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 Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )

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Ethirenn
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MessageSujet: Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )   Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë ) I_icon_minitimeJeu 8 Jan 2009 - 22:13

// Hrp : Navré c'est court, mais c'est souvent le cas des introductions Wink //



Le léger vent d’un printemps bourgeonnant frôlait les terres de Diantra, s’engouffrant majestueusement dans les ruelles pavées, sifflant entre les toitures et les espaces bougons , dérangeant des coiffures et taquinant les félins. De ça de là, les gens d’humaine condition passaient bras dessus, bras dessous dans les grandes rues, en direction de la maisonnée d’un ami ou d’un proche, ou vers les tavernes et auberges prisées ou non de la vieille ville. Ce fut le cas du maître d’armes qui avançait silencieusement entre les groupes affairés. Le soleil s’était couché depuis bien longtemps, aussi il ne portait pas son masque pourpre. Son regard couleur d’émeraude restait parfaitement visible aux yeux de tous, parfois attirés par ce sang mêlé d’un mètre quatre-vingt-cinq.

Pénétrant dans une rue relativement fréquentée, le sylvain poussa la porte d’une taverne déjà obsolète. La refermant précautionneusement, il fit plusieurs mètres sur sa gauche puis entra dans une seconde auberge. Il y avait moins de monde, mais les humains avaient apparemment une envie meurtrière de courir les tavernes. Se glissant dans la salle partiellement bondée, il se fraya un passage jusqu’aux tables encore libres dans le fond de la bâtisse. Quelqu’un était déjà là, mais ne prenant pas plus le temps de réfléchir, il s’installa en face de la personne. Derrière lui, deux hommes encapuchonnés semblaient être profondément inspirés par leur conversation, il n’y prêta pas une attention particulière tout d’abord. La serveuse le reconnut de loin, et lui apporta sa fameuse pomme tant de fois quémandée en ces lieux.

Le maître d’armes la remercia d’un signe de tête et paya d’avance. Puis son regard absinthe se reposa sur la personne qui lui faisait face désormais. C’était une femme, une inconnue, tout ce qu’il fut capable de déchiffrer sur elle, ce fut son statut au sang elfique, elle ne pouvait point être humaine. Sa beauté démultipliée et la finesse enchanteresse de ses traits trahissait l’éclat de sa race. Croquant à belles dents dans son fruit juteux et coloré, le sylvain prit le ton dégagé, et tellement insondable qui le caractérisait depuis sa plus tendre enfance. Son visage impassible, ne laissait jamais paraître quelque chose de ses sentiments lorsqu’il était détendu.

- Bonsoir ... navré de faire votre rencontre par pur hasard.

Bien qu’il fut possible que cette jeune personne l’envoyât ailleurs, il tenta d’objecter à sa propre pensée, et effaça bien vite cette idée sombre et désolante. Après tout, elle n’était pas humaine, peut-être ferait-elle preuve d’un tact peu enclin à l’usage humain. Ayant besoin d’une pause convenable, être obliger de quitter la table aurait inutilement fatigué le sang mêlé déjà éreinté par un long voyage, dont ses jambes avaient été le seul moyen de transport. Moyennant un bonsoir neutre, il espéra profondément qu’un peu de chance sanguine lui vint en aide.

Une fine pluie commença alors à poindre, emportant son âme avec elle. Il se glissait dans chaque parcelle d’humidité, dans chaque faille infinie de l’espace aqueux qui naquit alors, à perte de vue et de sens. Il faufilait son regard d’une gouttelette à l’autre, d’un instant égaré au suivant. Il voyait défiler les lumières, des secondes fragmentaires, des consciences éthérées ainsi que des larmes roulant de leur sel flagellant. Il voyait la folie des hommes, folie solide, lave de démence phosphorescente sur le terre de ses ancêtres. Esprit libre et débridé, incompréhension d’une essence par trop assoupie, il vivait et se souvenait …



" ... Ses mains, savent broder de fils d’or, une amitié.
Tout en étant discrète, elle sait écouter sans juger
une amie sur mesure, une pure soie ... "
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Estel Serindë
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MessageSujet: Re: Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )   Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë ) I_icon_minitimeVen 9 Jan 2009 - 19:16



