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 [Libre] Les oiseaux

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Artiön Laergûl
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MessageSujet: [Libre] Les oiseaux   [Libre] Les oiseaux I_icon_minitimeMar 6 Sep 2022 - 15:48


Arcamenel de la 2nde ennéade de Karfias
20e année du Onzième Cycle
Est du Protectorat d’Ardamir
Milieu de Matinée







Les immenses arbres d’Ardamir semblent avoir échappé à la saison hors saison. Pour autant, eux aussi sont marqués du même étrange mal-aise que ceux d’Alëandir. Et peut-être ce mal-aise aurait-il pu être pire encore, si Ardamir n’avait été ni le Protectorat du Palais de Chêne, ni le territoire des Lam’Nir. Au fur et à mesure que vous aviez avancés, l’étrange sensation s’était faite plus forte, plus prégnante, seulement, aujourd’hui que vous étiez capable de lui imputer une raison d’être, passer outre était devenu plus aisé.

De la Nécromancie.

Les Ornedhels d’Alëandir en avaient été aussi choqués que vous, mais sur ce point leurs Shamans vous avaient tout de même donné raison. Quelqu’un était à l’œuvre au sein de l’Œuvre. Quelqu’un ou plutôt quelque chose. Car une magie de cette ampleur ne pouvait pas être celle d’un sorcier, ou même d’une cabale. Non. La forêt devait être à l’origine de son propre désarroi. Il n’y avait pas d’autre solution. Le réveil de Silène marquait une perturbation au sein du cosmos, et quelle qu’elle fut, les Noss en étaient persuadés, c’est à cela que répondait la forêt… d’une bien étrange manière.

Durant votre voyage, les Ornedhels étaient venus à votre rencontre pour partager des histoires. Souvent sombres. Souvent effrayantes. Des contes et des légendes de temps tumultueux dont la Sylve conservait l’histoire à travers ses incessants murmures. Des contes et des légendes de temps tumultueux qui trouvaient encore à ce jour un écho dans les Chants et le Théâtre des Cités. Histoires du temps où les Grands Sorciers elfiques affrontaient les Léviathans dominant sur la Prime Œuvre. Histoires du temps des premières pierres, et d’une race elfique confrontée à une forêt autrement plus féroce, plus sauvage, plus indomptée qu’elle ne l’était aujourd’hui. Histoires d’une forêt dont aucune parcelle n’avait été réduite au silence par le Sang et la Roche.
Peut-être I Emël en avait-elle assez de vous voir vous complaire dans le confort qu’elle vous a offert. Peut-être est-il l’heure pour Hirìl Lôthren de battre ses tambours et de vous éveiller. Des Cycles durant vous vous étiez faits de plus en plus petits face au reste du monde. Des Cycles durant vous vous étiez cachés derrière des pierres ou dissimulées dans les creux des arbres dont vous aviez la responsabilité. Voilà longtemps que vous aviez connu nombre de dirigeants, mais trop peu de héros. Voilà longtemps que vous vous étiez dangereusement attendris, et même la guerre contre vos Frères Sombres avait failli à vous tanner le cuir.

La Malenuit marquait le début d’un Nouvel Âge

Les histoires échangées autour du feu en étaient à la fois un rappel douloureux et un appel à porter l’œil vers tout ce que vous aviez accompli depuis que la Sylve avait envahi les pierres, et que lentement, la magie avait recommencé à courir à travers phloèmes et xylèmes. I Mîngely ne faisait que continuer un travail commencé il y a vingt ans. Votre Créatrice vous reforgeait, de manière à ce que vous soyiez enfin prêts à vous faire dignes réceptacles du Grand Encouragement que fut le sacrifice de Myrhammen.

Du moins c’est pour l’instant ce que vous aviez décidé de croire


Car vous y trouviez là un peu de baume au cœur, et le regard, sévère mais aimant, d’une Mère. Ainsi vous trouviez-vous terrifiés, mais fiers. Inquiets pour vos vies, mais heureux de les livrer face à la Déesse pour le bien des vôtres. Et ainsi, faisant face à l’anxiété de la Sylve et remontant la trace des sombres constructs imprimés à travers la Toile, vous aviez mis un pas devant l’autre, dans une étrange harmonie. Les immémoriales tensions entre ceux des bois et ceux de la pierre semblaient avoir été – chose rare – pour un temps mises de côté. Et en tant qu’Aran, malgré les inquiétudes qui étaient tiennes devant l’inconnu, tu avais trouvé dans cette passagère camaraderie encore un peu plus de réconfort.

