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| Les grosses bourses - Gorben | |
| | Auteur | Message |
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Ozkun le Magnifique
Ancien
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| Sujet: Les grosses bourses - Gorben Mer 10 Avr 2024 - 9:42 | |
| 2ème jour de la 1ère ennéade de Verimios d'Hiver, an 21 du XIème cycle Caserne du Guet, Thaar
On n’entrait pas si facilement dans les vastes salles du Guet ; ses larges portes n’étaient pas uniquement gardé par quelques cerbères à l’air patibulaire, en ce lieu, existait un mal qui ne dormait que très peu ; ces couloirs aussi clinquants qu’austères étaient tantôt recouvert de foutre, puis de glèbe, l’air qu’on n’y respirait, n’était que fumerolles trompeuses et vapeurs malodorantes ; certains même dotés du courage de dix milles hommes, n’auraient trouvé les ressources pour y déambuler. C’était ici pur folie, et une folie que Rarfirlum du clan Clamefranc, entamait avec tout le panache et la superbe de sa position. Le nain déambulait avec la minutie d’un troupeau de chameau dans les couloirs qui, à cette heure de la nuit, étaient pour la pluparts délesté de leurs occupants. Dire qu’il connaissait l’endroit comme le creux de sa poche était une sinécure ; les bâtiments du Guet étaient pour lui une seconde maison, un second foyer ; loin d’être un endroit aimant et agréable pourtant, il avait réussit à s’en accommoder au fil des ans. Car Rarfirlum qu’on surnommait Le Chafouin, avait les époques comme le roc saillant dans le lit d’un tumultueux ru. Plus d’une centaine d’étés au compteur et pourtant, les rayons de l’astre lui était toujours aussi incommodant, préférant allègrement la fraîcheur des nuits et les ténèbres des habitations troglodytes de sa communauté. Il occupait se poste alors qu’il n’avait encore qu’une touffe à la place de la barbe et si les choses avaient changé et évolué aux cours des ans, il n’avait jamais prit plus de galon que celui de simple sergent. Mais ce statut lui convenait, à lui et à ses maîtres. Car son allégeance était double et cela, depuis aussi longtemps qu’il était possible de s’en rappeler. Référant au sein du Guet pour les Mille-Caves, il se devait aussi de faire courbette, allégeance et flatterie au patron de la milice. Une dualité par toujours évidente mais que les partis avaient toujours réussi à exploiter. Rarfirlum se savait être un pion d’on l’existence était dirigé par des êtres aux desseins plus grands, mais il avait apprit à se satisfaire de cette condition qui, à sa façon lui accordait importance, or et repas copieux. Ses pas le menaient à un point précis : le centre névralgique de tout ce bel ouvrage, les appartements privés du Commandant. Bayezid était un homme particulier en poste depuis longtemps, trop longtemps – ce qui dénotait manifestement de sa condition plus qu’humaine en réalité. Au fil des ans, ils avaient apprit à se comprendre, et, à se respecter. Bénéficiant d’un statut plutôt particulier, Rarfirlum comptait parmi les rares, peut être même l’unique, à pouvoir faire fis de la hiérarchie et à rencontrer le marionnettiste en personne. Sachant que l’intéréssé ne dormirait sans doute point, il toqua, puis poussa la lourde porte. « Patron, vous me voyez désolé de vous déranger à cette heure bien tardive, mais, on doit causer Patron. » S’avançant jusqu’à une table, il y déposa les deux lourdes bourses cerclées de fer, qu’il avait transporté jusqu’ici. En retombant et au contacte de la table, elles s’éventrèrent comme douée d’une conscience propre, vomissant alors un flot d’or et de pierreries. Bayezid, devait avoir comprit.
Dernière édition par Ozkun le Magnifique le Jeu 18 Avr 2024 - 9:12, édité 5 fois |
| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Mer 10 Avr 2024 - 11:16 | |
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L'hiver avait amené avec lui une froideur que n'avait plus connue l'Ithri'Vaan depuis des lustres. A l'extérieur comme à l'intérieur, emmitouflés dans de larges sayons de laine, les sentinelles affrontaient les premiers frimas avec une rigueur toute relative. Çà et là, les piquets de garde s'amoncelaient autour de gros braseros, dos aux murs pour éviter le vent, gigotant de droite à gauche pour éviter l'engourdissement... Et passées les portes du quartier-général, l'antre du Commandant, plus aucun garde pour surveiller. Comme si l'endroit était volontairement laissé à l'abandon...