    D’une vitesse impressionnante, elle filait entre mes mains, des mains qui ne sauraient la retenir contre son gré si telle était mon infortune. J’aspergeai mon visage d’eau fraîche pour m’éclaircir les idées. L’eau, jamais je ne pourrai la retenir, jamais, car finalement, elle est toujours libre. Nul ne peut l’empêcher de continuer sa route, qu’elle qu’en soit sa forme. Au plaisir de la déesse qui veillait à ce que ma félicité soit longue, je murmurai doucement, comme un souffle que le vent emporte avec lui au loin une prière sans grande conviction, un simple remerciement. Nous, créatures des forêts, fier être immortel, jamais nous ne pourrions ne serait-ce qu’un instant oublier ces dieux qui nous permettent de vivre sur leurs terrse. Même moi, pour ces créatures incomplètes comme moi, être de la forêt dont le sang est mêlée à celui d’un mortel, un Homme. Je me voulais me sentir humilié, mais pourtant, je ne pouvais pas haïr un père grâce auquel j’avais pu voir le jour. Découvrir à quel point le soleil pouvait rendre heureux, et la Lune sage. J’ai connu le bonheur, la tendresse d’une déesse, mais aussi la haine, la colère, la tristesse et la mélancolie. Tant de sentiments que je ne savais pas aussi bien faire disparaître que ceux de mon peuple elfique. Certainement dus à mon impurté... Mais il me fallait vivre, c’était ainsi, un point c’est tout.

    Je marchais dans les étroites ruelles d’une ville qu’on apelle Diantra, un nom qui sonnait creux dans mes oreilles meurtries par la vulgarité de ces hommes qui, dans les sombre ruelles de la ville, entre des gorgées d’alcool et de respiration, grinçait de ce qui restaient de leur dents un langage vulgaire, rude. Mais il me fallait rester, ce n’était pas pour si peu que je quitterais la ville. Une voyageuse n’a de temps à perdre avec des gens de sous-classe, elle n’a pas le temps d’arrêter sa course vers la soif de connaissance, une soif que seul le savoir pourrait assouvir. Mais le savoir ne poussait pas ceux qui la recherchaient à en mourir pour autant de faim ou de froid. Il allait pleuvoir ce soir, je le pressentais déjà, et le voyais. Dans le ciel, les nuages se tassaient à la vitesse de vent les un contre les autres, prêts à verser sur cette terre leurs larmes. De fines gouttes qui se transformeront en un torrent d’eau sans fin, noyant avec elle, la bonne humeur afin de laisser place à une humeur maussade dans mon esprit. Il me fallait un abri, un toit sous lequel je pourrai me réchauffer. Il n’y avait pas de forêt, elles avaient été détruites pour agrandir cette misérable ville. Aucun arbre pourrait réchauffer le cœur désespérée d’une hybride cherchant un peu de compagnie lui rappelant sa terre natale qu’elle avait quitté il y’a à présent un mois. Je ne pouvais renoncer, après tout j’étais « l’espoir », Estel,dans une langue à présente éteinte signifiait Espoir. Mais étais-je vraiment une allégorie de ce mot dont je ne méritais point ? Tiens ! Je trouvais alors à ma droite une taverse, auberge peu importe, un endroit où je pourrai pousser la porte, et me réchauffer dans une ambiance bruyante, certes, mais agréable, car je me sentais moins seule. Un elfe ne supporterait pas d’entrer dans ces endroits misérables, mais moi j’étais après tout une hybride, je faisais don les choses à moitié.

    La porte grinça comme elle aurait pu éclater, mais je ne dis rien, pas un mot, le souffle couper par cette soudaine chaleur qui me réchauffait. Silencieusement, telle une ombre, je me frayais un passage vers une table libre, une table où je pourrai enfin me reposer. Gardant ma longue cape noir, je rabattais en arrière ma capuche, laissant mes cheveux tomber gracieusement sur mes épaules. Mais, de dos face à tant de gens, il n’aurait remarquer que la couleur vive de mes cheveux roux. Le temps de respirer une ou deux fois qu’un serveur venait à ma rencontre prendre ma commande.

    -Bonsoir, que voulez-vous ma p’tite dame dit-il sans même me regarder, occupé à enlever la rgasse de ses ongles.
    -De l’eau.
    -De l’eau, nous en avons de tout genre, que voulez vous…
    -De l’eau plate.
    -Hmph, autre chose sinon ?
    -Rien.

