L'ennui est le pire des défauts humains [Terminer]

[Ambre]

Hirst déambulait une nouvelle fois dans les ruelles de Diantra, mais plutôt du côté des allées louches que des grandes avenues. Encore une fois elle ne savait pas quoi faire de son temps libre, tout le monde était si occupé à cause de la guerre. Qu'est-ce que cela pouvait être une chose ennuyeuse ! On ne pensait plus qu'à ça et tout le reste, plus distrayant, était relégué au fin fond des oubliettes. Il était rare qu'elle ne trouve rien à faire mais pour une fois, le garde d'Honneur devait bien admettre qu'elle s'ennuyait comme rarement auparavant. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle descendait dans l'une des tavernes les plus mal fréquentées de Diantra. Au moins, elle était à peu près sûre qu'au bout de quelques verres, il se passerait quelque chose.

Arrivée sur place, elle pénétra dans l'établissement sombre sans faire attention aux autres clients, et ceux-ci ne la regardèrent un instant que parce qu'elle faisait partie du sexe faible. D'habitude, on se méfiait plutôt des soldats dans cette taverne, mais elle savait qu'elle ressemblait plus à une fille de ferme, voire une petite voleuse qu'à un membre de la Garde d'Honneur. Tant mieux, au moins on ne lui collait pas directement d'étiquette sur le visage, cela aurait pu calmer toute l'action qui se déroulerait peut-être dans le taverne avant même qu'elle ne commence.

Directement, Hrist se dirigea vers le comptoir pour commander un verre. C'était encore la manière la plus rapide et la plus sûre d'avoir quelque chose à boire. Elle patienta quelques minutes pendant lesquelles elle n'arrêta pas de se contorsionner pour éviter les mains aux fesses. Elle se demanda un instant si elle avait bien fait de venir, ce n'était pas que ces ivrognes l'inquiétaient d'une manière ou d'une autre mais si elle devait subir ça toute la soirée, elle sentait qu'elle allait finir par s'énerver.

Un verre en main, Hirst se dirigea vers le fond de la salle et trouva une table de libre. Elle s'installa tranquillement et commença à siroter en regardant autour d'elle. Tout semblait encore à peu près calme. Dommage. Et si elle y mettait son grain de sable ? Elle était en train d'y réfléchir quand eux hommes vinrent vers elle, portant trois verres. Ils allaient s'installer à sa table et rien qu'en distinguant à peine leur expression, Hirst devina tout de suite que ce n'était pas pour lier connaissance et parler un peu qu'il venait. Elle soupira avant de dire d'un ton sec et sans appel :

"Non, je ne suis pas une fille de joie et je n'ai pas envie de compagnie douteuse, sauf si elle se résume au troisième verre que vous avez, sans vous naturellement."

Bizarrement, les deux hommes repartirent de mauvaise humeur, avec celui qui aurait pu devenir son verre. Vraiment, elle ne comprenait pas pourquoi. Elle avait fait quelque chose de louche ? Enfin... Elle ferait bien d'essayer de se montrer un peu plus discrète, si elle ne voulait pas que l'animation de la soirée soit donnée par elle. Elle pouvait facilement se défaire d'un homme enivré, mais là, il y en avait beaucoup. Et qu'elle idée avait-elle eu de s mettre au fond de la salle ? Enfin... Elle avait encore du temps avant de devoir s'éclipser en silence. Une joue posée sur sa main et son coude sur la table, Hrist s'amusa d'un doigts avec son verre, attendant quelque chose qui pourrait vaincre son ennui.

Elle avait été envoyé en ville pour faire une course... Elle avait roulé pendant plus de deux heures dans une roulotte, sur une route mal entretenue, pour traverser le chemin qui séparait Diantra du domaine des Soltariel. Les choses s'étaient bousculés au domaine, rien n'était plus comme avant. Ambre avait été mariée de force au noble Vassili, un mariage des plus secrets qui serait annoncé officiellement bien plus tard, et qui serait sans doute refait d'une manière plus correcte. Là, c'était un cas de force majeur. La matriarche avait voulu marier son héritière avant qu'elle n'ait plus de quoi faire pression sur elle.

Ca, elle s'y connaissait en chantage, la matriarche ! Faire enlever les deux possibles héritiers mâles des Soltariel pour forcer Ambre à se marier, c'était tout de même pousser un peu loin la cruauté... Et encore, la servante était persuadée, tout comme Ambre, que le père et l'oncle de cette dernière avaient été empoisonnés. Aucune preuve, aucun coupable... Le crime parfait... Evidemment, Ambre s'était révoltée, comme à son ordinaire, et elle était partie depuis plusieurs jours à la recherche de ses cousins prisonniers. La matriarche, après un curieux voyage à Diantra, était revenue bouleversée et s'était enfermée dans sa chambre.

