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| Inavouable | |
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Azralith Zaurahel
Drow
Nombre de messages : 103 Âge : 28 Date d'inscription : 19/09/2022
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 109 ans Taille : 2m Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Inavouable Mer 17 Juil 2024 - 3:22 | |
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Première ennéade de Karfias, Hiver de l'an 21 du XIème Cycle
Le bruit des insectes et des rares rongeurs assez curieux pour s'aventurer près des cellules venait perturber par moment la relative quiétude des lieux. La pestilence s'était faite maîtresse de cette alcôve plongée dans l'obscurité et le sol n'était pas la seule victime de son toucher putride et vicié. L'air lui même se faisait lourd, privé de son habituelle volupté, condamné à pourrir dans cet endroit et à se gorger de cette infection fétide. Les effluves de moisissures, de sang séché mais également d'urine et d'excréments rendaient chaque inspiration particulièrement abjecte.
Azralith était prostrée à genoux sur la roche, ses deux bras tendus derrière elle et enchainés, la forçant à une immobilité des plus inconfortable. Sa peau sombre était recouverte de plaies, son visage à l'expression indéchiffrable et enflé par les coups était à peine perceptible derrière les mèches humides qui le recouvraient. De ses lèvres s'écoulait un filet de sang, ruisselant le long de sa peau avant de rejoindre le sol, là où reposaient encore les dents qui lui avaient été arrachées. L'obscurité était presque totale et seules les prunelles écarlates de la guerrière venaient à la transpercer, fixant les barreaux de sa cellule sans vraiment les voir.
Il était presque d'un fascinant de constater à quel point toutes les routes finissaient immanquablement par mener au même endroit. Quels que puissent être ses choix, quels que puissent être ses actes, elle retrouvait toujours cette douleur, cette solitude égarée, hors du temps. La même morsure rugueuse du sol, les mêmes hommes aboyant comme des chiens pendant le supplice et ce quelle que puisse être la longueur de leurs oreilles ou la couleur de leur peau. Cette même terreur, celle qui découlait de l'impuissance la plus absolue, l'incapacité à se défendre face au plus atroce. Qu'il puisse s'agir des serviteurs du Visage Hurlant ou des molosses ivrognes du Guet n'y changeait rien.
Cette peur, elle la connaissait bien. Car cette douleur était bien différente de celle qui l'enserrait habituellement au milieu du brasier incandescent des combats. Celle là était froide, indifférente, terrifiante. Par le passé, elle avait toujours trouvé le courage de la combattre par la colère et la rage. Elle avait lutté de toute ses forces pour ne pas céder face à elle, se mutilant pour s'échapper de ses propres liens, puisant sa force dans l'assurance qu'il s'agissait là d'une épreuve du Père.
Mais désormais ?
Désormais, à quoi bon ? Que pourrait bien lui valoir de résister si ce n'est prolonger ses tourments ? Si lointaine lui paraissait l'époque où elle s'était mise en tête de chasser monstres et créatures dangereuses sans la moindre volonté de s'intégrer à la vie politique de Thaar, souhaitant conserver une neutralité des plus absolues. Elle avait rencontré Viliam, elle avait rencontré princes et bourgeois sans jamais les traiter autrement qu'à la valeur de ce qu'ils pouvaient lui offrir. Elle avait apporté son aide là où elle la jugeait nécessaire sans jamais chercher à prendre parti.
Et pourtant, elle avait fini par le faire. Son aide et sa relation la liant à Viliam avait depuis un moment déjà dépassé le simple profit mutuel. Et bien que la confiance qu'elle lui vouait était basée sur ses actes désintéressés d'autrefois, comment ne pas penser que tout ceci pouvait bien être de son fait ? Car un événement tout particulier avait eu lieu quelques ennéades auparavant, celui de la rencontre avec les princesses. Se pouvait-il que le dialogue avec les puissantes de Thaar lui ait fait renoncer à ses principes ? Qu'il se soit résigné au meurtre et au sacrifice de tous ceux qui gravitait autour de l'Aile Blanche ? Était-elle devenu simplement ceci, un sacrifice nécessaire ?
