Ailill Mânes
Humain
Nombre de messages : 60 Âge : 203 Date d'inscription : 31/12/2008
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié
| Sujet: [Salle de réception secondaire] L'Oisillon en livrée des cuisines Ven 2 Jan 2009 - 13:08 | |
| Rp situé juste après l'histoire d'Ailill Ce matin-là comme tout autre, Ailill se leva bien avant l'aube, péniblement. Ses draps étaient froids ; il avait dormi habillé, à même le couvre-lit. Il dormait mal, d'un sommeil léger, mais cela lui permettait de passer quelques heures penché sur ses paperasses, à la lueur d'une chandelle, avant que le soleil ne pointe. Il aimait à travailler dans l'obscurité. Ensuite, il descendait aux cuisines, bien que cela ne fut pas la place de quelqu'un de sa position. Il n'avait pas pu s'accoutumer au fait qu'on lui portât ses repas ; ou, plutôt, il n'avait pas voulu. Il regardait les cuisiniers s'affairer, tandis que les fragrances s'immisçaient dans sa gorge, lui instillant un mal-être tenace, à lui couper l'appétit ; son regard aiguisé ne manquait pas le plus insignifiant détail. Au fond de son esprit, il calculait les gestes, les pertes. Il notait quels ingrédients étaient le plus fréquemment employés, ceux qui manquaient régulièrement, comment l'on pourrait optimiser la position des crochets de cuisson, au-dessus de l'âtre, des instruments. Il écoutait la rumeur ambiante, afin d'en distinguer le sens ; il était au courant des rumeurs et des on-dits. Quoi que cela ne paraisse pas d'une grande utilité pour quelque nobliau, il avait pu se faire connaître, petit à petit, dans les cuisines du château. Elles en étaient le cœur ; si les marmitons et cuisiniers n'étaient pas d'humeur, parce que le pain n'avait pas levé ou quelque raison que ce fut, l'humeur de tous les domestiques s'en ressentaient, et, incidemment, même celle des châtelains. Il se sustentait peu, et vite. Peut-être cela participait-il à sa pâleur, ses traits tirés et sombres. Sur son visage blanc cireux, les cernes paraissaient peintes à l'encre noire. Ensuite, il se levait, faisant râper les pieds du banc sur la pierre irrégulière, laissant son assiette derrière lui – conséquence de son éducation lacunaire ? - puis retournait à ses appartements. Il travaillait jusqu'à la nuit. Ne prenant aucune distraction, se lavant de loin en loin, il n'était pas bien vu des gens de la cour, dans leur ensemble. Il ne participait guère aux réceptions ; souvent, on ne le voyait même pas au dîner, le soir. Quoi que, peut-être, il passât ainsi inaperçu ? Mais, aujourd'hui, quelque chose contrariait ses plans. Songeant sûrement que son travail était insignifiant – après tout, quand donc le Roi l'avait-il mandé pour la dernière fois ? - un noble un peu mieux placé que lui s'était permis de lui envoyer une lettre, qui lui demandait sans ambages s'il pouvait, non, qu'il devait, aller accueillir une comtesse, de passage à l'improviste. Ailill ne montra pas le moindre signe d'énervement à la lecture de la-dite missive, fidèle à son impassibilité habituelle. Il allait s'acquitter de cela, dit-il froidement en renvoyant le page. Pourtant, il ne se lava pas, se contentant de coiffer une partie de ses cheveux en arrière, à la manière des hommes d'arme. Ainsi, il se retrouva obligé d'attendre dans la salle des gardes, lieu enfumé au possible, ou perçaient de temps à autre des plaisanteries paillardes. Lui, dans un coin, bras croisés, patientait, quoi que chaque instant l'usa un peu plus. Enfin, la sentinelle, à la porte, signala une jeune femme à cheval. Pas d'escorte... Une simple aventurière ? Pourtant, son port semblait démontrer le contraire. Ailill se leva et sortit. Le vent glacial le heurta avec force, faisant claquer la porte ; il ne broncha pas, bien qu'il dû, peu après, se courber. Il n'avait pas la force de résister à des rafales aussi violentes. Aussi, il prit quelques secondes, le temps de souffler, dos au mur d'enceinte. Il avait le souffle coupé. Puis il franchit les quelques mètres qui le séparaient de la cavalière, en discussion avec un garde. Il esquissa un mouvement du buste, par pure politesse, mais qui demeurait trop sommaire. Enfin, il releva son regard bleu acier, et le planta dans celui de la comtesse.
- C'est un honneur de vous rencontrer, commença-t-il d'un ton qui le démentait presque, dame Comtesse d'Odelian. Ailill Mânes, mis à votre disposition pour votre arrivée au château... Avez-vous fait bon voyage ?
Une rafale de vent, plus violente, arracha ses derniers mots. Le garde grommela un peu, et disparut, alors qu'un garçon d'écurie arrivait pour prendre le cheval par la bride. Ailill, songeant qu'elle devait être incommodée, l'invita d'un geste à aller à l'intérieur, et la précéda. La salle de réception était toujours chauffée, éclairée d'un bon feu, et dotée d'un ou deux ménestrels qui s'entraînaient. Il n'aurait qu'à faire passer un message aux cuisines, leur demandant d'apporter des boissons chaudes et de quoi se sustenter à la comtesse. Dans un coin du mur, un petit gamin du château, en livrée, les guettait. Il leur emboîta le pas. |
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