Eléonorine regardait le sol, serrant sa cape sur ses épaules. Elle savait tout. Elle savait pourquoi la matriarche s'était enfermée, elle savait pourquoi Ambre n'avait pas insister davantage pour empêcher son mari de faire main-basse sur la fortune de sa famille, elle savait avec qui elle était partie... elle savait tout.

La jeune servante, à la beauté diabolique, était une amie d'enfance de la jeune héritière. Elles avaient encore un lien apparemment profond, car Ambre se confiait à elle. Pauvre idiote ! Dans la noblesse, il ne fallait jamais accorder sa confiance à personne. Eléonorine était morte de jalousie. Elle n'en pouvait plus de voir cette fille avoir tout ce qu'elle voulait : beauté, fortune, gloire et renommée... amour ? Difficile à dire, Vassili et elle se détestaient cordialement ! Et puis Vassili semblait plutôt attiré par Eléonorine... Il fondait complètement dans ses bras...

Après avoir fini sa course, la servante s'arrêta devant une taverne, hésitante. Si Ambre plongeait, Vassili resterait le maître du domaine. Si Ambre disparaissait, Vassili pourrait prendre une autre épouse. Elle. Et elle aurait alors tout ce qu'elle désirait ardemment depuis longtemps ! Mais elle ne voulait pas tuer Ambre, non, elle voulait la faire souffrir, la voir pleurer... Et elle avait en main de quoi le faire. Il ne lui restait plus qu'à trouver quelqu'un pour s'occuper du "sale boulot".

Eléonorine entra dans la taverne, resserrant encore sa cape bleue, craignant qu'on ne la reconnaisse... Elle ne savait pas à qui s'adresser ni où aller, elle ignorait beaucoup de choses. A trop vouloir jouer les princesses, elle en avait oublié de sortir... Une main effleura ses fesses et Eléonorine se retourna pour administrer une giffle retentissante. Les hommes se retournèrent et éclatèrent de rire, mais son "agresseur" n'était pas du même avis. Il lui attrapa le bras, laissant retomber la capuche de la belle, révélant de longs cheveux noirs, des yeux bleus et une peau douce.

- Dis donc toi ! Petite garce !
- Lâchez-moi, goujat !

Hrist arrêta de jouer avec son verre pour hausser un sourcil perplexe. Goujat ? Qu'est-ce qu'une fille pouvant lancer sans complexe de telle insulte dans un tel endroit venait faire ici ? Sûrement pas des emplettes ou boire un verre. Il ne manquerait plus que cela, les jeunes filles de bonnes familles en perdition dans les bas fonds de Diantra. Et ce n'était pas non plus pour du divertissement, sinon elle ne réagirait pas de la sorte et serait un peu plus habitué que ça aux "goujats" en tout genre. Alors ? Ce n'était quand même pas une petite fille parfaite qui était venue jouer les dures ? Enfin, au moins maintenant le membre de la Garde d'Honneur avait trouvé son occupation de la soirée. Elle ne manquerait pas d'être animée si la fille aux goujats restait là. Plus d'un voudrait tenter leur chance et ce n'était pas avec des gifles qu'elle les ferait partir.

Après avoir fini ce qui restait dans son verre, Hrist se leva le moins discrètement du monde pour se diriger vers l'inconnue et son agresseur. Tout un métier de jouer les héros, mais au moins, cela la distrayait. Elle n'avait pas encore vu le drôle de couple mais il n'était guère difficile de savoir qui faisait cette scène. Hou, la jolie petite cape bleu, niveau caricature de jeune fille de bonne famille en fuite, on ne pouvait guère faire mieux. Pourquoi ne pas aussi se balader avec une pancarte ? Cela serait tout aussi rapide et couterait moins cher en tissu. Arrivée près du couple, Hrist asséna une petite tape à l'arrière de la tête de l'homme en le regardant, l'air plus ou moins sévère.

"Assis, couché ! Méchant chien ! Tu va te retrouver enfermé dans ta niche si tu continue comme ça. Et la courtoisie, tu ne connais pas ? Une fille à toujours raison, même quand elle a tord. Et encore plus quand elle est jolie."

A part le détail que Hirst devait lever les yeux pour s'adresser à l'individu aux mains baladeuses, on jurerait qu'elle s'adressait à son gentil petit toutou. Sans plus attendre, elle leva la main comme pour donner une nouvelle tape à l'arrière de la tête mais elle arrêta son geste quand un bruit métallique retentit. Un grand sourire éclaira alors son visage et elle posa un doigts sur sa pommette, prenant un air joyeux et candide. Elle se baissa pour ramasser un couteau de lancer, où quelques gouttes de sang perlaient.