Puissent les bonnes choses durer par-delà les mauvaises



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MessageSujet: Re: [Libre] Les oiseaux   [Libre] Les oiseaux I_icon_minitimeMer 7 Sep 2022 - 18:44


Tariho de la 2nde ennéade de Karfias
20e année du Onzième Cycle
Est du Protectorat d’Ardamir
Au soir tombant




- Des nouvelles des autres groupes ?

Rien. Rien depuis la veille au soir. La situation en devenait d’ailleurs hautement problématique. Jusqu’à votre arrivée en Ardamir, les communications entre les bataillons étaient extrêmement régulières. C’est de cette manière que vous aviez réussi à vous coordonner, et c’est ainsi que vous aviez pu correctement déployer votre formation en éventail pour couvrir le plus de terrain possible. C’est aussi ainsi que vous aviez optimisé les recherches, les découvertes des uns devenant vite des informations précieuses pour les autres, et les hypothèses des autres amenant les uns sur de potentielles nouvelles pistes. Certes, une fois la frontière passée, vous aviez ralenti les échanges ; et continué d’autant plus les limiter que les Chants s’étaient faits de plus en plus étranges. Les oiseaux étaient après tout autant impactés que vous.

- Non. Et les Mirages ne sont toujours pas revenus.

- Ils sont probablement partis chasser, c’est pas une vie pour eux de se nourrir de viande séchée.

- Espérons qu’il ne leur soit rien arrivé.

Espérons… tu arraches ton attention aux motifs les plus abstraits de la Trame pour observer la vie qui vous entoure. Et à son regard perplexe, tu imagines que ton collègue Vitaliste vient de faire de même. Vous cherchez mutuellement du soutien dans les yeux de l’autre, alors que vos sens explorent les forces vitales du monde alentour. Les battements de ton cœur s’accélèrent, tu sens tes doigts devenir chauds. Une goutte de sueur lui coule sur la tempe, et ses lèvres semblent soudain s’assécher. Vos oreilles à tous les deux dansent à la recherche d’une contradiction, seulement…

- Il n’y a pas un seul oiseau à des centaines de mètres à la ronde.

- Vous vous moquez de nous, avec la cacophonie que c’est à cette heure-c…

Le Silence

Les piaillements incessants des oiseaux de toutes espèces regagnant leur abri à la tombée du soir était habituellement un insupportable tintamarre, que seule l’oreille habituée arrivait à ignorer. Piégés par vos propres habitudes, vous vous rendiez tous compte que les cris de ce soir, vos pensées vous les avaient joués par automatisme au sein d’une forêt bien trop silencieuse.

Instinctivement, le groupe entier s’arrête, les paumes se portent aux armes, et les pupilles observent attentivement la forêt baignée des rayons d’or du crépuscule. Vos oreilles se soulèvent toutes ensembles, attirées par un claquement venant de l’Ouest. Les armes sont défouraillées, les appuis s’abaissent, et l’attente commence.
Ton cœur saute un battement. La foudre s’abat entre vous. Un éclair trace sa route au sein de votre petite compagnie, puis deux, trois, quatre, huit. Les Mirages d’Argent fuient à tire d’aile vers l’Est, laissant derrière eux un vent de panique paralysant. Vos poignes à tous se resserrent. Vos reconnaissez ces oiseaux comme étant ceux qui vous ont suivi jusqu’ici, et vous connaissez assez bien ces oiseaux pour savoir qu’un comportement aussi erratique venant d’eux est signe de terreur. Ils fuient quelque chose, et vous ne tarderez pas à découvrir quoi.

