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| C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent | |
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Ameanor Sindënellë
Elfe
Nombre de messages : 59 Âge : 29 Date d'inscription : 15/01/2023
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 706 ans Taille : ~2m Niveau Magique : Maître.
| Sujet: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Mar 9 Mai 2023 - 22:48 | |
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Une nuit entre Oglicos et Arcamenel, troisième ennéade de Verimios 20e année du Onzième Cycle À quelques kilomètres au nord-ouest d'Alëandir Le ciel s’obscurcissait à travers les fenêtres de la maison qu’avait rejoint Ameanor en Alëandir. Les heures sombres arrivaient, et, avec elles, se révéleraient les astres brouillés par l’intense lumière du soleil. Le mage était debout depuis l’aube, mais, bien courtes étaient ses heures de sommeil depuis les tristes événements qui avaient fait exploser sa vie confortable. Aussi, des poches bleuâtres étaient toujours visibles sous ses yeux, mais il avait bien meilleure mine qu’avant son arrivé dans la ville. L’immense chape de peine qu’il transportait s’était muée en des touches de mélancolies, quelques secondes de regards perdus dans le vide, une expression fugace de douleur de temps à autre. Vêtus de noir et de bleu, comme à son habitude, le mage attrapa une petite boite de bois contenant des plumes, un couteau et de l’encre, l’attacha à l’aide d’une bande de cuir et la mis en bandoulière. Il passa un cylindre contenant un bon nombre de grandes feuilles dans son dos et attrapa une sorte de petit pupitre de bois pouvant se replier pour être transportable sous le bras. Il se dirigea vers la porte, où, avec un soupir, il constata que Filecthel l’attendait. - Je t’ai déjà dit que cette nuit, je partirais seul, Filecthel. Il fallait bien l’avouer, la jeune elfe était tenace. Je vais m’éloigner plus que d’accoutumer.- J’ai l’habitude, on a toujours vécu loin des murs, répondit-elle avec entrain. - Les circonstances sont différentes, aujourd’hui. Et puis, je te rappelle que tu es en retard sur ta lecture du traité sur la trame de Lómion, j’attends tes retours depuis bientôt une ennéade.- Ça irait plus vite si je pouvais venir et que tu m’expliquais les passages les plus nébuleux, justement, répondit Filecthel en croisant les bras alors que son visage se crispait. - Et comment saurais-je à quel point tu as affiné tes connaissances et développé ton esprit critique alors ? Termine ce travail, et nous pourrons en discuter ensuite.- Mais…- Il n’y a pas de mais, jeune fille, ce soir, je vais travailler seul.Sur ces mots, le mage quitta la maison, suivi des grommellements de sa fille. Il savait que ce n’était pas bien grave et qu’elle ne lui en voudrait pas tant. La jeune préadolescente avait simplement envie de s’évader de cette ville qui ne lui convenait pas, et retrouver un peu de la paix de l’ancienne demeure de son enfance. Et quoi de mieux pour ce faire que les escapades nocturnes de son père ? Néanmoins, ce soir, celui-ci avait un projet qui lui tenait à cœur et qui nécessitait un peu plus de sa concentration que d’accoutumé. Il ne pourrait, alors, pas veiller autant qu’il le voudrait sur sa fille, et, puisqu’il s’éloignait un peu trop à son goût de la ville, l’amener lui paraissait bien trop dangereux. Ameanor avait marché un peu moins d’une heure en sortant d’Alëandir, dans la direction de l’ouest, en déviant quelque peu au nord. En fouillant des cartes et atlas, il avait trouvé une petite colline qui lui paraissait prometteuse. Et ses prédictions s’étaient révélées même en dessous de ses espérances. Il constata avec plaisir que les arbres se faisaient plus épars au sommet de cette petite colline. Elle était particulièrement calme, seul les insectes et le vent dans les feuilles brisaient le silence. C’était un endroit parfait où s’installer et où discuter avec ses plus vielles amies. Le thaumaturge déplia le pupitre qu’il avait amené et installa une feuille déjà annotée dessus. Il regarda alors le ciel avec un soupir de satisfaction. Il était dégagé, et la lune, la naturelle du moins, n’apparaissait que comme un fin croissant lumineux, faisant d’autant plus ressortir les corps célestes dans la nuit. Pendant quelques minutes, le mage ferma les yeux et respira profondément. Il retrouvait le calme et le silence qui avaient bercé sa vie, une forme de ce sentiment de plénitude d’un instant que l’on se réserve. Là, son esprit pourrait virevolter entre magie, calculs et ciel étoilé, s’éloignant des ténèbres visqueuses qui semblaient toujours vouloir l’avaler. Finalement, il s’assit en tailleur au sol, observant une constellation bien connue dans le ciel. La Medrinil faisait partie de celles qui restaient toujours visibles, quelle que soit la saison, mais elle cachait une autre particularité que les initiés à l’astronomie appelaient l’œil de la Medrinil. C’était une tache lumineuse qu’il était possible de voir les nuits les plus sombres, au niveau des étoiles qui formaient la tête de la bête. Mais puisque cette lumière diffuse était difficile à observer, bien peu avait été fait à son sujet. Et, en cette soirée, Ameanor cherchait à préparer une étude toute particulière. Pendant un long moment, le mage fit des allers-retours entre des schémas et des calculs d’angle et de distance sur sa feuille et des observations du ciel. Quand, enfin, il fut satisfait, il se releva. L’astronome prit une grande inspiration en attrapant l’antique astrolabe qu’il portait toujours en pendentif. De sa main gauche, il l’ouvrit et il tendit sa main droite vers le ciel étoilé. Alors, les premiers cliquetis de son instrument se firent entendre tandis que ses yeux voyaient le ciel se modifier et que la trame s’agitait autour de lui, s’enroulant autour de son bras pour filer au bout de ses doigts de la main droite, qui traçait les lignes immatérielle d’une exquise finesse et d’une remarquable précision, donnant naissance à son sort. En face du Luminomancien, un grand cadran brillant apparu, séparé en douze espaces équidistants par des lignes passant en son centre. Non loin du pupitre, une sphère bleu foncé opaque apparue. Cette sphère était comprise dans une autre, translucide et qui tournait sur elle-même autour d’un axe vertical. Des milliers de petits points brillaient sur cette seconde sphère et certains se relièrent, formant la myriade de constellations du ciel étoilé. Seule la partie inférieure de la seconde sphère restait sombre. Un cône de turquoise sortait de la sphère opaque pour projeter un large cercle sur la seconde sphère tournante. Ameanor jeta un regard rapide aux deux objets. Ce n’était pas là le centre de son sort, ce n'était que des aides qu’il avait fait apparaître des milliers de fois dans ses siècles d’observation du ciel. Non, la partie véritablement intéressante ne se révéla que lorsqu’il reprit sa position assise, en tailleur. Alors, devant ses yeux, une projection fortement agrandie du ciel se révéla. Ce n’était pas une création, ce n’était pas une illusion, c’étaient les rayons provenant des étoiles elles-mêmes, déviés et recombinés pour agrandir leur image en un point précis de l’espace selon des principes physiques et qu’il n’était possible de voir qu’à la position du mage, approximativement. La projection se trouvait juste devant le cadran lumineux, qui, lui-même, permettait de facilement mesurer l’angle et les distances que les corps célestes parcourraient pendant cette nuit. Ameanor sourit, prenant une plume dans sa main droite. Il resta immobile pendant quelques instants, à simplement regarder son œuvre, simplement heureux que son cœur lui ait permis de reprendre son ancienne passion, perdue avec le reste dans des méandres douloureux pendant trop longtemps. L’œil de la Medrinil révélait alors une fraction de sa splendeur, traçant des disques diffus de rouge et d’or semblant essayer de recouvrir quelques petites étoiles. Finalement, il commença à noter des positions sur son papier, puis à calculer des prédictions et d’autres déplacements. De temps à autre, il sortait de nouveau son astrolabe pour modifier la vitesse de la grande sphère lumineuse qui tournoyait sur elle-même à côté de lui, ou pour corriger la position de quelques étoiles. Ce petit jeu pourrait durer des heures, jusqu’à ce que son sort, déjà tant utilisé, mais comme oublié dans ces vingt dernières années, ne s’éteigne dans les ténèbres de la nuit.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Lun 15 Mai 2023 - 20:29 | |
