compter également sur la sensation de culpabilité pour toutes ses complications qu'il y a eût à cause de l'entêtement de sa mère... Heureusement pour elle, la demoiselle trouvât un brin de salut quand ont lui a expliqué et montré les différentes charités, dans lesquelles elle se mit cœur et âme pour aider les pauvres gens. Sans même le remarquer, elle commençât à avoir une routine qui rassurait d'ailleurs la jeune enfant. C'était sans doute quelque chose dont elle avait besoin pour se remettre un peu de tous ses chamboulements.
Tout allait bien entre ses cours, les réunions où elle insistait pour en être et ainsi pouvoir comprendre le fonctionnement de sa Baronnie le plus vite possible, ses passions, sa sœur dont elle s'occupait avec amour... Alcyne avait trouvé un équilibre qui la rassurait. Doucement le temps passait et notre jeune enfant grandissait devenant maintenant une très belle jeune fille... Enfin, femme. Bientôt elle commençait à réussir à parler dans les réunions, comprendre, savoir de quoi il en retournait... Et même si on ne la respectait pas encore totalement, au moins on la prenait plus ou moins au sérieux. Il fallait sans doute encore qu'elle fasse ses preuves suite à tous ce qui c'était passé dans son enfance. Sans doute certains avaient peur qu'elle ai les mêmes disposition de charme et de politique que sa mère et elle savait qu'elle aurait du mal à s'en défaire. Mais elle ferrait tout pour que les gens le comprennent : elle était différente. Et Hautval est et restera pour elle la chose la plus importante dans sa vie.
La routine était parfois ennuyeuse, mais ça n'arrêtait pas Alcyne. Elle avait toujours ses plantes, dont elle s'amusait à faire onguents et autres élixirs, ses petits entraînements « secret » pour pouvoir se défendre à la dague et ses Charités, qui étaient d'ailleurs les seuls moments où elle sortait réellement de la forteresse que la demoiselle s'était créer, comme une protection du monde extérieur.

Un jour, elle reçut un courrier qui cassât un peu cette routine. Un officier de Rochefouchart souhaitait venir parler à son alter égo ici pour des stratégies concernant les arcs long. Elle n'y connaissait pour le coup pas grand chose, et à vrai dire dû replonger son nez dans les livres pour resituer Rochefouchart, mais dans son élan de pacifisme et d'échange cordial, acceptat la demande de l'officier. Après tout, rien n'empêchait le partage de savoir, en soit c'est aussi une marchandise. Et ils seront redevable et en échange elle pourra sans doute aussi demander quelque chose. Maintenant, c'était à savoir quoi. Quoi qu'il en soit, un allié est un allié et il ne fallait pas laisser les relations se faner.  
Entourer de quelques gardes, la demoiselle observait ses invités arriver d'un œil un peu distrait. C'était une formalité de politesse après tout. Pas forcément nécessaire mais bon, il fallait que l'un comme l'autre se montre respect. Rendant de façon poli le salut de l'officier, elle observait ce dernier avec un sourire, maintenant va savoir si ce dernier était franc... D'une oreille tout aussi distraite, elle écoutait l'officier parler avant que quelque chose ne la sorte un peu de sa torpeur. Un petit couinement nerveux de chien ? Ses yeux s'y tournèrent par réflexe, repérant l'animal qui semblait jeune et... Un peu nerveux. Ah. C'était normal, quand on est dans un endroit inconnu. Son regard bleu se tourna à nouveau vers l'officier qui tenta de reprendre la parole, mais c'était sans doute trop tard. Un bruit de mâchoire se fermant coupant encore une fois la parole du pauvre officier. Voir sa tête déconfite pourrait porté à rire, mais l'adolescente garda simplement son sérieux, offrant un sourire à l'officier gêné de ce qui vient d'arriver. Quelqu'un d'autres qu'elle aurait sûrement prit ça comme un affront mais ce n'était pas dans sa nature.

- C'est avec plaisir monsieur que nous partageons notre savoir avec vous. Restez le temps qu'il vous sera nécessaire, soyez rassurer car votre présence ne nous dérange pas...

Encore une fois, un autre bruit la coupe dans son élan, faisant tourner tous les regards vers le maître et son chien. Droite au possible, les mains jointes devant elle, Alcyne observait la scène un peu intriguée. Il distrayait l'animal ? Pour calmer ses nerfs ? C'était intéressant à voir, la relation qu'ils avaient. A cet instant ce n'était pas un chien de guerre, mais juste un animal en attente d'attention. Dire que sur un champs de bataille, ce animal était sûrement capable de tuer plusieurs hommes... Brrrr... Un air sérieux et sans doute un peu froid était instinctivement revenue sur le visage de la demoiselle alors qu'elle observait l'homme se redresser, un air de charmeur, ce qui semblait la rendre totalement insensible. Et elle l'était d'ailleurs, ne sachant pas qui était cette personne qui... Se présenta enfin. Comparer un chien à des armes... On voyait les priorités... Ah ses hommes... Le frère cadet. Donc c'est lui qui représente la famille. Et bien, soit ils n'avaient pas le choix, soit ils ont vraiment confiance en lui. Mais au vue de son comportement... Alcyne penchait pour la deuxième solution. Droite et fière, la Baronne ne laissait parler sans l'interrompre et gardant toujours cet air impassible. Comment savoir ce qui pouvait passer dans la tête de cette adolescente avec un air déjà aussi sérieux ?! Elle maintenait son regard dans celui d'Aldir, ceux autour se demandant sans doute si elle allait bien le prendre ou non jusqu'à ce qu'enfin un sourire poli s'affiche sur ses lèvres. La demoiselle saluât poliment la personne qui venait de se présenter.

-Je suis ravis monsieur de pouvoir rencontrer votre famille. Comme je le disais tout à l'heure, c'est avec plaisir que nous partageons tout ceci avec vous et je rassurais votre officier en lui disant que votre présence n'est pas dérangeante, tant que vous ne faite rien de mal bien entendue...

La demoiselle tourna la tête vers le pauvre homme gênée, montrant de la main son officier avec un sourire et un léger signe de tête, se voulant sans doute un peu rassurante.

-Je vous en pris, suivez donc mon officier il vous montrera tout ce qu'il y a à voir et répondra à vos questions. Vous êtes nos invités, soyez les bienvenus. Au retour, vous transmettrez mes sincères salutations et aussi félicitations pour l'heureux événement.

Bruit métallique. Les gardes et officiers commencent alors à sortir après un salut poli, laissant Alcyne avec sa garde personnelle et Aldir et sa chienne Natik. Elle fit signe à quelqu'un, semblant lui murmurer quelque chose, demandant à ce qu'un cadeau de naissance soit donc envoyer à la belle sœur d'Aldir. C'est comme ça qu'on se fait des amis après tout. Cette dernière se tourne à nouveau vers l'homme aux cheveux blanc, semblant sans doute le dévisager. C'est la première fois qu'elle voyait ce type de chevelure. Intriguant. Alcyne se racla un peu la gorge pour reprendre la parole le sourire poli revenant sur ses lèvres.

-Sachez que votre proposition sera précieusement conservée et si un jour nous avons besoin d'un service, nous penserons à vous. C'est très agréable de votre part en tout cas de le souligner.

Enfin. Dans les mesures du raisonnable mais elle se disait qu'il a sûrement dû avoir une éducation un peu noble, comme elle et qu'il savait que les limites ne devaient pas être dépassée. Va savoir ? Il avait l'air un peu loin de tout ceci.

- Je peux vous proposer une collation ou peut-être même une visite ? Ou bien vous êtes fatigué de votre voyage et désirez prendre un peu de repos ? Dîtes moi.

Il fallait avouer qu'elle avait rarement des invités. Ou plutôt que c'était la première fois qu'elle devait réellement les accueillir elle même. C'était un peu stressant, mais autant commencer doucement avec cette petite délégation ? Cela lui permettrait de ce faire la main.

Les choses se sont plus bien passées jusqu'ici. L'officier archer rencontre son alter ego, la Baronne n'a pas pris ombrage du petit incident canin et tout le monde repart à ses occupations. Seuls restent la Baronne et sa célèbre garde obsidienne qu'Aldir observe avec les yeux qui pétillent. Les formalités d'usage se terminent et il s'apprête à quitter le Palais quand la Baronne lui fait une proposition surprenante. Diantre, soit la Baronne s'ennuie, soit elle a envie de le connaître un peu plus...

- Votre Honneur, je vous avoue sans honte que j'ai du mal à refuser une collation, mais puisque vous m'offrez le choix, j'avoue qu'une visite m'intéresserait au plus haut point. L'architecture des lieux est somptueuse et justifie à elle seule qu'Hautval ne soit jamais tombée. Votre garde obsidienne jouit d'une réputation qui dépasse les frontières du Duché et j'aurai probablement énormément à apprendre en marchant un peu à vos côtés et en découvrant les merveilles qui ont échappées à mon regard. Mais, et parce que je présume que cette visite ne se finira pas dans dix minutes, puis-je me permettre une demande ?

Il regarde Natik qui lève un museau curieux. Quand Aldir la regarde comme ça, c'est que quelque chose va se passer.

- Comme je l'ai dit précédemment, elle est fort jeune et a besoin de se dépenser. Le long déplacement a à peine entamé son énergie, mais a aiguisé son appétit. Aussi demanderai-je pour elle qu'elle puisse aller se balader, dans la cour ou du côté que vous préférerez, histoire d'y chasser le rat et de se sustenter ainsi. C'est une chasseresse aussi douée que son maître.

Il lui flatte l'encolure puis revient à la Baronne. Et quand elle souligne que la proposition qu'il a émise est agréable, il ne peut s'empêcher de répondre.

