Révélation... [ PV ]

[Bon Nakor, puisque tu harcèles LilY, j'arrive^^ ]

Le jeune demi elfe avait les oreilles qui trainaient. C'était mal élevé, mais on était voleur ou on ne l'était pas et écouter aux portes était une déformation professionnelle, si on voulait. Surtout que dés qu'il voyait LilY et Nakor ensemble, il ne pouvait s'empêcher de tendre l'oreille, se doutant qu'ils devaient parler de choses intimes. Le vieux magicien semblait avoir prit en affection LilY, comme une fille, ou une petite fille, ou même plus que cela au vu de son âge canonique. Alors forçément, il s'intéressait à elle et sa santé.

Par les dieux! N'étaient-ils pas en train de parler de la grossesse de LilY par hasard? Non, personne ne pouvait savoir, personne ne pouvait même se douter de quoique ce soit n'est-ce pas? Qu'ils soient en couple ne faisait plus aucun doute maintenant. Mais de là à ce qu'elle attende un enfant de lui il y avait un gouffre... Seulement le vieux magicien avait plus d'un tour dans son chapeau. Malin comme un singe, rusé comme un renard et aussi curieux qu'une fouine!

Après tout, n'avait-il pas découvert que le jeune voleur était un sang mêlé alors que tout le reste de l'équipe, hormis LilY, le pensait simplement humain? Oh Aidan aimait bien nakor, là n'était pas le problème. Il aimait échanger des piques avec lui, ça lui changeait un peu des rabats joies qui ne savaient pas discener humour de moquerie. Pas la peine de faire une tronche de 3 km pour montrer qu'on savait être sérieux. Et en l'occurence, le demi elfe n'avait pas envie de faire la gueule tout le long du voyage.

Quand Nakor s'exclama que LilY racontait de supers plaisanteries, Aidan sut tout de suite qu'ils parlaient de choses bien plus sérieuses. Dans le couple, le blagueur, c'était surtout lui, pas elle. Il capta bien quelques bribes, mais rien de vraiment compréhensible et à moins de ralentir pour se rapprocher, ce qui ne serait pas discret, il n'entendrait pas mieux. Il soupira et abandonna.

Jusqu'à ce que Nakor vienne à sa hauteur. On aurait pu penser qu'un tel magicien serait digne et tout... Et bien non, c'était surement le plus grand gamin qu'Aidan ai jamais vu! Voilà qu'il courait pour arriver jusqu'à lui, si bien que le demi elfe tourna la tête pour le voir arriver. Le lanceur de sorts ne s'était pas fait très discret non plus. Avec ironie, le voleur lança :

- "Eh bien, elle en avait des plaisanteries à raconter LilY... Je ne la savais pas si savante en matière de blagues. Si tu viens en quémander de nouvelles, ce n'est pas la peine, la plupart de celles qu'elle t'a raconté sont de moi."

Il lança un regard perçant au magicien, signifiant clairement qu'il n'était pas dupe de leur conversation, même s'il ignorait que Nakor savait et que pire encore, il voulait être parrain. Chose bien loin de l'esprit du jeune voleur et futur père.

Le jeune demi elfe se pinça l'arrête du nez, se disant que la conversation allait être longue si le magicien s'amusait déjà à parler de la sorte. Le voleur n'était pas idiot, mais il n'était pas philosophe non plus et n'avait pas l'éducation nécessaire pour comprendre toutes les phrases alambiquées du vieil homme. Il allait lui coller la migraine oui! D'ailleurs, il allait le lui dire quand Nakor voulut lui murmurer quelque chose. Se prêtant au jeu bien malgré lui, et surtout à cause de sa damnée curiosité, il se pencha et écouta ce que le magicien avait à lui dire.

Il cessa de sourire quand Nakor lui parla de ses vols et de sa rencontre avec LilY. Tout n'était pas exact, loin de là même, mais il y avait des bases de vérité. il s'écarta du vieux magicien.

