Conseil de Thaar - Les murmures de l'avidité

Dans l’enceinte feutrée et étincelant du Joyau, querelles et traîtrises revêtent le lot commun des individus qui siègent autour de la table ouvragée. D’aucuns se vouent une haine farouche, d’autres une crainte révérencieuse. Toutefois, tous sont avides des promesses de richesses et approchent donc telle des papillons de nuit attirés par une quelconque source de lumière. La séance est pour la première fois à l’initiative d’Alyna Or'Siandbel, jeune princesse d’Essalia et des Arts…

Ses yeux émeraude brillent intensément alors qu’elle dévisage les membres qui prennent place autour de la table. Sa langue rosée passe rapidement sur ses lèvres carmin, telle une jeune louve se préparant à se repaître de ses prochaines proies. Un simple châle noir, presque transparent, recouvre ses épaules nues, ne dévoilant qu’à demi sa peau cuivrée et sa silhouette élancée. Des chaînes d’or ruissellent de ses cheveux noirs alors qu’elle penche la tête sur le côté, légèrement pensive. Une main sur son épaule vient l’avertir que tous les membres du Conseil ayant souhaité répondre à son invitation sont désormais présents. Elle se redresse, s’étire à la manière d’un félin, laissant profiter à certains la perfection d’un corps que nombreux convoitent.

— Au nom de la princesse, lance d’une voix rauque et sombre Vah Rohn, son Conseiller, je vous remercie de votre présence en ces murs.

Ce dernier sort de l’ombre et appui ses deux mains sur son dossier. Elle le renvoie aux ténèbres d’un geste du bras : dans l’enceinte du Joyau, seuls les princes et princesses pouvaient s’exprimer.

— Notre dernière séance s’est déroulée il y a bien des ennéades, commence-t-elle d’une voix calme malgré ses yeux qui fixaient lentement ses interlocuteurs sans jamais ciller. Or, les choses ont changé. Non, se reprend-elle avec un petit rire, les choses doivent changer.

Elle fait un geste élégant du bras envers les chaises inoccupées, faisant cliqueter les bracelets d’or qui ceignent son poignet.

— Notre regretté Ethirëlon n’est plus, continue-t-elle avec un sourire qui contredisait le ton affligé qu’elle avait pris soin d’adopter, et les choses pourraient nous échapper à Baaz'Hima. Des rumeurs font déjà état que la ville souhaite s’affranchir de notre emprise. Cela ne doit pas se produire…

Elle laisse un silence s’installer avant de faire un signe vers le Greffier qui établissait le procès-verbal. Celui-ci rajuste la monture dorée qui surmontait son nez aquilin avant de lui porter un lourd parchemin ornementé.

— Nos relations se dégradent également envers Ys, révèle-t-elle avec une mine qui contenait difficilement sa colère. Cassiope a drastiquement augmenté le prix de ses prestations et commercer avec elle n’est plus aussi profitable que naguère…

Malgré ses mots mielleux, elle se moque de la perte d'influence du Conseil. Sous couvert de leur bien commun, elle ne voit que promesses de richesse, d’or et d’argent. Elle ne voit que bijoux à s’emparer et femmes à dévorer charnellement. Cette séance au Conseil n’était que prétexte pour satisfaire l’appétit vorace qui grandissait en elle. Tant de possibilités, mais elle devait être prudente…

Une nouvelle fois, elle passe sa langue sur ses lèvres, contenant difficilement l’avidité qui embrase son regard à l'idée du festin qui s'annonçait.

« Baaz'Hima ne pourra jamais survivre sans Thaar. Au même titre qu'Ys.»



