Sombres pensées (libre)

La cascade de l'Eden, lieu privilégié des amoureux et des poètes. Mais lieu aussi hautement stratégique. Du haut de la cascade on dominait le lac d'Uraal et donc la cité d'Alëandir. Cité des Elfes Sylvains, capitale blanche resplendissante..............Ecoeurant en tout point de la part de l'homme emmitouflé qui laissait son regard se perdre sur ces deux lieus. La pénombre environnante ne le gênait pas du tout, au contraire même, elle était tout à son avantage. Les Drows fuyaient le soleil qui blessait leurs yeux sensibles alors que l'obscurité leur permettait de mettre en œuvre tous leurs talents. Tebryn Rylint'tar, assasin du souverain des Elfes Sylvain, dirigeant du peuple des Sombres, observait cette cité, rêvant peut être au jour où les flammes la dévorerait, où elle ne serait plus emplie que de chants funèbres et de cris de peur et de douleur.

Le Drow reporta son regard sur le lac, se souvenant de son essai de poison sur l'onde. Il s'était révélé concluant même si il méritait des amélioration, mais la bas était là. Le jour où il passerait à l'attaque c'est du haut de cette cascade que le liquide de mort partirait, anéantissant toute vie animale, végétale, humaine, nanique ou Elfique. Ce grand lac porteur de vie deviendrait un vecteur de mort aussi sûr que la lame d'un Sombre. Mais pour l'instant il devait travailler à sa concentration, à son invisibilité et surtout être sûr que aucun contre poison ne puisse être trouvé. En tout cas il devait s'assurer que les magiciens elfiques mettent un certain temps à le trouver pour laisser le poison faire son œuvre.

Des points lumineux ça et là indiquait des campements de soldats. La cité se fortifiait, se préparant surement à la guerre qui ne serait tarder à éclater. Mais tous ces préparatifs étaient inutiles. Les guerriers qui les attaqueraient de front ne seraient qu'une diversion...........Non Tebryn n'était pas stupide au point d'attaquer les Sylvains de face. Car à l'heure actuelle, il était conscient qu'une attaque frontale se solderait par un échec pour ses troupes. La division qui s'était effectuée lors de son "voyage" avait considérablement affaiblie les Drows. Tout ce qu'il avait patiemment mis en place avait été détruit, balayé et le voilà obligé de repartir à zéro.

Le vent se leva faisant se baisser la capuche du guerrier qui ne prit pas la peine de la remettre en place. Les yeux fermés, il laissait le zéphyr battre son visage, les bras croisé sur sa poitrine. A qui pouvait-il penser à présent. A son passé ? Lorsque les Sylvains lui faisaient confiance, lorsqu'il était l'ombre de leur roi . A sa disgrâce ? A la honte qu'il avait du subir en étant traîné enchaîné devant une souveraine en deuil, aux courtisans qui lui avaient crachés dessus . Peut être à un peu de tout cela. Mais à quoi cela servait-il de ressasser le passé ? On avait réduit un peuple fier l'état d'une tribu haïe et méprisée. Aujourd'hui ce peuple relevait la tête et la vengeance serait à la hauteur de leur rancœur.

Ouvrant ses yeux sur les ténèbres, l'Elfe Noir se baissa pour ramasser un peu de terre et l'enferma dans un flacon. Elle lui serait utile pour plus tard. Il regarda une dernière fois cette cité qui semblait le narguer.

Lil waela lueth weala ragar brorna - lueth wund nind, kyorlin elghinn

Seuls les mots de son peuple pouvaient traduire ce qu'il ressentait.

Quelque part oui .........................Mais je préfère le mot Kl'eril (incapable, incompétent) pour te qualifier. La prochaine fois que tu veux rester dans mon dos, évite de respirer comme un cretok (orc).

Cette espèce disparut depuis des siècles auraient pourtant pu être utile aux Drows, car malgré leur bêtise plus que légendaire, ils étaient de valeureux guerriers. Forts, résistants à la douleurs, trop sensibles à la lumière aussi, mais bon, pour les raids nocturnes ils étaient très pratiques. Brutaux, violents sans pitié............... Mais bon, il s'occuperait de réfléchir à l'extinction des Orcs plus tard. Là il avait un maître d'arme un peu trop fanfaron à son goût. Le voyant face à lui avec cette attitude, il porta la main à sa dague et Siegfried ne du sa survie qu'à l'arrivée d'une nouvelle tête. Laissant Siegfried là, il s'avança vers la femme qui parlait le langage de son peuple, sans accent d'ailleurs. Pourtant rien en elle ne laissait présager qu'elle avait du sang Drow. Il la regarda s'ouvrir la paume de la main et l'écouta attentivement.

