[Rues] Mais... Où suis-je ? [Libre]

Je marchais ? Où, quand, comment, pourquoi ? Je n'en savais strictement et absolument rien, mais je marchais.
Une bulle de couleur jaune pâle vint se poser sur mon épaule. Je tendis le bras, elle roula jusqu'à ma main. Là, elle se transforma en carré, puis devint bleue, puis verte, puis de nouveau bleue.

Émerveillée, je lui souris. Je posais toujours un pied devant l'autre, suivant ce chemin de sable qui menait à une mer inconnue. Ce paysage était paradisiaque. Des fleurs, des arbres, une odeur enivrante comme celle d(un parfum qui nous rappelle quelque chose mais qui reste tout de même mystérieux et caché malgré nos efforts de mémoire pour retrouver son origine.

Que faire, à présent ? Le carré bleu avait un peu grossi et des ailes lui poussèrent, ainsi qu'un bec. En quelques secondes, ce fut une magnifique mésange bleue, au petit ventre grassouillet, dont les petits yeux intelligents me regardaient avec étonnement, comme si elle se demandait ce qu'elle venait faire ici.

Je lui souriais, elle me regardait une dernière fois et s'envola. Je la suivis du regard jusqu'à ce qu'elle soit invisible à mon regard bleuté.

Comme fatiguée, ou pour admirer le paysage, je m'asseyais sur le bord du sentier, dans l'herbe, et observais la mer. Puis, je m'allongeai et fermait les yeux ; ensuite, le sommeil vint à moi, et je rêvais de la mésange bleue.

Et soudain, elle disparut. Comme tout le monde autour de moi.

Je me réveillais.

[Hrp : Sega est assise, appuyée contre un mur, dans une rue adjacente, étroite et peu fréquentée. La personne qui la rencontrera la secouait par les épaules pour la ranimer. La jeune femme humaine est pleine d'hématomes et de contusions.]

"Et que faisons- nous encore là ?"

Rïskane et son ami arpentaient les rues d’Ydril depuis le matin. Le soleil était déjà haut dans le ciel et les rues résonnaient des cris des chalands vantant la qualité de leurs produits, des complaintes des malheureux qui s’étaient fait prendre par le guet et qui étaient enchainés au pilori sous le regard indifférent des passants. Alors que certains enfants couraient dérrière des arceaux métalliques, d’autres pourchassaient un chien galleux qui avait en bouche un morceau de viande qui semblait intéresser les bambins. Et cela faisait bien la vingtième fois que Nabram lui posait la question aujourd’hui. Ils étaient arrivés à Ydril trois jours plus tôt après avoir passé des semaines sur les routes. Bien qu’ils commençaient seulement à récupérer du voyage, son ami voulait déjà repartir.

"Nous cherchons un moyen de nous faire de l’argent, la route fut longue et éprouvante, nous prendrons donc le bateau pour rallier notre prochaine destination. Pour cela, il nous faut faire des provisions et de quoi payer le passage."

"C’est à peine si nous pouvons nousse payer une chambre dans une auberge, objecta Nabram, comment comptes-tu t’y prendre ?"

Rïskane émit un grognement de contrariété ; "j’en sais encore rien mais nous trouverons bien un moyen, il a toujours un moyen, t’en fais pas."

Il allait ajouter quelque chose quand Nabram le saisit par le bras pour lui montrer l’entrée d’une ruelle adjacente. Massant son bras gauche endolori, il plissa les yeux pour voir ce qui avait retenu l’attention de son comparse. Là, dans l’ombre de la ruelle et à l’indifférence des passants, une jeune femme aux cheveux d’or était appuyée contre le mur visiblement inconsciente. S’approchant lentement, Rïskane put mieux la voir. Elle était un peu plus petite que lui, habillée d’une tunique bleu, un sabre était accroché à son ceinturon, son visage était gonflé par endroit par des hématomes ainsi que ses bras qui portaient la marque des coups reçus.

"Hé bien, hé bien le voilà notre moyen, elle est encore vivante," demanda Nabram.

Rïskane s’agenouilla près d’elle et lui prit son pouls.