Le Chafouin avait déambulé dans une aile qui, à cette heure de la nuit, était rarement visitée. Pas âme qui vive en ces couloirs roidis et sombres, et pourtant, se révélait une présence ténue et furtive à qui avait l'instinct pour repérer ce genre d'émanation. Elle sembla accompagner le Nain tout du long, dans l'ignorance complète de celui-ci, et ce jusqu'au seuil de la porte du maître des lieux. Là, les gonds s'ouvrirent sur deux hommes, attablés, verre en main.
Le premier n'était autre que le Bayezid, toujours aussi richement vêtu, régalien sur son siège curule. Il avait déjà les yeux rivés sur le Nain, un simili-sourire au coin des lèvres. Le second, en revanche, semblait plus incommodé et surpris, sa tête s'étant brusquement tournée vers l'intrus comme pris en flagrant délit. C'était un homme assez connu de cette partie du quartier : un généreux mécène, qui dirigeait un orphelinat à quelques encablures de la caserne centrale. Il parut particulièrement outré qu'on le dérange, surtout lorsque l'intrus se permit d'entrer sans en avoir reçu l'ordre expresse.
Gorben, lui, n'en fit pas grand cas. Il se tourna vers son précédent invité et déclara en montrant une sombre bannière frappée des emblèmes du Guet :
- Disparais, Fagin. Nous verrons pour ta bourse demain, même heure.
La fin de la phrase coïncida ironiquement avec le lâcher de celles, bien pleines, du Nain. Le son de l'or s'écoulant sur le chêne fit d'ailleurs perdre l'amorce d'une protestation au dénommé Fagin, qui se contenta d'un léger signe de tête. Il se leva en reposant son verre, fit révérence au Bayezid, et jeta un regard noir au Nain ayant fait irruption. Puis, plus drapé dans sa dignité que dans sa chaude houppelande, il se dirigea vers la bannière, et disparut derrière son couvert sibyllin.
Gorben cessa de sourire, et observa Rarfirlum un instant. Il avait senti sa présence avant-même qu'il ne passe la porte, mais trop occupé à deviser, il lui avait fallu entendre le cliquetis caractéristique de l'or teintant dans de larges sacs pour comprendre qu'à nouveau, son aide était sollicitée. Il désigna la place à laquelle s'était assis Fagin auparavant, puis les ombres vomirent soudain un gamin chétif porteur d'une cruche de vin. L'esclave rachitique se présenta à côté du siège, le regard las et vide.
- Assieds-toi, le Chafouin. Que désirent les Mille-Caves ?
Dernière édition par Gorben Bayezid le Mar 16 Avr 2024 - 9:58, édité 1 fois |
| | | Ozkun le Magnifique
Ancien
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Mer 10 Avr 2024 - 12:36 | |
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Qu’ils fussent plusieurs dans le réduit, n’en toucha pas une sans faire bouger l’autre au sergent nain. Gorben Bayezid était un presque homme fort demandé, les sollicitations du menu et du gros fretin finissant toujours par tâcher de plus ou moins loin le riche bois de son boudoir ; il en fût presque toujours ainsi dans l’histoire du Guet de Thaar : mieux valait-il l’avoir à la bonne qu’à la mauvaise. En outre, on aurait put comparer l’organisation à une fontaine sans fond, alimenté par les eaux de tout les belligérants locaux et gare à celui qui se réservait d’y contribuer sans quoi, un jour ou l’autre, il finirait par souffrir de la soif. Bien sûr, ce n’était ici qu’une comparaison simpliste servant à parer de quelques moulures adéquates, la corruption qui avait toujours été de mise. Hors, comme il ne s’agissait plus là d’un secret, et que la société vaanis étaient ainsi faite, comment pouvait-on l’en blâmer ? Patientant jusqu’à que l’invité qui ne l’était plus veuille bien tourner des brogues direction manu sans militari, la sortie, le nain ne s’activa qu’au doux son de la porte se refermant derrière soit. Prenant alors son aise, il décida d’en fermer le loquet, sachant avec pertinence que l’accès à cette pièce ne devrait pas être unique, l’idée était d’envoyer un message clair sur le caractère plutôt à huis clos que nécessité cette entrevue. Puis, il déambula en direction d’un pichet luxueux au liquide ample, gras et rougeâtre, un de ces vins précieux provenant de la Côte Brulée et qui faisait le