Dans les murs de Kirgan [PV Garmin et Grahan]

Garmin avait passé avec un relatif succès sa première épreuve en tant que souverain : annoncer au peuple les terribles nouvelles, de manière assez concise et claire, sans pour autant être trop brutal. Peut-être son discours avait-il été un peu court, mais il avait préféré laisser la population en paix, à son deuil… Aujourd’hui, la population commençait à digérer les annonces de la veille, et Garmin devait préparer la suite des évènements. Il recevait d’une part les Grands Prêtres de Mogar et de Tari en vue des cérémonies futures, et d’autre part les messagers qu’il enverrait un peu partout sur Miradelphia, pour annoncer les nouvelles aux autres peuples et à ses frères Nains. En l’occurrence, le futur Roi s’entretenait avec le Prêtre de Mogar, et comptait donner ses directives à son amie Lessien pour aller porter un message aux souverains Elfes ; au passage, elle n’avait pas l’air enchanté à l’idée de retourner en Alëandir, mais elle supposait bien le devoir à son ami… Elle aurait voulu se poser pour pleurer son ami herboriste, mort au combat, mais il fallait maintenant bouger. C’était donc avec les traits tendus, ne laissant transparaître aucune émotion, qu’elle se tenait non loin du trône, attendant son tour. D’un coup, alors que le Haut Prêtre avait fini son lassant monologue, le semblant de concile(concile à trois tout de même) fut interrompu par un garde nommé Yeghon, qui vint annoncer l’arrivée de quelqu’un mandant le Roi.


« Belegar Ungor, ici présent, demande audience auprès du roi ! »


Garmin interrompit ses réflexions et dévisagea d’abord le garde, une de ses bonnes connaissances, puis attarda son regard sur le dénommé Belegar. Le tavernier ne se rappelait plus qui était exactement qui était ce brave Nain, mais il en avait déjà entendu parler, sûrement dans des conversations de comptoir… Il fit signe à Yeghon d’approcher, puis de lui présenter brièvement cet homme, s’il en savait quelque chose.


« Tout-à-fait, Sire. Ce Belegar Ungor est plus connu sous son surnom : Le Forestier. On raconte qu’il passe plus de temps dans les bois que n’importe quel autre Nain, qu’il connaît la forêt d’Aduram comme sa chope, et qu’il n’est pas loin de faire de même avec la Grande Forêt Anaëh… Avec sa grande troupe d’éclaireurs, il paraît qu’il a déjà assisté à de nombreuses escarmouches entre Drows et Humains ou Elfes… »


Garmin écouta le petit descriptif avec attention, et il se rappela des conversations qu’il avait entendues… Chez les citadins Nains, le Forestier était raillé, décrié, en tant que grand ami des Elfes et que piètre guerrier, préférant se cacher dans les arbres. Garmin ne prêtait pas attention à ce type de ragot, préférant s’occuper plutôt de bien servir la bière. Maintenant, il voulait écouter celui qui avait l’air d’un bon meneur d’homme et d’un éclaireur hors pair.


« Belegar, je présume que ce que tu as à me dire est de la plus haute importance! Parle donc, mon frère!… »

Belegar vit la nouveau roi et un autre nain se parler à voix basse. Cela énervait Belegar qu'ils disent des choses sur lui sans qu'il les entende, s'il s'agissait de lui qu'ils parlaient... Mais il ravala les quelques mots acerbes qu'il avait à l'esprit. Il était en présence du roi des nains pour une requête, inutile de le braquer !

« Belegar, je présume que ce que tu as à me dire est de la plus haute importance! Parle donc, mon frère!… »

Légèrement intimidé, il s'avança un peu, puis pris une grande inspiration pour se donner du courage.

- Mon roi, j'ai appris la terrible nouvelle concernant l'attaque des drows... Je suis désolé de ne pas avoir été là.

Pourquoi contournait-il la question au lieu de rentrer directement dans le vif du sujet ?

- Je rapporte des nouvelles du Sud. Chaque jour, la situation se détériore pour nos alliés humains, et elfes. Les drows penetrent dans les forêts, en petits groupes invisibles, aussi surement qu'un nain vide sa chope. Les villages le long des frontières sont brûlés, leurs habitants massacrés.

Où sont les nains ? Que font nos armées alors que nos alliés se battent ? Quand allez-vous enfin décidez à nous envoyer quelqu'un pour nous représenter ? Il se tourna vers les autres personnes présentes. Quand réagirons nous enfin ? Quand les drows seront aux portes de Kirgan ? Ou même dedans ?!

Il était peut être allé un peu trop loin, il s'était emporté... Mais quand la bière est tirée, il faut la boire.

- Majesté, il faut que vous envoyez un général au sud, sinon le royaume des hommes et celui des elfes risquent de ne plus être qu'un vague souvenir des temps passés...

Garmin écouta attentivement les paroles du Forestier. Elles le surprirent, mais ne le choquèrent finalement pas... Car il n'avait que totalement raison! Feu Yordin le Bon était trop passif pour ce qui était du conflit qui se préparait avec les Sombres, il ne voulait prendre aucune décision. Et le temps était venu d'agir.


