Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

 

 Norbert [solo]

Aller en bas 
AuteurMessage
Louis d'Ydril
Humain
Louis d'Ydril


Nombre de messages : 92
Âge : 31
Date d'inscription : 18/07/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 17 ans
Taille
: 1m86
Niveau Magique : Non-Initié.
Norbert [solo] Empty
MessageSujet: Norbert [solo]   Norbert [solo] I_icon_minitimeLun 30 Oct 2023 - 19:47


1ère ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Cité Ydril


Lourdes peuvent être les conséquences d’une parole dite à la tombée de la nuit, quand les âmes vivantes explorent pour la plupart le royaume de leurs rêves dans la solitude, que d’autres profitaient de ce doux moment pour remplir leur panse, et que les rares éveillées guettent le moment où elles retrouveront le tissu ou la soie de leurs draps chauds. C’est à la lueur d’une bougie que Norbert avait confié son plan à son frère, une ennéade plus tôt, et que les engrenages s’étaient mis en place doucement, engageant une machine qui les dépasserait bientôt. Si Louis avait quitté Ydril pour mettre en marche sa propre stratégie, l’archonte n’avait pas chômé. Depuis le départ de la procession de Soltariel, il avait regroupé un nombre très restreint d’hommes de confiance qui pouvaient se compter sur les doigts de la main. Un coup comme celui qu’il préparait demandait de ne le révéler qu’à ceux qui lui seraient loyaux jusqu’au bout, et malgré sa récente apparition au sein de ce cercle de nobles, il avait su déceler l’ambition de certains. Le comte ne se doutait pas que l’erreur viendrait de lui-même, et non de l’un de ses alliés.

Il déjeunait dans ses appartements aux côtés d’Antioche, discutant de quelque centaine de sujets qu’il fallait traiter, tous en parallèle. La question de l’ancien régent, qui avait pris sa place de conseiller auprès de Norbert, le prit au dépourvu.

« Louis est-il enfin revenu de son voyage ? Où peut-il donc être allé ? »
« Louis ? Mais il suit le plan, voy- »

Les trois verres de vin qu’il venait d’ingurgiter lui avaient fait baisser sa garde, et un mot de trop lui avait échappé. Il s’était arrêté net dans sa phrase, et son cœur manqua un battement. Malgré sa proximité avec Antioche, Norbert ne lui avait rien révélé. La loyauté du conseiller allait d’abord au comté, et au duc, avant la sienne. À ce sujet, il ne pouvait pas lui faire confiance.

« Le plan ?... » répéta-t-il à voix basse. « De quoi me parlez-vous, votre Grâce ? »

L’archonte resta impassible, réfléchissant à toute vitesse. Une impasse, voilà où il se trouvait actuellement. Même s’il ne disait rien de plus, il était trop tard. Antioche était un homme intelligent, il aurait tôt fait de trouver les indices qui l’amèneraient à la vérité. Et s’il le mettait dans la confidence, Norbert finirait pendu avant la fin de l’ennéade. Doucement, le vieil homme déposa ses couverts et planta ses paumes dans la table avant de se relever. Il regarda l’aîné de haut, déposant vers lui un regard abject.

« Que manigancez-vous donc ? Ne me dîtes pas que… »

En se relevant brutalement, Norbert fit tomber sa chaise et frappa du poing sur la table.

« Votre arrogance et votre ambition vous perdront, traître ! » cria-t-il d’une voix tremblante. « Gardes ! Gardes ! »

Ouvrant la porte d’un coup sec, deux hommes armés entrèrent, l’épée au poing. Le visage d’Antioche avait blêmi.

« Enfermez cet homme. Jetez le dans la plus profonde des geôles. Nous statuerons de son sort plus tard. » Les soldats se regardèrent. Hésitèrent. « C’est un ordre ! »
« Norbert… »
« Votre trahison vous coûtera la vie. Vous aviez bien caché votre jeu, messire, mais cette erreur sera votre dernière. Gardes, saisissez-le. »

Cette fois, les soldats encadrèrent le sire pris au dépourvu, et l’un d’eux posa sa main sur son épaule, et le poussa sur le côté.

« Allez, avance. »

Trébuchant, penaud, Antioche mis un pas devant l’autre, puis un deuxième. Il continua jusqu’à l’embrasure de la porte, et plaça ses mains de part et d’autre, stoppant net sa progression.

« Vous ne vous en tirerez pas comme ça, Norbert. Votre projet vous coûtera la vie, et celle de votre frère. »
« Pathétique. »

Un garde le poussa de nouveau, et le deuxième referma la porte derrière eux. La respiration haletante, les mains crispées sur le bois de la table, Norbert avait les yeux rivés sur son assiette, où des yeux de poisson mort le fixaient d’un air hagard. Antioche savait. Il le savait peut-être depuis longtemps. Le doute l’envahit. Personne n’était digne de sa confiance. Seul Louis le connaissait, et c’était le seul sur lequel il pouvait vraiment se reposer. Les jours du duc étaient maintenant comptés, sinon, c’est sa propre tête qui glisserait sur le sable du port.

Revenir en haut Aller en bas
Louis d'Ydril
Humain
Louis d'Ydril


Nombre de messages : 92
Âge : 31
Date d'inscription : 18/07/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 17 ans
Taille
: 1m86
Niveau Magique : Non-Initié.
Norbert [solo] Empty
MessageSujet: Re: Norbert [solo]   Norbert [solo] I_icon_minitimeMer 15 Nov 2023 - 12:57


3ème ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Cité Ydril

Posté sur le balcon de sa chambre, le coude posé contre la rambarde et le menton dans la paume de sa main, Norbert regardait son frère repartir après l’échec de sa mission. Il n’avait pas retrouvé la trace du Rok, et il n’avait encore personne pour exécuter le sale boulot qu’il avait imaginé. Son plan prenait du retard, mais ce n’était pas plus mal. Mettre fin à la vie de Adriano avant son mariage n’était finalement pas si important, s’il se débarrassait aussi de sa promise. Ne lui restait qu’à forcer le mariage avec Catarina pour devenir lui-même le prochain Duc de Soltariel, et là-dessus, ses pions étaient déjà placés. Ces dernières ennéades, l’archonte avait passé le plus clair de son temps à rencontrer ses vassaux directs, et autres membres de la haute noblesse de Soltariel. Son but était de se faire connaître, et de montrer ses qualités et ses bonnes idées. Déjà, des relations se tissaient avec d’autres seigneurs, et il pouvait compter sur la force de ces nouveaux alliés pour lui donner l’image qu’il souhaitait une fois le duc éliminé. Tout ne se déroulait donc pas comme prévu, mais peu importait, ce contretemps ne mettait pas en péril son plan.

Une fois Louis disparu de son champ de vision, le comte enfila une veste et se dirigea vers les cachots où Antioche séjournait encore. Le pauvre régent avait perdu du poids, et des cernes énormes déformaient son visage laiteux. Norbert ajusta sa tenue en l’observant et lui jeta un regard de haut, le prisonnier crachant à ses pieds et lui lançant un regard de défi.

« Vous êtes encore là ? Vous avez abandonné votre plan ? »
« Silence, insecte. Je n’ai pas encore pris ma décision concernant ton sort. Tu vas croupir ici encore un long moment. »
« Cet emprisonnement ne me fera rien. Si vous ne m’exécutez pas, c’est parce que vous avez besoin de moi, je le sais. »

Le vieil homme disait vrai. Exécuter un envoyé du Roi sans procès royal était un crime grave, il ne pouvait pas se débarrasser de lui aussi facilement. Une fois emprisonné, les gardes étaient revenus le voir, et Norbert leur avait ordonné de garder leur langue, prétextant que d’autres traîtres pouvaient se cacher parmi la noblesse ydrilote, et qu’il était trop risqué que l’emprisonnement d’Antioche soit connu de tous. L’information n’avait pas fuité. Officiellement, Antioche était reparti loin dans le Nord pour une affaire privée, et on le reverrait peut-être le mois prochain.