plaisir de tout les fins palais. Bien qu’il ne gouttait pas grandement cette piquette bien sobre, y préférant grandement les distillats bien plus puissant ; s’en jeter un ou deux, voir trois, au frais du prince lui convenait totalement. S’asseyant alors avec la lourdeur de celui qui a accomplit sa tâche sur la place que lui avait offerte généreusement le Commandant, il avala d’une quasi traite les trois quarts du vin, en tâchant avec brio, bacchantes et mises. D’un revers de la main, il s’essuya et annonça. « Pas mauvais ce petit picrate. Y fleur bon le soleil et les chauderies de vos côtes natal, hein Patron ? Bon, j’en vais pas vous faire un rond de jambe jusqu’au petit matin, j’ai pas la taille et vous, pas le temps j’imagine. Pour répondre à votre question simplement, là j’allais me lancer dans un beau laïus, du genre qu’on entend clamer les lendemains de Conseil, bien beau, avec les formes et les queues-d’aronde comme vous devez avoir l’habitude, mais j’ai pas le savoir faire et vous, pas le temps j’imagine. Le truc, c’est surtout, que j’ai pas exactement idée de ce qui se passe moi, vous savez Patron, je suis que le héraut, pas le commanditaire vous voyez bien hein ? Mais bon, on m’en a dit quand même alors, je vais vous le dire, de suite, petite minute. S’il vous plait. » Le Chafouin en profita pour se resservir dans sa trois quarts de coupe, un autre liquide provenant lui, d’une bien plus grosse flasque. A vue de nez, peu ou prou la même chose – il aurait donné cher pour admirer la cave à quille du Commandant, mais les intimités n’iraient jamais jusqu’à la, tout de même. Quand le glissoir fut lustré avec la finesse d’un jour de pluie, il retint un rot souffrier loin d’être sympathique, s’égosilla et reprit. « Moins bon que le précédent non ? Pas la même année ? Enfin, à la limite. Bon, j’en étais ? A voila, le message. Mon Maître, vous passe ses bonnes salutations. Il souhaite aussi vous dire, que dans les temps à venir, quelques mineurs troubles, pourraient survenir parmi les nains des dunes. Disons, que les conflits internes, déborderont un peu plus qu’à l’accoutumé sur les parvis, du moins, il l’estime. Il souhaiterait donc, que, vous détourniez un brin de la mire, du genre sur des endroits qui ne luisent pas de la perlante carmine, voyez l’idée ? Bien sûr, pour vous, dédommagez de ce torticolis non opiné, il vous transmet ses plus grosses et belles musettes, de quoi, vous en conviendrez Patron, s’acheter un petit palais dans le sud, pour vous détendre la nuque. Il est aussi prêt, à rallonger un peu la douloureuse, si d’aventure ces menus méfaits, viendrait à requérir la bonne et vertueuse aide du Guet. Voila l’idée. Permettez que je me resserve, Patron ? » Il le demandait par politesse, mais la main du nain avait déjà saisit une hampe au hasard.
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| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Mer 17 Avr 2024 - 8:06 | |
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Gorben observa cette parodie d'être pensant s'envoyer un pichet à trois souverains dans le fond du gosier en une fraction de seconde, et l'écouta déblatérer dans son accent ronflant. Bien qu'il ait maintes fois reconnu l'utilité du Chafouin dans les affaires du Guet, il avait toujours exécré sa nature papoteuse, ayant toujours l'impression d'y perdre un temps qui lui était très précieux. Il avait beau couper court depuis leurs dernières entrevues, le volume de balivernes que pouvait débiter si petite créature était égal à la stérilité de celles-ci.
Passé le second pichet, le Chafouin décida enfin de remplir sa mission, et ce qu'il eut à dire valait assez l'attente. Des troubles chez les Nains des Dunes ? Il s'était bien douté en le voyant arriver que le Guet aurait à détourner le regard de quelque chose, mais de la manière dont c'était amené, c'était plus qu'un simple règlement de compte, du moins le voyait-il ainsi. L'or était au rendez-vous, et avec les Nains, ce qui était d'or était toujours très sérieux. Touchant son anneau d'argent, il dit soudain :
- Tu peux te resservir, mais je doute que tu apprécies ce breuvage.