"Hoo, qu'est-ce que je suis maladroite, désolée monseigneur d'avoir fait tombé mon petit couteau, je vous promet que cela ne se reproduira pas. En tout cas vous avez eu de la chance, juste une petit égratignure ! Un grand gaillard comme vous ne doit même pas sentir la douleur !"

En effet, en tombant l'arme avait érafler le bras qui retenait l'inconnue. Prestement, elle rangea son couteau après l'avoir rapidement nettoyé et sans plus attendre, elle attrapa l'autre bras de la jeune femme et l'entraîna avec elle, sans laisser la possibilité à l'homme de parler ou de la retenir. Pour les contestations, il fallait voir avec le bureau des réclamations et ho, manque de chance, il n'était pas encore ouvert. S'il ouvrait un jour. Hrist conduisit son invitée jusqu'à sa table et la fit s'installer, avant de prendre place à son tour. Elle laissa planer un instant de silence pendant lequel elle regardait distraitement le fond de son verre vide avant de redresser la tête et d'adresser un large sourire à la servante.

"Alors, des envies suicidaires ?"

Quelles autres raisons aurait pu la pousser dans un tel endroit ?

Eléonorine était des plus agacées... également un peu effrayée, même si elle ne le montrait pas. Jouer les princesses n'était pas du meilleur effet, du moins pas toujours. Elle n'avait plus qu'une envie à présent : partir ! Elle commençait à avoir mal au bras et son agresseur refusait de la lâcher. C'est alors qu'une femme approcha et asséna une tape à l'arrière du crâne de l'homme. Eléonorine lui jeta un regard intrigué.

La jeune femme en question était grande, fine et élancée, avec de jolies formes, plutôt musclée même, mais Eléonorine n'avait pas un grand sens de l'observation. Elle remarqua surtout son regard malicieux de couleur vert-clair, une peau pâle et de longs cheveux bruns. Elle s'adressa à cet homme comme à un chien. Un peu lorsque l'ancienne duchesse de Soltariel, la grand-mère d'Ambre, parlait à ses serviteurs. Même si le ton de la jeune femme était plus amical, moins menaçant.

Elle releva la main comme pour frapper une nouvelle fois, mais elle interrompit son geste et une lame tomba à terre.
La menace était claire, même si elle laissa croire qu'il s'agissait d'une simple maladresse. Maligne, intelligente, courageuse... Mais que faisait-elle ici ? Sans attendre, elle attrapa le bras de la servante et l'entraîna à sa table. Eléonorine n'avait pas d'autres choix que de la suivre, elle venait de la secourir après tout ! La servante fronça légèrement les sourcils, méfiante, tandis qu'un silence s'installait entre elles.

La jeune femme lui sourit mais Eléonorine resta de marbre, bien trop méfiante pour pouvoir se détendre. Elle bredouilla un remerciement par lequel la jeune femme répondit :

"Alors, des envies suicidaires ?"

Eléonorine ne voyait pas en quoi elle avait eu un comportement décalée. Un homme lui avait manqué de respect, elle le lui avait simplement fait remarquer. Ces hommes n'avaient aucune considération pour la gente féminine ! Serrant toujours son manteau dans lequel se trouvait sa bourse et la lettre coupable, la servante resta un moment silencieuse. Peut-être que cette femme pourrait l'aider mais comment en être sûr ? Cela dit elle ressemblait à une voleuse...

" Bonjour. Je ne me nommerai pas, veuillez m'en excuser. Non je n'ai pas d'envie suicidaire, mais ce goujat est un mal appris qui a osé me toucher ! Je vous remercie pour votre intervention, je n'ai malheureusement aucune notion pour me défendre. "

Elle fixa la jeune femme dans les yeux, songeant avec hauteur et prétention qu'elle était plus jeune et bien plus jolie qu'elle. Elle eut un léger sourire moqueur qu'elle fit rapidement disparaître. Intriguer était tout un art, même si elle n'était pas une spécialiste du domaine.

" Je cherche une personne qui pourrait être intéressée par des informations compromettantes. Une personne qui n'ai pas peur de déclencher un scandale. Sauriez-vous par hasard m'en conseiller une ?"

