[Afflux] En route vers la Montagne Disparue

Le grand jour était enfin arrivé. L’expédition pour la Montagne Disparue allait maintenant se lancer. Quelques jours auparavant, Ararün avait convié chacun des participants à se préparer et se présenter aux portes de Kirgan. Sa joie et sa fierté ne pouvaient être plus grandes quand il vit tous les dawis présents, attendant patiemment le départ.

Il s’approcha de chacun des représentants et des cognards, qu’il salua avec sincérité et enfin, laissant les derniers préparatifs se faire, se rapprocha des différents meneurs. Il fallait bien que les directives puissent être données à tous, sans avoir à remonter la file. Ainsi Ararün avait décidé de choisir quelques représentants, militaires et civils pour faire remonter à ses oreilles les différentes voix du convoi.

Une fois que les personnes choisies se retrouvèrent à ses côtés, il prit la parole. « Bien, mes amis, c’est un grand honneur en ce jour d’vous voir ici, devant moi. Quand tous seront prêts, nous prendrons la route en direction d’La Loge Crin d'Acier. Ça sera notre premier point avant d’bifurquer en direction d’la Montagne Disparue. On descendra d'abord vers l'Brissazlif. Si vous avez l’moindre soucis, l’moindre demande d’la part des vôtres, faites le savoir. Vous serez en charge d’vos barbes, mais vous écouterez mes cognards par la suite. Des questions ? »

Avant même que certains ne puissent prendre la parole, le Capitaine Kirganais se tourna en direction d’un guerrier qui semblait représenter son second sur cette expédition. Le nain en question portait la même marque sur le visage qu’Ararün. Le tatouage des Fiers-Marteaux.

« Met les cognards l’long du convois, on met l’civils au centre. Dis-leur qu’on va pas tarder. »

Le second hocha la tête, enfilant son heaume, avant de se retourner et de beugler en dawi les ordres donnés par le Capitaine. Les guerriers présents s’activèrent alors comme un seul homme afin de se mettre en place, parés au départ.
Le nombre de guerriers présents avait été revu à la hausse par le Capitaine, à la demande d'Harald. En effet, une partie d'entre eux servaient à assurer la relève des cognards en service à la Loge du Crin d'Acier.  

Debout, sur un promontoire depuis lequel il avait prit l’habitude de regarder les environs, Harald lorgnait sur celles et ceux qui s’agitaient en contrebas, à plusieurs dizaines de toises de lui. Il était visible, le souverain. Mais il se voulait en retrait, car, dorénavant, l’expédition lancée par lui-même était sous la régence de nul autre que le capitaine Kirganais au cuir aussi épais sur la pogne est fort ! Et aux verbes aussi tranchants que la lame est solide : Ararün, du clan Fiers-Marteaux.

L’officier avait déjà combattu à moults reprises. A moults reprises, il avait défaits des ennemis, reconquis des territoires, fait preuve de force, de vergogne, de violence même. Parfois. Mais, après tout, les Nains n’étaient-ils point connus comme étant de féroces guerriers, capables, violents, maîtrisant l’art de la guerre comme personne d’autre sur cette terre ?

Harald le savait. L’officier aspirait à plus de responsabilités. Il était courageux et fort, mais, surtout, il espérait à plus de prestance et de puissance, pour le Zagazorn tout entier. Chose partagée par le Roi, bien-sûr… Mais l’œuvre durerait au moins deux vies de Nains, pour pouvoir recouvrer la puissance d’antan. Alors, Harald avait chargé l’officier de cette mission capitale. Sa réussite déciderait ensuite de l’avenir du capitaine, dans les hautes responsabilités et les honneurs de tout un peuple. L’échec… Lui ouvrirait sûrement toutes grandes, les portes des Derniers Halls, du Mogankordum.

