L'offrande viciée de l'éternité...

Le silence est cette chape de fer qui m'entoure...La nuit est si jeune qu'elle entonne a mes oreilles les chants juvéniles du trépas...Je suis seule...Si seule...Si froide...Si...Morte...Mes bras entoure la frêle silhouette que je suis, ombre éthérée des ténèbres, guide fragile...J'avance pieds nus, le marbre froid est a l'image de mon âme...Noir..Si noir...Glacial....J'erre entre ces murs...Ils sont ma demeure, les témoins de mon ignominie putride, les prunelles aveugles de ma déchéance...Oserais je ? Oui...J'ose parce que je suis son chant éternel, parce que je suis son antre décharné, parce que chaque nuits, Il se repait de mes larmes...L'Oublié...Ecoute ma voix...

J'avance, ombre sensuelle et pâle...J'avance vers ce réceptacle de cristal aussi noir que mes labyrinthes méandriques...Un voile tombe...Un voile s'envole...Volute nébuleuse qui s'étale sur le sol...Un autre le suit, frère damné de mes perversions...Un autre encore, dévoilant l'éclat arraché de mon âme dévêtue...Encore un, libérant les membres fins et frêles...Nul ne viendra me déranger, nul n'en a le droit...L'Oracle prie...L'Oracle se déchire....L'Oracle s'ouvre les veines...Le couteau est si tendre sur ma peau fine, si douce est sa morsure...Je le dois...Je mourais autrement...La douleur m'enlace lentement...Le fer mord ma chair avec avidité, manié par ma main souveraine..Un sang pour un sang...Je le dois...Je mourais autrement...Ecoute mon chant larmoyant...Il pleure la mort, il pleure la disparition...Il pleure la chair putréfiée de l'homme...J'offre ma vie, j'offre mon sang...La peau s'ouvre doucement, se déchire dans un hurlement silencieux...Je l'entends gémir sous son bourreau de métal...Le poignet se fends...S'écoule la sombre vie liée au Vide éternel...Ecoute moi...Entends mes mots essoufflés de mort...

Je glisse a genoux...La coupe se remplit...Vois...Vois mon sacrifice...Bois...Bois le jusqu'à l'Oubli...Enivre toi de ce nectar savoureux qui t'es offert par ta servante...Pare tes lèvres d'un carmin éternel...Offre lui l'immortalité...Délivre le du spectre de la mort...Ma tête se renverse en arrière, le vertige me saisit entre ses griffes assoiffées...Délivre le...Enchaine le...

Par ma mort...Enchaine le...

La souffrance est refuge, elle explose en moi avec la force de l'ouragan déchainé..Elle est ces lames destructrices qui m'assaillent...Qui déchirent a pleines dents les chairs de mon âme...Elle est ce noir qui me tends les bras...Ce gouffre enivrant qui me murmure doucement une mélopée soulante d'ivresses nébuleuses...Je glisse lentement entre ses bras...Le marché est scellé...écrit en lettres de sang, cisaillées dans les chairs sanguinolentes...

Ma vie est la sienne, sa mort est la mienne...Homme sanctifié du sang d'une vierge immortelle...Eternelle...Union décadente, union diabolique, union soumise au souffle de l'Oublié...Union sacrée...Je meurs....

Abysséa, il était tôt, tôt pour moi mais tard pour le reste du monde. Le soleil était à peine caché et je commençais lentement à vivre. Les lumières de la citée vacillait avec déraison alors que je me levais avec une lenteur insoupçonné. Les draps était tiède, Alyaa était partit… sans doute au Temple. Nouveau songe, nouvelle révélation, nouveau besoin de s’isoler dans le mausolée dédié au Chaos.

Il prend ses vêtements, se dirige vers le bac d’eau qui est à présent glacé. Mais peut importe, ce n’est pas grave, après tout cela ne lui fera rien. Enfin, pas si il ne s’y attarde pas tout du moins. Alors il s’y plonge, se frictionne et sort, frottant avec énergie le tissus pour s’essuyer. Puis il s’habille… une chemise noire, les liens de cette dernière restant ouvert sur le haut de son torse. Un pantalon noir s’y accorde, en velours, simple mais de belle facture.

Il est beau, beau mais terriblement froid. Il prend d’une main sur son épée et l’attaque a sa ceinture avant de finalement sortir. Il marche, vagabonde dans la citée qui est la sienne. Il est le roi de cette cour des miracles… Le roi de ce peuple disparaitre et étrange. Pourtant, tous vivent ici avec une harmonie particulière. Mais voila… ses pas se font moins sur, il ne comprend pas…

Son esprit se vrille, sa gorge est sèche et il s’en dans sa poitrine son cœurs s’emballer et prés à se rompre. Il chancelle, s’appuie sur un mur alors qu’un garde s’approche déjà de lui, inquiet. Son visage est immuable, ses yeux vides, pourtant, il ressent quelque chose en lui. Il se sent mal… il souffre. Mais cette douleur n’est pas celle de son corps, mais celle de son âme, déchirée, étirée et malmené sans qu’il ne comprenne vraiment.