Il avait été chercher dans ses précieuses mémoires, ce jour où après deux nuits sans boire une seule goutte d'eau, il avait senti l'odeur en émaner d'un puits. C'était ce jour-là qu'il s'était rendu compte que l'eau avait une odeur, imperceptible au repu mais intense à l'assoiffé. Une fragrance lancinante, humide et terreuse, dans laquelle flottaient minéraux et promesses de vie. Dans ce petit puits près de Méthylène, il avait pu observer le fond clair-obscur de l'eau dans sa prison de pierre. Cette eau avait eu un goût terreux mais frais, étrangement exquis, sans doute amélioré par la soif, cette sensation de souffrance interne qu'une simple lampée permet d'alanguir. Puis, fort de ce souvenir vivace, Gorben étendit son influence en-dehors de son palais de mémoire, venant caresser, chatouiller l'esprit du Nain. Il s'y prit comme les dernières fois, calmement, doucement, pour éviter d'éveiller sa suspicion. Mais alors qu'il saisissait l'anse en terre cuite, l'odeur de l'eau du puits remonta vers ses narines, et eut-il malheur de confirmer de ses yeux, le liquide vermeil se changerait pour lui en ce même clair-obscur observé dans la cuve... quant au goût, ce goût de paradis, ce goût d'eau fraîche et tétanisante, il ne le lui réservait que s'il en prenait une lampée.
Gorben, tout en maintenant son attention et sa concentration sur le Nain, continua.
- Tu transmettras à ton Maître mes propres salutations distinguées. Tu lui feras également savoir qu'à vue d’œil, ces sommes répandues sur ma table sont assez rondelettes pour que le Guet détourne un instant ses yeux des affaires des Nains. Néanmoins, j'aurais un petit extra à réclamer en sus de ces généreux présents. Si d'aventure vos méfaits conduisaient à embastiller l'un de vos pairs, dont vous ne souffrez plus l'existence, je saurais en trouver une utilité toute relative. Un simple cave, bien sûr, pas un grand ponte. Que je puisse racheter, au prix de mon silence et de mes bonnes dispositions dans cette affaire.
Tout en disant cela, Gorben désigna d'un geste de la main un autre pichet, pour que le Nain rabatte son attention sur quelque chose de plus liquoreux. Quelque chose de moins cher surtout, car bien qu'il n'ait rien d'un matérialiste, il connaissait assez la valeur de l'argent pour éviter d'en dépenser de trop lors de ces entrevues du mitan.
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| | | Ozkun le Magnifique
Ancien
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Mer 17 Avr 2024 - 13:56 | |
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Quoi qu’il ait pu ou dû penser de Gorben Bayezid, Rarfirlum devait se l’avouer : pour une moitié d’homme à l’ascendance pas tout à fait fréquentable, ils parlaient le même langage. Dire qu’il l’appréciait revenait à charger la mule avec bien trop de poids, mais au moins, avec ce type de Commandant, on pouvait s’entendre facilement. Aussi loin qu’il s’en souvenait, le Chafouin pouvait énnumérer les fois ou un quidam s’extirpant de la glaise avait réussit à atteindre ce tumultueux poste. C’était à force de constat, ce genre de profil qui arrivait ici, pétri d’idéaux salvateur, cherchant à faire profiter de leur aura, sur le miséreux et le puant, en essayant de changer les choses par la racine. De ces fieffés zélard, un en particulier lui revenait à l’esprit : Lufanel dit dans le jargon, Trois-jours. Gamin perdu des bas-fonds de Thaar, il avait réussit par la force et par les convictions, à faire preuve d’abnégation et de volonté, jusqu’à atteindre le poste suprême par une succession de concours de circonstances. Avec le recul, le nain en avait conclut que le simplet avait obtenu le poste suite aux agissements ombrageux des Princes Marchands qui pensaient pouvoir aisément le manipuler. Mais le bon Trois-jours, avait alors vrillé de la caboche sec, surtout quand les grands marionnettistes étaient venus se présenter à lui par intermédiaire, les besaces chargées de clinquante. Voila qu’il avait tout décliné, hurlant à l’insulte, se pavanant d’être celui qui serait le prochain parangon salvateur, libérateur de la corruption qui gangrénait Thaar depuis