Une fuite vers le passé [PV Lynn&Illynora]

Calme, elle ne l'était absolument pas. L'alchimiste venait grâce à l'aide d'Artiön ainsi qu'une dose d'agilité certaine de passer au travers d'une harde de créatures sylvestres qui souhaitaient à tout prix l'anéantir. Afin de parvenir jusqu'à cet arbre source de maints problèmes, Illynora n'avait guère dansé entre les attaques telle une habile féline, mais avait tout simplement foncé droit devant elle sans trop réfléchir, sa couverture s'étant payée au prix de crocs déchirant bois et feuillages.

Face à l'arbre, ses mains tremblent légèrement et l'adrénaline qu'elle subit lui fait presque voir les différentes actions autours d'elle au ralenti. La peau de son objectif est arrachée au tron, laissant entrevoir une partie exposée. Elle n'avait pas spécialement le temps de réfléchir et ne savait pas si elle faisait bien ou mal, mais décida tout de même d'utiliser sa préparation à cet endroit là.

Rapidement et maladroitement, elle enleva le bouchon, manquant de renverser une petite quantité de préparation, avant de rapidement vider le contenu de sa fiole sur l'arbre. Elle tenta d'éparpiller l'elixir sur toute la surface absente d'écorce devant elle, faisant bouger le goulot d'une extrémité à l'autre de la plaie de l'arbre.

Allait-elle faire demi-tour ? Elle ne semble pour l'instant pas encline à bouger, qu'elle soit terrorisée par l'attaque ou bien trop touchée en son for intérieur pour faire quoi que ce soit d'autre que d'attendre le résultat de l'action qu'elle avait entreprise. A moitié prostrée sur elle-même, le flacon lui glisse des doigts. Elle est alerte, mais ne sait de toute évidence plus quoi faire.

Profitant de la blessure de l’arbre, l’élixir s’insinue sous l’écorce, remonte lentement le xylème du bâtiment végétal, et de la même manière que vos antidotes apaisent les chairs empoisonnées, lui offre un peu de soulagement. Les Chants courroucés s’apaisent, et la menace qu’était devenu l’Arbre-Maître face au monde sur lequel il était censé veiller s’étiole. Les bêtes de vigne s’écroulent, devenues buissons à nouveau. Le bruit des combats s’étouffe dans la nuit, et le calme revient.

- Enfin…

Tu soupires, et relâches ta concentration. Tu déglutis douloureusement, ta propre salive te brûlant la gorge. Tu ne peux pas les laisser comme ça. À tous ceux que tu as relevé… tu leur doit de leur offrir une digne fin. Tu inspires longuement, ton sceptre dansant adroitement entre des doigts, puis tu en frappes le pied sur le sol, les yeux fermés. L’éther embrase les chairs des non-morts, et leur pourriture est faite cendre, rendue à la nature.

- Mais ! Qu’est-ce qui t’a pris ? Maintenant on ne saura jamais si c’était ceux qu’on cherchait !

- Tu sais comme moi que ce n’est pas le cas !

Ton ton, plus sec que tu ne l’aurais voulu, force Unqua au silence. Quelque part, même si ce-faisant il signait la mort de certains de ses congénères, il aurait voulu pouvoir te donner tort. Seulement il fallait se rendre à l’évidence. Il était facile de deviner qui étaient les Elfes que la Sylve avait ici dévorés. Les armures d’écailles et les armes en vieil os laissées derrières eux étaient reconnaissables entre mille. Les Baar’Ane s’étaient frottés à plus fort qu’eux.

- Retournons au camp récupérer nos affaires et calmer les animaux. tu te retournes, la mine abattue On ne sait pas combien de temps l’accalmie durera, alors autant s’équiper et autant s’éloigner que possible. On se reposera plus tard, quand les bêtes l’auront décidé. tu tournes ton regard morne vers tes camarades l’un après l’autre, la voix presque vacillante Tout le monde va bien, au moins ?

