Qui est le chasseur ? | Solo

Milieu du mois
Eté, Verimios 20:XI

Dans un bois des terres Prademont

Il fait si sombre dans ce bois reculé que l'on pourrait presque croire qu'il fait nuit. Pourtant, la chaleur étouffante de la canopée ne peut permettre de s'y tromper : le soleil est haut dans le ciel.
Il règne ici un silence assez étrange... Les plus expérimentés du groupe l'ont bien remarqué. Il n'y a pas un chant d'oiseau, pas un cri d'animal. Même les insectes sont silencieux. Qu'est-ce qui peut les effrayer à ce point ? C'est justement la raison de leur présence.

Marchant en tête, Aurel avance prudemment. Ne pas rester cacher à l'arrière, cela a toujours fait partie de sa renommée bien que, s'il ne s'était pas trouvé dans la région, il aurait envoyé des hommes et se serait contenté de leur rapport. C'est qu'il est désormais Comte consort et plus simple Seigneur. En soi, cela ne lui rapporte rien de plus qu'un joli titre mais son épouse lui a délégué la sécurité d'Odélian, que l'origine des menaces soient internes ou externes. Alors il devrait avoir bien mieux à faire que d'explorer ce bois lui-même. Cependant, comment fermer les yeux sur ce problème alors qu'il passait par là et qu'il se trouve justement avec des chasseurs de la guilde qui a récemment été créée.

Soudain, un craquement... et tout le groupe s'arrête. Les hommes se regardent les uns les autres mais, contrairement aux fois précédentes, aucun ne lève la main pour indiquer que c'est lui qui a fait du bruit. Alors, leurs iris se tournent vers les alentours. Les épées sont lentement tirées de leur fourreau et les flèches de leur carquois.
Nouveau bruit, difficile à définir. Ce n'est pas un grognement. On dirait plutôt un éboulis... Des pierres contre une surface moins dense... Des pierres contre du bois ! Oui, c'est cela ! Mais... Cette région n'est pas montagneuse, loin de là. Alors comment... ?
Un grognement tire les hommes de leur réflexion et tous tournent leur regard vers l'origine du bruit. Là, dans la pénombre, ils distinguent une masse qui se déplace, lentement. A première vue, il a la taille et la forme d'un ours... Mais quelque chose cloche. La créature redresse la tête, semblant humer l'air. Puis elle la redescend lentement tout en l'orientant vers le groupe. Elle se met à grogner de plus belle... Elle les a vu. Et elle attaque !

Aurel retire son épée du cou de la bête, secouant légèrement son cadavre. C'était bien un ours mais constitué en grande partie de pierre. Du miens, à l'extérieur. Il lui a fallu plusieurs minutes pour trouver des failles dans sa carapace et quelques unes de plus pour obtenir une occasion d'en exploiter une. Les archers ont bien tenté mais leurs flèches se sont soit fracassées sur son armure, soit logées dans sa chair mais pas assez profondément pour faire plus qu'énerver un peu plus l'animal. Seule une lame pouvait en venir à bout. Le Comte consort observe la sienne, couverte d'une substance bleue... Est-ce son sang ? C'est assez étrange mais, s'il était encore possible d'en douter, il est désormais évident que cette chose est une créature de l'afflux. Se faisant, l'olysséen remarque alors quelques rayures sur le métal. Sans surprise... Mais cela l'ennui malgré tout. Solange lui a offert cette épée depuis un mois seulement qu'elle est déjà abîmée. Mais rien qu'un polissage ne puisse corriger. Alors il l'essuie et la range avant de se tourner vers l'ensemble du groupe.

Il y a plusieurs blessés. Les coups de pattes de la bête en ont envoyé valser plus d'un. Il y a également quelques griffures. Il va falloir ramener tout ce petit monde, sans brancard à disposition. Pour l'heure, il faut soigner ce qui doit l'être afin que les blessés puissent tenir jusqu'au domaine le plus proche. Tandis qu'un soldat s'approche d'Aurel et lui fait un rapport rapide sur l'étendu des dommages, celui-ci ne semble que partiellement attentif. Il continue à regarder autour de lui, semble chercher quelque chose.

-Votre Grandeur ? S'enquit le militaire en voyant son Seigneur préoccupé.
-Où est Pacôme ?

Le soldat imite alors le lantenois et parcours les alentours du regard, s'arrêtant sur chaque silhouette un peu plus fine que les autres. Mais il ne le trouve pas non plus.

-Pacôme ? Tente-t-il, des fois qu'il soit dissimulé par un arbre. Mais pas de réponse...
-Est-ce que quelqu'un a vu Pacôme ?
-Pas depuis un moment... Finit par répondre un archer.

Devant le silence des autres, Aurel comprend que son protéger n'a même pas participé au combat.

-Peut-être a-t-il eu peur et il s'est sauvé ?
-Ce n'est pas un pleutre. Rétorque le Comte consort sans plus d'explications.

C'est qu'ils ne peuvent que le croire sur parole... Il le connaît depuis des années et l'a formé personnellement. Il sait ce qu'il vaut mieux que personne et, même si c'était son premier vrai combat, il n'aurait pas fui lâchement.

-Il s'est égaré ?
-Nous sommes restés groupé. Même en ayant pris du retard, il n'aurait pas pu nous perdre si facilement.
-A quoi pensez-vous, votre Grandeur ?
-A rien de bon... Il marque un pause avant de reporter enfin son regard sur ses hommes. Regroupez les blessés et que quelques uns restent pour les soigner et les évacuer. Les autres, avec moi.

La bête: