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 L'expression des jointures [ Azralith ]

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Heracle Ypsilantis
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MessageSujet: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeJeu 11 Avr 2024 - 7:37





Vérimios, premier mois d'hiver, second jour de la seconde ennéade
An 21 du XIe Cycle




« Qu’est-ce que vous attendez pour m’en coller une bonne, par la veine bleutée de la trique de nos aïeuls! » À cette boutade, il n'eut de son maître que l'expression de son indifférence au visage. Son mutisme était garant de sa concentration, tandis qu'il s'efforçait à exécuter toutes sortes de parades, tous aussi savamment exécutées les unes que les autres pour ne point subir l'embrassade de sa lame.


« Pardonnez, mais c’est de là que je tire toute ma fougue, mon Prince! C’est le plus doux de tous les exutoires que de dénommer le mot pute, verge et trou de balle sous leurs plus beaux jours! »
Jappa le maître d’arme, poursuivant sans relâche ses assauts, toujours plus violents les uns que les autres. « Tiens, gratuité de la maison, par le glas de mes couillons! » Et il cherchât à asséner à son maître un coup de pommeau, manœuvre qu’il échouât et même, se fit rendre au centuple en se faisant fracturer le nez lors d’une riposte aussi soudaine que sauvage. Sous le vif éclat de la meurtrissure, ses larges pattes libérèrent involontairement de leur emprise son acier qui s’échouât contre le pavé du sol dans un tintement métallique. Son gros pif de travers, pointé aux cieux et paluches en guise de mouchoir, Goustan cherchât à endiguer l’hémorragie qui pissa si abondamment, qu’elle empourpra ce même sol qui y vit mourir son épée. « Z’etes ddddingue ou m’quoi?! » marmonna le souffreteux comme il put, en lorgnant Héracle de biais, qui n’avait d’ailleurs pas bougé d’un iota depuis sa dernière passe. Le faciès froncé d’agacement, visiblement indifférent au trauma de ses nasaux, il patienta que cesse de geindre son compère pour lui répondre.

« Si seulement tu mettais autant d’ardeur à ce rôle dont je te fis honneur de t’affubler, plutôt qu’à l’élaboration de toutes ces balourdises, tu aurais remarqué que depuis des ennéades tes leçons me sont vaines et creuses. » Il avait lâché la remarque comme la promesse d’un avenir bien peu reluisant pour lui, s’il ne trouvait guère de solution à cette problématique de premier plan.

« Va lécher tes plaies et, lorsque ce sera fait, tâche de revenir avec des enseignements plus formateurs, Goustan. » Il lui tourna le dos et une fois que ce fût fait, la garde qui guettait les lieux escortèrent le maître d’arme hors de la grande salle pour mieux panser la blessure du champion.

Quelques jours plus tard, une fois que le nase du vétéran fût dégorgé de son sang et de toute enflure, Goustan entreprit de conquérir hors des soieries, les artères et les esplanades les plus bondées. Apprends-moi ou tire-toi, voilà bien l’ultimatum qu’on lui avait fait… Le problème étant qu’en fait, oui, il n’avait plus rien à lui apprendre. Il lui fit le partage de ses connaissances, mais à l’heure actuelle, la quatrième de couverture était passée depuis fort trop longtemps et au vrai, ce ne fut que bonne fortune qu’Héracle ne s’en rende compte que maintenant. Acculé au pied du mur, il pensât qu’une marche saurait lui insuffler quelques idées à la résolution de la précarité de son sort.

Arrivé près d’une vaste esplanade, où allaient et venaient à tout vent autant la gueusaille que le bon peuple, un cercle de curieux s’était étrangement formé en son centre et bloquait partiellement l’allée. Impossible de s’échapper à l’attraction de cet intriguant rassemblement, il repoussa quelques pedzouilles pour obtenir place près de l’épicentre de tout ce brouhaha.


« Pute vierge, elle va prendre cher, la noire-guenaude. »

Sous les encouragements de la foule, trois reîtres bien baraqués, louvoyaient autour d’une Eldéenne, très certainement dans l’idée de lui refaire une beauté à l’aide de leurs jointures. Qu’elle quelle fut la raison qui les amenèrent à vouloir se brétailler, elle importait peu. Pour l’heure, Goustan avait besoin de se changer les idées et, voir une Drow se faire gaver la mâchoire de coups, ne pouvait que lui remonter le moral.

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Azralith Zaurahel
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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeVen 12 Avr 2024 - 16:32



Silence.

Un silence qui aurait pu être interprété comme éloquent, mais il n'en restait pas moins particulièrement complexe à percer. Et en réalité, il n'avait jamais été brisé. Jamais ne lui été parvenu sa voix, pas plus que son regard. S'agissait-il donc là aussi d'une erreur de sa part ? Alors que sa proximité lui avait paru jadis bien réelle, sa braise se noyant dans ses flammes, cette chaleur qui forgeait les légendes au cœur des batailles, au milieu du sang et du carnage.

Le voile ne faisait que s'épaissir, nourri par le doute et l'incompréhension. Et le Père demeurait silencieux. Pour guide, elle n'avait rien d'autre que les enseignements du Puy qu'elle conservait précieusement et les paroles du Drada que jamais elle ne se devait d'enfreindre. Mais tout ceci s'avérait être bien peu hors des terres eldéennes et tout particulièrement dans un environnement comme celui de Thaar.

Car la citée dorée était particulièrement avare en dévotion. Chacun y allait de sa chimère, de ses croyances, de celles qui peuplaient les basses rues dans l'espoir de gagner quelques écus en vendant de fausses reliques, à celles des soieries, plus affirmées et pourtant si terriblement égarées. Un parfum fade où ne régnait nulle autre adoration que celle du tintement des pièces. L'honneur, un concept lointain, oublié, la force destituée au profit de la sournoiserie et du mensonge.