[htp : pardon j'accélère un peu, je n'ai pas trop jouer les PNJ^^

Hum... Quelle charmante rencontre. Quelque chose lui aurait manqué toute sa vie si elle n'avait pas rencontré la jeune femme. Quoique... Ha oui ! Mais quelle idiote, ce genre de personne, elle en voyait régulièrement en palais, quand elle jouait sagement et simplement le membre de la Garde d'Honneur qu'elle était officiellement. Des personnes arrogantes et altières. Pour un peu, cela aurait été plus amusant de laisser l'inconnue avec l'autre homme, cela aurait fait plus d'animation. Et puis, pour une fois, voir ces fiers nobles dans une situation délicates avait quelque chose de... Délectable. Bon sang ! Ca ne tuait pas un sourire et des remerciement un peu plus sincères. Pour peu, Hrist avait l'impression de déranger la jeune femme.

Et son impression de s'arrangea pas quand l'inconnue se mit à parler. Ne pas se présenter ? On se croirait dans un mauvais roman de chevalerie... Enfin, au moins, une chose était sûre, le rôle du méchant, s'il y avait, était tenu de main de maître par la jeune femme sans nom. Qu'allait-elle s'imaginer ? Si elle avait vraiment quelque chose à se reprocher, une description suffirait, bien plus qu'un nom. Peut-être que plusieurs personnes se ressemblait trinquerait pour la même faute, mais qu'importe ? Ce qu'il fallait, c'était brouiller les pistes avec un faux nom, ou alors un intermédiaire. Hrist se demanda un instant si l'inconnue pouvait servir d'intermédiaire, mais elle repoussa rapidement l'idée. Si quelqu'un avait eu l'idée de lui donner une tâche quelconque dans une taverne, il avait eu la pire idée du siècle.

Silencieuse, Hrist plissa des yeux et laissa définitivement son sourire disparaître, après plusieurs minutes d'estompage progressive. Aurait-elle osé lui sourire d'une manière déplacée ? Elle avait l'habitude de détailler avec soin l'expression des personnes qu'elle faisait chanter, pour déterminer à quel moment elles allaient craquer, ou au contraire quand il fallait relâcher la pression, pour mieux la raugmenter plus tard. Là, elle n'avait pas vraiment fait attention, mais une chose était sûre, elle n'appréciait pas le moins du monde cette femme. Elle écouta sans broncher les paroles de l'inconnue, restant impassible. Bien entendu, ces paroles lui plaisait énormément. Un scandale, pas vraiment, mais ce qui pouvait prêter à un scandale pouvait très bien servir à un un chantage. Mais pas question de donner à cette hautaine le pain directement becqueté dans la bouche.

Calmement, toujours sans laisser paraître la moindre réaction, Hrist s'adossa au dossier de sa chaise et croisa des bras. Elle resta quelques instant immobile, allant même jusqu'à fermer les yeux une poignée de secondes. Elle attrapa ensuite négligemment son verre pour le porter à sa bouche et en boire lentement une gorgée. Rien de tel qu'un lourd silence pour mettre quelqu'un dans l'embarras. Mais finis de jouer. Elle reposa brutalement son verre sur la table, faisant voler quelques gouttes. Elle se pencha ensuite en avant, l'air plus que sérieuse, pour que seule son interlocutrice puisse l'entendre.

"Admettons que je connaisse quelqu'un que cela intéresserait, elle ne se déplacerait jamais elle-même, question de sécurité. Tout le monde n'a pas... Votre courage, Princesse -il faut bien que je vous trouve un nom après tout. Par contre, je pourrais transmettre... Contre une petite compensation. Il va de soit que si je poussa la charité jusqu'à vous venir en aide, je ne vais pas jouer les messagères pour votre bon plaisir."

Les paroles furent dites sur un ton sec et cinglants. Cela n'arrivait pas souvent à Hrist de jouer les sérieuses, mais il y avait parfois quelques circonstances qui la poussaient à le faire. Enfin... Si elle obtenait quelque chose d'intéressant, la journée n'aurait pas été totalement perdue et ennuyeuse. Peut-être même qu'elle pourrait après laisser la jeune femme aux main de l'homme qui l'avait abordé en premier... Non, s'il y avait un accident, cela attirerait trop l'attention et il fallait absolument que tout cela reste dans l'ombre.


[Fais comme tu le sens ^^ De toute façon, si le RP dure trop longtemps, je sens que Hrist va faire chanter la servante plutôt que la maîtresse xD]

Eléonorine n'était pas à l'aise, mais elle n'arrivait pas à quitter son regard hautain. Quelle idée elle avait eu de venir dans cet endroit malfamé ! L'inconnue avait perdu son sourire. Tant mieux ! La situation n'avait rien d'amusant ! L'inconnue attrapa son verre et but une longue gorgée, tout en l'observant. Eléonorine n'était pas à l'aise du tout. Cet endroit, cette femme... la situation...

