[RP Entité] Serments, fidélité et avertissement

3ème jour de la 1ère ennéade de Favriüs | Premier mois du Printemps.
Année XX | XI cycle.
Palais royal de Diantra - Peu de temps après le couronnement du véritable Roy.

Outre l'unification annonciatrice de ce couronnement, outre la venue sur le trône du seul et véritable Roy de Péninsule...Les enjeux de ce retour divin pouvaient sonner les glas de la lignée du nouveau Duc de Soltariel. Car l'accession au fameux trône se fit avec le soutien et la bénédiction de la royauté alors qu'elle était dirigée par un imposteur et un régent, et donc... Potentiellement réversible.

De plus, nul autre que Bohémond lui-même représentait l'influence de Néera, La Mère. Dans sa guerre sainte contre les cultistes, le soutien de l'élu, du descendant de la lignée de Phiiram, apparaît comme nécessaire, sinon... Obligatoire. Aussi avait-il mandé une audience privée avec le Roy, afin de lui dire quelques mots, et... D'obtenir quelques réponses qui permettraient d'asseoir sa lignée sur le trône, et sa guerre contre les cultistes.

Entrant dans la fameuse salle du trône, annoncé par nul autre qu'un héraut chichement vêtu et à la voix chaude et ô combien puissante, le Duc s'avance jusqu'à l'emplacement attendu et, d'une révérence plus que protocolaire, présente à nouveau ses respects et hommages à l'homme le plus puissant de Péninsule... Revenu du royaume des morts.

« Votre Majesté, au nom de La Mère, je vous remercie solennellement de m'accorder cette entrevue, si peu de temps après votre couronnement. » Commença le Duc, avant de prendre une pose plus confortable pour lui, sachant qu'il allait rester debout pendant un certain temps. « Loin de moi l'impudence de vous mander ce que La Mère a pu vous apprendre, dans sa divine clairvoyance, ou ce que votre entourage a pu vous enseigner alors que vous repreniez votre place légitime sur le trône de Péninsule... Mais je souhaiterais vous parler de la situation du Sud, sur ces dernières années. » Débutait-il, sa plaidoirie se voulant à la fois complète et exhaustive. « Bien des choses se sont passées avant votre retour légitime. La précédente lignée Ducale de Soltariel fut éloignée du pouvoir par l'ancien conseil de régence, alors que mon paternel, Félipé Cortès di Alcacio, entra en guerre au nom de la couronne contre le félon Di Camarata. Je vous épargnerez volontiers les manœuvres politiques de l'ancien Duc, Franco di Celini, et les combats qui eurent lieu contre celui qui voulut usurper le trône. Mon père, toutefois, aura tout fait pour que le Sud demeure fidèle à Diantra et à La Mère, aussi reçut-il le trône de Soltariel et prêta-t-il serment. Serment que j'ai reformulé auprès de Votre Majesté. » Résumait-il, plus ou moins rapidement. « Vous vous en doutez... Certaines anciennes lignées nobiliaires œuvrent dans l'ombre contre le trône Ducal... Mais, pire que tout... Les sectes draconniques, véritables fléaux luttant contre Notre Mère, ont fait leur grand retour en assassinant mon père, mon épouse, Victoria di Maldi, et nos trois enfants. J'ai survécu à l'attaque de justesse, grâce aux soins des guérisseurs. J'ai juré ensuite de rendre justice à ceux qui furent injustement tués, et d'anéantir les cultes honnis qui oeuvrent dans l'ombre contre vous, et contre tous les clergés Pentiens. » Dit-il, établissant ainsi le tableau global de la situation géopolitique et religieuse du Sud. « Votre Majesté... Bien que ce fut un honneur de recevoir les rênes du Duché il y'a plusieurs années, le fait de connaître la fausseté de celui qui occupait le trône avant vous, et donc, de l'opprobre jeté par ceux qui le placèrent là, m'oblige à reconsidérer ma position face à vous. Je remets ma vie et mon trône entre vos mains, et mande votre bénédiction. Dans ma guerre contre les cultistes, recevoir la bénédiction du descendant légitime de la lignée bénie, ressuscité par Néera elle-même... Votre reconnaissance serait sans aucun doute le moyen de gagner ce combat au nom de la Bienveillante. »

« Oui, je sais tout cela. Recevez mes condoléances, Messire Cortès di Alcacio, pour la perte de votre famille, et sachez que la Couronne est derrière vous et vous soutiendra dans votre lutte. » Il regarde Athanase, non loin. Un signe de tête entendu, et il tourna à nouveau son visage vers son vassal, à ses pieds. « Je réaffirme votre légitimité, et celle de vos descendants, sur le trône ducal de Soltariel. »

Les mots du souverain légitime de Péninsule eurent un effet retentissant sur l'esprit du Duc de Soltariel. Adriano manqua presque de ressentir le tremblement spécifique de l'émotion secouant le poitrail et humidifiant les yeux... Une sensation, un sentiment, qu'il parvint néanmoins à maîtriser et à cacher en effectuant une révérence protocolaire, bien que légèrement plus longue que prévue. Se redressant, Adriano reprit une posture, attendant qu'Athanase fasse ce qu'il devait débuter, à savoir, consigner les choses. Du moins, c'est ce qu'Adriano supposait. Puis, il reprit...