Il aurait été facile de le faire disparaître, mais l’égorger discrètement et jeter son cadavre au coin d’une rue était risqué pour deux raisons. D’abord, parce que l’auteur d’un tel crime devrait être retrouvé pour la fierté du comte. Ensuite, parce qu’il avait besoin d’un bouc émissaire au cas où son plan venait à fuiter, ou être mis en échec. Antioche était le parfait candidat pour un tel rôle, et c’est pour ça qu’il le gardait en vie.

« Tu es intelligent, Antioche, mais tiens donc ta langue, ou je te la ferais arracher. »
« Vos menaces ne m’atteindront pas, vipère. Qu’êtes-vous donc venus narguer devant moi ? »
« Antioche, ton histoire touchera bientôt à sa fin. Je te suis reconnaissant de m’avoir trouvé, et enseigné tant de choses. Je ne suis pas immoral, et même si ton existence met en péril la mienne, je te fais présent de ceci. Repends toi auprès de notre déesse bien aimée, fais tes prières. Utilise ce temps pour te faire pardonner tes péchés. »
« Je n’ai rien à me faire pardonner ! Mon âme est pure, je n’ai été que loyauté envers elle et ce comté qui m’est cher ! »
« Ton aveuglement n’a pas sa place ici. Mais peu importe. Dans un mois tout au plus, ton Souffle s’éteindra, et ton âme rejoindra celle de tes ancêtres. »

Antioche s’apprêta à répliquer, mais rien ne lui vint. Il referma sa bouche et regarda le sol, les poings serrés.

« Je ne repasserais pas bientôt, je serais au mariage du Duc. N’essaie pas de t’échapper, les gardes ont l’ordre de te tuer si tu tentes quoi que ce soit. »
« Votre trahison vous coûtera cher, Norbert. Si vous pensez sérieusement réussir votre complot, votre délusion est plus grande encore que je ne l’imaginais. Il n’est pas encore trop tard pour faire marche arrière. Je ne peux que vous conseiller d’abandonner. »
« Ah ! Il est déjà bien trop tard, Antioche. Mais rassures-toi, tu n’auras pas à voir la fin de cette histoire. »

Là-dessus, Norbert se détourna et reprit le chemin inverse des geôles. Dans les couloirs sombres, il n’y avait pas âme qui vive. Les deux gardes qui avaient enfermé Antioche se relayaient à tour de rôle à l’entrée des cellules, bien plus loin que celle qui accueillait l’ancien régent. Le comte les salua et leur rappela de tenir leur langue, n’ayant toujours pas trouvé les complices du traître, avant de remonter les escaliers qui menaient au palais, et se mit à compter les jours jusqu’à ses retrouvailles avec la belle Catarina.

Revenir en haut Aller en bas
Louis d'Ydril
Humain
Louis d'Ydril


Nombre de messages : 92
Âge : 31
Date d'inscription : 18/07/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 17 ans
Taille
: 1m86
Niveau Magique : Non-Initié.
Norbert [solo] Empty
MessageSujet: Re: Norbert [solo]   Norbert [solo] I_icon_minitimeDim 26 Nov 2023 - 11:27


Début de la 4ème ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Cité Ydril

Le soleil n’était pas levé quand la garde ydrilote avança discrètement le long du port, en direction de ce navire marchand qui n’était toujours pas parti. La cinquantaine de soldats encerclèrent le bâtiment, tandis qu’un bateau de la marine coupait l’autre échappatoire pour cette bande de pirates camouflée en un équipage honnête. Malheureusement pour eux, la soirée de la veille avait été un peu trop arrosée, et la sentinelle s’était assoupie au beau milieu de la nuit. Lorsque les gardes pénétrèrent sur le navire, ils dormaient encore tous. En une dizaine de minutes, tous avaient été attachés, fouillés et désarmés. Deux d’entre eux avaient voulu se battre, et leur sang coulait sur le bois du pont. Trois s’étaient jetés à l’eau, et avaient été abattus par des archers restés sur le quai ou sur la corvette. L’aube naissait quand ils furent escortés vers la prison de la ville, la rage et l’inquiétude sur le visage, sous les yeux sceptiques des quelques passants qui s’affairaient déjà en cette heure tôtive.

