Une nouvelle vie qui commence...

Aläna marchait tout droit, regardant devant elle, complètement perdue dans ses pensées car aujourd’hui était un jour très spécial pour elle, c’était le jour où elle allait quitter pour la première fois la maison de ses parents, en tout cas pendant un temps aussi long. C’était aussi le jour où elle devenait adulte et qu’elle rentrait dans le monde du travail.
Elle venait de se présenter à un poste de vendeur de charcuterie dans le marché de Diantras. Elle avait pensé à tout pour ses futurs voyages aux confins de la forêt pour chasser des bêtes appétissantes. Elle avait passé une longue période à confectionner deux besaces qu’elle emmènerait partout. Sa mère lui avait proposé son aide vu que Aläna n’était pas doué pour les travaux manuels mais la jeune fille avait insisté pour fabriquer elle-même son trousseau car elle devrait bien apprendre à se débrouiller par elle-même un jour ou l’autre alors autant commencer le plus tôt possible.
Les « adieux » avaient été déchirants pour elle et sa mère qui étaient très proches, son père, lui avait toujours été assez distant avec elle, mais c’était dans sa nature. Ce jour là au contraire, il l’avait serrée chaleureusement dans ses bras en lui souhaitant bonne chance et lui demandant de revenir les voir à chaque marché qu’elle faisait.
Aläna était donc partie avec ses besaces, l’une vide, l’autre pleine de victuailles, et bien sûr son arc fétiche et un carquois de quelques vieilles flèches.

" Il va vraiment falloir que je m’en confectionne de plus belles et plus solides ! " se dit-elle à voix basse

Elle compta et recompta l’argent qu’elle possédait dans sa bourse, ce qui n’avait aucune utilité car elle avait largement assez pour se payer un kilo de sel, qui lui serrait plus qu’utile pour conserver la viande qu’elle vendra. Elle n’était pas dépensière du tout mais comme justement elle avait eu peu de fois de l’argent entre les mains et qu’elle n’avait été au marché que peu de fois, elle ne savait pas trop la valeur des choses.

*Mes parents m’ont trop pouponné, je suis encore une novice dans la vie. Pour une fois que je regrette qu’ils ne m’aient pas forcé un peu plus à apprendre des choses simples au lieu de me laisser grimper dans les arbres comme un écureuil. Bon au moins il m’est arrivé assez de péripéties pour savoir me défendre voire me battre moi-même.*

Aläna, il était vrai, possédait un vrai corps de femme, d’ailleurs c’était tout à fait normal puisqu’elle était âgée de 28ans, mais étant une demi-elfe, cela se révélait être selon l’éducation d’un jeune elfe qu’elle avait suivie avec son père, être un âge où l’on est encore enfant…Un cœur d’enfant dans un corps de femme, qu’il y a-t-il de plus dangereux ? Il était vrai qu’elle savait se battre comme n’importe quel humain « mâle » mais qu’elle était aussi naïve qu’une jeune fille de 16ans.

Tout ce qu’elle savait c’est que les étalages des épiciers se trouvaient à l’opposé de la rue par laquelle elle avait pénétré dans le marché, alors elle marchait tout droit, toujours les yeux rivés sur sa bourse.

Cela faisait peu de temps que Beludë avait atteint la ville de Diantra, sa véritable ville, ou plutôt village étant Eteniril dans la forët d'Anaëh. Elle était peu sorti de l'auberge, voir même de sa chambre, ayant peur de ces êtres humains qui étaient à l'extérieur, ces êtres qui lui faisaient peur car trop différents d'elle. Pourtant, ces habitudes devaient changer, elle devrait affronter le monde extérieure, autant s'y prendre à l'avance.
De toute évidence, la jeune elfe n'avait plus rien à ce mettre sous la dent, ce qui était bien facheux sachant qu'elle avait retrouver son appétit d'enfant qui dévore un peu tout ce qu'elle pouvait trouver.