"Il semblerait bien, elle a dut fréquenter la mauvais personne."

Regardant par-dessus son épaule pour s’assurer que personne ne s’intéressât à eux, Rïskane se mit à tâtonner la jeune femme à la recherche de ses possessions.

"Fais vite," maugréa Nabram, "quelqu’un va finir par nous remarquer."

"Je fais ce que je peux, mais on dirait que nous ne sommes pas les premiers à vouloir la soulager de ses biens."

"Prends donc son sabre, avec les troubles qui agite la région nous trouverons bien un jeune fou à qui la vendre ou au pire nous la revendrons a un forgeron au prix du métal."

Rïskane tira sur la garde de l’arme, mais celle-ci refusa de bouger.

"La lame doit être coincée. Je vais essayer de…."

La jeune femme venait de gémir doucement et commençait à bouger la tête.

"Et là on fait quoi ?"

"Remets lui un coup sur la tête, prends lui ce foutu sabre et on s’arrache d’ici"

Mais c’était déjà trop tard, leur butin partait en fumée alors que les yeux de la demoiselle s’ouvrait et les fixait.

Mes yeux bleus eurent beaucoup de mal à s'ouvrir normalement... Comme s'ils étaient gonflés. J'avais mal partout. Mes muscles essayaient de se tendre sans me faire de mal, en vain. Je gémis de douleur.
J'étais blessée surtout aux bras, remplis de coupures et de profondes entailles, dues à des coups de dague non retenus.

*Sois maudit, chien...*

Mes pensées allant vers mon agresseur étaient plutôt peu sympathiques. En même temps, il fallait souligner que je le détestais plus que tout, mais que je le craignais plus que la mort. Il était bien plus fort que moi. Que m'avait-il fait, cette fois ?

Mes souvenirs me revenaient en même temps que mes yeux s'ouvraient progressivement. Hm...

Une forme floue était devant moi. Ma vision se stabilisa à son tour, juste après mon esprit.
C'était une étrange silhouette encapuchonnée, sombre. Je ne voyais pas son visage. Qui était-il ?

Je pris peur. Et si c'était Lui qui revenait ? Et s'il venait encore me terroriser, m'attaquer, me détrousser ?
La seule chose qui me tenait à cœur était mon épée, et il n'avait pas réussi à la prendre, comme à chaque fois. Peut-être avait-elle quelque chose de spécial...
Après un solide entraînement, un jour, je lui trancherais la gorge, et avec cette lame qui m'était si chère. Je l'avais promis.

Revenant à l'homme ou la femme au manteau à capuchon, j'essayais de reculer, sans succès. Le mur était juste derrière moi.

"Ne me faites pas de mal !" lançais-je, d'une voix geignante et suppliante.

"S'il vous plaît..."

Sur mon visage se voyait une peur évidente, une formidable terreur. Pourtant, ce n'était pas la première fois que je me battais, mais dans cet état-là, je n'irais pas loin...
De plus, mes autres armes avaient disparu. Je n'avais plus que mon épée, et mon corps à moitié désarticulé pour me battre.

S’il vous plait"

Ces mots intriguerairent Rïskane tandis qu’ils firent ricaner son compagnon.

"Et s’il ne nous en plait pas," demanda Nabram.

"Tsssss, ne vois tu donc pas qu’elle est terrorisée," ce disant il tendit la main pour écarter une mèche de cheveux du visage de son interlocutrice. "Doucement, ça va aller maintenant, c’est fini."

"Que fais-tu donc ? Nous avons ni le temps ni les moyens de ramasser tous les chiens blessés que nous rencontrons. Laisse-la donc gémir dans son coin, ce n’est pas elle qui va nous permettre de prendre place a bord d’un navire."

"Pas dans son état actuel, c’est une certitude, mais détrompe toi c’est bien grâce à elle que nous pourrons acheter notre place à bord d’un bateau." Revenant à la jeune femme, il parlait lentement tout en essayant de la rassurer. "Je me nomme Rïskane,je vais prendre soin de vous. Ne vous en faites pas, ce qui vous est arrivé ne se reproduira plus. Quel est votre nom ? Pouvez-vous marcher ?"