- Vous savez, votre Honneur, cet engagement concerne principalement mon frère et son épouse. Je dors rarement au château, je n'ai pas l'érudition de mon aîné, ni son sens de la diplomatie ou du commerce. A la limite, en tant que combattant un peu atypique, puisque mes armes sont l'arc court et les dagues, je pourrais amuser quelque peu vos gardes lors d'un entraînement. Après tout, le cadet du capitaine de l'Ordre du Merle et l'écuyer de la terrible Brute d'Erac pourrait tenter votre garde d'élite, mais pourquoi se contenter du petit frère ou de l'écuyer quand l'entraînement peut avoir lieu avec le Capitaine ou la Brute en personne ?

il observe chaque garde avec admiration, imaginant les enfants de Hautval rêver de devenir ce garde d'élite tout comme tout enfant eraçon rêve de rejoindre l'Ordre du Merle. Bon sang, comme il aimerait prendre une leçon de l'un d'eux. Mais il n'est pas là pour s'amuser.

- Gérer tout ceci doit être une mission bien difficile. Je ne vous cache pas que j'étais terriblement nerveux quand j'étais le premier héritier de notre petite seigneurie. Et si je pouvais m'imaginer commander notre armée et défendre la veuve et l'orphelin en chassant les brigands, les négociations commerciales, les actes diplomatiques, la politique et les représentations me donnaient des boutons. Et nous sommes une petite seigneurie. Alors je n'ose imaginer pour un lieu comme celui-ci. Je vous admire de gérer tout ceci. Je me contente de mettre mes armes au service de mon frère et je ressens souvent le besoin de fuir en forêt pour m'oxygéner l'esprit. J'imagine qu'on a tous ce petit lieu où on parvient à respirer un peu. Moi, c'est la chasse.

Et les femmes, mais ça ne se dit pas, surtout en présence d'une Baronne.

- Je vous suis pour tout ce que vous jugerez utile de me montrer lors de cette visite. C'est un privilège qui m'honore et j'espère que je serai un convive agréable.

Il sera toujours temps de rejoindre les artisans, de jeter un oeil sur le marché et de trouver une taverne, si entretemps il n'a pas trouvé une maraîchère qui serait ravie qu'un bel homme l'aide à ranger ses affaires.

Il semblait prêt à partir vaquer à ses propres occupations. Peut-être aurait-elle dû se taire, mais Alcyne avait voulût être poli et une bonne hôte... C'était bien comme ça qu'on devait faire non ? Enfin, c'est ce qu'elle pensait. En tout cas, la proposition avait l'air de surprendre l'homme devant elle. La demoiselle écoutait sans broncher l'homme aux cheveux blanc, mains toujours jointes devant elle. Déjà, elle avait des bons points, elle avait proposer les bonnes choses ? On va se dire ça comme ça ! Il semblait surtout très intéressé par sa garde. Il était combattant, ça se sentait et il devait sans doute être intéressé par croiser le fer avec eux... Alcyne s'intéressait parfois aux entraînements militaires, mais... C'était plus par obligation qu'autre chose. Elle espérait réellement ne pas avoir à utiliser un jours cette armée qui a une très bonne réputation, il est vrai. La demoiselle fit un signe de tête pour lui dire de faire sa demande sans honte, regardant la chienne qui semblait presque connectée à son maître. C'était intriguant à voir. Un peu fascinant aussi. Est-ce par ce qu'elle a grandit avec lui ou par ce qu'ils ont le même fond ? Va savoir, les animaux sont si complexe ! Et la demande concernait bien cet animal... Alcyne levait les yeux un instant, l'air de réfléchir. Le rat, c'est qu'ici il n'y en a pas des masses...

- Et bien si elle sait chasser l'oiseau et l'écureuil également, allons dans la partie forêt. Je pense qu'elle aura largement de quoi s'amuser et se sustenter, tant qu'elle ne détruit pas toutes les plantes ! Mais si jamais elle avait encore faim, nous pouvons aussi lui donner quelque chose, ne vous en faite pas.

Nouveau sourire poli. Et en plus, cette année il fallait admettre qu'il y avait beaucoup d'oiseau et autre petit gibier dans cette partie privée. Alcyne n'étant pas franchement très chasse et laissait donc les bêtes en paix alors...  Les bêtes proliféreraient rapidement.. Si ça pouvait défouler la chienne et rendre sa « petite » forêt moins au proies de ses animaux, autant faire d'une pierre deux coups ! Mais ce n'est sans doute pas quelque chose qui se dit, alors elle tait cette pensée et la garde pour elle. Alcyne fit un léger signe de tête pour qu'il la suive, tournant doucement le dos pour commencer à marcher avec sa garde personnelle qu'Aldir admirait presque comme un petit garçon. C'était un peu amusant. Elle était certaine que si elle lui proposait de faire un entraînement avec eux, il dirait oui sans hésiter. Cela se sentait à la façon qu'il avait de les regarder et d'en parler.

- Si le cœur vous en dit, je ne vous empêcherais pas d'aller voir leurs entraînement ou d'y participer. Après tout, ne sommes nous pas ici pour échanger ? Et puis, je suis certaine que vous êtes modeste sur vos capacités aux combats.

Elle ne pût retenir un léger sourire. C'était un peu la diplomatie d'être modeste. S'en rendait-il compte ou sous estimait-il ses capacités ?C'était une bonne question. La marche dura un peu dans les grand couloirs, l'écho des pas et des serviteurs s 'attelant à leurs taches se faisant parfois entendre,  jusqu'à enfin arriver à de grandes portes donnant sur l'extérieur du château, à l'arrière pour être exacte. Une petite partie de la forêt environnante faisait partie intégrante du château, comme un domaine privé. Avant elle c'était sans doute pour l'entraînement, et également un peu le pistage, mais depuis elle n'avait pas vraiment perpétré cette tradition. Parfois, elle laissait faire ceux qui lui demandaient, mais c'est vrai qu'elle même ne s'y était jamais intéressée... Quand elle venait ici, c'était plus pour cueillir ses plantes. Lui pour s’évader il chassait, elle et bien, elle cueillait. Soit ici, soit dans sa serre privée. Elle avait écouté attentivement ce que l'homme lui disait quand à la diplomatie, retenant presque un soupir. C'était vrai que tout ceci n'était pas des plus... Facile. Mais c'était ce qui maintenait la paix. Surtout maintenant qu'elle devait le faire... Elle même en quelque sorte. Heureusement qu'elle avait ses conseillers. Même si la demoiselle n'hésitait pas à leurs tenir tête quand elle jugeait une décision erronée, ça ne l'empêchait pas de se reposer parfois sur eux pour avoir une vue d'ensemble de la Baronnie.

-Plus qu'une mission difficile, ce sont des choses nécessaire pour le maintiens de la paix et des bons échanges. Certes ça ne donne pas autant d’adrénaline et cela semble moins... Glorieux que le combat, mais je suis du genre à préférer éviter d'en arriver à ses extrémités. Et il est vrai que parfois, pouvoir prendre un peu d'oxygène dans ce genre d'endroit... Aide sans doute à garder une certaine distance avec toutes les responsabilités. Votre frère a de la chance d'avoir quelqu'un d'aussi dévoué à ses côtés en tout cas. Je suis certaine qu'il a une grande confiance en vous.

La confiance. Quelque chose de compliqué. Même avec sa propre famille. Mais Aldir n'avait pas l'air du genre manipulateur. Plutôt même très... Naturel ? Et c'est sans doute pour ça que la politique lui donnait des boutons. Ce qu'elle comprenait un peu. Indirectement, elle ne faisait confiance à pratiquement personne. Les gens sont trop intéressés, surtout avec son statut... Elle s'arrêta à l’orée de cette forêt et lui montra d'un signe de main avec un sourire avant de baisser les yeux sur la chienne.

-Si le cœur lui en dit, qu'elle se fasse plaisir ! Natik si j'ai bien retenue ? Le terrain est pour toi !

Enfin, la chienne n'allait sûrement pas écouter Alcyne mais bon. Va savoir pourquoi elle avait dit ça?! Maintenant elle se sentait un peu idiote. Parler à un chien vraiment... Il fallait vraiment qu'elle soit plus sérieuse. Rien qu'à cette pensée, son dos se redressa un peu, la rendant plus droite encore et elle joignit à nouveau ses mains devant elle, lui redonnant son air sérieux.

-Laissons donc le temps à votre compagnon de combat de se défouler avant de commencer à visiter. Je pense qu'elle va adorer se perdre entre ses arbres, d'après ce que vous m'en avez dit. Vous désirez peut-être vous asseoir un peu, en attendant ?

A ses mots, elle fit un petit signe de main à un des serviteurs, qui allât rapidement chercher avec de l'aide deux chaises en chênes pour qu'ils puissent s'installer. En arrangeant sa robe, elle s'assit de façon gracile, arrangeant un peu ses cheveux avant de tourner sa tête vers la forêt.

-Il m'arrive de venir ici pour échapper au tumulte des conseils. J'aime à juste respirer ou parfois chercher les plantes. Ca m'aide à réfléchir et à m'éloigner un peu pour pouvoir mieux prendre mes décisions.

Par ce qu'au final, toutes les décisions qu'elle prenait, elle le faisait seule. Toujours ce soucis de confiance... Et jamais, au grand jamais elle ne rejettera la responsabilités sur les autres... L'ombre de sa mère plane encore sur elle et parfois elle avait l'impression que tous le monde attendaient de pouvoir la jeter dans la fosse. C'était sans doute qu'une impression mais elle n'arrivait pas à s'en défaire. Alcyne levait ses yeux bleu vers lui pour l'observer maintenant.

-Alors vous aimez le combat n'est-ce pas ? C'est une passion que vous avez depuis longtemps ? Rien ne vous oblige à répondre, c'est un peu de curiosité.

Et d'un coup, comme une fulgurance, elle se souvint qu'il avait parlé de la dague. L'arc court et... La dague si elle avait bien retenue.

- Si je me souviens bien vous avez parlez... De l'arc court et la dague... ?

Une petite étincelle c'était rapidement allumée dans son regard quand elle parla de son arme de prédilection.