Peut être que tout ceci était mérité, après tout. La confiance était une chose, mais qu'en était-il des faits ? Que pouvait bien représenter son existence aux yeux du chef de l'Aile Blanche ? Si une telle opportunité se présentait à lui, ne sacrifierait-il pas la vie de celle qu'il considérait comme une amie pour la réalisation de sa vision ? Une vie, une seule, contre tant d'autres. Sous cet angle le choix semblait aisé, logique, d'une évidence presque enfantine. Pourquoi alors est ce qu'une telle idée la dérangeait ? Pourquoi s'accrochait-elle à cette envie puérile, illogique et inexcusable, celle que sa braise puisse avoir une valeur plus précieuse que n'importe quel souhait au yeux d'un autre ? Pourquoi, alors même qu'elle comprenait mieux que jamais les lois de ce monde, continuait-elle de courir éperdument après cette idée folle ? N'était-elle encore qu'une simple enfant en manque de reconnaissance ? N'avait-elle donc rien appris ? La souffrance ne s'était-elle pas faite suffisamment bonne enseignante ?
Prise d'une soudaine violente quinte de toux, Azralith cracha davantage de sang au sol et sur sa peau, haletant pour respirer alors que le moindre mouvement semblait éveiller une douleur endormie. Il lui restait bien une chose, une dernière chose qui pouvait éviter de la couvrir de honte, même alors que le regard du Père se faisait si lointain.
Son mutisme. C'était la dernière fierté qu'il lui restait. Pas un mot sur Viliam ne franchirait ses lèvres. Et même s'il s'avérait que le chef de l'Aile Blanche avait trahi ses principes, le silence de la guerrière Ilythiiri serait un digne héritage des valeurs qu'il avait pu défendre autrefois. Tant qu'elle était toujours capable de penser, le Guet n'obtiendrait rien.
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| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 105 ans Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: Inavouable Mer 17 Juil 2024 - 9:17 | |
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Gorben ne se déplaçait que très rarement dans ces niveaux inférieurs, inférieurs en tout car s'ils étaient effectivement situés sous les casernes, ils frappaient par leur sobriété et leur étroitesse. C'était un vaste complexe de boyaux creusés dans le sol, maintes fois agrandis au rythme de la croissance de la ville, véritable dédale sans queue ni tête. Il y régnait une humidité crasseuse, brassée d'affreux remugles rappelant le suint, le sang, la sueur, la merde et la bile, joyeux pot-pourri aux relents de désespoir. C'était surtout l'odeur qui insupportait le commandant, plus habitué aux roses de son bassin natal et aux parfums des riches marchands de la cité. Néanmoins, sa présence était requise en ces lieux.
L'un des lieutenants de l'Aile Blanche leur avait été livré il y a quelques jours, contre un sac d'or et l'assurance que le Guet lui pardonnait ses petites offenses passées. Les geôliers s'en étaient donné à coeur joie, mais depuis son arrivée, la Drow n'avait pas grogné un seul mot. La frustration des gardiens était palpable, mais ces derniers avaient été encouragés à y aller doucement avec tout membre haut-placé de cette organisation, plus utiles vivants que morts. Gorben s'était donc résolu à descendre dans les abîmes sourds de la caserne, flanqué de sa fidèle Uz'shina, pour payer une petite visite de courtoisie à son invitée incongrue.
Guidé au flambeau par l'un des matons, ils se présentèrent devant une grille de fer forgé donnant sur une alcôve basse et en piteux état, avec pour seule décoration un authentique et effrayant spécimen d'Elda, fort heureusement enchaîné et bien diminué par ses récentes ordalies. Le geôlier posa la torche dans une encoche au mur, et s'essuya le nez d'un coup d'avant-bras.
- La voilà, mon Commandant. Sacré morceau. Grogne pas souvent, même quand ça tape fort. Je...
- Disparais.
- Ah ! Hum, oui mon Commandant.
Le maton joignit ses mains derrière le dos, fit une légère courbette, puis s'éloigna dans un autre boyau en ne pipant mot. Gorben n'aurait même pas eu besoin de lui pour trouver la cellule de la Drow : tel une chauve-souris aveugle dans la nuit, il aurait pu repérer la prisonnière à tout ce que son esprit dégageait. Doute, haine, colère... peur... Un véritable ouragan difficilement contenu, une rage intérieure qui ne demandait qu'à se déchaîner. C'en était presque débilitant, tout cet immatériel coulant, suintant tous les pores de son corps, fumant comme la rosée au soleil. Un véritable phare de sentiments vivaces, dans un endroit où ne fleurissaient que pensées mortifères. De toutes les autres cellules où n'émanaient qu'envie de mourir, c'était celle-ci qui avait attiré l'attention du Bayezid, ou plutôt son occupante.
