Rétablir l'ordre juste [Pyor'h]

Peu de temps après être rentré de la jungle, victorieux de sa mission d’extermination, le Zaurahel n’avait pas perdu de temps à se remettre en marche. Il avait emmené son prisonnier, un chaman gnoll arraché aux siens, au Temple du Prime Dragon afin qu’il soit maté par les Prêtres de Zhak’Bar avant d’être méticuleusement étudié par les savants de l’Etude Noire. Ce n’était pas son domaine, mais il avait souhaité être tenu informé des avancées et des découvertes sur ce sujet d’étude pour mieux comprendre la menace qui envahissait peu à peu les Terres Stériles aux alentours du Vatna.

Maintenant que tout ceci était fait, le Streea Jabbuk avait d’autres projets à réaliser, dont l’un qui le concernait personnellement. Il souhaitait obtenir la bénédiction des dieux tutélaires de son ost et de sa famille afin de les avoir comme témoins lors de sa prochaine ordalie. Vel’drin convoitait la place d’Obok Senger du Premier ost et il voulait que sa prise de position soit reconnue de tous.
Il avait désormais la bénédiction de Kiel, la Mère de la Douleur, ainsi que son Vaisseau – et accessoirement son épouse – à ses côtés. Bien que Kha’linas désirait voir plus loin encore et poussait son lié en ce sens. Il lui fallait maintenant obtenir l’attention du Vengeur et de la Voilée pour être complètement prêt pour son combat.

Il avait appris la drôle nouvelle en priant dans le temple de Meingal à Elda. Les langues s’étaient déliées devant lui sans réelle crainte car ce n’était pas un secret. Pyor’h, le Grand-Prêtre ayant participé à la Croisade n’était plus présent au temple du volcan. Sa participation à la réussite de la Croisade lui avait octroyé la prometteuse et ô combien glorieuse place de Grand-Prêtre de Sol’Dorn. Une bien triste récompense pour celui qui avait suivit Kiel Elamshinae jusqu’au plus profond de la Péninsule.
C’est pour cette raison que le fils ainé Zaurahel avait décidé d’emprunter les Sentes Noires en direction de la cité Vaanie sous gouvernance eldéenne. Il avait profité d’un roulement des effectifs des membres du Premier en place pour accompagner ceux qui prenaient leurs postes et ainsi rencontrer Le Grand-Prêtre Kla’athnoss.

La route avait duré plusieurs jours, mais la cohorte de guerriers n’avait eu aucun mal à arriver à leur destination. Traversant les quartiers et les rues de la cité, Vel’drin, toujours perché sur sa Morgale, toise les passants de son œil mauvais. Si les Sombres avaient réussi à reprendre la cité, il y avait tout autour de lui encore bien des choses désagréables. De la vermine déambulent aux côtés de drows aux mœurs contestables et tout ceci se retrouvent côte à côte avec les véritables fils d’Uriz.
Ignorant les curieux qui le reconnaissent et se demandent les raisons de sa présence, le Capitaine se rend à la caserne pour assister au changement de garnison, en profitant pour saluer ses propres hommes bien surpris de le voir en ces lieux. Après quelques paroles échangées, il reprend alors la traversée de la cité pour trouver le Temple de Meingal.

Montant les marches du temple, le guerrier vêtu de son long manteau sombre et de son armure pénètre dans le lieu sacré. Délaissant ses biens inutiles en cet instant comme son heaume et sa faux, il poursuit sa visite du lieu en silence, passant par le côté de l'édifice, contournant l'arène et s'arrêtant pour y observer les combattants présents qui s'entraînent. Il reprend sa visite des lieuc, contemplant les fresques et les bannières avant d'arriver devant l’autel sacré pour s’y recueillir. Là, trônant au centre, surplombant ceux qui s’amassent à ses pieds se trouve le Général. Lentement, le guerrier qui a choisit le dieu de la justice comme parrain se plie dans un grincement métallique et pose les genoux au sol, accompagnés de son visage, les yeux clos. Lui qui enseigne aux Ilythiiris l’importance et le respect de la hiérarchie est le juste interlocuteur aux prières actuelles de Vel’drin, qui reste là à prier durant de longues minutes, profitant de l’instant.

Agenouillé aux pieds du Premier, le Zaurahel prie en silence, les yeux clos. Il appelle à la Vharc, ce concept que tout étranger du Puy ne peut comprendre car c’est à la fois la justice et la vengeance en langue sombre. La Vharc réclamée auprès du Vengeur concerne le capitaine directement et avant-même qu’il ne puisse complétement finaliser sa demande, des pas se font entendre dans son dos. Souriant, le Prima Sanguis réouvre ses yeux dans un sourire satisfait et offre à l’idole un regard empli de remerciement.

Le drow se déplie lentement, dans le cliquetis de son armure d’Onous Delab et reprend peu à peu sa stature avant de faire volte-face vers la voix qui l’a coupé dans ses prières. Son regard se baisse sur son compatriote et il le salue, inclinant la tête puis le buste. « Drada Pyor’h, mes sincères salutations. »

D’un pas, le guerrier réduit l’écart entre eux deux pour ne pas déranger ceux qui voudraient venir prier le Général. Après ses salutations brèves, Vel’drin garde son sourire aux coins des lèvres en continuant de fixer son interlocuteur. « Si tu sais ce que je suis venu chercher, alors c’est que je me trouve exactement au bon endroit. » Pour le Streea Jabbuk Le Second de Meingal, victorieux de la Croisade tout comme l’est le Zaurahel est exactement la bonne personne dans l’esprit du soldat. Ils ont tout deux marqué de leurs empreintes une victoire au nom d’Elda et, tous les deux aussi ont une hiérarchie qui semble voir d’un mauvais œil leur réussite naissante.

« Seld’zar, peut même savoir ce qu’il l’attend prochainement, ça ne changera rien. Je viens réclamer l’approbation du Vengeur pour mener ma propre Vharc. Voilà bien longtemps qu’il est à un poste qui n’est pas pour lui et ainsi, l’ordre établie s’en retrouve bousculé. » Son regard va de gauche à droite sur les différents présents qui s’activent autour d’eux sans pour autant les déranger. « Et ce n’est pas auprès de Suliss Lessryn que je souhaite l’obtenir. » Son gantelet sombre se dresse et son index griffu désigne le Grand-Prêtre directement. « Mais bien celui qui est revenu vainqueur de la Croisade et qui à la suite de ça, commence à se faire connaître et semble déranger. »

Il pivote et regarde le temple dans lequel ils se trouvent tout les deux. La mutation forcée de Pyor’h n’est pas difficile à comprendre quand on connait un peu la manière dont sont gérées les affaires internes sous le Vatna. Sa renommée grandissante après son retour de la mission – qui est la première victoire des drows depuis de nombreuses années – semble importuner ceux de son clergé qui préfère l’écarter. Ainsi, Veld’rin y voit là une façon de rendre honneur tout d’abord à celui qui a combattu à ses côtés en territoire Péninsulaire, mais aussi une ressemblance dans leurs situations ; Chacun cherchant à gravir un échelon supplémentaire.

« Drada Pyor’h, je suis certain que lorsque j’aurai atteint mon but, tout deux nous aurons de grandes choses à faire au nom de l’Eda Vengeur. »