trop longtemps. On l’avait retrouvé mort, le lendemain. Alors pourquoi Trois-jours me direz-vous ? Peinait par cette éphémère aux ailes brulés trop vite, les bonnes gens de la milice avait décidé de compté sa mise en terre comme un jour de service, afin de lui rajouter un peu de crédit, Deux-jours ayant été un peu trop déshonorant. Heureusement, Bayezid, n’était pas de ce genre ci ; lui était un véritable et respectable vaanis. L’or lui murmurait plus que la vie et c’était là une brillante qualité. Rarfirlum allait se resservir un pichet, quand la simple narinade lui provoqua un haut-le-cœur ; on aurait crut un résidu de basse-fosse qui gisait là, prêt à l’emploi. Le nain, troublé, reposa le pichet, décidant d’abandonner sa soif. Il aurait pourtant juré qu’un délicieux liquide y miroitait encore quelques secondes auparavant. Sur la méfiante, il toisa son Patron, se demandant s’il ne venait pas de lui jouer un de ces fameux tours. Ô, il ne se serait aperçut de rien, pour sûr, mais dans sa barbe gesticulait quelques breloques que lui avait fourni son Maître, de quoi se cloisonner l’espace d’un moment sur les « affaires urgentes ». Mais soit, on n’en était pas encore là, manifestement. « Bien généreux de votre part Patron je vous le dis. Mon Maître vous transmet, le même genre de bonne civilité et comme je l’ai annoncé, sera tout à fait enclin, il me semble, à rallonger du pécule en cas de sollicitation plus que nécessaire. Vous voyez, nous des dunes, nous ne sommes pas du genre à abuser je ne m’abuse ? J’ai pas loin souvenirs d’esclandres trop pompeux, sauf ce dernier aux histoires de jardinages. Disons, dommage que nous ayons été supplanté dans la tarification, sinon la chansonnette aurait été bien différentes, vous pensez point ? Enfin, baste du passé, il est derrière est sous le sable maintenant. Mais, c’est bien noté et cela sera bien transmis : de l’or pour un cave, pas touche aux saindoux qui se prélassent, c’est de bonne guerre, trouvez pas ? Maintenant Patron, j’ai bien conscience que j’abuse cette fois ci bien de votre temps, mais j’aurais encore une bonne demande qui me vient de plus bas : seriez vous apte, à nous faire quelques confidences en cas de supplantation d’un tiers sur la question monnayante ? Voyez, nous nains, apprenons plutôt bien vite des erreurs commises, et histoire de plus les faire, autant commencer de suite non ? » Le gosier du Chafouin était bien sec, trop sec à son goût, aussi mirait-il toujours en avant, presque prêt à prendre le risque de s’abreuver du résidu de fossé qui patientait dans sa jarre dorée.
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| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Jeu 18 Avr 2024 - 7:54 | |
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Il pouvait la sentir affleurer, cette soif que le Nain avait pour l'alcool. Son gosier était semblable aux terres fissurées par la sécheresse des jours ardents, du moins, c'est ainsi que la petite créature le ressentait. Voilà la raison pour laquelle Gorben ne s'était jamais abandonné à la boisson, dont l'esclavage était encore plus vil qu'il s'agissait d'obéir à un maître grotesque et dénué de raison. Une simple coupe de vin coupée d'eau suffisait à le satisfaire, il s'autorisait rarement plus, et la plupart de ses alcools étaient réservés aux différentes huiles de la Cité qui venaient lui frotter la manche.
Un gamin chétif apparut alors d'une sombre alcôve, quelques secondes après que Gorben ait à nouveau été triturer distraitement son anneau. Le maigre loufiat se dirigea en silence vers une aiguière de céladon, avant de se diriger vers le Nain et la lui tendre. Pour couper court à toute embrouille, le Bayezid précisa :
- N'aie crainte, mon familier ne sort jamais d'ici, qui plus est, il ignore tout de ce qu'il se déroule en ce moment.
Le gringalet présenta le pichet en céramique au Nain, qui s'il mirait ses orbites n'y aurait vu qu'un regard vide, dénué d'expression, perdu dans un lointain qui ne semblait qu'à lui... en apparence. Puis Gorben, avec un sourire, déclara.
- Regarde, il va même te montrer un signe de sa loyauté au secret.