Agenouillée dans une ruelle, la guerrière Ilythiiri faisait face à un autel improvisé de ses propres mains. L'éclat ambré de sa claymore y croisait celui plus argenté d'un cimeterre, épousant la courbe caractéristique de sa lame. Son ancien propriétaire avait péri sous ses coups non sans opposer une solide résistance et démontrant un courage rare en ces terres qu'elle avait su ne pas oublier. En faisant ainsi usage de son acier, elle espérait non seulement lui faire honneur mais également pouvoir se rapprocher du Créateur, tout aussi possible pouvait s'avérer être une telle proximité en ces lieux.

L'une de ses dagues en main, Azralith fit courir la pointe de la lame le long de la peau de son avant bras, le sang ne tardant pas à ruisseler juste derrière l'acier. Sainte douleur, avide, continuellement affamée. Combien de fois avait-elle offert sa chair ? Combien de fois son sang avait-il coulé ? Un carnage continuel, un mélange bâtard et tordu de sang et d'acier, les mâchoires du massacre consommant sans jamais ralentir, une forge éternelle et légendaire pour les plus grands portes flammes.

Des sacrifices qui représentaient tout pour celle qui n'était toujours pas considérée comme méritante, et même ici, éloignée du Puy et de ses influences, elle ne parvenait toujours pas à percer le voile, à séparer correctement le juste de l'indigne. Elle pouvait déjà les sentir, les perfides vrilles de la lassitude qui cherchaient à étreindre sa braise. Elle devenait las de cette douleur et de cette violence qui n'avaient nul autre but que celui de se suffire à elles mêmes. Elle s’éteignait petit à petit en pourchassant un désir qui lui paraissait toujours hors d'atteinte, transpercée de toute part par l'indifférence et l'oubli.

Le dernier n'avait pas suffit alors il lui faudrait entamer un long voyage, plus long que tous ceux qu'elle ait jamais entrepris, un ultime pèlerinage à la frontière de l'Elghynirr duquel elle ne rentrerait que si la voie du Nahali se voyait enfin éclairée à ses yeux. Dans le cas contraire...

Les oreilles de la guerrière se dressèrent soudainement lorsqu'elle entendit des bruits de pas, interrompant le flot de ses pensées. Elle lâcha un grognement avant de fermer les yeux, se concentrant sur sa prière qu'elle ne souhaitait pas voir perturbée même effectuée ainsi en public. Mais le bruit du métal la rappela à ce qui est tangible, l'écarlate s'ouvrant sur une main qui venait de saisir sa claymore. La hyène se réveilla brusquement et Azralith montra les crocs, indignée de voir un tel acte perpétré sans son consentement, l'infidèle touchant l'acier forgé au cœur du Vatna.

Mais elle n'eut pas réellement le temps de réagir. Un poing vint se fracasser avec force sur le côté de son visage, déclenchant un craquement dans sa mâchoire. Le coup inattendu fit plier sa tête et basculer tout son corps qui s'écrasa au sol. Sonnée, la guerrière se redressa malgré tout rapidement, avisant les trois hommes qui l'entouraient. La mâchoire carrée, le corps épais, ils semblaient fort intéressés par ses armes et éructaient à son encontre un langage fleuri de jurons qu'elle avait déjà entendu bon nombre de fois.

Mais en cet instant elle n'écoutait plus. Le sang battait à ses tempes et coulait depuis le bord de ses lèvres, ses muscles se contractant d'eux mêmes,  appelant au carnage. Elle en avait assez. Assez d'eux, assez de cette scène qui se reproduisait jusqu'à l’écœurement, assez de cette décadence ignare, assez de cette effroyable carence en respect. Et alors que la géante Ilythiiri se relevait, surpassant en taille les trois brigands, une fugace pensée traversa son esprit.

Une prière.

Se pouvait-il qu'il s'agisse là d'un signe du Créateur ? Car quoi d'autre qu'un combat pouvait réellement attirer l'attention du Père des Batailles ? Ce monde qui était le sien, ce monde où tout devenait blanc.

L'un des trois hommes s'avança vers elle, pointant sa propre arme dans sa direction. Une poigne ferme, musclée, mais terriblement maladroite. Engeance badaude et inepte dénuée de la moindre flamme. Percutant la lame ambrée pour la dévier, la dague de la guerrière se glissa sous l'épais bras de l'homme pour se planter sous sa mâchoire, étranglant son cri soudain dans son propre sang surgissant de sa bouche.

Lâchant son arme, Azralith attrapa la claymore avant qu'elle ne touche le sol, se tournant vers les deux autres brigands qui se jetaient sur elle. Le premier n'eut pas le loisir de toucher sa cible, l'acier percutant l'acier, son offensive fut stoppée nette alors que la guerrière amorçait un coup d'estoc vers son visage. Il tenta de l'esquiver, mais il fut bien trop lent. La pointe de la claymore perfora la chair et lui traversa le crâne avant de le briser en deux lorsqu'Azralith redressa fermement le pommeau de son arme, sa mâchoire se disloquant du reste de son crâne dans un craquement humide.

Le deuxième fut plus chanceux, son arme traversa l'armure de cuir de la géante et s'enfonça dans la chair de son épaule. Mais elle n'en fut pas ralentie, bien au contraire. Deux autres coups s'échangèrent avant que la claymore ne fendent l'air de haut en bas, terminant sa course dans le crâne de son adversaire, perforant l'os et déchirant quasiment son visage en deux sous la puissance du coup.