- Elle sait chasser, Natik n'a pas été privée de son instinct. Et je refuse qu'elle mange de la nourriture destinée aux humains. Elle sait chasser et si elle devait être trop retenue par sa fidélité à mon égard que pour avoir pu se sustenter, c'est ma gamelle qui la nourrirait et elle seule. Je refuse qu'un homme, une femme ou un enfant ait faim parce que j'ai mal géré mes responsabilités envers Natik.

L'attitude peut sembler chevaleresque, mais cette décision, Aldir l'a prise avant d'être fait chevalier. Il voulait être un homme et un homme assume ses responsabilités. Et lorsque la dame de Hautval se déplace accompagnée de sa garde, Aldir les suit, quelques pas derrière, pour montrer aussi qu'il ne représente aucun danger pour la Baronne. S'il ne réagit pas à l'offre d'assister à l'entraînement de la garde obsidienne, il se permet par contre de la reprendre quand elle affirme qu'il doit se montrer modeste.

- Oh, je n'ai pas toujours été modeste. Fut même un temps, pas si lointain, où j'ai imaginé pouvoir donner une leçon au seigneur Robert d'Orfe, connu comme étant la Brute d'Erac. Ah, je vois au sourire de certains qu'ils anticipent déjà la suite. C'est un combattant d'élite, connu pour n'avoir pas connu la défaite. Mais du haut de ma formation et de mon art du combat sortant de l'ordinaire, j'ai cru pouvoir lui fermer le caquet. Rien qu'à me souvenir le coup qu'il m'a porté au foie, j'ai mal. Depuis, j'évite de me montrer arrogant. Je n'égale pas encore le seigneur d'Orfe au combat ni mon frère sur le plan stratégique ou politique. Mais nous parlons ici des meilleurs. Au même titre que votre garde comprend les meilleurs combattants de votre Baronnie. Ils ont fait leurs preuves, ce qui n'est pas encore mon cas. Peut-être un jour serais-je moi aussi considéré comme digne d'eux. Je me le souhaite. Mais je sais que ça prendra du temps.

Elle parle gloire au combat et le compare à la diplomatie et sur ce point, leurs avis convergent.

- Je considère que le combat, hors entrainement, est toujours le résultat d'un échec. Soit le voleur n'a pas su faire suffisamment peur pour obtenir les avoirs de ses victimes, soit la diplomatie a échoué, soit l'armée dont on fait partie n'a pas suffisamment inquiété l'adversaire. Quand le combat va mener à la perte des deux armées, même un maître de guerre belliqueux mais ayant un soupçon de bon sens renoncera au combat. La violence, et l'utilisation d'hommes tels que moi, n'est que l'ultime recours. Je ne doute pas même un court instant que vos gardes sont fiers, eux aussi, de mettre leurs armes à votre service, pour ce que vous représentez, par votre nom, le passé dont vous êtes issue et ce fol espoir qui fait croire que vous pouvez aider à rendre notre monde meilleur ou plus juste, et que vous incarnez à leurs yeux.

L'arrivée dans cette petite forêt privée est un éblouissement pour Aldir, mais pas seulement. Natik semble apprécier aussi. Et elle tourne la tête vers la Baronne quand cette dernière cite son nom, mais sans comprendre ce qu'on attend d'elle. Mais quand elle entend "Manger", elle file dans la forêt sans demander son reste. Cela veut dire que le grand humain n'a pas besoin d'elle et qu'elle peut s'amuser un peu. Et ça, faut pas le lui dire deux fois. Mais lorsque la Baronne invite Aldir à s'asseoir, il marque une courte hésitation. C'est qu'il ne s'assied pas, sauf s'il en reçoit l'ordre. Et il considère rapidement que la demande d'une Baronne est un ordre et s'exécute. Après tout, lui n'a personne à protéger actuellement, sinon lui même. Mais si la Baronnie avait voulu lui faire la peau, la chose serait déjà faite.

- Ainsi donc, la forêt est votre refuge, mais pour sa flore plutôt que pour sa faune... Je vous avoue ne rien y entendre en fleur, plantes et autres végétations. Je dois manquer de curiosité. Et pourtant, des plantes m'ont soigné et d'autres m'ont nourri.

Il ne pourra pas dire grand chose de plus sur le sujet et est ravi qu'elle le lance sur un sujet qu'il maîtrise : sa passion pour le combat.

- Je pense que je suis né avec cette passion pour le combat et les armes. Après tout, mon père était un grand guerrier, issu d'une famille de guerrier et ma mère aussi. Ils ont servi le Duché et j'ai été nourri de récits épiques contant des combats. J'ai souvent eu un tempérament belliqueux, tout petit. Je préférais m'entraîner au combat, à la lutte, apprendre les armes ou même la stratégie militaire que de me nourrir, par exemple. J'ai adoré tous mes entraînements et bien que peu docile dans mon jeune temps, lorsque j'étais en formation martiale, j'étais plus docile qu'un chien parfaitement dressé. Pour moi, c'était un jeu grandeur nature. J'ai quelque peu perdu cette vision naïve et enfantine lorsque j'ai vu mon premier champ de bataille, mais la passion ne s'est pas éteinte. Je savais pourquoi il fallait que je m'entraîne. Je savais qu'il était important d'être doué pour protéger les miens et depuis, je ne cesse de m'entraîner, tout en sachant qu'il existera toujours plus fort que moi, quelque part. Et c'est ce sentiment que jamais la perfection ne sera atteinte mais que c'est le but à poursuivre qui me maintient en éveil. J'imagine qu'il en est de même pour la diplomatie. Il s'agit aussi d'entraînement, de technique, de besoin de comprendre l'autre pour trouver les failles. Cela se place juste sur un autre terrain. A sa manière de se déplacer je peux sentir les aptitudes de quelqu'un au combat. C'est cela qui me passionne. Faire couler le sang, beaucoup moins, bizarrement. Disons que c'est un inconvénient du métier. Tout comme, j'imagine, l'échec d'une mission diplomatique oblige à déclarer une guerre.

Il hausse les épaules, réalisant que c'est compliqué à appréhender. Il sait que d'autres combattants, qui ont certainement des valeurs plus élevées que les siennes, ont un plaisir certain à faire souffrir et faire couler le sang et il ne les juge pas. Son plaisir à lui est différent et ailleurs, et aussi bizarre que cela puisse paraître, il n'est pas encore parvenu à clairement l'identifier. Mais quand elle semble s'éveiller concernant l'arc et les dagues, il se dit qu'ils ont peut-être un intérêt commun. Il se lève et fait quelques pas pour que la garde soit entre lui et la Baronne, puis retire ses dagues.

- Je n'entre pas dans une maison autre que la mienne avec mon arc, parce que je suis garde. Je sais que si quelqu'un veut nuire à la personne que je protège et qu'elle n'a qu'épée ou dague, j'aurai le temps de m'interposer entre l'assassin et sa proie. C'est plus compliqué avec un archer. L'arc supprime les distances et est trop dangereux de ce point de vue. Comme je ne le tolérerai pas chez moi, je ne m'autorise pas à l'imposer chez l'autre. Cela me serait, de toute façon, refusé. Mais j'ai mes dagues.

Il les défait de sa ceinture, les prend par la lame et les tend au premier garde devant lui.

- Si vous vous y connaissez en armes, vous verrez qu'elles sont de bonne facture. Ce ne sont pas des lames naines ou elfiques, mais nous avons de bons forgerons côté humains et mon frère a investi pour que j'aie deux excellentes armes. Il en est de même pour mon arc. Nous avons de bons artisans et je les fais entretenir régulièrement, mais pour ce qui est des fabricants, je crains qu'il ne faille poser la question à mon frère quand vous le rencontrerez.

Autant ajouter un petit commentaire.

- D'ordinaire, le chasseur s'oriente vers les dagues, non pour le combat, mais pour son côté pratique. On peut retirer la peau d'un animal abattu et prélever les parties comestibles avec une bonne dague, mais elles offrent aussi l'avantage d'être légères, discrètes et rapides. On perd en allonge par rapport à deux épées à une main ou une épée à deux mains, mais si on sait compenser par l'esquive ou la vitesse, cela reste intéressant. Ou l'élément de surprise. Une dague, comme arme de jet, peut parfaitement être létale aussi.

Il sourit et attend que la Baronne en finisse l'inspection, si tel était son souhait, avant de les récupérer et de les ranger.

- Après, c'est comme pour tout, c'est une question d'entraînement. Celles-ci sont trop affutées que pour servir d'armes d'entraînement. J'ai appris à m'entraîner avec d'autres armes, amis c'est avec les dagues que je me sens le mieux. Et l'arc. L'arme des lâches pour l'arc, et l'arme du courage pour la dague.

Cette fois, il en rit. Oui, si on y réfléchit, c'est bien compliqué. Mais pour lui, il en a toujours été ainsi. Natik mettra encore un peu de temps à revenir, sauf s'il l'appelle, ce qu'il n'a pas l'intention de faire. Il reprend sa place et observe les lieux. C'est sympathique ici, il pourrait y rester des heures. Enfin, une ou deux.

Les gardes ont écouté l'histoire de sa défaite avec un petit sourire, que l'homme semblait avoir remarqué. Ah. C'était dans la défaite qu'il avait apprit qu'il n'était pas capable de tout. En sois, c'est une bonne chose. C'est avec les échecs que l'ont apprend. Le récit ne choqua pas vraiment Alcyne, mais amusât beaucoup ses gardes. La suite pourtant semblât lui parler un peu plus. Et c'était par ce que ça s'adressait directement à elle sans doute. Ses gardes, fiers de la servir ? Il devait sans doute avoir raison à la vue de certains dont le dos c'était redressé, montrant effectivement cette fierté de pouvoir être auprès de la jeune Baronne qui faisait effectivement tout pour maintenir une ambiance de paix et d'échanges. C'était un peu flatteur et en même temps lui rappelait la pression qu'elle avait sur les épaules de succéder à sa mère. Et de ne pas faire les mêmes erreurs. Pour elle. Pour Hautval et pour tous ses gens. Bien qu'elle n'eût pas de réaction, ce discours la toucha un peu. Mais elle était sans doute trop sentimentale ou trop jeune. En tout cas, c'est ce qu'elle se disait. Alcyne avait observé la chienne partir comme une furie en entendant le mot clé, semblant se jeter à cœur perdue entre les arbres. Ça la fit un peu sourire, mais rien non plus de très évocateur. La demoiselle arrangeait sa robe pendant qu'on lui mettait une petite cape sur les épaules pour ne pas qu'elle ai froid sans doute, relevant son regards vers lui alors qu'il parlait des plantes. Elle ne pût s'empêcher de sourire.