Malheureusement, elle n'avait plus les ingrédient adéquat pour préparer son plat préféré, qui était d'ailleurs un plat typiquement elfique, d'après ce que lui avait appris sa mère aujourd'hui décédé. Le meilleur moyen se trouver ces ingrédients étaient d'aller au marché, non loin de l'auberge, placé dans la ville de Diantra. C'était une grande première pour Beludë Caroclya d'aller sur un marché dans une ville très peuplé, ce qui serait un très bon entraînement pour s'habituer à la présence de ces humains. Elle repéra facilement les ingrédients qu'elle cherchait en tombant tout d'abord sur le Ourm, son fruit favori. Elle en acheta d'ailleurs quelque un de plus pour en manger tel qu'ils étaient, sans rien y apporter de plus pour ainsi se rafraichir, le fruit étant juteux. Mais le mieux était tout de même de trouver le reste. Il lui fallut un peu plus de temps pour trouver la farine de Meroca et le miel doux. Après les avoirs trouvé, l'elfe avait tout ce qui lui fallait pour se nourrir à sa guise.

Soudain, elle remarqua la présence d'une personne qui ressemblait à une elfe, ce qui insita Beludë à s'approcher un peu plus. Tout ce que pu remarquer en premier l'elfe fut les majestueux cheveux châtains bouclés que l'étrangère portait, ensuite, ce fut les oreilles qui lui prouvant qu'elle était bien une elfe, ces dernières étant pointues tout comme les siennes. Poutant un détail dérangea un instant Beludë, cette elfe n'avait pas tout à fait la même enveloppe que celle d'une elfe. En effet, en était légèrement plus ronde. En y réfléchissant, il s'agissat sans doute d'une demi-elfe et non d'une elfe, ce qui revenait à peut près à la même chose et qui attira tout autant la jeune elfe.

Se sentant un peu plus en confiance, elle approcha encore un peu sans se faire remarquer. Elle pu alors constater que l'elfe murmura quelque chose sans pour autant qu'elle puisse comprendre ce qu'elle disait à elle même. Puis elle compta les pièces qu'elle possédait dans sa bourse. Peut-être n'avait-elle pas assez d'argent, L'elfe pourrait alors lui venir en aide ce qui serait un bon début pour connaître cette personne qui lui était encore étrangère. Elle lui était certes étrangère, mais cela ne durerait pas si elles commençaient à discuter, surtout que la demi-elfe semblait un peu perdu dans ce marché, tout comme l'était Beludë qui n'avait jamais pris l'habitude de ces endroits beaucoup trop noirs de monde.

En pensant à la foule qui pouvait se trouver ici, une masse d'hommes passa devant elle, ce qui lui fit perdre la trace de l'étrangère durant quelques seconde, celle-ci étant tout de même repérable avec sa chevelure agréablement belle. Elle avait bouger le temps que la foute passe devant elle, regardant toujours sa bourse. Si Beludë voulait réellement l'acoster, il lui faudrait accélérer le pas, ce qui lui était difficile à cause des étrangers dispersé un peu partout autour d'elle et les rues trop étroites. Elle accéléra donc le pas autant que le lui permettait les passants, s'approchant peu à peu de la demi-elfe.

Elle était à présent bientôt près d'elle, admirant son visage, ses yeux couleur chocolat, sa peau qui semblait douce, ses lèvres légèrement pulpeuses. L'inconnue regardait droit devant elle, semblant déterminé à aller quelque part. A en juger par ces traits, cette dernière était plus agée qu'elle, elle pourrait donc lui apprendre certaine chose que Beludë ne connaissait pas encore et elle pourrait apprendre d'autres choses à l'inconnue. Il était donc temps de lui adresser la parole.

Elle était encore un peu trop loin pour que sa voix atteigne la demi-elfe. Beludë accéléra donc encore une fois espérant l'atteindre rapidement lorsqu'une masse d'homme survint une fois de plus. Mais cette fois, la vague était plus violente, certains hommes bousculant la jeune elfe qui fini par perdre l'équilibre et tomber sur le sol dur qu'elle détestait tant, ses achats s'éparpillant sur ce dernier. Le seul réflexe qu'elle eut ne fut pas de se relever pour les rassembler mais de rester au sol pour chercher désespérament l'étrangère. Par miracle, la foule l'avait obligée à accélérée et dépasser la demi-elfe qui était à présent derrière elle et se dirigeait tout droit sur Beludë. A présent, tout ce que l'elfe espérait était que l'inconnue la verrait et le l'écraserait pas.

Aläna se sentait suivie. Son ouïe aiguisée comme un elfe de pur sang, elle avait entendue des pas qui la suivaient au même rythme, elle marchait lentement, les pas étaient ralentis, elle accélérait, les pas se firent plus rapides, … Sa première réaction fut de se préparer à la défensive, mais une fois après avoir tendue l’oreille, elle se rendit compte que les pas étaient légers et difficiles à discerner parmi les autres.