La voix de la Princesse de la Chair résonna dans la pièce, elle était ferme, confiante. Après plus de onze ans à siéger au conseil, il n’y avait plus grand-chose qui m'inquiétait, ou lui faisait peur. La princesse d’Uldal’Rhiz eut un léger sourire amusé avant de se caler dans sa chaise, observant la nouvelle Princesse qui siégeait parmi eux. Elle était jeune et encore inexpérimentée, mais elle avait quelque chose que Maralina appréciait beaucoup. Un goût pour l’avidité et les belles choses. La princesse d’Essalia ne se lève pas pour Thaar, non, elle se levait pour elle-même. Maralina se leva finalement de son siège orné de pierre précieuse, faisant un pas vers l’assemblée de ces soi-disant paires. Elle ne savait que trop bien son emprise sur eux tous, et s’amusait volontiers à prendre les devant aussitôt qu’elle en avait l’occasion. « Néanmoins, la Princesse d’Essalia a un point valide qui mérite notre attention. » La Vaanie balaya du regard les Princes Marchands avant de reprendre une nouvelle fois la parole; « La treizième a toujours été un problème, et ce, dès sa pitoyable ascension au pouvoir. Rappelons-nous qu’il y a quelques années, elle a tenté de faire des accords commerciaux avec des Seigneurs Mécans, pour ensuite les menacer. » La Princesse de la Chair jeta un regard au nain à ses côtés, qui malgré son air froid, lui répondit que par un grave mouvement de tête, approuvant ses dires. Le sourire de Maralina sembla s’agrandir un moment avant de reprendre ; « Mais comme vous le savez déjà, moi et le Prince des Milles-Caves ont prit charge de la situation, calmant les pirates, mais aussi en expulsant ses compagnies hors D’Uldal’Rhiz, des Septs-Monts et de plus récemment, Qiryah donc la charge m’as été donné. Cela nous a coûté une fortune, et nous avions espérer que le message serait clair pour les Yssois. Que peu importe ce qu’ils font, ils seront sous le giron de Thaar. » Son regard se porta sur son homologue d’Essalia; « Alors si vous me dites qu’elle a augmenté vos frais, je crois qu’elle n’a toujours pas compris le message que nous lui avons envoyé.» En réalité, la Princesse n’en avait que cure d’Ys, et ne voyait pas réellement le danger qu’elle posait. Du moins, si danger, il avait, ce qu’elle doutait fortement. Mais l’envie de donner une leçon à la treizième, celle même qui avait mis en danger la principauté était une occasion qu’elle ne pourrait guère manquer. « Alors, peut-être devrions nous lui rappeler l’influence de Thaar. » Elle lança un clair d’œil charmeur à Alyna. Gracieusement, la Princesse de la Chair se retourna pour retourner dans sa chaise, faisant virevolter la soie presque translucide qui l’habillait. Cela ne fut une fois dans son riche fauteuil, qu’elle posa son regard sur la jeune princesse avant de lui rétorquer ; « Je suppose que vous avez une solution en tête, Alyna. Allez-y. Nous sommes tout ouïe. » Elle avait un air amusé, voulant voir où cette conversation allait les mener, mais surtout, qu’es qu’avait en tête cette dernière. Après tout, elle avait quelques preuves à faire.

Son sourire demeure figé, comme prisonnier d’une toile qu’elle aurait peinte. Elle laisse la Beauté s’emparer de l’espace, s’adresser à ses confrères avec cette moue désirable, si hypnotique. Elle s’exprime avec la beauté d’un diamant : froid et incisif à la fois. Elle mord sa lèvre avec dureté. Cela, elle l’apprécie.

— Cela vous a coûté une fortune ? répète l’un des princes-marchands de Thaar avec un air sarcastique tout en décochant à la Beauté un regard dédaigneux. Mais combien cela vous a-t-il rapporté après coup ? Pensez-vous pouvoir vous emparer d’Ys et de Baaz'Hima également ? Tempérez vos ardeurs Maralina !

Elle jette un regard courroucé en direction de l’homme qui se redresse sous la colère. De quel droit la prive-il de son droit à la parole alors que son avis était requis par la Beauté ? Elle pose ses deux mains sur le devant de la table et ses yeux verdâtres flamboient tels deux brasiers mugissant au fond de ses prunelles.

— Vos propos sont outrageant prince, remarque-t-elle avec un sourire envoûtant. Nous sommes ici pour trouver des solutions à des problèmes autrement plus importants que votre simple ego blessé. Concentrons-nous sur Baaz'Hima et Ys. L’action de notre Conseil doit avoir pour but de ramener dans son giron les deux cités qui tentent de s’en extraire.

Elle lève une main qu’elle passe élégamment dans sa crinière de jais. Les bijoux cliquettent à nouveau.