Le gamin ne bougea pas pendant un moment, puis soudain, il tourna sa tête inexpressive vers le Nain et ouvrit la bouche, ses dents de nacre entourant une gueule élargie par le manque d'un appendice fort utile : le corniaud n'avait plus de langue. Le gamin reclapa aussi vite son bec, fit une révérence, puis se dissimula à nouveau dans l'ombre, tel un dogue à qui l'on dit panier. L'aiguière, quant à elle, contenait un spiritueux plus fort, plus liquoreux. Un vin oublié en barrique, mais qui loin d'avoir mal tourné, s'était enrichi.
- La requête est légitime, cela dit. Si une offre plus généreuse me parvient, je vous en transmettrai les détails, afin que vous puissiez surenchérir. Comme vous le dites, c'est de bonne guerre.
Les Nains des Dunes avaient payé cher les tractations mal préparées de leur précédent meneur, le Sombre. Et car cette nouvelle promesse de troubles réveillait en lui quelques souvenirs suspects quant à la conjuration des Jardiniers, il se promit de garder un œil ouvert sur la situation. Temps pour lui d'aller relever les fourgues et les corbeaux, et de leur ordonner d'aller turbiner pour faire s'affaler les concernés tous azimut, et bien voir ce qui allait ressortir de la marmite...
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| | | Ozkun le Magnifique
Ancien
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Ven 19 Avr 2024 - 8:37 | |
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Toujours en quête de menu liquide pour étancher sa soif ; véritable combat intérieur qu’il se livrait à lui-même comme une des fameuses joutes qu’affectionnaient tant les culs-terreux du royaume de Péninsule. Le Chafouin était réellement entrain de gagner la partie, prêt à gouter cette eau de puits en espérant qu’elle contienne un tant soit peu d’éthylène. Alors qu’il levait de la pogne, ayant vaincu ses réticences, véritable héros de la gouleyante, il fut surprit par l’apparition d’une entité malingre et chétive qui se trouvait jusqu’ici, lovait dans un coin de la pièce. La chose lui fit l’effet d’une belle piqure dans le fondement ; comme tout les durgazdawi, il appréciait peut être contraint dans ces petites affaires secrètes. D’instinct, ça main saisissante se rabattit aux encolures de son ceinturon, point loin de l’arme à crête qui lui servait au quotidien. Diantre, s’il avait pensé un jour se faire surprendre ainsi. Ce n’était à dire vrai, pas la première fois qu’il entendait quelques rumeurs sur la créature de Gorben, mais le voir de ses yeux vus, en était une autre. L’apparition lui avait en plus de coupé la soif, coupé la chique, aucuns bon mots, digne d’intérêt, ne lui vint aux lippes. Il se contenta alors d’observer la mauvaise frimousse et eu même haussement broussailleux interloqué quand il découvrit la cavité sombre qui lui servait de parloir. Aussi hideux que cela pouvait être, c’était en réalité une bonne nouvelle pour le Chafouin, quelqu’un qui ne jactait point n’était pour sûr, pas du genre à révéler aux mauvaises esgourdes de mauvaises choses. Cette constatation suffit à le détendre un peu, pas assez pour qu’il en revienne à la bouteille, mais suffisamment pour reprendre le fil de la conversation. « Encore une fois, bien aimable Patron, j’en transfèrerais le message aussi preste que possible à mon Maître, qui je le pense, sera hautement satisfait de la petite baragouine qu’on vient d’échanger entre quatre murs bien lisse. J’irais pas jusqu’à m’avancer trop non plus, mais disons, que le geste est plus qu’apprécié et que, mon Maître n’est pas du genre à retenir ses largesses quand on le brosse dans le bon sens. Vous me direz, c’est comme tout à chacun ici à Thaar et jusqu’au désert non ? Enfin, c’est ma petite observation coutumière, de ceux qui arpentent les venelles au jour le jour. Vous savez, on dit pas mal de bien de vous Patron, pas mal de mal aussi, mais dans l’ensemble, plus de bien, c’est une bonne chose ça j’imagine. Si d’aventure votre relation, avec mon Maître se consolide, croyez bien, que tout le monde en tirera un beau et généreux bénéfice. Enfin, c’est tout ce que je vous souhaite, croyez moi sincère.» Il lorgna alors nerveusement en direction du sans-langue maigrelet qui se tenait tel un épouvantail dans les ombres. Le Chafouin se savait sur une pente glissante concernant les prochaines circolocutions. On lui avait demandé de la finesse et de la discrétion, deux arts dans lesquels il se considérait plutôt bon en cercle réduit ; hors