Ne restait plus que celui qui se démenait au sol, ses deux mains portées à sa mâchoire perforée, cherchant à s'enfuir tant que se jambes pouvaient encore le porter. La guerrière s'assura de le rattraper et de le faire violemment basculer au sol. Elle aurait pu l'épargner ou lui faire connaître une fin rapide, mais elle n'en avait plus la patience.

Elle étouffa le cri de douleur de sa victime en lui fracassant le crâne contre le sol, à plusieurs reprises. Ces impacts lourds, le bruit des os qui se brisaient sous chacun de ses coups l'enflammèrent, faisant vibrer sa braise qui se retrouvait soudainement libérée de tous ces doutes, de toute cette frustration. Elle jubilait, maîtresse de ce monde sans faux semblant où seule la force régnait. Les hurlements qui lui parvenaient aux oreilles ne firent que l’assoiffer davantage, libérant tout ce qui était resté enfermé bien trop longtemps dans cette violence pure et sauvage, se déchaînant de toutes ses forces sur ce corps meurtri, serrant ses poings alors qu'elle déchirait les chairs et broyait les os, encore et encore.

L'épuisement s'empara alors de ses muscles et ses mouvements ralentirent jusqu'à ce qu'elle s'arrête, haletante, constatant que ses poings ne faisaient plus que baigner dans la pulpe qu'était devenue cette boite crânienne.

Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle la remarqua, cette foule qui s'était assemblée autour du combat. Des cris, des hurlements, ils venaient épancher leur soif de violence devant cette scène pitoyable. La main brûlante de la guerrière trembla un court instant, trahissant son feu intérieur. Celui qui souhaitait les broyer, ces fangeux putrides qui s'égosillaient comme des putains face à la moindre goutte de sang, ils ignoraient tout de ce qu'était la véritable douleur.

Elle plaqua l'une de ses mains ensanglantées sur son visage, serrant les dents. La frustration, la colère, la haine, elles tourbillonnaient dans son crâne, menaçant à tout instant de la faire vriller, de lui faire accomplir ce qu'elle abhorrait. Elle devait s'éloigner d'ici, quitter ces lieux, cette ville, se remémorer sa Foi, se remémorer ses actes. Il lui paraissait soudainement plus évident de comprendre pourquoi le Père ne souhaitait s'approcher de sa braise tourmentée.



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Heracle Ypsilantis
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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeMar 16 Avr 2024 - 0:46







La promiscuité du troupeau, à mesure que les fouinards se massaient dans l’espoir de bigler la promesse d’une sanglante exhibition, se montra dès plus totale. À mesure que la tension entre les belligérants cherchât à croître, la pléiade grouillante s’enhardissait de plus belle, se bardaient tous d’une tocade propre aux gens malheureux, dont la misère asseyait sur les épaules un suffoquant linceul d’ennui. Évidemment que pour l’occasion, tous crièrent forfait à la moindre des besognes! Passer à côté de cette inestimable opportunité, d’avoir à l’heure du manger quelque chose à narrer : c’eût été pour eux faire abnégation du peu d’intellect qu’ils possédaient! Adonc de sorties dans cette arène improvisée, il n’y avait plus. Et aux premiers rangs se trouvaient notre futur entraîneur déchu, qui non content de s’être retrouvé au cœur de cette rixe, allait assurément tirer prompt réconfort de voir l’Ébène se faire rosser. Son battant de chair n’avait d’espace pour cette engeance : perfide, de peu de confiance et aux mœurs douteuses, il avait en plus haute estime les pommes de route de son canasson que ce peuple maudit. La chose était pourtant étrange, car bien que son maître en partageât les avis, à plus forte raison même, ils partageaient sur maintes facettes de leur personnalité les calomnies qu’ils accordaient au peuple du Vatna. Qu’à cela ne tienne, il les abhorrait et si les trois baroudeurs pouvaient la rendre plus avenante en lui mettant la tête dans le cul, il ne leur en serait que plus reconnaissant!

Lorsque le glas tonna, en lieu et place des bruyants encensements et des louanges attendues, les badauds s’engoncèrent dans un silence de stupeur. Le poignard de l’eldéenne s’était niché par en dessous dans la bouche d’un des reîtres, l’exhortant au silence éternel. L’estocade eut pour l’assistance le même effet, car à en voir leurs yeux écarquillés, arrondis comme des billes, la violence du bourreau dépassa de loin leurs attentes. Tantôt, après que l’acier de la noirelfe eut trouvé fourreau dans le crâne de la deuxième arsouille, l’aphasique messe se transforma en aboiements terrifiés. Le sang gicla, empourprant autant le pavé que les défroques de la plus imminente galerie, beignant dans l’horreur la plus totale les plus sensibles des âmes. Bientôt, la foule commença à se disperser en partie, jouant du coude plus franchement qu’autrement afin de s’écarter de la débâcle. Quant aux autres, enclins à ce genre de divertissement, ils hurlèrent oui, tout comme les autres, mais d’encouragement envers l’Eldéenne. Enfin, tandis qu’elle s’apprêtât à parachever son massacre éhonté, son ode à Uriz, on odit au travers l’esclandre publique crier aide, dans le vœu que se manifeste l’autorité du Guet.