-Les végétaux sont effectivement très intéressants. Comme vous l'avez si bien souligné, certains soigne, certains nourrisse et certains peuvent même nous tuer si nous ne faisons pas attention. Au final, tout est une question de dosage. Et c'est un peu toutes ces particularités qui m'intéresse.

Ah ! Le sujet du combat l'intéressait plus. Il faisait un peu stéréotype d'homme combattant en le regardant, mais son discours n'était pas tout à fait le même que ceux qu'elle avait déjà croisé. Elle avait joint ses mains sur ses genoux, l'écoutant parler avec un peu d'intérêt et de curiosité. Beaucoup d'hommes aiment le combat justement pour la violence. Comme s'ils en avaient besoin pour décharger toutes leurs force et leurs rage. Très peu d'entre eux le voient de façon stratégique et à pouvoir évoluer. Alcyne le regardait avant d'avoir un sourire poli.

- Dans un sens, vous n'avez pas totalement tord. La diplomatie a plus ou moins ce même principe. Pouvoir connaître les personnes en face de soit et savoir comment les faire réagir... Au final, c'est comme une partie d'échec. Comme dans un combat. Mais les enjeux ne sont pas tout à fait les mêmes. Mon rôle est que les personnes comme vous, où comme mes gardes ne risque pas leurs vies pour une de mes erreurs. Et le vôtre est d'aider les personnes comme moi à réparer ses erreurs...

Au final, Aldir semblait plus intéressant qu'il en avait l'air en premier lieu. Sans doute un mélange entre son franc parlé et le fait qu'il n'est pas du tout dans la diplomatie la rendait un peu plus à l'aise qu'avec quelqu'un comme son frère, avec qui elle serait sur le qui-vive et à faire attention à tout constamment. Ce genre de rencontre est vraiment épuisante pour la demoiselle. Avec lui, même si elle devait tout de même faire attention, elle était un peu plus... Détendue ?
La garde restait effectivement entre eux. Le garde prit les dagues avec un petit signe de tête pour ensuite les passer à sa maîtresse qui les prit avec un éclat d'intérêt dans le regard. Seul les plus proches d'elle savait son intérêt pour ces armes et qu'elle même en possédait de très bonne facture. Elle écoutait Aldir, sans doute un peu distraite en observant ses armes qui étaient effectivement belles et de bonnes facture. A ses gestes, il pût voir qu'elle était habituée à les manipuler, observant leurs tranchant, la pointe et la garde.

- Elles sont effectivement très belle et bien entretenue. Ce sont des dagues à double tranchant. Parfait pour le combat au corps à corps... Enfin j'imagine.

Elle s'était un peu empressée d'ajouter la fin de phrase. Qu'une damoiselle de son rang s'intéresse à ce genre de chose n'étaient pas forcément bien vue. Mais Alcyne aimait cette armes de défense. Elle même en portait toujours une, discrètement. Justement par ce qu'elle ne faisait pas forcément confiance aux gens. Et même si ses gardes étaient prêt à sacrifier leurs vie pour elle, il fallait aussi qu'elle puisse, au moins un peu, se défendre seule si jamais il devait arriver quelque chose. Elle finit par les rendre au même garde, qui les rendît à son propriétaire, la jeune Baronne reposant ses mains jointes sur son genoux en observant Aldir.

-Il faut pouvoir trouver avec qui s'entraîner. J'imagine que ce n'est pas toujours facile. Surtout quand on veut pouvoir évoluer...

Elle retenait un soupir. C'est vrai qu'en tant que Baronne, la seule personne qui acceptait de lui donner des cours ne le faisait pas vraiment à cent pourcent... Par peur de la blesser. Et aussi par ce qu'une jeune dame ne devrait pas manipuler ce genre de chose...

- Pourquoi l'arme des lâches pour l'arc ? Par ce que c'est une arme à distance ? En sois, quand on y réfléchis, la combinaisons des deux est plutôt intelligente. Vous pouvez vous défendre à distance et si l'ennemi arrivait au corps à corps, vous le surprendriez avec les dagues. Certes contre une épée ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, mais comme vous l'avez souligné, c'est l'adresse, la rapidité et l'agilité qui compte. Si on combine tout cela plus le savoir faire, le combat est largement équilibré...

N'avait-elle pas dit qu'elle n'aimait pas le combat ? Ce n'était pas pour autant qu'elle ne s'était pas renseignée sur les stratégies... Comme tout bon chef. Elle arrangeait ses cheveux, les mettant derrière son oreille, un peu gênée d'avoir... Déballer sans le vouloir un peu de ce savoir interdit aux dames. Elle tournât son regard vers la forêt, entendant des oiseaux s'envoler sans pouvoir retenir un petit sourire. Elle imaginait la chienne leurs courir après et elle avait sans doute déjà attrapé une ou deux créatures pour pouvoir se nourrir.

-Vous avez Natik depuis longtemps j'imagine ? Est-elle dressée que pour la guerre ? J'ai très peu croisé ce genre de chien... Mais elle n'a pas l'air aussi sauvage que ceux que j'ai déjà vue.

Il écoute les explications d'Alcyne quant aux plantes avec attention et il ne peut s'empêcher de sourire en imaginant une scène.

- Je m'imagine, l'heure venue, me présentant devant le Dieu Othar... *voix grave devant symboliser la voix d'Othar* Tiens, Aldir, tu es là en avance. Raconte. Que s'est-il passé ? Une charge héroïque avec tes compagnons d'aventure ? Tu es tombé en tentant de sauver un orphelin d'une horde de brigands ? Une flèche perdue ? Une mission suicide qui aurait pu éviter une guerre ? *reprenant sa voix normale* Non, votre divinité. J'avais soif, je me suis préparé une décoction aux plantes...

Il essuie une larme au coin de l’œil, une larme de rire. Comme tout combattant, s'il doit tomber, il espère que ça sera dans une action héroïque, mais il s'attend à une mort stupide, histoire que son arrogance soit soignée même dans l'au-delà. Bon, ceci étant, pas sûr que son humour soit celui de la Baronne ou même des gardes du Hautval. Il reste donc plus tranquille et laisse la Baronne s'exprimer sans tenter un trait d'esprit, qui souvent peut être synonyme d'incident diplomatique. Même si la rencontre est plus officieuse qu'officielle, ce n'est pas une raison pour se mettre le Hautval à dos... et surtout sa garde obsidienne. Mais il remarque sans peine que la Baronne connaît mieux les dagues qu'attendu et qu'elle semble regretter de ne pouvoir trouver un mentor pour l'y entraîner. Il aurait des choses à dire sur le sujet, mais cela irait sur un terrain glissant qu'il préfère éviter pour l'heure. Mais quand elle le questionne à nouveau, sur l'arc connu pour être l'arme des lâches, il lui répond simplement.

- Savoir viser avec un arc n'est pas ce qu'il y a de plus compliqué et si notre adversaire ne nous a pas repéré, on peut avoir le temps de préparer son tir. C'est évidemment plus tendu si l'adversaire nous a vu et fonce sur nous. Mais voilà, si je suis bien positionné au départ et que j'ai le temps de viser, je peux abattre votre capitaine sans qu'il ait su qu'il était en danger. Cela malgré son expertise, ses années d'entraînement. Puis les archers ne sont jamais en première ligne et participent rarement aux charges. Et s'il est maladroit, un archer peut tirer dans le dos d'un allié. Ce n'est pas l'arme qui demande le plus de courage. Mais elle est utile. Vos arcs longs, par exemple, dont l'efficacité n'est plus à prouver.

La conversation dévie sur Natik, qui en a encore pour un moment mais qui doit avoir commencé ses repas.

- Les chiens comme Natik sont d'une fidélité absolue et feront tout pour plaire à leurs maîtres. Même si c'est un mauvais maître. Ils ont une puissance incroyable et un effet dévastateur sur les troupes adverses. En terme de dégât, c'est limité, un chien peut combattre un seul humain et n'a pas d'armure, mais il fait très peur. Et il reste une bonne protection. Celui qui voudrait me casser la figure sait qu'il devrait en découdre avec Natik, et cela lui enlève pas mal de velléités. Pour elle, la guerre est un jeu, tout comme tous les autres moments. Même montrer les crocs est un jeu. Protéger son maître aussi. C'est tout cela, le dressage, c'est ainsi qu'on m'a appris à en être le maître. Elle m'aime bien parce qu'avec moi elle s'amuse bien. Nous bougeons beaucoup, parfois on reste dans une maison, parfois on se balade en forêt. Parfois, son maître fait des combats où elle peut pas intervenir. A d'autres moments, elle peut faire peur ou croquer un bras ou une jambe. Parfois on chasse ensemble, parfois elle le fait seule. Pour elle, c'est très amusant. Je l'ai eue dès qu'elle n'a plus eu besoin de sa mère. C'est mon frère qui me l'a offerte, pour me récompenser de mes progrès. J'étais un adolescent on va dire difficile, je m'étais solidement assagi. Il l'a choisie, elle, pour sa couleur et je nous trouve particulièrement bien assortis, en effet. Puis ça me fait une amie.

Il marque un temps d'hésitation puis revient sur un sujet antérieur.

- Je n'ai pas eu de maître d'arme femme et j'ignore s'il en existe pour les dagues, mais cela pourrait être une solution. Si vous aviez été homme, en remerciement pour le service que vous rendez à notre officier archer j'aurais eu plaisir à partager un entraînement voire une leçon avec vous. Mais vous êtes femme et le combat à la dague implique des contacts, d'autant qu'on peut avoir de "mauvais réflexes". Imaginons que je vous fasse un œil au beurre noir, je pourrai me montrer satisfait si je ressors de Hautval avec seulement les doigts brisés. Même en recevant l'ordre de m'entraîner avec vous comme avec un homme, je retiendrais mes mouvements et mes potentiels coups, lors d'un entraînement, parce que vous êtes Baronne et que je ne le suis pas.

Sur ce point, il est convaincu que tous les soldats seront d'accord avec lui. Il ne pourrait entraîner que sa compagne, voire sa sœur ou sa fille, mais il n'a ni l'une ni l'autre. Même une nièce, si sa belle-soeur devait continuer de pondre, maintenant que la machine est lancée, il ne pourrait pas. Leur apprendre l'arc ne lui poserait aucun problème, car il n'y a pas de risque de contact physique, inconvenant ou pas.

- L'arc court, par contre, je pourrais vous offrir quelques conseils. Mais il me semble que la dague vous conviendrait mieux.

Comme il s'y attendait, son humour ne touchât pas vraiment les gardes de la damoiselle, celui qui avait passé les dagues se permettant même de légèrement lever les yeux au ciel. Alcyne elle, trouvât l’anecdote un peu amusante. Pour un guerrier, ça doit être une honte de mourir ainsi. Elle murmura pour elle-même plus qu'autre chose, sans doute en rebond de sa blague.

-Et encore, qu'est-ce que ça serait si c'était à cause d'une fricassé de champignon sauvage...

En disant ça, elle cachait sa bouche de sa main pour cacher son amusement avant de reprendre son sérieux sous le regard un peu réprobateur de son garde le plus proche, toussotant un peu pour ne pas montrer sa gêne. Oui, elle devait bien se tenir... C'était d'un épuisant. Elle se redressait par réflexe, voyant son garde approuver d'un petit geste de la tête alors qu'elle reprenait son « rôle » de Baronne. Il ne fallait pas créer un incident diplomatique, n'est-ce pas ? Même si ce n'était pas une visite officielle, rien ne dit que le petit frère pouvait pas mal prendre quelque chose et en faire part ensuite à son aîné... Non, non, non, il fallait qu'elle se reprenne. Alcyne prit une inspiration discrète pour tenter de simplement se recentrer avant de porter à nouveau son attention sur Aldir qui expliquait le fonctionnement de l'arc. Petit signe de tête de sa part, montrant qu'elle a bien comprit l'explication. C'était donc ça. Par ce que l'arc permettait de tuer sans combattre et c'est ce qui était considéré comme lâche. D'un côté, c'était vrai, mais comme dans toute choses, il y a plusieurs prismes. C'est une armes qui permets de pas trop prendre de risque. D'assurer sa sécurité. Alors qu'est-ce qui était le mieux ? Se battre sans réfléchir et risquer sa peau, ou pouvoir se défendre en se maintenant en sécurité ? Enfin, là n'était pas vraiment la question. Elle n'était pas combattante, juste... Baronne ? Enfin, c'était déjà beaucoup en sois.

-Je vois... Au final, tout est une question de circonstance, de besoin et de stratégie, j'imagine... C'est sûrement sur le terrain qu'on décide ce qui est nécessaire ou non...

La jeune fille écoutât son explication maintenant sur sa chienne, avec un petit « Oooh... ». C'est vrai qu'elle n'avait jamais assisté à ce genre de choses. Donc pour les chiens, c'était du jeu ? Ils ne se rendaient pas compte qu'ils risquaient leurs vies parfois ? Alcyne était persuadée que si. Que ses créatures savaient, en tout cas parfois, qu'elles mettaient leurs vies en danger pour leurs maîtres. Et certains mériteraient sans doute d'être abandonnés par leurs chiens... Mais ça c'est un autre débat. En tout cas, comme elle avait vue Natik, elle avait plutôt l'air d'une chienne mignonne. Qui donnait envie de la chouchouter. Son pelage avait l'air doux.

-C'est vrai que vous êtes bien assortis. Enfin je veux dire... Elle et vous semblez... Marcher sur le même chemin ? Est-ce qu'on peut dire cela ainsi ? Je suis certaine qu'elle sait très bien quand elle risque sa vie pour vous et qu'elle le fait même avec plaisir par ce qu'elle tient à vous du plus profond de son être.

Les animaux étaient plus fiable que les humains de ce côtés là pour notre jeune fille... Il n'y avait pas de question de pouvoir, de force ou d 'autre chose. Juste d'un... Amour si on peut dire, d'une confiance aveugle qui liaient le maître et l'animal. Ca donnait presque envie... Mais ce genre de relation humaine était impossible dans un monde aussi politique que celui dans lequel elle était.
Son intérêt s'éveillait quand il se mit à parler à nouveau de la dague, laissant ce petit éclat à nouveau briller dans son regard. Mais il fût bientôt chasser par les propos d'Aldir, ne pouvant retenir cette petite moue, sans doute exaspérée. Voilà. Encore. Elle était une femme, il ne fallait pas, on ne devait pas la blesser et bla, bla, bla... Parfois, elle maudissait le destin d'être née femme... ! Même dans la haute société, elles n'avaient pratiquement pas de droit par rapport aux hommes... A part d'être belle et de se taire. Même le mariage on leur impose ! Et attention, autant les hommes ont le droit d'avoir toutes les amantes possible et imaginable, mais une femme qui ne reste pas fidèle à son mari imposée... Sera traitée comme la pire des pêcheuses... !
Son garde semblât avoir remarqué ce petit agacement et lui fit un peu les gros yeux. Alcyne se redressa aussitôt pour reprendre son air sérieux, bien qu'un peu blasé. Parfois, son rôle lui pesait un peu sur les épaules. Trop même... Parfois elle aimerait pouvoir s'en détacher rien qu'un peu... Et c'était sans doute pour ça que parfois elle s'évadait dans sa serre ou dans la forêt. Par ce que dans ses endroits, elle était juste quelqu'un.

-Il y a très peu de maître d'armes femme... Et les femmes qui pratiquent ce genre d'entraînements ne sont pas forcément vue d'un bon œil... Une femme n'a pas à s'intéresser à ce genre de choses. La diplomatie et la politique oui, mais le combat...

Elle regardait la forêt en arrangeant encore ses boucles qui lui tombaient un peu devant le visage, sous l'oeil de son garde le plus proche. Il était au courant de ses petits entraînements et n'était d'ailleurs pas vraiment d'accord. Mais Alcyne en tant que bonne tête de mule n'avait pas lâché l'affaire jusqu'à ce qu'il lui trouve une femme pour l'entraînement. A qui il avait bien entendue donné ordre de ne pas la blesser... Ce qui fait qu'au final, elle n'évoluait jamais. Et s'il y a bien une chose qu'elle déteste, c'est ne pas pouvoir avancer. Peut-être que... ? Un petit éclat de malice éclaira ses yeux, mais elle le cacha bien vite. Si elle arrivait à lui parler sans son chaperon, peut être qu'elle pourrait lui demander... Comme un service ? A voir...

- Effectivement, l'arc n'est pas vraiment... Ce qui a l'air le plus intéressant. Même si je ne nie pas qu'il faut de l'entraînement pour pouvoir en faire ! Mais dîtes moi, que pensez-vous des femmes qui se battent... En avez vous déjà vue beaucoup ? J'admets qu'ici je n'en ai pas croisé... Énormément. Et comme vous l'avez si bien souligné, mon statut fait qu'on... A trop peur de me blesser... A raison bien sûr !Il serait inconvenant que je le sois...

Elle avait rapidement ajouté la fin de phrase e, voyant le regard de ce garde chaperon, presque pleins de reproche. C'est pas croyable, avec lui elle avait l'impression d'être encore une enfant de 13 ans à se prendre des remontrances... Même si à partir du moment où sa mère était partit, elle a arrêté de faire ses bêtises d'enfants... Elle était loin, l'enfant casse-cou...

Aldir est assez surpris que la Baronne soit si peu au fait des stratégies militaires, alors qu'elle semble intéressée. Après tout, n'est-elle pas celle qui commande son armée, la paie et celle qui fournit le matériel à sa garde et ses chevaliers ?

- Votre Honneur, j'espère que vous n'interpréterez pas mal mes propos. Ce n'est pas le frais chevalier qui s'adresse à vous ni le représentant de Rochefouchart, mais l'ancien héritier de la Seigneurie. Car avant que mon frère et son épouse ne voient leur union bénie par les Cinq, j'étais celui qui devait succéder à mon frère. A ce titre, j'ai pu assister à quelques réunions du conseil seigneurial. Les stratégies militaires y sont discutées et personnellement j'ai trouvé cela passionnant. Et bizarrement, pas pour les discussions sur le choix de la meilleure arme, la topographie des lieux où nous allions débusquer du brigand ou le choix des meilleurs combattants. Et pourtant, je suis combattant, c'est dire combien ces points m'intéressaient. Mais il y a d'autres aspects. Par exemple, vous pouvez avoir la meilleure armée composée des meilleurs soldats, vous perdrez si l'intendance ne suit pas. Une arme mal nourrie ou privée de ses flèches perd en efficacité. Vous pouvez avoir une petite armée mais mettre en déroute une armée puissante si vous parvenez à faire fuir leurs chevaux ou à incendier leurs réserves. Et forcément, défendre et sécuriser les réserves devient un enjeu important. J'en avais pas pris conscience avec ces Conseils. Et le regard d'un non combattant peut être intéressant. Varier les repas pour les soldats casernés, penser à relever régulièrement ceux qui sont de garde sur les routes ou dans les places fortes, afin que leur moral reste bon car ils pourront revoir, qui un parent, qui une épouse, qui ses amis, cela évite les grognes. C'est important de déléguer, vous ne serez probablement pas un grand général d'armée, et je ne serai jamais un politicien de génie. Mais je crois qu'il est important d'y porter un intérêt, quand on est dans votre position. Évidemment, cela va charger encore plus vos journées et elles ne sont pas extensibles. Ma vision ne concerne qu'un petit ex héritier d'une petite seigneurie.