un quidam, fusse t-il muet, restait un témoin de trop, surtout quand la sente se voulait aussi glissante. Heureusement, le résultat primait parfois sur la manière de, il se lança alors, en jouant de toute sa verve. « Si vous permettez, Patron, il me faut maintenant vous tenir courant de quelques sujets, plus, disons, pointilleux. Du genre que l'on déroule uniquement dans les édredons et les coussins de soie, voyez, du genre pas tellement dans mon quotidien mais bien plus dans ceux qui savent régenter en usant des bonnes braises comme votre serviteur que me voici. Alors permettez que je tambouilles point trop autour de la cruche, j'y perdrais de la superbe et vous, votre temps, chose qui me semble bien peu enviable. Mon Maître, souhaiterez quelques menus renseignements sur la Côte Brulée. Voyez, votre bon fief d'origine, se trouve prisé des puissants et, il semblerait que par entregent, certains informations, soient devenues plus qu’intéressante. Comme il vous sait proche de vos racines, autant que faire ce peut, il m'a mandé de vous demander, si, dans un futur on ne peut plus proche, vous seriez amène de lui fournir quelques bons ressorts sur la bonne société du coin. Des genres de messes basses pour laquelle, cela va de soit, compensation pour gorge sèche est incluse au processus.» Noyer le poisson n'était pas toujours chose aisé et Rarfirlum le savait autant que Gorben, mais le message devait être passé.
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| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Les grosses bourses - Gorben Jeu 9 Mai 2024 - 9:25 | |
| Gorben savait avoir de plus nombreux détracteurs depuis qu'il occupait la très lucrative commande du Guet, mais il avait également observé à quel point son portefeuille d'alliés et de débiteurs s'était considérablement élargi à l'aune de ce menu désavantage. Preuve en était : un simple détour de regard lui valait une rançon palatine. Les désordres occasionnés étaient dès lors, en regard de ce très coquet retour, bien dérisoires. S'il existait bel et bien une loi à Thaar, elle était froide et avait un goût métallique, celle de l'or plus que celle du fer, bien que leur alliage se fasse souvent mot d'ordre sur ces terres à la fois civilisées et sauvages.
La dernière requête du Nain, alors qu'il s'apprêtait à prendre congé, eut pour effet d'intriguer le Bayezid. Voilà bien des années que la Côte Brûlée n'avait plus attiré les regards, sereine entre les épines de ses roseraies et les fruits grossis de ses oliviers. La région n'en manquait pas moins d'attrait, car ce manque de convoitise avait permis à l'antique fief de prospérer, d'engraisser, et la fortune de Gorben en était par ailleurs l'une des conséquences. Qu'il suscite à nouveau l'attrait n'avait rien d'extraordinaire, néanmoins, de savoir qui pouvait river ses yeux sur le Nahl et ses fastes endormis titillait la curiosité du commandant. Faisant pianoter ses doigts sur le rebord du curule, il déclara à son émissaire :
- Ton maître aura eu raison, le Nahl m'ayant vu grandir, j'y ai côtoyé son élite et connais ses futaies mieux que personne ici. Rapporte-lui que s'il tient à ce que nous en discutions plus amplement, j'entretiens un discret pavillon proche des Quais de Plaisance. Un digne repas l'y attendra, ainsi que des réponses à ses questions, pour que son appétit soit complètement rassasié.
Il se leva soudain de son siège, et le petit garçon famélique reposa la cruche sur la table, se recroquevillant comme craignant qu'on ne le frappe. L'horion ne vint pas, cependant, car Gorben ignorait ostensiblement le gamin pour se concentrer sur le Dawi en face de lui.
- Si l'offre l'intéresse, fais-le moi savoir au plus vite, que je puisse préparer mes serviteurs et mon pavillon. Maintenant, Chafouin, tu peux prendre congé. Transmets à ton maître mes amitiés les plus courtoises, et qu'il me tarde de discuter plus amplement, et plus personnellement avec lui.
Quelque part, cette petite entrevue était aussi le moyen de se fixer sur qui était réellement le maître dont parlait Rarfirlum, car ces remous chez les Nains, d'habitude si secrets de leurs rivalités internes, signifiaient peut-être un changement de main. Or, il souhaitait pouvoir donner un nom à cette main lui tendant si généreusement ses bourses grasses et remplies. Celles qui avaient répandu leur contenu sur la table après avoir quitté les pognes suantes du Nain...
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