    Je le payais par avance pour m’assurer qu’il ne me rapporterait pas de l’eau de pluie sale, en ajoutant un petit pourboire. Evidemment, il me servit quelque minute après, un verre propre, contenant de l’eau pure, enfin à peu près, mais que pourrai-je exiger de plus dans un lieu comme ici ? Rien, à moins que j’aille autre part, dans un établissement avec une certaine notoriété. Avec une certaine grâce que nul pourrai voir, je pris mon verre et en but une mince gorgée.

    -…

    Désagréable, l’eau avait un goût étrange, un goût répugnant. Je poussais mon verre devant moi, le mit ainsi au centre de cette table ronde. La surface plane de l’eau allait enfin cesser de se balancer qu’un homme perturba sa lente apogée vers une paix probable lorsqu’il fallut qu’il fasse bouger la table. Je l’ignorais, préférant poser ma tête sur ma main, et regarder d’un air rêveur la discussion animée par quatre jeunes hommes un peu plus loin.

    -Bonsoir ... navré de faire votre rencontre par pur hasard.

    J’aurai pu l’ignorer de nouveau, mais puisque j’étais là, pourquoi ne pas profiter d’un peu de compagnie, après tout, la solitude n’était pas permis dans un lieu pareille. Pour la première fois, je posais mon regard sur les fins traits de la personne qui se tenait devant moi. Sa taille, son visage, son corps, tous témoignaient sur la véritable origine de ce jeune homme à qui je donnait « la trentaine ». Il était beau, la perfection de ces traits ne renait pas mon attention, combien d’hommes « beaux » avais-je croisée dans ma vie ? Les elfes Sylvains, peuple aussi réputé pour leur beauté, donc ce qui était de « beau » pour les mortel, était « banal » pour nous. Mais son regard émeraude me fascinait, si profond, si perçant, que j’en avais presque le souffle coupé. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu de personne comme moi, si longtemps que ça me semblait avec le recul, depuis une éternité peut-être, même si au final, ce que j’appelais éternité n’était qu’un mois. J’étais certes surprise, mais je ne laissais pas l’occasion à quiconque me regardait de discerner mes sentiments. Non, cela devait être caché, cela devait être secret. Je souris, me redressais et offrit à cet étranger un sourire avant de répondre d’une voix à présente mélodieuse, cela faisait longtemps que je n’avais pas échangé de phrases.

    -Bonsoir, navré ? Je ne pense pas car le hasard n’est pas de ce monde puisque tout est fatalité ! Considérez donc notre rencontre comme prédestiné, même si moi-même je m’efforce à croire le contraire.

    Pleine de contradictions, voilà ce que j’étais, et que je resterai malgré tout…

    -Tiens, il pleut.

    Dis-je alors que la première goutte de pluie n’avait encore éclaboussé le toit de l’établissement, ni les pavés de la rue d’ailleurs. Quelque instant plus tard, il se mit à pleuvoir de fine gouttelette qui se transformaient rapidement en de longues cordes.




{Peut importe la longueur, car au final, c'est la qualité du texte qui compte. Et je peux te dire que tu as un style d'écriture très plaisant à lire.}
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Ealindë Endìen
Elfe
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MessageSujet: Re: Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )   Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë ) I_icon_minitimeSam 10 Jan 2009 - 12:56

