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 Le réveil du Mange-Dragon

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Guzandrakka
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MessageSujet: Le réveil du Mange-Dragon   Le réveil du Mange-Dragon I_icon_minitimeMar 21 Déc 2021 - 20:23

Favrius, premier mois d'automne
An 19 du XIe Cycle
4ème jours de la 4ème ennéade
Cité de Lante, Grand Temple d'Ikthor


L'obscurité régnait dans la pièce, mais elle n'obscurcissait plus son jugement. Elle avait quitté son cœur. Pourtant, elle avait été une compagne, fidèle, collante et sournoise ; ces derniers mois elle l'avait suivit sans faillir, augmentant la noirceur de sa propre ombre, rendant presque tangibles les ténèbres qui évoluaient dans son sillon. D'un coup d'œil à l'éclat mordorée, il scrutait les quatre murs aux veines rougeâtres qui striaient la pierre. Il connaissait chacune des fissures, chacun des morceaux manquants, si on lui avait demandé, il aurait même put donner le nombre exact de moellons composant l'endroit.
Adossé au pan nord, un simple lit au matelas de laine et à l'armature de chêne faisait office d'abris. Les linges, coussins et couvertures, bien que confortable, avait quelque chose de désagréable à son goût : aussi léger soient-ils, ils représentaient les fils de son ancienne prison, ou piégé dans son propre corps, il ne possédait même plus la force de les retirer de son renifloir si l'un d'eux étaient venus à glisser. C'était sûrement la une des pires morts d'on il aurait put rêver, bien pire encore que de perdre la vie après avoir glissé dans une flaque appartenant à la Déesse des Eaux.

C'est le frisson qui lui parcourut l'échine qui chassa la peur primal qui naquit dans son échine à cet simple pensé. Trop longtemps il avait été un mort parmi les vivants et un vivant parmi les morts. Mais ce temps était maintenant révolu. Il était un vivant parmi les vivants.

Les évènements qui avaient suivis le terrible combat dans les souterrains de la Perle du Nord, furent pour la plupart, vécu par son corps mais pas par son esprit. Car, alors qu'il était rapatrié à Lante et prit en charge par un runiste des Rune-Grise, il s'était échappé dans un autre endroit, hors de l'espace et du temps. En compagnie du Père des Haches, il avait regagné la lointaine et détruite Première Cité, Ankorong. Ensembles, ils avaient effectué un périple que jamais il ne pourrait conter à esgourdes mortels, car aucuns mortels ne possédaient assez d'énergie vital pour entendre, apprécier, comprendre et acquérir tel récit. Ce fut sûrement la plus belle expérience de son existence, mais aussi la plus terrible. Et quand Ikthor le conduit enfin sur les sommets du monde et qu'il lui fit contempler les merveilles hallucinés, vestiges des temps du chaos, il sut que plus jamais il ne poserait son regard sur de tels œuvres. Alors, il pleura, longtemps en compagnie de son guide, impassible mais compréhensif. Après s'être épanché, ce dernier ce pencha alors à son oreille et lui proposa de faire un choix. Rester ou partir. Deux possibilités, simple et pourtant lourde de conséquence. Il faillit choisir de rester, mais quand il demanda au Puissant, pourquoi devrait-il choisir de partir, ce dernier lui répondit simplement ces mots : « Tu n'as pas terminé ton œuvre. Laisseras tu ton travail à un autre ? »

Alors il sut qu'il ne pouvait rester en si illustre compagnie et il fit le choix qui s'imposa.

A son réveil, il se trouvait dans cette même pièce. Autour de lui, des nains vaquaient à certaines occupations et d'autres, veillaient simplement sur lui. Une forte agitation s'éleva quand on remarqua enfin qu'il avait les yeux ouvert. Il put alors cligner des paupières, mais ce fut d'abord tout. Son corps entier étant aussi figé que la roche, une forte douleur lui pulsant pourtant dans la jambe. Ce fut le début d'un combat qui bien que sans ennemi visible, fut plus hardi que n'importe lequel qu'il eut à mener contre les béhémots de la Première Cité.
Les jours défilèrent et se ressemblèrent. Petit à petit, il reprit des forces et chaque avancés devint une victoire de plus sur son propre état. On lui transmit les nouvelles du monde extérieur au compte goutte, mais on ne lui cacha aucunes vérités, même quand il s'agit de lui annoncer la mort de son père. Il puisa dans sa détresse, dans sa souffrance, dans sa tristesse, pour aller de l'avant et continuer à se battre contre lui même.
Il se souvint alors des visites nocturnes de son guide, qui bien que ne lui disant mot, approuvait sa démarche. Une présence rassurante qui devint un phare dans les nuits qui se succédèrent.

Quand il retrouva l'usage de ses jambes et du reste de ses membres, il n'attendit pas longtemps avant de commencer à tonifier son corps. Un corps saint dans un esprit qui ne l'était plus totalement, mais la recette du succès se fit à coup d'entrainement, répétitif et de plus en plus intensif. Heureusement pour lui, une vie de guerrier était gravé dans la mémoire de chacun de ses os, et son corps se souvint rapidement de son ancienne force, bien qu'il dut mettre le double de temps encore pour la recouvrir.

A l'extérieur, rien n'avait transité du Grand Temple et des très proches fidèles, uniques barbes à connaitre son réel sort. On avait gardé le flou, la nouvelle secrète et cela pour éviter tout faux espoirs en cas d'échec. Une démarche d'on il était à l'origine et que ses ouailles avaient respecté scrupuleusement. Mais aujourd'hui, il était temps. Temps de brise ses chaînes pour lever le joug sournois qui régnait encore sur les siens.
Tendant une pogne, un nain situé à sa droite lui y glissa son ancienne et fidèle hache d'on il connaissait le poids et les formes par cœur. Il ne portait plus d'armure depuis longtemps, mais son compagnon du moment avait insisté pour qu'il se leste au moins d'un pourpoint de cuir souple. Alors que le nain fermait les lacets d'une main habile, il le questionna.

« Qui suis je Farulf ? » Souffla t-il. Mélancolique.
L'intéressé arqua un de ses épais sourcils et ira plus fort sur le cuir.
« Tu es notre guide, Gormisson. »
« Avez vous confiance, en votre guide ? »
« Nous te suivrons Gormisson. Nous te suivrons, quelque soit la fin. »
Il laissa un moment de silence s'installer, uniquement dérangé par les crissements des lacets.
« Je ne trouverais pas de repos avant que le Zagazorn soit débarrassé de sa plus grande menace. Si je reviens vers mon peuple, c'est pour le soutenir, l'aider et le défendre. Voici le chemin que j'emprunte et sur lequel, tu es libre de me suivre. Mais tu ne suivras plus Thorgrel des Poing-de-Fer. Tu suivras le Guzandrakka. »
« Aye. Et ou nous rendons nous, Mange-Dragon ? »
« Thanor.»

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