Tous les pirates furent jetés dans les geôles où on leur offrit une miche de pain pour deux, et pas d’eau. Tous sauf un. Le prétendu Vitale, une fois retrouvé après quelques ongles arrachés et doigts brisés, fut amené au palais, escorté par quatre gardes en armure. Deux d’entre eux le tenaient au bout d’une chaîne, et les deux autres les suivaient, la main sur la poigne de leur épée. Ils passèrent les portes, entrèrent dans la salle des gardes, descendirent un escalier en colimaçon qui menait vers les cages du palais, où on l’enferma pendant vingt-quatre heures, sans rien manger, ni boire. Il avait probablement perdu la notion du temps lorsque deux gardes vinrent le chercher et l’entraînèrent sans aucune douceur dans une salle à l’allure que l’on ne pouvait pas qualifier de gaie.

Il fut assis sur un banc en métal, les poings et les pieds toujours enchaînés. Un peu plus loin, sur une table, on avait posé des outils dont il avait déjà entendu parler. Des outils de torture, qu’un bourreau nettoyait scrupuleusement à l’aide d’un chiffon, sans lui jeter le moindre regard. Cet homme était gigantesque, aux muscles et à la graisse saillants. Il portait des vêtements en cuir noir, sur lesquels avait été déposé un drap blanc qui serait très bientôt sali par le sang du pirate. Les minutes passèrent, angoissantes, désespérantes, dans le plus grand des silences. Personne ne lui parlait. Les seuls bruits qu’on pouvait entendre étaient ceux du musicien qui continuait de frotter ses instruments. Au bout d’un moment qui paraissait atrocement aux yeux du pirate, un cliquetis résonna, et la porte s’ouvrit. L’archonte d’Ydril en personne se dressa devant lui.

« Mon cher Vitale, tu as traîné trop longtemps tes sales pattes dans ma belle cité. Je ne sais pas ce qui t’a poussé à rester, mais cette erreur va te coûter très cher. » Sa voix était monotone, froide, sans émotion, comme son faciès neutre, un contraste saisissant pour les gardes qui lui découvraient un nouveau visage. « Tu as des informations que je cherche, et tu vas me les donner d’une manière ou d’une autre. » Il fit craquer ses doigts et s’avança vers le pirate avant de lui empoigner le menton durement. « Si tu te montres coopératif, je te relâcherai peut-être. Sinon, tu souffriras, et tu finiras par craquer. Tu ne voudrais quand même pas abîmer ton beau visage… » Il le relâcha violemment et fit un pas en arrière, posant ses mains sur ses hanches. « Dis-moi ton nom, pirate. »

Le pirate avait un air neutre, regardant le noble à travers son œil boursouflé. Il l’avait déjà vu celui-là, alors qu’il se promenait devant la foule qu’il acclamait son nom.
« J’avais d’clientes assez importantes qui m’ttendaient. Y’aurait ét’ d’mmage qu’je l’aisse comme ça. » Le pirate eut un rire rauque qui se transforma en toux. Il avait l’impression que son corps entier été douloureux. Il fit une grimace avant de reprendre; « J’pas sûr qu’on peut dire que j’ai un beau v’sage… Mais j’vais l’prendre comme un compliment. » Dit-il non sans faire un léger narquois. Holden savait pertinemment que sa vie ne tenait qu’à un fil, mais si il l’avait amené ici, c’est qu’il avait besoin de lui, ne restait qu’à savoir ce que le nobliau voulait réellement. « Mais puisqu’ t’intéresse autant à moi… Mon nom est Holden.»