« Je vais… bien… »

Il dit cela, mais voila que de ses lèvres coule un peu de sang. Sa langue ? Oui, il se l’est mordu… quand ? Cela faisait des années que cela ne lui était pas arrivé, pas depuis qu’il était enfant ! Soudain, il le sent, il sait ce qu’il se passe. La voix… Alyaa touche a quelque chose en lui… elle ne ferait pas cela ?! Non… pourtant, si elle procède a se rite ses jours son coté ! Il sent une nouvelle vague de douleur et sans chercher à comprendre se met a courir. Il court, a en mourir, il bouscule, il chute mais se relève… il ne s’arrête que quand enfin il entre dans le temple sombre du Chaos.

Son cœur manque un battement à la vision du corps nue de la voix. Elle est blessé, faible… Non… pas ça. Il revoit sa sœur, dans un était plus définitif, une meurt abjecte et irréversible. Mais pour Alyaa c’est différent. Sa poitrine se soulève encore. Alors il se jette prés d’elle, s’agenouille… son visage reste inchangé mais pourtant il sent son ventre se tordre et le gêner. Il passe sa main sur sa joue, l’autre relevant sa tête il murmure.

« Alyaa… non… ne… ne me laisse pas… tu es éternelle… c’est ton éternité… pas la… la mienne. »

Elle bouge a peine, alors il la redresse, l’enlaçant contre lui alors qu’une larme coule le long de sa joue. Il ne la sent pas, ne s’en rend même pas vraiment compte. Il la serre pourtant… lui offrant son cou.

« Boit Alyaa… par pitié boit ! »

Sa voix reste inchangée mais se fait pourtant assez forte pour être un ordre.

Le déchirement s'amplifie...Lentement, l'âme s'ouvre, arrachée, déchirée, déchiquetée....Elle s'ouvre en deux...Déverse la lie de mes nébuleuses pensées. Elle s'écartèle dans un gémissement étrange, entre douleur et satisfaction...Le sang coule...C'est un nectar, une ambroisie empoisonnée qui coule de mes plaies...Le trouble envahit ma vision, le sang s'étends, se répands comme une épidémie d'oubli savoureux...Son parfum m'enivre, cuivré, salé...Une onde d'extase me percute...Je vois ma mort...Je la vois et elle danse...Elle me regarde et ondule...Elle sourit, elle m'appelle doucement...Mes lèvres se figent lentement...Un sourire nouveau, étrange...Ma chevelure d'or se gorge de carmin, teintant ses fibres d'une suavetée mortelle...Ainsi s'accomplit le rite...Interdit...Sulfureux...Indécent...Je l'ai fait...J'ai osé oui...Défier l'Ombre, lui imposer ma volonté de papier...J'ai osé me perdre...Chut..La glace m'étreint...Tombeau d'airain qui m'enlace tendrement...Mes yeux sont ouvert sur l'éternité asssombrie de sa Voix...De son chant dévorant...j'oublie la croix que je porte, j'oublie les visages qui dansent..Je ne peux...J'hoquète...Mes yeux se ferment..porte de miel qui se rabat lentement sur l'azue étoilée des iris qui hante mon visage...Je n'aurais pas du...Peut être...Mais j'ai osé...Offrir ce que j'ai de plus cher, car la perte serait immense...L'écho des pas se répercutent sur le marbre...Aveugle, mes prunelles s'ouvrent, presque opaque de l'immaculé...Elle vacille cette ombre qui s'avance, elle vacille, tremble...Chut...Pourquoi vacille tu ? Pourquoi tremble tu ? Je ne suis que cette partie qui se meurt, abandonnant la place a l'éternel...Un cristal roule sur la joue, je me sens glisser entre des bras irréels...Je rêve...J'oublie...Sa voix perce les ténèbres...Le cristal roule dans le vide, s'écrase sur mes cils entrouverts...Tais toi...N'ouvre pas la brèche déjà suintante de sang...

J'hoquète...

Entre mes lèvres coule la renaissance offerte...Extraite du désir, de l'envie, de l'amour...Il ne peut savoir tout cela...Il ne peut...Mais j'accepte cette offrande... Je m'y accroche, juste par l'éclat terne de ses iris fixées sur moi...Mon monde valse dans ces prunelles de glace...Oui, il tourbillonne, tournoie...Arash...Mon front s'émeut de ses lèvres, ma nuque se ploie sur son bras...Arash...La vie coule sur ma langue, empreinte de lui, empreinte de nous tous...Je renais...Il m'aura arraché le coeur, l'âme, Il aura lié irrémédiablement dans son égoïsme divin...Mais Il a exhaussé mon désir...

-L'Ombre...

Je déglutit, j'ai mal...

-Il a...L'éternel...l'immortel...Ton souffle a jamais sur nos âmes liées...Pardonne moi...J'ai versé le sang sur les sillons mortels de ton âme...Pardonne moi...