"Demande lui aussi où habitent ses parents t’en que tu y es", se gaussa Nabram.

Rïskane lança un regard noir à son compagnon mais ne répondit pas.

"Allez il ne faut pas rester là, ces blessures ont besoin de soin et vous de repos. Vous me raconterez se qui vous est arriver une fois reposée."

Se levant, il tendit la main vers la jeune femme qu’il avait voulu dépouillé, pour l’aider a se redresser.

Méfiante, je fronçai les sourcils. Voulait-il vraiment m'aider ?

Il était toujours agenouillé près de moi. Son visage semblait calme, mais quelque peu inquiet. ... Pour moi, peut-être ?

"Doucement, ça va aller maintenant, c'est fini."

La voix douce et confiante, appartenant apparemment à un homme, me réconforta et me calma.
Il continua de me parler, essayant de me rassurer, et me demanda mon nom.

"Sega... Je m'appelle Sega..." dis-je avec peine. Je ne répondis pas à sa deuxième question, qui était pour savoir si je pouvais marcher ou pas dans cet état. J'essayai de regarder mon état moi-même : sale, couverte de blessure et d'une bonne quantité de sang à moitié séché qui devait être le mien ; mes cheveux blonds si beaux et si doux d'habitude étaient en pagaille et me faisaient penser à du foin pourrie, par leur couleur, leur texture, et leur odeur...

Il se remit debout et me tendit une main quelques instants après, main que j'attrapai avec faiblesse et à laquelle je m'agrippai tant bien que mal.
Je réussi après plusieurs essais en vain à me lever ; mes jambes tremblaient, mon dos était arqué. J'avais mal partout.

Tandis que la jeune femme arrivait à se mettre debout après une énième tentative, Rïskane lui fourra son bâton entre les mains, avant de lui passer le bras droit sous l’épaule.

"Prends appuis sur le bâton Sega, j’ai une chambre au Cerf chantant, c’est à quelques rues d’ici. Un petit effort et tu pourras te reposer, courage. Une fois arrivé, on fera appelé un apothicaire ne t’en fais pas."

"Ce n’est pas sûr qu’elle puisse y arriver, fit remarquer son ami. Et tu compts le payer comment l’apothicaire, on ne roule pas sur l’or, sans compter que je ne vois pas pourquoi tu veux t’encombrer de cette fille. Je vais quand même prévenir l’aubergiste de votre arrivée", dit-i,l avant de sortir de la ruelle et de se fondre dans la foule.

Alors qu’ils allaient quitter à leur tour la ruelle, Rîskane s’avisa que l’état de Sega allait attirer l’attention. Pour remédier à cela, il dégrafa l’attache de sa cape et de sa main disponible, en couvrit les épaules de la blessée.

"Allé ne pense pas à la douleur, contentez vous de mettre un pied devant l’autre, le reste n’a pas d’importance. Pensez au lit chaud qui vous attend et faites abstraction du reste. Prête ? On va y aller à trois. Si vous n’êtes pas capable de faire le trajet en une fois, dites le moi et on s’arrêtera. "

Le soleil était haut dans le ciel et loin d’être indisposés par la chaleur, les passants semblaient être plus nombreux. Rïskane tenta de son mieux de distraire la jeune femme de son état en la noyant sous un bavardage incessant. Malgré cela une certaine inquiétude transparaissait dans sa voix, la jeune femme n’était pas dans un état critique mais il ne fallait quand même pas trainer.

Je ne regardais plus mon "sauveur"... Je faisais davantage attention à ce que je faisais moi-même, et mon action, mon intention, mon idée même, principale du moment était d'essayer de faire encore un pas, puis deux, puis trois.

Le dénommé Rïskane me fourra un bâton entre les mains, et je m'appuyais dessus comme il me le disait.
Je balbutiais un vain "Merci..." et essayais un premier pas.
Aidée par l'homme, j'y arrivais mieux.