Un sourire sinistre, indéchiffrable, apparut sur le visage de l’archonte. Il hocha la tête et fit un signe au bourreau qui se tourna vers lui, l’air déçu. Peut-être ne pourrait-il pas exercer son art en cette douce matinée d’automne. « Bien, Holden. Ça sonne déjà moins faux. Je veux que tu me dises tout ce que tu sais sur le Rok, sur Meca, et sur ce mois que la future duchesse a passé avec vous autres, pirates. »

« Deux mois…» commença t’il avec un sourire narquois aux lèvres. « L’rose a passé deux mois av’c nous. » Il serra ses poings avant de reprendre; « V’êtes pl’sieurs à vouloir savoir des trucs s’l’rose… » À croire que la jeune nordienne avait beaucoup plus de choses à cacher qu’elle ne le laissait paraître. « J’l’ai rencontré qu’une seule fois à Meca. ‘est v’nue m’acheter des vêtements et elle avait pas trop l’air prisonnière… » Commença-t-il avant de fixer son regard vers l’archonte. « Elle avait son chien d’garde avec elle. Rocaille. L’quartier maître du Wagyl Noir. J’crois qu’il est aussi le garde du corps du Rokvenha. » Il expira difficilement avant de continuer; « Y’a des r’meurs à Meca qui disent qu’les deux sont mariés. J’crois pas que c’est le cas… Mais y’a d’finitivement quelqu’choses entr’ l’deux. À ce qui parait l’Rok a défoncé qu’tres gars qui avait osé s’approché de sa rose et y’a la chanson. » Norbert écoutait avec attention en se frottant le menton, attentif à ses moindres paroles. Il lui jeta un regard interrogateur à sa dernière phrase. « La chanson ? » Holden soupira avant de se mettre à chanter d’une voix beaucoup moins énergétique que la dernière fois:

« Il se dit que le Rokvenha, alors blessé par une attaque violente, aurait été mené en pleine terre péninsulaire pour y être soigné.
C’est à Bransat, sur la Sirilya, que le Wagyl Noir s’est alors amarré.
Celle qui aurait organisé les soins et remis en état le capitaine était celle qui par les siens se faisait nommer baronne et dont le bleu de ses yeux, aurait fait jalouser les mers.
Le Rokvenha ayant repris ses forces aurait décidé de reprendre sa route, mais ne pouvant se résigner à partir ainsi, aurait décidé d’arracher la Rose à ses terres.
Sa Rose alors à ses côtés, le Rokvenha aurait décidé de rentrer ; Pour de gloire et d’or être comblé.
Malheur à quiconque oserait la toucher, car non loin d’elle se trouve toujours une gueule aux crocs bien acérés.  »


Holden regarda le garçon de nouveau, avant de reprendre la parole; « Le Rokvenha est pas le meilleur guerrier, mais quand il perd la tête, c’est l’type le plus fêlé qu’existe. »

Une lueur s’alluma dans les yeux du comte, qui se mis à faire les cent pas sans quitter du regard le pirate si coopératif. Un moment, il crut qu’il le menait en bateau, mais Holden semblait être sincère. Il s’arrêta au bout d’une petite minute et se planta face à l’homme enchaîné. « Tu es en train de me dire que la future duchesse serait… une pirate ? » Cette révélation, il ne s’y attendait pas. « Ne serais-tu pas en train de te payer ma pomme ? » Holden balança sa tête d’un côté et de l’autre, l’air ennuyé. « Être pirate… J’crois pas qu’t’peux allez aussi loin… Mais j’sais qu’elle a gardé d’contacts avec des mécans. Moi et l’Rok compris. » Le bourreau près d’eux fit tinter ses outils, pensif. Norbert le fixa en plissant les yeux. Le pirate n’avait aucun intérêt à lui mentir aujourd’hui, mais il n’espérait pas que ce fusse aussi simple. Il acquiesça de nouveau avant de demander d’une voix grave : « Tu as parlé d’un autre. Qui donc s’intéresse à cette histoire ? » Holden haussa nonchalamment les épaules; « Y’a quelqu’ennéades. Un gamin qui cherchait le Rok. Apparemment il voulait l’ parler pour tuer un aut’.  Il m’a demandé c’que j’voulais en échange et j’lui ai r’conté l’histoire d’la rose. »