Quant à Goustan, qui s’était trouvé tout autant tétanisé que le restant du publique, la convoitise de toute fuite ne lui traversa guère l’esprit. Dans cette écœurante violence, au-delà des frissons d’épouvantes qui lui firent hérisser les poils, il y vit briller au loin, la chance ténue de sa rédemption. Lorsqu’il vit l’œil de la tempête après qu’icelle eût terminé de jouer dans la cervelle du dernier malheureux, il s’élança vers elle, faisant fi de tout danger :
 

« Venez! Vous serez pendue haut et court si Guet vous harponne! » Il lui fit signe de le suivre, sans jamais poser la main sur elle pour l’exhorter à le faire : le bougre tenait à sa dextre et n’épousait guère idée à s’en départir de sitôt. Il déblaya l’allée en poussant sauvagement de la gueusaille et s’enfonça dans les dédales de la citée. Les ruelles se rétrécirent et sans épier sa propre ombre afin de confirmer si la ténébreuse l’avait pisté, il trifouilla ses poches à la recherche d’un clé, enfouissant icelle dans la poignée d’une porte qui menait dans un cagibi en désordre. L’endroit avait tous les airs de l’abandon, du désordre et du chaos. Les chaises -pour celles qui tenaient encore sur leurs pattes- étaient renversées, les meubles arpentaient l’endroit tout gauchement et il y avait dans les airs, ce fumet de renfermé, dont les châssis se plaisaient de retenir entre leurs quatre murs. Le souffle raccourci autant par sa course effrénée que la fièvre des derniers évènements, Goustan se retourna et patienta, le cœur cherchant à s’extirper de son poitrail.

L’avait-elle suivi ?  








Dernière édition par Heracle Ypsilantis le Jeu 18 Avr 2024 - 20:51, édité 1 fois
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Azralith Zaurahel
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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeMar 16 Avr 2024 - 13:21


Un homme surgit de la foule et s'approcha d'elle. Large d'épaules, le visage buriné, la chevelure courte et éparse, ses traits affichaient le passage de plusieurs décennies que le physique humain avait bien du mal à supporter. Mais son apparence patibulaire demeurait quelconque, ce furent son comportement et ses mots qui le contrastèrent soudainement avec la masse.

Que le Guet y vienne, qu'ils envoient leurs hommes au massacre, elle les affronterait jusqu'à ce que sa chair ne brûle sous l'intensité du feu du Père. Elle avait toujours veillé à conserver une certaine neutralité dans cette ville abandonnée des dieux et tout ça pour quoi ? Qu'avait-elle reçu d'autre comme récompenses que le dédain et l'ahborration à son égard ? Elle ne réclamait que la compréhension et on ne lui offrait que le sang et la violence. Les préceptes forgés dans le feu primordial étaient bien les seuls en mesure de la contrôler en cet instant. Elle repensa à la Péninsule, au dégoût qui l'avait envahie. Elle ne faisait pas partie de cette engeance, elle refusait de l'être.

Le chaos s'était emparé des lieux, mais le regard écarlate de la guerrière n'avait pourtant pas perdu de vue l'étrange homme qui paraissait vouloir lui offrir son aide, poussant la foule sur son passage et se précipitant à vive allure dans une ruelle. Elle pouvait fuir, partir, quitter cette ville et tuer tous ceux qui l'en empêcheraient, mais que l'on souhaite du moins en apparence lui venir en aide était un phénomène suffisamment rare pour qu'elle s'y attarde.

L'homme ne faisait pas partie de l'Aile Blanche, de cela elle en était presque certaine. Non pas qu'elle connaissait chacun de leur visage, mais les rustres en leur sein se faisaient particulièrement rares, sans compter qu'il n'avait pas évoqué Viliam ni quoi que ce soit qui puisse immédiatement la mettre en confiance. Une erreur que les bandits au grand cœur n'auraient pas commise.

Fulminant toujours, elle s'élança alors à sa suite, profitant de l'effort soudain pour faire taire ses pulsions. La curiosité étreignait la colère et même la peur, elle qui cherchait cette chaleur interne chez les autres ne pouvait laisser passer une occasion telle que celle ci, elle ne mordrait plus jamais une main tendue à son encontre. Les individus étaient nombreux et chacun se paraît d'unicité, leur attribuer à tous les maux d'une portion ne pouvait être le fruit d'un esprit logique et juste.

Poussant plus que nécessaire sur chacune des puissantes impulsions de ses jambes, elle en profita pour offrir un défouloir à sa colère, pour taire cette partie d'elle dont elle n'appréciait guère l'imprévisibilité. L'homme s'était arrêté devant une porte, y enfonçant une clé avec un empressement et une agitation particulièrement palpable. Il se tourna un instant vers elle avant de pénétrer à l'intérieur, la guerrière s'engouffrant à sa suite non sans placer sa main sur la poignée d'une de ses dagues.

L'endroit n'était nul autre qu'un cagibi dans le désordre et l'abandon le plus complet, le mobilier recouvert d'une couche de poussière qui s'appropriait également la gorge tant l'air en paraissait presque saturé. Lorsque l'homme s'empressa de fermer la porte derrière elle, Azralith prit la parole. "Pourquoi est-ce que tu as voulu m'aider ? Et surtout, qui es-tu ?" Elle se tenait au milieu de l'étroite pièce, curieuse mais prudente, l'écarlate se fixant au regard de l'homme comme pour le transpercer.


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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeVen 19 Avr 2024 - 2:03







Loin d’être l’athlète de ses beaux jours, Goustan peinait à récupérer la totale intégrité de son souffle étriqué. Son cœur se fracassait contre son poitrail comme si l’effort de sa course de tantôt relevait du plus auguste des efforts. L’opprobre jetée par son maître, cette scène sanguinaire, dont la violence avait dépassé tout entendement, puis cette idée folle-dingue, qui avait oblitéré tout sens de la raison : le bougre pouvait bien frôler l’embolie cardiaque. Une main crispée contre la cage de ses poumons, le regard chiffonné par l’effort, il se recroquevilla contre un des meubles poussiéreux et chercha à récupérer de sa contenance. Avant que la crampe qui le harassait s’amenuise, il odit le pas empressé d’une personne qui semblait s’approcher. Lorsqu’il détourna son attention vers l’entrée, le cœur manqua de battre pendant une demie seconde. Fort de muscles, d’adresse et d’expérience au combat, Goustan se conchiat pratiquement les braies à la vue cauchemardesque qui se présentait sous ses yeux. La patte empoissée de sang de la drow se tenait contre le rebord de porte, comme un animal sauvage qui avait survécu à l’attaque d’une meute rivale. Ses yeux brillants, injectés par autant de sang qui en couvrait ses haillons le fixaient, à la fois curieux et inquisiteurs. Par la queue truculente d’Arcam… Comment peut-elle tenir aussi solidement sur ses jambes après pareil massacre, se dit-il silencieusement en ravalant sa salive.

Son échine trouva l’aplomb nécessaire pour se redresser et farder sa couardise, question qu’il assume pleinement l’éclair de courage qui l’avait traversé. Alors, prudemment, il lui fit signe de refermer le portail derrière elle. Il inspira profondément, puis y alla tout de go.


« Ce n’est pas par altruisme que j’ai voulu te préserver de la potence, mais bien pour mon propre intérêt. Je m’appelle Goustan et suis à la solde du Prince Marchand Ypsilantis. Je ne sais pourquoi ces plus-que-mort t’ont cherché des noises, mais m’est d’avis que tu devrais te tenir tranquille pour moment et de te faire oublier le temps que les choses se calme. La scène que tu as donné à la gueusaille n’est pas près d’être oubliée ; les gens auront souvenance de la sombre guerrière qui a trouvé bon peindre la grande esplanade de la pulpe de ses ennemis… Et pour le coup, lui aussi, n’allait guère l’omettre de sitôt. Et pour cela, j’ai peut-être pour toi une échappatoire que tu saurais sans doutances trouver seyante. Je suis maître d’arme, aussi curieux cela peut-il te sembler et j’ai épuisé mes ressources quant aux enseignements martiaux que je prodigue à mon maître. Peut-être, oui peut-être, saurais-tu pallier à la chose, toi qui, entendons-nous, semble être forgée d’un acier plus robuste que le mien ? Il patienta, un moment, préservant quelques doutes quant à l’audace qu’il venait de franchir en proposant au plus ignoble des bouchers qu’il avait vu, un travail aussi insignifiant. En juste rétribution de tes services, je te trouverai un endroit où loger, dans un quartier où le Guet aime à fermer les yeux lorsqu’on leur tend la carotte au bout du nez. Tu auras la paix, un toit, de la nourriture et, par-dessus tout, tu pourras dégourdir tes dix doigts en faisant chanter ta claymore contre la pertuisane de mon maître. Nous y trouverons ainsi tous deux notre compte, si tant la chose te parais juste.»




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Azralith Zaurahel
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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeVen 19 Avr 2024 - 13:42



La peur. Il puait la peur à plein nez et si son parfum n'en avait pas déjà été étouffé, son regard hurlait son effroi à qui voulait bien le lire. De comédie, elle pouvait être certaine qu'il n'en s'agissait pas de la moindre. S'il existait bien une chose qu'elle pouvait déchiffrer avec certitude dans ce monde de masques opaques et de faux semblants, c'était l'affolement d'un être sachant sa vie menacée, l'inquiétude devenant terreur lorsqu'ils constataient que les lois de leurs mondes n'avaient que bien peu d'emprise sur la guerrière Ilythiiri.

Passée la transe guerrière et l'excitation du moment, la douleur fit vibrer sa chair de plus belle, la morsure de l'acier dans son épaule hurlant à son oreille, celle sur son avant bras murmurant de basses palabres. La souffrance guidait d'ordinaire ses pas et ses pensées mais en cet instant pourtant, elle avait l'impression que sa braise s'en retrouvait légèrement embrumée, fruit aliéné de la lassitude et de l'épuisement. Elle était las de se démener dans cette cage sans ouverture à la recherche d'un soleil éclatant dont elle parvenait à peine à discerner les rayons. Le sang coulait, la douleur l'étreignait, mais elle ne semblait pas se rapprocher davantage du Nahali pour autant. Elle avait accepté la possibilité dans cette quête de mourir seule, oubliée, éloignée de son Feu, mais elle ne comptait pas connaître un tel sort sans avoir tout fait pour l'éviter.

Lorsqu'il prit la parole, les épaules d'Azralith relâchèrent la tension qu'elles avaient accumulé en elles et s'affaissèrent légèrement. Elle croyait en sa franchise, elle souhaitait sincèrement y croire. Alors, désormais davantage dénuée de prudence mais pas moins de curiosité, elle l'écouta.

Ses yeux s'écarquillèrent alors et la géante sembla soudainement prise d'une profonde quinte de toux. Mais l'éclat se fit plus bruyant et révéla un son à la nature bien plus rare. Elle riait. Un rire rauque et éraillé qu'elle n'avait su contenir face à de telles circonstances. Elle riait sans la moindre retenue et sans doute un petit peu trop pour que cela paraisse sain et rationnel.