Il a fini, sourit puis réalise qu'il a commis un impair. Il n'est pas conseiller de la Baronne, il n'a pas à émettre un avis sur comment une Baronnie fonctionne et il baisse un peu le regard.

- On m'avait prévenu pourtant. Aldir, réfléchis avant de parler. La jeunesse fougueuse, c'est sympathique quand il s'agit de nettoyer une armure ou courir donner une information, mais pas quand il s'agit de converser. Votre Honneur, j'ose espérer que vous me pardonnerez cet impair. Je me revois un peu en vous et un peu tel que je m'imaginais si j'avais eu à occuper la place de mon frère, ce qui, je ne vous le cache pas, me terrifiait car je n'aurais pas été à la hauteur. Ce que je viens encore de démontrer ici. Votre Baronnie a une grande histoire et est un modèle pour l'ensemble du Médian et sans doute même au-delà. Je n'ai pas à juger ou à jauger ce qu'il conviendrait de faire, alors que depuis des décennies vous avez fait la preuve que vous saviez le faire. J'essaie, j'apprends de mes erreurs, j'espère que celle-ci ne brisera pas l'entente qui semblait s'instiller entre nous. Ou que vous n'en voudrez qu'à ce chevalier novice et pas à l'ensemble de la Seigneurie, et que vous ne jugerez pas Ernest de Rochefouchart à l'aune des bêtises de son frère.

Fuir n'est pas une option, faut mordre sur sa chique et accepter les remontrances. Le courage, c'est aussi ça... Mais apparemment, elle semble plutôt lui en vouloir pour ne pas accepter de lui apprendre le combat aux dagues. Comme quoi... Alors que là, il en est convaincu, il n'a commis aucun impair. Enfin, désormais, autant se contenter de répondre le plus simplement possible aux questions et ne pas s'aventurer au-delà. Et la question tombe : Que pense-t-il des femmes qui se battent ? Cela sent la question piège. Soit sa réponse va plaire à la Baronne, soit à sa garde, mais certainement pas aux deux. Il est convaincu qu'Ernest aurait la réponse adéquate. Mais Aldir n'est pas Ernest.

- Je n'ai pas encore vu de combattantes, mais des femmes qui savent se battre, oui. J'ignore si c'est pareil par ici, mais il y a quelques tavernes en Erac où il vaut mieux se tenir coi en présence de la tavernière. Je me souviens d'une qui armée de sa poële a fait fuir un solide gaillard un peu trop imbibé. Je ne suis pas couard mais je n'aurais pas pris le risque de le chercher et elle, elle l'a sorti à coup de poële, c'était épique !

La réponse a pour but d'esquiver et de faire sourire, mais elle a demandé ce qu'il en pensait, plus moyen d'esquiver.

- Si je devais me marier, que les Cinq l'en préservent, j'apprécierai que mon épouse sache se défendre et je pense que je lui apprendrai quelques bottes. Mais je ne voudrais pas qu'elle soit une combattante et qu'on partage le même métier. Parce que, si je sais qu'elle pourra comprendre les sentiments qui me traversent, j'aime l'idée de partir en mission en sachant que si je ne reviens pas, elle sera là. Si elle combat, il restera ce doute qui m'empêchera de combattre l'esprit libre.

Voilà, il ignore ce qu'il pourrait ajouter. Être assis commence à lui peser, il se lève et observe la forêt.

- Natik semble heureuse dans cette forêt et pourrait y rester des heures. Je n'ai pas envie de l'en priver. Alors, s'il y a d'autres endroits que vous voulez me montrer, autant en profiter. C'est qu'elle pourrait renverser des choses par accident. Je l'appellerai quand il sera l'heure de quitter votre agréable compagnie. Ou elle me rejoindra si elle s'ennuie. Elle a toujours su me retrouver.

Aldir semblait surprit du discours que lui tenait la damoiselle. C'était ce qu'on lui avait toujours apprit. Qu'en tant que femme, elle devait délégué le militaire à un homme. Son garde commençait même déjà à lui dire qu'elle devait penser au mariage, pour avoir un homme pour la protéger... C'était d'un énervant ! Cette fois, ce ne fût pas le garde qui regardait Alcyne, mais bien elle qui le regardait du coin des yeux avec cette moue caractéristique agacé, faisant remonté la petite fossette de sa joue. Le garde semblait n'en mener pas large. C'était des discussions qu'ils avaient déjà eût. La jeune femme lui avait déjà dit, répété, reproché qu'il la couvait un peu trop alors qu'elle avait beaucoup de responsabilités. Mais il semblait que ce dernier ne pouvait pas s'en empêcher. Elle s'était un peu penché vers Aldir à son discours, qui malgré son masque de sérieux semblât intéressée voir même touchée. C'était sans doute, quelque chose qu'elle avait besoin d'entendre. Qu'elle était légitime dans son besoin d'en savoir plus, d'évoluer. Pour une fois. Une fois. Elle avait en face d'elle quelqu'un qui semblait un peu comprendre plus ou moins ce par quoi elle passait.
C'est les excuses du combattant qui sortir la Baronne de sa réflexion, lui faisant tourner son regard bleu et brillant vers lui. D'un coup elle semblait un peu gênée. Gênée qu'il se sente l'obligation de s'excuser. Après tout, même en tant que Baronne elle était aussi humaine, certes ils n'étaient pas proches mais les gens qui était souvent à son contact savaient qu'elle n'était pas du genre à prendre ombrage pour des broutilles. Même si pour quelqu'un d'autres sans doute, ce discours aurait sûrement était très mal prit, comme son garde par exemple, mais pas elle. Tous les conseils sont bons à prendre, personne n'a tous le savoir. Et il serait présomptueux d'affirmer le contraire.

-Ne... Non ne... Vous excusez pas...

Elle avait un peu bredouillé, gênée et se reprit en redressant son dos, rajustant un peu sa petite cape sur ses épaules et reprenant une petite inspiration. Elle serrait discrètement ses doigts sur sa cape et souffla un peu pour se reprendre avant de sourire poliment. Elle n'allait pas refuser ses excuses, ça serait inconvenant, même si pour elle, ce n'était pas vraiment nécessaire...

- Vos excuses sont acceptées et je vous remercie de les avoir formulée. Je sais que d'autres que moi auraient sans doute... Mal prit tout cela, mais sachez que ce n'était pas mon cas. J'estime qu'en tant qu'humain personne n'a toute la connaissance et même si les avis diverges, il est toujours bon d'entendre quelqu'un d'extérieur, comme vous l'avez si bien souligné. Certes la Baronnie d'Hautval a déjà fait ses preuves, mais  même si je la représente, je ne suis pas mes ancêtres. Je dois m'améliorer pour être à leurs niveaux et ne pas faire les erreurs qui ont déjà été commise, pour la rendre encore meilleur. Je sais reconnaître des mots qui blessent et des critiques constructive. Et la vôtre était des plus constructives. Sachez en tout cas que je vous remercie pour votre franchise. Elle est rafraîchissante dans ce monde ou... Il faut le dire, elle n'existe qu'à moitié.

Normalement, elle avait bien parlé ? Enfin, elle en avait l'impression. Son garde n'osait plus vraiment la regarder, sans doute par gêne qu'indirectement, on vient de lui reprocher cette surprotection constante qu'il avait envers la jeune Baronne. Le reste de la garde étaient soit un peu amusé pour certains, et pour d'autres aussi gêné que le garde en chef.
Alcyne semblait maintenant s'être un peu adoucit. C'était tellement rare les gens qui parlaient franchement ! Et encore plus ceux qui lui parlait avec bienveillance et non pas juste pour la déstabiliser... Tenter des pirouettes pour justifier... N'importe quoi à lui reprocher. Définitivement, il n'était vraiment pas comme les nobles qu'elle avait déjà vue et croisé. Sa petite anecdote sur la tavernière la fît effectivement sourire. C'est sûr que tenir ce genre d'établissement, il fallait avoir du courage et de la force ! Et que ça soit hommes ou femmes. Mais elle même, disons le franchement, n'y avait jamais mit les pieds. Sa mère l'avait enfermé dans un cocon dans sa jeunesse et derrière, les responsabilités et le sentiment de culpabilités avait fait la même chose. Assez pour qu'elle s'enferme entre ses murs et qu'elle ai peur d'en sortir... Elle avait caché ses lèvres de sa mains pour cacher son sourire amusé avant d'écouter le reste du discours qui devenait plus sérieux. Son regard s'agrandit un peu, un fin sourire étirant ses lèvres. Donc il était aussi pour que les femmes sachent se défendre alors ?
Oui, il était vraiment, vraiment différent. Il ne devait pas souvent être dans les hautes sphères. Et... C'était agréable en fait. Même si Aldir n'oubliait pas à qui il s'adressait, ça ne l'empêchait pas d'être franc et ne pas toujours faire attention. Il se rattrapait derrière en excuse et c'était très bien, c'était ce que voulait l'étiquette, mais la jeune adolescente appréciait cet aspect de l'individu. Elle l'observât se lever et fît un petit signe pour que des serviteurs viennent prendre les fauteuils , enlevant la cape de ses épaules pour la confier à l'un d'eux avec un sourire en remerciement.

-Elle sera la bienvenue ici tant qu'elle le souhaite. Et si elle vient me voir, je ne lui refuserais jamais une caresse. *Disait notre jeune Baronne avec un petit rire.* Si elle a besoin de ce dégourdir les pattes, l'accès vous y est autorisé tant que vous en sentirez le besoin, ne vous en inquiétez pas. Marchons un peu, cela nous fera du bien.

Encore un sourire. Entre poli et plus à l'aise. La damoiselle fît signe à Aldir de la main et attendît qu'il vienne près d'elle pour pouvoir commencer sa marche, regardant ses gardes pour qu'ils restent proche. Une partie devant eux et une autre derrière.

-Ça sera plus agréable de parler en marchant et sans se crier dessus, ne pensez vous pas ?