"Admettons que je connaisse quelqu'un que cela intéresserait, elle ne se déplacerait jamais elle-même, question de sécurité. Tout le monde n'a pas... Votre courage, Princesse -il faut bien que je vous trouve un nom après tout. Par contre, je pourrais transmettre... Contre une petite compensation. Il va de soit que si je poussa la charité jusqu'à vous venir en aide, je ne vais pas jouer les messagères pour votre bon plaisir."

Elle parlait avec une voix sèche, froide. Eléonorine en avait l'habitude, elle ne se heurta donc pas. De même, elle avait prévu de devoir dépenser quelques pièces, même si elle n'en avait pas envie. L'appellation, "princesse", lui plaisait bien, même si elle trouvait que, venant d'elle, c'était plutôt une insulte.

" Je ne demande pas un grand service, je dis simplement que j'ai des informations intéressantes sur la duchesse de Soltariel. Je peux vous donner quelques écus pour vous convaincre d'aller chercher cette personne... ou pour lui remettre un courrier. Une simple lettre qui doit circuler, absolument !"

Eléonorine se moquait complètement de savoir qui aurait cette lettre, du moment qu'elle provoquait un beau scandale. Elle en avait fait des copies, et d'ailleurs elle ne possédait pas l'originale. Ambre ne devait se douter de rien...

La servante sortit quelques pièces puis elle la copie, jetant des regards autour d'elle, l'air suspecte... Elle sortit alors une lettre, une lettre écrite de sa propre main, car elle avait recopié l'originale. Sur l'originale, la lettre sentait la mer et une larme avait effacé la signature, mais Eléonorine avait remis le nom correct, celui d'Ambre.

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Chère Ange,

Je t'écrie d'Ydril où je profite d'une petite semaine de repos bien méritée. Je prends l'air marin... Non, plus sérieusement, je ne voulais pas que tu t'inquiètes mais... j'ai trouvé un moyen de faire parler notre grand-mère. Je sais que tu vas m'en vouloir, peut-être même me détester pour ce que je compte faire.

Dans les rues, j'ai été attaquée par des voleurs. Une mercenaire m'a porté secours, elle a un tempérament de feu et nous sommes devenues de bonnes amies. Tu t'en doutes... Bref, quand elle m'a expliqué qu'elle était aussi assassin professionnel et qu'elle serait ravie de me proposer ses services... et bien... j'ai accepté son aide.

Moyennant une forte somme d'argent, je lui ai demandé de soutirer des informations à ma grand-mère, de la manière qui lui conviendrait, et de s'assurer qu'elle ne reviendrait jamais au domaine. Nous avons tout organisé, tout planifié. Mais je préfère éviter de donner trop de détails au cas où cette lettre serait interrompue. Je me sens mal à l'idée d'en arriver là, mais comme tu le dis si bien cette femme est un vrai démon ! A trop utiliser des moyens illégaux pour parvenir à ses fins, elle devait se douter que ça lui pendait au nez. C'est aussi pour ça que je ne voulais pas la voir revenir...

Bref, d'ici maximum un mois, tout sera réglé. Ne me juge pas trop mal, seulement elle a été trop loin. J'ai de gros soupçons concernant la mort de mon père, mais aussi celle de notre oncle, le mari de Marionna. Grand-mère m'a dit que mon père avait succombé à la même maladie que mon oncle. Et elle souriait... Je suis sûre qu'elle les a tué tous les deux ! Et qu'elle compte me supprimer dès que j'aurai donné un héritier à la famille ! Non, cette fois c'en est assez ! Je n'aime pas faire ça, mais là je ne peux plus jouer !

Ange... je t'en prie, pardonne-moi ! Tu vois, en écrivant cette lettre je te donne la possiblité de m'arrêter, de me faire condamner. Je sais que c'est cruel de ma part, je te rend complice de mon crime... Si les gardes viennent me chercher, je comprendrais et je ne t'en voudrai pas. Au fond, je crois que j'ai envie que tu m'arrêtes...

Bien à toi,

Ambre

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Eléonorine lui tendit la lettre, attendant de voir la réaction de la femme. Elle pouvait la déchirer, elle pouvait partir avec... Aucune importance ! Eléonorine voulait simplement ne jamais être mêlée à cette histoire.