- "De un, je sais pertinnemment que vous parliez de moi, ou du moins en partie. Mais que veux-tu dire par miracle?"

Il pinça les lèvres.

- "De deux, la curiosité est un vilain défaut, je pensais que quelqu'un de ton âge le savait. Qu'est-ce que cela peut bien te faire ce que j'ai fais avant? Ce que je fais en dehors de ce voyage? Un fois terminé, je retournerais à mes occupations, avec Lily et nous nous séparerons. Je ne sais rien de toi, d'Adria, de Merriadeck ou de Belegar et à vrai dire je m'en fiche."

Cependant, le vieux mage était malin, il avait titillé la fierté du voleur, qui avait bien du mal à ne pas détromper le magicien. Et finalement, il céda, autant pour son orgueil, que parcequ'il savait pertinemment que Nakor n'en resterait pas là.

- "Mais sache pour ta gouverne que tes informations arrachés à une jeune fille amadouée par tes airs de papy gateau sont fausses, je ne l'ai pas rencontré en mer, mais bel et bien dans les rues d'Ydril. La seule chose à peu près vraie concerne mon activité. Et je ne vole pas les vieilles femmes sans défenses, plutôt les riches bourgeoises qui ont trop d'or et ne savent pas quoi en faire."

Il eut un petit mouvement d'humeur. Il avait à peu près rétablit la vérité. De toutes façons, il doutait que Nakor le balance aux autorités. Il reprit avec auto dérision :

- "Je ne suis ni un héros, ni un fier guerrier, ni un preux chevalier, je suis juste un voleur appaté par l'or que tu nous as promit."

Il détourna le regard et frotta machinalement les doigts qu'il avait eu de cassé dans les cachots de Diantra. L'humidité ambiante ravivait la douleur. Qu'est-ce que Nakor savait au juste? Il prêchait le faux pour savoir le vrai... mais savait-il que le demi elfe avait été enfermé et tabassé? Condamné à mort? Et qu'il ne devait sa survie qu'à l'intervention inespérée de LilY?

- "Ta curiosité est-elle satisfaite?"

- "Tu me donnes mal à la tête Nakor avec tes phrases pseudo philosophiques. Je n'ai jamais compris ce besoin de devoir sans cesse tout expliquer."

Pour une simple et bonne raison : le voleur vivait au jour le jour, profitait de la vie tranquillement et évitait de trop se prendre la tête avec de grandes questions existencielles. c'était toute une éducation qui était en jeu, une éducation faite par soi même. Personne ne l'avait façonné, il s'était construit tout seul, au fil des expériences douloureuses de la vie.

Le vieux magicien donna une tape dans le dos du demi elfe qui toussota. C'est qu'il avait de la force ce vieux machin! En plus, il semblait apprécier de décoller les poumons du voleur dés qu'il le pouvait. Ce n'était pas la première fois qu'il était la cible de ses claques amicales.

- "Oh tu mentais? Quelle surprise..."

De nouveau ironique, Aidan regardait Nakor. Il s'était bien douté que le mage bluffait pour apprendre la vérité. Et si Aidan la lui livrait, c'était en toute conscience de ses actes. Cependant, il sourcilla quand Nakor le traita de menteur.

- "Non, je n'ai pas mentit."

Pas sciemment en tous les cas. Cependant, najor insista en lui disant que s'il ne parlait pas, il irait directement chercher l'information dans son cerveau. Cette fois, il eut le droit à un regard mi furieux, mi incrédule. Aidan n'aimait pas le sjeteurs de sorts. Parce que c'étaient bien eux les pires manipulateurs et menteurs que la terre ai porté. Et si ils pouvaient en plus, violer son intimité comme ça... Ses pensées étaient bien la seule chose qui n'avait pas été profanée.

- "Eh bien, si tu arrives à avoir bonne conscience en lisant dans l'esprit des autres de telles futilités..."