Il n'arrêtait pas de me parler. De tout, de rien. Rien de bien intéressant, en tout cas. C'était la pluie et le beau temps.
Je lui répondais en bribes de mots, et parfois je ne lui répondais pas. Je guettais autour de nous mon ennemi juré... Il serait capable de venir m'achever dans les bras de quelqu'un d'autre. Personne ne pouvait l'arrêter. Sauf moi. Enfin, je crois.

A ce qu'il me disait, il avait une chambre dans un auberge dont le nom m'était déjà sorti de la tête. Il devait m'y emmener et appeler l'apothicaire qui me connaissait déjà très bien pour toutes les nombreuses visites qu'il m'avait rendue, alors que j'étais sur le point de quitter la lumière et de marcher dans l'ombre comme mon pauvre vieux père.

Bien que les premiers pas de la jeune femme fussent hésitants, elle arrivait à se tenir debout et à marcher. La soutenant du mieux qu’il pouvait, Rïskane guida Séga à travers les rues d’Ydril, certains des passants qu’ils croisèrent se retournèrent mais nul ne les accosta. Comme ils s’éloignaient du centre de la ville, le bruit du marché ne fut plus qu’un murmure et le flot des badauds s’amenuisait. Alors qu’ils traversaient une place publique où trônait une fontaine, un jeune membre du guet fit mine de venir à leur rencontre. N’ayant pas la moindre envie de répondre aux questions du milicien, Rïskane profita du passage inopiné d’une charrue pour s’engager dans une ruelle transversale.

"C’est un peu plus long par ici, mais ne vous en faites pas, nous sommes bientôt arrivés."

La ruelle était étroite, un filet d’eau serpentait à travers des immondices dispersées sur les pavés. Evitant au mieux les déchets, Rïskane conduisit la jeune femme à travers d’autres ruelles pour déboucher, une dizaine de minutes plus tard, sur une rue où se dressait devant eux une porte surmontée d’une tête de cerf albinos empaillée.

"Nous y voilà."

Alors qu’il poussait la porte de son épaule et aidait Séga à entrer dans la salle principale, saturée d’odeurs de nourriture et tabac, une voix tonitruant se fit entendre en même temps qu’une silhouette corpulente apparut devant eux en s’essuyant les mains sur son tablier.

"Bonne mère ! La pauvre p’tit dans quel état est-elle ? Elle est toute pâle !" Sans attendre de réponse, il se retourna et s’écria, "Judith !" Tandis qu’une serveuse qui terminait de servir un client se redressa, il continuait de parler d’une traite : "va donc chercher le vieux Simon et sors le de sa boutique, la p’tit va en avoir besoin," pointant Séga par-dessus son épaule. Puis se tournant vers Rïskane, il poursuivit ; "Viens mon gars, on va l’installer dans une chambre "et sans attendre une réponse de l’intéressé, il passa son bras sous l’épaule de Séga et dirigea le groupe vers les escaliers.

J'étais dans un état second lors de tout ce voyage vers la taverne indiquée par mon "sauveur", Rïskane.
Étrange homme qui voulais au départ me détrousser, et qui se met maintenant en quatre pour me sauver. C'est à rien n'y comprendre !

Enfin... Bref. Je le suis.
De toute façon, je n'ai pas le choix ; Je suis dans une situation si catastrophique que même l'aide de mon pire ennemi paraîtrait idéale.
Quoique, non. Cette pourriture n'aura pas ma peau par lâcheté.

Apparemment, nous arrivons enfin à cette taverne que je ne connais pas. J'entends des voix...
Je n'arrive presque plus à ouvrir les yeux.
J'ai l'impression de... Partir... Loin...

Et je m'effondre dans les bras de Rïskane, pendant qu'on me transporte je ne sais où.

A la première marche, la tête de Sega dodelina légèrement et la troisième ces yeux se révulsèrent et ces pieds ne la supportèrent plus. Surpris par le poids accru de la jeune femme, Rïskane agrippa la rampe de son bras gauche et essaya de rattraper la jeune guerrière. L’aubergiste déséquilibré lâcha un juron de surprise, avant de rattraper la jeune femme.

"Ca ne va pas aller ainsi, l’escalier n’est pas assez large pour nous trois. Allez ouvrir la porte et préparer le lit pendant que je la monte."