Il prit un moment pour bien l'observer. Terrée dans son mutisme, elle faisait figure d'ours de cirque, une bête vaincue et enchaînée mais encore dangereuse. Le demi-elfe fit un léger signe de tête, et Uz'shina fit quelques pas de côté pour venir lui apporter une chaise qui, quoiqu'un peu branlante, avait le mérite de se trouver là. S'asseyant, le commandant posa son pouce sur l'argent poli de sa bague, et scruta le regard écarlate de l'Elfe Noire, comme s'il y cherchait quelque chose de spécifique.
- Je vois que mes chiens t'ont laissé quelques présents brutaux pour te souhaiter la bienvenue. Qu'importe la morsure, pourtant, l'on me dit que tu ne cèdes pas. Un mauvais calcul, si tu veux mon avis : c'est sur la durée que nous obtenons des résultats, et tu n'en es pas même encore au commencement de ce que nous pouvons t'infliger, venorikuss.
Appuyant son dos contre le dossier de la chaise qui émit un léger grincement, il continua.
- Tu sais qui je suis, et je sais qui tu es. Je suis descendu jusqu'ici pour te permettre de passer le plus douloureux et d'en venir à l'essentiel. Ainsi que d'avoir une conversation plus civilisée que celle des poings et des fouets. Mais à ce que je vois... tu sembles rompue à ce type d'entretien.
Il le dit tout en désignant du menton sa personne, mais sans doute surtout ses plus anciennes cicatrices.
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| | | Azralith Zaurahel
Drow
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| Sujet: Re: Inavouable Mer 17 Juil 2024 - 21:39 | |
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À en juger par le nombre de corps qui pendaient à l'extérieur, elle s'était attendue à ce que l'homme à la tête du Guet soit un de ces macaques ivrognes, un chien de guerre en mal de violence, soumis à l'étreinte des princes tant qu'il lui était possible d'assouvir ses plus bas instincts. Pourtant, ce fut un homme composé et lettré qui prit place devant sa cellule, en apparence tout du moins. Car sa simple présence en ces lieux relevait d'un étrange des plus dérangeants.
Le regard de la drow glissa jusqu'au sien et elle l'écouta attentivement. De ses mots n'exsudait nul fiel, nulle moquerie. Simples constatations pragmatiques, il était presque rafraichissant d'entendre une voix articulée déblatérer autre chose que des insultes grasses. Alors, avant de lui répondre, elle s'interrogea à son sujet. Poursuivait-il réellement ce qu'il considérait comme une parodie de justice dans cette fange faite société ? Ou bien n'était-ce là qu'une excuse, une justification même, celle qui les forçait tous à écraser leur prochain pour assurer leur pérennité ? Existait-il donc la moindre valeur, la moindre marque d'honneur, la moindre volonté divine dans tout ce sang versé, ou ne l'avait-il été simplement en vain ?
Elle se racla la gorge un instant, prenant la parole d'une voix éraillée. « J'ai connu la morsure de Kiel Elamshinae, l'Avatar du Visage Hurlant. Il n'existe rien en ce monde capable de l'égaler. » Un choc traumatisant, l'echo de cette douleur résonnait encore parfois dans son corps, la marque profonde et éternelle de la Maitresse des Souffrances, inscrite à jamais dans sa chair. « J'apprécie le geste et la parole, je regrette néanmoins de ne pouvoir retourner la faveur. Je tiendrai mon serment jusqu'à ce que ma volonté se brise, seulement alors pourrai-je affronter la tête haute le jugement du Créateur à ma mort. Peux-tu en dire autant, quelle puisse être la chimère que tu considères être une divinité ? »
Une assurance de facade, car elle craignait tout particulièrement le jugement du Père. Que pouvait bien représenter à ses yeux une défiance aussi chétive ? Quelle valeur pouvait bien revêtir un acte aussi sobre comparé aux hauts faits des plus grands Portes-Flammes de jadis ? Mais plus que tout encore, malgré la lassitude, la résignation, quelque chose dans ses entrailles refusait de céder, de lâcher prise. Cette partie d'elle, cette voix qui lui hurlait son envie de continuer à vivre, quelles que puissent être les bassesses, l'humiliation, le déshonneur auxquels il lui faudrait se livrer. Une étincelle de vie ardente émanant de sa braise, une pulsion instinctive, primitive et enragée, celle de survivre quoi qu'il en coute.