Encore, qu'on soutire une information capitale... Mais là, une rencontre entre deux jeunes gens, c'était du délire! il soupira et se frotta de nouveau les doigts, un brin nerveux. Bluff ou pas?

- "Il n'y a rien de bien secret de toutes façons. Je discutais de choses importantes et assez privées avec quelqu'un quand LilY a surprit notre conversation et a décidé de me suivre. Elle est douée pour la filature, d'ailleurs, sauf que je l'ai senti, que je l'ai attendu à un coin de rue et que je lui suis tombé dessus par surprise pour savoir ce qu'elle me voulait. Après quelques coups et piques, nous avons décidé de finir la soirée et la nuit ensemble."

Et au matin, il était parti. Sans elle. Et ne l'avait retrouvé que des semaines plus tard dans un cachot humide, bien amoché. Mais ça, Najor n'avait pas à le savoir.

Aidan jouait-il lui aussi avec Nakor? Oui, c'était possible, bien qu'il ne se leurrait pas, en termes de rouerie, jamais il n'arriverait à la cheville d'un magicien vieux de plusieurs siècles. Mais de toutes façons, le mage ne lui lacherait pas la grappe tant qu'il n'aurait pas ce qu'il voulait. La question était de savoir : que voulait-il? il tournait autour du pot et le demi elfe avait de plus en plus de mal de voir où il voulait en venir. La peste soit des magiciens et de leurs cironcolutions sans fins!

Aidan ouvrit la bouche pour répliquer, quand le double sens de ses propos lui apparut limpide. Il regarda Nakor, avec surprise.

- "Oh par les dieux, ce sont bien les vieux les plus pervers..."

Il toussota, un peu géné, avant de reprendre à voix basse :

- "Elle n'a pas mentit et moi non plus. Tu as la vérité sous les yeux, il suffit de se faire emboiter les deux parties du puzzle. Ensuite, quand je dis que je lui suis tombé dessus, c'est au sans propre du terme. J'étais en hauteur et quand elle est arrivée, je me suis laissé fglissé jusqu'à elle pour la surprendre et savoir ce qu'elle me voulait. Sauf qu'elle était plus dégourdie que je ne le pensais et que les situations se sont inversées."

Il grimaca. LilY l'avait bien eu cette fois là.

- "Je pense que tu commences à me connaître et que tu connais déjà LilY. Notre rencontre a été... houleuse. Mais elle s'est mieux terminée qu'elle n'avait commencé."

Il ne revint pas sur le fait qu'il était parti à l'aube, qu'il l'avait abandonné. Après tout, ils avaient fait un marché avant de s'aimer : pas de complications, pas d'attaches... Mais de cette première nuit, il y avait bien eu une conséquence. Une conséquence qui commençait à se voir, 4 mois plus tard.

- "Nakor, tu pourrais arrêter d'essayer de me décoller les poumons, je t'en serais très reconnaissant!"

Il lui posa alors une question qui le laissa perplexe, jusqu'à ce que le vieux magicien se mette en tête de le chatouiller avec sa barbe neigeuse, arrachant un sourire au demi elfe tourmenté.

- "Tss arrête, je n'arrive pas à me concentrer... Je ne sais pas ce que tu veux... Pourquoi ne poses-tu pas simplement la question au lieu de tourner autour du pot?"

Et pourtant, sans le savoir, dans le fil de ses pensées, il avait mit le doigt exactement sur ce que voulait Nakor. Une première nuit, un enfant. C'était aussi simple que cela... Il lança un coup d'oeil suspicieux à Nakor et demanda d'une voix méfiante :

- "De quoi t'a parlé LilY exactement?"