Pas de doute, le pirate parlait de Louis. Son frère n’avait pas retrouvé la trace du Rok, malgré les indications qu’Holden lui avait partagées. Tout cela concordait comme il l’espérait. En revanche, le garçon n’avait pas mentionné la baronne, la rose ou le nom d’Adélina. Peut-être n’en avait-il pas vu l’utilité, ou peut-être… Louis lui cachait-il quelque chose ? Il chassa cette pensée rapidement. Il lui était loyal depuis toujours, il n’avait jamais su rien lui cacher. Ça ne commencerait pas aujourd’hui. Le comte se rapprocha du pirate, posa la paume de sa main sur le haut de sa tête et la lui pencha en arrière en le fixant des yeux en fronçant les sourcils. « Et toi, c’est quoi ta relation avec le Rok ? Comment tu sais tout ça ? »

Le regard du Mécan sembla se noircir pendant une seconde, avant de reprendre durement; « J’ai pas d’relation avec l’Rok. Si s’fils de p’te pourrait clamser, ça f’rait bien mon b’nheur et j’pourrais prendre s’que j’veux. » Norbert eut un éclat de voix et relâcha le pirate. « C’que tu veux… La Rose, donc ? C’est qu’elle aura su vous charmer, brigands que vous êtes. Mais je vous comprends, son regard peut envoûter bien des cœurs non-avertis. » Il s’écarta et frotta ses vêtements d’un air las. « Désolé, Vincent, tu ne vas pas pouvoir t’amuser aujourd’hui. J’ai tout ce qu’il me faut. » Le bourreau soupira et reposa soigneusement l’outil qu’il astiquait toujours. « Gardes, amenez un repas à notre prisonnier, et enfermez le dans sa geôle. Tu y croupiras quelques temps, mais tu as échappé à la pendaison. Estime-toi heureux. Ton équipage en revanche… Tu les reverras en sortant d’ici, sur le gibet du port. »

Norbert se détourna et ressortit de la salle sombre, un sourire aux lèvres. Il avait tout ce qu’il fallait dorénavant pour tendre un piège à Adriano. Dans peu de temps, le duc ne serait plus. Il ne lui restait qu’une chose à faire maintenant : convaincre sa fille de l’épouser. Et il savait exactement comment s’y prendre…

Revenir en haut Aller en bas
Louis d'Ydril
Humain
Louis d'Ydril


Nombre de messages : 92
Âge : 31
Date d'inscription : 18/07/2023

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 17 ans
Taille
: 1m86
Niveau Magique : Non-Initié.
Norbert [solo] Empty
MessageSujet: Re: Norbert [solo]   Norbert [solo] I_icon_minitimeDim 3 Déc 2023 - 13:22


Début de la 7ème ennéade de Favriüs, premier mois de l'Automne
An 21 du XIe Cycle
Cité Ydril

Dans la caserne, les six gardes de la prison échangeaient des regards incertains. Ils savaient tous pertinemment pourquoi le capitaine les avait convoqués : l’archonte était de retour, et la nouvelle de la disparition d’Holden était parvenue à ses oreilles. Ils attendaient depuis maintenant un bon quart d’heure lorsque la porte de la salle s’ouvrit sur leur supérieur, suivi par un Norbert fou de rage. Les soldats se mirent en rang dans une ligne parfaite et baissèrent tous les yeux devant les deux hommes. Le capitaine prit la parole d’une voix forte qui résonna entre les murs en pierre froide de la caserne :

« Gardes ! Vous étiez tous en poste au moment de la disparition du pirate. L’un d’entre vous l’a laissé s’échapper, ou l’a peut-être même aidé. Je n’accepterais pas d’explication. Que le responsable se dénonce tout de suite ! »

Un silence de mort s’ensuivit. L’un d’entre eux tremblait, et le capitaine le remarqua. Il s’avança vers lui et posa durement ses mains sur ses épaules. Le pauvre garde encore très jeune était en sueur et n’arrivait pas à soutenir son regard.