Oui, elle était définitivement un peu plus à l'aise. Elle avait commencé à avancé dans les couloirs, les mains jointes devant elle comme une enfant sage. Il remarquait maintenant au niveau de sa taille une petite ceinture en cuir. Il ne pouvait pas le voir car c'était caché par sa manche, mais elle avait une dague sur elle, de bonne facture. Elle réfléchissait un peu à ce qu'il venait de dire. Déjà, il ne semble pas très enclin au mariage. Et qu'est-ce qu'elle le comprenait ! Si elle pouvait, elle ne le ferrait jamais. Mais elle savait malheureusement qu'un jour ou l'autre, on l'y forcera. Pour évité un conflit. Elle imaginait très bien quelqu'un qui voudrait s'approprier sa Baronnie qui la menacerait de guerre si jamais elle refusait une proposition de mariage... Surtout maintenant... Rien que d'y penser, ça la déprimait un peu. Elle serrait ses mains entre elles. Encore une inspiration, une expiration avant de tourner le regard vers lui et sourire.

- Je me disait que le salon avec les armures et les armes de mes ancêtres pourraient vous intéresser ? Il y a de magnifique tapisseries qui raconte leurs histoires et je sais qu'enfant j'aimais beaucoup les regarder et y observer ses reliques d'armes et d'armures ayant servit au combat.

Et elle avait souvent grimpé sur les armures pour tenter d'attraper les armes ou tenter de grimper sur les tapisseries comme si elle pouvait entrer dedans pour y vivre l'aventure, tombant et se faisant souvent mal... Mais elle ne regrettait pas ! Après tout, c'est des choses comme ça qui font de l'enfance des bons souvenirs ? Entre tous le reste... Enfin... Elle observait l'homme au cheveux blanc. Entre intérêt et curiosité. Si elle se souvenait bien, il avait... Mince quel age déjà... 21 ans ? Elle n'en était pas sûr. Et lui demander serait malvenue... Mince... Elle se devait de retenir ce genre de chose.

-Je ne vous l'ai pas dit, mais vous l'aviez bien deviné, j'ai effectivement quelques affinités avec la dague. Cela se voit donc tant que ça ?

Les excuses sont acceptées, c'est un bon point, qui rassure Aldir. La Baronne semble avoir accepté ses mots pour ce qu'ils sont : sincères. Est-ce parce qu'elle est immature qu'elle le prend bien ou parce qu'elle a une maturité étrange ? Après tout, peut-être est-elle dotée d'un don qu'elle travaille. Elle aurait l'instinct politique et lui l'instinct du combat ? Ou alors il la dote de talents qu'elle n'a pas, juste parce qu'elle le trouve... sympathique ? Lui s'était attendu à plus de difficultés, à partir du moment où la Baronne l'avait retenu. Dès que ça sortait du cadre du simple acte de présence, cela devenait problématique pour Aldir qui sait faire illusion, sans plus, et laisse généralement les autres gérer le côté protocolaire. Mais au final, cela fait une sortie agréable. Comme quoi on peut toujours être surpris. Mais il ouvre de grands yeux quand la Baronne indique que Natik pourra avoir sa dose de caresses.

- Dame... Je veux dire votre Honneur... Jamais en mon absence. Jamais ! C'est un chien de guerre, dressée pour le combat. Elle n'est pas là pour fraterniser. Oh, n'en doutez pas, elle aime les récompenses, car c'est l'aboutissement du jeu et c'est ce qui la motive. Mais si une main inconnue s'approche d'elle, c'est une main ennemie et elle la bouffe. Elle peut briser les os d'un solide soldat avec sa mâchoire. Si vous ressentez l'envie de lui faire une papouille, ça sera uniquement en ma présence et sous ma supervision.

Dans la catégorie "incident diplomatique", un chien de guerre qui bouffe la main d'une Baronne, ça fait partie des drames. Son frère, qui adore les chiens, ne s'est jamais risqué à lui faire une caresse. Sa belle-sœur craint la chienne à juste titre. Il ne faut pas oublier que ça reste un animal, avec son instinct et ses réflexes et il ne reprochera jamais à une mère son trop plein de prudence. Podrick, l'héritier, est en âge de comprendre, et Natik sait d'instinct qu'on ne touche pas aux enfants, mais il n'empêche. Le fait qu'Aldir s'est levé a poussé la Baronne à faire de même et à proposer une marche. Il apprécie l'attention mais est un peu plus mal à l'aise quand elle l'invite à marcher à ses côtés. Lui a l'habitude d'être en retrait. Mais depuis qu'il considère que la demande de la Baronne est un ordre et ce pour éviter tout impair, il agit comme elle l'entend.

- Votre salle d'armes et l'histoire de Hautval ? Évidemment que cela m'intéresse. Si en prime vous me contez l'histoire qui vous a le plus inspirée parmi les tapisseries, je serai ravi. Vraiment. J'adore tout ça depuis tout petit.

La visite tient un peu du rêve et Aldir en oublie et sa chienne et les artisans, même si ces derniers n'ont certainement pas besoin de lui. Cela devient un moment de liberté pour lui alors qu'il y a peu encore il se sentait en représentation. Et c'est détendu qu'il lui répond concernant les dagues.

- Comme je vous l'ai dit, je m'entraîne dur et cela m'aide à percevoir les qualités et défauts de mes opposants, et parfois même les talents qu'ils cachent. Ces derniers sont souvent ce qui sépare une victoire d'une défaite. Ben, quand vous avez tenu mes dagues, vos yeux brillaient. Vous les observiez avec une certaine expertise. Je présume qu'on vous a appris cette arme pour vous défendre et je salue cette initiative. Mais oui, ça se voyait. Du moins moi je peux le voir. Et si ce fait vous inquiète, je n'en parlerai pas. Je garde secrète votre passion pour les dagues et vous ne dites pas à mon frère que j'ai commis un impair ?

Une proposition absolument pas malhonnête et qui l'arrange plutôt. Que son frère ignore que la Baronne sait se servir d'une dague ne changera pas la face du monde. Que son frère n'apprenne pas que le cadet a commis son impair habituel lui évitera quelques remontrances. Mais comme visiblement la garde plus encore que la Baronne tient à ce que ça reste caché, au vu des réactions du chef de la garde obsidienne, tout le monde sera content.

- Oh je me doute bien que sans vous à mes côtés, ma main tendue ne serait pas bien considérée, je n'aurais pas eu cette imprudence je vous rassure ! Je pense qu'elle m'avais l'air sociable juste par ce que vous étiez à son côté. Je n'aimerais pas perdre mes doigts.

Encore une fois, elle ne semblait pas avoir mal prit ses propos, parlant avec un sourire compréhensif. Sans doute se prenait-elle un peu moins la tête que d'autres diplomates qui parfois cherchaient n'importe quel prétexte pour s'offusquer. Elle avait apprit à relativiser et que même si certains voulaient lui manquer de respect, il ne fallait pas qu'elle soit aussi bas qu'eux. Indirectement, c'était quelqu'un qui avait la tête haute et ne se laissait simplement pas déstabiliser par des broutilles. On avait déjà trop souvent essayé.
Quand il lui dit qu'il adorait ce genre d'histoires depuis tout petit, cela la fît sourire. Elle aussi, enfant, elle aimait les récits héroïques. Mais avec tout ce qui s'est passé autour d'elle depuis, disons qu'elle voyait tout ça d'un autre œil maintenant. L'histoire était toujours écrite par les gagnants et de l'autre côté, la version des perdants étaient forcément... Différente. Elle l'avait apprit à ses dépend... Enfin, au dépend de sa famille plutôt.

-J'admets qu'il sera difficile pour moi de n'en trouver qu'une à raconter ! L'histoire est vraiment intéressante et je trouve qu'il n'y a pas meilleur professeur pour nous apprendre des choses. Et c'est ce que j'ai toujours aimé dans ses histoires. Comment un simple détails peu différencier de la victoire à la défaite.

Encore une fois, c'était sans doute pas le même discours que ce qu'il avait déjà entendu chez d'autres nobles. Elle était vraiment différente n'est-ce pas ? La damoiselle arrangeait les boucles de ses cheveux qui tombait sur sa poitrine, les remettant en place dans son dos alors que les gardes ouvrait la porte sur une grande salle. Tout autour elle était effectivement ornée de tapisseries qui semblaient retracer plusieurs combat épique. Sous chacune d'elle, armures, armes et bouclier, sans doute de la personne qui avait mené la bataille. Au centre, une grande table en chêne massif avec des fauteuils du même bois. Ca devait sans doute être la salle des repas plus ou moins diplomatiques. Alcyne aurait bien voulût rire quand il lui proposât de ne pas parler de l'incident de toute à l'heure. De toute façon, elle n'en aurait pas parlé, mais il ne pouvait pas le savoir. Indirectement, ça ne l'engageait à rien au final.

-Le marché me conviens alors ! Je garderais ce petit incident entre nous. Ca sera notre petit secret.

Elle l'avait dit sans aucune arrière pensée, mais ça pouvait être prit... D'une autre façon. Même si la damoiselle ne s'en rendait pas compte. Par ce qu'elle n'y pensait pas, tout simplement. C'est avec un sourire plus détendue qu'elle le regardait avant de se tourner vers les tapisseries avec un air pensif.

-Voyons voir alors... Oh, regardez celle ci ! J'aime beaucoup l'histoire de cette bataille, car elle ne tient vraiment qu'à un fil !Comme ses tapisseries, non ?

En parlant elle s'était dirigée vers la gauche, commençant à raconter non pas un combat épique, mais réellement stratégique. Son ancêtre s'était fié justement au temps pour savoir où et quand lancer les flèches enflammer et brûler le campement ennemie. Et sans se rendre compte, elle passait à la deuxième. La troisième. Racontant sans doute avec un peu de passion ses histoires. Montrant les armes, les armures, voir même pour certaines les endroits où ses ancêtres ont été blessé, ou il y avait même encore des troues de certaines attaques. Elles étaient conservé ici comme des reliques. Et c'était normal, c'était l'histoire de la Baronnie. Entre charge héroïques, stratégies, et parfois énorme coup de chances, l'histoire était complète.

-Excusez moi, je ne me suis même pas rendue compte que je m'étais emportée haha... C'est qu'il y a tellement de chose à dire. Nous avons tous une histoire n'est-ce pas, je pense qu'elles sont toutes intéressantes. J'imagine qu'il y en a aussi beaucoup de votre côté et que même vous, vous avez vécue énormément de chose.

Encore une fois, elle arrangeait ses cheveux, gênée. C'était un petit tic, de jouer avec ses boucles brunes.

-Je suis une mauvaise hôte, je ne vous ai même pas reproposer une collation. Vous désirez boire ou manger quelque chose ? Nous pouvons nous installer ici, si vous le souhaitez !

Son explication concernant Natik n'a rencontré aucune grimace, la Baronne semble savoir qu'il ne faut jamais approcher d'un chien en l'absence de son maître, ce qui est une très bonne chose. Et lorsqu'il rentre dans la salle où sont les tapisseries, il sait qu'il va avoir un cours magistral. C'est que la Baronne semble accorder à ces histoires autant d'importance que lui en met. Et quand elle dit que ça se joue parfois à des détails, il ne peut qu'acquiescer.

- Mon frère est un bon combattant, on ne rejoint pas l'Ordre du Merle sans l'être. Mais il n'est pas un combattant dans l'âme. Sauf qu'il compense avec un sens de l'organisation qui est assez exceptionnel. Je pense que dans une mêlée, je serai plus impressionnant que lui. Pas forcément plus efficace, mais ceux qui sont des combattants-nés se remarquent plus dans les combats. D'autres sont moins spectaculaires mais tout aussi efficaces, et ça, c'est plus mon frère.

A nouveau, il ne doute pas trop que les gardes présents seront globalement d'accord avec lui.

- Ernest de Rochefouchart est arrivé là où il est non pas grâce à ses talents de combattant, mais pour son goût de la stratégie du moindre coût, dans le sens où il cherchera l'option qui épargne le plus et le matériel et les hommes. Puis pour son don pour l'intendance. C'est une fonction indispensable mais qui souvent déplait. Elle est faite car elle est utile. Lui, ça l'amuse. En ce sens, il est particulier. Et les gens particuliers, s'ils sont utiles, sont précieux. Je pense qu'on se serait détesté si notre différence d'âge était moindre. Dans les faits, il pourrait être mon père et je le regarde comme un modèle. Mais si nous n'avions qu'un ou deux ans d'écart, je suis convaincu qu'on aurait voulu prouver à l'autre qu'on était meilleur, et ça nous aurait attiré des ennuis car nous aurions commis des erreurs. L'avantage, aujourd'hui, c'est qu'on se complète. Mais de nous deux, ça sera plutôt lui qui sera le détail qui fait basculer la victoire dans notre camp.

Il l'a dit dans un sourire. Aldir se considère toujours en apprentissage. Il semble conscient de ses forces et ses faiblesses et il ne s'en cache même pas. Pas avec elle en tout cas. Et quand elle conte l'histoire de sa Baronnie, il ne l'interrompt pas. C'est en tout point passionnant. Lorsqu'elle s'excuse de s'être emportée, il fait une moue signifiant qu'il s'est bien amusé et qu'il a trouvé le tout passionnant. Mais quand elle imagine que lui aussi a vécu de grands moments épiques, il se doit de la contredire.

- Ma seule présence lors d'une guerre remonte à longtemps. J'avais huit ans et j'étais le fier écuyer de mon père. Je voyais encore les combats et la guerre comme un jeu. Lui m'avait emmené, plutôt que mon frangin, parce que bientôt j'allais devoir partir me former comme chevalier. Il voulait passer un bon moment père fils avant de m'envoyer chez un seigneur, probablement du Nord, pour être formé. C'est durant cette bataille qu'il est tombé. Ernest devenait seigneur et moi héritier, le temps qu'il ait un fils. Il ne m'a pas emmené avec lui lors des événements impliquant votre beau-père. Et depuis, nous sommes en paix. Mes... exploits se limitent à combattre du gobelin et chasser du brigand, d'abord avec lui, ensuite avec Robert d'Orfe. J'espère que notre monde sera assez en paix que pour ne jamais plus avoir à combattre armée contre armée. Mais s'il le faut, je serai là.

Elle s'excuse encore, se qualifiant de mauvaise hôte, et lui propose une collation. Il tient à la rassurer.

- Votre Honneur, c'est la première fois que je suis accueilli avec autant d'égards, comme si j'étais un seigneur d'importance, moi, un cadet. Je me sens indigne de cet honneur et me considère sous vos ordres pour le temps de mon séjour. Et puisqu'il me faut convoyer nos artisans ainsi que notre officier archer, ma présence sur vos terres durera trois jours. Malheureusement, et comprenez que c'est vraiment à regrets, il me faut encore me trouver un logis pour cette nuit, une taverne avec une chambre de libre et qui accepte Natik, faire une inspection du marché, aussi pour mon propre plaisir, histoire de pouvoir au moins raconter à mon Seigneur ce pour quoi on est venu ici.

Il paraît vraiment désolé

- Mais si vous considérez comme indispensable que nous partagions un repas ou une collation ici, parce qu'il est dans vos conventions d'en partager un avec un invité, je me ferai une joie de revenir demain, à l'instant qui vous convient le mieux, pour partager de la nourriture et tenter de me montrer un bon convive. Vous n'aurez même pas besoin de me l'ordonner.

Alcyne avait écouté le discours d'Aldir sur son frère, approuvant légèrement de la tête. Ce qu'il expliquait là, elle le comprenait parfaitement, car c'est aussi comme ça qu'elle appréhende les choses. Il faut épargner le plus de personnes et de matériaux, c'était ce genre de détails qui pouvait faire pencher la balance : la stratégie. Mais comme pour la stratégie politique, elle par rapport à Ernest, ne s'en amusait pas... Au contraire, ça lui mettait... Un peu la pression. Et c'est sans doute cette pression qui la poussait à prendre les meilleurs décisions. Elle ne le voyait pas comme un jeu, mais comme une façon de protéger tous ceux qu'elle considère sous sa coupelle. Perdre un garde, un milicien ou même un civil la rendrait mal, car elle aurait eût l'impression d'échouer à rattraper tous les dégâts que sa mère avait déjà causé...
Mais la jeune damoiselle était contente de voir que le chevalier n'hésitait pas à parler et s'épancher sur ce genre de sujet. Peut-être que cela voulait dire qu'il avait un peu confiance ? Ou juste qu'il n'avait aucune chose à cacher. Bien que, elle se doute qu'il n'ai pas ce genre de conversation avec toutes les personnes diplomatique qu'il rencontre. Tous ne sont pas prêt à écouter ce genre de chose. Mais dans sa tendre jeunesse, elle trouvait toujours cela intéressant. De voir comment les autres fonctionne pour peut-être elle même y prendre exemple. Elle doit faire de son mieux. Pas de son mieux. Elle doit réussir, l'option même d'échouer n'était jamais envisageable.
Son visage s'assombrit un peu quand il parlait de la mort de son père. Bredouillant un simple « Désolé ». Désolée qu'il ai dû assister à cela. Le pauvre. Déjà elle a été traumatisée par sa mère qui s'est fait battre, alors elle n'imaginait même pas ce que ça aurait été si elle l'avait vue... Oh non, il ne valait mieux pas y penser !

« J'espère aussi que nous n'aurons pas à refaire ou revivre une guerre... Je ne l'ai pas vécue moi même il est vrai mais... Je pense que ni nous, ni le peuple ne désirons que ce genre de conflits recommencent. »

Elle retint un petit soupir en regardant ses mains jointes avant de relever le regard vers lui, reprenant son sourire polie.

« Les brigands et les gobelins, c'est déjà quelque chose et ça aide les gens. C'est ce qui compte à mes yeux. Au moins vous ne le faite pas par plaisir du sang et je trouve cela admirable. »

Par ce que certains hommes semblaient aimer les batailles juste pour pouvoir faire du mal aux autres. Mais comme il l'avait dit plus tôt, lui n'était pas dans la violence. Et ce n'était pas une mauvaise chose pour elle qui ne croyait pas en la violence. Ou du moins voulait l'éviter le plus possible. Son regard s'agrandit un peu quand il lui dit qu'il se considérait sous ses ordres. C'était surprenant. Même en tant que cadet, il était tout de même le représentant des Rochefouchard et le respect lui était dû. Mais elle ne le dira pas, après tout, il se considérait comme bon lui semble ? Alcyne l'écouta finir et eût un léger sourire, ses mains toujours jointes mais semblant plus détendue.

« Voyons, vous n'êtes pas sous mes ordre, mais un invité quoi qu'il arrive, même si vous êtes le cadet de la famille. Je ne veux pas que vous soyez forcé à quelque chose. Mais si vous me dîtes que vous reviendrez de votre propre volonté et non par obligation, laissez moi vous inviter à mon repas du midi demain ? Comme ça vous aurez le temps de faire le tour du marché et visiter ce que bon vous semble, pour pouvoir faire un retour comme il se doit à votre frère. Qu'en pensez vous ? »

Elle espérait sans doute qu'il accepte, mais il n'en était pas obligé, comme elle l'avait précisé. Alcyne regardait son garde le plus proche qui ne semblait trouver rien à redire sur son invitation. Après il connaissait la damoiselle. Elle était du genre à traiter tous les gens avec le même égard. Ça faisait un peu partie d'elle, cette bonté et cette douceur, bien qu'elle ne puisse pas se le permettre en face d'autres grand noble qui eux, s'engouffreraient dans cette brèche.

« Et comme ça vous pourrez aussi me dire ce que vous en pensez et les points que je pourrait améliorer pour la sécurité de tous ! Toute critiques constructive est bonne à prendre quand il s’agit de la sécurité des marchands et du peuple. »