Et c’est au moment où elle s’était décidé à se retourner pour voir qui était donc cette personne, qu’elle fit témoin d’une bousculade qu’elle avait évité de justesse mais à force d’éviter les gens, elle fit un tour complet sur elle-même et fut un peu désorientée. Mais une fois les point de repères pris, elle allait se remettre en route quand elle remarqua une personne complètement bousculée dans la cohue qui venait de s’effondrer et ses achats de s’étaler par terre. Les passants n’y firent même pas attention et plusieurs fruits furent piétinés. Aläna remarqua alors une oreille pointue sortant d’une longue chevelure blonde étincelante. Une elfe ? Ca alors ! Elle avait beau être une demie elfe, elle n’en avait jamais vu de vrai à part son père bien sûr. Elle était tellement fine que même sans voir ses oreilles, on aurait pu deviner à quel peuple elle appartenait si l’on avait un minimum de connaissance sur les elfes sylvains.

C’est au moment où elle s’apprêtait à la rejoindre pour l’aider et peut être faire la connaissance d’un véritable elfe, qui devait avoir à peu près son âge, qu’elle aperçut des étalages qui semblaient être ceux qu’elle cherchait depuis un bon bout de temps. Elle voulut s’approcher pour voir sil elle ne se trompait pas et …marcha elle-même sur l’un des fruits de la jeune elfe en manquant de se faire une jolie petite glissade à cause du jus. Elle baissa les yeux vers ses pieds et dit toute penaude :

" Oups … » Elle s’accroupit pour ramasser les denrées qui se situaient près d’elle et les tendit à la jeune fille. " C’est à vous je présume. Je suis vraiment désolé, je crois que j’ai participé au massacre de votre récolte, mais ils ont faillit se venger ! dit-elle avec un trait d’humour. Un peu d’aide ?" proposa-t-elle à l’elfe en lui tendant la main.

Avant d’entendre la réponse, elle dut jouer du coude pour que les hommes alentours lui laissent la place d’aider la personne toujours assise par terre qui la regardait.

Bizarrement, son impression d’être suivie s’était envolée et même évaporée de son esprit qui était sur une toute autre affaire…

La pauvre Beludë ne voyait plus grand chose parmi cette masse d'étranger, mais cela ne l'empécha pas de vite retrouver l'inconnue qui semblait beaucoup plus interessante, puis qu'elle était une demi-elfe. Elle voulait en savoir plus sur cette race, la possibilité d'être fécondée par un humain et obtenir cet être. Mais le mélange de cette demi-elfe devait être beaucoup plus interessante pour Beludë car il s'agissait de sa race. Ce visage ressemblant à celle d'une elfe, son corps correspondant à une humaine. Quels sont ses modes de penser ? Quel vie a-t-elle ? Vit-elle avec ses deux parents? Si ce n'est pas le cas, préfère t'elle l'humain que l'elfe ? Toutes ces questions traversaient l'esprit de Beludë mais il n'était pas encore leur de les poser à la personne concernée, cette dernière pourrait les compter pour de l'impolitesse, ce que redoutait l'elfe. Mais en y réfléchissant, l'étrangère aurait sûrement d'autre questions à lui poser, des choses qu'elle ne connaîtrait pas sur les elfes si sa mère ne l'avait pas correctement renseigner ou tout simplement, si la demi-elfe avait choisi de vivre avec son père.

Beludë sortie enfin de ses pensées pour voir dans qu'elle état était la situation. A priori, rien de grave. La jeune elfe était toujours au sol mais par chance personne ne l'avait piétiner. Pourtant, elle ne se releva pas immédiatement ayant peur de refaire une chute à cause de ces sauvages qu'on appelait humains. Elle préféra rester au sol, dans la saleté, le temps que la foule passe et qu'elle soit à peu près en sécurité. Mais la vision qu'elle eut bientôt la chagrina. C'est affreux inconnus étaient en train de marcher sur ses précieux fruits qu'elle avait acheté pour se préparer une bonne tarte de Ourm. Elle les voyait tous au sol, certain déjà éclater tout le jus les entourant, d'autre se faisant écraser, le jus giclant un peu partout, le jus étant très présent dans ces fruits, puis la peau douce se déchirant. Seuls les pépins restèrent en un seul morceau.