Ce disant, l’aubergiste passa le bras sous les jambes de Sega et la souleva sans le moindre effort. Devant l’air étonné de Rïskane, il s’expliqua d’un haussement d’épaule.

"Une vie passée à acheter et entreposer du vin vous muscle un homme, j’en ai connu des tonneaux bien plus lourds qu’elle. Allez ne trainez pas, on ne va pas rester toute la nuit ici, de plus je ne veux pas inquiéter ma clientèle, "dit il en indiquant d’un geste de la tête les quelques clients de la grands salle qui regardaient dans leur direction.

Montant les marches deux par deux, Rïskane arriva au palier légèrement essoufflé. Passant devant deux portes sans si intéresser, il ouvrit la troisième d’un geste nerveux et se dirigea vers son lit pour y débarrasser l’écritoire et les parchemins qui le jonchaient. Fourrant le tout dans l’écritoire et tirant la couverture, il ouvrit les volets qui étaient mis clos alors que l’aubergiste passait la porte d’un pas lourd.

"Poussez-vous, il faut de la place pour la p’tite."

Laissant la place pour que le tavernier puisse installer la jeune femme sur le lit, Rïskane en profita pour tremper un morceau de tissu à la propreté suspecte dans un broc d’eau, avant de revenir l’appliquer sur le front de Sega. L’aubergiste veilla qu’elle soit bien installée avant de passer la porte en s’excusant.

"Le vieux Simon ne va pas tarder à arriver, prenez bien soin d’elle, je dois retourner dans la grande salle pour m’occuper de mes clients."

Laissez seul, Rïskane continua à passer un linge humide sur le visage et les bras de Sega pour faire disparaître les souvenirs malencontreux de la ruelle.

"Allez tiens bon ma belle, encore quelques minutes et on s’occupera de ces blessures"

Sujet: Re: [Rues] Mais... Où suis-je ? [Libre] Sam 7 Mar 2009 - 17:54

Des formes...

Des couleurs...

Des êtres irréels...

Choses étranges qui peuplaient mes songes depuis ma perte de connaissance, créatures immonde qui essayaient de me terroriser, mais auxquelles je ne faisais point attention.
Je regardais cet homme encapuchonné, lointain, qui regardait lui-même à l'horizon. Il semblait libre... Pas forcément heureux, mais libre et fier de l'être.

Il était mystérieux. Tellement mystérieux qu'il me donnait envie de le connaître plus, d'aller vers lui, et d'enlever cette capuche qui cachait son existence.

Soudain, il disparut, puis à leur tour, toutes ces choses étranges, toutes ces couleurs, toutes ces formes ne furent plus.

La lumière me revint. J'ouvris un œil et vis cet être si attirant assis auprès de moi.

Que faisait Rïskane dans mon rêve ? Avait-il un rôle dans mon mystérieux et fabuleux destin... ?

Sujet: Re: [Rues] Mais... Où suis-je ? [Libre] Dim 15 Mar 2009 - 20:59

Il semblait à Rïskane que la jeune femme reprenait de temps en temps conscience avant de la perdre aussitôt. A mesure qu’il nettoyait les plaies et les contusions, l’eau du broc se teinta de pourpre. Après avoir déposé le linge humide sur le front de Séga, il descendit aux cuisines pour changer l’eau. A son retour, il trouva un vieillard assis sur le bord du lit en train d’examiner une vilaine coupure à l’épaule de la guerrière. Dans un coin de la chambre, se tenait Judith qui serrait son tablier contre elle en attendant le verdict du médecin. Posant la cruche sur une chaise, il demanda au vieux Simon :

"Va-t-elle pouvoir s’en sortir ?"

Le vieux médecin se retourna et acquiesça de la tête.

"Bien sur, seulement je vais devoir utiliser certains onguents qui sont difficiles à se procurer et…"

Rïskane l’interrompit d’un geste de la main.

"Judith ?"

Celle-ci détacha son regard de la patiente de Simon et s’exclama

"C’est vraiment horrible, comment quelqu’un a-t-il pu lui faire ça ?"