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Allongée de tout son long sur une branche, une petite silhouette reste là, immobile, si ce n'est une jambe qui se balance nonchalamment dans le vide avec régularité. Au-dessus d'elle, l'immensité sombre et tachetée d'étoiles s'étend devant ses yeux d'un gris étrange, à la fois froid et vivant. Une couleur qui la surprend toujours lorsqu'elle la voit dans un reflet. Depuis que ses iris bleues ont disparu, elle semble vraiment ne plus être faite que de nuances de noirs et de blancs. Les Vetherills y ont remédié en la parant de quelques amulettes colorées et de tissus ocres et bleus. Quelques plumes noires de sa coiffe ont laissé place à d'autres de teintes brunes. Ainsi, elle semble un peu plus vivante et moins figée. Étendue ainsi, elle n'observe pas vraiment le ciel, elle est plutôt... en attente. Ses besoins en sommeil n'ont pas tellement augmenté depuis la grotte secrète de Daranovar et elle peut voir dans la nuit la plus sombre grâce à sa magie alors ce n'est pas cela qui l'empêche de poursuivre sa route. Cependant, son "petit frère" des bois a des besoin normaux en termes de repos et il n'est pas doté des mêmes dons qu'elle. Quoi qu'elle ne dirait pas non à l'idée d'échanger... L'idée est amusante ! Un sourire se dessine sur le visage de la jeune elfe. Même si, jeune, elle ne le semble plus autant. Ces derniers mois, ses traits ont l'air de se parer de sagesse et de maturité, jusque dans son allure. Elle reste toute petite mais on ne la prend plus pour une adolescente en retard de croissance. L'effet de ce rituel de passage à l'âge adulte peut-être ? Il faudrait qu'elle leur pose la question si ses pas la ramenaient par là-bas à l'occasion. Brusquement, un frisson frôle la peau de son bras. Une sensation bien connue qui fait frémir l'une de ses oreilles : un mage est à l'oeuvre dans les environs. Curieuse, elle tourne son regard vers le pli de l'arbre où son compagnon s'est installé pour la nuit, comme pour s'assurer qu'il dort bel et bien, hésitant à aller observer celui qui oeuvre à cette heure tardive. Mais... elle trouve le recoin vide. Où a-t-il bien pu aller ? ~~~~~~~~~~ L'homme est resté assis un long moment au même endroit... sans se savoir observé. Ce qu'il fait ? Celui qui l'espionne n'en a pas la moindre idée. Et cela le rend d'autant plus curieux. Sa petite "amie" ne fait jamais ce genre de choses, comme aucun des semblables qu'ils ont rencontré ensemble. Qu'a-t-il dans les mains ? Que fait-il avec ces immenses feuilles rectangle et couleur crème ? Mais, ce qui le fascine le plus, ce sont les formes de lumière qu'il crée. Il a déjà vu une magie similaire mais jamais utilisée de cette façon. Et pourquoi l'elfe s'assoit-il à cet emplacement pour y rester aussi longtemps ? Intriguée, la créature approche avec discrétion, parvenant habilement à ne pas se faire repérer par l'objet de son intérêt. Ainsi, il parvient assez près de lui, dissimulé derrière quelques buissons. Et puis, une occasion trop belle se présente... L'homme s'est levé, libérant sa place ! L'occasion pour le chenapan d'aller voir de quoi il retourne... Alors, il s'avance encore... Lentement... Délicatement... Il sort de sa zone de sûreté et s'en éloigne pour se diriger vers l'endroit où il était assis tout à l'heure. Quand soudain, il se retourne pour revenir vers son installation de lumière. La créature humanoïde à la tête pourvue de cornes est surprise en flagrant délit. Effarouchée, elle se transforme aussitôt en lapin et détale vers un fourré pour s'y caché du regard de l'étranger.
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| | | Ameanor Sindënellë
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Mer 17 Mai 2023 - 20:55 | |
| Les minutes s’étaient transformées en heure, mais jamais Ameanor ne s’était dévié de sa tâche. Pourtant, aussi concentré et passionné qu’il était, il n’en restait pas moins soumis aux lois de la nature, et son dos comme ses articulations commençaient à lui faire mal. Alors, il se leva pour faire quelques pas et s’étirer, s’offrant une pause bien méritée à contempler le ciel pour son plaisir plus que pour son travail. Mais il ne fallait pas non plus traîner ! Si l’astronome pouvait s’arrêter, le temps, lui, suivait toujours son cours, et prédire la position des objets dans le ciel nécessitait tout d’abord des mesures précises de leurs mouvements.
Il était temps de retourner au travail. Poussant un grand soupir, le mage se retourna, regarda rapidement la grande représentation lumineuse de la voûte céleste qui tournait toujours sur elle-même, puis fit un pas pour se diriger vers son ancienne place. Mais, avec un hoquet de surprise, il s’arrêta. Il y avait quelqu’un, ou quelque chose là où il était assis pas même une minute avant, et qui observait le ciel étoilé agrandi des dizaines de fois, centré sur les couleurs rouges et dorées de la sorte de grand nuage caché dans le ciel étoilé. Et à peine eut-il le temps de distinguer une paire de corne qu’un lapin remplaça la créature et s’enfuit dans les fourrées.
- Attends ! S’exclama alors Ameanor en tendant un bras vers le polymorphe.
Il avait réagi par réflexe, sans la moindre animosité, presque inquiet d’avoir fait peur sans le vouloir à quelqu’un. L’astronome lança un rapide coup d’œil à ses effets de lumières qui perdaient de leur intensité. Bientôt, ils disparaîtraient dans la nuit comme s’ils n’avaient jamais existé. Il se mordit la lèvre inférieure en réfléchissant pendant une seconde, et se lança finalement dans les fourrées, à la recherche du petit animal.
Rien. Il n’était pas possible de retrouver l’animal s’il voulait se cacher, l’on aurait dit. Et la courte hésitation du mage avait certainement suffi à l’humanoïde cornu pour s’échapper loin. Après une nouvelle poignée de seconde à regarder entre les arbres, Ameanor poussa un nouveau soupire en secouant la tête. Sa curiosité avait été piquée au vif par l’étrange apparition, mais il lui semblait qu’il avait laissé filer l’occasion. Alors, il se retourna, un peu de dépit dans le regard. Au moins, son sort était toujours là, et il pourrait reprendre son travail.
Un craquement se fit entendre, plus loin, derrière lui. Provenait-il des arbres ? Le scientifique n’en était pas certain. Peut-être son compagnon si vite enfui partageait-il sa curiosité ? Ameanor regarda sa construction de lumière, réfléchissant un court instant. Qu’importe, il pourrait toujours recommencer ses calculs, et il avait déjà un nombre conséquent de donnée ! Qu’elle s’éteigne, alors !
- Je ne te veux aucun mal, tu sais, s’exclama alors l’elfe aux cheveux d’argent en se retournant vers le bruit dans les arbres. Laisse-moi quelques minutes, je vais te montrer ce que je regardais. Le ciel est plein de secret et d’histoire, sais-tu…
Le luminomancien attrapa l’astrolabe qu’il portait en pendentif et resta quelques instants immobile, pensif. Il ne savait même pas si l’humanoïde était encore là ou s'il l’avait écouté, mais sa curiosité était trop grande, alors pourquoi ne pas essayer ? Derrière lui, la lumière s’était éteinte, et la sphère comme le cadran lumineux s’étaient tous deux dissipés dans les ténèbres. La concentration du maître des arts de la lumière s’était placée ailleurs.
Alors, de nouveau, il ouvrit son instrument astronomique et fit tourner son cadran dans de rapides cliquetis. Sa main droite, tendue au ciel, traçait des mouvements aussi rapides que précis, semblant attirer la trame en un fil aussi fin que contrôlé pour tisser un somptueux tableau de grâce et de lumière. Le ciel se fit plus sombre au-dessus d’Ameanor, plus haut que la cime des arbres, et de grandes étoiles y apparurent une à une. Bien vite, il fut possible de distinguer la Medrinil qu’il observait plus tôt. Son œil, rouge et voluptueux, semblait tourner, s’agrandir et se rétrécir. À côté, un autre groupement d’étoiles apparu, prenant la forme d’une constellation proche bien connue, celle du raspattë, du nom de l’animal qu’elle représentait, dressé sur ses pattes arrière. Bientôt, de fin traits argentés se rejoignirent, reliant les étoiles ou les entourant, pour marquer la forme des constellations. Alors, la tête du petit raspattë se tourna brusquement, et ses longues oreilles se dressèrent. La Medrinil semblait lentement prendre vie, et sa gueule s’ouvrait en même temps que ses ailes, tandis que son œil nuageux se condensait et brillait plus fort.
