Nombre de messages : 59 Âge : 29 Date d'inscription : 15/01/2023
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 706 ans Taille : ~2m Niveau Magique : Maître.
Sujet: Ameanor Sindënellë Dim 15 Jan 2023 - 17:54
Possessions & Equipements : Ameanor a peu de bijoux, et voyage avec peu de possessions. En effet, c’était une personne très sédentaire avant que les événements ne le mettent sur la route. La plupart des choses qui lui son cher son restées dans sa précédente demeure, bien trop encombrantes pour être transportées. Néanmoins, il transporte toujours avec lui de grandes feuilles de papier, enroulées dans un cylindre qu’il porte en bandoulière, sur lesquels il transcrit ses notes sur les astres, leur position et leur mouvement. Pour faire cette transcription, il voyage avec un nécessaire pour écrire dans une sacoche pendante à sa ceinture : plumes, encre et fusains. Enfin, trois bijoux le suivent partout. Pour commencer, une bague, d’or blanc, prenant la forme d’une spirale à une seule boucle et tournant dans le sens horaire. Celle-ci commence simplement par le métal brillant et se termine sur un saphir. En second lieu, il arbore une broche d’argent décorée d’un colibri sur la toge bleu qu’il porte en manteau au-dessus de ses habits. Enfin, Ameanor porte en pendentif un astrolabe, fermé par un clapet, d’environ 10 cm de diamètre, fait d’or et dont les étoiles sont représentées en argent. Ce dernier bijou, qu’il possède depuis plus de six siècles, est devenu son focaliseur, et Ameanor le porte généralement sous sa toge, de sorte que seule la petite chaîne d’or qui le retient est visible.
Apparence :
Taille : Un peu moins de 2 mètres
Couleur des yeux : Turquoise, avec un petit anneau de gris autour des pupilles, duquel des traits et des petits points gris partent
Couleur des cheveux/pilosité : Gris argenté
Ameanor est un elfe des cités, de taille moyenne, soit légèrement moins de deux mètres. Sa carrure n’a rien d’exceptionnelle, fine et élancée, comme il est coutume de voir dans son peuple. Il est tout de même vigoureux et endurant, bien qu’il n’ait jamais cherché à développer la puissance de sa musculature. En effet, l’utilisation de la magie est une tâche éreintante, et l’habitude de prendre soin de son endurance lui a été inculquée depuis son enfance. Ainsi, s’il ne faut pas s’attendre à le voir gagner un bras de fer, son endurance est tout à fait remarquable.
Si la démarche d’Ameanor a quelque chose d’agile, elle transmet plus encore une impression de rigueur et de sérieux. Il se déplace le plus souvent les mains jointes derrière le dos, qu’il maintient droit. Souvent perdu dans ses pensée, il remarque peu les choses qui se trament autour de lui, et ce, surtout lorsqu’il se déplace. Ainsi, son regard s’attarde rarement sur autrui lorsqu’il est en mouvement, ce qui, combiné à son pas rapide, lui donne l’air d’être toujours pressé.
Le visage ovale d’Ameanor est loin d’être désagréable. Ses lèvres fines sont surmontées d’un nez légèrement concaves, ni trop gros, ni trop fin, et ses yeux turquoise, avec un petit anneau de gris autour des pupilles, duquel des traits et des petits points gris partent, peuvent donner un petit air onirique à son regard. Enfin, sa peau plutôt pâle s’accorde bien à sa longue chevelure argentée, qu’il peigne en arrière et agrémente de tresses sur l’avant. Enfin, l’on remarque facilement ses longs doigts fins et agiles, entraînés à manipuler son astrolabe avec une précision et une rapidité peu commune.
Ameanor s’habille généralement de couleurs sombres. Il porte généralement une chemise de tissus tirant sur le noir, en bien ajustée à son corps, et un pantalon droit de la même couleur. Un ruban de tissu bleu entouré à sa taille lui sert de ceinture, et il porte généralement une toge de la même couleur, aux bords brodés de fils d’or, sur ses épaules, comme une sorte de manteau lui couvrant les épaules et lui tombant jusqu’aux genoux.
L’expression du visage d’Ameanor, qui tend à finalement définir ce que l’on perçoit du personnage, est changeante. La plupart du temps, une mélancolie profonde se lit dans son regard, souligné par des cernes profonds et légèrement violacées, preuves physiques d’un manque chronique de sommeil. Néanmoins, l’on peut parfois le surprendre avec une expression à la fois douce et intrigante, principalement quand il est pris dans son travail de recherche ou dans la création d’un sort. Un léger sourire vient alors se dessiner sur son visage qui n’en connaît que trop peu depuis vingt ans, rehaussant alors son regard. Cependant, rien n’efface les petites pattes d’oie autour de ses yeux, ni les légères rides qui ont commencé à apparaître sur son front.
Personnalité : Ameanor est un solitaire, taciturne, réservé et ne cherchant généralement pas la compagnie d’autrui. Passer des ennéades sans contact social ne le dérange pas le moins du monde. En règle générale, du moins. En effet, si les liens qu’il crée sont peu nombreux, leur intensité n’en est que décuplée. Ainsi, il parait une personne totalement différente dans sa sphère privée, et notamment avec sa famille. Peu nombreux l’ont vu de cette manière, et encore moins sont ceux à avoir partagé un tel lien avec lui.
Ainsi, Ameanor apparaît généralement comme un être froid et distant, voir, pour certains, un peu snob et prétentieux. En réalité, il n’en est rien. Cette impression provient simplement du fait qu’il est mal à l’aise en public. Ainsi, il ne sait jamais trop comment agir, que dire, et que répondre, et préfère se tourner vers le ciel que vers ses interlocuteurs. En contexte de festivité, il préfère amplement l’ombre des coulisses à la lumière de la scène et au partage joyeux des accolades et des danses. L’isolement qu’il s’impose alors ne fait qu’amplifier l’apparente froideur du personnage.
Néanmoins, les choses changent lorsqu’il s’agit de ses proches. Ameanor devient alors une personne particulièrement douce et attentionnée. Beaucoup ne le reconnaissent pas lorsqu’il est au côté de sa femme. Lui, d’ordinaire si froid, devient souriant, chaleureux et voir, même, rieur. Son ouverture d’esprit, et sa capacité, à accepter les sentiments d’autrui s’observent le plus souvent avec ces personnes, comme il en fut de son père lorsque celui-ci quitta le foyer familial.
Ameanor est un elfe particulièrement curieux, et qui aime approfondir sa connaissance du monde. Dès son plus jeune âge, le flot de son questionnement envers les phénomènes naturels était sans fin. En grandissant, sa soif de connaissance n’a fait que grandir, tout comme son amour du ciel étoilé. Ses années d’apprentissage de la magie n’ont fait qu’accroître cette soif, et, en développant un véritable esprit critique et analytique, l’ont poussé à développer une approche plutôt scientifique du monde qui l’entoure. Ainsi, comprendre le fonctionnement et la nature des choses autour de lui est devenu une véritable obsession chez Ameanor, et il finit bien souvent frustré en remontant un flot de questions qui n’aboutit qu’à encore plus de questions.
Malgré cette soif de connaissance intarissable, Ameanor n’en garde pas moins un grand amour pour la beauté et la poésie de la vie de tous les jours. Qu’il s’agisse du simple envol d’oiseaux dans les arbres, des gestes d’un boulanger pétrissant son pain le matin, ou même de la lumière d’un lever de soleil, tout est porteur d’une beauté propre aux yeux d’Ameanor. Et cet amour de l’art et des couleurs qu’il partage avec sa femme est ce qui lui réchauffe le cœur dans les moments les plus sombres. Ce qui lui rappel, même de façon lointaine, que quoi qu’il arrive, quelle que soit la noirceur des temps présents, la vie mérite de continuer, et de se partage.
Capacités magiques : Ameanor est né avec une grande sensibilité aux énergies magiques, et celles-ci illuminent sa perception du monde. La manière dont le mage voit ces énergies lui est toujours complexe à expliquer, comme il est difficile d’expliquer ce que l’on ressent en respirant, ou de décrire la couleur verte. Ameanor voit la magie comme une sorte de « lumière » qui aurait une certaine densité. Elle ne ressemble ni à des nuages, ni aux rayons du soleil. La meilleure façon qu’il n’ait trouvée pour la décrire est de la comparer à des rayons lumineux qui traversent une pièce sombre et poussiéreuse : les millions de grains de poussière y diffusent alors la lumière et donnent une sorte de consistance à la lumière. Les énergies magiques prennent une forme similaire aux yeux d’Ameanor, avec des lumières pouvant varier de densité et de couleur. Cette lumière peut être large, étendue, avec des poussières éloignées les unes des autres, ou se concentrer en de véritables boules lumineuses, avec tant de poussières brillantes qu’il n’est plus possible d’en distinguer les grains. Bien sûr, toutes les variantes et combinaisons peuvent arriver, des formes particulières peuvent se dessiner et les poussières ne sont que très rarement immobiles, faisant se déplacer les lumières tels des nuages ou des feux-follets.
Ameanor n’a pas appris à manipuler la magie à l’académie d’Alëandir, mais auprès d’un maître vivant à Quatrième-Saison. Ce maître, talentueux mage de lumière, lui a instruit sa manière de créer des sorts. Ainsi, trois principes régissent l’utilisation de la magie pour Ameanor : préparation, concentration et précision. Avant chaque incantation, le sort doit être réfléchi, et ses effets, soigneusement inscrits dans l’esprit du mage. Les mouvements qu’il fera doivent s’inscrire dans son esprit bien avant de se lancer dans l’acte en lui-même. La magie requiert de la concentration, c’est un fait bien connu de tous, et c’est pourquoi Ameanor a appris à se mettre dans un état de concentration telle que rien, ou presque, du monde extérieur n’existe encore lorsqu’il commence son sort. Enfin, Ameanor manipule la magie avec rigueur et précision, donnant l’exacte et parfaite forme à son sort, comme ce qu’il doit avoir intellectualisé dans sa préparation, et ce, quels qu’en soient les coûts en temps et en énergie. Ainsi, la manière de pratiquer la magie d’Ameanor ne laisse pas la place à la précipitation ou à l’improvisation. La paix et la protection de Quatrième-Saison ont fait du mage plus un artiste qu’autre chose, et jamais (à peu de choses près) il n’eut à utiliser la magie en conditions de stress intense. Le faire donnerait très certainement des résultats décevant au vu de leur coût en énergie pour le mage.