Finalement il tendit la main vers elle pour l'aider à se relever

Vendui '
(Je vous salue)

Doucement il porta la plaie à ses lèvres et goûta le sang de la sorcière qui lui faisait face

Jar'lyn

Si la magicienne était aussi intelligente qu'il y paraissait, elle comprendrait qu'il s'agissait du prénom que lui offrait Tebryn. En lui faisant ce don, il l'admettait à part entière dans son clan et parmi et les Drows. Pourquoi ? Lui qui était si méfiant de nature. Mais en elle, il sentait un quelque chose qui lui plaisait, qui le poussait à lui faire une place en son peuple. Étrange...............oui c'était le mot pour définir cette soirée qui semblait vouloir ne pas être si tranquille que prévu. A la question de sa nouvelle alliée, il sourit et regarda un instant Siegfried, son rictus mauvais collé aux lèvres

Lil alurl velve zhah lil velkyn uss
(Le meilleur couteau est invisible)

Siegfried se retrouvait donc en sursis, une fois de plus par son effronterie. Un mot de trop et Tebryn n'hésiterait pas à lancer sa nouvelle recrue ou d'autres tueurs à ses trousses et sans que le maître d'arme ne le sache. Les Tueurs de l'Ombre............... C'est ainsi que le Drow définissait son peuple, même si pour l'instant c'était un ramassis de soudards mais il allait se charger de remettre tout ça en marche et alors, il ferait trembler ce monde si beau, si pur, si écoeurant............

Minos..............Je ne pense pas que tu ais assez d'autorité pour dire à Jar'Lyn qui elle peut tuer ou non. Siegfried est un Drow si je ne m'abuse et en tant que tel, je suis le seul à pouvoir disposer de sa vie. De plus, ne t'avise plus de l'insulter devant moi. La valeur de quelqu'un est une notion trop fine pour que quelqu'un d'aussi fluctuant que toi ne la comprenne réellement. Tu n'en saisi que la forme restant insensible à ses tréfonds.

Entendant que le sorcier n'avait pas encore réussit à retrouver Kirua ou le moindre de ses partisans, ses yeux s'étirèrent.

Dois-je en conclure que tu m'es inutile ? Je te donne jusqu'à la nouvelle lune pour me ramener la tête de ce traître ou à défaut de dix de ses partisans. Si ce n'est pas fait tu comprendras que je mette en doute ta loyauté et que je prenne des mesures à ton encontre..........

Bien que froide, la voix du guerrier ne s'était pas élevée d'un ton. Elle restait toujours aussi basse, presque un murmure. Il ne servait à rien d'alerter les guetteurs Sylvains.

Wanre (apprenti).................. Ainsi donc te voilà retombé dans les plus basses besognes Siegfried et tu voudrais me donner un plan ? N'est-ce pas présomptueux de ta part ? Mais tu as de la chance, je suis d'humeur à rire ce soir, alors énonce donc ton idée de génie.

Sentant sa nouvelle alliée se tendre face à l'arrogance de Minos, le guerrier lui posa la main sur l'épaule pour l'apaiser. Il se tenait juste derrière elle et cela formait un contraste détonnant. Il la surplombait par sa stature et la couleur de jais de sa peau tranchait de la peau claire de la sorcière. Il regarda le sorcier s'éloigner et se pencha vers l'oreille de la femme

Sargh lueth kyona phuul dro'xundus lueth ol naut inbal nausbyr.
(Force aux armes et prudence sont survie et il n'a ni l'un, ni l'autre.)

C'était en quelque sorte une mise à mort différée pour le sorcier. Lorsqu'il cesserait d'être utile, il cesserait d'être.