Le gamin desserra enfin ses doigts depuis un long moment crispés dans un entêtement insensé sur le couteau marqué de rouillures brunes mais de bonne facture. Les longues mains opalines de l’elfe ramenèrent à elle la lame alors que l’enfant levait le front, écartant de ses deux mains gourdes les cheveux bruns qui masquait ses yeux, libérant un regard implorant et acide, mécontent sans doute de se voir ainsi confisquer un jouet, mais à l’assurance étiolée. L’attention de l’elfe s’échinait sur la garde de la petite dague, ses yeux se blessant à décrypter la gravure effacée qui devait donner le nom de son facteur. Elle essuya à plusieurs reprises la lame entre ses doigts, la frotta presque délicatement sur sa manche, mais ne parvint pas à ôter la rouille et la boue incrustées jusque dans le manche. Abandonnant sa tâche, elle suivit d’un long doigt effilé le fil à peine tranchant, avant de s’absorber dans deux gestes silencieux et langoureux, faisant reculer le gamin dont le regard s’était fait curieux. Trébuchant sur une pierre maladroite qu’il injuria ensuite en silence, il tenta de reprendre l’équilibre sans perdre des yeux l’elfe au visage blafard. Elle tendit une main hypocrite mais généreuse, à laquelle il s’attacha sans s’interroger. Elle le dominait de plus d’un mètre, et lorsqu’il eut reprit son équilibre et que sa tête heurta le bas-ventre de la jeune femme, il eut un léger tremblement, horrifié, mal à l’aise peut-être. Eya lui donnait cinq ou six ans, guère plus. Elle s’accroupit devant lui, pointant la dague vers le ventre du garçon. Elle posa la pointe galbée du poignard sur le ventre rebondi, l’enfonçant très légèrement pour former une sorte de volcan. Les yeux verdâtres du gamin se chargèrent d’angoisse, épouvanté, et il remua gauchement. Sans doute croyait-il être en danger et s’imaginait-il que mieux valait rester immobile, toujours est-il qu’il ne s’échappa pas. L’elfe prit une voix calme mais incisive, planta ses yeux dans les olives de l’enfant, et lança.

« Comment t’appelles t’on ? »

« Arvar »

Il répondit sèchement, le cœur battant, presqu’avant qu’elle ait put poser la question, comme mu d’un enthousiasme claudicant. La précipitation fiévreuse se marquait sur son front légèrement plissé, brillant d’humidité sans doute davantage due à l’air pluvieux qu’à la sueur, mais il ne cillait pas. La jeune femme esquissa enfin un sourire, laissant le garçon pantois et éperdu, avant de lui murmurer :

« Cette lame est un trésor. Sache le mériter. »

Elle se recula, glissa le manche de cuir dans la main gauche d’Arvar, qui serra ses doigts dès qu’il sentit le contact des lanières encrassées et de la boue durcie. Elle se redressa, fixant, la mine pâle et hésitante, la tignasse brune, qui après un regard vers son jouet retrouvé, leva les yeux vers sa geôlière. Il détala sans lâcher un son, manquant de s’étaler lorsque son pied ripa sur des gravillons, le corps battant de l’angoisse qui l’avait tendu quelques instants plus tôt. Elle le regarda fuir, se demandant tardivement comment elle avait pu, dans son analyse détaillée, manquer la couardise qui flambait dans ses jambes. Elle s’amusa quelques instants de sa gaucherie, alors qu’il disparaissait à un coin de rue, s’enfonçant dans une impasse insalubre et miteuse, mais dépourvue de danger, qui portait le nom d’ « Ebrouilleuse », pour une raison inconnue. Elle regagna nonchalamment l’un des axes principaux, et après un regard distrait aux passants agités qui se pressaient devant elle, se fondit dans la foule hétéroclite.

L’épaule heurtant de temps à autre le mur contre lequel elle se faufilait, dans les endroits où les aspérités se faisaient moins brutes, elle avançait, le capuchon rabattu, les yeux trop perçants. Elle s’imprégna des odeurs de la ville, qu’elle avait oubliés depuis trop longtemps, des déchets déversés dans les ruelles adjacentes peu fréquentées, les senteurs bourgeoises aux florilèges raffinés, qui caressaient les narines délicatement, juste du bout des doigts, hésitantes et légères, indécises. Les lourdeurs suaves d’hommes revenus d’un combat, pleines de forces et de triomphe. Les sueurs âcres de délavés s’arque boutant sur les bords de la chaussés, allant jusqu’aux fétides lambeaux de chairs méphitiques des corps imbéciles tombés en loque dans des recoins négligés. Il y avait les nauséabonds filets s’échappant d’arrière-cuisines, sans doute des rues en arrière de l’axe principal, sordides et imprégnants, de viandes abandonnées là. Il y avait les volutes des jeux d’enfants, des courses effrénées, débiles et hilarantes, la douceur et l’insouciance mêlée d’un soupçon de liberté. S’ajoutaient chaque odeurs, chaque parcelle de peau aux lignées uniques, tirées d’un filin elfique, humain, ou des deux, voire même d’aucun.
Eya déboucha sur une place sobre et rustre. Entourée de facades décolorées, et faites de pavés cagneux, accidentés sur une grande partie du lieu en ovale doux, en son centre s’élevait, boiteuse, une statuette représentant deux animaux défigurés, dont il était impossible de définir la race. La pierre raboteuse s’effritait par endroit, mais en dépit de l’aspect saccadé et raboteux de l’endroit, la place avait en elle un charme fané, dont les éclats brillaient encore, ça et là. Décrétant, après réflexion, que l’endroit lui convenait, elle s’appuya contre un mur aux couleurs bleues ternies, aux arabesques éteintes. Elle sortit, presque fébrile, une tige de bois pâle, troué sept fois, et effilé en pointe à l’une des extrémités. En tapotant du bout des doigts, elle fit raisonner le bois creux doucement, avant de porter la flute à ses lèvres. Elle se mit à souffler, lentement, et un son doux, langoureux, mélancolique en ces débuts, s’échappa en volute. Elle enchaina les notes douces-amères, manquant d’oublier un bémol, avant de reprendre de légers arpèges, en Do Mineur. Les paroles de la chanson caressèrent son esprit.