Pour matérialiser un sort, Ameanor commence par sortir et ouvrir son vieil astrolabe dans sa main gauche. En le tenant horizontalement, et en plongeant son regard dans le ciel, il tourne alors le cadran de l’appareil jusqu’à ce que les étoiles qui y sont marquées prennent la position qu’il souhaite. Modélisant alors dans son esprit la position des étoiles au-dessus de Quatrième-Saison, qu’il connaît par cœur après des siècles d’étude, il tend sa main droite pour sélectionner une étoile. Il bouge alors de nouveau le cadran de son astrolabe, et positionne les étoiles différemment, puis trace une ligne vers une autre étoile. Il continue ainsi, avec une célérité impressionnante, jusqu’à ce qu’il réussisse à donner la forme parfaite qu’il souhaite à son sort.
L’utilisation qu’Ameanor fait de la magie est plutôt solitaire. Par une combinaison de son caractère solitaire et de son apprentissage auprès d’un maître plutôt que dans l’académie, il n’a produit que peu de rituels. À vrai dire, dans ces derniers siècles, il n’en a même fait aucun, puisque les seuls rituels qu’il n’ait faits étaient avec son maître, décédé depuis longtemps. Ainsi, il n’a jamais procédé à de la magie avec plus d’une personne, et dans un contexte particulier. En tant que mages de lumière, Ameanor et son maître ont régulièrement été sollicités par la cité pour égayer les jours de fête. Ce qu’ils faisaient bien volontiers, eux qui aimaient partager la beauté du monde aux yeux de tous. Ainsi, les rituels effectués par Ameanor se sont toujours limités à la création de scènes oniriques pouvant durer des heures, voir se répéter quelques temps, pour que tous puissent en profiter.
Finalement, l’utilisation principale de la magie par Ameanor peut s’expliquer par trois choses : sa passion, son obsession et son cœur. Ameanor est passionné d’Astronomie, des astres, de leurs mouvements et de la beauté du ciel étoilé. Ainsi, il a rapidement commencé à utiliser sa magie pour l’aider dans sa passion. Comme l’on peut utiliser l’eau ou le verre pour modifier des rayons lumineux, Ameanor utilise la magie pour tordre les rayons provenant de régions lointaines, et grandir ou changer les images qu’il voit du ciel. Parfois, il essaie de changer plus en profondeur la lumière du lointain, en la compressant ou décompressant, comme il l’expliquerait, afin de faire apparaître des images normalement invisibles. Néanmoins, l’acte étant complexe, il n’a que peut effectuer ce genre de chose.
Cette dernière forme d’utilisation de la magie permet d’illustrer son obsession : comprendre la véritable nature de la lumière. Dans sa jeunesse, l’elfe émit l’hypothèse que lumière et magie n’étaient peut-être pas d’une nature si déférente, et que comprendre l’un permettrait d’approcher l’autre. Cette idée ne l’a jamais quitté (et provient peut-être de sa manière de voir les énergies magiques), et est à l’origine de son obsession. Ainsi, comme on chercherait à démonter et à remonter un mécanisme pour le comprendre, Ameanor passe de très longs moments à essayer de déconstruire et reconstruire les rayons lumineux. En les séparant, en les altérant, les recombinant ou les rendant plus puissants, il cherche à comprendre quelles sont les lois de la lumières. L’énigme n’en reste pas moins quasiment insoluble, même pour lui qui s’attèle à la tâche depuis si longtemps. Ameanor note néanmoins ses théories, ses pensées et les sorts qu’il utilise pour les illustrer et les envoie régulièrement à l’académie, ne serait-ce que pour être sûr qu’elles ne disparaissent jamais.
Enfin, Ameanor manipule la magie pour le simple bienfait de son cœur. Ses autres activités lui apportent du plaisir, il ne faut pas le nier, mais elles restent des tâches longues, fatigantes, et avec un côté très utilitaire. Elles ressemblent, à vrai dire, à un travail. Et, finalement, le travail n’est pas suffisant pour définir entièrement un être. C’est pourquoi Ameanor aime à partager la beauté comme il la voit, et d’autant plus avec ses proches. Ainsi, dans les moments sombres, rien n’apaise plus son cœur que de partager avec sa famille des scènes lumineuses, aux tons oniriques. En réalité, c’est là que réside tout l’attrait de la magie de la lumière : le partage d’un monde merveilleux avec ceux qu’on aime.
Histoire
L’année 313 du Xème cycle allait bientôt entamer sa dernière énnéade, et le froid enserrait de ses griffes implacables la citée de Quatrième saison. Pourtant, seule la chaleur et la joie se ressentaient dans la demeure dévolue à la Thanrion Sindënellë et Merhynna Líritára, car en ce 71ème jour du mois de Verimios, leur premier enfant était né et fut nommé Ameanor. Les réjouissances furent importantes dans le cercle de connaissances du nouveau père de famille, forgeron compétant, et de sa femme, talentueuse joaillière. Parfaitement intégrés dans la vie de la cité, la nouvelle famille pu profiter des années de la petite enfance d’Ameanor dans la paix et l’insouciance, malgré les événements sombres qui s’annonçait avec l’assassinat du régent d’Anaëh quelques années plus tôt. Si, bien évidemment, ces temps lointains n’inspirent aujourd’hui que peu de souvenir à l’intéressé, ils restent synonymes d’une sensation de bonheur simple et de tranquillité. Peut-être trop, diraient certains, car le tempérament réservé et solitaire de l’enfant se révéla dès sa première décennie, et ses parents ne souhaitèrent pas le pousser à s’intégrer dans des groupes qu’il fuyait. Peu nombreux étaient les enfants qu’il côtoyait, et plus encore, avec qui il jouait. La fuite était la réponse habituelle d’Ameanor lorsqu’une des nombreuses personnes passant demander outils ou bijoux à ses géniteurs se présentait. Toutefois, l’enfant n’en restait pas moins d’une grande vivacité d’esprit et curiosité. Une fois entouré de proches, ses questions sans fin se terminaient bien souvent par l’incapacité de ses ainées à répondre. Si les sujets de questionnement étaient larges, l’un prendrait une place prépondérante dans son esprit et dans son cœur : ce ciel étoilé, brillant, immobile au premier abord, mais en perpétuel mouvement.
Ce ciel nocturne devint un véritable refuge pour le jeune Ameanor tandis qu’il approchait de sa seconde décennie. Bientôt, il devrait rejoindre ses premières classes, et cette idée le terrifiait. La tranquille solitude de la nuit l’apaisait, tandis que les constellations qu’il cherchait à retrouver bougeaient, jour après jour, dans le ciel et accaparaient ses pensées. Néanmoins, comme tout elfe des cités, il n’échappa pas à ses classes, qui ne purent réellement changer sa nature solitaire. Ameanor passa cette période sans réel entrain, et en se faisant peu remarquer. C’était un élève discret, qui ne cherchait pas à participer. Il n’était réellement concentré que lorsqu’un sujet particulier titillait sa curiosité, et faisait peu efforts sur les autres. Il passait la plupart de ses pauses seul, bien qu’il n’eut pas réellement d’antagonisme avec les autres enfants, et finissait ses journées en cherchant la proximité des livres. Bien que ces années ne furent, pour ainsi dire, pas les plus chéries d’Ameanor, trois événements imprimeront pour toujours sa mémoire.
Le premier fut lorsqu’il comprit que son monde n’était pas celui des autres. En effet, alors que les bases du fonctionnement de la magie étaient apprises à tous, le jeune elfe fini par comprendre que les lumières colorées, brillantes, mouvantes ou s’estompant, n’appartenaient qu’à lui. Ainsi, dans les premières années de ses classes, il apprit sa spécificité, prenant la forme d’une sensibilité aigue à la magie. Ce fut après avoir compris ce point que son intérêt pour la magie, ses mystères, et son influence sur le monde se développa. Néanmoins, savoir que le monde lui apparaissait sous différents atours que pour autrui ne l’aida pas à se sociabiliser (son coté solitaire en fut peut-être même empiré). Des années noires suivirent, où son sentiment de différence se transforma en rejet de lui-même. Alors que ses 35 ans approchaient, Ameanor s’enferma dans le mutisme et la tristesse, jusqu’à ce que ses parents, seuls êtres à qui il parlait librement, se décidèrent à agir.
C’était un soir de pleine lune, avec un ciel particulièrement dégagé. Dans les hauteurs de la ville, un sage avait pris place. Il était intéressé par de nombreux sujets, et avait notamment observé le mouvement de quelques étoiles particulièrement brillantes au fil des saisons et des années. Ameanor fut amené en cette place par ses parents, et fut introduit auprès du sage. Sa curiosité piquée à vif, il eut de longues conversations avec le sage, qui accepta de lui enseigner quelques bribes de son savoir. Au sortir de cette soirée, ses parents lui offrirent alors un cadeau qu’il chérit encore aujourd’hui : un astrolabe environ 10 cm de diamètre, fait d’or et dont les étoiles sont représentées en argent. Ameanor ne comprit que bien plus tard le travail qu’avait demandé ce bijou, utilisé tant pour mesurer la hauteur des étoiles que l’heure, de nuit comme de jour, mais il en fut particulièrement ému. Dans les jours qui suivirent, sa mélancolie le quitta tandis qu’il passait plus de temps chez le sage, à apprendre long sur les constellations et sur la manière de les cartographier. Une nouvelle passion naquit alors, lui servant d’exutoire lorsque la tristesse se faisait sentir, celle de comprendre les mouvements des astres et leur place dans son univers.