« Frère Belegar, je me doutais déjà de la situation au Sud... Notre bon roi Yordin la connaissait également, et il avait envoyé Bromar commencer les tractations avec les Humains… Mais il est vrai que c’était loin de suffire. Les prochains jours seront décisifs, car nous reprendrons les conciliations avec nos amis Elfes et les Humains. Mais tu comprendras bien qu’il faut un minimum de temps à la population de Kirgan pour… se remettre. »


Le futur Roi déglutit à la pensée de Bromar, son ami disparu au combat, et à celle de tous les autres Nains qu’il connaissait, de braves clients de sa taverne, des camarades qu’il était douloureux de perdre. Puis il reprit.


« Certes, tu n’étais pas là, mon ami. Mais tu n’as pas à t’en excuser, car tu veillais sur notre peuple d’une tout autre manière, tout aussi primordiale. […] Et pour ce qui est de l’envoi de troupes au Sud… Eh bien si les tractations avec nos alliés aboutissent comme je le souhaite, ce ne sera pas qu’un Général que nous enverrons, mais bel et bien trois. »


Il marquera une petite pause : en disant cela, il venait clairement de signifier que la guerre était proche, ou du moins que Garmin lui-même la voulait proche… Cela faisait bien longtemps que l’armée naine n’avait pas été rassemblée, les trois Généraux sous les ordres de leur Roi. En cela, le futur souverain mettait Belegar dans la confidence et lui montrait un début de confiance. Il avait entendu parler de l’amitié que le Forestier avait une grande amitié pour les Elfes, et était très lié avec eux… Et déjà en cela, il ferait un bon compagnon et un bon conseiller, d’autant que l’on disait qu’il menait ses hommes en grand stratège ; pour ne rien gâcher, il était également un bon guerrier…


« Dis-moi, le Forestier – puisque c’est bien ainsi que l’on te nomme – serais-tu prêt à accomplir une mission de la plus haute importance pour ton Roi?… Car j’aurais besoin de toi : il faudrait que des messagers se rendent en Alëandir pour faire parvenir aux dirigeants Elfes les… nouvelles de notre peuple, également afin de leur demander s’ils acceptent que nous formions un Conseil pour décider de la marche à suivre. Tu accompagneras mon amie Lessien, ici présente. »


L’intéressée ne cacha pas sa désapprobation, étant à la limite de hurler! Non pas qu’elle n’aimait pas Belegar… Mais elle n’était pas retournée en Alëandir depuis si longtemps… Et puis, elle n’aimait pas vraiment les siens, préférant la compagnie de ses amis de moins d’1m50. Garmin coupa court à la conversation avec un “c’est un ordre!”, ce qui laissa l’Elfe bouche bée. Le futur Roi tendit à Belegar le Forestier une lettre roulée et cachetée à la cire, marquée du sceau de la Royauté. Le contenu de la lettre était le suivant :

Spoiler:

Puis il avait signé et fermé la lettre. Garmin attendit une réponse, qu’il espérait favorable, de la part de ce Belegar…

« Certes, tu n’étais pas là, mon ami. Mais tu n’as pas à t’en excuser, car tu veillais sur notre peuple d’une tout autre manière, tout aussi primordiale. […] Et pour ce qui est de l’envoi de troupes au Sud… Eh bien si les tractations avec nos alliés aboutissent comme je le souhaite, ce ne sera pas qu’un Général que nous enverrons, mais bel et bien trois. »

Trois généraux ? Alors toutes les armées naines seraient mobilisés, ou tout du moins une grande partie. Les nains allaient entrer en guerre ! Même si ce n'était pas grâce à Belegar...Lui même allait être mobilisé, puisque c'était ce que les humains appelaient un "réserviste". Il se demandait si il était vraiment le seul éclaireur de l'armée, expérimenté ou pas. Il le saurait bientôt...

« Dis-moi, le Forestier – puisque c’est bien ainsi que l’on te nomme – serais-tu prêt à accomplir une mission de la plus haute importance pour ton Roi?… Car j’aurais besoin de toi : il faudrait que des messagers se rendent en Alëandir pour faire parvenir aux dirigeants Elfes les… nouvelles de notre peuple, également afin de leur demander s’ils acceptent que nous formions un Conseil pour décider de la marche à suivre. Tu accompagneras mon amie Lessien, ici présente. »

Il examina rapidement la jeune elfe. Il ne la regardaient pas avec hostilité, comme l'aurait fait tant d'autres nains, mais avec interet. Il aimait bien les elfes... C'était peut être les seuls à savoir vraiment ce qui liait Belegar aux forêts ! L'elfe, elle, n'avait pas l'air ravie... Etait de voyager avec lui qui avait tant l'air de la gêner ? Il esperait que non... Si elle faisait cette même tête tout au long du voyage, ça allait être gai les conversations !

Le roi coupa court aux protestations de la jeune femme en lui disant que c'était un ordre, puis se retourna vers le forestier pour attendre sa réponse. Se sentant visé, Belegar dit :

- Si telle est la volonté de mon roi, j'irai voir les elfes.

Il s'était demandé un moment si refuser la mission aurait été mal vue. Mais bon, il fallait voir avec les elfes et les hommes pour l'entrée en guerre des nains. Et Belegar se sentait prêt. Il prit le parchemin cacheté qu'on lui tendait, et le rangea précieusement. Il esperait ne pas a avoir à donner sa vie pour protéger ce bout de papier, mais n'hésiterait pas si cela arrivait.

- Si je peux me retirer, je prefererait prendre tout de suite la route... Si vous n'avez aucune affaires urgentes à régler, finit-il pour l'elfe.

Elle fit un non de la tête, et, après un salut pour leur roi, les deux nouveaux compagnons sortirent pour accomplir leur mission au plus vite...