Changement d'cap ! [SOLO]

L’ambiance battait son plein en cette douce soirée d’été. Au cœur du port mécan et parmi les nombreuses tavernes qui s’y trouvaient on pouvait entendre les rires de joies et les musiques enivrantes rythmer l’instant et le cœur des passants. Ce soir-là, le Rokvenha était plutôt de bonne humeur et avait décidé enfin de quitter sa tanière pour passer du bon temps en compagnie de ses proches. Voilà maintenant quelques jours qu’il avait été au cœur de l’attention de toute la cité, accompagnant la Médée aux devants du Wagyl. Il avait montré à tous, par l’intermédiaire de cette vieille sorcière, qu’un nouvel âge débutait pour Méca. Il s’agissait maintenant d’en définir les premiers éléments.
Installés à une table, Croqueuse, Rocaille et le Rokvenha profitaient de l’instant. Quelques verres leurs avaient été offerts en signe de reconnaissance et ils avaient rejoint ceux qui avaient déjà été vidés auparavant. Le Capitaine avait fait venir ses officiers après avoir passé plusieurs jours sous silence, souhaitant enfin leur annoncer ce qui lui avait été révélé face à la créature des légendes par la Médée.

La Sang-Mêlée fut la première à le questionner, semblant impatiente de découvrir la vérité. « Alors l’Rok, racontes-nous ! Tu t’planques depuis plusieurs jours et là tu ressors comme si d’rien n’était pour nous faire boire des coups ? Crache l’morceau aller. » Ses questions n’eurent comme réponse qu’un simple sourire pour l’instant, un sourire que la Seconde ne bouda pas tant elle n’en avait plus vu sur le visage de son capitaine et ami depuis bien longtemps. Rocaille à son tour accompagna les propos de la jeune femme pour appuyer ses propos. « Elle a raison, tu nous dois des explications. »

Caleb, à moitié caché derrière sa choppe dans un sourire amusé par l’impatience des siens, déposa finalement son verre. Il s’accouda à la table et se pencha légèrement vers l’avant en observant les siens. Sur un ton semblable à la confidence il répondit alors.

« Y’a pas grand-chose à dire… L’M’dée dit qu’j’marque l’début d’un n’veau truc… Elle m’a rien dit d’ce que c’était puis bon… L’vieille carne a dit qu’j’étais bien trop ‘goïste pour comprendre quoi qu’ce soit à tout ça. » Il ria, amusé en se remémorant le sermon fait par la vieille femme et balaya l’air de sa main avant de reprendre. « C’pas c’qui ‘m’porte l’plus, naye… C’que j’dois faire là maint’nant, c’est r’trouver un rafiot et r’prend’ l’mer. » Les deux le regardèrent alors, semblant en attendre davantage, leur expression d’incompréhension commença à se dessiner sur leurs visages et on entendit un « C’est tout ? » s’échapper de la bouche de Croqueuse. Visiblement, les deux s’attendaient à davantage de découvertes, peut-être une prophétie ou mieux encore une indication sur un trésor ou tout autre. Ils s’étaient visiblement faits tout un monde de tout ça et ne semblaient pas, eux aussi, saisir l’importance d’un tel évènement. Enfin, le Rokvenha reprit la parole toujours amusé de voir la stupéfaction sur le visage des siens. « J’vais d’voir r’former un ‘quipage et j’vais ‘voir besoin d’vous pour ça… Il risque d’y’avoir tout un tas d’péquenauds qui vont s’pointer et j’prendrai pas l’premiers ‘brutis. Naye, j’dois former un ‘quipage qui m’rite d’naviguer sous l’bénédiction d’la Médée, car aye… Une fois qu’j’aurai l’navire et l’gaillards on r’tournera voir la vieille tarée pour qu’elle offre l’protection à l’coque d’navire. A partir d’là on pourra r’prendre l’mers sans craind’ quoi qu’ce soit du Wagyl. »

Les deux officiers le regardaient encore et hochaient la tête à tour de rôle. Rien de bien compliqué en perspective. Ils avaient presque l’air déçus un bref instant et finirent par reprendre la parole. « Donc une fois que ça sera fait, notre navire et notre équipage pourra traverser l’territoire du Wagyl sans crainte ? » Caleb opina simplement. « Mmh… Donc on pourra s’rendre là ou on raconte qu’il y a du brouillard et où justement il s’trouve pour aller enquêter ? – Aye on peut – Et ensuite ? – ‘suite j’en sais fout’ment rien … J’rrive toujours pas à capter c’que ça va vraiment m’pporter que d’pouvoir n’viguer d’la sorte on l’verra p’t’êt’ l’moment v’nu ? – Mmh… Sûrement, bon aller à la vôtre ! – Santé ! »

Les trois marins trinquèrent alors à ce nouvel avenir qui leur paraissait à la fois commun mais aussi bien incertains.