Vel'uss zhah nindol rath'arg ? Taga l'Inbal xunus ?
(qui est ce lâche ? Que t'a-t-il fait)

Si Tebryn fut plutôt surpris d'entendre la voix de la magicienne dans sa tête, il n'en laissa rien paraître aux yeux de ses deux interlocuteurs. Mais il nota l'information, il faudrait qu'il voit avec Aryane si son don avait des limites dans l'espace. Si la Demie Drow pouvait communiquer ainsi à une distance lointaine, il y avait là un atout à jouer. Enfin.........il se contenta de murmurer si bas qu'il n'était pas sûr que même l'ouïe fine des Sombres l'entende

Ssinjin? Uk zhal'la tlu stre t'yin.
(Doux ? Il devrait avoir peur alors.)

Regardant un instant Siegfried, il se désintéressa de lui, en sentant le frisson qui parcourut Aryane, un léger sourire amusé aux lèvres. Chef de guerre impitoyable certes mais être de chair et de sang aussi, même si il s'efforçait de faire taire cette partie ci de son lui pour ne pas se détourner de ses objectifs. Profitant d'un léger rayon de lune qui avait réussit à percer la masse des nuages qui assombrissait cette nuit, il l'observa le regard toujours aussi indéchiffrable. Il devait reconnaître que malgré son aspect un peu trop humain, elle était emplie de grâce, le froideur qui se dégageait d'elle ne faisant que rajouter à sa suavité naturelle. Elle ne laissa rien paraître lorsqu'il mentionna le lâche dont elle lui avait parlé et pourtant le désir d'une vengeance devait être animé par un colère sourde.

Le Sombre regarda le miroir et se contenta de légèrement hocher la tête lorsqu'elle lui expliqua son utilité. En ne prenant pas le risque de passer son histoire directement dans les pensées de Tebryn, elle marquait un nouveau point. Le guerrier avait une sainte horreur que l'on cherche à farfouiller dans sa tête. Deux ou trois sorciers s'y étaient risqués. tout ce qu'ils avaient gagnés c'est une mort lente et très douloureuse sous le regard rancunier du Drow.

Plongeant son regard sur le miroir, il vit Aryane dans une mauvaise posture, un Drow s'acharnant sur elle. Inconsciemment Tebryn serra la mâchoire imperceptiblement. La cruauté de son peuple ne lui était pas inconnu, loin de là, il était même de ceux qui se battaient pour la cultiver mais ça................ Vu le jeune âge de Aryane, elle ne devait être qu'une enfant à cette époque et chez les Drows les enfants étaient sacrés bien qu'élevés sans douceur aucune. La population des Sombres ne bénéficiaient pas d'une assez grande natalité pour se permettre de perdre des enfants. Hors cet homme qui qu'il soit devait savoir que Aryane possédait du sang des Sombres car elle parlait leur langue. Or aucun peuple ne faisait l'effort d'apprendre le langage de ceux qu'ils considéraient comme la lie de leur société.

La scène se brouilla et Tebryn fit à peine attention aux autres images qui auraient sûrement choqués tout autre être qu'un Sombre. Les demi Drow étaient normalement tués dès la naissance avec leurs parents, mais depuis la prise de pouvoir du guerrier, cette règle s'était assouplie, pour être plus exact elle avait été abolie. Tout sang Drow était bon à prendre, fut-il métissé........... C'est la voix suave de Aryan qui le ramena à la réalité. Son père ? Cette fois, le masque du Sombre faillit se fissurer tant il était.........écoeuré. Il se reprit à temps et lorsque la magicienne se retourna vers lui, il se plongea dans son regard aussi froid que le sien.

Mzild naukhel orn jivviim dos.
(Plus personne ne te fera de mal)

Par ces quelques mots, il lui offrait sa protection. Et si quelqu'un était assez suicidaire pour tenter quelque chose contre elle qu'il se prépare à assumer et à payer très chèrement ses choix. A ses côtés, elle apprendrait tout ce dont elle aurait besoin pour accomplir sa vengeance, car il la laisserait faire, se serait l'insulter que lui voler sa revanche et il ne souhaitait pas froisser la magicienne.

Jar'Lyn.............

Pourquoi ce nom, mystère, même pour lui. Il lui était venu naturellement face à la Demie Drow. Mais il lui allait à merveille. Beau et pourtant dénué de toute douceur.