[Je vais mourir de honte, mais je suis morte de rire xD]

Aidan ne s'était pas attendu à déclencher chez Nakor un excès de démence aigue par ses réponses et ses questions. Si bien que quand le vieux magicien hurla, il sursauta et le regarda, vaguement inquiet. il s'était fait mal ou quoi? Il écarquilla alors les yeux d'épouvante quand le mage le prit comme on prend une cavalière lors de la fête du village et se mit à danser avec le pauvre voleur mort de honte qui ne savait pas comment se dépétrer de son compagnon déjanté.

Il finit pourtant par le relâcher et Aidan reprit son souffle après cette gigue endiablée. Il jeta un coup d'oeil autour de lui. Il y avait Lily derrière qui avait sans doute tout vu et ne manquerait pas de le charrier avec ça, mais les autres compagnons de route étaient avancés suffisamment pour ne rien avoir suivi de l'affaire.

Nakor revint à la charge grâce à une claque monumentale qui fit perdre l'équilibre au demi elfe qui se rattrapa de justesse, grâce à ses réflexes et son agilité naturelle... mise à mal ces cinqs dernières minutes.

- "Nakor, tu as une curieuse façon de le montrer."

Il grimaçait. A force de coups répétés, ses vieilles douleurs aux côtés s'étaient réveillées et il porta sa main là où elles avaient été cassées quelques semaines plus tôt.

- "Vas-y doucement quand même, je ne suis pas très endurant et tu as trop de force pour ma santé."

Il se redressa. Ce n'était pas la première fois que le vieux magicien le surprenait par sa force et sa vigueur. Et à chaque fois, il s'y laissait prendre. Il fit la moue devant le discours de Nakor qui noyait le poisson et ne lui apportait rien de nouveau. Le vieux magicien le regarda alors droit dans les yeux et Aidan se sentit transperçé par ce regard sans âge. Deyx secondes auparavant il aurait parié que le vieil homme était fou. Et maintenant, il avait l'impression qu'il possédait toute la sagesse du monde. Mais entre folie et sagesse, la limite était mince... Aidan se tortilla mal à l'aise sous ce regard clairvoyant, mais ne baissa pas les yeux.

Nakor le lâcha alors et il soupira de soulagement, soupir qui s'étrangla dans sa gorge quand Nakor lui demanda s'il pouvait être le parrain. Le demi elfe accusa le coup, restant silencieux pour se composer une attitude qu'il était loin d'avoir.

- "Tu m'auras vraiment tout fait."

Il jeta un regard à LilY avant de revenir à Nakor.

- "Comment l'as-tu deviné?"

Il ne répondit pas tout de suite à sa question d'être parrain. Il réflechissait. Il n'avait aucune raison de refuser. Un parrain était censé se soustraire aux parents s'il arrivait quelque chose à ceux-ci. C'était alors à lui de l'élever. Cependant, il fallait reconnaître que si l'enfant avait un parrain comme Nakor (qui ferait d'ailleurs office de grand père, puisque ni LilY, ni Aidan n'avaient de famille), il aurait plus de chance de faire quelque chose dans la vie que ses parents issus de la misère. Finalement, d'une voix calme, il demanda :

- "As-tu déjà été père Nakor?"

Au moins, il pouvait enfin parler à un autre homme de ça... peut-être en se confierait-il pas, ou peut-être que si, même lui l'ignorait. mais pour une fois, Aidan avait posé une question sincère et sérieuse au vieux magicien alors que les masques étaient tombés. Nakor aimait sincèrement LilY, de cela Aidan ne doutait pas. Qu'il puisse aimer aussi le voleur le laissait sceptique. Mais qu'il puisse aimer l'enfant de ces deux là, pas encore né, était touchant.

Terminé le rapport amicalement conflictuel entre les deux hommes. terminées les plaisanteries, les piques cyniques, la gigue folle et les douces moqueries. Non, leur relation venait de subtilement changer alors que le cadet demandait implicitement de l'aide à son aîné qui perdit son rôle de bouffon malicieux pour endosser celui d'homme sage. Et Aidan en remerciait sincèrement Nakor. Si celui-ci n'avait pas saisit la balle au bond, s'il ne s'était pas engouffré par la porte laissée entrouverte, nul doute qu'elle se serait refermée sans qu'il ne puisse en récupérer la clé.

