Un air de déja-vu (pv Oriale)

La fête battait son plein. Le soir était tombé et l'atmosphère était électrique, rires, brouhaha, alcool, nourriture, danseuses, tout était là pour amuser la foule avide de distractions. Elmys Sandar, habillé de riches étoffes, sourire charmeur, se mêlait aux convives et aux discussions. Commerce, transactions, opportunités, le cocktail habituel des grandes réceptions mondaines. Elmys parlait, animé et passionné, sa voix portait, captivait, attirait l'attention. Mais son regard parfois vagabondait vers la scène, là où se succédaient les danseuses, divine vision de mouvements gracieux et envoûtants. Dans l'atmosphère enjouée de la fête une musique de harpe et de flûtes s'élevait, ajoutant une touche de magie à l'ambiance déjà festive, les mélodies résonnaient dans l'air d'une douceur enivrante. Au milieu des discussions animées les échanges fusèrent, ponctués de rires et d'expressions enthousiastes alors que chacun partageait ses réflexions sur les dernières tendances du marché et les opportunités à saisir.

- Je vous le dis, mes amis, les routes commerciales vers le Sud s'ouvrent de plus en plus chaque jour. Les richesses de ces contrées lointaines sont une mine d'opportunités pour ceux qui ont le courage de s'aventurer hors des sentiers battus.
- Ah, mais il ne faut pas sous-estimer les défis qui accompagnent de telles entreprises. Les dangers sont nombreux, les marchands sans expérience risquent de perdre bien plus que leur investissement initial.

Elmys, écoutant attentivement les échanges, prit la parole avec assurance.

- Certes, les risques sont réels, mais n'est-ce pas là tout l'intérêt du commerce ? Prendre des risques calculés, saisir les opportunités là où d'autres voient des obstacles. C'est ainsi que les grands marchands bâtissent leur empire.

Les autres acquiescèrent en signe d'approbation, reconnaissant la pertinence des paroles d'Elmys. Tandis que la musique continuait de bercer les convives dans un tourbillon de joie et de félicité le semi-elfe jeta un coup d'œil en direction de la scène. Les danseuses avaient fini mais un autre spectacle se préparait à enchaîner... ses yeux s'écarquillèrent en la voyant apparaître, elle ici, comment était-ce possible ?

La danseuse captivait son auditoire avec un spectacle enflammé. Les flammes dansaient autour d'elle en dessinant des figures impressionnantes. Hypnotisé par la grâce de la danseuse, Elmys sentit un frisson lui parcourir l'échine alors qu'il la contemplait avec fascination. Il l'avait bien reconnue, c'était elle, la danseuse qui avait enflammé son cœur quelques années plus tôt. Son regard ne pouvait plus se détacher de la danseuse dont le corps semblait se mouvoir avec une grâce divine. Il se sentait irrésistiblement attiré par elle, comme un papillon vers la flamme, incapable de résister à l'appel de la passion qui brûlait en lui. Et tandis que la danseuse continuait d'ensorceler l'assistance avec son spectacle enflammé, Elmys ne pouvait plus ignorer les flammes qui embrasaient son âme, le souvenir de leur liaison passée ravivant des sentiments longtemps enfouis. Il se laissa emporter par une vague de nostalgie en se rappelant les nuits brûlantes passées en compagnie de la danseuse, leurs étreintes passionnées et les promesses d'un amour fugace mais intense.

Pourtant, malgré le tourbillon d'émotions qui l'assaillait, Elmys savait que leur histoire avait été éphémère, destinée à se consumer aussi rapidement qu'une flamme vacillante. Les circonstances les avaient séparés et chacun avait repris sa route dans ce vaste monde et pourtant le destin les réunissait aujourd'hui. Il se demandait si elle se souvenait de lui et si cette attraction brûlante qui le consumait brûlait également en elle.

Le spectacle toucha à sa fin, la danseuse disparut sous les applaudissements enthousiastes pendant que la fête reprenait son cours mais Elmys ne tenait pas à la laisser partir sans essayer de la retrouver même si cela signifiait affronter les fantômes du passé. Il s’excusa auprès des autres convives et se mit à parcourir la foule pour se rapprocher de la scène. Il la retrouva enfin alors qu’elle se préparait à partir et il posa délicatement la main sur son épaule afin qu'elle se retourne. Quand ce fut fait il lui adressa un sourire radieux en espérant qu'elle ne l'avait pas complètement effacé de sa mémoire et qu'elle allait le reconnaître.

- Oriale… ça faisait longtemps.

Emporté par un élan impulsif, Elmys attrapa le poignet d'Oriale pour la retenir mais elle était comme un ouragan qui menaçait de tout dévaster sur son passage. Son cœur battait la chamade car il portait en lui le poids de trois longues années de silence et de regrets.

- Oriale, laisse-moi t'expliquer. Il y a trois ans nos chemins se sont séparés brusquement et tu as certainement dû me maudire, je le comprends très bien. Mais laisse-moi t'expliquer les raisons qui ont guidé mes pas loin de toi.

Les souvenirs affluèrent comme des vagues dans l'esprit d'Elmys alors qu'il essayait de dépeindre la complexité de ses sentiments. Mais ses mots, telles des notes de musique mêlées aux mélodies de la soirée se perdaient dans l’atmosphère électrique. Il sentait encore sur sa joue la brûlure de la gifle qu'il venait de recevoir et il devinait qu'il n’allait pas être facile d'obtenir le pardon d'Oriale.

- Quand je t'ai rencontrée je m'occupais des établissements commerciaux de mon grand-père à Naëlis. Mais du jour au lendemain, la reine Glinaina a ordonné l'exil des marchands de Thaar à cause de la crise de Sol'Dorn. J'ai été obligé de partir et je n'ai même pas eu le temps de te dire au revoir. Je sais que mon départ précipité, sans un mot ni un regard en arrière a été une blessure que le temps n'a pas effacé. Mais sache, ô douce Oriale que chaque nuit mes pensées n'ont cessé de te chercher dans l'obscurité.

Un silence chargé de tourments fit suite à cette déclaration, les yeux d'Elmys semblables à des phares dans la tempête scrutaient ceux d'Oriale en cherchant dans leur profondeur l'écho des sentiments qu’ils avaient partagé dans le passé.