Usstan zhal belbau dos mzilt mzild ka dos ssinssrin ol.
(Je te donnerai bien plus si tu le veux.)

Si Siegfried était toujours là, il devait se sentir bien seul car il n'existait plus pour Tebryn. Doucement, il posa sa main sur la joue de sa protégée puis la fit glisser vers son cou, avant de la ramener vers son menton, lui relevant légèrement le visage, cherchant une réponse sur ses traits même si devinait avoir fort peu de chance d'en trouver une. Il se retrouvait avec son double féminin devant lui et c'était assez troublant. C'est à peine si il s'occupa des mots de Siegfried; c'était si...............petit et bas que même un chien n'aurait pas relevé ces inepties. Néanmoins, Tebryn sans lâcher Aryane des yeux rajouta à l'intention du mort en sursis.

Ka dos yutsu pholor udossta eairthin, l'streea orn tlu dosst'ranndi
(Si l'on te revoit sur nos terres, la mort sera ton épouse)

Encore cette voix dans sa tête qui semblait le caresser pour mieux l'ensorceler. Si cela avait toujours déplu à Tebryn, il n'en était rien cette fois-ci. Cette légère incursion dans ses pensées avait un goût très agréable. Acidulé avec un enrobage fondant. les paroles de la Demie Drow ne le heurtèrent même pas, ni même le ton employé. Il s'attendait à cette demande.

Er'griff dos orn yikss pholor ukt streea
(Toi seule décidera de sa mort)

Ce qui était en soi un présent de grande valeur car comme l'avait fait remarquer Aryane, seul Tebryn avait le droit de décider de qui vivrait et de qui mourait au sein de son clan. Mais le Drow qui avait agressé la magicienne venait de perdre cette chance d'être sous la tutelle de son dirigeant. Le Sombre venait de remettre sa vie entre les mains de sa protégée et nul doute que celle-ci serait précisément quoi en faire. Mais il ne s'attendait pas à la réaction d'Aryane à sa proposition et il ferma les yeux lorsque les lèvres de la Demie Drow rencontrèrent la peau de sa main. Quelques secondes d'inattention qui auraient pu lui être fatales. Seulement il ne pensait pas aux conséquences à cet instant précis. Sa nature d'être et non de simple dirigeant se réveillait doucement.

Il laissa son regard revenir à la lune lorsqu'il sentit la paume de la jeune magicienne sur son torse et lui prit la main entre les siennes pour l'écarter doucement. Tebryn continuait de l'observer et sourit en entendant ses mots. Ainsi, donc elle voulait s'amuser............... Car c'était bien le sens de ses paroles, elle promettait mais ne donnait que bien peu. un simple effleurement qui allumait les étincelles d'un futur brasier. Lentement l'homme dans le dirigeant brisait les chaînes avec lesquelles Tebryn l'avait emprisonné. Il sortait de sa prison, faisant vibrer le Drow. Remontant sa main, il dégagea des mèches de cheveux de la magicienne pour pouvoir lui murmurer à l'oreille :

Ghil ph'wiles vel'bolen Usstan zhal naut gotfrer.
(Voilà des mots que je n'oublierai pas)

Se mouvement eut pour conséquence de faire se frôler leur corps. Juste le temps de ressentir la chaleur de l'autre que déjà le Sombre s'écartait légèrement. Jeu de séduction et de pouvoir. Les deux étaient si proches.............Tebryn la regarder se poser prêt de Siegfried et n'entendit pas les mots que la magicienne lui soufflaient, néanmoins, il pouvait presque parier qu'ils étaient loin de ceux qu'elle lui murmurait quelques secondes plus tôt. La regardant revenir, il se laissa une fois de plus charmer par son allure, si envoûtante. Tout en elle était séduction.

Brusquement Jar'Lyn changea. aussi brusquement que le ciel les jours d'été lorsque l'orage violent venait remplacer le chant des oiseaux en quelques instants fugaces. Le gémissement qu'elle lâcha n'était pas fait pour le rassurer et il amorça un pas vers elle, bien vite stoppé par une injure. Regardant autour de lui, il ne vit rien d'autre que la nuit. Le traître était parti, ils étaient seuls et cette insulte n'était pas dirigée contre lui. D'ailleurs ses paroles le confirmèrent à Tebryn qui n'avait plus bougé.