Soudain, la demi-elfe qu'elle suivait depuis tout à l'heure, marcha à son tour sur un de ses fruits. Mais au lieu de partir comme une voleuse comme le faisait tous les autres, cette dernière ramassa soigneusement les derniers fruits restés intacts. Elle lui adressa ensuite la parole. Sa voix n'était pas celle d'une elfe, pas aussi douce ni aussi enchanteresse, mais elle n'était pas non plus celle d'une humaine, beaucoup trop roque et sèche. C'était la première fois qu'elle pouvait entendre la mélodie d'une demi-elfe, un mélange parfait des deux voix, douce mais sèche, roque mais enchanteresse. La demi-elfe lui proposa son aide, ce qui surpris l'elfe qui voulait commencer à ramasser seule le reste de ses achats.

-Merci jeune étrangère, mais ne vous tracasser pas pour cela, je peux les ramasser seule. vous devriez mieux vous relever afin d'éviter la foule.

Elle regarda l'inconnue dans ses yeux chocolat tout en ramassant le peu de chose qui lui restait avant de se relever la première et de tendre la main vers la demi-elfe pour l'aider à se relever.

-Je m'appel Beludë Caroclya et comme vous avez dû le deviner, je suis une elfe. A en croire par votre apparence, vous devez être une demi-elfe. Inutile de vous cacher que cette dernière m'a intriguer, j'ai voulu vous rattraper dans le marché sans y parvenir à cause de ces bêtes qui m'ont empécher de vous atteindre et de vous acoster correctement. Cela fait longtemps que je cherche à voir une demi-elfe de mes propres yeux. Je voulais vous poser quelques questions, mais après réfléxion, nous pourrions faire plus ample connaissance. Dites-moi donc votre nom, je vous prie.

Belude voulais paraître douce mais dur à la fois, n'étant toujours pas habituer à se mélanger aux étranger, n'ayant qu'une envie à ce moment précis, retourner dans l'auberge où elle s'était enfermée.

Aläna accepta cette main tendue qui signifiait, pour elle, une demande d’approche. Elle resta muette quelques instants à écouter la magnifique elfe qui se tenait devant elle. Elle avait la finesse et l’élégance des gens de son peuple, ainsi que leur parler cérémonieux et leur voix mélodieuse. Alors la voix douce et captivante de son père, qui l’avait aidée bien des fois à l’endormir étant petite n’appartenait à sa seule personne mais à tout un peuple, un peuple qu’elle rêvait en secret de visiter mais en même temps qu’elle n’appréciait guère car c’est en partie à cause d’eux que ses parents avaient dû l’élever chez les hommes parce qu’ils ne voulaient accepter sa humaine de mère.

Enfin elle allait pouvoir connaître un peu plus de choses sur son deuxième pays qu’elle n’avait jamais vu de ses yeux vu que ses parents étaient partis de la ville d’Alëandir lorsqu’elle habitait encore le ventre de sa mère.

Sortie de ses pensées, Aläna prit la parole en souriant :

« Hum, alors je ne m’étais pas trompé, j’étais bien suivi. J’avais réussi à discerner votre bruit de pas si léger derrière moi, mais venons-en au fait… Mon prénom n’est pas un secret gardé dans un coffre fort, je me présente bien volontiers mais je garderais mon nom caché juste par désir. Je me nomme Aläna et je suis bien une demie elfe, mon père étant un elfe sylvain et ma mère, une simple humaine. Je vous avoue que votre curiosité est égale à la mienne car à part la personne de mon père, je n’ai jamais rencontré d’autre individu du beau peuple. »

On entendit un homme derrière elles criait pour que l’on dégage le passage car il s’apprêtait à passer avec son chariot pour installer son étalage, un retardataire sans doute …

« Si vous le désirez, allons bavarder un peu plus loin, car ces « bêtes », comme vous le dites si bien, risquent de nous bousculer plus d’une fois si nous restons là. En même temps, je tiens à vous préciser que tous les humains ne sont pas si rustres, ils manquent d’un peu de savoir vivre mais il y en a plus d’un qui connaît le sens du mot amabilité. A moins que vos ne pensiez finir votre marché avant … ? J’ai moi-même des achats à faire mais tant que les étalages des épiciers restent, je suis tout à fait libre de discuter »

Aläna avait assez souvent un parlé cru et amusant, mais en entendant le langage si soutenu de l’elfe, elle ne voulait pas se faire passer pour la rustre qu’elle n’était pas et faisait un effort pour contenir ses petites plaisanteries.

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