[Rues] Spectacle de rue [ libre ]

Parcourant frénétiquement les allées à la recherche d'un endroit pour danser, Myrä commençait à se remettre en tête la chorégraphie qu'elle avait préparé la veille avant de s'endormir. En travaillant ainsi au soir, elle pouvait l'enregistrer lorsqu'elle dormait et se la répètait toujours dans sa tête jusqu'à ce que le moment de la représentation soit arrivé. Il n'y avait pas seulement les mouvements dont elle devait se rappeller, il y avait aussi la mélodie que produisaient les tintements des grelots en cuivres qu'elle attachait grâce à des lanières assez fines de cuivre autour de ses fines chevilles.

Avant de se mettre en route, elle avait choisi ses vêtements de danse préférés : un bustier rouge avec des motifs de la même couleur en fils de soie dévoilant son dos qu'elle attachait à l'aide d'une chaîne en argent finement travaillée, une jupe ayant été faite dans une matière très fluide suivant parfaitement ses mouvements lorsqu'elle effectuait les rotations et les jetés de jambes, des sandales à semelles souples, une ceinture en argent ainsi que des bracelets rouges et argent qu'elle portait aux bras. Exceptionnellement, la jeune femme avait créé une danse avec son éventail qu'elle glissa sous sa ceinture. Pour conserver un effet de surprise, elle s'était diddimulée sous une longue cape en tissu grossier marron.

Myrä s'arrêta enfin dans une rue bien éclairée par un magnifique Soleil dont les habitants en profitaient pour sortir de chez eux. Cette rue était très fréquentée car bon nombre de marchands et échoppes ambulantes s'y étaient installées. La danseuse posa son sac sur les pavé et en sortit un rouleau assez épais. Lorsqu'elle le déplia, les fines lattes en bois claquèrent, dévoilant un tapis de sol dont l'usure traduisait une utilisation assez fréquente. La jeune femme se baissa enfin pour attacher solidement les lanières de cuir sur lesquelles étaient attachés les grelots puis elle enleva sa cape. De suite, certains passants étonnés par sa tenue s'arrêtèrent, attendant qu'elle dise ou fasse quelque chose.

"Approchez Mesdames et Messieurs ! Je me nomme Myrä la danseuse et aujourd'hui, c'est pour vous que je danse."

La jeune femme se mit en place et le silence s'installa dans la foule qui s'était empressée de la voir. Les premiers tintements se firent entendre et Myrä commença à effectuer sa chorégraphie sous leurs yeux. Ses gestes étaient amples et d'une rare souplesse. Elle possèdait un très bon équilibre et pouvait se permettre de se mettre sur la pointe des pieds lorsqu'elle faisait des lancés de jambe. L'espression de ses mains était pleine de grâce, rendant les mouvement fluides.

Cela faisait déjà deux mois que Shiba avait quitté son village natale pour se rendre dans la forêt des elfes. Deux mois que cet être hybride parcourait cette immense étendue d'arbres centenaires et d'herbes éphémère. Mais surtout 2 mois qu'il n'avait plus un sou dans sa besace. Oui, il était partit de son dojo sans un seul penny en poche. C'était risible de sa part d'être si peu prévoyant, enfin il se débrouillait relativement bien : La preuve était qu'il se portait toujours aussi sainement, ou du moins son corps. La première semaine, il avait tenté de trouver des herbes comestibles dans cette étendue verte. Il s'était nourri de racines et d'insectes grillés, ce qui n'avait malheureusement pas pu combler ses appétits d'adolescent. Il avait finalement opté pour une tactique plutôt... Audacieuse. En effet, cela consistait tout simplement a rentrer dans un restaurant tout en se comportant comme si l'on était riche, puis à commander une bonne quantité de plats, ayant fait bombance, il s'en allait tranquillement entre le plat principal et le dessert et généralement, cela marchait. Pourquoi généralement ? Car il y avait toujours les exceptions, le serveur un peu plus malin que les autres qui surveille en permanence le client, ou alors les tenanciers qui demandaient le paiement avant le repas tout en ayant un sourire malsain, ou tout simplement qu'il se faisait repérer en sortant sans avoir payer par un client jaloux. Dans ces cas là, une seule solution s'imposait : La fuite. Il n'est jamais important de savoir l'où l'on vas en cas de fuite, mais surtout d'où on viens. C'était précisément ce que Shiba était entrain de faire.