I mallë lelya ùmetta
Undulelyala i andollo yassë ne ontaina…

[La route se poursuit sans fin,
Descendant de la porte ou elle commença…]


Quand elle surprit les regards qui se fixaient, un peu curieux, sur sa flute blême, elle se hâta de desserrer les lèvres, fit disparaître le pipeau en quelques gestes invisibles et fuit, délicate et éthérée. Elle courut le long d’un corridor lumineux mais vide, déboucha sur une avenue plus large, et sentit la première goutte qu’elle attendait, depuis un long moment déjà, sous le ciel lourd et gris. Elle fit quelques pas, regardant les badauds qui se hâtaient, maladroits, pressés, jusqu’à ce qu’un homme de haute taille irrévérencieux manque de la bousculer. Elle se glissa auprès d’une porte qui marquait l’entrée d’une taverne, bondée comme tant d’autre, et entra, droite et altière, avant de re-disparaitre. A ses yeux s’étendaient des tables alignées, en quinconce, vibrant sous les coups bourrus d’hommes hilares et hoquetant, tentant de marquer leur force, ou geignant lorsqu’un malheureux renversait quelques gouttes de son verre sur son bois cireux et écailleux. Les voix rudes et râpeuses se mêlaient aux raclements incessants de chaises sur les pierres froides, aux tintement de flutes que l’on entrechoque avant que le verre ne se fende et éclate, aux grognements de saoulards tenant dans une main vacillante une chope dont le contenu avait été déjà oublié, aux cris en direction des garçons dépassés par la demande, qui tardaient à assouvir les commandes des clients. Le tout dans un son rauque et envahissant, qui crissa dans ses oreilles, emplissant son esprit. L’elfe faillit se retourner et réemprunter la porte qu’elle venait de passer, mais se ravisa. Elle avait appris. Elle savait. Et le vide se fit dans sa tête, lentement d’abord, puis rapidement, et le silence revint à ses oreilles. Elle se dirigea vers l’encadrement élimée d’une porte, à sa droite, et déboucha dans une autre salle, tout aussi emplie, de cris cagneux et de faces avilies. Elle promena ses yeux sur la faune sauvage aux yeux nécrosés, décalquant dans son esprit les moindres détails, avant de s’approcher d’une table occupée par deux êtres au sang sans doute elfique. Devant l’elfe, la demi-elfe, plutôt, un verre d’eau légèrement entamé, et devant l’autre, juste en face, une pomme. Elle les regarda un instant, de loin, avant de faire quelques pas. Elle les regarda tour à tour, et dans une mimique légèrement désolée, jetant un regard aux alentours, demanda une autorisation, ou peut-être s’excusa de devoir s’installer à cette table déjà occupée. Elle n’attendit pas de réponse, et se glissa à coté de la jeune demi-elfe. Un garçon s’approcha, le visage anxieux, les yeux animés et pleins d’angoisse. Avant qu’il n’ait pu poser sa question, Eya répondit, lassement, accompagnant ses mots d’un signe désinvolte.