Rîskane hésita une fraction de seconde à lui expliquer les manières d’arriver à un tel résultat mais s’avisa que ce n’était pas le bon moment pour cela.

"Je suppose qu’elle a dû faire une mauvaise rencontre," répondit-il en haussant les épaules. "Merci d’avoir prévenu le médecin si vite et de vous inquiéter pour elle, mais vous ferriez mieux de redescendre, je suis sur qu’on a besoin de vous dans la grande salle."

Il attendit que la porte soit refermée pour s’approcher à son tour du lit et jeter un coup d’œil à Séga.

"Ne vous en faites pas pour le prix de vos remèdes maitre Simon, notre aubergiste ne voudrais pas que quelqu’un décède dans son établissement, ça nuirait aux affaires. Faites de votre mieux pour la remettre sur pied."

Le vieux médecin acquiesça une seconde fois de la tête, puis ouvrit sa sacoche et commença à en sortir diverse flacons.

Sujet: Re: [Rues] Mais... Où suis-je ? [Libre] Ven 20 Mar 2009 - 16:58

Je... Je ne savait plus où j'étais. J'avais l'impression que, chaque seconde, ou même chaque minute, mon rêve changeait de décor, de personnages, de thème, d'envies.
Que se passait-il dans mon esprit... ?

J'avais chaud, froid, chaud, froid... Tout cela à la suite. Puis ensuite, j'étais bien, je rêvais d'une promenade ou d'une fontaine à l'eau pure et vive, puis je replongeais dans un cauchemar peuplé de monstres et horribles créatures sanguinaires, qui essayaient, de leurs pattes griffues et de leurs hideuses dents en forme de fourches, de me blesser à qui mieux mieux.

J'avais mal, je souffrais, je mourrais au fur et à mesure, aussi lentement et en silence que possible...

Puis, de nouveau, ces parfums, cette lumière vive, ces bêtes près de moi, cette chaleur qui laissait voir de mon existence un pur plaisir...

J'étais perdue. Perdue dans un pays lointain, inconnu, dont l'herbe n'a jamais été foulée par un pied humain, voire même, en cas extrême, une patte ou un sabot animaux.
Seuls les esprits, les démons facétieux et malins pouvaient ce glisser dans cette nouvelle dimension qui apparaissait et disparaissait à sa guise.

Rïskane avait disparu de tous mes rêves. Mais était-ce son véritable patronyme, déjà ? J'avais l'impression, encore une fois oui, cette impression énervante et lassante d'avoir tout, tout oublié de ma propre existence...

Sujet: Re: [Rues] Mais... Où suis-je ? [Libre] Lun 30 Mar 2009 - 12:21

Les minutes s’écoulaient lentement tandis que le vieux Simon s’affairait à panser les plaies de Séga, appliquant des cataplasmes sur les blessures qui risquaient de s’infecter et n’utilisant que des bandages propres pour les contusions sans gravité.De temps en temps, il demandait à Rïskane d’aller lui chercher de l’eau propre ou de l’aider à bouger la jeune femme pour pouvoir poser les pansements. Le temps passa sans que Rïskane ne s’en rende compte, jusque quand il dut allumer deux chandelles déjà à moitié consumées pour compenser la lumière déclinante du soleil. Alors qu’il plaçait près du chevet de la jeune femme une des chandelles, le médecin se releva et s’essuya les mains sur un vieux chiffon.

"Voila, j’ai fait tout ce que je pouvais pour elle, il ne lui faut plus que du repos. Si vous pouvez aussi lui faire manger ne fût-ce qu’un peu de soupe, cela serait déjà bien. "

Rïskane inclina la tête en signe de remerciement ; "Merci de vous être occupé d’elle, allez voir l’aubergiste, il vous payera vos honoraire. Je vais vous accompagner," poursuivit-il," je verai bien si je peux trouver quelque chose pour elle. "

Il laissa passer le médecin devant lui, puis, après un dernier regard à Séga, referma la porte derrière lui.. La salle de l’auberge était bien plus remplie qu’a son arrivée, les musiciens avaient laissé la place sur l’estrade à un jongleur qui faisait un numéro avec une dizaine de balles. Laissant le vieux médecin chercher le tenancier de l’établissement, Rïskane se dirigea vers la cuisine d’où une agréable odeur de viande grillée s’échappait. A peine avait-il la main sur la porte qu’une voix le fit se retourner.