Oui, cela avait encore mal tourné, seulement, s'étonna le jeune homme, ce fut d'une manière originale cette fois là. En effet, il avait lui même causé sa perte : En sortant de l'établissement comme d'habitude, il s'était pris les pieds dans son long pantalon-robe en tissus d'un bleu profond. Le bruit causé avait malheureusement fait se tourner la tête de la serveuse vers lui et tout le personnel du restaurant fut avertis par le cris strident de la jeune femme. C'est à ce moment précis qu'il était sortit en courant. Les tongues qu'il avait aux pieds n'étaient pas vraiment adaptées à la course, mais boosté par la peur, l'on pouvait faire n'importe quoi avec n'importe quoi. Il dévalait donc les rues de la ville, tous ses sens en alerte, il bifurqua à l'angle d'une rue marchande et " se cacha" dans un recoin qui semblait plus sombre que les autres. Certains de ses poursuivants passèrent devant lui, sans faire davantage attention à ce recoin sombre. Shiba hocha lentement là tête, il savait parfaitement que le Q.I d'une foule était égale a celui de son membre le plus stupide, divisé par le nombre de personnes présentes. Cependant, le semi-elfe se méfiait des "traineurs" ceux qui, toujours à l'arrière, sont souvent un brins plus intelligents que leurs confrères. Il sortit au bout de quelques minutes, puis adopta une démarche tranquille. Il secoua son Kimono qui était un peu sale de part sa chute et se rendit dans la rue la plus affluente qu'il trouva, car la solution pour ne pas se faire voir, n'était pas d'être discret mais au contraire le plus normal possible.

Il aperçu alors un attroupement, à quelques foulées de là. Il s'y rendit, tel le curieux qu'il était. Se frayant un place a coups de coudes et de carrure imposante, il atterrit vite au premier rang et observa. Là se trouvait une jeune fille, humaine d'après son apparence, qui semblait danser sur une musique imaginaire. La grâce de ses mouvements, et l'éclairage du soleil rendait cette scène irréelle. Elle se jetait dans la danse, virevoltant tel un papillon, dont elle avait les couleurs chaudes. La danseuse possédait un bustier rouge sublime attaché par une chainette magnifiquement ouvragée, ses bracelets rouges et argentés ainsi que sa ceinture métallique contribuaient grandement à sa beauté. Un éventail, qu'elle venait de déplier dans son envoutante chorégraphie se promenait dans le vent et il mettait en valeur les parties qu'il cachait. Les fines chaussures avec lesquelles elle s'évertuait à se donner en spectacle étaient souples et fines. Des lanières les retenaient aux chevilles de la demoiselle auxquelles étaient attachée des grelots. Ceux-ci tintinnabulaient a chacun de ses mouvements, conférant un apport auditif à ce spectacle. Shiba l'observait, ses yeux de jades grands ouverts et contemplatifs. Il lui semblait que toute dimension reliée au temps avait disparue. Le retour à la réalité se fit en douceur à la fin de la courte représentation. Toute la foule était muette d'étonnements, finalement, le Dokuro fut le premier à applaudir, il fut bien vite suivit par une véritable tonnerre de claquements de mains, tous adressés à la jeune fille. Puis, la foule se dispersa progressivement , certaines personnes lançant des écus, d'autre non.

Le semi-elfe fut le seul a rester, il se dirigea d'un pas calme vers la danseuse hors paire et lui adressa d'une voix claire et portante :

" Bonjour, j'ai vraiment apprécié votre représentation ^^"

Plus la foule affluait, plus le silence semblait s'installer autour de la jeune femme qui continuait à danser, sans vraiment porter une attention particulière à ces spectateurs qui avaient la gentillesse de ne pas parler durant sa prestation, lui permettant de rester concentrée. Même si lorsque Myrä dansait dans les bars en face d'ivrogne qui ne cessaient de chanter des imbécilités, jettant parfois leurs choppes sur la scènes obligeant de ce fait la danseuse à les éviter, elle aimait que son travail soit respecté par tous, lui prouvant ainsi que sa prestation plait au plus grand nombre.

La jeune femme sortit son éventail de sa ceinture en argent et dans un claquement fort net le déplia. Il était fait dans un cuir bordeau dont l'armature était en métal. Cela lui permettait donc de s'en servir comme une arme lorsqu'elle se faisait attaquée. Le poids de cet accessoire envoûtant lui permettait de faire quelques figures assez impressionnante, faisant soulever quelques émotions chez son public. La danseuse le lançait dans les airs, le faisant tournoyer, descendait en grand écart parfait et le rattrapa en se cambrant, pouvant faire penser à une statue sculptée par un grand maître. Myrä enchaînait les exploits acrobatiques dont elle en était capable comme des souplesses avant et arrière sur une main. Certaines personnes peuvent se faire de fausses idées à propos des danseurs concernant leur force, mais les prouesses chorégraphiques de la jeune femme montraient qu'elle était dôtée d'une force non négligeable.

Sa prestation finie sur une pose des plus élégante, un jeune homme se mit à l'applaudir suivi par le reste de la foule. Quelques pièces volèrent, mais pas de grande somme en perspective. Mais cela ne décourageait en rien la jeune femme qui continuait à sourire tout en les remerciant de leur temps passé à la regarder. Des enfants vinrent la voir juste par curiosité avant que leurs parents ne les appelle. Alors qu'elle s'attardait à ramasser ce qu'elle venait de gagner, l'homme qui l'avait applaudit en premier vint à sa rencontre et la complimenta sur sa chorégraphie. Myrä se releva et le regarda droit dans les yeux, un grand sourire illuminant son visage.

"Je vous remercie infiniment monsieur. Vous ne pouvez imaginer à quel point je suis heureuse que ce que je fais vous plaît."