« Votre Majesté, au nom de feu mon paternel, en mon nom, et au nom de tous ceux qui suivront en ma lignée, je vous remercie. Et je remercie La Mère de sa bonté, et de sa toute-puissance bienveillante. Puisse-t-elle m'entendre au travers vous aujourd'hui. » Dit-il, avant d'offrir un léger sourire, et de nouveau, une petite inclinaison du buste nécessaire lorsque l'on invoque Néera devant le descendant de la lignée bénie. « Comme le savez dorénavant, je suis en guerre contre les cultes draconniques qui sévissent dans le Sud. Après qu'ils aient assassiné mon père, mon épouse, et mes descendants, j'ai entrepris de les chasser de vos terres avec la plus grande ferveur, et de faire rayonner le culte Pentien. Au nom des Cinq, je combat depuis tous les jours en leur honneur... » Avouait-il sincèrement. « Au terme d'un combat aux côtés des troupes Alonnaises, contre une cellule draconnique ayant tendue une embuscade, de nombreux renseignements me parvinrent... Et, parmi ceux-ci, le nom d'une lignée figurant parmi les dirigeants locaux de cette secte tentaculaire... » Commençait-il à expliquer. « Je sais de sources sûres que la maison Aule, de Merval, est membre de ce mouvement sectaire, reniant les Cinq. Et cela, vraisemblablement sous le couvert de la Marquise, Prudence de Langehack. En tant que fidèle serviteur de votre Majesté, et fidèle et pieu Pentien, je ne pouvais vous cacher cette information des plus importantes... » Dit-il enfin, avant de laisser un temps de pause au souverain pour sa réflexion personnelle. « Si je puis me rendre utile d'une quelconque manière, commandez-moi, et j'obéirais immédiatement. Pour le bien de nos gens, et de nos terres. »

« C'est une très grave accusation, Votre Altesse. » Dit Bohémond, peinant à cacher sa stupeur et adressant à Adriano, un regard de circonstance. « Personne n'a plus que moi à cœur d'assurer la présence nos cultes partout dans le Royaume ? Êtes-vous sûrs de ce que vous me dites ? Et quelles sont les sources dont vous parlez ? »

Adriano ressentit le frisson de l'adrénaline parcourir son échine de long en large. Sous son pourpoint, ses poils se dressèrent à n'en plus finir, tant est si bien qu'il en ressentit presque la douleur d'une épilation invisible. L'attention du souverain légitime lui était totale... Et avec elle, la fenêtre de manœuvre se rétrécissait dangereusement. Cependant, le Duc n'était point du genre à lancer un pavé dans la mare sans avoir suffisamment d'informations et de bagage pour assumer les conséquences d'une mer secouée.

« Je tiens ces informations des prisonnier eux-mêmes, Majesté. Ils avouèrent des noms de cultistes, jusqu'en ma propre cour... J'ai fait arrêter toutes celles et tous ceux qui furent incriminés, et la plupart confessèrent leur foi. Ceux qui ne le firent point, furent confondus par des preuves matérielles en leurs demeures, ou dans le campement conquis lors de la bataille. La famille Aule, de Merval, a été citée par plusieurs prisonniers. » Expliqua Adriano, sans faillir ni faiblir. « Pour ce qui est de la foi de la Marquise, je n'ai malheureusement que des présomptions, et des rumeurs. Voilà plusieurs mois que les pires rumeurs se répandent à l'encontre de la nouvelle Marquise, et de sa véritable foi. Et le fait qu'une famille Mervaloise puisse diriger une branche cultiste draconnique, sans être inquiétée, ne fait que renforcer mes doutes. Et, après tout... Langehack n'est-elle point terre où s'affrontent deux castes nobiliaires ? Les sages et les libertins ? »

« Je »… Dit Bohémond, hésitant. « Je ne peux pas juger la Marquise sur des rumeurs colportées, votre Altesse. Je demanderai à Messire de Cley d'enquêter, mais je ne veux plus entendre une accusation sans qu'une preuve solide me soit apportée. Pour ce qui est des faux-cultes, je vous apporterai mon aide pour lutter contre ceux qui s'en prennent aux enfants de la Damedieu. »

Droit face au Roy, Adriano ne faiblissait point, mais n'en menait pas large pour autant. Après tout, qui était-il ? Nul autre que le descendant béni, d'une lignée bénite voilà des lustres et des âges, et qui, par la grâce de la Mère, avait pu renaître de ses os décharnés. Pour prouver au monde, en plus de tous les Péninsulaires, qu'il était un être d'inspiration divine, béni par Elle, soutenu par Elle. La puissance et la sagesse du jeune Roy étaient, alors, insoupçonnées. Et Adriano n'oubliait point une chose : il ne savait pas ce que la Mère avait pu lui dire, ou lui faire voir, durant sa résurrection. Après tout... Peut-être que bien des vérités lui furent inculquées ? Ou... Lui seront dites, à l'avenir ?

« Évidemment, Majesté. Nous parlons là d'une Paire de notre bien aimé royaume. Et, tout comme je n'écoutes que peu les ragots et les rumeurs lorsqu'il s'agit de faire acte de justice en mes terres, il est ô combien plus concevable encore, pour un royaume, de ne s'en tenir qu'aux faits. » Dit-il, appuyant donc la volonté du Roy, tout en démontrant qu'il n'était ni empressé, ni intéressé par les nouvelles qu'il venait de colporter. « Mais il aurait été contre mon serment de ne point vous prévenir de tout cela. Je vous remercie, votre Majesté, de m'avoir reçu et entendu. Votre aidé, contre les cultistes, sera sans nul doute la clé de voûte de notre lutte commune contre ceux qui tentent par tous les moyens de détruire Damedieu et ses enfants. Puissiez-vous être mille fois béni. »