Lu'oh ?
(Comment ?)

Jar'Lyn partageait-elle un lien télépathique avec son père. Si c'était le cas celui-ci devait être un sorcier et il ne serait pas difficile à dénicher. Se rapprochant de la Demie Drow, il hésita un instant avant de s'accroupir devant elle, tous ses sens aux aguets. Le Drow ne viendrait sûrement pas ici, mais il valait mieux être prudent. Un mince sourire vint sur les lèvres de Tebryn lorsqu'il vit la moue boudeuse de Jar'lyn. Voilà bien un comportement de Drow, ne pas trembler face à l'ennemi.

Dos noamuth l'boron d'l'brorn jhal dos inbal l'byr i'dollen ulu vharelgg dos.
(Tu as perdu l'avantage de la surprise mais il te reste d'autres voies pour te venger.)

Elle l'ignorait donc.............Encore un peu jeune pour connaître tous les méandres de son art. Tebryn lui avait sa petite idée et comptait bien lui en toucher deux mots plus tard. Il n'était nullement sorcier mais savait comment ces gens là procédaient, et ce qui venait de se produire lui indiquait où cherchait. Ou plus exactement où envoyer Jar'Lyn chercher pour assouvir sa vengeance contre son géniteur. Un Drow de moins ne l'arrangerait nullement mais le Sombre lui accorderait pourtant cette vie. Cela ferait un exemple pour ce qui seraient tenté d'agir ainsi contre leurs enfants. C'était une perte utile, donc acceptable. Malgré le jeu qui s'instaurait entre eux, Tebryn ne pouvait totalement faire taire sa nature de dirigeant et si la demande de la magicienne avait porté préjudice à son clan, il se serait vu dans l'obligation de lui refuser cette vengeance. Quoiqu'il se passe dans sa vie, la gloire des Sombres passeraient avant tout.

Il la regarda glisser à terre sans un mot, se contentant de la suivre des yeux, caressant du regard sa frêle silhouette. Encore un frôlement qui exacerbait leur sens, faisant renaître ce désir entre eux que "l'apparition" du géniteur de Jar'Lyn avait presque fait s'envoler. Le guerrier ne recula pas lorsque la sorcière passa ses mains autour de son cou, lui donnant implicitement la liberté d'agir à sa guise. Grisé par cette présence qui faisait brûler son sang, il posa une main sur la taille fine. Nulle possession dans ce geste. Cette main n'était pas là pour la retenir de force, il ne faisait que répondre naturellement au geste de Jar'lyn. Leurs regards s'entrechoquaient, attisant le brasier qui ravageait leur corps, décuplant cette tension si agréable entre eux.

Les lèvres sur son cou étaient aussi brûlantes que la lave d'un volcan, laissant des traînées invisibles de leur feu sur la peau du Drow qui rapprocha la magicienne de lui. C'était un jeu dangereux désormais qui requerrait la maîtrise la plus absolue de ses sens pour ne pas céder face à la passion qui grondait, cherchant à se libérer, à prendre le dessus pour les engloutir. Un frisson, le parcourut lorsque la Demi Drow se permit de le mordre légèrement. Rien de douloureux, non loin de là. Et son nom.....Tebryn n'avait jamais pensé qu'il puisse l'entendre dire avec autant de sensualité un jour.

Orn'la dos xo'al ulu p'obon dosst ehmth ?
(Chercherais-tu à marquer ton territoire ?)

Le ton du Sombre n'était pas teinté de reproche, non c'était plus de l'amusement que l'on pouvait percevoir dans sa voix. Leurs corps si proches se frôlaient à chacune de leur respiration et il aurait fallu juste une étincelle pour tout faire basculer. Mais non, ce n'était pas le moment, pas maintenant.............................D'ailleurs Jar'Lyn s'éloignait déjà. Le Sombre se releva et posa sa main sur le morceau de peau que la magicienne avait marqué. Lorsqu'elle lui parla, il releva le regard vers elle, un regard indéchiffrable. Il n'était plus question de jeu ici. La Demie Drow demandait une place aux côtés de Tebryn et pas en tant que simple maîtresse. Lorsqu'elle lui saisit le menton, leurs yeux se confrontèrent. Elle cherchait quelque chose qu'elle ne trouverait pas. Le Sombre comme à son habitude n'avait pas agi sans réfléchir, même si ici la réflexion fut brève. Elle était belle, forte, intelligente et surtout en elle le caractère Drow se trouvait sublimé. Elle avait tout pour faire une parfaite compagne, pour perpétuer la lignée du guerrier.
Car ce n'est pas une femme enamourée et fade que recherchait le Sombre. Il voulait pouvoir compter sur une femme de caractère, qui sache le soutenir, agir, une vrai Reine tel que les Drows l'entendaient. Et Jar'Lyn semblait regrouper tout ce qu'il recherchait.