Le petit animal proche du lapin fit un grand bon dans le vide du firmament, fuyant le cauchemar qui se mettait en branle derrière lui. Une course folle semblait se lancer dans le noir de la nuit. Des arbres de lumière apparurent entre les deux constellations qui paraissaient maintenant pleine de vie. Le raspattë slalomait entre eux alors qu’ils se faisaient arracher par les pas lourds et dangereux du monstre qui le suivait. D’un coup, un éclair fulgurant jailli des ténèbres pour s’écraser contre le poitrail de la Medrinil. Dans cet éclair, les formes distinctes d’un grand cerf aux bois plein d’embranchement se matérialisèrent. L’on pouvait voir les étoiles de la constellation éponyme placées à la perfection dans l’animal majestueux. Le choc repoussa La Medrinil, qui leva une puissante griffe, prête à frapper son impudent adversaire. Mais celui-ci se cabra, et, et relevant sa tête cornue, planta un bois dans l’œil rouge et dense de son adversaire. Celui-ci éclata en un nuage de rouge et d’or alors que le monstre lançait un cri d’agonie silencieux. Elle recula dans les ténèbres, jusqu’à s’effacer, tandis que le cerf s’avançait doucement vers le petit lepiscornin, encore terrifié. Le grand animal au port altier vint alors poser son museau sur le dos de son protégé, et fit une dernière caresse avant que la lumière du sort ne s’efface, laissant de nouveau ses droits à la nature et à la nuit.
- Je suis toujours là, si tu veux revenir, finit alors Ameanor en refermant son astrolabe, un sourire doux aux lèvres.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Sam 20 Mai 2023 - 17:46 | |
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Cilastiel file à travers la nuit. Puisqu'un mage est ici, elle ne veut pas prendre le risque de l'alerter en usant de la voie des ombres. Alors, elle met en pratique tout ce que les Vëtherills lui ont appris sur l'art du silence et du camouflage. Encore penaude dans les racines et les branches il n'y a pas si longtemps, elle se déplace à présent avec célérité et agilité. Elle est jeune, petite et frêle... Plutôt que de voir cela comme des tares, elle a appris à transformer sa morphologie en qualités. Qui, mieux qu'elle, peut se faufiler dans le noir sans être vue ni perçue ?
Tandis qu'elle cherche son compagnon, elle sent la magie devenir plus forte, comme si l'inconnu concentrait davantage de flux autour de lui. La forêt, quant à elle, raisonne d'un chant qu'elle n'avait pas encore perçu. A la fois calme et rayonnant... admiratif, peut-être ? Finalement, ses autres sens lui suffisent pour savoir où trouver le mage car les grands arbres ne peuvent plus lui cacher la lumière qui émane des sorts lancés par l'arcaniste. Prudente malgré l'air rassurant de l'Oeuvre, elle progresse dans sa direction. Elle distingue du mouvement mais sans parvenir à clairement déterminer ce qu'il se passe à quelques dizaines de mètres d'elle. Lorsqu'elle se trouve enfin assez proche, tout ce qu'elle voit, c'est un grand cerf aux bois majestueux. Cilastiel se fige alors pour le regarder. Il lui fait tant penser au père de ce petit faon qui grandit encore quelque part dans ces bois. Un animal qu'elle a eu la chance de pouvoir observer, approcher et même toucher...
Et puis, la nuit reprend ses droits. De même que le champ des grillons et le souffle de la brise estivale dans les branches. Comme si tout cela avait disparu le temps d'un instant... Le citadin parle à quelqu'un et la petite elfe n'a pas de mal à savoir de qui il s'agit. Si son ami a été plus curieux que prudent -ce qui lui arrive régulièrement-, alors il a dû se faire surprendre.
-Il ne comprend pas cette langue.
La voix de la jeune femme sort des ténèbres. Bien cachée, elle ne tient pas à ce que le mage la voit pour le moment. Prudence ? Non... Jeu, plutôt.
-Que fais-tu... seul dans les bois... à une heure aussi tardive ?
La question est posée avec calme, curiosité et bienveillance. Cependant, les trois morceaux qui la composent viennent de zones différentes des ombres. Elle se déplace, mais il est sans doute difficile pour l'elfe de déterminer où elle se trouve.
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| | | Ameanor Sindënellë
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Dim 21 Mai 2023 - 8:00 | |
| Un instant de stupeur répondit à la voix claire qui s’élevait des arbres. Ameanor ne s’attendait pas à une réponse, et d’autant moins dans son langage. Et la stupeur se mua rapidement en une forme de crainte. Car, qui d’autre qu’une Ornedhel pouvait s’adresser ainsi à lui en cette nuit ? Un soldat en patrouille n’aurait aucune raison de jouer dans les ombres ainsi, et jamais l’astronome n’avait vu d’elfe capable de se mouvoir entre les branches et les ombres avec la même aisance que sa mystérieuse interlocutrice. Pourtant, la raison reprit vite le dessus. Le mage était seul dans les bois et la nuit, à découvert et désarmé. Si l’Ornedhel lui avait voulu du mal, cela ferait bien longtemps qu’il serait mort. Aussi, ses traits se radoucirent sans pour autant perdre toute trace de méfiance. Nombreuses avaient été les histoires racontées sur les clans Noss alors qu’il vivait encore dans l’enceinte de Quatrième-Saison, et bien peu les décrivaient sous un jour positif.
- Je pourrais vous renvoyer la question, déclara alors Ameanor aux ténèbres se mouvant dans la nuit, suivant les emplacements d’où lui venait la voix joueuse sans jamais réussir à en dénicher l’origine.
Le ton du mage avait changé, et la bienveillance et l’ouverture exagérées qu’il avait montré en essayant d’appeler l’étrange créature cornue qu’il n’avait pu qu’entrapercevoir n’étaient plus là. Il y avait maintenant une forme de distance dans ses mots et sa manière de parler, qui pourrait tout autant provenir de son appréhension naturelle envers les Ornedhels que d’une excessive prudence envers l’inconnue à cerner. Néanmoins, ses mots étaient dits avec douceur, sans la moindre animosité, et ses gestes étaient aussi lents que bien visible, montrant ostensiblement le pacifisme du citadin.
- Mais, alors, comment avancerions-nous, dans ce cas ? Continua le luminomancien en joignant ses mains dans son dos. Il fit un sourire dirigé vers un craquement dans un arbre, non loin, avant de poursuivre sans vraiment savoir s’il s’adressait alors à la nouvelle venue ou à son étrange ami. La lumière a cela de particulier qu’elle ne révèle ses détails que lorsqu’elle s’efface. Le ciel devient plus brillant lorsque le soleil laisse place aux lunes, et c’est alors que je peux étudier ses secrets. Termina Ameanor en tendant un bras pour montrer ses notes couvertes de schémas et de calculs divers, de représentations simplifiées d’un ciel à la complexité infinie et de projections en tout genre de trajectoires d’astres, certains bien connus, d’autres, seulement des initiés à l’astronomie.
- À votre tour, maintenant. Que faites-vous si proche de la cité ? Et puisque votre ami ne me comprend pas, peut-être pourriez-vous traduire ? Je ne lui veux aucun mal, et il semblait curieux. Je peux tout simplement lui montrer l’objet de son intérêt. Et il est plus agréable de s’adresser à quelqu’un qu’aux ténèbres, finit le Taledhel avec toujours autant de douceur dans sa voix, espérant qu’au moins l’un de ses deux interlocuteurs inconnus se décide à se montrer.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Dim 21 Mai 2023 - 13:29 | |
| -La forêt est mon domaine. Lui fait remarquer la Noss d'un ton à la fois doux et amusé.
La grande majorité des clans ont leur territoire mais les frontières en sont plus floues que celles des Taledhels qui peuvent aller jusqu'à les tracer sur des cartes. Cilastiel, elle, ne s'encombre pas de tout cela. Elle se contente de respecter les lieux sacrés et les secrets des Ornedhels dont elle croise la route. Elle ne fait pas partie d'un clan à proprement parlé alors elle n'a pas ce fardeau à porter mais elle sait où les trouver... Enfin, quand la Symphonie la guide car son sens de l'orientation laisse encore à désirer !