Il passa sa main dans le dos d'Aidan, mais ce n'était pas une de ces tapes amicales et vigoureuse, non, c'était un geste affectif et réconfortant... Paternel? Nakor voyait-il Aidan comme un enfant à guider? Avait-il plus besoin d'aide que LilY? Oui, sans nul doute... Elle était plus jeune que lui, mais surement plus prête que lui à fonder une famille. Elle était plus adulte. Après tout, Aidan était demi elfe et son âge émotionnel n'était pas forçément accordé à son âge physique. De là venaient bien des paradoxes. En plus, il était enfant abandonné, élevé sans amour, habitué à se débrouiller seul... De là naissaient également bien des insécurités et des doutes.

Nakor reprit alors la parole, pour un long... très long moment. Mais Aidan écouta tout sans l'interrompre. Ainsi c'était Nakor qui avait renoué le lien entre LilY et Laowen. Il n'osait imaginer l'état émotionnel de LilY pour qu'elle ai pu songer se séparer de sa louve, de son ombre... Nakor lui fit ensuite un sermon sur ce qu'était la venue d'un enfant et comment ils devaient la concevoir. Oui, ce qu'il disait, c'était logique, mais Aidan ne le ressentait pas ainsi. Il était trop jeune pour avoir de telles responsabilités. Et pourtant, il était assez mûr pour ne pas fuir et les assumer. Même s'il ne savait pas comment.

Il lui parla ensuite des enfants qu'il avait élevée et qui étaient morts sous ses yeux. Aidan se mordit la lèvre inférieure, peiné pour le vieil homme, mais aussi parce que cette situation trouvait un écho en lui, un écho qui le hantait mais dont il n'avait jamais parlé à LilY. Finalement, il prit la parole, à voix murmurée et étouffée, seulement audible par le vieil homme :

- "Je suis demi elfe et Lily est humaine... Simplement humaine. Elle vieillira et mourra plus vite et avant moi, si toutefois la mort arrive naturellement. Notre... enfant, grandira comme un humain normal, du moins, je le pense et je risque même de lui survivre... je n'avais jamais songé à cela avant et rencontrer LilY. Je ne voulais pas y songer. Mais désormais, ce n'est plus possible de l'ignorer."

Il soupira, mais maintenant que la vanne était ouverte, elle ne se refermerait plus. Peut-être que Nakor lui avait jeté un sort de vérité, ou bien peut-être qu'il retrouvait en lui la figure paternelle qu'il n'avait jamais connu tout simplement.

- "Je n'ai jamais connu mes parents, je ne sais pas qui ils sont, pourquoi j'ai été abandonné... j'ai grandis dans un orphelinat miteux de Diantra. Evidemment, dans ce genre d'établissements, on n'aime pas les enfants, on les dresse, on les... exploite."

Il buta sur le mot. Il était lourd de significations pour qui savait ce qu'ils sous entendaient pour le demi elfe... Se servir d'enfants pour assouvir les plus bas instincts sexuels de l'homme... monstrueux. Mais horriblement courant.

- "Bref, je n'ai jamais été aimé, je me suis pris en charge seul. L'amour de parents, je ne connais pas. Et si... Si je n'aimais pas cet enfant? Si je ne savais pas l'éduquer? c'est stupide comme questions, mais j'ai l'impression que ma vie m'échappe ou qu'elle me rattrape."

