Porphyre qui rougoie

Lentement, il parcourait le vélin de son regard aussi usé que l’était le support utilisé pour y figer les terribles runes. Croyant dans un premier temps à une fumisterie, on dut lui confirmer par trois fois la véracité de cette nouvelle ;  bien qu’il fût en possession de  toutes les preuves existantes pour lui en prouver la solidité, Sognir continuait de douter alors même qu’il en repassait les lignes.
Autour de lui, l’air semblait avoir prit consistance et lourdeur, un silence pesant envahissait le petit espace qui lui servant de cabinet d’étude. Loin par-dessous les frontières surfacienne, dans les boyaux du monde, la ou la lumière jamais ne filtrait outre que celles des torches et des pierres étincelantes, le Racleur défaillait, son esprit refusant avec obstination, d’accepter les faits. Un éboulement de questions lui explosait à la trogne, bien que la simple « pourquoi ? » restait la seule et plus importante parmi toute.

Puis lui revinrent alors les éloges houleux de ce qui fut cette pantomime d’Althinkalan. Les paroles des belligérants furent comme des coups de soufflets attisant le feu du fourneau cité précédemment. Le Racleur, raclait ; en commençant par la lie de ses propres pensées, cet état le ramenant à une période pas si lointaine, ou de tels sentiments avaient plongé le Grand Royaume Nain au bord de la destruction.

Dans son ombre, Dagoran semblait à une statue de grès et on aurait put aisément le confondre, si par intermittences, quelques soubresauts s’échappant de sa gorge ne lui donnait consistance nanienne. Le bougre avait la mire perçante, ayant sans aucuns doutes réussis à déchiffrer le message par-dessus son épaule, il restait de marbre. Loin de posséder son tempérament, le Racleur sentait dans ses tripes, la rampante naissance de la colère ; comme un haut-fourneau prêt à transformer le fer et le charbon en acier.  Dans le déluge d’informations, ils retenaient aussi en haute place les bizarreries ésotériques qui venaient de la Montagne de Feu. Sognir soupira.

«  Voila que nous vivons des heures sombres ou le sang et flamme se mêle. L’avenir des nôtres semble incertain et qui, pour vraiment les guider ? »

Sa seule réponse fut son propre écho se répercutant sous les voûtes pierreuses.  La question rhétorique ne servait ici qu’à appuyer son propre questionnement et ses propres craintes. Main-Ferme était certe enfermé dans ses croyances, mais était-il réellement le seul en Zagazorn aujourd’hui ? Et parce qu’il avait eu tendance à l’ouvrir bien plus hauts que d’autres cognards, on l’avait privé de sa tête. Quant à Ararün, un propre capitaine de Kirgan, ayant suivit Main-Ferme comme frère d’arme, on lui avait fait partager le terrible sort. Sognir retournait la situation dans tout les sens et il comprit alors, qu’une partie de sa colère, provenait de sa propre attitude. Bien qu’il ait douté des capacités du Grand-Roi à faire face, il restait le Grand-Roi. Quand Barbe-Sanglante lui avait remit les clés d’Almis, il était alors convaincu, que ce nain serait faire face. Les temps qui avaient suivis, avait révélé des faiblesses, notamment sur la question humaine. Mais aujourd’hui, Sognir savait qu’il s’était trompé. L’heure était grave.

« Dagoran, va en avant. Convoque les Thanes Almien qui partageaient notre vision, réunis les clans.  Par la traverse, évite les limiers Kirgannais et Lantais que tu sais avoir foi inébranlable à Harald, nous les intègrerons à la conversation, mais pas de suite, il me faut débattre d'une multitude de sujet et notre Grand-Roi n'y a pas toujours belle place. Évitons d'échauffer inutilement les caboches revanchardes . Il me répugne d’employer de tels méthodes, mais l’heure est grave. Nous nous réunirons dans le 7ème souterrains.  Il me faut partager avec les miens au sujet de ces nains à la barbe enflammé. Va. »

Le Porte-Bouclier s’ébroua sans plus de mot et se mit en route. La tache serait ardue, elle prendrait du temps, mais il existait dans Almis des nains qui n’appréciaient pas tout les faits et preuves du pouvoir royale.  Parmi eux, Sognir le savait, quelques réels fanatiques qui avaient été grandement lésé par le clan Poing-de-Fer, des nains dangereux. Le Narundi devrait composer avec, même s’il le redoutait.

« Quant à moi, il me faut écrire une missive aux Main-Ferme, ces derniers doivent savoir que les Vieille-Veine partage leur peine. »