Car même alors que son existence semblait incapable de se diriger dans une direction précise, elle ne pouvait s'empêcher d'espérer la continuer. Une certaine frustration, un sentiment d'injustice, celui de se soumettre à des chaines fictives et d'en payer le prix. Si elle avait menti, trahi, jamais elle ne se serait retrouvée en ces lieux, elle aurait pu leur broyer le crâne, à tous ceux qui avaient osé afficher la moindre trace d'irrespect. Tous ces faiblards indignes et aveugles, elle aurait pu paver les rues de leur sang, combien de guerriers avaient cédé face à ses coups, combien en aurait-il fallu pour l'arrêter ?
Cette colère sourde, la même qui avait surgit face à la princesse de sel, n'était que la descendance indésirée de l'immobilisme physique comme mental auquel la cité dorée la contraignait. Plusieurs fois pourtant avait-elle ressenti le besoin de s'en éloigner, mais ses serments l'en avaient empêchée. Il était sans doute désormais bien trop tard pour de telles considérations, mais si elle parvenait à s'en sortir, il lui faudrait briser sa promesse envers Viliam et quitter Thaar sur le champ.
Cette accroche à la vie, ce souhait de s'extraire de ces lieux dans le sang, cette étincelle ardente nichée dans le plus profond de ses entrailles était sans doute l'arme la plus redoutable que ses bourreaux pouvaient retourner contre elle.
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| | | Gorben Bayezid Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Inavouable Ven 19 Juil 2024 - 9:29 | |
| Les passions internes qui faisaient rage sous l'apparente maîtrise corporelle de la Drow étaient d'une puissance qui piqua Gorben au vif, alors qu'il n'avait pas besoin de sonder très loin pour sentir ce vent violant lui fouetter le visage. A la recherche de spécimens toujours plus uniques, il se désintéressa soudainement de l'Aile Blanche et de toutes ces histoires d'assassinat et de pendaison. Il avait devant lui quelque chose de bien plus captivant : une jarre scellée dans laquelle se déchaînaient les tourmentes et les cataclysmes. Une jarre dont il devait faire sauter le couvercle, pour en observer le turbulent contenu.
Il sentit également la surprise et le soudain respect d'Uz'shina pour la Drow enfermée, lorsque celle-ci exprima ses ordalies passées. La demi-drow, bien qu'elle ne partage qu'une moitié d'héritage eldéen, avait toujours eu foi en les dieux de son père, père qu'elle ne connut jamais. Par son entremise, et les quelques échanges qu'il avait eu avec elle sur la religion, Gorben avait appris d'Uz'shina quelques figures importantes du panthéon d'Elda. Kiel lui était donc familier, une des déesses-piliers. Le Bayezid n'était pas très religieux lui-même. Il vouait un certain mépris pour Arcamenel, qui lui seul était parvenu à déchaîner ses passions pendant le Voile, et n'avait de respect que pour les grands créateurs tel l'Unique, qu'il jugeait responsable de l'existence du monde insensible, et par conséquent des possibilités inimaginables qu'il s'employait à explorer par son seul esprit.
- Nous ne sommes tous que fourmis pour les dieux. Crois-tu vraiment que ces êtres omnipotents et supracosmiques se préoccupent de notions aussi futiles qu'un serment ? Ils n'ont aucune pitié. Aucune compréhension de ce que nous sommes. Ils ne se soucient que d'eux-mêmes.
Uz'shina fronça légèrement les sourcils, mais n'en dit pas plus. Gorben, installé dans sa chaise de fortune, continua en posant son bras le long d'un accoudoir usé.