Tranquillement, sans accorder un regard de plus à la jeune femme, Hrist s'empara de la lettre et commença sa lecture. Elle devait vraiment vouloir s'en débarrasser pour donner la missive au premier inconnu qu'elle croisait, avec une prime en plus. Pas très prudent, la première personne un peu malhonnête aurait pris les pièces et se serait ensuite débarrasser de la lettre, sans même la lire, si elle en était capable, bien entendu. Un moment plus tard, Hrist termina de lire sans que son visage n'est reflété la moindre émotion. Ce pouvait s'avérer être intéressant, mais seulement pouvait... Il lui manquait encore des informations. En tout cas, les histoires de nobles étaient toujours aussi sympathiques. Une grand-mère qui tuait sa progéniture et la petite-fille qui payait un assassin pour s'en débarrasser. Charmant.

Mais il fallait encore savoir deux-trois choses. Est-ce que la vieille était vraiment morte ? Et cette femme assassin, est-ce que quelqu'un connaissait leur nom ? Généralement, les assassins avec un tant soit peu d'honneur ne parlait pas, sauf en cas extrême, elle ne pourrait donc pas s'en servir mais cela pouvait toujours être utile pour faire pression sur cette Ambre. Toujours savoir un maximum sur les pigeons à plumer. Elle aurait pu tenter de reconstituer l'histoire de la famille d'Ambre elle-même avec les ragots de gardes mais Hrist n'avait pas envie de se fatiguer, alors qu'elle avait tout à porter de main. Soigneusement, Hrist plia la lettre avant de la glisser dans ses vêtements et de récupérer les pièces pour les placer dans sa bourse. Elle posa ensuite ses coudes sur la table, avant de croiser ses doigts ensemble et de poser son menton dessus. Elle regarda de nouveau la jeune femme dans les yeux pour la première fois depuis que la lettre avait changé de main.

"Deux choses, après tout sera remis entre de bonnes mains. Premièrement, qu'est-ce qui est arrivé à la vieille, et deuxièmement, connaîtrez-vous le nom de la nouvelle amie dont il est question dans la lettre ? D'ailleurs un nom de famille pourrait aussi être utile. "

Bien sûr, elle faisait référence au mercenaire, mais pas besoin d'aller le crier sur les toits. Quoique cela pourrait être amusant de voir la réaction de la jeune femme. Juste pour rire. Il lui fallait aussi le patronyme entier d'Ambre, ce n'était pas un nom courant mais on ne savait jamais. Et puis, faire des recherches, c'était tellement fastidieux. Hrist changea de position pour s'adosser une nouvelle fois contre le dossier de sa chaise avant de prendre son verre et de le terminer d'un coup. Quand elle aurait obtenu les dernières informations, il serait le temps de se mettre au travail. Pas la peine de rester s'ennuyer dans la taverne comme un rat mort alors qu'il y avait nettement plus intéressante à faire ailleurs.

La femme semblait enfin intéressée par la lettre et Eléonorine en était ravie. Ambre risquait de passer plusieurs nuits blanches après cette histoire... Elle l'imaginait se tournant dans son lit, imaginant à quel moment le scandale éclaterait. Elle devrait repartir sur les routes, déchue, déshéritée... Et alors Vassili serait libre, et elle pourrait l'épouser et vivre enfin en princesse. Elle voulait voir Ambre pleurer de souffrance, elle ne supportait plus qu'elle soit aimée de tous, protégée par les gardes et par les serviteurs, elle en avait assez de la voir courir les routes alors qu'elle devait s'occuper de la gestion de son domaine...

" Deux choses, après tout sera remis entre de bonnes mains. Premièrement, qu'est-ce qui est arrivé à la vieille, et deuxièmement, connaîtrez-vous le nom de la nouvelle amie dont il est question dans la lettre ? D'ailleurs un nom de famille pourrait aussi être utile. "

Eléonorine baissa la voix et approcha son visage pour lui répondre, la regardant dans les yeux, de son regard glacial et arrogant... Ce regard mauvais qui trahissait ses intentions.

" La vieille, qu'on surnomme le dragon, est revenue vivante mais très marquée. Elle a été torturée, elle ne parle plus et passe ses journées dans sa chambre sans voir personne, c'est à peine si son mari a le droit de venir. Bref elle est devenue aussi folle que la mère d'Ambre. "

Un sourire mauvais se dessina sur le visage de la jeune femme. Elle était contente, car la mégère ne pouvait plus poser de problème à ses serviteurs. Elle était tellement exécrable avec tout le monde ! Eléonorine était satisfaite qu'elle soit devenue amorphe. A présent qu'Ambre avait rendu le dragon incapable de martyriser son monde, il était temps qu'elle reparte...