— Baaz'Hima est en pleine dissension politique, poursuit-elle avec un air faussement ennuyé. Les chefs qui tentent de prendre la suite d’Ethirëlon ne parviennent pas à trouver un consensus concernant la politique à mener. Ils sont désorganisé et en proie au chaos. Nous devrions leur rappeler que ce Conseil n’est pas qu’une simple réunion où ses membres beuglent et s’invective.

Elle coule un regard entendu en direction du prince qui avait porté ses foudres sur la Beauté.

— Montrons-leur la puissance de ce Conseil. Il nous faut supprimer les dirigeants qui prônent la dissidence et la distance envers Thaar. Plaçons un homme ou une femme de notre confiance à sa tête et trouvons des « accords » avantageux avec l’individu. Rendons-le dépendant à notre pouvoir.

Elle joignit ses deux mains avant de reposer sa tête sur celles-ci avec espièglerie.

— Concernant Ys, il conviendrait une action un peu plus « musclée ». Elle ponctue sa phrase d’un petit rire cruel, ne digérant toujours pas le fait que les ports d’Ys lui soient fermés. Nous devons nous emparer de la cité et contrôler les ports à nouveau. Démettre Cassiope devrait lui faire perdre ses soutiens et permettre de rendre la cité plus sereine afin de nous prodiguer des offres commerciales plus avantageuses…

Le visage de l’un des princes de Thaar vire au rouge avant que sa proposition ne soit achevée. Elle tourne vers lui un regard dédaigneux, jugeant son corps flasque et bedonnant avec un dégoût appuyé.  

— Assassiner les dirigeants de Baaz'Hima, commence-t-il d’une voix rauque, éliminer Cassiope. Pour placer vos propres pions sur ces points stratégiques ? Le port d’Ys sera géré par ce Conseil et non par l’un de vos larbins, princesse !

La cacophonie s’empare soudainement de l’ensemble des princes et princesses qui se lève à tour de rôle en s'invectivant. Elle observe tout cela avec amusement, comme elle observerait des mouches bourdonnantes autour d’un tas d’or : distrayant, mais pas suffisamment imposant pour s'emparer des pièces qu'elle convoite…

La Princesse d’Uldal’Rhiz ne put s’empêcher d’éclater de rire alors qu’elle entendit celle de son confrère. Un rire cristallin, presque innocent alors qu’il emplissait la pièce richement décorée. Puis, cette dernière se cala sur son siège doré, alors que les prunelles azurées se portèrent sur son interlocuteur. À croire que ces confrères étaient réellement de pathétiques créatures. « Peut-être devriez-vous écouter avant de prendre la parole. » Le regard de la princesse se retourna doucement pour regarder le Prince qui venait de prendre la parole. Décidément, certaines personnes n’avaient pas été élues pour leur intelligence. « Qu’est-ce que cela m’a rapporté après coup ? La sécurité de Thaar cher confrère. Combien de fois ai-je mis mon énergie, mon temps, mon argent pour défendre la principauté ? » La princesse de la chair devint soudainement plus sérieuse, son regard se durcira alors qu’elle fixait de ses prunelles azurées cette absurdité sur deux pattes qu’était son homologue. La Princesse se releva, avant d’avancer doucement de son pas de félin vers ce dernier, reprenant finalement la parole. « Pendant que votre postérieur était confortablement installé dans votre chaise dans votre cité, qui a évité une guerre entre Thaar et les Seigneur pirates ? Qui a été sur le front pour s’assurer que nos arrières étaient couverts ? Qui a éjecté l’être dangereux qu’était Diolando Vega? » Elle appuya ses mains sur les accoudoirs, plongeant son regard dans le sien, avant de reprendre la parole ; « Moi et Marzaban Ambreroc… Alors si j’étais vous, je me rappellerais de votre place dans ce conseil. » Elle l’observa pendant une seconde, se disant que ce dernier était définitivement le prochain sur sa liste, avant de lui murmurer ; « Maintenant, taisez-vous et apprenez à écouter, car l’excellence est un trait qui vous manque. » D’un geste brusque, la Princesse d’Uldal’Rhiz se redressa, non sans lancer un regard dégoûté à celui qui avait osé la défier. Maralina retourna rapidement vers sa chaise non sans tendre l’oreille au propos de la toute nouvelle Princesse d’Essalia.