En écoutant l'explication du mage, la petite elfe comprend assez vite ce qu'il veut dire et lève les yeux vers le ciel.
-Tu veux parler des étoiles... Ta façon de les décrire et amusante. La lumière qui ne peut se révéler que dans l'ombre... Comme si le premier avait nécessairement besoin du second. Penses-tu que l'inverse soit possible ? Que l'ombre puisse avoir besoin de la lumière ?
Elle doit bien avouer que sa réponse l'intéresse. Il s'agit clairement d'un savant, de quelqu'un qui consacre sa vie à l'étude. Personnellement, elle a du mal à concevoir comment l'ombre pourrait vivre avec la lumière mais elle est très ouverte d'esprit et est curieuse d'avoir son point de vue. Elle se déplace toujours autour de lui. Silencieuse et furtive. Le craquement lui permet de savoir où se trouve son compagnon de route et elle se dirige vers lui. Pendant ce temps, le mage lui retourne sa question, cherchant à comprendre la raison de sa présence dans une zone qui n'est guère appréciée par les Noss en temps normal.
-Je n'ai rien contre les cités. La seule chose qui m'empêche d'y entrer, c'est le son de la Symphonie en ces murs. Je l'ai déjà fait... mais ce n'est pas une expérience très agréable pour moi.
La dernière remarque du Taledhel lui fait étirer un large sourire qui peut s'entendre dans sa réponse.
-Tu n'es pas très joueur. Remarque-t-elle simplement. Mais c'est vrai que je triche un peu... Puisque je peux te voir et pas toi. Si cela peut te rassurer, saches que tu n'as à craindre de moi. Je suis une des rares à penser que nos deux peuples ne sont pas opposés mais complémentaires. Je me suis même entretenue avec ton roi à ce sujet.
Oh oui, elle en avait presque oublié cette conversation. Lors de son court séjour à l'Harmalaïca. Ils ne s'étaient pas totalement compris mais la conclusion était la même : celle qu'ils n'avaient pas à se faire la guerre et que les deux camps devraient apprendre à s'ouvrir l'un à l'autre pour mieux se comprendre et apprendre à vivre en harmonie. C'est un projet bien ambitieux et qui ne peut être l'oeuvre d'un seul. Il lui a demandé de répandre l'idée du côté des Noss. Elle a déjà initié un peu ce travail mais elle ne peut que poser une graine et la laisser germer toute seule... Les velléités qui séparent leurs deux peuples sont si anciennes que l'origine exacte en a été perdue depuis longtemps. Il n'y a que le temps qui puisse changer cela, surtout dans certaines régions. A la lisière de la forêt, les choses ont déjà bien avancé avec la coopération entre les clans et les militaires des cités pour protéger la frontière. Comme quoi, c'est possible. Alors que j'ai effectué déjà un large tour autour de la position du mage, une petite fouine court vers moi, le long de la branche sur laquelle je me trouve. Je comprends aussitôt et pose un genou à terre pour me mettre à sa hauteur. La nymphe reprend forme, imitant ma posture, et me signe quelque chose. Je lui réponds de la même manière et il tourne son regard vers le Taledhel. Il hésite mais ne semble pas vouloir bouger pour le moment. Cilastiel n'insiste pas. Ce sera plus facile quand elle décidera de sortir de l'ombre. Si elle décide de le faire... car, pour l'instant, elle aime la dynamique de leur échange.
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| | | Ameanor Sindënellë
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Lun 22 Mai 2023 - 19:01 | |
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La Noss qui continuait de se jouer de ses sens avait raison. Mais où était passé son Souffle d’enfant, son sens du jeu ? Il s’était envolé, cette triste nuit d’un mois, en même temps que le Souffle de sa fille. Il s’était brisé lorsque la roche avait cédé sous ses pieds. Mais pour une courte nuit, ne pouvait-il pas renouer avec lui ? Ne pouvait-il pas retrouver les soirs ludiques perdus dans le sang et le roc ?
- C’est vrai, la forêt est votre domaine, répondit alors Ameanor avec une expression malicieuse. Sa main gauche avait attrapé son astrolabe et commençait à le tourner. La manipulation qu’il faisait était minime, rien d’extraordinaire. Il le faisait néanmoins sans se précipiter, avec application. Mais la lumière est le mien, dit-il alors que des petites boules lumineuses, dérivant aléatoirement dans les arbres, apparaissaient. Elles ne brillaient que peu, bougeait lentement et il restait toujours des coins et de recoins cachés dans les ombres. Là, le jeu est plus symétrique, maintenant, qu’en dites-vous ?
Ameanor plaça de nouveau ses mains dans son dos, son air taquin faisant place à des traits plus pensifs. Ses siècles d’étude sur la lumière avaient laissé leur marque. Tant de savoir, d’expérience, d’hypothèse et d’interrogations se bousculaient dans sa tête désormais qu’il ne savait plus par où commencer.
- Les étoiles, oui, elles bien d’autres de mes vieux compagnons, dans le ciel. Mais, continua-t-il en commençant à faire les cent pas, cherchant toujours son interlocutrice des yeux dans les arbres, l’ombre n’existe que par la lumière comme la lumière, que par l’ombre. Y aurait-il ne serait-ce qu’un sens de parler d’ombre si la lumière n’existait pas ? Ou de lumière, si elle était seule ? Et, pourtant, cette dualité simple que l’on accorde à ces deux entités, cette pièce que l’on décrit à deux faces, ne fait que cacher qu’en réalité, l’ombre elle-même est constituée de lumière. La différence que l’on fait entre ces deux entités n’est pas dans leur nature, mais dans nos sens. Que nous ne voyons pas la lumière qui constitue l’ombre ne la rend pas moins existante, tout comme le fait que je ne vous vois pas ne vous transforme pas en mirage. L’ombre a-t-elle donc besoin de lumière ? C’est une question qui mériterait mieux qu’un simple oui ou non. Mais, ce qui est certain, c’est que l’ombre vit dans la lumière, autant que la lumière des étoiles existe toujours derrière les puissants rayons du soleil.
L’astronome s’arrêta, attrapant son coude droit de sa main gauche et faisant reposer son menton sur son poing droit. S’il y avait bien une connaissance qui laissait à désirer dans son registre bien fourni, c’était celle sur la symphonie. Jamais il ne l’avait entendue, le silence de son ancienne colline, alors qu’il passait des nuits à observer le ciel, n’était brisé que par le bruit du vent dans les arbres. L’esprit du mage était-il trop tourné vers le ciel et l’immatériel pour percevoir le Souffle de la forêt d’Anaëh ? Sa curiosité ne laisserait, en tout cas, pas filer la Noss sur ce sujet, aussi ne lui laissa-t-il pas le temps de répondre à sa diatribe sur la lumière avant de continuer, en fronçant les sourcils.
- Mais, dites-moi, comment donc se joue la Symphonie entre les murs de la cité ? Quel effet cela fait-il réellement à entendre ces murmures constants ? Et que vous disent-ils donc ? La symphonie est un plus grand mystère pour moi que ne l’est la lumière. Ameanor fit une courte pause, avant de finalement écarter gracieusement les bras en baissant légèrement la tête, un sourire aux lèvres. Quoiqu’il en soit, je suis heureux que l’Ornedhel que je rencontre cette nuit mette à mal les contes les plus sordides de là d’où je viens. La paix et la compréhension mutuelle ont toujours profité à plus de monde que la haine et la violence.
Dans les ombres, partiellement illuminées par les boules de lumière qui dérivaient, le mage cherchait toujours à ne serait-ce qu’entre apercevoir l’agile elfe qui semblait toujours se dérober dans les ombres.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Mer 24 Mai 2023 - 12:02 | |
| Cilastiel étire un sourire après que le mage ait parsemé le paysage de petites sphères lumineuses. Le voilà qui se prend au jeu... et cela lui plaît beaucoup. Il ne semble pas chercher à la dénicher vraiment, sans quoi il aurait employé un sort nettement plus efficace et elle ne doute pas qu'il en a la capacité étant donné la complexité de ses animations de tantôt. Il veut simplement lui rendre la tâche un peu plus difficile. Elle apprécie le défi et le relève, haut la main pour le moment même s'il doit parfois percevoir un mouvement dans la pénombre.