Du coin des yeux tu viens chercher ceux de ton camarade Vitaliste. En réponse, lui retrousse les narines. Il la sent. L’odeur pestilentielle de la Nécromancie. Le rythme impie de la vie battant à l’envers, de plus en plus puissamment. Tu enfonces tes griffes dans la Toile alors que déjà quelqu’un, ou quelque chose la tord. Tu te réserves une portion de la Trame, que l’ennemi ne puisse pas la filer avant toi, et tu attends. Tu attends que le sortilège de Celui-Qui-Signe se dévoile à vous.
Quelques tours de ton sceptre entre tes doigts, tu chasses l’air de la paume de ta main droite, les arcanes se déversent devant toi comme de brûlantes aurores. L’éther consume votre assaillant, qui tombe sans le moindre hurlement de douleur. Un escadron de mériales – ou du moins ce qu’il en reste – s’écrase mollement juste derrière toi.

- Artiön ? Qu’est-ce que ?

- Ils étaient déjà morts. l’Académicien interrompt le soldat, les bras tremblants Et il y en a d’autres.

- Préparez-vous !

Le silence se transforme en un vrombissement diffus. Ton compère Vitaliste, la sueur au front, trace aussi vite que possible autant de glyphes que possible au sol, sur les rochers proches, dans son carnet de voyage, et partout où se présentent des surfaces qui le lui permettent. D’un mouvement sec, tu offres à tes frères d’armes un souffle nouveau, vivifiant leurs corps en vue du combat à venir. Et ainsi vous vous tenez fin prêts.

- Alors comme ça une voix féminine, quelque part entre amusement et déception profite de vos derniers moments avant l’affrontement les monstres sont vraiment de retour on dirait.

Le vrombissement devient grondement tonitruant. Le temps s’arrête. La nuée apparaît. Le ciel doré du crépuscule se noircit soudainement, obscurci par une multitude d’ailes décharnées. De toutes les formes, de toutes les tailles, et souvent brisées. Ces créatures ne devraient pas être capables de voler, mais vos yeux ne vous trompent pas : elles sont bien là, et vous êtes leurs nouvelles cibles.

La légion ailée plonge vers vous sans sommation. Les boucliers se lèvent, les elfes roulent pour y trouver un abri, et les archers attendent leur heure, à la recherches de cibles dignes de leurs flèches. La pierre de Yutar veinant ton focaliseur entre en résonance, les aurores se glissent au sein des glyphes tracés par l’autre mage, et tu souris derrière ton masque. « Merci » Tu tords la trame dans le sens indiqué par les dessins du Professeur, et à la force de ces nouveaux sortilèges, incendies le flot de passereaux maudits. Vos archers gagnent l’opportunité d’une inspiration, tout juste ce qu’il leur faut pour s’écarter, disperser le groupe, et tirer leurs premières flèches. Un halètement s’étrangle dans ta gorge quand deux énormes Actels, leurs fébriles tendons tranchés par une pointe de métal, s’écrasent juste devant toi. D’un hochement de tête tu remercies ton sauveur, mais rapidement, il te faut te retourner. La tête et le pied de ton sceptre tour à tour rencontrent le crâne de deux animaux. Non loin les épées tranchent sans discontinuer à travers les chairs mortes se jetant sur leurs lames.

Les morts semblent mourir une seconde fois. Les cadavres pourfendus s’amoncellent autour de vous et refusent de se relever… ou du moins…

- Qu’est-ce que… c’est moi où ils s’entrebouffent ?

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MessageSujet: Re: [Libre] Les oiseaux   [Libre] Les oiseaux I_icon_minitimeMer 7 Sep 2022 - 22:29



Un tibia se brise pour s’allonger de la longueur d’un humérus. Les chairs pourries se fondent en un écœurant blob recouvrant le squelette informe. Un nouvel oiseau naît de ceux tombés au combat. La légion vient de gagner un chef.

- Il faut que quelqu’un se débarrasse de cette chose !

Les oiseaux ne t’attaquent plus, en apparence du moins. Ton sceptre tourne en un mouvement continu, et ton attention presque toute entière va à la sphère de plumes qui t’entoure. Tu affrontes l’ersatz de conscience qui meut la nuée. Tu t’empares des mouvements des volatiles, et les forces à entrer en révolution dans ton système. De ton sceptre tu les hypnotises, et à grand effort, lentement mais sûrement, tu reprends le dessus.

- Je fais ce que je peux !