- Je ne suis pas venu ici pour te faire souffrir, d'autant plus si tu as les faveurs de Kiel. Je réitère donc mon offre, elle est à prendre où à laisser : dis-moi quel membre de votre organisation a tranché la tête de la Irohivrah, et tu es libre de partir sans ces chaînes. Obstine-toi, et tu en viendras à regretter la douleur physique avec une profonde nostalgie.
Cette tempête qui grondait à l'orée de son domaine foisonnant fascinait Gorben. Debout sur le parapet d'une large fenêtre de son palais mental, le vent bruissait dans ses cheveux, faisant flotter ses vêtements comme des bannières claquant au vent. Plus de barrière physique à présent pour cacher ce typhon noir, mélange de sentiments parfois contraires mais toujours puissants, de haine sadique, de peur glaçante, avec averses de doutes et pourtant ce mince espoir se débattant avec la force de mille hommes pour rester à flot. Les yeux perçants de Gorben observèrent ce cataclysme de bien loin, repérant ce mince filament d'espérance qui ceinturait l'ouragan pour l'empêcher d'avancer. Il sut dès lors où frapper, une fois qu'il commencerait ses jeux spirites avec la Drow, comme un guerrier vise les points névralgiques pour neutraliser son adversaire.
Le retour à la réalité fit légèrement tressaillir Gorben, mais le fit aussi sourire.
- Choisis bien tes prochains mots, esclave du Visage Hurlant.
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| | | Azralith Zaurahel
Drow
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| Sujet: Re: Inavouable Sam 20 Juil 2024 - 13:01 | |
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Elle se mit à serrer les dents en l'entendant évoquer la pauvreté effarante de sa foi. Il n'avait dû voir que bien peu de choses en ce monde pour pouvoir dégobiller de telles inepties. Sa vie n'était régie par aucune règle, aucune aspiration autre que celles qui le noyaient dans l'adoration de sa propre existence. Isolé, éloigné du contact de ceux dont tout dépassait l'entendement, il n'aurait loisir à réaliser l'erreur de son jugement que lorsque le contact glacé des P'leiks viendrait à l'enserrer. Une éternité de tourment contre une existence vide de sens.
Mais quelque chose se passa, quelque chose qui dérangea profondément la guerrière enchainée. L'homme continuait de la fixer, mais il ne l'observait désormais plus uniquement avec ses yeux. Quelque chose d'immatériel passa sa boite cranienne sans le moindre effort et vint légèrement effleurer sa braise. Les yeux d'Azralith s'écarquillèrent, l'effroi la transperçant passée la réalisation de ce qui était en train de lui arriver.
Elle n'avait que bien peu de connaissances sur l'Art et son fonctionnement lui échappait complétement. Mais ce qu'elle n'ignorait point, c'était les conséquences bien concrètes que la manipulation de la Trame pouvait avoir sur le corps et sur l'esprit. De bien nombreuses fois avait-elle eu affaire à des élémentalistes ou des vitalistes, pourtant de tous, les spirites représentaient sans nul doute ceux qui étaient les plus à craindre.
L'idée qu'elle était incapable de défendre l'intégrité de sa braise face à ce pourceau dénué de foi lui parut particulièrement effroyable. Car il était en mesure de toucher à ce qui jamais pourtant n'aurait dû être menacé, son existence, ses souvenirs, sa volonté. Il pouvait lui arracher ses plus grandes fiertés, ses plus terribles peurs, il pouvait la remodeler, lui retirer tout ce qui constituait ce qu'elle était, toute son essence. L'indignation succéda alors bien rapidement à la peur. Car même les plus puissants nécromants du Puy n'osaient toucher à ce qui revenait de droit au Créateur.
Son sang se mit à bouillir et une lueur sembla s'embraser dans ses prunelles écarlates. Elle montra les crocs en grognant, se redressant légèrement et commençant à tirer de toutes ses forces sur ses chaines, l'acier serrant sa peau et la pénétrant jusqu'au sang. « Iblith ! Puisse-tu prier toi qui ignore ce qu'est la véritable foi, car je te ferai rejoindre les P'leiks plus vite que tu ne peux l'imaginer si tu oses perturber l'intégrité de ma braise. » Elle avait presque hurlé ces mots. Plutôt s'arracher les bras dans un ultime acte de défiance que de le voir perpétrer un tel sacrilège sans réagir.
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