Tandis qu'elle continue à se déplacer, elle écoute son explication sur l'ombre et la lumière. On sent que c'est un savant et non un militaire, que ce soit dans le point de vue ou les mots employés. Ou bien encore dans la conclusion qui reste largement ouverte à toutes les hypothèses. Mais elle en a retiré une chose...
-Ainsi donc... Elles seraient complémentaires... Tout comme les Ornedhels et les Taledhels. Un bref instant, son interlocuteur peut sentir la Trame vibrer mais sous l'effet d'un sort qui n'émane pas de lui. La petite elfe a volontairement trahit l'un de ses secrets, entrant dans une ombre pour ressortir aussitôt dans une autre, à plusieurs mètres de là. Tout comme nous ?
L'un vient de la forêt. L'autre de derrière les murs. L'un manipule les ombres et l'autre la lumière. Qu'y a-t-il de plus complémentaire qu'eux ? Et encore, il ne se connaissent pas très bien. Du moins, pour le moment. Car, plus les minutes passent, et plus Cilastiel a envie de rester discuter. Elle continue à se déplacer dans le noir, sans plus utiliser la magie qui la trahirait bien trop vite à son goût.
-Es-tu sensible à la musique ? Elle lui laisse le temps de formuler une courte réponse s'il le souhaite avant de reprendre. Ce ne sont pas seulement des notes. Les mélodies cachent quelque chose... Un message... Une émotion... Une histoire. Seuls ceux qui ont l'oreille et la sensibilité adéquates seront touchés par ce qu'ils entendent. La Symphonie adopte un fonctionnement similaire mais, plutôt qu'un musicien, la musique émane des arbres qui discutent entre eux sur une même partition. Ce ne sont évidemment pas des notes qu'ils jouent... leur Chant est difficile à décrire avec des mots. Certains l'entendent. D'autres la ressentent. Moi, je perçois les deux mais notre relation est presque... Fusionnelle. Ses émotions se mélangent aux miennes. Elle guide mes pas, me permet d'éviter le danger -même si je choisis d'aller au devant, parfois-, me fait découvrir des endroits merveilleux et rencontrer des Anehdels formidables. Comme aujourd'hui.
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| | | Ameanor Sindënellë
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Mer 24 Mai 2023 - 19:56 | |
| De tout l’échange, seuls quelques ombres étaient, parfois, visibles. La Noss était douée, à n’en pas douter. Elle courait dans les arbres, plus silencieuse encore que le vent qui chantait dans les feuilles, trouvant toujours une ombre où se cacher, un instant ou sauter d’arbre en arbre pour éviter une boule de lumière qui dérivait. Mais là n’était pas son unique talent, comme elle le fit comprendre au lumonomancien, alors que la trame vibrait autour de lui et qu’un petit sourire en coin se dessinait sur son visage. Ses yeux perçurent la magie à leur manière, comme un nuage diffus de couleur argenté qui s’étalait lentement depuis l’emplacement où le sort avait été lancé, avant de disparaître dans le noir, comme dissout dans la nuit.
L’agile Ornedhel avait quelque chose qui touchait profondément Ameanor. Était-ce sa manière de rapprocher les mondes que certains penserait opposer ? Étaient-ce les explications, plus viscérales que logique, qu’elle partageait avec lui sur la Symphonie après qu’il lui ait rapidement répondu qu’i n’avait jamais ressenti quoi que ce soit de cette présence ? Ou bien, était-ce plus simplement l’ancien spectre de grâce que lui rappelait cette nuit ? Celui qui, avec ses propres traits, jouait dans les bois, non loin de sa demeure séculaire, avec ses deux filles.
-Pendant environ trois cents années, j’ai vécu hors des murs de ma cité, commença l’astronome en baissant momentanément la tête. Pendant ces trois siècles, j’ai passé maintes nuits, sous le ciel étoilé, à ne jamais rien percevoir d’autre que les insectes dans les buissons et le vent dans les feuilles. Je n’ai jamais ressenti autre chose que la quiétude du regard imperturbable des astres depuis la voûte céleste. Avez-vous donc déjà été seule ?
Cette dernière phrase était comme sortie dans un faible souffle. Lancée à la nuit comme une réflexion sortie des profondeurs de son être. Mais, bien vite, Ameanor secoua la tête, et se redressa, affichant de nouveau un sourire et replaçant ses mains dans son dos.
- Ombre et lumière. Pierre et forêt, reprit le thaumaturge en faisant de nouveau les cent pas. Oui, nous sommes complémentaires. Mais nous vivons aussi l’un dans l’autre. Comme la lumière porte des ombres de rayons que nous ne pouvons percevoir, comme les ombres sont emplies de ces mêmes lumières invisibles à nos yeux. Les Ornedhels portent en eux les mêmes savoirs, les mêmes rêves et les mêmes espoirs que les Taledhels. Nous sommes une part de vous, et vous êtes une part de nous. N’est-ce pas ce que nous voyons ce soir, si nous partageons le même plaisir ?
Sur ces derniers mots, Ameanor s’arrêta, portant de nouveaux sa main gauche sur son astrolabe. Ses yeux pétillaient d’une forme d’excitation.
- Vous êtes doué, je n’ai pu saisir que quelques ombres passant au travers des branches. Laissez-moi quelques instants...
Le mage commença à dessiner un nouveau sort, tournant le cadrant de son instrument d’or tout dirigeant la trame de sa main droite. Rapidement, il prit forme, laissant déjà apercevoir une plus grande complexité. Alors, un petit écureuil brillant de roux sembla monter sur son épaule. Il ne faisait pas plus de lumière que les petits orbes qui dérivaient, mais ses mouvements étaient bien plus vifs. Il se tint debout, sur Ameanor, tournant rapidement la tête en humant les environs. Alors, il se lança vers le dernier arbre d’où l’elfe de pierre avait entendu la voix de l’Ornedhel, planant dans le ciel comme un oiseau. Il atterrit sur l’endroit déserté, l’illuminant d’une douce lumière aux tons auburn, tout en cherchant du regard aux mêmes endroit que son créateur, prêt à s’envoler de nouveau pour pourchasser l’ombre de la forêt.
- Voilà qui devrait te rendre l’exercice plus intéressant, termina le mage. La nostalgie que portait cet instant hors du temps lui avait même fait glisser sur le tutoiement. Cet elfe solitaire, qui mettait toujours une distance entre lui et ses congénères, n’avait accordé de nouveau tutoiement depuis bien longtemps, mais cette nuit le plongeait dans un autrefois oublié et empli de douceur.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Sam 27 Mai 2023 - 20:40 | |
| Dans son jeu, Cilastiel s'arrête un instant en entendant la question soufflée par son partenaire d'un soir. Si elle a été seule ? Oui... Tellement de fois... Tellement de jours... que si elle avait voulu en tenir le compte, elle l'aurait perdu depuis longtemps. Des images de son tumultueux passé refont surface. L'espace de quelques brèves secondes, elle s'enchaînent à toute vitesse, tristes réminiscences d'une vie antérieure qu'elle reconnaît à peine alors qu'elle la sait pourtant sienne. Mais la petite elfe se reprend. Ce n'est certainement pas ce genre de solitude auquel il pense. Lui semble en garder plutôt un bon souvenir. Contrairement à elle. Alors elle chasse ces images de son esprit et reprend la partie.
-Je suis seule. Répond-elle sur un ton aussi léger que son cœur était lourd l'instant précédent. Je ne fais partie d'aucun clan. Pourtant, je suis admise auprès d'un grand nombre d'entre eux. L'un m'a presque adoptée. La majeure partie de ceux qui le composent manipulent les mêmes arcanes que nous. J'y ai beaucoup appris. Y compris l'art de me passer de ma magie.
Cela l'amuse un peu d'ailleurs car c'est grâce à leurs conseils qu'elle peut se divertir avec lui ce soir. Elle ne pensait pas utiliser ces nouveaux talents pour un tel usage un jour. Cependant, elle le fait avec une telle maîtrise qu'elle domine la partie, même avec ces sphères qui éclairent le terrain de jeu.
-Je préfère nous voir comme deux faces d'une même pièce, fondus dans le même métal mais ayant des points de vue différents. Conclut-elle aux paroles du savant.