Il se racla la gorge pour s'éclaircir la voix, devenue rauque par le doute et reprit :

- "Quand LilY m'a annoncé qu'elle était enceinte, j'ai cru que mon monde s'effondrait. Et pourtant, il ne m'est pas venu à l'idée de lui demander de s'en débarasser ou même de fuir. Elle doit avoir aussi peur que moi. C'était la première fois que je tombais amoureux de quelqu'un... tu sais pourquoi il y a eu une nuit, puis plusieurs autres mais à des semaines d'intervalle? Parce qu'au petit matin, je suis parti. Nous en avions convenu ainsi. Mais contrairement aux autres, elle, je n'arrivais pas à l'oublier. Et c'est devenu évident que j'avais besoin d'elle quand elle est venue me chercher dans les... les cachots de Diantra. Elle m'a évité la pendaison. Elle a tout risqué, même sa vie. Et je la remercie bien mal."

Il se tut, sa voix s'étant étouffée sous le poids des confessions. Ainsi donc le jeune voleur n'était-il pas aussi désinvolte qu'il le laissait croire. Ainsi donc des choses le hantaient, des doutes le ravageaient. Ainsi donc, il avait confiance en Nakor...

Le jeune batard ferma les yeux alors que les paroles de nakor pénétraient son esprit doucement. Il avait toiujours voulu vivre au jour le jour, sans s'embarasser du passer, sans se préoccuper du futur. Mais depuis l'annonce de la grossesse de LilY, il n'y parvenait plus aussi sereinement. Ah ça, avant, c'était facile! Il ne vivait que pour lui. Il n'avait à s'occuper que de lui! Vivre au jour le jour était facile. Sa vie misérable et miséreuse ne lui apportait rien. Les malheurs étaient derrière lui, depuis qu'il avait prit son envol et son indépendance. Il n'avait pas pu supporter l'idée de subir le même calvaire encore et encore comme une victime consentante et terrifiée. Oh, terrifié, il l'avait été. Et honteux aussi. Et en colère. Et il avait fuit, pour découvrir un autre monde, tout aussi dangereux, mais où personne n'avait d'autorité sur lui.

Mais LilY avait débarqué dans sa vie et tout avait changé. Trop rapidement. Le voleur insouciant avait maintenant à charge une femme et bientôt un enfant. Comment ne pas envisager l'avenir dés lors? Outre les questions existentielles sur comment subvenir à leurs besoins, il y avait cette horrible menace : il verrait LilY vieillir et mourir, alors que lui ne changerait que doucement... Cette pensée était insupportable, tellement qu'il n'en avait jamais parlé avec elle.

Voilà pourquoi en parler à nakor était si naturel. Parce que le vieil homme avait vécu cela. Comme il le disait lui-même, il n'était déjà pàlus très vert quand cela lui était arrivé. Mais le résultat était le même. il avait vu mourir ceux qu'il aimait les uns après les autres. Aidan espérait ne jamais vivre aussi longtemps que lui. Le voleur avait finalement un coeur trop tendre. Lily le lui avait souvent dit, le taquinant à ce propos.

- "Je n'avais jamais songé à cela avant... Mais maintenant, ces pensées ne me quittent pas. Et je n'ose pas en faire part à LilY."

Il esquissa un sourire désabusé quand nakor parla du juste chatiment réservé aux violeurs d'enfants et à ceux qui les exploitaient.

- "Malheureusement, il semblerait que tari tarde à les acceuillir et les punir comme il se doit. Aux dernières nouvelles ce genre de malfaisant sévit toujours. Ce n'est pas l'envie de m'en débarasser qui m'a manqué, mais cela revenait à replonger dans un passé que j'ai voulu fuir..."

Alors il n'avait rien fait. Il n'était pas un assassin, il ne savait pas tuer de sang froid. Tout juste tuait-il pour se défendre, pour s'échapper. Mais sinon... Il vivait sa petite vie tranquille et ne faisait de mal à personne si on l'oubliait. Malheureusement, sa lâcheté condamnait années après années d'autres orphelins à vivre la même chose que lui. Encore une pensée déprimante... Décidément...