Enfin, arriva le troisième, et le plus marquant, des événements qui forgèrent sa jeune enfance. Vers ses 45 ans, alors que la classe de la journée se terminait, Ameanor s’était arrêté, pensif, en regardant un nuage large et pailleté de lumière violacée engloutir une maison devant lui. La lumière enveloppait lentement l’habitat, l’entourant d’un halo qui semblait vouloir le serrer de plus en plus, jusqu’à l’écraser afin que les forces naturelles reprennent leur doit sur les efforts constants des elfes. Mais, déjà, la lumière s’éteignait, insensibles aux songes du jeune elfe qui l’observait. Ce fut alors qu’il s’aperçut qu’il n’était pas seul. Une jeune fille était à ses côtés, aux cheveux d’or et au regard d’ambre. En rougissant légèrement, Ameanor se mit à regarder ses pieds, penaud, esquissant un geste pour s’en aller, mais la jeune fille pris la parole avant qu’il eut le temps de s’esquiver. - Je ne vois vraiment pas ce que tu trouves de spécial à cette maison. Elle n’est pas mieux faite que le reste…
Ameanor bredouilla quelque chose d’incompréhensible, déjà peu habitué au contact des inconnus, et encore moins à ce que ceux-ci viennent vers lui. La jeune elfe eu alors un regard interrogateur, mais dénué de toute malice.
- Au fait, moi, c’est Míririen. - Ameanor, répondit l’elfe tout en continuant de regarder ses pieds.
Un sourire illumina le visage de Míririen, qui attrapa la main d’Ameanor. - Viens, si tu veux voir quelque chose de vraiment beau, je connais un endroit !
Sur ces mots, la fille aux cheveux blonds tira le bras d’Ameanor et se mit à trottiner. La surprise se bousculait avec la curiosité dans l’esprit de ce dernier, qui prit de court, se laissa porter. Après plusieurs minutes à un rythme soutenu, les deux enfants arrivèrent jusqu’au sanctuaire de Kÿria, seule place de verdure dans la cité de pierre. Míririen guida alors Ameanor vers un arbre épais sur une pente de la clairière. L’arbre avait des branches épaisses, relativement basses, le rendant particulièrement facile à escalader, ce que fit la jeune fille tut en encourageant Ameanor de la suivre et en l’aidant à atteindre une branche à mi-hauteur. Elle resta alors assise en balançant les jambes et pointa du doigt un trou dans le feuillage devant eux. À travers deux arbres du sanctuaire se voyaient, entourant une tour au loin, paraissant minuscule en comparaison des feuilles qui l’entouraient comme un collier.
- Regardes, vu d’ici on pourrait presque imaginer que la tour est isolée dans la forêt ! - Ici, répondit Ameanor en montrant une maison derrière les arbres, on dirait que le toit de la maison est fait de feuillage !
Pendant une demi-heure, les deux enfants continuèrent. Puis, la conversation continua sur d’autres sujets, leur maison, leur famille, et la manière qu’Ameanor avait de voir le monde. Devant l’émerveillement de Míririen, il passa un long moment pour lui décrire les légers rayons émeraude qui s’allumaient et s’éteignaient lentement sur l’herbe du sanctuaire de Kÿria, les paillettes d’or voletant autour des arbres et les trais de lumières d’un bleu profond s’en allant vers le lac. Mais alors que le soleil commençait à se coucher, les des comparses décidèrent qu’il était temps de quitter cet écrin de nature pour rejoindre leur famille respective. Pour la première fois, Ameanor s’était ouvert à une personne étrangère, et avait discuté avec à cœur ouvert. Avec étonnement, il se rendit compte de tout le bien que lui avait fait cette rencontre, et une nouvelle vigueur, une nouvelle joie de vivre, l’animait. La solitude qui avait été son armure pour affronter le monde s’était peu à peu muée en une prison dont il ne s’échappait que pour regarder les étoiles, et, aujourd’hui, Ameanor se rendait compte que la porte était ouverte sur un monde bien plus chaleureux et coloré qu’il ne l’avait cru.
Les années passèrent, et un lien fort se forma entre Míririen et Ameanor. Le jeune elfe changeait, il s’ouvrait au monde. Bien sûr, il restait d’un tempérament solitaire, mais il participait dans ses classes bien plus qu’auparavant, et soutenait quelques conversations avec d’autres personnes. Néanmoins, c’était avec Míririen qu’il passait la plupart de son temps libre. Il apprit bien vite l’amour de sa jeune amie pour l’art, le dessin et les couleurs. Il arrivait régulièrement que les deux enfants restent le soir, côte à côte, sur une hauteur de la ville, le soir tandis que les premières étoiles faisaient leur apparition. Ameanor les observait et essayait d’appliquer ce qu’on lui avait appris pour retracer une carte du ciel, tandis que Míririen esquissait ce qu’elle voyait sous les rayons de la lune à l’aide d’un fusain. Aucun des deux ne se parlait, mais leur simple présence apportait paix et réconfort dans leur occupation favorite. Encore aujourd’hui, Ameanor considère les années qui suivirent sa rencontre avec Míririen comme parmi les plus douces de son existence.
L’ouverture d’Ameanor révéla tout de fois sa compréhension fine de la base de la magie. Et sa curiosité était sans bornes lorsqu’il s’agissait de comprendre son fonctionnement, aboutissant bien souvent à sa frustration lorsqu’il arrivait à des notions qu’il ne pouvait comprendre à son jeune âge. Néanmoins, il devint rapidement évident pour beaucoup que la voie de l’étude de la magie serait celle que choisirait Ameanor. Et il était vrai qu’apprendre à manipuler cette force naturelle qu’il voyait depuis sa naissance l’enchantait, mais il y avait un problème qui lui posait un dilemme insurmontable… Choisir d’apprendre la magie le ferait très certainement demander d’entrer à l’académie d’Alëandir, bien loin de Quatrième-Saison. Bien sûr, sa famille ferait certainement le voyage avec lui, mais pas Míririen. Ameanor redoutait alors de se retrouver de nouveau enfermer dans une prison de solitude, et avait une peur viscérale de l’affronter après ce qu’il avait connu. Ainsi, il se retrouva incapable de choisir une voie pendant deux ans après son 70ème anniversaire. Mais une nouvelle inconnue vint perturber l’équation insoluble dans laquelle l’enfant était plongé. Un soir, alors qu’Ameanor retournait dans la maison familiale, il trouva ses parents au côté d’un elfe habitué à venir leur demander de l’aide pour ses projets. Cet elfe de grande taille, aux cheveux cendrés et aux yeux d’un bleu si pâle qu’il en tirait sur le blanc vint alors à sa rencontre et se baissa pour se mettre à sa taille.
- Bonjour, jeune elfe. Je suis Edhelron Maxasíma, et, bien que tu ne me connaisses pas, je m’intéresse à toi depuis quelque temps déjà. Sa voix était profonde, et son regard, perçant. En discutant avec ta famille et tes professeurs, j’ai pu m’apercevoir que tu as l’envie d’apprendre la magie, mais, après toutes ces années où je viens ici, je ne crois pas que tu puisses trouver ton bonheur dans l’académie. Je vois en toi un grand potentiel, une véritable envie de comprendre le monde qui t’entoure et les règles qui le régissent. C’est pourquoi je viens t’offrir un nouveau choix : je peux t’offrir de devenir mon élève. L’immatériel est mon domaine, et la lumière, ce mystère pourtant omniprésent dans nos vies, est mon champ de travail. Si tu acceptes mon offre, je t’apprendrai à manipuler la magie de la lumière, et à l’utiliser pour comprendre notre monde et ses beautés. Tu resteras alors ici, à Quatrième-Saison, mais tu ne profiteras pas de l’immense bibliothèque de l’académie, et tes contacts avec ceux qui y travaillent seront plus… Complexes.
Ameanor lança un regard surpris à ses parents, restés en retrait. L’opportunité qu’on lui offrait semblait trop belle, et il avait encore du mal à le croire. Edhelron se releva alors, et lança un sourire à Ameanor.
-Tu n’as pas à me répondre tout de suite. Ce choix est d’une importance capitale pour toi, c’est plutôt bon signe si tu préfères prendre ton temps pour le faire. Sache simplement que la voie que je t’offre est bien là.
Sur ces derniers mots, le mage salua la famille et prit congé. Bien qu’Ameanor n’ait jamais accordé une attention particulière à ceux qui venait demander des ouvrages à sa famille, celui-ci était bien reconnaissable. En effet, Edhelron venait régulièrement proposer des projets d’outillage à son père, ou d’œuvre plus fine à sa mère. Le mage de lumière proposait quelques fois, en période de fête, un instant de féerie dans la ville, manipulant la lumière pour la transformer en un spectacle sylvestre ou aérien, en y intégrant parfois des œuvres de métal. Néanmoins, Ameanor n’était pas prêt à accepter l’offre inespérée sans se renseigner un minimum.
Ainsi, il apprit de ses parents quelques bribes de l’histoire du mage. Originaire d’Alëandir, il avait appris la magie dans l’académie et y était resté pendant des siècles. Néanmoins, il avait un caractère assez fort. Non pas qu’il fasse souvent de grands éclats, mais plutôt que lorsqu’il avait une idée en tête, il l’appliquait quels que soient les avis de ses confrères ou supérieurs. Et son fort caractère était peu compatible avec celui de l’archimage de son époque, Caranthir. Lorsque, à la 300ème année du Xème cycle, le roi Glorfindel fut assassiné et que Caranthir devint régent, c’en fut trop pour Edhelron. Lui qui prônait la déconnexion complète de la magie avec les instances de pouvoir séculier voyait l’archimage en personne prendre la couronne ! Mais, se retrouvant avec peu de soutien, il décida simplement de partir, prophétisant que la fin de l’académie serait proche, et qu’elle perdrait son statut de sanctuaire de la connaissance pour devenir un outil de pouvoir. Bien entendu, le temps lui donna tort, et l’académie continua sa mission, mais sa fierté ne le fit jamais admettre la réalité (d’aucuns parleraient d’une véritable tête de mule lorsqu’il s’agissait de le décrire). En cette 385ème année du Xème cycle, cela faisait bien 80 ans qu’il vivait à Quatrième-Saison, et ses contacts avec l’académie se résumaient à quelques lettres froides pour faire part de ses travaux ou demander une copie d’un manuscrit. Lorsqu’il avait dit que les relations qu’Ameanor entretiendrait avec l’académie seraient certainement complexes, ce n’était alors pas simplement dû à la distance.