C'est une phrase étrange dans la bouche d'une elfe, et plus encore d'une Ornedhelle. Comment peut-être connaître le principe de la monnaie ? Même les Taledhels n'en ont qu'une vague connaissance de part les rares relations qu'ils peuvent avoir à l'extérieur d'Anaëh. Avoir replongé dans ses souvenirs lui a fait ressortir une idée qu'elle avait oubliée depuis longtemps. Mais son interlocuteur relèvera-t-il cette incohérence dans son discours ?
-Je ne peux pas nier que je prends beaucoup de plaisir à rencontrer l'autre facette ce soir.
Un rire léger résonne dans la nuit, trompant sur son emplacement alors qu'il semble parvenir au mage après le départ de la Noss de sa position. Mais alors qu'elle songe à arrêter là la partie, le luminomancien lui demande de patienter. Depuis la cime d'un arbre, la main posée sur le tronc, elle le regarde manipuler la trame pour faire apparaître un petit animal qui file comme l'éclair pour la chercher. Elle se retrouve contrainte de changer de place rapidement pour ne pas se faire prendre.
-Bien. Si c'est comme ça... Dit-elle d'un ton faussement menaçant.
Il se prend au jeu bien mieux qu'elle ne l'aurait cru. Trouvant un emplacement où les lumières ne peuvent l'atteindre et où l'écureuil ne se trouve pas, elle ferme les yeux et se concentre. Elle visualise la forêt qui entoure la clairière et le Taledhel ainsi que les endroits par lesquels elle est passé. A l'un de ces points, une ombre se trouble, ouvrant une voie vers ce monde étrange, dénué de couleur, d'odeur et de bruit. Dénué de vie mais dans lequel on peut percevoir tout ce qu'il se passe dans la réalité. Rapidement, un deuxième accès s'ouvre, pratiquement de l'autre côté la plaine. Puis un autre. Et un autre. Elle crée ainsi une vingtaine d'ouvertures, la dernière se trouvant près de la fouine qui n'a pas bougée depuis tout à l'heure. Un sifflement d'oiseau retentit et elle semble comprendre le message. Elle saute dans l'ombre, disparaît et ressort plus loin. Cilastiel en fait autant... Et ainsi se mettent-ils tous deux à aller et venir au gré des passages qu'elle leur offre, perturbant un peu plus la perception de son joyeux adversaire.
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| | | Ameanor Sindënellë
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Lun 29 Mai 2023 - 22:53 | |
| L’ancien thaumaturge eut un petit rictus. Il y avait être seul et… Être vraiment seul, avec sois même et ses propres ténèbres. Seul devant ses propres échecs, seuls devant les spectres de ceux à qui l’on a failli. Seul au plus profond de son cœur moribond. Mais, finalement, que savait-il de l’histoire de cette ombre qui volait entre les arbres ? Quelle histoire pouvait donc mener une Ornedhel à n’avoir aucun clan ? Et qui, en ce monde, pourrait ressentir le besoin de se couper de cette chose magnifique qu’est la magie ?
Mais Ameanor ne s’attarda pas dans son domaine intérieur en ruine, où l’attendaient toujours ses sombres pensées, et se ressaisit, aidé par le rire amusé de son invisible interlocutrice. Cette nuit n’appartiendrait pas à la douleur et au regret. Cette nuit se devait de rester l’écho d’un lointain passé, et le berceau d’une nouvelle relation qui semblait bien agréable. Et c’était pourquoi le jeu devait continuer, encore un peu, ancrant toujours un peu plus l’instant dans ceux qui furent oubliés.
Et celle qui manipulait les ombres ne voulait pas non plus se laisser battre. Elle sema momentanément l’écureuil qui la suivait et commença à manipuler la trame tout en prenant faussement des grands airs. Ameanor ne put retenir un petit rire, alors qu’il stoppait son animal lumineux pour laisser à sa vis-à-vis le temps de manipuler à sa guise son art. Dans la nuit, il put voir apparaître diverses formes argentées. La Noss était maline, elle avait créé suffisamment de nœuds dans sa toile pour ne pas être suivie à la trace. Alors, elle commença à sauter d’ombre en ombre, traversant un portail à chaque fois que l’illusion de lumière approchait, ressortant à un autre de manière complètement imprévisible. Il était impossible de rattraper l’elfe si agile dans ces conditions. Alors, Ameanor modifia légèrement son sort, et les boules de lumières toujours présentes se muèrent. Corbeau, aigle, lapin, mulot, moineau… Une dizaine d’entre elles prirent la forme de petite créature de la forêt, sans pour autant briller plus fort. Et ces petits animaux s’élancèrent entre les arbres, cherchant l’elfe insensible, alors que le reste des boules lumineuses disparaissaient définitivement. Bien sûr, il aurait simplement pu faire bien plus de compagnons brillants, et les poster à chaque portail, mais où donc serait le jeu, dans ce cas ?
- Je crois que j’ai enfin commencé à devenir menaçant. Il serait de mauvais ton de s’arrêter de si bon chemin, alors que tu me montres enfin tout l’étendu de tes talents ! Déclara le mage d’un ton amusé. Tu as soulevé bien des questions, en si peu de mots. Comment n’es-tu donc d’aucun clan ? Pourquoi donc un clan devrait t’adopter ? Suis-je donc si ignorant du fonctionnement des Ornedhel que je ne connais pas la manière qu’ils ont de former leurs grandes familles ? Toi, en tout cas, tu me sembles bien érudite, insinuant par là même qu’il avait noté sa réponse à l’image de la pièce, qui était plus connue des livres d’ethnologie et de géographie des érudits des cités que des Noss. Non pas qu’il m’est désagréable de partager cette discussion, ne te méprends pas ! Mais j’ai maintenant mille questions qui me tournent en tête. Mais, surtout, pourquoi donc voudrais-tu te couper de ta magie ?
Alors qu’il parlait, le scientifique ne manquait pas de suivre du regard les lumières aux effigies animales, cherchant parmi les ténèbres et volant entre les portails d’ombre afin de dévoiler la Noss. Était-ce un pied, qu’il venait de voir traverser un portail, sur sa droite ? C’était, en tout cas, bien une fouine qui plongeait dans un autre, non loin.
- Je vois que ton amie marte a décidé de se changer et de rejoindre le jeu. Mais il est moins doué que toi, de toute évidence ! Termina alors le mage avec un grand sourire.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Sam 10 Juin 2023 - 21:11 | |
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Le jeu devient bien plus complexe et Cilastiel se trouve enfin dans une situation qui lui demande bien plus d'attention et de talent pour parvenir à demeurer cacher aux yeux de son adversaire. Désormais, elle court et saute, de branche en branche, de faille en faille. Le tout en surveillant les petits animaux de lumière afin de ne pas tomber nez à nez avec l'un d'eux. Parfois, elle s'enfuit de justesse. Parfois, elle s'arrête net juste avant de revenir dans le monde réel et se retrouve contrainte de changer d'issue. Elle s'essouffle... Mais ce qui donne tout son intérêt à cette partie de cache-cache ! Son petit compagnon a moins de chance mais ce n'est pas grave. Il n'est là que pour faire diversion.
-Je n'ai besoin d'aucun clan. Je n'ai pas besoin que l'on m'adopte... Corrige-t-elle tout en échappant à ses poursuivants. Je suis la sœur de tous les elfes. La tienne y compris. Ornedhel... Taledhel... Pour moi, cela traduit simplement une différence de mode de vie. Cela ne change pas ce que nous sommes : des enfants de Kÿria.
Le citadin se montre bien curieux. Pour bien lui répondre Cilastiel devrait lui raconter sa vie entière... Et la nuit n'y suffirait peut-être pas. Mais en a-t-elle seulement envie ? Replonger dans son passé ne serait pas une expérience amusante. Son histoire, elle ne l'a jamais racontée à personne. Pas même à son frère. Ceux qui en ont connaissance l'ont rencontrée il y a plusieurs années déjà et rares sont les Taledhels à ne pas avoir entendu parler de la malheureuse sœur du Toer Tamindal. Mais elle aime son anonymat aujourd'hui... Cependant, une question a été posée et elle tient à continuer à lui répondre. Et, tant qu'elle gagne, elle peut se contenter de rester vague.
-Je ne cherche pas à m'en couper. J'ai perdu quelque chose... J'ai dû apprendre à faire sans. Sinon comment aurais-je pu t'approcher discrètement sans que tu ne le sentes ?