Cependant, Nakor ne doutait absolument pas des capacités d'Aidan à aimer l'enfant. il aurait aimé être aussi sûr de lui que le vieil homme l'était, mais cela lui regonfla tout de même le moral. Après tout, nakor avait une grande expérience de la vie et des gens non? Son jugement devait être bon... il réussit même à faire sourire le demi elfe en parlant de lui comme un possible bon amant.

- "Pitié, ne me dis pas que LilY t'a parlé de cela aussi."

C'était une boutade oui, signe que le moral allait mieux. Il reprit pourtant son sérieux.

- "LilY est jeune, elle avait tout le temps d'enfanter. Là, cela nous tombe dessus sans que nous n'ayons rien vu venir. Je sais bien quelles sont les conséquences d'un acte d'amour charnel, mais je ne pensais pas que cela prendrait si vite..."

Il haussa les épaules. Maintenant, il fallait faire avec.

- "D'accord."

Il regarda Nakor, un demi sourire aux lèvres.

- "Je serais ravi, honoré et soulagé de savoir que tu veilles sur notre enfant... et sur nous."

Il l'acceptait comme parrain et il acceptait son aide tout simplement.

- "J'espère que tu ne vas pas en faire un disciple. Je n'aime pas les magiciens."

Son regard pétillait de nouveau de cette lueur espiègle coutumière et familière.

Aidan lança un regard en coin à Nakor alors que celui-ci parlait de faire justice. Une drôle d'expression passa alors sur le visage du demi elfe.

- "Le jour où tu t'intèresseras à eux, préviens-moi. Je pense qu'il faut maintenant cesser de fuir et affronter..."

Ils enchainèrent sur un sujet un peu plus joyeux. D'ailleurs, Nakor ne se priva pas pour taquiner le demi elfe sur ses performances sexuelles, ce qui eut le don de le faire rougir. il se reprit presqu'aussitôt et se composa une aisance qu'il ne ressentait pas vraiment, lançant d'un ton narquois :

- "Menteur, je doute que même toi tu arrives à lui faire parler de ce genre de choses. Remarque, je comprends qu'à ton âge on soit friand de ce genre de détails."

Et paf! Nouvelle claque, nouvel écart violent, alors qu'Aidan crachait de nouveau ses poumons et manquait une nouvelle fois de s'étaler. Nouvelle grimace alors qu'il tâtait ses côtes fragiles.

- "Aïeuh... Nakor, pitié, doucement sur les effusions violentes. J'ai encore quelques séquelles de mon séjour aux cachots."

Cela dit, ses paroles tombèrent dans l'oreille d'un sourd et il déchaina une réaction totalement incontrôlable quand il accepta l'aide de nakor. Celui-ci lui refit alors le coup de la gigue endiablée, mais en dix fois pire! Aidan n'aurait pas cru cela possible, mais si... Il essaya de se dépatouiller de la poigne du vieux magicien, mais sans succès. Et Nakor lui donna le coup de grâce quand il l'embrassa sur la bouche. Oh par les dieux, il allait mourir de honte.

Quand enfin, il se rendit compte que tout le monde les regardait, il relâcha le demi elfe qui s'écroula au sol, sonné par l'étreinte un peu trop vigoureuse du vieil homme.

- "Achevez-moi, je vais mourir de honte..."

Il prit une inspiration et releva la tête vers les autres. il reprit alors, plus sèchement :

- "Vous n'avez rien de mieux à faire! Allez, on a de la route, on continue, allez voir ailleurs si j'y suis!"

Il se releva, fusillant du regard ceux qui ne le détournaient pas. Ils finirent par abandonner et reprirent la route. Il regarda Nakor.

- "Tu te rends compte que je viens de perdre le peu de crédibilité que j'avais au sein du groupe?"

Il soupira et détourna les yeux, son expression se faisant plus lointaine. Qu'était-il venu faire dans cette galère alors qu'il ne servait strictement à rien, sinon à être le dindon de la farce?