« Rien. »

Il la regarda, faillit lui répliquer quelque chose, sans doute pour l’inviter à sortir si elle ne consommait rien, puis se ravisa. Peut-être s’était-il dit que ce serait une place en moins à servir. Il tourna les talons sèchement. La jeune femme regarda tour à tour les deux demi-elfes, et comprit à cet instant qu’ils ne se connaissaient pas. Le hasard faisait bien des choses. En face d’elle, l’homme aux traits fins semblait absorbé par la pluie s’écoulant calmement au dehors. Il avait cette grâce elfique qu’aimaient les humains, et l’assurance posée qu’aimaient les elfes. L’autre demi-elfe avait des traits galbés et doux, une chevelure rousse, aux reflets de blé. C’était quelque chose de mielleux et doux.
L’eau frappait maintenant rageusement les vitres, invectivant les passants désormais détrempés.

[Z'êtes pas obligé de continuer en longueur, j'ai un peu étendu. J'aime bien vos écritures, même si la lecture en "Citation", ce n'est pas très agréable Rolling Eyes.
Et, juste pour savoir, de quel côté est le fenêtre - En face de qui? D'Estel et moi ou d'Heaven? Et les drows sont dérrière ... ?]
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Ethirenn
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MessageSujet: Re: Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )   Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë ) I_icon_minitimeDim 11 Jan 2009 - 0:09

Le ciel n'était même plus grisâtre, il n'était que grisaille. C'était un rivage terne, insipide et noyé dans une densité malsaine. Aucun rideau uniforme, rien de net, juste une chose fade et confuse qui se dresse, infranchissable. Un éther mécanique qui, de son souffle rauque, semble attiser le désespoir. C’est un climat de limaille cramponné de cellules vivantes. Un azur pour l'humanité, quadrillé par le brouillard et l’amertume désincarnée. L’espace ressemblait à un eldorado opaque. Il explorait, scrutait ces froids boulevards élastiques qui se s'étendaient et s’étiraient en jarretelles grouillantes. Des rubans, bouffettes et galons de tourbe ou le fer et l'acier lévitent sous tension. Le céleste, un brouhaha de limon et de glèbe combinés, semblait mugir le chagrin dans un bruit sourd.

Entraînant ses songes loin de la génuflexion humaine, le sylvain observait inlassablement le ciel s’obscurcir. La consœur de sang assise en face de lui, souligna que leur rencontre devrait être considérée comme prédestinée, quand bien même elle ne croyait pas exactement en ce fait. Un esprit plein de contradictions, comme la plupart des sangs mêlés. Il la comprenait, aussi froidement qu’il s’acceptait lui même, il n’objecta pas à sa réaction. D’un seul coup, elle annonça la pluie, et les premières larmes des dieux s’abattirent à l’unisson dans les ruelles pavées.

Ce fut alors qu’une silhouette sombre pénétra dans la taverne. Marchant d’une démarche certaine, inflexible. Le teint pâle, un air songeur, l’œil vif, une elfe à n’en pas douter. Détournant de nouveau son regard vers le vitrail, il sentit le sien peser sur son visage. Elle l’observait, comme tous les elfes de sang pur, elle possédait ce même besoin de soutirer les informations muettes, terrées dans le mutisme certain du silence. Avec un bruit sourd, elle s’installa près de la demi-sylvaine qui trônait en face de lui. Autour d’eux, la cacophonie ambiante créait une atmosphère relativement joviale et chaleureuse, mais cette soudaine apparition, avait nettement refroidi l’ambiance, en ce qui concernait le sang mêlé.

Un serveur s’avança, le pauvre bougre eut le malheur de proposer ses services à la nouvelle arrivante, et qui plus était, en tremblotant ostensiblement. Elle le renvoya d’un geste nonchalant et d’un mot dédaigneux. Hautaine, c’était peut-être l’unique mot valable. Ne se permettant pourtant pas de la juger, Heaven fit une concession, et reporta ses songes sur la pluie battante, qui noyait dans ses draps de diamant les tenues et les coiffes des passants. Glissant ses iris vers les jeunes femmes un bref instant durant, il les vit s’observer du coin de l’œil. Mais quelque chose vint le tirer de sa douce torpeur. Derrière lui, le bruit s’était suffisamment atténué, pour que son ouïe développée puisse saisir une partie de la conversation, qui se déroulait entre les deux hommes encapuchonnés.