"Alors comment va-t-elle ? "

Se retournant il vit que Judith débarrassait une table, entassant les chopes vides sur un plateau avant de passer un coup de chiffon humide.

"Elle pourrait aller mieux, le vieux Simon c’est occupée d’elle, une nuit de repos et un bon repas devrait l’aider à se remettre. Vous pourriez m’aider ? "

"Bien sûr ! Je vais vous apporter un plateau, ne la laissez pas toute seule, on ne sait jamais ce qui peut arriver. "

"Vous avez raison, je vais retourner à son chevet au cas où elle reviendrait à elle. "

Après avoir donné quelques pièces à la serveuse, il remonta dans sa chambre.

J'étais assise dans mon lit, presque parfaitement réveillée. Mon regard était dirigé vers la fenêtre fermée, et je fixais le vide à travers le verre.
Un bruit de porte légèrement grinçante me fit tourner la tête, et je remarqua Rïskane.

"Bonjour." dis-je faiblement. La voix avait du mal à sortir de ma gorge encore enflée, même avec les traitements que le soigneur m'avait administrés. Il fallait attendre encore un peu que ceux-ci fassent leur effet.

Le jeune homme s'approcha de moi. Mes yeux, dont le regard était encore flou, avaient du mal à le voir. Je ne saisissais que très peu de son apparence physique. J'attrapai sa main de la mienne, presque inconsciemment, et je la serrai.

Ce contact me réchauffa un peu le cœur, et je souris. Enfin, je crois que j'ai souri. J'ai toujours aimé la compagnie, et celle de Rïskane, m'ayant sauvée, était sans doute la meilleure en ce moment.
J'avais toujours mal partout, et dans ma tête, un marteau tapait fort, fort, fort...

Refermant la porte d’un coup de talon, Rïskane eut la surprise de voir que Séga avait retrouvé ses esprits et était maintenant assise sur son lit. La jeune femme se retourna vers lui et le gratifia d’un faible bonjour. Répondant d’un hochement de tête il s’approcha d’elle, il constata qu’elle avait encore le regard dans le vague. S’asseyant sur le rebord du lit, il tendit la main pour sentir si elle avait encore de la température, mais cette dernière l’intercepta et la serra entre les siennes.

"Comment vous sentez vous ?"

Belle introduction, tu n’as pas une autre question vaseuse tant que tu y es ? Comme si ça se voyait pas ? Elle est en super forme, demain elle ferra le tour de la ville à cloche pied.

"Je m’appelle Rïskane, je vous ai trouvée inconsciente et abandonnée dans une ruelle. Vous souvenez vous de ce qui vous est arrivé ? Si cela vous fatigue trop de parler, prenez du repos et on en discutera demain. Judith, une des serveuses qui travaillent ici, va vous apporter un repas, il serait bien que vous en mangez une partie.Je crains que vous ne puissiez bouger beaucoup ces prochains jours. Si vous avez des affaires dans une autre auberge, je peux vous les rapporter. "

Je souris mystérieusement. Pendant mon sommeil, une de mes visions du futur habituelles m'avait montré Rïskane.
En apparaissant dans mes rêves, le jeune homme m'avait déjà indiqué son nom.

"Bonjour, Rïskane. Ne t'inquiète pas pour ma mémoire, je me rappelle..."

Malheureusement.

"Et arrête de me vouvoyer, c'est mauvais pour une bonne amitié."

Je ris, et toussais. Je n'étais pas encore en bonne forme, il fallait que je reprenne doucement. J'étais une jeune femme qui aimait bouger et qui, aussitôt réveillée, pensait déjà à courir ou à sauter partout joyeusement. Mauvaises idées pour l'instant.