" La nouvelle amie... Personne ne connaît son nom, Ambre a gardé un silence absolu sur le sujet. Mais une servante qui accmpagnait la vieille à Diantra a disparu durant l'agression. Elle était depuis peu de temps à notre service. Je pense qu'Ambre devrait pouvoir en dire plus. "

La servante se redressa légèrement.

" Cette lettre concerne Ambre Soltariel, Duchesse du domaine de Solaria. Est-ce que vous avez d'autres questions ? "

Il ne manquait plus que la pancarte "Attention, je suis méchante et je l'assume." te la panoplie de la jeune femme serait complète et parfaite. Celle-là voulait se débarrasser d'Ambre, ou tout du moins la faire souffrir le plus possible. Hrist n'était peut-être pas quelqu'un de pure et de gentillet, mais ce genre de comportement l'énervait plus qu'autre chose. Un voleur volait comme un assassin tuait parce que c'était leur métier. Dans certains cas, ils ne pouvait faire que cela et était donc forcé de le faire pour survivre. Elle-même faisait chanter des personnes, plus par passe-temps qu'autre chose, mais elle n'avait jamais vraiment eu quelque chose contre quelqu'un et ne visait pas à faire du mal. C'était le genre de chose qui, selon elle, différenciait encore les drows de toutes les "nuisances". Mais les nobles ? Ils avaient tout, le titre, l'argent, les domaines... Et non, il fallait encore intriguer et détruire des vies. Ce genre de comportement dégoutait profondément Hrsit, assez paradoxalement.

Ainsi donc, la vieille était encore en vie, mais folle. Humm... Cela aurait quand même était mieux si elle avait décédé, mais peut-être que justement, cela mettrait plus de pression sur Ambre. Après tout, si sa chère grand-mère apprenait la vérité, peut-être que cela la sortirait un peu de sa léthargie et de sa folie, assez pour demander la tête de sa petite-fille. Décidément, les histoires de familles de nobles ne manquaient pas de piquants et de rebondissements. Il ne manquait plus qu'elle y mette sa petite touche personnelle pour que le tout soit dine de plus grand capharnaüm possible. Et dire que cette folie faisait plaisir à l'inconnue... D'accord il en fallait pour tous les goûts mais là... Elle devait vraiment détester toute la famille. En ce qui concernait le mercenaire, c'était dommage de ne pas savoir son nom mais pas essentiel. Ce qui était plus intéressant était la servante.

"Je doute qu'Ambre veuille donner à quelqu'un de telles informations, ou alors c'est la dernières des idiotes, et dans ce cas là, vous n'auriez pas besoin d'aide."

N'importe qui peut faire du tord à une idiote, même toi ma petite princesse. Hrist ne le dis pas mais entre son ton et son regard, le sous-entendu était assez lourd et facile à comprendre. Elle s'en fichait totalement de se mettre la jeune femme à dos, pour la simple et bonne raison qu'en lui donnant ces informations pour créer un scandale, elle se mettait dans une position délicate. Après tout, Hrist pouvait changer d'avis et la faire chanter elle plutôt qu'Ambre. Les intrigants reconnus n'étaient jamais très bien vus, allez savoir pourquoi...

"Une dernière chose, le nom de la servante."

Hrist laissa planer un instant de silence avant de reprendre.

"Maintenant, permettez-moi de vous donner un conseil. Je ne vais pas tarder à aller livrer votre lettre, aussi, si j'étais vous, j'essaierais de partir avant moi. S'en aller ensemble serait du plus mauvais goût et si vous rester sans moi, je pense que votre cher ami de tout à l'heure reviendra vous conter fleurette."

Menaces ou réel conseil ? Dur à dire. Hrist finit en haussant les épaules et en désignant la porte d'un geste vague. Elle n'avait aucune envie de rester plus de besoin en compagnie de cette femme et elle lui faisait sentir. Avec les inconnus, Hrist passait sans problèmes d'un extrême à autre, soit très amicale, voir un peu trop, soit... Pas besoin de vous faire un dessin, non ?




[Désolée, j'abrège un peu, sinon Hrsit va braiment plutôt rentrer dans les bonnes grâces d'Ambre plutôt que de la faire chanter ^^" Reste si tu veux, mais Hrist va pas se montrer plus cordiale xD]

[hrp : l'assassin Shinjû ne vient plus sur le fofo, elle a laissé mon intrigue en plan... snif...]

Eléonorine ne pouvait pas se montrer plus satisfaite. Apparemment, elle avait eu réison de confier cette lettre à cette inconnue. Ambre allait souffrir, elle allait payer pour le simple fait d'être... meilleure qu'elle en fait. C'était ça qui l'irritait le plus chez elle. Tout le monde l'aimait alors qu'elle ne passait jamais beaucoup de temps chez elle. C'était tellement stupide que s'en était pathétique. Une vraie cruche... aux yeux jaloux d'Eléonorine.