Le maître d’armes n’avait pas pour habitude d’écouter les ragots, et d’épier son voisinage. Hors, les premiers mots qu’il eut le loisir de saisir le troublèrent profondément. Les termes « massacre », « génocide » et « aube », le firent planter les ongles dans la table. Brusquement, son regard d’absinthe scintilla, et alla s’incruster dans le paysage. Qui étaient-ils ? Pourquoi parlaient-ils de meurtre ? Il n’était pas habituel d’entendre deux humains discuter de cela dans une auberge. Non, quelque chose ne tournait pas rond, cela semblait plus qu’évident. Mais faire le tour du paravent, et agresser les deux intrus sans crier gare aurait été totalement inutile.

Le visage purement et simplement impassible, le sylvain préféra néanmoins observer l’extérieur, plutôt que reporter son regard d’émeraude sur l’une des deux personnes lui faisant face. Bien qu’aucune expression ne fut sondable en ses traits, l’intérieur de ses iris, fenêtres de son âme eux, pourraient s’avérer être obstinément révélateurs. Le brouhaha s’intensifia soudainement, alors qu’un groupe d’ivrogne provenant certainement d’une taverne alentour pénétra dans celle-ci. Trempés jusqu’aux os, le nez rouge et le visage rubicond, chacun de ces hommes émettait en grognements rauques, trois fois plus de décibels que le cri d’un loup. Croquant de nouveau dans sa pomme, Heaven dût prendre son mal en patience, ce n’était pas encore le moment d’entendre la suite de la conversation.

Les deux jeunes femmes ne l’inspiraient guère, de parfaites étrangères. Non pas qu’elles eurent le don de le rebuter, mais n’ayant jamais été extrêmement sociable, il préféra jouer la carte du mutisme. Ayant reprit contenance, il soutenait chacun de leurs regards, tour à tour, mais ignorait toute sorte de ressentiment. Parfaitement à l’aise, assis seul sur son banc, la proximité physique n’étant pas un atout majeur des rencontres hasardeuses, il se considéra comme se trouvant en bonne position. Mais que dirait donc Cheilan ? Si il avait pu entendre ce que son ami venait lui d’ouïr. Si le loup-mage avait pu voir ce que son compagnon voyait à présent, comment cette légende de pureté et de sagesse aurait-elle réagi face à cette situation spécifique ?

Comme bien souvent lorsque la situation ne se prêtait à rien d’autre, les pensées du maître d’armes volaient vers lui, seul espoir de compréhension et d’accord possible en ce monde. Unique vibration d’une âme atteignant la sienne. Les minutes filaient à une allure folle dans les couloirs du temps, les piaillements des femmes, les raclement de gorges des hommes, les ramages des demoiselles et le tourbillon de la vie s’emportaient dans une même effervescence abusive, témoin de piété et de gaieté confuse, à l’instar d’une chaleur largement diffuse.

Aux pieds du sang mêlé, un katana d’argent reposait dans son fourreaux de métaux noircis. Assurance d’une liberté conditionnelle, et emprisonnement certain de sa confiance auto-dictée, néologisme puissant d’une avancée indéfinie. Combien de sentiers inconnus devrait-il encore emprunter, avant de rencontrer l’éternel sommeil ? Jusqu’à présent, jamais déçu du voyage, naviguant sur les mers déchaînées des rues et ruelles. Un jour peut-être parviendra t-il à hisser la hampe de son drapeau, celui-ci se tissant au fil de l’amitié et de l’expérience. Alors peut-être qu’enfin, lorsque ses couleurs flotteront fièrement vers l’astre déclinant à l’horizon, il rédigera ses mémoires … d’outre-tombe.

Mais pour l’heure, un drame se tramait dans un futur proche. Seule la corne du destin pourrait alarmer nos compagnons, pour peu qu’une réitération de chance survienne, la date, le lieu et l’heure dessineraient leurs contours dans les flasques et ténébreuses méandres d’un ailleurs.
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Ethirenn
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MessageSujet: Re: Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )   Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë ) I_icon_minitimeMer 28 Jan 2009 - 18:54

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MessageSujet: Re: Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë )   Contre-offensive ( Heaven / Estel / Ealindë ) I_icon_minitime

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