Le goût amer de ce que tu viens de faire t’accroche tant à la langue que tes sens s’en sont comme endormis. La pulse vitale de la trame te paraît loin. Très loin. Les leurs de même. Tu devrais les ausculter. Le devoir voudrait que tu le fasses. Mais tu n’en as pas la force. Alors tu préfères le leur demander. S’ils veulent toujours bien de ton aide, tu veux bien la leur offrir. Mais là… là tu te sens trop sale pour la leur proposer, et encore moins la leur imposer.

Aucune réponse de la part d'Illynora ne parvint aux oreilles d'Artiön, il aurait été difficile de l'entendre car la chute de cette dernière s'était produite dans l'herbe et intervint au même instant que la faune s'était calmée. Le bruit de son corps s'étalant dans la verte avait été couvert par le bruit des différents végétaux chutant ou se recroquevillant dans le calme. Elle n'avait pas eu le temps de parler, tout juste à peine le temps de constater que son action avait été une réussite. Le changement soudain de la symphonie qui se produisit une énième fois fût celui de trop.

Au moins, elle respire et ne semble pas être danger. Elle est tombée sans trop de dégât, de sa maigre hauteur. Sa tête n'a heurté nul part a première vue et elle ne saigne pas. L'alchimiste est juste tombée inconsciente dans un état qui pourrait s'apparenter à une sorte de cathatonie passagère. Sur le côté, son regard ouvert est fixe et il ne bouge plus, elle ne semble pas non plus interagir ni bouger.

- Tu peux me garder mon sceptre le temps qu’on arrive au campement Aisto ?

Personne n’avait pris la peine de te répondre, parce que la réponse était évidente. Unqua et Aisto s’en étaient tirés avec plus de peur que de mal. Lynn et Illynora par contre n’en menaient pas large. Ton Art aurait pu les aider, probablement, mais tu es trop épuisé pour en faire usage correctement. Ou tu n’en as pas envie. L’un ou l’autre. L’autre plutôt que l’un.

Tu offres un bras à Lynn, qui malgré son état, s’y accroche comme un enfant terrorisé. L’archère n’est plus là. Elle respire, elle pleure, elle s’agrippe à ce qui lui passe sous la main, mais son Souffle n’est plus avec vous. Elle traverse la Tourmente sans avoir perdu la vie, et contre cela, pour l’heure, tu ne peux rien sinon la protéger le temps qu’elle se ressaisisse.

Tu lui fermes les yeux, puis offres un bras à Illynora, dont le corps ne répond plus du tout. Tu la prends contre toi, pour éviter qu’elle ne tombe, et suivant tes deux comparses, tu t’en vas vers votre campement. Là tu es forcé de les abandonner un instant. Le temps qu’Aisto t’aide à passer ton armure, et à accrocher l’équipement des deux « endormies » à leurs montures. Ensuite tu les reprends contre toi, et votre route vers l’extérieur reprend.

Était-il judicieux de continuer votre mission dans ces conditions ? Pour l’heure, la raison voudrait que non, mais rien ne disait qu’il en serait de même demain. Si vos deux Sœurs s’en remettaient, alors retrouver les disparus, et comprendre ce que les Baar’Ane avaient à voir là-dedans redeviendrait votre priorité. Si vos deux Sœurs s’en remettaient.

- Tu es certain que tu ne veux pas t’arrêter ?

- Ne t’inquiète pas pour moi. tu fais légèrement sauter Illynora pour réajuster sa position À elles deux elles font probablement à peine la moitié de mon poids.

- Comment elles s’en sortent ?

- Lynn a fini par s’endormir. Illynora ne devrait pas tarder à se réveiller. tu tournes la tête vers l’alchimiste Tout ça l’a vraiment épuisée. Autant physiquement que mentalement. Mais elle va bien. tu soupires On s’arrêtera quand elle se sera réveillée, et je me reposerai à ce moment-là.

Tes enfants t’ont bien entraîné. Traverser la forêt avec une elfe dans chaque bras te fait penser à eux, et à cette pensée un timide sourire vient t’éclaircir le visage. Ça, et te rappeler que les deux endormies pesaient bien plus lourd que tes enfants.

- Si d’ici le milieu d’après-midi elle n’est toujours pas réveillée, faisons quand même une pause. J’en profiterai pour m’occuper de leurs soins.