Au vu des capacités qu'elle montre ce soir, elle ne parle pas de son focaliseur. A moins d'être très expérimentée, elle ne pourrait déployer autant de maîtrise sans ce support. Et sa voix trahit sans nul doute sa jeunesse.
-Je pourrais te retourner tes questions. Il n'est pas dans la nature de ceux qui vivent derrière les murs de s'isoler à ce point. Pourquoi l'avoir fait ? Ce soir aussi... tu prends de gros risque en venant seul ici en pleine nuit.
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| | | Ameanor Sindënellë
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Lun 19 Juin 2023 - 17:38 | |
| Ameanor jouait, c’était bien le cas de le dire. En vérité, en cet instant, ses créations dansaient plus qu’elles ne chassaient. Ses lumières s’ouvraient dans la nuit en un véritable spectacle de grâce, où l’aigle s’envolait vers l’écureuil pour lui tourner autour avant de reprendre sa route, où la belette s’élançait et planait dans les airs, accompagnant une hirondelle et un pic-vert qui se détachaient d’elle en étalant leurs ailes colorées, où le renard sautillait sur un support invisible en traçant des spirale brillante dans le ciel. Bien sûr, les animaux pourchassaient globalement l’insaisissable petite elfe, mais le sort semblait tout autant briller en un balai mystique. Le maître luminomancien appréciait la beauté, et même le jeu ne pouvait l’empêcher d’intégrer une forme d’esthétique harmonieuse à son sort. Après tout, à quoi bon manipuler la lumière si ce n’était pour partager les merveilles de ce monde avec autrui ?
- Tu n’as besoin d’aucun clan, mais tu ne vis dans aucune cité… Mais d’où viens-tu donc ? Reprit alors le mage, sa curiosité loin d’être satisfaite.
Il fit néanmoins une courte pause. Ameanor ne partageait que peu avec les autres elfes, et, bien qu’il ne fût pas habitué aux conversations, il n’en était tout de même pas totalement inepte. Son interlocutrice avait omis beaucoup de ses questions, il avait dû toucher un sujet sensible. Et c’était loin d’être son objectif que te mettre l’agile Ornedhel dans une situation inconfortable.
- Pardonne-moi, dit alors Ameanor en baissant le regard. Ma curiosité me porte peut-être trop loin. Je ne voudrais pas que mes mots ouvrent de vieilles blessures déjà bien difficiles à refermer. À mon tour alors de te donner quelques réponses !
La nuit est mon refuge. C’est elle qui révèle mes plus anciennes amies stellaires, et c’est elle qui met en valeur mes lumières. Pourquoi donc aurais-je peur d’elle ? En outre, nous ne sommes pas si éloignés de la ville, un peu plus d’une heure de marche, pas beaucoup plus. Et j’ai quelques tours dans mon sac en cas de coup dur, termina le mage avec un petit sourire espiègle, laissant sa phrase sans autre explication et conservant le mystère sur ses petites idées. Mais, en un sens, je peux dire que je te rejoins sur un point : la cité m’a peut-être vu naître, mais je n’en suis pas plus attaché que tu sembles l’être aux clans Ornedhel. Je préfère vivre loin des foules et de l’agitation des villes. Mais, même moi, j’ai un clan, qui vaut plus que tout autre chose dans ce monde. Deux êtres qui sont tout pour moi, mon épouse et ma fille.
Ces derniers mots s’accompagnèrent d’un rictus douloureux. Une seconde, l’image d’un arbre apparue dans l’esprit d’Ameanor, celle de la fin d’une ère douce. Celle d’une époque où ce clan était composé d’une personne en plus, et où sa vie sous les étoiles était une idylle loin des murs agités de Quatrième-Saison. Mais il se reprit rapidement, car il vit une opportunité. Il avait aperçu l’ombre de l’Ornedhel sortir d’un portail et s’élancer vers un nouveau. Le mage voyait vers où elle voulait aller et, par chance, trois animaux n’étaient pas loin. Le mage les fit alors voler rapidement sur la trajectoire de la Noss, déjà poursuivie par les lumières de l’animal qui avait révélé son ombre, alors que ses traits se décrispaient pour afficher un sourire malicieux. Il serait, sans conteste, difficile pour elle de s’échapper, mais il ne fallait pas la sous-estimer, car cette elfe lui avait déjà prouvé qu’elle avait plus d’un tour dans son sac.
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| | | Cilastiel
Elfe
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Dim 2 Juil 2023 - 16:45 | |
| Cilastiel ne répond pas à la question qui lui est posée. Un peu parce que cela serait bien trop long pour lui donner une explication complète. Mais aussi parce qu'elle n'a pas le cœur à évoquer cela maintenant. Et puis, c'est un peu compliqué... Même pour elle. Elle se contente de continuer à jouer tandis que la Taledhel réalise de lui-même qu'il s'est montré indiscret. Cela l'arrange bien, il faut l'avouer... Tout en poursuivant son cache-cache, elle l'écoute. Leurs histoires sont décidément très similaires, tout en étant totalement différentes. Il se méprend toujours autant sur elle et ses origines mais elle ne peut pas vraiment lui en vouloir. Il ne sait rien d'elle et ses réponses à ce sujet ont été très vagues jusque là. Une famille, elle en a également une... Il y a sa mère, même si elle ne l'a pas revu depuis qu'elle est devenue ce qu'elle est aujourd'hui. Il y a également son frère de cœur qu'elle retrouve soit dans son clan, soit sur sa route. Deux êtres... Tout comme lui. Même si lui a eu la chance de connaître l'amour. Le seul être qu'elle ait jamais aimé est bien loin désormais... Et leurs chemins ne se sont pas recroisés depuis des années. Anaëh ne l'a jamais conduite sur ses terres. Peut-être que c'est qu'elle n'y est pas prête ? Ou bien veut-elle qu'elle l'évite ? Mais pourquoi ? Peu importe, cela ne changera pas son mode de vie. Et elle n'est pas certaine de l'aimer encore. Elle est une toute autre personne aujourd'hui... Virevoltant entre les arbres et les brèches, entre la réalité et l'entre-deux mondes, Cilastiel déploie toutes les compétences intellectuelles, physiques et magiques pour échapper aux créatures de son interlocuteur. Elles ne semblent pas tant la chercher que s'amuser cela dit... Mais elle a plus d'une fois manqué d'en croiser une et ne l'a éviter que de justesse. Peut-être, à quelques occasions, le Taledhel a-t-il pu voir un pied apparaître sous le faible halo d'une lumière... Ou bien une main. Mais alors qu'elle fuit d'une cache à une autre, elle s'arrête net. Un aigle risque de croiser son chemin. Elle se retourne sur le second passage le plus proche mais un écureuil se tient tout près. Elle se retourne encore et voilà une hirondelle dont la trajectoire va passe tout près d'elle. Elle est coincée et ne peut rester ici plus longtemps... Alors, soudain, toutes les failles disparaissent et l'énergie déployée et regroupée sur la jeune Ornedhelle qui se pare de brume et s'évapore avant que toutes les créatures du luminomancien ne se regroupent autour d'elle. Elle s'est retrouvée piégée mais est parvenu à s'échapper. Match nul. Voilà qui met un terme à leur partie. Glissée dans les ombres, Cilastiel regarde au-dessus d'elle les lumières se mouvoir encore. Puis, lentement, elle pivote jusqu'à apercevoir le mage, toujours à sa place. Il est temps... Alors, sur le sol, commence à s'échapper une étrange fumée noire. La fumée monte jusqu'à former une petite colonne sombre... avant de se dissiper pour laisser apparaître une jeune elfe à l'allure inhabituelle. Vêtue de noir et d'ocre, sa tenue est avant tout confortable, sans être inesthétique. Son flanc et son poignet sont parés de plusieurs cordelettes auxquels pendant des amulettes assez variées. Ses pieds sont nus et sa tête surmontée d'une étrange coiffe rappelant la tête d'un oiseau. Enfin, ses yeux sont aussi sombres que la pierre mais ont quelque chose de d'inhabituel... De vivant. De son épaule descend un petit animal à fourrure. Une fois sur le sol, il se décale légèrement sur le côté et reprend sa forme initiale : celle d' un elfe aux jambes félines, à la queue de lézard et au chef surmonté de cornes. Il penche la tête sur le côté, intrigué par cet inconnu. Se tenant à plusieurs pas du Taledhel, Cilastiel l'observe d'un peu plus près qu'elle n'a pu le faire jusqu'alors. Mais elle ne laisse pas le silence planer très longtemps. -Un être peut-il renaître plusieurs fois ? Il existe une elfe qui est morte deux foir pour devenir sous une forme différente d'elle-même. Elle change tant à chaque renaissance que même ses proches ne sont plus capables de la reconnaître. S'agit-il toujours de la même personne ? Elle change toujours de nom, se souvenant du précédent ainsi que de la vie qui lui ait associée mais n'est plus certaine qu'il s'agisse bien d'elle. Qui est-elle ? Conclut-elle son énigme.
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| | | Ameanor Sindënellë
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 706 ans Taille : ~2m Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Sam 8 Juil 2023 - 22:05 | |
| Les lumières virevoltaient et convergeaient. En une douce danse vive et brillante, elles voulaient vers l’insaisissable ombre dans les arbres. Mais celle-ci ne voulait pas se laisser faire. En un dernier effort, elle abandonna tous ses portails et s’enfuit de nouveau, juste avant que les petites boules lumineuses aux formes animales ne l’atteignent. Ameanor sourit, il manqua même de lâcher un petit rire. En vérité, il revoyait ses filles qui jouaient dans sa clairière, autrefois, tantôt se cachant de lui, tantôt le combattant tel le monstre à abattre avant de s’attabler pour un repas bien mérité.
Mais, pour le moment, il convenait de féliciter la performance de la Noss comme il se devait. Aussi, vrillant dans le ciel, les animaux de lumière qui s’étaient rejoints s’éloignèrent de nouveau, laissant, cette fois, une traînée de petite lumière scintillante qui semblaient explosées en de myriades de couleurs dans les airs. Simple petit plaisir des yeux, les lumières n’essayaient pas de chercher ou de rejoindre leur précédente cible. Il n’en était pas la peine d’ailleurs, car, dans un nuage ombrageux duquel se diffusait les lumières argentées provenant de la trame que le regard sensible d’Ameanor distinguait sans peine. Alors que, lentement, la fumée montait, le luminomancien fit venir ses créations pour encercler son interlocutrice qui se montrait enfin. Et, quand finalement la fumée se dissipa, les créatures lumineuses baissèrent la tête, tant en signe de bienvenue que de respect. Pourtant, la surprise déforma momentanément le sourire du thaumaturge lorsque la petite elfe remplaça les ombres.
Ce n’était pas son accoutrement qui était à l’origine de cette surprise. Ameanor ne savait que peu de chose sur les Ornedhel, au final, et l’étrange couvre-chef de cette elfe, tout comme ses divers talismans, étaient peut-être tout à fait, normaux. Non, ce qui le surprenait beaucoup plus était l’allure, la silhouette de la Noss. Si petite… Si fine… Sa propre fille était-elle déjà plus grande, du haut de ses neuf décennies ? Pourtant, impossible de croire que l’Ornedhel était une enfant, tant pour ses formes que pour sa maîtrise des arcanes. Qu’était-il donc arrivé pour qu’elle paraisse si chétive ? Peut-être était-ce là simplement la raison de ses silences et de ses omissions.
Mais, bien vite, une expression douce reprit le dessus sur le visage du mage. Il fit un salut de la tête à l’animal qui reprenait sa forme originelle. Était-ce une nymphe ? Les connaissances du scientifique étaient profuses sur le sujet des étoiles, du ciel, de la lumière et des sciences physique. Bien moins dans les sciences naturelles. Bien lointains étaient ses souvenirs des livres et des enseignements qu’il avait reçus écrivant les créatures d’Anaëh. Mais qu’importe, en cet instant, car celle-ci semblait tout à fait pacifique, et aussi curieuse de lui qu’il l’était d’elle.
Finalement, alors que se dissipait enfin son sort, Ameanor s’assit en tailleur, tant en un signe de paix que parce qu’il était simplement fatigué. Après tout, cela faisait de longues heures, maintenant, qu’il manipulait la magie, et ses ressources avaient beau être profuses, elles n’en étaient pas moins limitées. Finalement, le regard du mage se plissa alors que la jeune elfe posait ses énigmatiques -et inquiétantes- questions. D’une certaine manière, il comprenait parfaitement ce qu’elle voulait dire, car il s’était senti dépérir si longtemps après cette terrible nuit sans fin que jamais plus il ne pourrait retrouver la personne qu’il avait été, auparavant. Une peine envahit alors son cœur, car de telles pensées ne pouvait que signifier qu’une douleur similaire avait dû arriver à cette Ornedhel, qui paraissait pourtant si jeune…
- Il y a des questions qui ne peuvent trouver de réponse qu’en toi-même, car elles n’ont d’existence que par tes propres ressentis. Mes pensées ne conviendront pas forcément à ton cœur. De ma propre expérience, continua le mage, en posant sa main sur un de ses genoux, le coude vers l’extérieur, je dirais que nous sommes en perpétuel changement. Parfois, celui-ci est lent, et, un jour, nous nous réveillons et nous ne reconnaissons plus l’être du siècle passé, dans notre mémoire. D’autre, il est brutal… Le mage fit une courte pause, une grimace s’afficha momentanément sur son visage. Et alors, rien ne peut être comme avant. Pourtant, est-ce fondamentalement différent du changement long et naturel ? Nous sommes qui nous sommes aujourd’hui, celui d’hier n’a fait que le nourrir. Ce qui importe est d’agir comme il nous semble le plus juste pour aujourd’hui et demain, ce qui importe est d’être qui nous souhaitons être.
Après une nouvelle pause, pendant laquelle la mélancolie profondément infusée dans Ameanor refit surface, il reprit alors que son visage s’éclaircissait quelque peu. Si cette elfe cherche toujours qui elle est, ou qui elle voudrait être, sache que celui assis devant toi, aujourd’hui, est Ameanor, maître luminomancien, astronome et physicien. Je suis enchanté de rencontrer qui tu es aujourd’hui.
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| | | Cilastiel
Elfe
Nombre de messages : 520 Âge : 37 Date d'inscription : 06/01/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 155 ans (née en 863:X) Taille : A peine 1,60m Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent Mer 12 Juil 2023 - 17:08 | |
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Cilastiel laisse son interlocuteur répondre, même s'il s'égare. Il se trompe sur ce qu'elle lui demandait. Elle ne cherche pas à comprendre ce qu'elle est devenue... Si elle l'ignorait, elle ne porterait pas cette coiffe, ni ce nom. Mais, cela, il ne peut pas le savoir. Parce qu'il ne connaît rien d'elle. S'il était au courant de son histoire, il n'aurait pas à tenter de lui répondre comme si elle lui demandait quelque chose d'aussi profond qu'il le pense. Elle le regarde s'asseoir tandis qu'elle reste debout. Elle n'est pas fatiguée, ou pas assez pour ressentir le besoin de se poser. Près d'elle, son ami cornu observe tant l'elfe inconnu que les créatures de lumière qui nous entoure. A la fois intrigué et farouche, il ose s'en approcher et tendre la main avant de finalement se retirer sans les toucher et revenir à sa position première. Cette fois, ce n'est pas comme tout à l'heure. Cette fois... on le regarde.
Lorsque le Taledhel a fini son propos, l'Ornedhelle étire un doux sourire en coin.
-Cette elfe sait qui elle est. Répond-elle simplement. Ce n'était pas une question philosophique... Mais une devinette. Puis elle écarte les bras pour se désigner elle-même. Tu as tous les indices pour trouver autant mon nom que mon surnom. Je te laisse y réfléchir.
Les contours de la silhouette de la jeune Anedhelle commencent alors à se faire moins nets, semblant se confondre avec la canopée nocturne qui se trouve derrière elle. Comprenant ce qu'il se passe, la nymphe se change soudainement en chouette et prend son envol dans un hululement. Bientôt, il n'y a plus aucun de ces deux êtes... Même si la voix rieuse et lointaine de l'Ornedhelle se fait finalement entendre dans un écho.
-Peut-être auras-tu la réponse à notre prochaine rencontre. Ameanor.
Parce qu'ils se reverront. Elle en est convaincue.
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| Sujet: Re: C’est au cœur des ténèbres que les étoiles se révèlent | |
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