Depuis les premiers instants où elle avait posé le pied à Thaar, jadis guidée par Ssussun, elle avait appris à courber l'échine face aux riches familles de la cité dorée. Elle avait vécu au sein de l'Aile Blanche qui les abhorrait, elle les avait combattu, elle avait été manipulée, trahie en leur nom. Combien de fois son sang avait-il coulé dans leurs ombres ? Eux qui remplaçaient la force et le mérite par l'éclat scintillant de leur richesse, indifférents envers même ceux qui souhaitaient pourtant les renverser. Un monde déviant, immoral et luxurieux, éloigné des dieux. Un monde dont elle n'avait jamais entendu les récits qu'au travers de ceux qui en provenaient, un monde dont elle ne connaissait en réalité que bien trop peu malgré son oppressante présence dans les rues de la cité.

Aurait-elle pu jamais croire que l'on lui ferait un jour pareille offre ?

Son rire passé, elle se détourna un instant, perçant de son regard béni par l'Elda l'obscurité qui lui faisait face. Elle aurait voulu pouvoir quitter cette ville, partir vers le Nord, poursuivre son pèlerinage. Mais Viliam lui avait fait part de ses inquiétudes et lui avait demandé son aide, elle ne pouvait partir tant que l'Aile Blanche avait besoin d'elle. Elle devait également ajouter à cela la guérison de Paprika qui n'était toujours pas achevée. Il lui restait encore bien trop à faire.

"Goustan." Elle se tourna vers lui, plantant son regard dans le sien. "J'apprécie le geste et la pensée. Il te faut cependant savoir que je ne compte pas demeurer à Thaar. Cette ville n'est pas mon foyer, et elle ne le sera jamais." Un léger silence s'ensuivit. Azralith ne pouvait dénier la curiosité qui l'étreignait, l'envie de mettre un pied dans ce monde étrange pour en comprendre les règles, mais jamais elle ne pourrait y vivre. "Mais je ne peux partir dans l'immédiat, alors si jamais la perspective de me voir consentir à cette offre seulement temporairement ne te déplaît pas, je suis prête à accepter." Et quelle perspective, celle là même où elle se retrouverait à enseigner son art à un Prince. "Dans le cas contraire, sache que je saurai me souvenir de l'aide que tu as souhaité m'apporter, fusse t-elle intéressée."


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Heracle Ypsilantis
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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeSam 20 Avr 2024 - 2:48







Quelle grosse dinde faisait-il, à trembler des genoux de la sorte devant l’Eldéenne! Le bourru mestre secoua les épaules et retrouva enfin, suite à l’écho de toute l’hilarité de son allocutaire, un brin d’ardeur autant dans la posture que le ton de sa jactance. À l’examiner, à voir son faciès se roidir sous les impulsions de sa meurtrissure, il eut souvenance qu’au-delà de son ignoble apparence de bête sanguinaire, elle était tout aussi mortelle que lui. Se préservant ainsi de lui donner plus d’aide qu’il ne lui en avait déjà offert, il déposa une main contre le pinacle du pommeau de son acier, retrouvant ses aises habituelles. Cette brise de lucidité amnistia son pouls de tout état d’excitation.

À l’audition de la noirelfe, le blanc coquille d’œuf de ses dents fit son apparition dans une simagrée d’amusement. S’amusait-il du succès de son audace, ou était-ce là les relents d’angoisses que lui imposèrent ladite victoire ? Car au vrai, bien qu’il obtînt l’aval de la ténébreuse, rien n’était moins sur qu’il en obtienne de son maître. Ce n’était secret pour personne, les Ypsilantis avait de renom autant de talents dans tout ce qui touchait de près ou de loin les mers que de haine envers le peuple du Vatna. Aux maux désespérés, solutions désespérées, se dit-il intérieurement, après qu’il eut réalisé l’incommensurable défi qui se présenterait à lui une fois qu’il ferait l’annonce de sa nouvelle embauche. Qu’à cela ne tienne, la chose pouvait être éludée dare-dare. Des difficultés plus éminentes se devaient d’être surmontées, comme par exemple, l’épaule dépiautée de la noireaude.


« Pour l’heure, je m’occuperai de la promesse que je vous fis. Je reviendrai dans l’heure qui suit avec des affublements qui auront au moins la qualité de vous mouvoir en plus de discrétion … Je vous mènerai à votre nouveau logis et veillerai à ce que votre blessure soit examinée afin que toute chance de complications ne survienne. Quant à la durée de votre contrat, cela vous regarde ; vous êtes libre de quitter quand bon vous semblera, du moment que… Il chercha les mots, soudainement, comme s’il ne savait trop de quel côté prendre la chose sans le faire gauchement. Que vous restiez discrète lorsque le moment sera venu de dégourdir votre claymore. » Goustan s’éloigna finalement de ce meuble sur lequel il était depuis dès lors accoté, celui-là même où son cul y avait laissé empreinte à même l’abondante poussière, puis s’arrêta près de la porte, où le sang frais de la Drow y décorait encore les reliefs de bois. Ses yeux se froncèrent de plus bel sous le vif éclat de l’astre diurne, puis se retourna vers la Drow pour sonder une dernière fois les braises de son regard brillant. Avant de vous quitter, je peux savoir votre nom ? » Lança-t-il candidement, alors qu’il savait bien au fond de lui, que la réponse importait peu.




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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeSam 20 Avr 2024 - 13:43



Son nom ? Le visage de la guerrière se renfrogna légèrement. Dans l'encadrement de la porte, à deux pas d'en sortir, il lui avait demandé son nom. Pourquoi maintenant ? Pourquoi soudainement ? La possibilité qu'elle se soit enfermée elle même dans un vaste piège n'avait pas entièrement disparu de son esprit, et cette question soudaine ne l'aida pas à l'oublier.

Source de fierté, elle n'avait jamais caché son nom, elle n'avait jamais dissimulé son identité sous une autre pour se préserver. Mentir sur son nom, c'était mentir sur une partie de soi, sur qui l'on était réellement. Un comportement déshonorable et vicieux qui ébréchait les principes et crachait au sur la mémoire de tout ceux qui avaient précédés, de tous ceux qui avaient vécu et souffert pour faire naître une braise nouvelle. Et si dans ces circonstances elle n'appréciait pas réellement la question, elle n'avait jamais failli à y répondre et elle ne comptait pas commencer aujourd'hui.

"Azralith Zaurahel." Prononça t-elle alors. Combien de fois son refus de le dissimuler avait causé sa perte ? Peut être s'agirait-il là d'une fois nouvelle, mais elle avait fait son choix. Elle avait choisi de croire, de faire confiance.

La porte se referma et elle se retrouva seule, volontairement ou non dans une obscurité presque totale. Les chaises et autres tabourets du cagibi y allaient de leur compétition pour définir lequel d'entre eux serait le plus mal en point et la guerrière ne souhaita pas tester la solidité toute relative de ceux qui tenaient encore debout. Agrippant son arme imposante, elle se baissa pour s’asseoir à même le sol, croisant ses jambes en tailleur et posant sa claymore encore ensanglantée le long de son épaule.  

Plongée ainsi dans les ténèbres et dans un silence presque parfait, elle se serait presque cru de retour au manoir Zaurahel, dans l'une de ces grandes chambres imposantes dans lesquelles elle avait appris à apprécier la solitude. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de penser au Vatna et à quel point il lui manquait. Elle poussa un long soupir comme pour extérioriser la tension qui l'envahissait encore et relâcha ses muscles un par un, fermant les yeux.

Toutes ces réflexions qui l'étreignaient en permanence ne lui avaient rien apportés. Elle devait se forcer à taire davantage son esprit et à se perdre plus aisément dans l'observation et la contemplation. Comprendre représentait tout ce qu'elle désirait, mais l'impatience la rongeait et viciait ses pensées jusqu'à leur faire perdre leur nature première. En un sens, il ne s'agissait pas là d'un exercice bien différent de celui qui lui demandait de se soustraire à une paranoïa particulièrement étouffante. Sa braise était encore bien trop instable pour appréhender la révélation et elle ne pouvait reporter cette frustration que sur elle même.

Le sommeil menaça de l'emporter, mais elle résista à son appel. Elle n'était pas en sécurité. Elle ne l'était en réalité jamais vraiment en ces lieux, mais tout particulièrement en cet instant. Il lui restait encore à faire avant de pouvoir s'offrir à ces ténèbres réconfortantes, un repos du corps et de l'esprit dont elle se sentait avoir profondément besoin. Des bruit de pas prêt de la porte firent se dresser ses longues oreilles, ses doigts se crispant légèrement sur son arme.

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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeMar 23 Avr 2024 - 21:37







À cette heure, la clarté manquait désormais et en remplacement d’icelle, les nombreuses torchères et candélabres s’étaient ravivés afin de palier à ce manque. L’heure du mangé du soir était passée et Thaar semblait recouvrer sa seconde vie, son deuxième souffle de nocte, lorsque ses rues se repeuplaient cette fois non pas d’âmes travaillantes, mais plutôt celles en quête d’agrément et de félicité. Parmi celles-ci l’une d’elles sortait du lot ; un vieillard à l’échine tordue, harassé par une lancinante scoliose. Le faciès chiffonné par la vieillesse, déambulant clopin-clopant à l’aide d’une canne et dont le havresac passé à son épaule saillante, laissait tout à croire qu’il n’allait pas en direction de la taverne la plus près pour se pochetronner. Plutôt, c’est dans les dédales de la basse-ville qu’il s’enfonça, s’esquivant aux éclats lumineux qu’offraient les sécurisantes oupilles. Retenant maintes fois quelques quintes de toux propre aux vieillards dont les poumons fatiguaient, il cracha à quelques reprises pendant son long pèlerinage. Le pas aussi prompt et leste qu’un homme ayant dans le fondement une lance enfoncée, le papi parvint tout de même aux devants du cagibi dans lequel on l’avait mandé. Sans s’annoncer ni cogner, il se saisit de la porte et sans force, il fit crisser les gonds de fer de la porte antique en l’ouvrant. L’ouverture fût si longue et pénible, qu’elle en fit japper un cabot errant qui vraisemblablement, cherchait à fermer l’œil.

Après avoir sondé la salle, il tomba nez à nez avec le propre de sa venue ; une silhouette plus ou moins avachie sur le sol, qui cherchait, à l’instar de ce dogue de tantôt, un brin de tranquillité pour songer plus profondément. L’écume de sa bouche pâteuse au coin des lèvres, le vieillard s’adressa à la Drow comme s’il n’y avait en ces lieux aucuns dangers qu’ils soient. Le fait d’avoir lui-même un pied dans la tombe y jouait sans doute pour beaucoup. Qu’à cela ne tienne, sans même lui adresser la parole, il délaissa son havresac sur un pupitre poussiéreux et posa son séant sur une bancelle, tout en lâchant un soupire d’aise. Il renifla bruyamment, se gratta le visage en inspectant la guerrière, tandis que ses yeux s’acclimataient à la pénombre de l’endroit. Les reliefs d’icelle commençaient à se dessiner et il apercevait, petit à petit, l’étendue de la blessure qui empoissait son épaule.


« J’ai été payé pour vous rafistoler, dicta le vioc sans plus amples ambages et d’une voix tremblotante. Une fois que ce sera fait, je vous raccompagnerai à votre nouveau chez-vous, si le confort d’une couche peut un tant soit peu conforter la meurtrissure qui vous harasse. »

Visiblement, l’ancêtre savait s’y prendre, car son doigté semblait leste et empreint d’une dextérité qu’on ne lui aurait jamais concéder. Avec l’accord de cette dernière, il procéda à la suture de ses plaies et lui offrit quelques torchons encore humides afin de décrasser son sombre derme de tout sang séché. Une fois fait, frottant ses mains fripées ensembles comme si elles se débarrassaient de toute traces d’impureté, le vieillard reprit équilibre sur ses échasses. « On vous fait aussi présent de quelques habits plus discrets. Je vous patienterai au dehors, l’amie. » Chose qu’il fit en l’esseulant avec langueur, tant son pas était prudent.

La marche jusqu’aux nouveaux appartements de la noiraude fût rythmée mêmement : cela très certainement au grand damne de la noirelfe. Qu’à cela ne tienne, avant que la lune ne parachève sa totale montée, ils arrivèrent tout juste dans le quartier qui jouxtait les docks. Des appartements cordés tous les uns sur les autres menaient vers une esplanade, puis une allée qui déboulaient sur la partie chantier des quais. Là, se bâtissaient les plus sémillantes embarcations, les navires les plus avenants et prompts au bon commerce des mieux nantis de la cité. Au travers les manouvriers de toute race, la Zaurahel aurait tout le luxe de se fondre dans la masse, eusse-t-elle été la plus meurtrière des guerrières que Thaar eut la veine -ou malchance- de toiser. D’ici à son premier entretient, elle avait devant elle, tout le temps pour lécher ses plaies.




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MessageSujet: Re: L'expression des jointures [ Azralith ]   L'expression des jointures [ Azralith ] I_icon_minitimeJeu 2 Mai 2024 - 14:52



Une montagne dégoulinante de chair, des os brisés, des corps décharnés, démembrés, tordus dans un sens improbable, leur peau meurtrie se décollant bien souvent d'elle même quand elle n'avait pas été préalablement arrachée. Le pus et le sang se mélangeaient pour couler en flots disparates, recouvrant toute cette chair telle une rivière écarlate et poisseuse. Un chemin composé de cadavres délimité par des bannières déchirées à peine reconnaissables, une route menant à un trône ensanglantée. Une silhouette était prostrée en son sein, celle d'Azralith, vivante, mais pourtant elle aussi touchée par la pourriture qui l'entourait.

Un œil gargantuesque l'observait depuis le firmament, sa présence imposante l'écrasant sous le simple poids de son existence. Elle tomba à genoux, tremblante, les yeux écarquillés et injectés de sang. La douleur étreignait son corps à travers ses nombreuses blessures et son âme tourmentée brûlait comme aurait pu le faire un objet tangible. Elle aurait voulu hurler, elle aurait dû hurler, mais elle n'était plus. Elle avait cessé d'être bien avant d'atteindre ce point.

Qu'était-elle devenue ?

Dans un sursaut soudain, Azralith se réveilla. Essoufflée et transpirante, elle observa rapidement la pièce dans laquelle elle se trouvait, tentant de faire sens de ce que son esprit était en train de traverser. Une petite chambre simple, peu éclairée, ses affaires traînant au pied du lit. Ses tremblements cessèrent alors et la main qui avait agrippé la dague sous son oreiller se relâcha. Certaines nuits s'appréciaient à n'être point reposantes.

Un vacarme se fit entendre sur la porte d'entrée et la guerrière lâcha un léger soupir avant de se lever, entreprenant d'enfiler ses vêtements. La couture et le tissu criaient leur origine vaanie, d'un bleu et d'un ambre fatigués, sobres. Un accoutrement qui lui faisait regretter le confort habituel de son armure de cuir, mais l'avantage de cette tenue masculine suffisamment large pour qu'elle puisse l'utiliser s'avérait être sa relative épaisseur contre le froid. Les épaules étaient même recouvertes d'une couche de fourrure familière, un petit détail qui lui faisait tolérer l'ensemble.

Les voix s'impatientaient et le tambourinement contre la porte de bois reprit de plus belle. Lâchant un grognement, Azralith enclencha la poignée et fut accueillie par une vague de froid soudaine, affichant une mine maussade. « Qu'est ce que vous voulez ? » Trois hommes armés lui faisaient face, leurs armures partiellement recouvertes d'une fine couche de neige. Le premier d'entre eux, le plus proche, leva le visage vers elle.
« – Un plaisir pour moi aussi de vous rencontrer.
– Va chier.
– Mon maître souhaite vous voir, le plus tôt sera le mieux. Et dans votre intérêt, je vous conseille d'adopter un langage plus adapté à un prince. »

Un prince. S'il s'attendait à des courbette de sa part, nul doute que toute cette entreprise orchestrée par Goustan s'avérerait bien éphémère. La ville lui sortait par les trous, davantage encore maintenant qu'elle était recouverte d'un manteau blanc. Seule la curiosité la forçait encore à jouer le jeu. Récupérant ses dernières possessions, la guerrière eldéenne quitta la chambre et s'engagea à la suite des gardes dans les ruelles désormais enneigées de Thaar. Le froid mordant du désert n'avait pas tardé à atteindre la cité dorée.

Les trois hommes se déplaçaient à la même allure qu'elle, un de chaque côté et le dernier menant la marche. Et si rien d'autre dans leur comportement ne le trahissait, leurs mains étaient pourtant posées sur leurs armes. Ils la considéraient dangereuse, une observation qui plaisait beaucoup à la guerrière. Au milieu du dédain, de l'indifférence et de la haine, il était presque rafraîchissant de se savoir crainte.


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