Les Hommes de Bonne Volonté [prio Hellyor puis libre]

Le jour de la collecte d’impôt, journée bénit par Néera pour ceux tel que Brok qui s’avait en profiter au maximum. La guerre amenait des temps durs et les coûts militaires vidaient les coffres royaux aussi vite qu’un ivrogne vide une bière. Pour cette raison, le capitaine avait ordonné aux gardes d’augmenter légèrement les impôts de quelques pourcents. La plupart des gardes étant des ignorants de premier ordre en calcul, la somme perçue chez les habitants étaient loin d’être juste. De plus la majorité des soldats ne savait même pas lire le montant de la somme. Comme les gardes ignoraient la quantité d'or exacte à percevoir, alors mieux valait plus que pas assez. La justice faisant bien les choses, à la fin de cette journée, Brok, comme autant d’autres gardes, se ramassait avec une coquette pile de pièce d’or venant directement du surplus d’impôt collecté. Et le soir même, le garde bedonnant avait décidé de dépenser cet or en alcool et en femmes. La soirée avait été des plus agréables, où se succédaient bières, chansons à boire, verres de whisky et nombreuses putes. Si seulement ces ignorants de villageois savaient comment était utilisé leur or si durement gagné. Ce fut une soirée mémorable pour le garde, ou peut-être pas considérant son état d’ébriété. La fête tirait à sa fin et Brok décida de quitter la compagnie au combien agréable des femmes de joies. Agrippant sa bouteille de whisky presque vide, il tituba jusqu’à la porte de l’auberge et sortit dans la rue déserte. Son objectif était de se rendre jusqu’à la caserne en un seul morceau, ce qui n’allait pas être facile. Sa vue oscillait et il avait l’impression que le sol allait lui sauter au visage d’un instant à l’autre. Au moins, il connaissait le chemin, l’ayant à mainte fois prit dans un état semblable dans lequel il était présentement. Au détour d’un grand axe, il perçu un bref mouvement dans une ruelle adjacente. Bien sûr, il aurait dû poursuivre son chemin mais étant saoul, Brok était convaincu qu’il s’agissait d’un malfrat qui se tapissait dans l’ombre. Qui pouvait bien trainer dehors à une telle heure sinon un voleur? Prenant tout-à-coup son sens du devoir au sérieux, la brute se mit dans la tête qu’il était de sa responsabilité d’aller arrêter ce brigand. Ajoutez à cela un courage d’ivrogne et vous obtenez un garde que rien ne pourrait dissuader d’aller dans se piège à rat. D’un pas lent, l’air abruti, il se dirigea vers la ruelle, essayant en vain de percer la noirceur épaisse qui envahissait l’étroit espace.

-HEY!! Je t’ai vu sale voleur! Allez sort de ton trou, espèce de …euh… de sac à merde! Beugla-t-il en postillonnant à profusion.

Il avait de la difficulté à prononcer ses mots mais au moins, il était capable de rester debout. Il fit quelque pas de plus puis dégaina son épée d’un geste maladroit et peu gracieux. Il n’y avait aucun signe de vie dans cette ruelle.

-Allez putain de brigand, montre toi et suit moi sans faire d’histoire et j'te promets de ….euh pas te frapper…en tout cas pas trop fort du moins! Rend-toi maint’nant, sinon… sinon j’vais le dire à ta mère!!

Sa vue était embrouillé et sa gorge était sèche. Pour remédier à ce dernier problème, Brok prit une gorgé de la bouteille qu’il tenait encore de l’autre main. La nuit était silencieuse, seul le bruit de sa cotte de maille frottant contre son fourreau résonnait dans la ruelle.

Ah le goût réconfortant et somptueux du whisky, si seulement il en restait un peu plus dans la bouteille. Les pensées de Brok en était rendu là au moment où un homme s’interposa subitement devant lui. Le garde n’arrivait pas à comprendre comment il n’avait pas pu le voir plus tôt, à croire qu’il était littéralement apparu de nulle part. Peut-être était-il magicien? Sorcier? Un drow? Il faisait tellement noir, Brok ne pouvait dire. Chose certaine, malgré les insultes qu’il lui avait criées, l’autre ne l’avait toujours pas attaqué. La brute en conclu que c’était parce que ce voleur de pacotille avait peur de lui, et il sourit bêtement à cette pensé. Il n’avait pas remarqué que l’homme qui se tenait devait lui était plus grand et plus musclé. De plus, il était armé mais n’avait fait aucun geste hostile pour l’instant. Il s’était contenté de répondre au garde et ce-dernier prit plusieurs secondes avant de déchiffrer les paroles de son interlocuteur, la boisson n’aidant pas au processus.

-Hein? J’suis pas un voleur moi, j’suis un garde, tu vois mon blason? Lui dit-il en pointant son tabard. Ah ben non, tu peux pas le voir, il fait trop noir, j’avais oublié… en tout cas, tu peux me faire confiance, parce que personne peux voler mon tabard de toute façon…

Le garde prit un instant de recul, ayant complètement oublié la raison pour laquelle il parlait à cet homme. Il paru confus pendant quelques secondes puis subitement, sa mémoire lui revint. Reprenant un air faussement inquisiteur, il pointa son doigt vers l’étranger et poursuit la discussion.

-Je sais qu’t’es un voleur, parce qu’à cette heure, il y a que les voleurs et les ivrognes qui se promènent. Et t’as pas l’air d’un ivrogne, alors ça veux dire que t’es un voleur! Mais j’vais être gentil, si tu rends l’or que tu as volé et que tu promets que tu r’commenceras pas, alors j’te laisserais partir. À moins que tu sois un drow, alors là t’aura pas besoin de faire tout ça vu que j’vais te tuer de toute façon…

Brok parlait d’un ton léger, presque amusé. Ses yeux commençaient à s’habituer à la noirceur. Il pouvait voir la silhouette de son interlocuteur qui avait une carrure athlétique. Cependant, il ne pouvait toujours pas voir les traits de son visage mais il avait remarqué les deux yeux de l’étranger. Ceux-ci brillaient avec une étrange lueur. Cela réanima de mauvais souvenirs chez le garde qui avait déjà fait la rencontre d’une personne avec de tel yeux, et il s’agissait d’un drow. Comment oublier cette nuit où lui et un autre malchanceux voyageur avait fait la rencontre de ce sadique personnage. Un sorcier de plus, qui avait tué sans grande difficulté un autre garde venu en renfort. Brok lui s’était contenté de fuir. C’était lâche, certes, mais son sacrifice aurait été inutile de toute façon. Et même si ce soir il apercevait la même lueur dans les yeux de cet étranger, quelque chose lui disait qu’il n’avait pas affaire à un drow. Son degrés d’ébriété l’empêchait de voir le danger potentiel qui se trouvait devant lui, il ne s’agissait en aucun cas de courage. Perdu dans ses pensés, le garde tenait sa bouteille de travers et il ne remarqua pas que le peu de whisky restant dans sa bouteille s’écoulait sur le sol. Quel gaspillage.