J'exhale...Mes lèvres si pales se referment...Mes pupilles s'agrandissent sous la souffrance qui me broie les chairs...Et pourtant, jamais mon regard n'a été aussi...Profond....

La voir ainsi dans ses bras, fragile comme une poupée de porcelaine à demi brisé, elle boit son sang, liquide qui coule entre ses lèvres alors que les plait se referme. Qu’elles en boivent plus ! Qu’elle le vide de son flux vital si cela peut la sauver… la sauver, il sent une nouvelle perle rouler le long de sa joue alors qu’elle ouvre les lèvres pour parler. Il la regarde, impassible personnage qui pourtant porte une marque humide sur sa joue. Elle peut être fière la demoiselle qui sut faire pleurer un homme incapable jusqu’as présent d’emmètre la moindre émotion. Il la regarde, plongeant ses yeux dans les siens alors qu’elle murmura. Il le sait, il a compris ce qu’elle a fait et n’en ressent rien… rien il ne ressent rien !

Doucement il pose sa main sur sa joue, caressant son visage pale qui reprend doucement des couleurs. Il a eu peur… mais il ne l’avoue pas. Il ne se l’avoue pas même à lui-même. Doucement il caresse, repoussant quelque mèche de cheveux alors qu’il admire le visage de la demoiselle. Elle m’annonce ce qu’elle a fait, elle me dévoile ce qui a présent nous lie et je ne ressens toujours rien. Pourtant cette goutte qui a fuit mes yeux, je ne l’ai pas rêvé ! Et sa jumelle ? Non… il avait versé deux larmes…

« Je sais Alyaa, je sais ce que tu as fais. Pourtant je t’avais dit de ne rien tenter… Tu as faillit y perdre la vie si je n’avais pas ressentit ta mort proche. Alyaa… je t’interdis de mourir… je t’interdis de me laisser… et maintenant… Je t’interdis de me désobéir. »

Il porte sa main libre a sa joue, touchant l’eau et l’observe, toujours aussi inexpressif et pourtant.

« Des larmes ?... »

Alyaa qui rêvait de le voir être capable de briser sa glace pouvait jouir de sa sensation d’entre importante pour lui.

« Alyaa… »

Il releva ses yeux pour les planter dans les siens… visiblement perdu.

Je la tiens dans mes bras puissant, cherchant à maintenir son visage et à veiller sur son corps. Je crois que j’ai peur, mais de quoi ? De la perdre ? De souffrir de son absence ? C’est ridicule, je n’ai pas peur, je n’ai pas mal… pourtant, si c’était aussi vrai que je me l’affirme moi-même, pourquoi aurais je pleuré ainsi ? Pour pas première fois depuis longtemps, trop longtemps, j’avais montré un signe d’un quelconque sentiment avec cette perle transparente donc elle se jouait. Elle suivait des yeux le voyage de la larme sur sa peau alors que j’étais obnubilé par son visage, cherchant dans son regard ou dans ses traits un quelconque signe de douleur ou de faiblesse qui me montrerais une fin inévitable pour Alyaa.

Elle parle, mon regard se posant sur mes lèvres. Je ne comprends pas, je devrais avoir peur, souffrir, m’inquiéter… mais rien, et mon visage reste toujours aussi fermé malgré l’eau salée de ma larme. Ses mots résonnent dans mon esprit étrangement. Elle me parle de sa prison, d’une clé… je ne sais que trop bien de quoi elle parle et doucement j’enfouie mon visage dans ses cheveux. Je ne sais même plus si ce geste est mécanique ou voulue.

« Alyaa… je trouverai la clé, je t’en fais le serment. Alors ne t’en fais pas… je suis la. Peut m’importe ta prison, mais je ne peux que t’aider à retrouver ta liberté. »

Quelle prison ? La sienne est celle de son corps, elle ne supporte pas le contacte de la peau contre la peau et pourtant elle quémande ma tendresse et mes lèvres si souvent. Tout autre qui la touche se vois subir son courroux et le miens… mais nul enfant n’ose approcher sa main de l’étoffe soyeuse de celle par qui IL parle. Ma prison à moi est celle de ce cœur qui me refuse toutes émotions Humaines, toute sensation capable de me sentir vivant. Je ne suis qu’une coquille vide, un mort qui marche comme certain humain me nomme.

« Mais pour le moment, repose toi Alyaa. Ma clé tu l’as trouvé, elle est brisée mais laisse lui le temps. Laisse-moi le temps… »

Le temps pour quoi ? Me rendre compte que cette larme n’était le début de rien du tout ?! Me rendre compte que je la fait espérer en vain ? Une étrange boule me serre la gorge et je sais que quelque chose a changé en moi… mais quoi ?! Je ne saurais le dire, je ne veux pas le voir. Doucement je recouvre la belle de son voile, la portant ensuite jusqu’as ma chambre… Je dois prendre soin d’elle. Je le dois ou j’en mourais et je ne parle pas à la légère.

« Lier ta vie a la mienne… Tu es folle Alyaa… totalement inconsciente. Tu m’offre l’éternité moi qui ne suis qu’un humain… un don trop précieux. »