Mais ce n’était pas tout. Non. Car les mires du souverain se posaient également sur une tresse en armure de plate. Jeune et forte, elle était néanmoins fragile, d’une certaine manière. Fragile, car elles n’étaient point nombreuses, les Naines, depuis le Voile. Leurs vies valent souvent bien plus que celles des Mâles, car eux ne peuvent supporter le fardeau de la renaissance d’un peuple. Les Naines portent en leurs entrailles la matrice nécessaire à la reconstruction d’un peuple meurtri. Depuis toujours, les Mâles, et le peuple Nain, vénèrent leurs représentantes femelles, les protègent, et les écoutent. Car, en plus d’êtres les seules à pouvoir renouveler la nation, elles sont aussi sources d’amusement, de logique, d’apprentissage… Et de connaissances. Oh, qu’ils sont fiers, rustres, et maladroits, parfois, les Nains, quand leur orgueil est piqué au vif. Qu’ils peuvent se mettre en danger, pour de petites questions. Mais les Naines, elles, bien qu’aux tempérament de feu, font preuve tempérance, sont de véritables savantes, et apportent maturité à leurs frères mâles.

Mais, plus que tout cela encore…. C’était la fille de Harald, Hilda. Cette bavette aux longs cheveux blonds noués en tresses pour plus de conforts, et portant l’armure lourde des troupes d’infanteries lourdes de Lante, était la fille cadette de Harald. Sa seule fille. Et, bien qu’il ne dise jamais rien à son sujet, ou très peu, et bien qu’il n’en dise guère plus face à elle… Il se languissait d’elle quand elle n’était point à ses côtés. Sa fille… C’est sa fille. Plus précieuse encore que toutes les couronnes de ce monde.

3ème ennéade de Bàrkios, second mois du Printemps

Le grand départ avait été donné aux portes de Kirgan. Tous les dawis conviés à l’expédition s’y étaient retrouvés et, après quelques préparatifs, tous avaient pris la route sous les encouragements et acclamations des barbes qui restaient en arrière. Les membres de l’expédition avaient été mis au courant, mais sans ça, la majorité le savait ; La route en direction de la Montagne Disparue serait longue et dangereuse. Ainsi chacun s’était préparé à sa manière, accompagnés et armés, tous avaient soigneusement prit le temps d’empaqueter le nécessaire pour ce long périple.

Le cortège était composé de près de quatre-vingts dawis. La majorité étaient des cognars assurant la sécurité des civils présents. Une vingtaine de ces guerriers devaient relayer ceux déjà en place à la Loge Crin d’Acier, ainsi, ils profitaient du convoi pour voyager aussi. Sans ces derniers, on pouvait tout de même compter sur près de deux combattants pour un civil. Le capitaine Kirganais n’avait pas lésiné sur la sécurité de ceux qui prenaient par à cette expédition périlleuse. Bien qu’il savait que chacune des barbes -et non barbe en comptant les bavettes – présentes ne reculeraient devant rien, il avait préféré assurer en choisissant lui-même les guerriers conviés qui avaient eu pour tous la même expérience ; Celle d’avoir rencontré les dangers du Zagazorn et du grand Nord.

Ainsi, le convoi était disposé en colonne. Les civils se trouvaient au centre avec leur charrette et leurs nécessaires. Disposé autour en cordon, se trouvaient les guerriers, qui formaient non pas un carré mais un rectangle à la vue de l’étendue. Ararün, meneur de l’expédition, se trouvait lui aussi au centre afin de coordonnées les différents groupes et de faire passer les directives. Il était ainsi plus aisé pour lui d’être atteint par l’avant, comme par l’arrière du convoi.

4ème ennéade de Bàrkios, second mois du Printemps

La grande troupe avait alors prit la route en direction du sud. Pour la première étape qui était le Brissazlif, cet endroit servait de carrefour pour les différentes cités naines. Les routes étant sécurisées jusque-là, le convoi n’eut aucun mal à voyager durant près d’une ennéade. Si les nains ne sont pas de grands sprinteur, on ne peut qu’admettre qu’ils sont endurant et marcher sur d’aussi longue distance ne leur fait pas peur. S’arrêtant à des endroits suffisamment spacieux pour y accueillir les différents campements qui se montaient et démontaient à chaque fois à une vitesse folle, tant l’organisation de tous étaient minutieuse. Comme le veut la réputation des nains lorsqu’il s’agit de travailler et d’être organisés.
Bien que tout s’était passé sans encombre, ce ne fut cependant pas une partie de plaisir et une promenade de santé. En effet, le convoi eu du beau temps que sur la fin du voyage, profitant alors d’un véritable ciel bleu ensoleillé et sans nuages ainsi que d’une température chaleureuse après les jours assez gris et capricieux qui s’étaient déroulés, alternant pluie et bruine, le tout accompagné d’un vent rafraichissant et aux température peu élevées. Rien de bien dérangeant pour retarder le voyage.

4ème – 7ème ennéade de Bàrkios, second mois du Printemps

La seconde moitié du voyage en direction de la Loge Crin d’Acier se passa dans les mêmes conditions. La route des Plaines en direction d’Almis était là aussi sécurisée et le convoi ne rencontra aucun souci sur son trajet.
Ce qui différenciait du premier point, c’était la longueur du voyage qui approcha les trois ennéades. Près de dix-sept jours de marche avait été fait par les dawis qui, ne semblaient pas s’en plaindre, du moins la majorité.

La disposition du convoi n’avait pas changé si ce n’est qu’au fil du temps, des discussion et du manque de dangers, la formation s’était quelque peu désorganisées afin de former des groupes de discussion ci et là. Ararün lui-même était assez confiant et bien qu’il eût demandé tout de même de garder les mires ouvertes au cas où, il ne se souciait pas que les combattants rendent leur trajet moins désagréable en partageant leur franche camaraderie avec tous les autres.

Durant cette partie du voyage, le temps n’était guère différent des précédents. Un peu de grisaille, quelques petites pluies mais essentiellement un grand ciel dégagé dont les températures printanières donnaient du courage aux cœurs des voyageurs qui pouvaient profiter des paysages de leur terre tant aimée.

7ème ennéade de Bàrkios, second mois du Printemps

Enfin, ils étaient arrivés à la Loge Crin d’Acier. Accueilli par les nains en place qui leur firent un chaleureux accueil en les voyant. Ararün ordonna alors que le convoi fasse halte ici, un jour ou deux avant de reprendre le voyage. Il savait que la suite du trajet serait bien moins tranquille et il voulait pouvoir préparer le tout à tête reposée et aussi laisser aux autres le temps de se préparer à toute éventualité.

La relève de la garde à la Loge se fit dans un grand banquet organisé à la volée par tous afin de réchauffer le cœur des uns et de remercier les autres pour leurs services effectués dans ce lieu.

Ainsi, le vrai voyage allait débuter pour tous et la route vers la Montagne Disparue allait complètement changer des dernières ennéades.

L’expédition dawi avait atteint sa première destination, la Loge Crin d’Acier. Cette Loge était située entre les plaines du Brissalion, la Vallée de la Nerania et la Haute-Virnée, ce qui en faisait un endroit stratégique pour le fier peuple du Zagazorn. C’est aussi à cet endroit que les dawis, aidés des elgis ont décidé de s’installer afin de mener leurs études conjointes sur les Engeances qui peuplent les alentours. Enfin, il y a quelques temps maintenant, la Loge Crin d’Acier a été le témoin de la chute d’un guerrier reconnu de tous, Thorald Haraldsson, fil du Grand-Roi, qui a vaillamment combattu jusqu’à son dernier souffle.

C’est donc en ces lieux que l’expédition avait posé ses affaires, le temps de se reposer de leurs longues journées de marche avant de partir en direction du Nord-Est pour rejoindre la Montagne Disparue. Ararün avait ordonné que tous les présents se reposent afin de voir avec les représentants la suite de leur voyage afin de s’y préparer correctement.

Néanmoins, chacun ne pouvait prévoir que de quelques jours de repos, les dawis seraient contraints de rester sur place pour une durée bien plus importante.

En effet, entre les caprices climatiques et les mouvements, même considérés comme non dangereux, des berserkers dans les environs. L’expédition s’est vue contrainte de rester encore pour plusieurs jours. Ce qui a eu pour conséquence d’irriter le Capitaine kirganais qui y voyait là un triste coup du sort que Mogar leur jouait.

Néanmoins, ces quelques jours, qui s’étaient transformés en ennéades permit aux dawis de se concentrer sur la Loge en question, ainsi tous furent réquisitionnés afin de participer au bon fonctionnement de l’endroit. De nombreuses réparations étaient à faire sur les défenses et les structures qui avaient soufferts des affres des derniers affrontements et de l’usure.

Ararün laissa alors les artisans effectuer leur travail et toute aide était bonne à prendre. Chaque barbe -et bavette – pouvait participer aux efforts et se verraient probablement remercier chaleureusement par les cognards restants sur les lieux par la suite.