Siyo
(Oui)

Un simple mot pour lui offrir un avenir. Sans brusquerie mais avec une certaine force, le guerrier la ramena vers lui et se penchant sur la silhouette gracieuse, il déroba les lèvres pleines et tentatrices de la Demie Drow pour un baiser brûlant. Le sombre s'enivrait de la saveur de la jeune femme. Il n'y avait plus de recul possible pour Jar'Lyn, si tant est qu'elle veuille reculer. Relâchant les lèvres de la magicienne, il les caressa du pouce la regardant.

Rilbol zotreth qua'laen dos, orn tlu biu zotreth qua'laen uns'aa.
(Chaque coup contre toi, sera un coup contre moi)

Par ces simples mots, il lui accordait la rang qu'elle demandait.

Tebryn contempla un long moment les traits de Jar'lyn en silence. Son regard scrutait son visage comme si ses yeux essayaient de transpercer la jeune Demie Drow, de fouiller les tréfonds de son âme, cherchant quelque chose. Le Sombre pouvait paraître effrayant pour ses ennemis comme d'ailleurs tous ceux de sa race. De tous les êtres que portai cette Terre, son peuple était le seul à porter cette peau noire, symbole de la corruption de leur âme par la violence et la cruauté. Un Drow ne connaissait jamais la paix de l'âme. Celle-ci était en permanence agitée par les tourments de la haine qui les dévorait, dévoré par la cruauté qui les faisait être rejeté par toutes les autres races, même et surtout par leurs cousins les Sylvains. Beaucoup comparait les Sombres à des statues, car comme ses oeuvres de pierre rien ne semblait pouvoir les toucher. On pouvait tuer les êtres les plus chers à leur coeur sans que cela ne leur tire une larme ou une plainte.

Neitar lassrinn nindol iglata.
(Ne brise jamais cette promesse)

Depuis leurs premier mots échangés c'était la seule fois ou Tebryn se montra dur. Il venait de se faire violence pour laisser une part de son humanité refaire surface et elle n'avait pas intérêt à le décevoir car l'ire du guerrier dépasserait alors en cruauté tous les actes qu'il avait pu commettre. Il se laissa attirer, tout en opposant une légère résistance, juste pour lui rappeler qui commandait. Il l'acceptait comme compagne car en elle, il avait pu trouver un équivalent à lui même. Il avait déniché la perle rare qui saurait le compléter et l'épauler mais Jar'Lyn resterait sa compagne, elle ne serait pas la dirigeante. Cependant Tebryn lui faisait confiance pour ne pas oublier où était sa place. le baiser brûlant était loin d'un baiser empli d'amour et de tendresse, mais ces deux sentiments étaient quasiment méconnus des Sombres. Il la laissa se blottir contre lui, passant un bras autour de sa taille pour soutenir la chaleur de son corps à travers les habits de la magicienne. Son autre main, se posa sur sa tête caressant un instant ses cheveux. C'est les paroles de Jar'Lyn qui stoppa le geste et le guerrier ne pu retenir un éclat de rire. Décidément, elle lui plaisait.

Vel'bol orn'la dos tesso ulu elgg nindol ji ssin'urn lanke lu'jal vel'bolen dron gaer xor dron pholor ol ?
(Que dirais-tu de détruire ce si beau lac et tout ce qui y vit ou en vit ?)

Pris comme cela la menace semblait faible, mais Tebryn parierait sa place que Jar'Lyn comprendrait la portée de ses mots et toute la douleur et la souffrance qui en découlerait pour les Sylvains.

[ C'est tout court. Dizoulé]