Néanmoins, Edhelron était un elfe sérieux, méticuleux et honnête, bien qu’assez froid. Sa maîtrise et sa compréhension de la magie étaient assez reconnues, même à l’académie, et une douce poésie sommeillait en lui, se révélant lorsqu’il partageait avec la ville ses œuvres mûrement réfléchies pendant les jours de fête. Ce fut apprenant ces caractéristiques que le choix définitif d’Ameanor fut fait : il apprendrait la magie de la lumière ici, à Quatrième-Saison, loin de la plus grande source de savoir de l’Anaëh (et, certainement, du monde), mais avec un maitre compétant et avec la présence de ses proches.
Ameanor passa sans grande difficulté les tests pour se lancer dans l’apprentissage de la magie : son choix était fait, et il s’y accrocherait avec une volonté sans faille. Ainsi, il partit vivre un temps avec son nouveau maître, ne revenant que pour de courts instants dans la maison familiale. À partir de ce moment, il dut s’éloigner de Míririen, étant particulièrement pris par ses études, mais il ne coupa pas les ponts pour autant. Les longues années que durerait l’entraînement d’Ameanor, du réconfort lui sera toujours accordé avec quelques simples soirées passées, comme dans sa plus jeune enfance, à regarder les étoiles pendant que sa comparse dessinait un monde dans lequel elle incorporait de plus en plus de verdure, bien qu’elle soit absente de la ville.
L’entraînement en lui-même commença par de la théorie et par des exercices de concentration (bien souvent, en même temps). Dans ses premiers jours, il fut demandé à Ameanor de lire certains manuscrits traitant de la nature de la magie et d’en faire une synthèse afin de le forcer à comprendre correctement. Ainsi, il se lança dans cette tâche complexe et fastidieuse. Cependant, après quelques heures difficiles, son maître entra dans l’étude où il avait été laissé et s’assit simplement sur une chaise en observant l’enfant. De plus en plus mal à l’aise, ce dernier fini par perdre totalement sa concentration, et ne plus avancer dans sa tâche. Quand il finit par s’enquérir d’un potentiel problème, Edhelron fit un sourire avant de lui répondre.
- Voici une première leçon pour toi : apprends à garder ta concentration, et ce, qui qu’il se passe autour de toi. Si de simples regards suffisent à te distraire, alors jamais tu ne réussiras à maîtriser la magie. Elle briserait ton esprit et ton corps avant que le moindre sort ne prenne forme. - C’est injuste, répondit Ameanor, si j’avais su que l’exercice était de rester concentré quel qu’en soit le coût, j’aurais eu de bien meilleures performances… - Tu apprendras bien vite qu’on ne soupçonne jamais ce qui va arriver autour de nous, jeune elfe. Cesse d’argumenter, et va nettoyer la bibliothèque. Je ne veux plus voir un grain de poussière sur ces étagères, et pas plus au-dessus !
HRP:
Dernière édition par Ameanor Sindënellë le Dim 15 Jan 2023 - 21:22, édité 2 fois
Ameanor Sindënellë
Elfe
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Sujet: Re: Ameanor Sindënellë Dim 15 Jan 2023 - 18:14
Suite et fin de l'histoire :
Sans essayer de parlementer plus, Ameanor partis vers la bibliothèque. Il ressentit une certaine forme de colère en se voyant dévolu une tâche qui lui paraissait bien loin de l’apprentissage pour lequel il avait signé. Néanmoins, alors que le même schéma se répéta encore et encore, il comprit rapidement que le nettoyage n’était, tout comme ses lectures, qu’un prétexte. Chaque fois, il devait atteindre des endroits plus difficiles d’accès, le laissant exténué lorsque tout était propre. Parfois, il était envoyé comme courrier, et devait faire ses allers-retours en courant au vu des impératifs de temps qui lui étaient demandé. Tout ceci n’avait pour but réel que de le maintenir le plus possible en forme physique, son maître sachant pertinemment que la maîtrise des énergies magiques puisait grandement dans les forces de l’artiste qui essayait de les manipuler.
Pendant plusieurs mois, les exercices d’Ameanor suivirent le même schéma. Lorsqu’il parvenait à faire outre de la présence de son maître pendant ses études, ce dernier commençait à faire du bruit, à parler seul. Et si son élève parvenait à maintenir sa concentration, quelques jeux de lumière provoqués par magie finissaient toujours par avoir raison de lui. Près d’un an passa de la sorte, sans que jamais Ameanor ne parvienne à terminer ses exercices. Mais un soir, alors qu’il observait les étoiles en utilisant l’astrolabe qui lui avait été offert dans sa jeunesse pour évacuer le stress provoqué par ses multiples déceptions, Edhelron vint le rejoindre. Il observa son apprenti, plongé dans son œuvre, se racla la gorge, mais il n’y eut aucune réaction. Ses oreilles se dressèrent légèrement, peut-être, avait-il trouvé exactement ce qu’il fallait pour son élève ? Il tenta quelques tours, finissant par faire virevolter des lumières tels des feux follets autour d’Ameanor, mais celui-ci resta plongé dans ses activités. Edhelron s’en alla, heureux de sa trouvaille.
Ainsi, l’apprentissage d’Ameanor prit une nouvelle routine. Si, dans les décennies qui suivirent, il continuait à apprendre des manuscrits, parfois avec l’aide de son maître, des entraînements plus pratiques prirent place au crépuscule ou quelques heures avant l’aube. À ces périodes, Edhelron profitait des grandes capacités de concentration de son élève, qui finit naturellement par utiliser son astrolabe comme focaliseur. Après des décennies à tracer des cartes des étoiles et de leur mouvement, Ameanor devenait capable de prévoir où les étoiles inscrites sur son instrument se trouveraient. En le plaçant dans le creux de sa main, il faisait alors tourner les cadrans pour les mettre en position souhaitée dans son esprit. Puis, traçant des lignes imaginaires pour relier les étoiles qu’il continuait de placer tout en regardant le ciel, il dessinait le sort qu’il souhaitait façonner.
Pendant 151 ans, Ameanor resta élève d’Edhelron, bien que, pendant les deux dernières décennies, il ne conserva ce nom plus par habitude et respect envers son percepteur que par nécessité. L’immense importance que celui-ci apportait à la compréhension du phénomène magique avait développé l’esprit critique et analytique d’Ameanor. L’envie de comprendre la véritable nature et le fonctionnement du monde s’était particulièrement renforcée en lui pendant ces années. Il finit même par émettre l’hypothèse que lumière et magie étaient deux phénomènes qui étaient régis par des lois similaires, puisque les deux forces semblaient immatérielles, mais réagissaient pourtant avec la matière. Ainsi naquit une véritable obsession : celle de comprendre les lois qui dirigent la lumière (semblant bien plus accessible pour un mage la maîtrisant) pour avoir un aperçu de celles qui devraient régir la magie. La pratique enseignée par Edhelron, basée sur une réflexion préalable à chaque sort, et sur la précision de la manipulation de la magie, quel qu’en soit le coût en temps, semblait, aussi, parfaitement adaptée à nourrir les questionnements d’Ameanor. Ainsi, à ses 223, celui-ci termina son apprentissage. Néanmoins, le monde ne s’était pas arrêté durant cette longue période, loin de là.
En effet, Ameanor passa son adolescence à étudier et devint adulte, à ses 120 ans, tout en restant apprenti. Cependant, peu de choses marquantes se sont passées pour lui à cette période, hormis son choix de conserver le nom de son père, Sindënellë. La décennie suivante, celle du passage à l’âge adulte de Míririen, fut bien plus importante. Durant cette cérémonie, cette dernière prit le nom de sa mère, Orontë, et, dans l’allégresse de la fête qui suivit, dansa et chanta pendant de longues heures. C’était une femme souriante et pleine de vie, qui aimait discuter, rire et bouger. La mondanité lui plaisait et les festivités lui apportaient du bonheur. En face, Ameanor, solitaire, préférait rester dans l’ombre, et observait de loin ses concitoyens. Mais, durant ces festivités en particulier, son cœur e serra. Míririen était devenue magnifique à ses yeux, et la voir si heureuse par une chose qu’il ne pourrait jamais lui apporter, jamais partager avec elle, le plongeait dans une profonde mélancolie.
Le soleil s’était couché depuis bien longtemps quand, finalement, il décida de s’esquiver. Au début, il déambula dans la ville, sans que son mal être ne passe. Puis, il se rendit compte que ses pieds le menaient au sanctuaire de Kÿria, doux lieu de sa rencontre avec Míririen. Il se dirigea vers l’arbre où qu’ils avaient grimpé presque un siècle plus tôt, et s’assit sur la même branche qui les avait soutenus. Alors, il contempla la ville, et le lac au-dessus duquel il voyait les énergies magiques former de grands rayons argentés autour desquels des feux-follets turquoises semblaient danser. Pendant une heure, l’elfe resta ainsi, à contempler la nature s’épanouir devant lui, tout en s’enfonçant dans la mélancolie. Il entendit alors quelques craquements non loin de lui, et vit le visage de Míririen sortir des feuillages.
- Je ne te voyais plus… Je me disais bien que je pourrais te retrouver ici, dit-elle en posant une main sur son épaule.
Il y eut un bref silence, pendant lequel Míririen s’assit au côté d’Ameanor, en balançant ses jambes d’avant en arrière, comme à son habitude.
- Je suis désolé… Reprit-il alors. Tu t’amusais tant, je me suis dit que tu n’avais pas besoin de moi pour gâcher ta fête.