Mais tu ne peux pas plus, pas pour l’instant. Ce que tu peux faire cependant, c’est libérer les tiens pour qu’eux puissent vaincre le noyau malfaisant. Bientôt les volatiles encore entiers t’appartiennent tous. Bientôt la sphère devient le mur d’une arène vous enfermant avec le grand volatile décharné. Et tes frères d’arme se mettent à l’œuvre.

La Chimère tente de les ignorer, de te fondre dessus, toi qui lui dérobes ses serviteurs, mais dans son saut elle est cueillie par un pavois, puis frappée de trois salves de flèches. Elle roule pataudement avant de se relever, et de hurler un cri grinçant. Cette fois c’est vers eux qu’elle se jette. D’un large battement d’ailes elle s’envole, avec bien plus de légèreté que son énorme carcasse ne le laisserait entendre. Mais tes alliés sont rapides, agiles et féroces. Le bec et les serres du monstre ne parviennent pas à les frapper. Les flèches quant à elles continuent de s’essayer à le pourfendre. Le poitrail de la bête est devenu un véritable hérisson, mais elle se refuse toujours à tomber. La patience commence à leur manquer, et la fatigue commence à t’assaillir. Parfois un oiseau mort réchappe à ton mur. Tes alliés le voient. Alors cette fois l’épée est sortie, pour le meilleur et pour le pire.
La lame de l’épéiste tranche à travers chair et os, décapitant sans l’espoir d’un recours la Chimère. La tête au sol continue de hurler, tandis que le corps pris de soubresauts frappe de manière hasardeuse. Les griffes de la créature écorchent la peau de l’un des vôtres, s’étant tenté à l’achever et un frisson secoue soudainement le corps de l’elfe. Le changement de la pulsation vitale de ta sœur d’arme fait sauter un battement à ton cœur, quelques autres oiseaux arrivent à fuir ton influence, d’autres menacent de les suivre, ton instinct te hurle de soigner la blessure, mais le Professeur te hurle le contraire.

- Non ! Artiön tiens bon !

- Combien de temps ?! tu hurles

- Ça y est !

Les glyphes parsemant l’arène s’illuminent, l’Ether emplit l’air au point d’en devenir aveuglant et étouffant. La lumière balaie la non-vie de la légion. Les corps des volatiles se disloquent. Chairs et os se disjoignent, se morcèlent, jusqu’à ce que des corps il soit fait poussière. La Chimère, quant à elle, hurle de plus belle. Son corps, fou de la rage et de la douleur que pleure sa tête prend son envol malgré les brûlures qui le rongent. Il s’accroche à la poussière, essaie de se soigner comme il le peut pour ne pas être consumé. Il fuit.

Ton sceptre fait un tour dans le sens des aiguilles d’une montre, tu t’apprêtes à l’achever, mais une autre pulsation, plus urgente, te rappelle à elle. Ton focaliseur tourne en sens inverse, et face à ta sœur blessée, tu le plantes dans le sol. L’écorchure se referme, et le poison qu’y a laissé la Créature se dissipe. Mais la Bête, quant à elle s’éloigne déjà en direction du soleil couchant.

- Saleté !

Un cri aigü te vrille les tympans, et derrière ton masque, ton visage fermé par la colère se transforme en sourire.

- Dites aux autres tout ce que vous savez, et que je suis parti suivre ce… cette chose !

- Quoi ?

- Pas le choix ! Vous voyez bien où elle se dirige !

Aduram. Et si cette chose était capable d’une telle malfaisance en ayant pris naissance en Anaëh, qui sait quels dommages elle pourrait faire une fois tordue par la Dissonance ?

- Comment tu comptes la suivre exactement ?

- Ne vous inquiétez pas. tu regardes vers le ciel J’ai de l’aide.

Tu cours. Tu cours à toute vitesse, ranges ton focaliseur dans son fourreau et soulèves légèrement ton masque. Tu cherches une racine accessible parmi celles des arbres géants d’Ardamir et à grandes enjambées entames ton ascension. Tu souffles. Le son du appeau résonne dans la canopée. Arrivé assez haut, tu sautes.

Un éclair blanc et or te cueille au vol

Les Silm’Aiwë ont fui, mais le Dolwen Rainadion semblait animé d’une rage incommensurable. Quelque chose d’impie avait pénétré son ciel, et il ne comptait pas laisser faire.





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