- La servante ? Orphélia. Une fille quelconque qui est arrivée au moment où la suivante de la vieille tombait mystérieusement malade. Elle a tout d'abord servi dame Amandine, la mère d'Ambre, puis elle a servi la vieille. Elle n'était pas très causante et ne venait pas souvent se joindre aux autres servantes. Elle ne nous parlait pas beaucoup non plus...

Eléonorine ne réalisait pas qu'elle se trahissait par cette réponse. Son statut de servante était devenu évident, mais elle était tellement concentrée que la souffrance qu'elle allait infligée à Ambre qu'elle ne réalisa rien. Avec un sourire cruel, elle se leva. Se recomposant une expression douce, avenante.

- Ah oui. Normalement Ambre est en ville, ou elle ne devrait pas tarder à venir. Elle va toujours à l'auberge de la "Saveur d'été", où sa tante travaille en cuisine. Vous ne devriez pas la reconnaître facilement. Elle n'a rien d'une noble...

Eléonorine avait prononcé ces derniers mots avec un mépris royal, presque douloureux. Elle s'éloigna d'un pas leste, pressée de retourner à Solaria. Avec un peu de chance, d'ici quelques jours, un beau scandale éclaterait. La servante releva sa capuche, cachant à nouveau son visage, et s'engouffra dans les rues désertes pour rejoindre le carosse de la famille, qu'elle avait laissé un peu plus loin.

[Erf... On va faire sans alors ^^]


La piste de la servante était un peu plus intéressante que celle de l'assassin, impossible à retrouver sans nom ou sans description. Qui savait le nombre de mercenaires qu'il y avait rien que dans Diantra et ses alentours ? Par contre, le coup de la mystérieuse maladie était pour le moins intriguant, et Ophélia, en étant en service de plusieurs personnes avait dû apprendre pas mal de choses. Peut-être trop, et c'était probablement ça qui l'avait perdue. Les serviteurs en savaient toujours plus sur leurs maîtres que ceux-ci ne pouvait le soupçonner. Si elle était vivante, elle pouvait toujours tenter de la retrouver, mais c'était loin d'être prioritaire ou urgent. Il y avait d'autres chats à fouetter avant.

Et d'ailleurs, en parlant de servante... "Nous" ? La jeune femme se comprenait donc dans le lot des servantes ? Intéressant tout cela... Dorénavant, ce n'était plus seulement les nobles qui étaient pourris, mais ils arrivaient à déteindre sur leur serviteur. Voilà quelque chose qui devait encore améliorer l'ambiance des cours et des maisons de nobles. Si on ne pouvait même plus faire confiance aux personnes les plus proches de vous, où allait le monde ? Car chez les nobles, on pouvait oublier les autres noble, la famille, le cas d'Ambre le montrait, alors que restait-il quand même les serviteurs s'y mettait ?

Hrist laissa de côté ses réflexions quand la servante se leva, avec un sourire qui ne présageait rien du bon. Pour réussir à pervertir à ce point une servantes, la maîtresse ne devait pas être des plus sympathiques... Comment pouvait bien être Ambre pour susciter de tels sentiments ? Enfin... Hrist laissa de côté ces question pour réfléchir aux dernières paroles de la jeune femme. L'auberge Saveur d'Eté ? Cela lui disait quelque chose... En même temps, depuis qu'elle était arrivée à Diantra elle devait avoir fait le tour de toutes les auberges et tavernes de la capitale. Et la servante était bien gentille, mais une noble qui n'avait rien d'une noble, dans une auberge, ce n'était pas facile à retrouver. Une noble qui ressemblait vraiment à une noble, ça ça aurait fait tâche et aurait été facilement repérable. Mais bon, elle ferait avec.

Quand la jeune femme s'éloigna, elle lui adressa un vague signe de main pour la saluer. Hrist resta encore plusieurs minutes à sa tables. Elle reprit son verre et le porta à sa bouche avant de se souvenir qu'il était vide. Tant pis. Elle le reposa et et jeta une pièce sur la table pour payer sa consommation. En temps normal, elle aurait été directement régler au comptoir pour être sûre que personne ne vole l'argent, mais dans une telle taverne, elle s'en contre-fichait. Le gérant n'avait qu'à être un peu plus honnête, ou faire un peu plus pour rendre son établissement plus respectable. Hrist se leva sans un bruit et se dirigea à son tour vers la porte. Elle avait une lettre à envoyer....

[TERMINE^^]