Les oreilles de Míririen s’affaissèrent légèrement avant qu’elle ne pose sa tête sur l’épaule d’Ameanor. - Les fêtes ne sont que des instants. Ils sont précieux, mais jamais ils ne rempliront une vie.
La main d’Ameaor vint alors attraper celle de Míririen, et un silence de quelques minutes prit place. Les deux jeunes adultes regardaient le lac, profitant de la chaleur qui irradiait de leur main.
-Parfois, j’aimerais savoir ce que ça fait, de voir le monde avec tes yeux… Chuchota alors Míririen.
Les oreilles d’Ameanor se dressèrent, et une nouvelle lueur éclaira son regard tandis qu’il descendait de l’arbre.
- Suis-moi, et attends un peu ! Dit-il alors avec enthousiasme.
Il attrapa l’astrolabe qu’il gardait en pendentif sous son habit, l’ouvrit et regarda le ciel. Il tourna le cadran de l’appareil tout en reliant des étoiles imaginaires. C’était encore tôt dans son apprentissage, et la première fois qu’il osait pratiquer la magie sans supervision, et le tâche fut bien plus ardues (et mal réalisée) qu’escomptée. Au bout de quelques minutes, il parvint, en partie, à modéliser son sort. Alors, devant les yeux émerveillés de Míririen, un lac miniature se matérialisa, et des rayons lumineux se projetèrent dessus. Des lueurs se mirent à bouger, dans une danse quelque peu saccader, à la manière qu’Ameanor voyait, au loin, le vrai lac. Les couleurs de son sort étaient délavées, sans éclats comparés à ce qu’il voyait, et il s’effaça bien plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Le sort laissa l’elfe essoufflé, et il dut reprendre son souffle, le dos courbé et les mains posées sur ses genoux pendant quelques instants. Lorsqu’il se redressa, il vit l’émerveillement de Míririen, qui vint le serrer contre lui en lui susurrant un simple merci. Ameanor lui rendit son étreinte, tandis que Míririen avança son pied devant elle, faisant reculer le sein. Elle lança alors une lente valse dans l’herbe, et les deux elfes posèrent leur front l’un contre l’autre, se regardant droit dans les yeux. Ce fut en cet instant qu’ils surent tous les deux qu’ils voudraient passer le restant de leur vie ensemble. Ce fut en cet instant, si précieux, qu’Ameanor sut qu’il avait fait le bon choix de rester à Quatrième-Saison.
Ameanor et Míririen ne se marièrent cependant pas de suite. Ameanor voulait tout d’abord finir son apprentissage, mais très nombreuses étaient les nuits où ils se retrouvèrent par la suite. Míririen, qui avait dès son plus jeune âge, un don pour le dessin, en avait un encore plus grand pour les couleurs. Elle avait fait de leur conception son métier. Et rien ne lui faisait plus plaisir que de venir au crépuscule, pendant qu’Ameanor s’entraînait avec son maître, pour s’émerveiller et reproduire leur création sur du bois ou du papier. Le temps s’écoula ainsi, jusqu’à l’année 501 du Xème cycle, pendant laquelle le frère d’Ameanor, Eranor, naquît. Ameanor avait presque fini ses études de magie avec son maitre, mais n’y mit pas un terme pendant les deux décennies qui suivirent, trop occupé à passer du temps avec sa famille.
En effet, Ameanor ressentit une profonde joie à la nouvelle et se trouva des qualités inattendues avec le nouveau-né. Très présent, il l’accompagna dans les 20 premières années, jouant avec lui et le guidant le mieux qu’il pouvait, bien souvent, avec l’aide de Míririen (sans pour autant remplacer ses parents, qui n’eurent pas moins d’attention pour cet enfant que pour leur premier). Finalement, tandis qu’Eranor s’approchait de l’âge de ses premières classes, Ameanor quitta le domicile de son maître pour retourner dans celui de sa famille tandis qu’il était jugé apte à maîtriser seul la magie.
Les choses ne restèrent pas longtemps ainsi. Ameanor et Míririen prirent tous, pour le simple fait qu’il était ainsi plus aisé pour chacun d’exercer son métier. Néanmoins, il n’était pas rare que l’un des deux soit dans le domicile de l’autre pour plusieurs semaines. C’était une période bâtarde, ou ni l’un ni l’autre ne cherchait à se marier, mais où les deux voulaient rester ensemble. Míririen était de plus en plus occupée, travaillant à aider les architectes, influents dans la ville à embellir leurs constructions avec des couleurs tantôt chatoyante, tantôt discrètes. Ameanor commençait, lui, à utiliser sa magie aux fins de sa recherche, tout d’abord astronomique, cherchant à tordre les rayons provenant d’objets lointains pour en changer l’image perçue, puis sur la lumière elle-même. Mais aucun moment de leur journée n’était plus doux que lorsqu’ils pouvaient se retrouver, passer simplement du temps l’un avec l’autre, combinant peinture de mille couleurs et œuvre d’illusion pour leur simple plaisir visuel.
Les années s’écoulaient, simples, faites de petites victoires, de difficultés du quotidien et de plaisirs éphémères. Eranor, le frère d’Ameanor, grandit, et suivit les pas de sa mère, devenant un véritable artiste du métal précieux. Il était bien différent de son frère, même s’il partageait sa curiosité naturelle. Là où Ameanor était calme et réservé, Eranor avait le sang chaud et était particulièrement extraverti. Agile et gracieux, il aimait profiter de la vie, et partager avec autrui. Néanmoins, lorsqu’il était blessé, sa rancune était particulièrement tenace. Ce trait de caractère fut à l’origine du premier conflit d’importance qui toucha Ameanor.
En effet, alors qu’approchait la 700ème année du Xème cycle, si la vie paraissait simple et douce dans Quatrième-Saison, des temps sombres ne tarderaient plus à arriver. A la naissance d’Eranor, son père, Thanrion, était devenu de plus en plus anxieux, avec un conflit avec les Noss qui faisait rage depuis un siècle. Avoir un second enfant lui avait provoqué une sorte d’électrochoc, voyant tout ce qu’il avait à protéger dans un monde qui lui semblait devenir plus dangereux. Ainsi, il avait progressivement abandonné le façonnage d’outil comme il l’avait toujours fait depuis des siècles pour commencer à fabriquer armes et armures. Bien vite, il s’intégra dans les forces armées comme forgeron de campagne, réparant le matériel abîmé pour des unités en déplacement. Et, lorsque les combats avec les Noss cessèrent en 570:X, Thanrion s’était déjà engagé trop loin dans sa voie pour en revenir. Ainsi, dans l’année fatidique 700:X, alors que les nouvelles d’Alëandir devinrent particulièrement inquiétante, il suivit une unité envoyée à la capitale. Ameanor, bien qu’il ne cautionnait pas les actions de son père, pouvait comprendre cet elfe, qui, au final, ne souhaitait que construire un meilleur avenir à ses enfants. Eranor, lui, fut profondément blessé par ce départ et le vécu comme un véritable abandon. Jamais il ne put pardonner son père, pas même lorsque, après des mois sans nouvelles, l’on vint leur annoncer son trépas. Ce premier contact avec le deuil toucha réellement Ameanor, et le conflit qu’entretenait son frère ne le rendait que plus difficile. Celui-ci ne vint même pas aux cérémonies, laissant sa mère et lui-même s’occuper de tout.
Néanmoins, cette mort prématurée fit prendre conscience à Ameanor du temps qui s’envolait, des années qui portaient toujours un risque, même lorsque l’on est éternel. Ainsi, en 712:X, Ameanor et Míririen prirent enfin la décision de se marier. Ce mariage se déroula au sanctuaire de Kÿria, et, de cet événement, une phrase reste particulièrement écrite dans la mémoire d’Ameanor :
Rhoenîn no lîn, gurenîn no lîn Athra'cuilemen ada thar'i fern Si adh an-uir
Les amants avaient choisi de prononcer les vœux d’éternité, scellant devant la communauté leur amour vieux de plusieurs siècles. À cette occasion, les époux reçurent un cadeau de leur famille respective : deux anneaux, symbole de leur trajectoire commune, destinée à toujours s’enrouler l’une dans l’autre. L’anneau que reçu Ameanor était d’or blanc, prenant la forme d’une spirale à une seule boucle tournant dans le sens horaire. Celle-ci commençait simplement par le métal brillant et se terminait sur un saphir. Reprenant le même schéma, mais tournant dans le sens antihoraire, l’anneau de Míririen se terminait sur un rubis brillant. Ces bijoux, parmi les rares que les deux elfes portaient, symbolisait deux étoiles particulièrement brillantes dans le ciel : l’une à l’éclat bleutée et l’autre rougeoyante. Lorsque la trajectoire de ces deux étoiles est tracée sur une carte du ciel, l’on s’aperçoit qu’elles forment toutes deux une sorte de boucle rentrant l’une dans l’autre. Et, telles ces étoiles, liées pour l’éternité, les Souffles des nouveaux époux semblaient vouloir danser ensemble pour toujours.
Quelque temps après leur mariage, Míririen présenta une de ses dernières découvertes à Ameanor. L’artiste était en perpétuelle recherche de nouvelles couleurs, de teintes parfois plus éclatantes, parfois aux tons plus pastel, et elle sortait régulièrement de la ville pour trouver, dans la nature, de quoi les créer. Dans ses pérégrinations, elle était tombée sur une colline relativement peu étendue, mais escarpée et d’une centaine de mètres de hauteur. Cette colline était située à une quarantaine de minutes de marche au sud de la ville, et son relief, qui la rendait difficile d’accès, apportait une protection bienvenue aux proies qui y avaient installé leurs terriers. Ce nombre foisonnant d’espèce avait permis un exceptionnel développement de la flore sur la colline, la rendant d’autant plus inextricable. Par un heureux hasard, Míririen s’était retrouvée devant un petit sentier, certainement creusé par le passage d’animaux. Intriguée, elle le suivit tant bien que mal, s’écorchant à plusieurs reprises. Après une pénible ascension dans les broussailles, elle déboucha sur une clairière relativement circulaire, d’une centaine de mètres de diamètre et entourées de proies rocheuses abruptes. La paroi montait encore sur une dizaine de mètres au fond de la clairière avant d’attendre le sommet de la colline, et un petit ruisseau d’eau glacée et cristalline y coulait. Peu d’arbres avaient poussé ici, mais il s’y trouvait un grand nombre de fleurs aux pétales tombantes, à la base d’or et finissant sur des reflets argentés. L’endroit était calme et magnifique, un havre de paix qu’elle partagea avec son mari.
Ce lieu enchanteur correspondait exactement au souhait du couple. C’était une place isolée, qui promettait une tranquillité à Ameanor, loin du monde besogneux de la cité, et suffisamment loin de la ville pour que sa pollution lumineuse ne vienne plus déranger ses observations du ciel. D’un autre côté, Míririen avait de plus en plus de mal à supporter la ville de Quatrième-Saison, où toute trace de nature disparaissait au profit de la pierre. Elle aspirait à retrouver un peu des mille couleurs que le végétal sait prendre. Ainsi, ils prirent la décision de sortir des murs de la ville et de s’installer dans cette clairière. Bien sûr, cette décision ne fut pas actée instantanément, et les époux préparèrent minutieusement leur installation. Heureusement, les contacts de Míririen avec la maison des architectes aidèrent grandement dans l’œuvre qui s’annonçait. Tout d’abord, un chemin praticable fut défriché et pavé sur le flanc de la colline. Celui-ci serpentait jusqu’à la clairière, à environ 90 mètres du bas de la colline, et il fallait bien une quinzaine de minutes pour le traverser entièrement à pied. Ce travail prit des mois, mais ouvrit la voie à la construction de l’habitat de la nouvelle famille.
Le long travail de construction qui suivit aboutit à la création d’une maison de pierre circulaire. La pièce centrale était circulaire, d’un diamètre d’une vingtaine de mètres et avec un toit en forme de dôme, culminant à environ cinq mètres de hauteur. Un large trou au centre du dôme faisait entrer la lumière dans la pièce, autrement illuminée avec des bougies protégée de verre. De nombreuses étagères qui se remplir progressivement de documents en tout genre étaient stockés ici, expliquant la précaution autour des bougies. Mais le point central de la pièce était bel et bien son dôme, qui, avec le temps, se remplit d’étoiles et de fines lignes. Il était conçu pour qu’en sélectionnant les lignes correspondant approximativement à la date, il soit possible d’observer une réplique du ciel étoilé au-dessus de Quatrième-Saison. La pièce deviendrait alors, avec les siècles, une œuvre conjointe d’Ameanor et de Míririen, l’un traçant les trajectoires des astres, et l’autre, les reproduisant sur le dôme, et les habitants de Quatrième-Saison donnèrent le surnom de maison des étoiles à la bâtisse. Autour de cette pièce centrale, accessible depuis de hautes portes de bois, se trouvaient les pièces à vivre, et, fait peu courant pour des elfes, une chambre unique pour le couple, qui était si proche que la simple chaleur de l’autre dans le lit était un vrai réconfort. Enfin, sur la paroi rocheuse, au fond de la clairière, des escaliers furent taillés et un promontoire de pierre, créé, servant à Ameanor d’espace d’observation du ciel.
Ainsi se déroulèrent des décennies de vie commune, quelque peu éloigné de la cité tout en restant dans ses faubourgs. Un petit jardin de fruit et légume permettait au couple de subvenir à leur besoin, mais, la ville n’étant pas à plus d’une heure de marche et Míririen y retournait bien souvent, ne serait-ce que pour retrouver amis et famille. Ameanor, lui, restait généralement dans sa maison et limitait les contacts avec les autres (ce qui lui convenait très bien). Néanmoins, jamais un elfe ne fut refusé dans le bâtiment. De par son emplacement, il devint une place où aller pour s’éloigner quelques heures de la ville lorsque l’on désirait paix et tranquillité, et n’importe qui était le bienvenu, tant qu’il respectait la paix et la tranquillité du dôme étoilé.
En 769:X, une nouvelle épreuve survint pour Ameanor. Sa mère, pourtant pas réellement vielle pour son espèce, se laissait mourir. Son mari était décédé, et ses deux enfants avaient grandi et vivaient leur vie d’adulte depuis bien longtemps. Ses activités habituelles ne la faisaient plus vibrer comme autrefois, et la vie ne semblait plus rien avoir à lui apporter. Ce lent déclin, qui fut bien vite encadré par les prêtres de Tari, avec la présence d’Eranor, fut un fardeau trop lourd pour Ameanor. La douleur de voir cet être cher quitter le monde des vivants, ce roc qui l’avait soutenu toute sa vie s’en aller, était trop pour lui. Il se retrouva incapable d’accompagner sa mère vers sa fin de vie, préférant rester caché dans ses études, loin de la ville.
Quelques décennies plus tard, en 820:X, ce fut au tour de son ancien maître, Edhelron, de se laisser mourir. Celui-ci avait dépassé le millénaire depuis plus d’un siècle déjà, et sa volonté de continuer à vivre s’était éteinte. Cette fois, Ameanor eut la force de l’accompagner dans sa fin de vie. Il était toujours proche de ce vieil elfe, mais ce n’était rien en comparaison du lien qui l’unissait avec sa mère, et les douleurs provoquées par les pertes de ces deux êtres chers n’étaient alors pas comparables. Néanmoins, qu’Ameanor prit soin de son maître, mais pas de sa mère créa un ressentiment chez son frère, Eranor. Celui-ci s’était assagi avec le temps, mais un froid s’installa tout de même entre les deux frères, qui dura pour des décennies et qui eurent pour conséquence d’isoler encore plus Ameanor de tout contact social.
Après ces difficiles événements, un long siècle s’écoula paisiblement. Míririen et Ameanor continuèrent leur vie à deux dans la paix et l’amour, le dôme étoilé se remplit lentement, et un nombre toujours plus grand de manuscrit vinrent enrichir les étagères de la Maison des étoiles. Ameanor passa de longues années à utiliser sa magie pour manipuler la lumière pour essayer de la comprendre, la tordant, la tournant, la compressant ou la détendant, la recombinant ou la décomposant pour en tirer des effets parfois bien inattendus, tel que des extinctions sans raison, ou des chaleurs anormales. Ce siècle fut prolifique dans ses écrits, tant sur l’astronomie et comment utiliser la magie pour l’étudier plus efficacement, que sur la nature de la lumière. Il transmit plusieurs de ses écrits à l’académie d’Alëandir à cette époque, sans vraiment à chercher de retours particuliers, afin de partager ses connaissances et ses théories. Mais un nouvel évènement vint perturber le quotidien d’Ameanor, un événement merveilleux cette fois. En effet, vers la fin de l’an 924:X, Míririen lui apprit une fabuleuse nouvelle : elle était enceinte.
Ainsi, en la 925ème année du Xème cycle, non pas une, mais deux filles naquirent, des jumelles, la chair et le sang d’un couple lié d’un amour profond depuis six siècles. Les deux bébés furent nommés Taethriel et Filecthel, deux petites créatures aux cheveux d’argent de leur père et aux yeux présentait un fin anneau autour des pupilles de la couleur d’ambre de leur mère et se terminait par la turquoise de leur père.
Que dire des années d’allégresse qui suivirent ? En occultant toutes les difficultés inhérentes aux nouveaux nés, qui, de toute manière n’était rien face à la venue de ces petits êtres dans la vie du couple ? Ou montrer ces petites fenêtres de vie, telle que cet après-midi où Míririen peignait des oiseaux en extérieur tandis qu’Ameanor, pour amuser ses filles, en fit apparaître tout une volée coloré. Peut-être raconter comment, en ce jour heureux, tandis que les oiseaux de lumière tournoyaient autour des enfants, Taethriel essaya d’attraper une hirondelle, et Filecthel, un colibri, simple hasard leur accordant les surnoms respectifs de petite hirondelle et petit colibri ? Mais, comme certains l’auraient très bien fait remarquer, ces instants ne suffiraient pas à montrer la fierté et le bonheur que vivait la nouvelle famille. Finalement, le simple fait de voir une nouvelle vie s’épanouir, dans un foyer chaleureux, au milieu des fleurs et des arbres, sous un ciel étoilé, est une image suffisante pour comprendre ce que ressentait Ameanor des années de petite enfance de ses filles.
Lorsque celles-ci grandirent, et durent rejoindre leur première classe, les deux nouveaux parents s’organisèrent pour accompagner et aller chercher leurs filles chaque jour dans l’enceinte de la ville. Régulièrement, Eranor, dont les relations s’étaient finalement apaisées avec son frère, gardait un œil sur elles jusqu’au moment où Ameanor ou Míririen puissent venir. Avec les nouvelles expériences que les jeunes enfants vivaient, leur caractère s’affermissaient et se différenciaient. Taethriel était plus extravertie, cherchant le contacte et le jeu. Elle était curieuse et intéressée par tout ce qui l’entourait, questionnant toujours tout. Elle ne tenait pas en place, et, bien souvent, il fallait courir partout pour retrouver la petite fille, parti suivre une graine pelucheuse s’envolant au vent. Filecthel, elle, était plus calme et sage. C’était une enfant plutôt réservée, bien que loin de ce que pouvait être son père dans son enfance. Elle aimait retrouver sa mère et dessiner à ses côtés pendent les journées, ou monter jusqu’au promontoire de son père le soir, lorsqu’il observait et annotait les positions des étoiles, regarder le ciel et imaginer un univers différent, bien à elle. Si, dans leur apparence physique, les deux jumelles ressemblaient de plus en plus à leur mère, avec leur visage triangulaire et leur nez droit, il devint rapidement évident qu’elles avaient toutes deux hérité de la capacité de voir la magie de leur père. Après quelques années de classes, elles s’en aperçurent aussi, Taethriel la ressentant comme des vibrations autour d’elle et Filecthel, la voyant comme des étendues d’eau aux couleurs changeantes, tantôt lévitant dans le ciel, tantôt coulant au sol.
Mais, si l’espoir d’une vie sans encombre dans une bulle paradisiaque avait été touché du doigt par Ameanor, la triste réalité vint de nouveau frapper à sa porte. Et cette triste réalité, il n’était pas le seul à la vivre. En effet, le millénaire touchait à sa fin et l’éclipse qui devait l’accompagner était, tout d’abord, attendue avec excitation par Ameanor. Un événement astronomique qu’il ne pourrait certainement observer qu’une fois dans sa vie était plus que bienvenu ! Et force est de constater qu’il fut servi. Bien trop même. Lorsque les heures devinrent jours, l’excitation fit place à l’incompréhension, puis à l’inquiétude. Ça ne devait pas arriver, pendant des siècles d’observation du ciel, les astres étaient toujours restés fidèles aux trajectoires cycliques auxquelles ils étaient assignés. Le mouvement ne s’arrêtait jamais, comme les phases de la Lune et les cycles du jour. Et pourtant, l’évidence était là, devant ses yeux… L’éclipse ne s’arrêtait pas, et le voile ne faisait que commencer. Et, avec lui, le monde changerait pour toujours.
Malgré ces temps troublés, Ameanor et sa famille ne quittèrent pas leur demeure. Elle était devenue bien trop importante à leurs yeux, symbole de siècles de travail pour assembler des manuscrits et recherches, de siècles de création de pigments magnifiques et d’exploration de la voûte céleste. De fait, Quatrième-Saison fut certainement la ville la moins touchée par les événements du voile, ce qui expliquât aussi leur décision. Néanmoins, Míririen comme Ameanor se montrèrent bien plus protecteurs avec leurs filles, refusant même qu’elle ne quitte la maison sans eux. Pour leur bon développement, ils décidèrent tout de même de continuer de les amener en ville afin de suivre leurs classes, elles qui n’avaient que 74 ans. Cependant, l’un des deux parents restait toujours en ville pour garder un œil sur leurs enfants.
Les jours devinrent des ennéades, et le voile semblait ne jamais vouloir s’arrêter. Plusieurs étaient passés lorsqu’Ameanor, une nouvelle fois, emmena ses filles dans l’enceinte de la ville. Les gens, de plus en plus inquiets, venaient l’aborder en ville pour lui demander des explications, des raisons de ce qu’il se passait. C’était l’un, si ce ne le, plus grand spécialiste d’astronomie de la ville, il devait forcément savoir quelque chose… Mais, comme à chaque fois, la réponse était la même : il n’en savait rien. Rien de ce qui se passait n’avait le moindre sens. Les autres astres semblaient suivre leurs cours, comme si rien d’étrange ne se passait ici-bas, mais cette éclipse perdurait. Ameanor avait beau passer des nuits entières à reprendre ses calculs, à reprendre les trajectoires qu’ils prédisaient, il arrivait toujours à la même conclusion : tout ceci n’avait aucun sens. Et, après une nouvelle nuit blanche, Ameanor était particulièrement épuisé en cette journée.
Tandis qu’il retrouvait ses filles, Ameanor fit un tour chez son frère, en espérant y trouver du repos. Eranor l’accueilli à bras ouvert et le laissa se reposer. Cependant, inquiétée par la situation actuelle, Filecthel souhait rentrer au plus tôt et retrouver le confort et la sécurité de sa maison, là où Taethriel voulait encore profiter de la citée. Compréhensif face à la fatigue de son frère, Eranor proposa de ramener Filecthel, Ameanor n’aurait qu’à ramener Taethriel quand il se sentirait mieux. Ameanor accepta avec une grande gratitude, et se reposait encore lorsque, deux heures après, Eranor revint. Quelque temps plus tard, Ameanor força Taethriel à prendre le chemin du retour, alors qu’elle était fascinée par le travail de son oncle qui travaillait avec précision une broche à cheveux telle que celle qu’il avait fabriquée pour elle, décorée d’une hirondelle, et pour sa sœur, décorée d’un colibri.
Bien de mauvaise volonté, la jeune elfe prit le chemin du retour avec son père. Il faisait sombre dehors, plus que d’accoutumé puisque le ciel nuageux cachait la lumière que pouvait produire les autres astres dans le ciel. Taethriel n’en semblait pas gênée, à peine sortie de la ville, elle avait déjà oublié ses griefs contre son père et tontinait à côté de lui en lui tenant la main et en lui racontant sa journée avec enthousiasme. Quand ils arrivèrent au pied de la colline, l’enfant eut terminé son récit et les deux elfes continuèrent leur marche en silence. Arrivé à peu près à la moitié de l’ascension, le ciel se dégagea, laissant entrevoir quelques étoiles dans le ciel. Ameanor hésita quelques instants, il n’aurait peut-être pas d’autres opportunités d’observation, ne serait-ce que pour replacer la date et l’heure où ils étaient. Il demanda alors à sa fille de rester près de lui tout en sortant son astrolabe. Pendant quelques dizaines de minutes, il fit son œuvre. Puis, constatant en un soupir que les étoiles continuaient inlassablement leur cycle en ignorant le désespoir de ce monde, il allât retrouver sa fille, accroupie sur le côté du chemin. Cette portion du chemin avait été taillée dans le roc, et la pente était abrupte d’un côté comme de l’autre. Une barrière de bois protégeait du vide, mais Ameanor entendit quelques craquements inquiétants qui le poussèrent à ne pas s’attarder. S’accroupissant pour se mettre au niveau de sa fille, il lui dit :
- Vient, il vaut mieux rentrer maintenant. Ta mère va finir par s’inquiéter…
Il la releva alors en jetant un œil sur l’objet de l’attention de l’enfant, une racine qui sortait du sol, bord du chemin, et qui avait délogé un pavé. Il voulut s’éloigner, mais un grondement sourd l’arrêta net. Ameanor n’eut alors que le temps de ramener vers lui Taethriel avant que le sol ne se dérobe sous ses pieds.
Pendant quelques secondes, le monde devint fou. Terre, roches et branches roulaient sur la pente dans un terrible grondement, emportant avec eux les deux elfes dans le cri aigu de la petite fille. Douleur et terreur se mélangeaient avec un goût de sang dans une chute sans fin. Mais une seule chose restait imprimée dans l’esprit d’Ameanor : il devait tenir sa fille contre son cœur, quoi qu’il en coût, quelle que soit la douleur, quels que soient les douloureux craquements de ses membres qu’il ressentait. Tenir, c’était la seule chose à faire. Mais, vinrent alors le noir et le silence.
La colline s’était tue. Les roches ne roulaient plus, la folie s’était arrêtée. Ameanor ouvrit alors ses yeux en essuyant le sang qui y coulait de son front. Il avait du mal à respirer, et chacun de ses os et de ses muscles semblaient lui faire mal, mais il n’en avait cure. Il rampa vers Taethriel, vers sa petite fille allongée non loin. Il attrapa son bras, si froid, en chuchotant son nom. Il se redressa, se tenant tant bien que mal assis au-dessus de sa fille et souleva sa tête jusqu’à son menton. La douleur de son corps n’existait plus, ton son esprit n’était dirigé plus que vers une chose. Ce petit corps raide, froid et ensanglanté d’une enfant. Il la sera fort contre lui, comme pour y transmettre toute sa chaleur, tout son souffle. - Respire... Respire, je t’en prie… Susurra-t-il en un sanglot.
Ça ne pouvait pas être vrai… Pas ça. Ne pouvait-il donc pas donner sa vie en échange de celle de sa fille ? Pourquoi devrait-il être celui qui survi et pas elle ? Pourquoi ? Pourquoi ne respirait-elle toujours pas ? Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il rien faire !?
À quoi bon ! À quoi bon comprendre l’univers ! À quoi bon maîtriser ses forces, s’il était toujours impuissant face à ça ! Bougeant un bras, presque par réflexe, Ameanor se mit à dessiner dans le vide. Il ne pouvait pas, non, il ne pouvait pas accepter ça ! Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait faire, de ce qu’il était en train de faire, mais il ferait appel à toute sa puissance, à toute la magie qu’il pourrait rassembler, si seulement un simple souffle pouvait sortir de la bouche de son enfant ! Incapable de penser correctement, il rassembla néanmoins toute l’énergie qu’il put. Une lueur commença à émaner de lui. Ce n’était pas assez, l’elfe cherchait toujours plus de puissance. La lumière devint plus forte tandis qu’il sentait quelque chose se briser en lui, une force incontrôlable qui tirait, non pas sur sa chaire, mais sur son être. Bientôt, le monde physique ne fut plus que du blanc éclatant, et son Souffle semblait se déchirer, se déchiqueter, comme emportée dans un torrent et broyée contre des rochers. Il entendait, plus qu’il ne sentait, son cœur battre de plus en plus fort et irrégulièrement, il entendait le son de sa propre voix crier de douleur, comme s’il n’était plus lui-même dans son corps. -Ameanor !
Cette voix… Il s’y accrocha, comme une corde lancée dans le torrent.
- …Si adh an-uir.
Ces mots lui donnèrent la force de tirer sur la corde, et la lumière se dissipa. Ameanor sentit de nouveaux son cœur, et le souffle de son cri. Des mains le serraient contre un corps chaud, tandis que les siennes ne tenaient qu’un corps froid. Levant les yeux, il vit le doux visage de Míririen, les yeux fermés et la peau légèrement rougie.
Rien… Il n’avait rien fait. Après tout, il n’était qu’une luciole qui brillait dans le noir. Une luciole commandée à voir son monde s’éteindre avant de disparaître à son tour. Il explosa alors en sanglot, en posant son front sur le haut du crâne de sa fille, tandis que sa femme s’effondrait au sol en comprenant ce qu’il se passait.