« Tu as quelque chose à cacher, petit ? »

Il secoua vivement la tête, son teint blêmissant à vue d’œil.

« On perd du temps, capitaine. Faites-en donc un exemple, certaines langues se délieront peut-être. »
« À vos ordres. »

L’homme d’âge mûr recula et dégaina son épée en acier. Le suintement de la lame dans son fourreau en fit frémir plus d’un. Il brandit l’arme face à lui et s’apprêta à embrocher le gamin qui avait reculé d’un pas lui aussi, terrorisé, les yeux écarquillés. Une voix s’éleva alors de l’autre bout de la ligne.

« Capitaine, attendez ! » Toutes les têtes se tournèrent vers lui, et l’homme retint son coup. « Ne punissez pas ce pauvre petit, il n’y est pour rien. On sait tous qui est le coupable ici. »

Il soupira et regarda son supérieur qui s’avançait vers lui d’un air menaçant.

« Eh bien, parle, Yvain. » Il vit le garde hésiter et froncer les sourcils. « Défendre un traître, c’est se parjurer soi-même, soldat. Holden était notre captif. Son évasion, c’est notre échec. Quelqu’un doit être puni pour ça. » Le capitaine leva sa lame et pointa la gorge du garde qui leva par réflexe le menton. « Tu veux être exécuté à sa place ? »

Le garde hésita une seconde. Les menaces qu’Armel lui avait partagées lui revenait, mais il n’avait plus le choix. Ses yeux se dirigèrent lentement vers le coupable à sa droite, qui lui n’hésita pas. Une injure sortit de ses lèvres, et il dégaina lui-même son épée avant de frapper celui qui le dénonçait. La lame du capitaine rencontra la sienne dans un choc assourdissant.

« Maîtrisez-le ! » hurla-t-il aux gardes qui étaient restés immobiles.

Un nouveau coup fut échangé avant que les autres ne désarment le coupable et le mettent à genoux. Norbert s’avança vers lui et s’accroupit face au coupable.

« Tu as aidé un pirate, ton châtiment sera pire que ce qu’on leur réserve. Nous te trancherons la langue, arracherons tes oreilles et crèverons tes yeux. Nous te briserons chaque phalange avant de t’ôter tes deux bras. Nous t’attacherons sur une barque, et nous y mettrons enfin le feu. »
« Bâtard, ne me touche pas ! » Le dénommé Armel lui cracha au visage, et l’archonte se redressa en s’essuyant d’un revers de manche. « Tu n’as pas ta place ici ! »
« Capitaine… » soupira le comte.
« Bien entendu. »

L’officier leva son arme et la planta avec force dans le genou droit du traître, qui hurla de douleur. On entendit un craquement sinistre quand il retira la lame pour la replanter dans son autre jambe. Nouveau hurlement, nouveau craquement. Les gardes le relâchèrent, et il s’écroula sur le sol, gémissant de douleur en se recroquevillant sur lui-même.

« Capitaine, » reprit Norbert en ignorant la supplique du condamné, « passez l’annonce de son exécution. Elle aura lieu demain à midi. Placardez le visage d’Holden dans toute la ville. S’il remet les pieds à Ydril, je veux qu’on m’amène sa tête. » Il se tourna vers les gardes et bomba le torse. « La corruption n’aura pas sa place dans nos rangs, messieurs. Je serais intransigeant et implacable. Que cela vous serve de leçon à tous. »

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Norbert [solo] Empty
MessageSujet: Re: Norbert [solo]   Norbert [solo] I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Norbert [solo]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Les murmures des jardins [Norbert]
» La Vie | Solo
» [Solo] Eux.
» Course à la montre (solo)
» Invisible [Solo]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: PÉNINSULE :: Duché de Soltariel :: Comté d'Ydril-
Sauter vers: