Un matin d'été, je me suis égaré avec précaution
Près des murs de Timenzé, où j'ai rencontré un gay marin
Converser avec une jeune fille qui semblait souffrir
En disant “William, quand tu pars, j'ai peur que tu ne reviennes plus jamais”Le marchand releva la tête, l’air suspicieux, son regard alla de gauche à droite, tentant d'apercevoir quelqu’un dans l’obscurité, et pourtant le quai semblait vide. Puis la voix cristalline se fit entendre de nouveau. Il descendit rapidement de son navire, observant le quait qui semblait pourtant vide. Puis le chant se fit de nouveau entendre;
Mon cœur est transpercé
Je dédaigne tout cet or scintillant
Rien ne peut me consoler
Mais mon joyeux marin audacieuxSans attendre, il s’approcha du bout du quai, l’air suspicieux, on ne chantait pas une telle chanson sans réellement chercher de problème. Il pouvait finalement voir une silhouette féminine au bout du quai, adossée à la rambarde. Le mécan jeta un nouveau regard derrière lui, s’assurant qu’il n’y avait personne. Puis s’avançant un peu plus vers la jeune femme à la voix cristalline.
Ses cheveux pendent en boucles, ses yeux bleus comme l’océan.
Mon bonheur l'attend partout où il ira
De Marcam à la tour bleue, j'errai, pleurerai et gémirai
Tout pour mon joyeux marin, jusqu'à ce qu'il rentre chez luiLa voix s’arrêta finalement alors qu’il était tout près de la jeune femme, le clair de lune illuminant finalement le visage de la belle.
« Cela fait un moment, Holden. » Le marchand s’arrêta net en la reconnaissant. Il plissa les yeux, comme incertain que la figure qu’il avait devant lui était réelle.
« L’rose? »Oh oui, il se souvenait d’elle. Il l’avait vu une fois dans sa boutique à Meca. Là, où elle avait acheté de nombreuses tenues. Il se souvenait d’avoir eu le souffle coupé lors de leur rencontre, totalement obnubilée par la jeune femme. Elle était si… différente. Oui, différente de toutes les femmes qu’il avait racontées jusqu’à maintenant et il n'avait pu résister à la suivre, à en apprendre un peu plus sur elle. Il avait découvert rapidement dans quel auberge elle se trouvait, son surnom et surtout qui la protégeait... Adélina se redressa, lui lançant un sourire amusé. Ce dernier le lui rendit, avant de croiser ses bras.
« C’est dan’greux d’chanter d’trucs dans l’genre ici. » Adélina se redressa, avant de prendre la parole ;
«Ne t’inquiète pas pour moi. Qu’est-ce que l’on raconte ? Ou est l’Rok? »Le mécan regarda autour de lui, s’assurant qu’il n’y avait réellement personne avant de reprendre la parole;
« L’Rok est en vie. » Le regard d’Adélina s'agrandit, se radoucit. Il était en vie… Son cœur manqua un battement, mais la suite n’était guère rassurante ;
« Y’a tout perdu, mais y’reprend d’l’aplomb… » Le visage de Holden sembla se refermer pendant un moment, lui cachant définitivement une information importante. Adélina se redressa, attrapant le collet du marchand pour l’approcher d’elle.
« Crache le morceau, Holden ! » Ce dernier fit une grimace avant de reprendre la parole;
« L’wagyl est apparu, d’vant nous tous. L’médée l’a appellé avec l’Rok. » La baronne se figea un moment, ses yeux s'agrandirent, semblant prendre en compte ce qu’il venait de lui révéler. Des voix lointaines se firent entendre, la sortant rapidement de sa torpeur.
« Fais un message au Rok de ma part. Dis- lui de venir me voir. Aubry peut nous arranger un rendez-vous. Dis-lui que j’ai besoin de son aide. » Holden passa sa main dans ses cheveux, semblant peu enthousiaste à l’idée de se retrouver si près du Rokvenha.
« Y m’croira po… » Adélina enleva rapidement une bague de ses doigts, une bague d’argent ornée d’une émeraude, puis elle la tendit au Mécan.
« Maintenant si. Je serais de retour à Ydril à la fin du mois. » Elle détacha une petite bourse avant de la lancer au marchand.
« Première partie de ton paiement. Ramène-moi le sien, et tu auras le même montant. » Sans attendre, Adélina dépassa le marchand, retournant vers le quai principal, là, où une très grande silhouette encapuchonnée l’attendait. Tout deux disparurent rapidement dans l’obscurité alors que le marchand lâcha un soupir d’agacement, se demandant dans quel coup il s’était encore fourré.