Un air de déja-vu (pv Oriale)

La fête bat son plein. Le soir est tombé et l'atmosphère est électrique, rires, brouhaha, alcool, nourriture, danseuses, tout est là pour amuser la foule avide de distractions. Moi, Elmys Sandar, habillé de riches étoffes, sourire charmeur, me mêle aux convives et aux discussions. Commerce, transactions, opportunités, le cocktail habituel des grandes réceptions mondaines. Je parle, animé et passionné, ma voix porte, captive, attire l'attention. Mais mon regard parfois vagabonde vers la scène, là où se succèdent les danseuses, divine vision de mouvements gracieux et envoûtants. Dans l'atmosphère enjouée de la fête une musique de harpe et de flûtes s'élève, ajoutant une touche de magie à l'ambiance déjà festive, les mélodies résonnent dans l'air d'une douceur enivrante. Au milieu des discussions animées les échanges fusent, ponctués de rires et d'expressions enthousiastes alors que chacun partage ses réflexions sur les dernières tendances du marché et les opportunités à saisir.

- Je vous le dis, mes amis, les routes commerciales vers le Sud s'ouvrent de plus en plus chaque jour. Les richesses de ces contrées lointaines sont une mine d'opportunités pour ceux qui ont le courage de s'aventurer hors des sentiers battus.
- Ah, mais il ne faut pas sous-estimer les défis qui accompagnent de telles entreprises. Les dangers sont nombreux, les marchands sans expérience risquent de perdre bien plus que leur investissement initial.

Ecoutant attentivement les échanges, je prends la parole avec assurance.

- Certes, les risques sont réels, mais n'est-ce pas là tout l'intérêt du commerce ? Prendre des risques calculés, saisir les opportunités là où d'autres voient des obstacles. C'est ainsi que les grands marchands bâtissent leur empire.

Les autres acquiescent en signe d'approbation, reconnaissant la pertinence de mes paroles. Tandis que la musique continue de bercer les convives dans un tourbillon de joie et de félicité je jette un coup d'œil en direction de la scène. Les danseuses ont fini mais un autre spectacle se prépare à enchaîner... mes yeux s'écarquillent en la voyant apparaître, elle ici, comment est-ce possible ?

La danseuse captive son auditoire avec un spectacle enflammé. Les flammes dansent autour d'elle en dessinant des figures impressionnantes. Hypnotisé par la grâce de la danseuse, je sens un frisson me parcourir l'échine alors que je la contemple avec fascination. Je l'ai bien reconnue, c'est elle, la danseuse qui a enflammé mon cœur quelques années plus tôt. Mon regard ne peut plus se détacher de la danseuse dont le corps semble se mouvoir avec une grâce divine. Je me sens irrésistiblement attiré par elle, comme un papillon vers la flamme, incapable de résister à l'appel de la passion qui brûle en lui. Et tandis que la danseuse continue d'ensorceler l'assistance avec son spectacle enflammé, je ne peux plus ignorer les flammes qui embrasent mon âme, le souvenir de leur liaison passée ravivant des sentiments longtemps enfouis. Je me laisse emporter par une vague de nostalgie en sme rappelant les nuits brûlantes passées en compagnie de la danseuse, nos étreintes passionnées et les promesses d'un amour fugace mais intense.

Pourtant, malgré le tourbillon d'émotions qui m'assaille, je sais que notre histoire avait été éphémère, destinée à se consumer aussi rapidement qu'une flamme vacillante. Les circonstances nous avaient séparés et chacun avait repris sa route dans ce vaste monde et pourtant le destin nous réunit aujourd'hui. Je me demande si elle se souvient de moi et si cette attraction brûlante qui me consume brûle également en elle.

Le spectacle touche à sa fin, la danseuse disparait sous les applaudissements enthousiastes pendant que la fête reprend son cours mais je ne peux pas la laisser partir sans essayer de la retrouver même si cela signifieaffronter les fantômes du passé. Je m'excuse auprès des autres convives et me met à parcourir la foule pour me rapprocher de la scène. Je la retrouve enfin alors qu’elle se préparait à partir et je pose délicatement la main sur son épaule afin qu'elle se retourne. Quand ce fut fait je lui adresse un sourire radieux en espérant qu'elle ne m'a pas complètement effacé de sa mémoire et qu'elle va me reconnaître.

- Oriale… ça faisait longtemps.

Emporté par un élan impulsif, j'attrape le poignet d'Oriale pour la retenir mais elle est comme un ouragan qui menace de tout dévaster sur son passage. Mon cœur bat la chamade car il porte en lui le poids de trois longues années de silence et de regrets.

- Oriale, laisse-moi t'expliquer. Il y a trois ans nos chemins se sont séparés brusquement et tu as certainement dû me maudire, je le comprends très bien. Mais laisse-moi t'expliquer les raisons qui ont guidé mes pas loin de toi.

Les souvenirs affluent comme des vagues dans mon esprit alors que j'essaye de dépeindre la complexité de mes sentiments. Mais mes mots, telles des notes de musique mêlées aux mélodies de la soirée se perdent dans l’atmosphère électrique. Je sens encore sur ma joue la brûlure de la gifle que je viens de recevoir et je devine qu'il ne sera pas être facile d'obtenir le pardon d'Oriale.

- Quand je t'ai rencontrée je m'occupais des établissements commerciaux de mon grand-père à Naëlis. Mais du jour au lendemain, la reine Glinaina a ordonné l'exil des marchands de Thaar à cause de la crise de Sol'Dorn. J'ai été obligé de partir et je n'ai même pas eu le temps de te dire au revoir. Je sais que mon départ précipité, sans un mot ni un regard en arrière a été une blessure que le temps n'a pas effacé. Mais sache, ô douce Oriale que chaque nuit mes pensées n'ont cessé de te chercher dans l'obscurité.

Un silence chargé de tourments fait suite à cette déclaration, mes yeux semblables à des phares dans la tempête scrutent ceux d'Oriale en cherchant dans leur profondeur l'écho des sentiments que nous avons partagé dans le passé.