"Je préfère parler demain. Ces quelques paroles m'ont déjà fatiguée. Je vais prendre mon repas et essayer de dormir un peu. Demain, nous parlerons."

J'aurais aimé qu'il reste auprès de moi, mais je n'avais pas les capacités physiques de continuer de papoter de ce qu'il m'était arrivé avec lui.

"Bien, c’est mieux ainsi. Je ne seras pas loin s’il y a un souci, n’hésitez pas à appeler. Passez une bonne nuit."

Avant de quitter la chambre, il prit son écritoire, le passa en bandoulière et après un dernier regard à Séga, quitta la pièce. En bas la grande salle était toujours aussi bondée. Profitant du monde qui s’y trouvait pour passer inaperçu, il se dirigea vers la sortie. Il n’eu qu’a faire une vingtaine de pas pour que l’aubergiste surgisse devant lui en s’essuyant ses doigts boudinés sur son tablier. Le saluant de la tête, Rïskane voulut l’éviter mais fut retenu par la manche quand il passa à côté de ce dernier.

"Il faut qu’on parle mon gars. Le vieux Simon est venu me trouver pour toucher ses honoraires. Je veux bien admettre que cette fille avait besoin de ses services, mais c’est toi qui t’es chargé de la ramener, c’est donc a toi d’assumer la note."

"Je comprends bien votre point de vue, mais cela aurait nuis aà votre réputation si cette dernière était décédée dans votre établissement, je ne pouvais pas la laisser ainsi. La notoriété de votre établissement ne sera que plus grande et vous n’attirerez que plus de monde quand on apprendra votre générosité."

"Bien sur, une foule de mendiants et autres vermines viendront en masse, voila ce que ça va attirer dans mon auberge et mon établissement n’est pas une œuvre de charité. Ici, il faut avoir de quoi payer si tu veux rester."

"C’est entendu," capitula Rïskane, "mettez les frais du médecin sur celle de ma chambre, je vous payerai pour le tout."

Apres un dernier regard inquisiteur, l’aubergiste repartit vers les cuisines. Une fois seul, Rïskane se dirigea aux écuries où une demi-douzaine de chevaux somnolait. Allumant une lanterne grâce a son briquet à silex, il se dirigea vers un ballot de paille. Certains des chevaux hennirent ou détournèrent la tête, dérangés par cette brusque clarté. Apres avoir accroché la lanterne à un anneau métallique, Rïskane s’assit sur le ballot et ouvrit son écritoire. Choisissant une plume déjà taillée, il se mit a imiter l’écriture toute en rondeur d’un avis de recherche qu’il avait pris plus tôt dans la journée.

Je saluais mon visiteurèsauveur d'un signe de tête, ne pouvant plus articuler un mot tellement ma fatigue était grande, et je regardais la porte de bois se claquer avec un bruit sourd.
Le silence s'installa autour de moi.
Un silence de mort.

Je pivotais la tête pour observer la pièce dans laquelle je me trouvais et en même temps pour essayer de comprendre la situation dans laquelle j'étais moi-même. Que s'était-il vraiment passé ?
Ma mémoire me fait étonnament défaut, cette fois-ci. J'espére la retrouver bientôt.

En posant le regard sur mes bras posés au-dessus de la couverture qui me couvrait les trois quarts du corps, je remarquais avec un haussement de sourcils la couleur de ma peau pleine de bleus et de contusions. Les coups portés par mon ennemi ne devaient pas être des caresses.
J'avais tellement de bosses sur la tête et sur toutes les articulations de mon corps que je ne préfèrais pas les compter de peur de me faire une frayeur.
Je sentais que, si je bougeais un seul de mes bras, la douleur allait m'envahir comme une horde de pirates sur mon navire.

J'oublie ça ; mes yeux se ferment ; j'aimerais m'endormir bientôt. J'attends de nouveaux les paysages qui ne finissent plus, les animaux qui n'ont jamais existé sur cette Terre et qui, pourtant, apparaissent dans mon imagination.
Un bruit. Le voilà. Un oiseau de feu dont les plumes rougeoient à chaque battement d'ailes.
Je sombre à nouveau, je vole à côté de lui... A demain, le monde.

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