Cinq jours plus tard, le ciel s’illuminait de nouveau des rayons du soleil. Mais ce soleil n’apporta ni joie, ni paix dans la maison des étoiles. L’on expliqua au couple que des arbustes qui poussaient sur la paroi rocheuse, en contrebas du chemin pavé menant à leur clairière, avaient grandi d’une façon inexplicable. On leur expliqua que leurs racines avaient affaibli la structure de la route, et que c’était même un miracle que d'autres accidents n’aient pas eu lieu au vu de l’état de certains tronçons. Des soigneurs et des mages de la vie se succédèrent, et soignèrent les plaies d’Ameanor, en lui expliquant quels os avaient été déboîtés, quelles côtes, brisées, et qu’il eut de la chance que le roc qui lui avait frappé le crâne ne l’eut pas tué. On lui expliqua à quel point il avait été chanceux de ne rester inconscient qu’une quinzaine de minutes, et que, alertée par le bruit et inquiète que ses proches soient encore à l’extérieur, Míririen ait couru vers le lieu du drame. On lui expliqua qu’il eut de la chance, encore une fois, que Míririen soit proche alors qu’il se perdait dans la lumière de son sort, et qu’elle réussit à le ramener vers le monde des vivants avant que son corps ne soit brisé. On lui expliqua qu’il s’en sortait bien, avec seulement de fines pâte d’oies aux bords de ses yeux, et de légers traits plissés sur son front. Vinrent alors les prêtres de Tari, qui leur expliquèrent comment ils réparaient le corps de leur fille pour ses funérailles.
Une procession sans fin, pleine de bonne volonté, et qui expliquait, encore et toujours. Mais Ameanor n’en avait cure. Personne ne pouvait lui expliquer pourquoi. Pourquoi, lui, avait survécu, là où sa petite hirondelle les avait quittés ? Pourquoi n’avait-il pas eut la force de la sauver, de la ramener ? C’étaient les seules pensées qui tournaient maintenant dans son esprit. Le monde s’activait, vivait et évoluait. Lui, semblait se voir de l’extérieur, immobile, silencieux. Simple luciole dans la noirceur de la nuit, qui voit un monde auquel elle n’appartient plus continuer son chemin. Les funérailles prirent place, et il se voyait toujours là, assis, sans réagir. Les mots lui parvenaient comme étouffés, les colleurs, comme fade, mourantes. Nuit ou jour ne faisaient plus de différence, le sommeil ne le prenait que quelques heures lorsque l’épuisement était trop grand, quelle que soit l’heure. Son esprit ne fut rappelé à son corps que lorsque, alors que l’on effectuait le rituel pour faire germer l’arbre de la tombe de Taethriel, planté au milieu des fleurs or et argent de la clairière. Filecthel, pleurant, vint alors se serrer contre son père. Míririen les rejoints, et Ameanor entrevit, comme au travers d’une lointaine lucarne, la lueur de leur aspiration à la vie, malgré leur immense douleur.
Enfin, Míririen vint placer la dernière lueur de Taethriel dans le bassin du temple de Tari, versant une dernière larme pour celle dont l’heure était venue bien trop tôt. L’histoire de Taethriel était terminée. Mais celles du reste de la famille devaient continuer. Et, pendant un an, elle continua tant bien que mal. Míririen, malgré une profonde mélancolie qui la prenait le soir, faisait de son mieux pour maintenir la demeure familiale en vie, multipliant les activités avec sa fille. Ameanor, lui, luttait pour sortir du noir et rejoindre la lucarne qu’il avait entraperçue aux funérailles. Il rejoignait le reste de sa famille pour participer aux activités, se plongeait dans des livres ou dans les étoiles, et allait au chevet de sa filles pour l’aider à s’endormir le soir.
Mais tout ceci n’était que cendre et poussière. Le cœur d’Ameanor ne pouvait plus ressentir aucune joie, aucune euphorie du moment présent. Ses sourires étaient teintés de tristesses, et les cernes sous ses yeux ne faisaient que souligner la peine de son regard. Les sorts qu’il essayait de matérialiser perdaient leur couleur et leur poésie, et ses feuilles de travail restaient désespérément blanches. Il avait beau lutter, il avait beau se débattre, la lucarne restait loin, et lui, restait seul dans le noir. Le drame était fini, la mort avait frappé, mais tous les vivants n’apprenaient pas de la même manière à continuer de vivre. Certains, même, ne parvenait pas à apprendre.
Alors que la première année après le drame se terminait, Ameanor devint apathique. Il passait désormais ses journées assis, regardant le vent faire remuer les fleurs autour de la pousse de l’arbre de Taethriel, ou l’eau du ruisseau au fond de la clairière couler sans considération de la vie autour d’elle. Un matin, alors qu’Ameanor n’eut, encore une fois, dormis que quelques heures, réveillé dans ses songes par un terrible grondement dans le noir et blanc de ses rêves, Míririen vint le rejoindre, assis au bord du lit conjugal. - Ameanor, nous ne pouvons plus rester.
Les oreilles basses, ce dernier plongea son regard fatigué dans les yeux rouges de sa femme. - La mort a trop marqué cet endroit. Nous avons besoin de vie, d’aide, de soutien. Filecthel a besoin de vie… J’ai besoin de vie…
Ameanor ne répondit toujours pas. Les mots se bousculaient dans son esprit, mais son corps n’avait plus la force d’en prononcer.
- Je vais amener Filecthel chez son oncle, et demain, nous partirons. - Je… Je ne peux pas, souffla alors Ameanor. - Je sais. Mais je ne peux plus rester, continua Míririen. - Míririen… Reprit Ameanor, je t’aime. - Et je t’aime aussi répondit Míririen en serrant le visage de son mari contre sa poitrine. Je t’aime, et je t’aimerais toujours, mais ce n’est pas suffisant. Nous… Je dois continuer à vivre, pour Filecthel.
En donnant un dernier baiser sur le front d’Ameanor, Míririen se releva.
-Je sais que tu sauras à me retrouver quand tu seras prêt. Nos Souffles danseront pour l’éternité ensembles, quoi qu’il arrive.
Sur ces derniers mots, Míririen partis avec sa fille, laissant seul Ameanor dans sa forteresse de peine et de solitude.
Les années qui suivirent, bien que récentes, sont floues dans l’esprit d’Ameanor, comme un rêve qui s’efface aux lueurs du matin. Les premiers mois suivant le départ de sa femme, il ne faisait simplement plus rien. Peut-être serait-il même mort d’inanition si son frère, qui l’aimait et s’inquiétait sincèrement pour lui, ne s’était occupé de lui. Eranor avait demandé de l’aide aux prêtres de Tari, mais, à la question de savoir si Ameanor cherchait la fin de sa vie, il n’eut qu’une réponse bien peu satisfaisante. Ameanor ne vivait déjà plus, il ne faisait tout au plus que de survivre. Son cœur souffrait trop pour qu’il puisse profiter de la vie, mais une autre force luttait, et l'empêchait d’abandonner. Une soif de vivre, terrée au plus profond de lui. Seul le temps pourrait dire quelle force remporterait la bataille de son Souffle. Néanmoins, il s’était enfermés dans le mutisme et la solitude, et la seule aide qui pouvait lui être donné était celle de le maintenir en vie, de le soigner et d’être présent. Un sacrifice long et difficile, qui durerait chaque jour sans répits ni gratitude. Un sacrifice qu’Eranor était prêt à effectuer.
Le temps passa alors, lent et cruel. Certains affirment que le temps guérit toutes les blessures, mais ce n’est pas toujours vrai. Parfois, il est comme les vagues s’écrasant sur une falaise. Implacable, il ronge et détruit tout espoir, toute joie. Et, lorsque l’on essaie de lever le bras hors de sa noirceur, une nouvelle vague vient inlassablement engloutir à nouveau le Souffle dans les ténèbres. Voilà ce que retient Ameanor des vingt années qui s’écoulèrent après le voile. Un long enchaînement de lutte pour retrouver la lumière, et de rechute dans les ténèbres, toujours plus profondes et avec toujours moins de prise pour en sortir, puisque le temps les rongeait inlassablement.
Cependant, si c’était bien là le ressenti d’Ameanor, ce n’était pas ce que voyait Eranor. Bien sûr, les rechutes étaient toujours là, terribles et déchirantes, mais, avec le temps, elles s’espaçaient de plus en plus. Après quelques années, Eranor voyait son frère de nouveaux observer les étoiles, de nouveaux les placer sur une carte, de nouveau se plonger dans ses études, comme pour oublier les autres événements du monde. Alors que les années devenaient décennie, il voyait son frère utiliser de nouveau sa magie pour tordre les rayons de lumière à sa convenance. Alors que la seconde décennie approchait, Eranor entrevoyait même, parfois, des scènes colorées de vie de la famille, lorsqu’elle était pleine et entière, qu’Ameanor, prie de mélancolie, recréait comme dans l’espoir de redonner vie à ce temps.
Tandis que la vingtième année après le voile se terminait, et que la dernière rechute d’Ameanor datait de plusieurs saisons, un paquet lui fut délivré. Dépliant la soit qui l’enveloppait, il découvrit alors un objet qu’il connaissait parfaitement. Une broche à cheveu d’argent, décorée d’un colibri. Ameanor savait parfaitement ce que cela signifiait : Filecthel avait besoin d’aide. Elle avait besoin de lui. La lucarne de vie qu’il côtoyait depuis si longtemps devint fenêtre, plus proche et lumineuse. Ameanor partit alors s’agenouiller devant l’arbre de Taethriel, qui avait bien poussé en vingt années. Je t’ai failli, mon hirondelle, mais je ne te faillerais plus, mon colibri, pensa-t-il alors. De longues années en arrière, Míririen lui avait dit qu’il saurait où la trouver. C’était vrai, c’était une évidence même. La maison des étoiles devrait l’attendre, car, bientôt, Ameanor partirait pour la citée d’Alëandir.
Dernière édition par Ameanor Sindënellë le Sam 21 Jan 2023 - 9:09, édité 4 fois
Lómion Ineinior
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Sujet: Re: Ameanor Sindënellë Dim 15 Jan 2023 - 19:56
Salut ! Et bienvenue à toi !
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Sujet: Re: Ameanor Sindënellë Sam 21 Jan 2023 - 9:22
Une bien jolie fiche, très bien construite et très agréable à lire ! Je te souhaite un bon jeu !
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Ameanor Sindënellë
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