Décidément, la jeune femme avait un certain culot. En quelques phrases, elle avait pu causer un certain émoi dans le joyau. Maralina s’assit de nouveau alors que la cacophonie reprit de nouveau dans le joyau. Elle soupira, avant de jeter un regard au nain à ses côtés, se demandant comment ce dernier pouvait faire pour garder un air de marbre alors qu’autant de stupidité résonnait autour d’eux. Puis, le regard azuré croisa de nouveau celle de la jeune femme, avant de lui lancer un sourire amusé, décidément cette dernière avait définitivement attiré son attention, ce qui pouvait autant être bénéfique qu’extrêmement dangereux.



Les cris outragés continuèrent pendant plusieurs minutes, élançant des idées, mais aussi des menaces tout aussi stupide qu’inutile. Maralina soupira d’ennui, le visage enfoui dans sa main, alors que son coude reposait sur les accoudoirs de son siège. Éventuellement, elle devrait définitivement se débarrasser de tous ces êtres inutiles, cela améliorerait ces journées…



« ASSEZ! »



De nouveau, sa voix résonna dans le joyau, alors que la Princesse leva sa main pour interrompre le piaillement agaçant de ses confrères. « Il a certainement des actions à prendre qui demanderont l'entièreté des ressources de chacun présent. Commençons par le premier problème ; Baaz’Hima. L’intervention que je propose ne demande rien de difficile. Apprenons à connaître les marchands de la cité et ceux qui sont loyaux à Thaar, et donnons lui notre appui. Baaz’Hima, au même titre qu’Ys ou Fel’Dorn ou Uldal’Rhiz ne pourra jamais être indépendante de Thaar. » Son regard balaya l’assemblée tentant de déterminer si elle avait besoin d’aller plus loin dans son explication ; « Personne ne peut être indépendant de Thaar, et si cela arrive, nous nous devons d’agir dès maintenant. Ys veut son indépendance, et cela a toujours été clair depuis que la treizième a pris le pouvoir. Mais elle ne peut l’être, parce que Thaar contrôle l’alcool, les armuriers, la nourriture, le bétail… Chaque cité à sa spécialité, et tout cela mène à un équilibre que nous ne devons briser. » Maintenant, que cela était clair pour tous - du moins l’espérait-elle - elle continua sur le deuxième problème. « Quant à Ys, il est temps que la cité revienne sous notre giron. Pour cela, nous devons couper la treizième et ses commerces. Mettons des taxes exorbitantes pour tout navire, tout convoi de la compagnie Olyane. Les bureaux de sa compagnie seront condamnés par le guet dès que cette session sera finie. Nous nous devons d’affaiblir le nœud du problème, de faire en sorte que le conseil des treize soient encore plus faible devant nous, car n’oubliez pas cher confrère, nous ne pouvons nous permettre de nous mettre tous les Yssois à dos. »

Elle cligne les yeux, capturant l’image de la Beauté menaçant l’un de ses confrères. Elle aurait le loisir de détailler cette scène dans des instants plus privés. Elle découvre ses dents, une parodie de sourire s’affichant sur ses lèvres carmin : la tournure des événements l’amuse.

— J’approuve ce plan d’action, commente-t-elle sur un ton espiègle. Pourquoi ne pas proposer un vote afin de soutenir ces propositions ?

L’un des princes marchands qui n’avaient pas encore pris la parole depuis le début de la séance pose ses deux mains sur la table. Elle lui jette un regard chargé de mépris. Que souhaite-t-il rajouter d’autre à ce qui semblait être déjà décidé ? Leur réunion s’éternisait depuis plusieurs minutes déjà et elle mourrait d’envie de retourner à des occupations plus… physiques.

— Ce sont des propositions fort intéressantes, Maralina, Alyna, lance l’homme d’un ton étonnamment calme. Évidentes même. Le Conseil, dans son intégralité, œuvrera de sorte que cela soit permis. Je dispose d’une certaine influence auprès du conseil des treize : je connais personnellement quelques-uns de ses membres et je saurais donc me montrer perspicace afin qu’il ne prenne ombrage de l’infamie qui frappera Cassiope.

Il écarte les mains en signe de paix, comme pour leur faire entendre que c’était déjà chose faite. Elle n’aime pas son regard et déteste davantage son sourire feint. Aucune capture de son visage ne siérait à un quelconque tableau. Aucune palette de couleurs, aucun pinceau, ne pourrait souligner la duplicité qui brillait dans le fond de ses yeux.

— Je me rendrais à Ys aussitôt cette réunion terminée, chers confrères, poursuit-il en se calant confortablement dans son siège. Je peux également dépêcher quelques hommes à Baaz'Hima, des hommes en qui la fidélité envers ce Conseil a déjà été prouvée à de nombreuses reprises. Je pourrais…

— Vous devriez déjà avoir fort à faire avec ces conseillers, prince, l’interrompit-elle en écarquillant ses yeux. Laissez le soin à d’autres d’identifier les marchands influents avant de les soumettre à ce Conseil.

Le Faux tourne son regard vers elle : ses yeux scintillent d’une menace à peine contenue.

— Vous, peut-être ? suppose-t-il avec mépris.

Elle sourit et penche la tête sur le côté, faisant ruisseler les chaînes d’or qui coulent de ses cheveux.

— N’est-ce pas l'occasion pour moi de faire mes preuves auprès de ce Conseil ? minaude-t-elle tout en gardant fixé son regard glacial sur son interlocuteur qui ne parvint pas à le soutenir. Non ? ajoute-t-elle sur un ton sans équivoque.

Le Faux grimace et baisse la tête. Elle frappe ses mains avec un air faussement enjoué et lance à tous :

— Et si nous votions désormais ?

Tout ce brouhaha lui donnait un mal de crâne. Ce conseil était définitivement peuplé d’idiots… La Princesse soupira, clairement ennuyée par l’échange insipide qui se déroulait devant elle. Sa tête se posa sur sa main, alors que son regard fixait les deux Princes qui se chamaillaient. Au bout de quelques secondes qui lui semblèrent une éternité, elle se retourna vers son confrère des milles-caves. Il avait beau être de marbre, aussi froid que la pierre, mais la vaanie comprit rapidement au regard qu’il lui lança qu’il pensait exactement la même chose qu’elle. La différence, c’est qu’il ne montrait guère les effets de l’abrutissante conversation. Maralina laissa s’échapper un claquement de langue avant de reprendre la parole, s’adressant à son allié du moment ; « Ce conseil ne s’améliore guère avec les années… » Lasse, elle se releva de nouveau, alors que les regards se posaient à nouveau sur elle, doyenne de ce conseil, et surtout, celle qui avait survécu le plus longtemps jusqu’à maintenant. « Décidément, ce n’est guère la journée de certains membres de ce conseil… » Elle se retourna vers celui qui venait de parler avec sa confrère d’Essalia, avant de porter son doigt fin sur ses lèvres. « Ssshhh… » Commença-t-elle, entraînant la surprise sur le visage de ses confrères. « Laissez les adultes parler maintenant… » La Princesse de la Chair se redressa de nouveau, avant de prendre la parole devant l’assemblée. « Ce travail n’est guère pour les amateurs, Cher Confrère. Votre proposition vient de le confirmer. Le conseil des treize, dans son entièreté doit être renversé. Ils ont élu un être dangereux pour les représenter – ils seront enclin à faire la même chose de nouveau. »



Les mires azurées balayèrent les membres du conseil, l’air las. « Voici ce qui se passera ; chacun d’entre vous expulserait la compagnie oliyanne de vos terres. Augmenter les taxes sur toutes les importations Yssoise. Que l’un d’entre vous parle au chef du guet, qu’il voit à ce que les choses se passent rondement à Baaz’Hima. Nous n’avons pas besoin de faire autre chose que cela pour le moment dans cette principauté. Faite sentir que nous sommes là, qu’ils ont besoin de nous. Quant à Cassiopée Meldyrin… » La Princesse Marchande se tourna finalement vers la Princesse d’Essalia; « Je crois en effet que certaines personnes ont besoin de faire leur preuve dans ce conseil. Je vous propose donc de m’en occuper avec notre confrère d’Essalia. » La reine de la chair fit un sourire amusé à son homologue, avant de retourner son attention vers les autres, l’air presque innocente ; « Quelqu’un a quelque chose à rajouter ? Ou pouvons-nous cesser cette mascarade et réellement se mettre au travail pour Thaar? »